U Campagnolu - PNRC Education

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N° 1
U Campagnolu
une plante hivernale : la Mercuriale des jardins
Mercurialis annua subsp. annua et mercurialis subsp. ambigua
Mercurella, marculella
Une promenade en côte orientale aux abords d’un verger, nous
a offert le plaisir d’observer des abeilles en pleine activité. Dès
notre retour, Flora Corsica nous a renseignés sur la responsable
de toute cette effervescence. C’était la mercuriale des jardins,
dont le nom est dédié à une divinité de la mythologie romaine.
Vous l’avez probablement deviné, il s’agit de Mercure le messager
des Dieux qui, d’après la légende, aurait dévoilé aux hommes
les vertus laxatives de la plante. Pour la petite histoire, dans la
mythologie grecque, il est l’équivalent d’Hermès et on lui doit
aussi le nom du troisième jour de la semaine, le mercredi. Bien
plus tard, au Moyen-Age, la médecine populaire lui a attribué
des sobriquets plus descriptifs comme « cagarelle », « chimou »
ou encore « caquenlit ». Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’on
la considère trop souvent (évidemment à tort) comme une
mauvaise herbe. Il est vrai que sa petite taille et ses minuscules
fleurs verdâtres ne lui confèrent aucun caractère spectaculaire.
Pis encore, au moindre contact elle dégage une odeur fétide
assortie de relents nauséabonds et cela n’arrange rien. Pourtant, il
s’agit bel et bien d’une plante mellifère, prisée des abeilles pour son
pollen en arrière-saison. En dehors des traditionnelles décoctions
en usage interne ou la pratique des lavements, un des remèdes
classique consistait à mélanger du miel avec le suc de la plante.
Ce « miel de mercuriale » a des vertus purgatives remarquables.
La mercuriale des jardins ou mercuriale annuelle appartient
à la grande famille des euphorbiacées. Les euphorbiacées sont
présentes dans toutes les régions du monde sous les tropiques, dans
les déserts, mais également dans les régions tempérées comme la
Corse. Pourtant, la mercuriale des jardins et les autres mercuriales
ne leur ressemblent guère. A première vue, on les croirait plus
proches des amarantes que des euphorbes. Elles ne possèdent
pas ces inflorescences particulières appelées cyathes, et, elles ne
contiennent aucun latex. Il est vrai que la famille des euphorbiacées
compte plus de 7 500 espèces.
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En Corse, dans le genre mercurialis, en dehors des deux espèces les plus
répandues, mercurialis annua L. et mercurialis perennis L., on note la
présence d’une espèce endémique corso-sarde, mercurialis corsica Cosson,
dont les feuilles sont plus étroites, les limbes plus glabres que ceux de
ses cousines. Elle fleurit de mars à septembre, alors que la mercuriale
annuelle fleurit en Corse toute l’année et connaît en Côte Orientale un pic
de floraison en décembre. De son côté, la mercuriale vivace, mercurialis
perennis L. est plus forestière, elle fleurit d’avril à juillet, elle est commune,
on peut l’observer sans difficulté à Vizzavona au bord de la piste forestière
entre l’Agnone et le Fulminatu. Les graines des mercuriales comportent un
bourrelet riche en matière grasse qui les rend charnues et les fourmis en sont
friandes. Cette protubérance est un arillode qui bouche l’orifice par lequel
émerge la première racine. Cette particularité anatomique existe également
sur les graines des euphorbes et stratégiquement, elle permet une meilleure
dissémination des graines. Ce phénomène est connu sous le nom savant de
myrmécochorie.
Contrairement à ce que laisserait supposer la présence des abeilles sur les fleurs des
mercuriales, ce ne sont pas des plantes entomophiles1 dont la pollinisation dépend des
insectes mais des plantes anémophiles2 dont le vent est le principal agent de transport. Les
fleurs femelles des mercuriales ne produisent pas de nectar. Les fleurs mâles possèdent de
longues étamines que le moindre souffle secoue pour disséminer le pollen sur les styles des
fleurs femelles. Certaines fleurs mâles ont également la particularité d’être pourvues d’un
mécanisme de propulsion. En début de matinée, des cellules spéciales agissent au moment
de l’ouverture de la fleur et de la mise à jour des anthères. Elles déclenchent un phénomène
d’éclatement qui projette certaines fleurs jusqu’ à une trentaine de centimètres. Cela augmente
considérablement les chances de fertiliser les pieds femelles situés à proximité. Il n’est pas
rare de constater la densité des populations de mercuriales. Le nom corse « marculella » est
également utilisé pour désigner un parasite du ciste, le cytinet de la famille des rafflesiacées.
1 Se dit des plantes dont la pollinisation se fait par l’intermédiaire des insectes, par exemple : les fleurs
entomophiles attirent les insectes grâce à leur nectar parfumé et des pétales colorés.
2 Se dit des espèces végétales dont le pollen est transporté par le vent (arbres, graminées).
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IN LINGUA CORSA
A merculella , A marculella
U nomi di issa pianta veni da u Diu Mercuriu chì
l’avaria datu à l’omi .
Oghji l’aghjenti si primureghja poccu di sta pianta
pocca culurita incù i so fiori verdicci, chì cresci in i
fussetti è chì di più, quand’a si tocca, puzza !
Ma un’hé u casu di l’api chì trovani in i so fiori robba
da fà meli.
In Corsica ci si trova trè spezii di marculelli,dui
assai sparti : mercurialis annua L. piaghjinca è chì
hè in fiori tuttu l’annu è mercurialis perennis L
chi edda hè di piu muntagnola è fiurisci da u mesi
d’Aprili à un mesi di Lugliu .
A terrza spezia mercurialis corsica Cosson hè
endemica à a Corsica è à a Sardegna ,è fiurisci da u
mesi di Marzu à u mesi di Sittembri.
Ben chì a marculella sia visitata da l’api, un’ sò eddi
chi facini a pullenisazioni ,quissa hè l’opara di u
ventu.
Ma hè quantunqua un mignoculu1,a furmicula chì
s’incaricheghja di sparghja i granelli .
In lingua corsa a parolla marculella vali ancu pà u
« cytinet »chi hè un parasitu di u muchju
1 insettu
Janvier 2017
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