Récidive locale du cancer anorectal en imagerie HOEFFEL C.(1), AMZALLAG-BELLENGER E.(1), FORNES P.(2), BINET A.(3), BOUCHE O.(3), VERON S.(1), MARCUS C.(1) (1) Pôle d’imagerie, Hôpital Robert Debré, Reims, France (2) Département d’Anatomie-pathologique, Hôpital Robert Debré, Reims, France (3) Service d’Hépato-gastro-entérologie, Hôpital Robert Debré, Reims,France Objectifs • Connaître l’anatomie normale post-opératoire de la chirurgie rectale. • Connaître les critères sémiologiques pour le diagnostic de récidive. récidive • Connaître l’apport des séquences de diffusion à la détection des récidives. • Connaître le suivi post-opératoire pour recherche de récidive loco-régionale du cancer du rectum. Introduction • Le taux de récidive locale du cancer rectal a diminué depuis l’exérèse totale du mésorectum. • Aujourd Aujourd’hui hui, 5 à 10% de récidive locale – le principal facteur pronostic est la qualité de la chirurgie et l’intégrité de l’exérèse du mésorectum et du fascia du mésorectum. Quirke P et al. Lancet 2009 • A distance, le taux de récidive dépend des stades T et N. Introduction • La récidive est associée à un mauvais pronostic de survie à 5 ans qui est < à 5% avec une médiane de survie de 14 mois. • La seule chance de traitement curatif est une chirurgie radicale et complète qui permet d’avoir une médiane sans maladie de 56 mois lors d’une résection R0 et de 32 mois lors d’une résection R1. Introduction • Une résection chirurgicale ou un traitement par radiofréquence au scanner permettent d’améliorer d améliorer le confort du patient en phase palliative. • Rôle de l’imagerie: – Évaluer et confirmer le diagnostic de récidive – Déterminer l’extension de la récidive – Aider à la prise en charge ultérieure. Suivi • Un suivi intensif sur 5 ans conduit à 7% de bénéfice en terme de survie. Figueredo et al. BMC Cancer 2003 Renehan et al. BMJ 2004 • Et plus de récidives découvertes sont curables Tjandra DCR 2007 • Les recommandations (JCO 2005) pour le suivi des patients à haut risque comprend: dosage de l’ACE+ surveillance clinique+ scanner annuel ( thorax/abdomen/pelvis) Suivi • Métastases pulmonaires: – 5 à 10 % de métastases pulmonaires, métastasectomie p pulmonaire > 50 % apporte pp un bénéfice de survie à 5 ans Pfannschmidt et al. Ann Thorac Surg 2007 • Métastases hépatiques: – Le suivi est réalisé au scanner mais le meilleur examen reste l’IRM. Suivi local • L’IRM dans le suivi de routine n’est pas justifiée bien que l’IRM soit supérieure au scanner. • L L’IRM IRM dans les récidives locales était le seul examen permettant le diagnostic de 4 récidives sur 30 avec seulement 2 qui étaient résécables ( bénéfice<1%). Titu et al. Dis Colon Rectum 2006. Titu et al. Ann Surg 2006 • Le PET peut être utilisé dans certains groupes de patients. Anatomie post-chirurgie h Chirurgie post exérèse totale du mésorectum: anastomose colo-anale et réservoir. Réservoir Réservoir Anses afférente et efférente Anatomie post-chirurgie d’un cancer rectal: amputation abdomino-périnéale. l b lambeau VS VS Intestin grêle VS: les vésicules séminales basculent en postérieur alors que la prostate n’est pas modifiée. Pelvis post-chirurgie La cicatrice pré-sacrée est typiquement concave en antérieur, régulière, avec un rehaussement modéré et peut contenir des collections liquidiennes. Piège: ne pas confondre du grêle en pré-sacré (flèche blanche) ou un lambeau ( flèche rouge) après une amputation abdomino-périnéale avec une récidive. Anatomie et principes chirurgicaux • On peut définir deux grands groupes de structures anatomiques: – Un couloir antéro-postérieur – Un compartiment latéral Antéro-postérieur • Les structures clés sont: – Prostate/Vésicules séminales – Utérus/Vagin – Muscles pelviens – Bandelette ischio-anale – Ces structures sont potentiellement résécables si elles sont atteintes. Anatomie antéro-postérieure FPS • Structures clés pré– Sacrum/ Fascia p sacré (FPS) – Vessie – Ligne de réflection péritonéale (RP) RP Anatomie antéro-postérieure – Le niveau précis de l’atteinte sacrée est cruciale: • Une extension tumorale atteignant les pièces sacrées é S2/3 estt une contre-indication t i di ti à une résection chirurgicale à visée curative. • Une atteinte tumorale en-dessous de S3 permet une chirurgie à visée curative. Anatomie du couloir latéral • Le couloir latéral comprend: – Muscles: Obturateur interne ett piriforme i if – Vaisseaux: le long de la paroi latérale – Nerfs: racines des nerfs sacrés, nerf sciatique et nerf glutéal supérieur T2 Muscles: obturateur et piriforme Piriforme Obturateur Racines sacrées et nerfs sciatiques mieux visualisés sur une coupe coronale Anatomie du couloir latéral – Les structures impliquées de la paroi latérale pelvienne excluent généralement la résection chirurgicale curative, surtout si il existe une atteinte tt i t d du f foramen sciatique. i ti – L’atteinte des racines sacrées S1 et S2 est une contre-indication à une chirurgie radicale. Cette atteinte est bien appréciée dans le plan coronal. Récidive suspectée devant • Découverte fortuite lors du suivi g de l’ACE • Augmentation • Nouveau symptôme ou découverte endoscopique PET-scanner • Pièges: – Manque de résolution anatomique au PET – Maladie péritonéale (un faible volume tumoral peut ne pas être détecté) – Faux négatif dans les tumeurs mucineuses – Faux positif en cas d’inflammation d inflammation, de déplacement du grêle ou de la vessie. Se Sp VPP VPN Accuracy n Even Sapir Radiology 2004 98 96 90 97 Belloni Radmed 2007 93 98 93 44/81 sites 15/67 IRM • IRM dans la détection des récidives Se Sp Markus Abd Imaging 97 100 85 Titu Ann Surg 06 87 86 VPP VPN Accuracy 48 98 n 92 22 87 226 Protocole IRM • • • • • • Axial et coronal True FISP Sagittal T2 Axial T2 Coronal T2 Axial Diffusion Axial Post Gadolinium FAT SAT T1 IRM • IRM dans l’évaluation de la faisabilité de la résécabilité Preoperative MR imaging was accurate for the prediction of f tumor invasion into structures with negative g p predictive values of 93%–100% and areas under receiver operating characteristic curves of 0.79–1.00 for all structures and observers. Positive predictive values were 53%–100%. Dresen R et al. Radiology 2010 Messiou C, et al. Pre-operative MR assessment of recurrent rectal cancer. Br J Radiol. 2008 Jun. Récidive locale suspectée: stratégie recommandée • Revue des examens antérieurs et du « baseline » TDM ou IRM • Si TDM négatif, il peut être envisagé de réaliser un PETTDM au FDG mais i le l bénéfice bé éfi escompté té estt faible, f ibl il estt donc réalisé une IRM pelvienne et une IRM hépatique. • Si TDM douteux, il est nécessaire de confirmer le diagnostique: PET-TDM et IRM recommandés. • La triple évaluation avec TDM, PET-TDM et IRM est la règle en général dans les cas difficiles. • L’IRM est essentielle pour l’étude de la résécabilité. Récidive locale suspectée: stratégie recommandée • Si TDM positif, pas de PET-TDM nécessaire. IRM pour délimiter la récidive pelvienne. l i Potter Disease Colon Rectum 2009 • TDM et IRM positives avec ACE normal => PETTDM • Une fois le diagnostic de récidive confirmé, il faut bien sûr exclure les métastases à distance. Facteurs prédictifs de récidive • Résection R1 • Ensemencement tumoral lors de la chirurgie hi i • Perforation péritonéale • CRM( marge de résection circonférentielle) atteinte • Atteinte des marges distales Diagnostic de récidive, que recherche-t-on? • Augmentation de taille • Rehaussement marqué anormal après injection de produit de contraste • Effet de masse/ Lobulation • Cicatrice (principalement pré-sacrée) difficile à différencier de la récidive mais la récidive classiquement a un hypersignal T2, des contours irréguliers, spiculés +++, des bords convexes. Sites de récidive • • • • Anastomose Périnéal Péritoine pelvien Atteinte ganglionnaire (groupes ganglionnaires interne ou externe) • Métastases ovarienne ou sacrée • Autour des berges de résection Anastomose T2 T2 Récidive sur le réservoir Péritoine pelvien Hydronéphrose : argument fort pour la récidive Brown. Clinical Radiology 2003 A noter une meilleure délimitation du processus pathologique en IRM Périnéal T2 T1 FS gado b 400 Récidive périnéale antérieure (flèche blanche) après amputation abdominopérinéale. A noter le lambeau (flèche rouge) et l’omentoplastie (flèche bleue) comblant la zone d’amputation. Péritoine pelvien Récidive pelvienne après résection d’un adénocarcinome mucineux du haut rectum. La tumeur initiale était perforée. A noter la présence de flaques de mucine (flèche rouge) à coté de la récidive tissulaire( flèche blanche). Autour des berges de résection A noter l’invasion des vésicules séminales. Métastases ovariennes Existe-t-il une