6ème Forum Patients Pfizer l’essentiel Moments forts et synthèse des débats • 21 novembre 2013 • Paris edito Le patient acteur : accompagnement et autonomie Ce Forum, chaque année très attendu, confirme la volonté de Pfizer de prendre en compte le besoin des patients et de leurs attentes. De fait, il nous est indispensable de comprendre la maladie et son vécu pour apporter des réponses adaptées aux patients. Définir pour comprendre… Pfizer s’engage à favoriser le bon usage mais aussi à soutenir l’information pouvant aider les professionnels de santé et les patients. Aujourd’hui, les patients affirment de plus en plus leur besoin d’autonomie, de connaissance et de logique de parcours et d’accompagnement ; ils deviennent acteurs de leur prise en charge et équilibrent leur relation avec les professionnels de santé qui les entourent. Tout au long de l’après-midi, intervenants et personnes présentes dans le public ont donc échangé sur les questions liées au concept du patient acteur : comment le devient-on ? Est-ce synonyme d’autonomie ? L’autonomisation est-elle un objectif de soins ou un objectif social ? Avec ce forum, nous espérons avoir contribué à la réflexion et à la sensibilisation à cet enjeu. Myriam Jabri Responsable Relations Patients Pfizer En ouverture du Forum, Madame Catherine Tourette-Turgis, maître de conférences à l’Université Pierre et Marie Curie, a identifié trois degrés d’accompagnement selon l’état d’autonomie de l’accompagné. Tout d’abord celui de type counseling, qui suppose une autonomie suffisante pour que la personne exprime clairement une demande ; ensuite l’accompagnement de guidance, pour une personne momentanément fragilisée ; enfin l’accompagnement de portage, impliquant la prise en charge provisoire d’une personne en situation difficile, irréversible. Pour Mme Tourette-Turgis, l’accompagnement est à différencier du coaching, qui implique un objectif de performance, et à différencier de la médiation, qui peut être sociale, thérapeutique. “L’accompagnement englobe trois concepts clés : la socialisation, qui touche à la fragilité, l’exclusion… ; l’autonomisation, avec le débat actuel de redéfinition de l’objectif du développement des êtres humains, et la prise de conscience que nous sommes tous aujourd’hui interdépendants les uns des autres et vulnérables ; et enfin, l’individualisation. Ces trois concepts cristallisent les enjeux sociaux, produisent des tensions, et influencent les postures professionnelles, dans la mesure où accompagner l’autre revient à prendre position dans l’espace social, à adopter une posture où l’accompagnateur renonce provisoirement à sa position d’expert, en privilégiant une relation centrée sur l’écoute, au détriment d’une verticalité hiérarchique”. Le patient-acteur est-il compatible avec la notion d’accompagnement dans le parcours de soins ? Pour Mme Catherine Tourette-Turgis, la réponse est évidente : “Il faut savoir qu’on accompagne toujours des sujets acteurs, au sens où tout sujet, quelle que soit sa situation, est un être qui agit, réagit, souhaite, expérimente. J’affirme que les malades conduisent chaque jour des activité invisibilisées, dépourvues de reconnaissance et de valorisation sociale, au service du maintien de leur santé, et que les aidants et proches agissent également pour aider les personnes dépendantes à se maintenir en vie, dans le cadre d’une délégation du souci de soi à autrui”. Focus “Patient acteur” & accompagnement L’accompagnement est non seulement multifatoriel mais il est également multi-acteurs. De l’entourage familial aux médecins spécialistes, en passant par l’infirmier, le médecin traitant ou encore le pharmacien, chaque acteur de santé tient un rôle spécifique et la notion même d’accompagnement peut varier selon celui-ci. Ainsi pour Monsieur Martial Fraysse, Président du Conseil Régional de l’Ordre des pharmaciens d’Ile-de-France : “Les pharmaciens sont répartis de façon optimale sur le territoire, et présentent un accès facile et des horaires larges. Ce qui diffère, d’une pharmacie à une autre, c’est le service d’écoute. Parmi les sujets jugés majeurs par l’Ordre dans le cadre du développement personnel continu (DPC), il y a l’accompagnement. En effet, le pharmacien n’est plus un simple dispensateur de médicaments, et le législateur et les patients attendent de lui une valeur ajoutée en matière d’accompagnement et d’éducation thérapeutique”. M. Fraysse a ensuite insisté sur la position centrale et