REVUE DE PRESSE dirigée par le Pr T. Moreau Risque de cancer chez les patients atteints de SEP Cette étude rétrospective avait pour objectifs d’évaluer l’incidence et la taille des cancers observés chez des patients atteints de sclérose en plaques (SEP) et appartenant à la cohorte de Colombie-Britannique par rapport à la population générale. Les données des patients présentant une SEP certaine ou probable selon les critères de Poser, enregistrées entre 1980 et 2004 pour la première fois, étaient croisées – grâce au numéro de santé personnel – avec celles des registres des cancers de Colombie-Britannique, du ministère de la Santé et de la base de données des décès. Des ratios standardisés d’incidence ont été calculés. Parmi 6 917 patients, seules les données de 6 667 d’entre eux ont pu être mises en lien avec celles des registres. L’âge moyen était de 31,2 ans ; 97 % des patients avaient une SEP rémittente ; 97 % étaient des femmes. Au total, 410 cancers excluant les cancers de la peau autres que les mélanomes ont été recensés et 99 cancers de la peau en dehors des mélanomes. La taille des tumeurs était connue pour 132 patients. L’incidence globale des cancers était plus faible qu’attendue dans la population générale (SIR : 0,86 [0,78-0,94]) quelle que soit la forme évolutive de la SEP et le sexe. Ce risque plus faible était retrouvé quel que soit le type de cancer, excepté pour le cancer de la peau autre que le mélanome, les tumeurs cérébrales et les cancers de la vessie. Chez les patients atteints d’une SEP, la taille des tumeurs était significativement plus importante dans le cancer du poumon et le cancer colorectal. A. Fromont, Dijon Faut-il poser le diagnostic d’AIT devant un vertige, une dysarthrie ou une diplopie isolés et transitoires ? Dans cet article, N.L. Paul et al. rapportent la première étude de population sur la fréquence des symptômes neurologiques, isolés et transitoires, mais ne répondant pas aux critères de l’accident ischémique transitoire (AIT), précédant la survenue d’un infarctus vertébrobasilaire (VB). En effet, les manifestations isolées et transitoires telles que les vertiges, une dysarthrie ou une diplopie ne font pas partie des symptômes devant faire évoquer un AIT selon les critères NINDS. Dans cette étude, 275 patients atteints d’un infarctus VB et 759 autres souffrant d’un infarctus carotidien ont été inclus. Dans 22 % des cas des infarctus VB, des manifestations neurologiques transitoires ont eu lieu dans les 90 jours précédant contre seulement 8 % dans les infarctus carotidiens. Seuls 8 % des manifestations neurologiques précédant un infarctus VB répondaient aux critères d’AIT. Dans presque la moitié des cas, le symptôme était un vertige isolé. Seuls 22 % des patients ayant eu de tels symptômes ont consulté un médecin, et une cause vasculaire n’a été suspectée que dans 1 cas. P. Renou, Bordeaux Commentaire Ces données confortent celles des cohortes européennes. L’étude du mode de vie et du régime alimentaire pourrait peut-être apporter une explication à ce risque plus faible de cancer chez les patients atteints de SEP. Quant à la taille plus importante des tumeurs, elle pourrait être secondaire à un retard diagnostique s’expliquant par la tendance à rattacher tous les nouveaux symptômes à la SEP. Une des limites de cette étude est de ne pas avoir séparé les patients naïfs de traitement de ceux traités, et, parmi ces derniers, de ne pas avoir analysé à part les patients sous immuno­ suppresseurs. Référence bibliographique Kingwell E, Bajdik C, Phillips N et al. Cancer risk in multiple sclerosis: findings from British Colombia, Canada. Brain 2012;135(Pt10):2973-9. Commentaire Savoir identifier un AIT est primordial afin de pouvoir prévenir la survenue d’un infarctus cérébral constitué. Mais diagnostiquer un AIT par excès n’est pas non plus sans conséquence pour le patient : prise de traitements inutiles, modifications des coûts d’assurance et de style de vie. Vertiges, dysarthries et troubles visuels isolés sont des symptômes courants mais dont la nature ischémique est souvent incertaine. Cet article nous démontre que si de telles manifestations neurologiques sont fréquentes avant un infarctus VB, celles-ci ne