récidive? • Problème diagnostique – Cicatrice (distorsion post-opératoire) versus récidive – Collection inflammatoire (collection postopératoire) versus récidive – Un PET négatif exclut-il la récidive? • Apport de la diffusion en IRM Cicatrice versus récidive Le TDM montre une masse pré-sacrée nodulaire convexe ( flèche rouge). L’IRM révèle que cette masse correspond à de la fibrose pré-sacrée ( flèche blanche) avec les vésicules séminales qui sont déplacées ( flèche jaune). Cicatrice versus récidive Thrombose profonde de la veine ilio-fémorale droite (flèche rouge) chez un patient opéré en 2005 ( résection antérieure du rectum). Cicatrice ou récidive? Cicatrice versus récidive T1 FS gado Vésicule séminales T2 T2 T1 FS gado b 1000 Cicatrice Pas de nodule + pas de rehaussement + pas de restriction de la diffusion + Hyposignal T2 = cicatrice Cicatrice versus récidive Nodule+ hypersignal relatif par rapport au muscle en T2= récidive Collection inflammatoire postopératoire versus récidive TEP-TDM positif à cause de la fuite anastomotique et de la collection pré-sacrée visualisée par l’IRM. (flèche rouge) Mais il existe une récidive sous sous-jacente jacente à la collection, bien visualisée en IRM B 1000 Collection inflammatoire postopératoire versus récidive T2 T1 FS Gado ADC Récidive tumorale antérieure en avant d’une collection post-opératoire après amputation abdomino-périnéale. Un PET négatif exclut-il la récidive? • NON – Faible volume tumoral – Adénocarcinome mucineux Nodules (flèche blanche) correspondant à une récidive d’un adénocarcinome mucineux Un PET négatif exclut-il la récidive? Flaques de mucine après résection antérieure d’un adénocarcinome rectal. L’examen anatomopathologique de la pièce de récidive révèle l’absence de cellules viables mais la présence de dépôts de mucine est à considérer à priori comme une récidive. Intérêt de la diffusion en IRM: Aide à la détection de récidive B 1000 FS Gado Cas 1: récidive d’un cancer du haut rectum mieux visualisée sur les séquences de diffusion à B élevé. T2 FS Gado b50 Détection de tous les sites de récidive àb1000 l’aide de la diffusion. Récidive d’un carcinome du canal anal. Récidive résécable? • Probablement Oui • Probablement Non • Compartiment • Compartiment latéral antéro-postérieur té té i en dessous de S2 et réflexion péritonéale antérieure • Périnéal • Infiltration fl d du nerf f sciatique • Infiltration sacrée S1/S2 • Perforation péritonéale Chirurgie possible? Oui Chirurgie possible? Non Chirurgie possible? N n Non Ablation par radiofréquence: traitement palliatif d’une récidive locorégionale d’un adénocarcinome rectal Belfiore G. AJR 2009 Femme de 61 ans. Récidive d’un adénocarcinome rectal. Avant radio-fréquence T1 FS GADO T2 T1 FS GADO Post radio-fréquence Pas de rehaussement résiduel Femme de 58 ans. Récidive paroi latérale gauche du pelvis d’un adénocarcinome rectal. 2 mois après radiofréquence. Conclusion • L’imagerie en coupes et notamment l’IRM occupe une place croissante dans le diagnostic et l’évaluation de la résécabilité des récidives de cancer du rectum • L’imagerie de diffusion peut constituer une aide à la détection et au diagnostic de ces récidives • Le traitement par radiofréquence est une alternative à la chirurgie pour un traitement palliatif de ces récidives Points clés • Le principal facteur pronostic est l’intégrité du mésorectum et du fascia recti lors de son exérèse. • Le rôle de l’IRM est non seulement de contribuer au diagnostic de récidive mais également d’évaluer la résécabilité. • Les critères morphologiques pour une récidive versus fibrose sont l’hypersignal T2; des contours irréguliers, spiculés; des bords convexes. QCM 1 • A. B. C. D. E. Au PET-scan, les causes de faux négatifs et de faux positifs incluent: Les tumeurs mucineuses Les collections Les récidives infracentimétriques Les tumeurs villeuses dégénérées Les localisations périnéales Réponse: A, B et C QCM 2 • Les facteurs prédictifs de récidive locale sont: A. La perforation péritonéale B. Une marge de résection circonférentielle atteinte C. L’envahissement de la graisse du mésorectum D. La réaction desmoplastique E. L’âge du patient Réponse: A et B QCM 3 • A. B. C. D. E. Les sites de récidive loco-régionale sont classiquement: L’ anastomose Présacré Périnéal Le mésorectum Les ganglions Réponse: A, B, C et E