irremplaçable qu’occupe le patient, l’usager, dans cette nouvelle dynamique : “Dans le cadre du dossier pharmaceutique mis en place par l’Ordre, le patient est le moteur et le fournisseur de toutes les données de santé qui peuvent être exploitées pour améliorer ensuite les pratiques et la prise en charge. En effet, l’Ordre a pris la décision de mettre le patient au centre du parcours entre les différents professionnels de santé. Parallèlement, le pharmacien ne peut pas demeurer seul et une coordination est nécessaire pour améliorer les choses”. Ainsi, l’entretien pharmaceutique tel qu’il se définit aujourd’hui consiste à vérifier •2• les pratiques et l’observance des traitements des patients. Le médecin traitant est ensuite contacté, sur l’autorisation du patient, pour faire un retour d’information sur les problèmes rencontrés. “Grâce à l’écoute, on obtient des informations que l’on peut partager pour améliorer la prise en charge. Les entretiens pharmaceutiques peuvent prendre du temps mais j’estime que cela fait partie de notre action” a ajouté M. Fraysse. Rebondissant sur ces propos, Monsieur Alain Donnart, Président de Alliance Maladies Rares, a précisé que les pharmaciens sont des acteurs privilégiés sur ce terrain : en effet, ils sont les premiers à être contactés et beaucoup de malades leur posent des questions sur leur pathologie. Néanmoins, ils ont encore du mal à orienter les patients vers d’autres professionnels, car ils ignorent encore, pour beaucoup, l’existence de centres de référence et de compétences d’accueil des patients. “Pour nous, le malade est expert de sa maladie. Qui peut, mieux que lui, connaître sa maladie, ses symptômes, ses envies et ses besoins en termes d’accompagnement, de médicaments ?” a poursuivi M. Donnart. L’Alliance a fait plusieurs constats : à commencer par celui d’une errance de diagnostic, qui implique que les malades se sentent abandonnés. Ils ont beaucoup d’angoisses face aux médecins de ville qui n’arrivent pas à les orienter vers des spécialistes ; le deuxième constat est l’insuffisance de coordination entre les professionnels, le troisième est un manque d’accompagnement, qui implique que près de la moitié 6ème Forum Patients Pfizer des malades ont besoin d’un soutien psychologique. Enfin, le dernier constat est l’absence de coordination avec le médico-social : cela se traduit par un manque d’aides, d’informations, de connaissances sur les maladies rares. C’est pourquoi l’Alliance défend une proposition : celle de favoriser la création de réseaux de prise en charge sanitaires, médico-sociaux et sociaux. Mme Tourette-Turgis a ajouté que, pour certaines pathologies, il y a un vrai retard social et psycho-social dû à un manque d’implication et de prise en compte des problèmes rencontrés. Selon elle, les associations de malades doivent assumer un rôle actif auprès des acteurs sociaux. L’accompagnement est donc du ressort de l’entourage et des professionnels de santé mais pas uniquement. Les autres acteurs de santé, à l’image des laboratoires pharmaceutiques et des organismes d’assurance, souhaitent prendre une part plus active dans celui-ci. en charge, via le bon usage, la prévention des effets secondaires, ou encore la formation des professionnels de santé. L’accompagnement est également une façon, pour Pfizer, de passer d’une industrie pharmaceutique à une industrie de la santé, et d’une offre produit à une offre thérapeutique”. Mme Raynaud a cité l’exemple de la question de l’observance : “Beaucoup d’études montrent que la non-observance concerne 30 à 60% des prescriptions. Cela engendre une aggravation de la maladie et 10% d’hospitalisations supplémentaires et représente un coût substantiel pour le système de soins. En effet, selon l’IMS, la non-observance coûte 500 milliards de dollars par an dans le monde et 30 milliards en France. Le fait de travailler sur un meilleur usage du médicament contribue à l’efficience du parcours, l’amélioration de la qualité de la prise en charge et la mise en avant de la juste efficacité d’un traitement. Au final, nous devons bien entendu être impliqués dans l’accompagnement, et cela doit être reconnu et soutenu”. • “Patient acteur” & accompagnement • Madame Véronique Lacam-Denoël, Directrice Services médicalisés et e-santé chez Malakoff Pour Madame Catherine Raynaud, Directeur des Affaires institutionnelles chez Pfizer : “Concernant l’accompagnement, il n’y a pas encore de cadre vraiment défini, ce qui nous