Histoire de la Langue : Vocabulaire

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HISTOIRE DE LA LANGUE : APPROCHE DE LA LANGUE PAR SON HISTOIRE
INTRODUCTION
La Conquete Romaine et les Gallo-Romains :
Les Romains se sont installés progressivement en Gaule. Ils interviennent dans le sud de la Gaule à la
demande des colonies Grecques (Marseille, Antibes, Nice) qui sont menacées par les habitants d'origine
(Celtes et Ligures). Ayant vaincu ces derniers à la fin du IIème siècle avant J-C, ils s'installent à demeure
dans la bande de territoire qui longe la Méditerranée. Celà leur permet d'assurer les liaisons entre l'Italie et
l'Espagne dont ils viennent d'achever la conquete.
En 58 avant J-C, Jules César intervient dans les affaires des tribus de la Gaule du Nord, de la Germanie et
meme de la (Grande-) Bretagne. Il termine cette conquète en 52 avant J-C lors de la victoire d'Alésia. A
partir de là la Gaule (qui comprend la rive gauche du Rhin) est intègrée dans l'Empire Romain.
Pendant le Ier et le IIème siècle aprés J-C toute la région s'enrichit et se couvre de monuments (arènes,
théatres, thermes, temples, ...). La Civilisation Gallo-Romaine atteint un niveau significatif à l'image de la
Civilisation Romaine elle-meme. Le Latin devient la langue prépondérante et est à la base du Francais
actuel. Une nouvelle religion, le Christianisme, s'implante en Gaule.
Le milieu du IIIème siècle marque une rupture avec les premières invasions de tribus Barbares venant
de l'Est de l'Europe et de l'Asie. Les Invasions Germaniques de l'année 276 et des suivantes ravagent la
Gaule. En meme temps le centre de l'Empire Romain se déplace vers l'Orient et Constantinople en devient
la vraie capitale.
Les Huns, qui viennent d'Asie, envahissent le Nord de l'Europe au début du Vème siècle. Au final les
Wisigoths s'installent en Provence puis en Espagne et en Aquitaine, les Francs dans le Nord de la Gaule et
dans l'Ouest de la Germanie, les Burgondes dans le Sud-Est de la Gaule.
Le Haut Moyen-Age s'étend des environs de l'année 500 jusqu'à l'An Mil :
Le roi Franc Clovis est initialement installé dans la Belgique actuelle. Il profite de l'affaiblissement de
l'Empire Romain pour développer son royaume au Nord de la Gaule. Il se convertit alors à la religieux
chrétienne ce qui lui rallie l'Eglise. Il vainc le roi Wisigoth à Poitiers. Ses fils élargissent le domaine Franc
sur toute la Gaule et l'Ouest de la Germanie (Allemagne). Pendant plus de cinq siècles cet ensemble de
région va avoir une Histoire commune. C'est la période des Mérovingiens puis celle de l'Empire
Carolingien.
Sous le règne des Mérovingiens la civilisation Romaine régresse et la Francie perd tout lien avec l'Empire
Romain d'Orient. Au milieu du VIIIème siècle, une famille de grands dignitaires, les
Pippinides/Carolingiens qui sont Maires du Palais, se substitue aux Mérovingiens. Pendant quelques
années la Renaissance Carolingienne renouvelle la civilisation Franque, elle reste limitée dans le temps
puisque l'Empire se disloque dès le milieu du IXème siècle.
Le Traité de Verdun, en 843, marque un tournant dans l'histoire de l'Europe Occidentale. L'Empire
Carolingien est découpé en trois parties: la Francie de l'Ouest, la Lotharingie (de la Hollande à l'Italie) et la
Germanie.
A la fin du Xème siècle : Les Capétiens vont occuper le trone de France pendant plus de 800 ans.
Le XIème siècle, en France, est la période où la désagrégation des structures sociales est la plus forte. Les
dignitaires Carolingiens accaparent les pouvoirs politiques, militaires et administratifs et constituent des
Seigneuries autonomes, c'est la Société féodale dont le symbole le plus caractèristique est le Chateau-fort.
