Entretien avec. . . Michel Ducreux Actualités dans le cancer du côlon Entretien avec Michel Ducreux (gastroentérologue, institut Gustave-Roussy, Villejuif) > Michel Ducreux est professeur de cancérologie - Chef du service de cancérologie de l’institut GustaveRoussy. Il participe à mi-temps à l’activité de cancérologie digestive de l’hôpital Paul-Brousse. Le Pr Ducreux s’est intéressé très tôt dans son cursus médical à la cancérologie digestive. Il a coordonné de multiples études de phase II et de phase III évaluant l’efficacité de nouvelles chimiothérapies dans le domaine du cancer colorectal et des tumeurs plus rares telles que les tumeurs des voies biliaires et les tumeurs endocrines. Il est à l’heure actuelle président du groupe digestif de la Fédération des centres de lutte Quelles sont les avancées thérapeutiques majeures que vous retenez sur la période récente ? Ces dernières années, elles concernent l’arrivée des thérapies ciblées anti-VEGF et anti-EGFR et la démonstration de l’intérêt de l’oxaliplatine en adjuvant. Par ailleurs, de plus en plus de patients métastatiques en situation sévère vont avoir accès à une stratégie thérapeutique complexe qui permet de les faire basculer d’une situation complètement palliative vers une situation à espoir curatif dans près d’un cas sur deux.” “ Avec le développement des thérapies ciblées, est-il actuellement possible d’identifier des facteurs prédictifs de réponse ou les groupes de patients candidats à ces thérapeutiques ciblées ? Il n’existe aucun moyen fiable de sélectionner les patients qui vont le mieux répondre à une thérapeutique, qu’elle soit de type anti-EGFR ou anti-VEGF. Il existe quelques pistes pour les anti-EGFR qui sont actuellement en cours d’exploration. La difficulté semble encore plus grande pour sélectionner les patients pouvant répondre à un traitement anti-VEGF. “ contre le cancer, membre de l’équipe du groupe digestif de l’EORTC. Il a participé tout récemment au rapprochement entre le Groupe digestif de la Fédération des centres contre le cancer et la fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD), donnant naissance à l’Intergroupe coopératif PRODIGE. Dans le domaine de la chimioprévention en cancérologie digestive, quelles sont les perspectives envisageables pour les patients à risque, notamment dans le cadre de pathologies génétiques ? Un enrichissement de l’alimentation en légumes et en fruits paraît plutôt bénéfique. Sur le plan du type d’alimentation, il faut éviter les viandes rouges et la charcuterie, qui augmentent le risque de cancer du côlon. En revanche, manger du poisson diminue ce risque. Les viandes blanches telles que le poulet ont un effet neutre. En ce qui concerne des interventions thérapeutiques, l’utilisation de l’aspirine et des antiinflammatoires non stéroïdiens reste discutée, car il semble qu’il faille des doses relativement élevées de ces médicaments, ce qui comporte un risque non négligeable. De même, le traitement par vitamine D ou la supplémentation calcique n’ont pas fait la preuve de leur efficacité et ne peuvent donc à ce jour être recommandés. En ce qui concerne les cancers génétiques, il n’y a aujourd’hui aucun moyen d’éviter leur survenue dans ce cadre, en dehors d’un cas très particulier éventuel de traitement par anti-inflammatoires non stéroïdiens d’un rectum restant en cas de polypose, mais il s’agit d’une situation exceptionnelle. ■ “ La Lettre du Cancérologue - Suppl. n°1 Les Actualités au vol. XV - n° 3 - juillet 2006 15