confère quelques possibilités d’action. D’après les acteurs concernés, l’accompagnement est indissociable d’une bonne gestion de la maladie, de l’optimisation de la prise en charge et de l’amélioration de la qualité de vie du patient. Il faut maintenant privilégier la forme collaborative et partenariale tout au long du parcours”. A la question de la légitimité de Pfizer en tant que soutien à l’accompagnement, Mme Raynaud a affirmé que, “de par notre connaissance des pathologies et traitements dans lesquels nous sommes experts, nous devons être partie prenante de l’accompagnement et nous mpliquer dans l’amélioration de la prise Médéric, a, elle aussi, répondu à la question de la légitimité de l’implication d’organismes d’assurance : “C’est un rôle récent et peu développé, que l’on mène encore sous la forme d’expérimentations, même s’il est vrai que les mutuelles ont toujours fait de la prévention. Le contexte particulier de la protection sociale et de la complémentaire santé nous pousse à nous impliquer. Notre objectif est de ne pas simplement rembourser les frais de santé, mais également de proposer des actions en amont pour réduire la survenue des pathologies et complications”. Selon Mme Lacam-Denoël, la légitimité de Malakoff Médéric tient dans sa position de 21 novembre 2013 •3• Ainsi, le programme de dépistage de l’hypertension en entreprise, appelé Vigisanté, a été déployé dans 50 entreprises, auprès de 22 000 salariés concernés par le dépistage, et 700 d’entre eux orientés vers leur médecin traitant pour confirmer le diagnostic. Les taux de satisfaction des participants atteignent les 85%, et la majorité des médecins traitants affirment que les patients ont tiré un vrai bénéfice médical de ce programme, avec un changement de comportement santé dans près de 70% des cas. Le programme Vigisanté a, dès le départ, intégré les patients, et devrait prochainement les intégrer davantage en amont. Pour Mme Lacam-Denoël “Il reste encore des progrès à faire, principalement sur l’adaptation du programme au profil et aux motivations de chacun, et sur l’élargissement à d’autres pathologies”. Suite à cet exemple très concret, M. Donnart a mis en exergue les actions d’Alliance Maladies Rares : “Grâce aux actions de l’Alliance, neuf pathologies rares disposent maintenant d’un programme d’ETP agréé par les ARS. 80% des associations de malades souhaitent s’investir dans l’ETP, et 90% souhaitent que l’Alliance les accompagne dans l’élaboration de leur projet ETP. Notre objectif est de promouvoir l’ETP dans les maladies rares et de développer la transversalité de ces programmes”. Malgré l’existence de nombreux blocages, au niveau des ARS et du Ministère, les choses réussissent à avancer depuis peu, a témoigné M. Donnart, avec notamment l’organisation de colloques en région, grâce à l’action des associations implantées sur ces territoires. Pour sa part, Mme Raynaud a présenté le programme d’accompagnement PACT Onco, lancé en 2011, qui vise à informer les différents acteurs du parcours de soins oncologique, de l’hôpital au domicile, en passant par le médecin traitant et le pharmacien. La logique d’accompagnement de PACT Onco concerne •4• les professionnels de santé, et vise à favoriser le bon usage, à soutenir l’information utile à leur pratique quotidienne et à développer des liens avec eux pour assurer une continuité des soins, à l’aide d’outils tels que des formations, sites internet, livrets mis à leur disposition. Pour Mme Raynaud, les programmes du type PACT Onco peuvent s’adapter à toutes les pathologies, selon les besoins d’accompagnement exprimés par les malades. Néanmoins, cela nécessite un cadre plus souple. Mme Tourette-Turgis a, à son tour, présenté ses actions exemplaires mises en place : “Les malades sont producteurs de savoir et d’expertise. J’ai donc réservé 30% des places dans les diplômes d’ETP que je dirige aux malades. C’est une première en France, une équipe pédagogique mixte composée en partie de malades qui enseignent. Nous avons actuellement 93 malades concernés. Le but est de pouvoir développer ces cursus diplômants dans d’autres universités”. Selon Mme Tourette-Turgis, le problème de l’accompagnement est qu’il est actuellement assuré par les proches et l’entourage, des personnes dont ce n’est pas le métier initial. Ils le font sans reconnaissance sociale et sans valorisation économique. “Toute personne formée peut être accompagnateur. Il faut maintenant réfléchir à la façon de matérialiser une reconnaissance sociale et une valorisation économique”. Mme Tourette-Turgis a clôturé la première table ronde : “Il faut réussir à faire avancer la démocratie sanitaire en même temps que la démocratie clinique. Une chose est sûre : si l’on veut faire reconnaître l’accompagnement, chacun doit s’y mettre, à son échelle”. 