Ils imposent la transmission héréditaires de leurs Seigneuries et fondent des dynasties régionales et locales
qui régentent concrètement les populations. En dehors de son domaine direct le pouvoir du roi de France est
devenu faible.
En 1066 le duc de Normandie Guillaume le Conquérant envahit l'Angleterrre à la tete d'une armée
composée des Seigneurs et nobles de tout le Nord de la France. La victoire d'Hastings entraine la
colonisation de l'Angleterre par les Normands. Beaucoup de Seigneurs Francais obtiennent ainsi une
seconde Seigneurie en Angleterre.
Pendant ce temps les Capétiens s'attachent à reprendre et réagréger les pouvoirs politiques et militaires sur
le Royaume de France. Il faudra quatre siècles pour réaliser trés progressivement l'unité de la France. Henri
II Plantagenet batit un Empire qui s'étend de l'Ecosse aux Pyrénées.
Le Moyen-Age est un terme flou, utilisé pour désigner la période entre l’Antiquité classique et la
Renaissance. Historiquement, il commence donc à la Chute de l’Empire Romain (476) jusqu’à la fin du
XVème avec la Prise de Constantinople (1453) et les Grandes Découvertes (1492).
Le Moyen-Age est méprisé par les humanistes, qui le considèrent comme une époque de décadence et
d’obscurantisme.
Le plus ancien texte français est le Serment de Strasbourg, datant de 842 ; il s’agit d’un accord pour le
partage de l’Empire Carolingien en deux parties :
– La partie occidentale : où l’on parle ce qui deviendra le français
– La partie orientale : où l’on parle allemand
Les premiers textes littéraires écrits en français datent de la fin du XIème siècle, comme La Chanson de
Roland. On peut noter l’essor de la littérature française au milieu du XIIème siècle.
Du Moyen Français au Français Moderne
Problématique : Comment les graphies ont-elles évolué ?
Que a autorité sur la langue ?
Introduction :
Plusieurs facteurs ont amené à une évolution progressive de la langue :
– L'impact de l'imprimerie
– L'évolution des pratiques de traduction
– La volonté de diffusion des savoirs
– La volonté de l'illustration de la langue
– L'imitation des œuvres gréco-latines
À cela s'ajoute la royauté qui joue un rôle d'autorité suprême dès la fin du XVe siècle sur la langue
français.
La traduction et la portée didactique :
cf : étude de texte : Roman d'Alexandre le Grand de Thomas KENT ( vers 1175 ) ( Doc 2 )
La prose à partir du XIIe siècle :
In : Cours n°1 : U.E.1 : TD : C1 : « La mort des amants
adultères » : Au XIIe siècle tout texte narratif s'écrit en vers, Au XIIe siècle la prose devient gage de
sérieux et de vérité. Exemple : Chronique de la IVe croisade.
Il existe, cependant, encore et surtout des textes en vers.
Le Lancelot en prose est un des premiers
romans en prose. Avec la prose apparaissent les textes allégoriques ( = se fonde sur plusieurs niveaux de
sens impliquant différentes lectures ) dans le même modèle que l'exégèse biblique ( = commentaire sur
la Bible ) qui était déjà une méthode de lecture/écriture latine qui est transposé en langue française
d'abord aux textes religieuses puis profanes.
◦ L'exemple du Roman de la rose :
Le romand de la rose ( cf : Doc 3 ) est un exemple de texte
allégorique. Il est écrit en deux parties. La première est de Guillaume DE LORRIS et est écrite en 1220. Il
s'agit d'un récit de rêve amoureux sous forme d'allégorie qui est la quête de la rose. Elle reste cependant
inachevée mais sera continuée jusqu'à son terme par Jean DE MEUNG en 1270.
DE MEUNG trahit toutefois la pensée de LORRIS. En effet, DE MEUNG appartient à une tradition
savante et en continuant le Roman de la rose, il inscrit sa volonté d'établir un savoir encyclopédique des
connaissances de son époque. Il le trahit un seconde fois en tenant un discours misogyne. Cf :étude de
texte : Prologue du Roman de la rose.