répondent pourtant pas aux critères NINDS d’AIT VB. Cependant, il existe des divergences concernant les critères diagnostiques d’AIT VB. Les critères NINDS − certes anciens (1975) − sont assez restrictifs, considérant vertiges, dysarthries et diplopies comme ne devant pas faire évoquer un AIT lorsqu’ils sont isolés, alors que ces symptômes sont considérés comme des AIT possibles selon les critères 2004 de la HAS. Ainsi, les résultats de la présente étude vont dans le sens des critères HAS et nous incitent à considérer ces manifestations, en particulier chez les patients ayant des facteurs de risque vasculaires, comme des AIT possibles. Référence bibliographique Paul NL, Simoni M, Rothwell PM. Transient isolated brainstem symptoms preceding posterior circulation stroke: a population-based study. Lancet Neurol 2013;12(1):65-71. 172 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n° 5-6 - mai-juin 2013 REVUE DE PRESSE Reste-t-il une place pour la fermeture du FOP après un infarctus cérébral ? Les résultats des 2 grands essais thérapeutiques multicentriques et randomisés − PC Trial (1) et RESPECT (2) − ont été publiés simultanément en mars dernier dans le New England Journal of Medicine. Ces 2 études ont comparé le traitement médical antithrombotique (choix entre antiagrégant et anticoagulant à la discrétion du médecin) à la fermeture du foramen ovale perméable (FOP) au décours d’un infarctus cérébral (IC) cryptogénique. Les critères d’inclusion et de jugement étaient globalement identiques. Dans RESPECT, 980 patients ont été inclus sur 8 ans avec un suivi moyen de 2 ans. Dans la population en intention de traiter, malgré une tendance, la fermeture du FOP n’était pas statistiquement supérieure au traitement médical en termes de prévention de récidive d’IC ou de décès précoce. En revanche, il existait une différence significative en faveur de la fermeture de FOP dans les populations per protocole et “as treated”. Dans PC Trial, 414 patients ont été inclus sur 9 ans avec un suivi moyen de 4 ans. Là encore, la fermeture du FOP n’était pas associée à une réduction significative du risque de récidive embolique ou de décès, mais, cette fois, aussi bien dans la population en intention de traiter que per protocole. P. Renou, Bordeaux Commentaire Jusqu’à présent, la seule étude randomisée comparant le traitement médical à la fermeture du FOP (CLOSURE I) était négative. Cependant, la fermeture du FOP au décours d’un IC était toujours largement pratiquée. Les résultats de ces 2 grandes études viennent confirmer l’absence de supériorité de la fermeture du FOP sur le traitement médical. Est-ce donc la fin de cette technique ? Peut-être pas. En effet, ces études présentent toutes 2 des limitations techniques : manque de puissance statistique de PC Trial, évaluation des endpoints non en aveugle du traitement reçu, critère de jugement composite… Par ailleurs, chacune des études démontre une tendance à la supériorité de la fermeture du FOP qui n’atteint pas la significativité compte tenu du faible nombre de récidives, et RESPECT retrouve même une supériorité significative de la fermeture du FOP dans les populations per protocole et “as treated”. Enfin, dans RESPECT, dans le sous-groupe avec large FOP ou association FOP + anévrysme du septum interauriculaire (ASIA), la fermeture du FOP est significativement supérieure au traitement médical. Une méta-analyse de ces 3 grands essais pourraît donc s’avérer fructueuse. Ces résultats viennent également confirmer la pertinence de l’étude française CLOSE, en cours, dans laquelle seuls les patients ayant un large FOP ou un FOP + ASIA ont été inclus. Références bibliographiques 1. Meier B, Kalesan B, Mattle HP et al. Percutaneous closure of patent foramen ovale in cryptogenic embolism. N Engl J Med 2013;368(12):1083-91. 2. Carroll JD, Saver JL, Thaler DE et al. Closure of patent foramen ovale versus medical therapy after cryptogenic stroke. N Engl J Med 2013;368(12):1092-100. 180 mm Chers abonnés, chers lecteurs, toute l’équipe Edimark vous souhaite un très bel été d’évasion et de réflexion et vous donne rendez-vous dès la rentrée ! La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n° 5-6 - mai-juin 2013 | 173 145 mm