6ème Forum Patients Pfizer • “Patient acteur” & accompagnement • partenaire naturel des entreprises pour la couverture santé des salariés. De plus, l’entreprise représente une opportunité idéale pour développer des actions de prévention, de dépistage et d’accompagnement, permettant de toucher une large population et de cibler plus spécifiquement certains critères. Focus “Patient acteur” & autonomie de millions de personnes le savoir de quelques uns, via un simple projet ?”. • “Patient acteur” & autonomie • Monsieur Patrick Malléa, Directeur du CNR Santé à domicile et Autonomie, a introduit la seconde table ronde dédiée à l’autonomie. Selon lui, l’autonomie est un enjeu clé, car il représente le seul sujet d’innovation dont nous disposons encore. Comparé au progrès technologique qui se fait tout seul, et qui a envahi nos vies et modifié nos comportements, le terrain qui reste à gagner est celui de l’autonomie. De fait, il est assez facile d’imaginer ce qui peut améliorer l’avenir, mais il faut consacrer du temps et des moyens pour mettre en œuvre ces idées. De plus, l’innovation la mieux à même d’améliorer la qualité de vie, c’est bien celle de la loi, a-t-il précisé. “Nous devons être vigilants là-dessus. On prescrit un certain nombre de règles qui deviennent exécutables et qui créent de nouvelles valeurs permettant de vivre dans ce système compliqué. L’innovation que nous voulons a un coût, elle ne peut pas être juste transposée en essayant d’inventer un nouveau mot à la mode”. M. Malléa a insisté sur la nécessité de vigilance face aux changements qui sont amorcés pour améliorer l’autonomie. En particulier dans le contexte des débats à venir sur l’adoption d’une loi pour faire face aux enjeux du vieillissement. Selon lui, une partie des prélèvements sociaux devrait financer l’innovation et les changements nécessaires, plutôt que de réformer dans le vide. Pour M. Malléa : “L’innovation, c’est une nouveauté popularisée. En effet, si quelques personnes prennent conscience de ce qui peut être bien et bénéfique pour des millions d’autres personnes, la question qui se pose est : comment faire pour mettre à disposition Pour progresser individuellement, l’appareil collectif doit permettre aux usagers d’exercer cette nouvelle connaissance ; cela passe par l’intégration, dans les organisations, des métiers liés au patient expert et à l’ETP. Le CNR Santé représente un moyen de réponse aux enjeux actuels liés à l’autonomisation individuelle. Les technologies permettent de populariser les services dont les usagers ont besoin, en garantissant qu’elles fonctionnent bien au moment où elles sont nécessaires. Ces technologies représentent des ponts reliant chaque usager dans sa case individuelle, et sont vecteurs de réponses urgentes. Pour finir cette présentation, M. Malléa a affirmé : “Le secteur de la santé ne pourra pas résister longtemps à la volonté des citoyens de gagner en autonomie. Et si l’autonomie souhaitée ne peut pas s’obtenir par la porte classique, la réponse devra faire appel aux nouvelles technologies que nous avons financées. Nous avons la responsabilité de trouver des réponses”. En regard du point de vue de M. Malléa, Monsieur Bernard Auchère, de la Fédération nationale de malades France AVC, a donné sa vision, en tant que patient, de la notion d’autonomie : “Il faut d’abord savoir que l’autonomie n’est jamais totale, elle n’est que partielle. Elle dépend entièrement de la notion de prise de risques et de volonté de la part du malade?”. 21 novembre 2013 •5• moi, l’autonomie est la clé de l’essence de la vie”. Madame Corinne Bebin, maire-adjoint délégué aux affaires sociales à la mairie de Versailles, a apporté son regard d’élue sur le rôle des collectivités territoriales dans la mise en œuvre et la préservation de l’autonomie des usagers : “La collectivité territoriale est un acteur de proximité, qui a le pouvoir de réconcilier liberté et autonomie en opposition à vulnérabilité et dépendance. L’enjeu au quotidien est de prendre en compte les spécificités de la population, et de faire en sorte que l’interdépendance sociale, inhérente à notre humanité, vienne améliorer l’autonomie et non la freiner”. Dans la mesure où l’autonomie signifie la capacité d’un individu à mener son parcours de vie comme il le souhaite, le rôle de l’élu est d’assurer que le parcours de vie trouve sa réponse sur le territoire, et relève de la responsabilité du citoyen. Ainsi, il apparaît clairement que ce n’est plus l’offreur de soins ou l’élu politique, mais bien le citoyen, potentiellement malade ou dépendant, qui tient les manettes aujourd’hui. le niveau de compétences du citoyen pour lui permettre de faire un choix libre et éclairé”. Selon elle, le deuxième rôle d’une collectivité territoriale est d’informer les citoyens sur ce qu’est l’offre de soins et l’offre d’accompagnement. Pour cela, la ville de Versailles a réalisé une plaquette listant tous les acteurs du territoire impliqués dans la maladie d’Alzheimer et la façon dont ils peuvent intervenir auprès des malades. Le troisième domaine d’intervention d’une collectivité territoriale identifié par Mme Bebin est le dépistage : “La ville a en charge la petite enfance, et on sait que beaucoup de maladies résultent d’un manque d’hygiène sociale, par exemple la BPCO. L’éducation aux réflexes santé et l’aide à la parentalité sont des secteurs sur lesquels il faut s’investir pour réintroduire la prévention dans la communauté parentale”. La mairie de Versailles a conduit une étude auprès des seniors, qui représentent 20% de la population de la commune, en les interrogeant sur leurs attentes. Sur cette base, la ville va créer une plateforme gérontologique, rassemblant un service de soins à domicile, un hébergement temporaire, un EHPAD, et équipée des nouvelles technologies, tout cela à la disposition des seniors. “Il ne faut jamais perdre de vue que la technologie doit être mise au service de l’homme, et non pas l’inverse. La seule façon d’y arriver, c’est de l’ancrer dans une logique de proximité territoriale, et certainement pas en faisant descendre par le haut les grandes idées théoriques” a conclu Mme Bebin. De fait, pour que les patients soient autonomes, ils ont besoin d’informations sur l’offre de services dont ils disposent, en particulier avec le développement des nouvelles tech- Pour Mme Bebin : “Un autre élément du débat concerne le niveau d’éducation et de connaissances de santé. A Versailles, nous avons constaté que beaucoup de personnes manquent d’éducation sur le plan santé ; il existe donc un dispositif qui les aide à accéder aux soins s’ils sont malades. La vulnérabilité vient de là : la faiblesse de nos connaissances sur la maladie et sur l’offre de soins que l’on nous propose. Le premier devoir des collectivités territoriales doit être de promouvoir la santé, et d’élever •6• 6ème Forum Patients Pfizer • “Patient acteur” & autonomie • Pour lui : “L’autonomie n’est pas acquise, c’est une position à défendre en permanence. Dans notre pathologie, la plupart des personnes ne recherchent pas l’autonomie mais l’assistanat. D’un autre côté, les pouvoirs publics et financiers considèrent qu’une personne est handicapée uniquement si elle est dépendante. Selon nologies. Monsieur Guillaume Marchand a cofondé la start-up dmd Santé, une plateforme collaborative et indépendante dédiée à l’évaluation des applications de santé mobiles et à l’orientation des usagers vers les applications jugées qualitatives et fiables. Dmd Santé est un concept innovant qui met gratuitement à la disposition de tous le savoir de quelques uns, et qui chasse la non-qualité de façon totalement transparente. Pour M. Marchand, s’il est devenu nécessaire d’évaluer les applications mobiles de santé, c’est notamment parce que 6 mobinautes sur 10 n’ont pas trouvé l’application de santé qui correspond à leurs attentes, et parce que 70% des professionnels de santé ont déclaré ne pas disposer de source de qualité fiable pour recommander les applications à leurs patients, alors que 52% d’entre eux le souhaiteraient. “Les patients n’ont pas développement des mobiles de santé pour nomes, heureusement” • “Patient acteur” & autonomie • M. Marchand. attendu le applications être autoa poursuivi “Néanmoins, pour acquérir une véritable autonomie grâce à la santé mobile, il faut pouvoir disposer des bons outils. La plupart des gens ne savent pas que, face à leur besoin, il existe probablement une application qui y répond. Le problème est qu’il existe aujourd’hui 100 000 applications de santé dans le monde, dont 750 en France, sur lesquels nous n’en recommandons que 60 ou 80 environ. C’est un marché très peu qualitatif, régi avant tout par une “envie de faire une application mobile” de la part des développeurs, qui n’ont pas forcément cherché à la rendre optimale et à en assurer le suivi ou à recueillir les avis des usagers. Seuls 3% du marché sont dédiés au suivi de la pathologie entre un patient et son médecin. C’est pourquoi nous souhaitons apporter de la qualité à ce marché”. M. Malléa a néanmoins alerté sur l’existence de risques qu’il y a à utiliser internet et d’autres moyens complémentaires pour améliorer notre état de santé ; cela explique pourquoi l’évaluation des pratiques est nécessaire, ainsi que l’éclairage apporté au citoyen. Pour lui, “nous sommes à la veille d’une transformation profonde, forts de notre position de leaders de l’innovation. Sans une volonté de résultats, il n’y aura pas d’innovation. L’enjeu réside dans notre capacité à conquérir de nouveaux espaces d’autonomie, là où l’on en a besoin. La santé est une aventure de l’innovation”. Pour Mme Bebin, les collectivités locales doivent bien entendu se saisir des nouvelles technologies. Mais face à la pléthore d’offres, le citoyen perdu se tournera légitimement vers l’acteur de proximité, à savoir la commune, pour lui demander de l’aide. Le rôle de l’élu local est d’être en veille éthique permanente et de vérifier que les portes qui s’ouvrent ne posent pas trop de risques. Pour finir, M. Auchère a exprimé son avis de patient vis-à-vis des nouvelles technologies : “Je les appréhende avec méfiance. C’est évidemment pratique de pouvoir signaler un problème à un service en pressant un simple bouton, mais cela nous place en état de dépendance envers la technologie et nous ne sommes pas forcément capables de l’utiliser correctement”. M. Marchand a néanmoins précisé que les applications mobiles de santé ne remplaceront jamais l’action du professionnel de santé mais peuvent permettre d’alléger les procédures. Pour M. Malléa, le sujet n’est pas le mobile ou les applications mobiles, mais l’évolution que l’on souhaite suivre avec. L’autonomie est une conquête que chacun fabrique au jour le jour, et les applications mobiles n’existeraient pas si des réponses n’avaient pas été cherchées. 21 novembre 2013 •7• Focus Rester à l’écoute des patients et travailler ensemble En clôture de ce 6ème Forum Patients Pfizer, Monsieur Michel Ginestet, Président de Pfizer France a tenu à préciser “Pour nous, les patients, quelle que soit leur pathologie, deviennent de plus en plus engagés, affirment leur besoin d’autonomie, pour mieux se gérer, et devenir acteur de leur propre prise en charge. En tant que laboratoire pharmaceutique, riche de notre connaissance du bon usage des soins et des produits que nous développons et commercialisons, nous sommes légitimes pour contribuer à cette démarche”. “Nous considérons également que les associations de patients ont un rôle clé dans le système de santé, notamment en matière de démocratie sanitaire… … les évolutions du système de santé et les réflexions doivent être guidées par les besoins des patients… Le fait que ce Forum soit autant attendu par la plupart d’entre vous confirme notre volonté de continuer à écouter les attentes des patients, d’entretenir des relations privilégiées, éthiques et de haute qualité, en permettant ces débats, et de faire évoluer le système dans l’intérêt du patient”. Le patient acteur : accompagnement et autonomie • 21 novembre 2013 Débat animé par Renaud Degas, Presse Infos Plus Avec la participation de : • Bernard Auchère, Fédération nationale France AVC • Corinne Bebin, Maire-adjoint délégué aux affaires sociales, mairie de Versailles • Alain Donnart, Président Alliance Maladies Rares • Martial Fraysse, Président du Conseil Régional de l’Ordre des pharmaciens d’Île-de-France • Michel Ginestet, Président Pfizer France • Myriam Jabri, Responsable relations patients Pfizer • Véronique Lacam-Denoël, Directrice Services médicalisés & e-santé Malakoff Mederic • Patrick Malléa, Directeur CNR Santé à domicile et Autonomie • Guillaume Marchand, Président et co-fondateur de dmd Santé • Catherine Raynaud, Directeur Affaires Institutionnelles Pfizer • Catherine Tourette-Turgis, Maître de conférences à l’Université Pierre et Marie Curie 6ème Forum Patient Pfizer Pfizer SAS • 25 rue du Dr Lannelongue •75014 Paris • PFI077 • novembre 2013 Conception-rédaction et maquette : LauMa communication •8• 6ème Forum Patients Pfizer