1) D’OU VIENT LA LANGUE FRANCAISE ?
Le latin s’implante en Gaule en -100 avant J.C. Puis, différentes formes de latin parlé vont naître. Le
latin parlé en Gaule va se développer entre trois influences :
– celle du latin parlé des Romains.
– celle de la langue des Gaulois (langue celtique). Ceci est une supposition car il reste peu de traces écrites
du gaulois, leur manque d’écrits s’expliquant sans doute par une interdiction religieuse.
– celle de la langue germanique apportée par les Francs. Les Francs n’ont pas cherché à imposer leur
langue qui s’est plutôt assimilé à la langue locale.
Le latin :
Naissance de Rome vers les VIIIème siècle et VIIème siècle av. J.C.
Les premiers rois sont étrusques jusque 509 av. J.C.
=> La langue latine s'est enrichie de deux civilisations :
–
La civilisation grecque ( avec des emprunts dans la langue latine )
→ Disparition du grec tardivement ( puisque il le grec écrit était enseigné. Ils avaient un
enseignement bilingue)
–
L'étrusque ( langue Indo-européenne qui n'a pas encore totalement été déchiffré )
→ Disparition de l'étrusque au Iième siècle av. J.C.
Les plus vieux textes latins remontent au VIème siècle : il s'agit du texte sur la pierre noire du
forum ( environ -500 )
À partir du IIIème siècle av. J.C., la quantité de texte devient plus importante texte plus
importante ( avec des auteurs comme PLAUTE ( IIIème av. J.C. ) et Terence ( Iième av. J.C. )
On distingue un latin écrit, d'un latin parlé.
Le latin écrit est stable et possède de nombreuses règles
Le latin parlé nous échappe en grande partie. Il es très changeant
Doit-on parler de plusieurs latin oraux ?
Le latin écrit :
–
De son origine - jusqu'au Ier siècle av. J.C. : latin archaïque
–
Ier siècle av. J.C. – IIIème ap. J.C. : latin classique – latin post-classique
–
IVème – Vème – Vième siècle ap. J.C. : latin de bas empire
→ Étude du bas latin :
Le latin classique a été un objet d'étude :
Avec la rédaction de grammaire de latin.
ex : DONAT ( grammairien du IVème siècle ap. J.C. ) ou DIOMEDE pour un public grec
Pour le VIème siècle : PRISCIEN qui a écrit une grammaire savante pour un public grec toujours.
Environ 1000 manuscrits ont été conservé. On a retrouvé aussi des traités de métrique lié au
bouleversement du système vocalique. Le latin passe d'une opposition de quantité qui disparaît à une
opposition de timbre ( voyelle ouverte contre voyelle fermée )
*
Au IVème siècle une grande avancé technique : la création de parchemin [ = peau d'animaux / ce qui
donne une très bonne conservation mais qui coûte très cher d'où le palimpseste = réécriture des
parchemins ] à la place du papyrus.
=> Création du livre avec des pages : le codex se substitue alors au rouleau ( volumen ) →
modification du format facilite la lecture et donne une liberté de lecture dans le parcours du texte. Les
copies d'œuvres augmentent et on commence à compiler ( encyclopédie : réunion de connaissances.
Exemple : au VIIème siècle Isidore de Séville ( l'encyclopédie ). Le plagiat dans la réunion n'existe pas
mais il s'agit bien d'une nouvelle œuvre. Au M-A. C'est une écriture savante : il s'agit de mettre à
disposition pour diffuser en donnant une autre organisation des textes
–
Vème – XVème : latin médiéval
Le latin parlé :
Appelé aussi latin vulgaire ( < VULGUS = peuple ), il varie selon les territoires.
Nous avons quelques témoignages de cette langue vulgaire :
Des textes littéraires ( /!\ pas une source fiable ) où on peut trouver
–
Des vulgarismes, une langue familière ou des formules syntaxiques propre au langage oral.
–
Des citations d' « êtres inférieurs »
Exemple : Les comédie de PLAUTE ( IIème av. J.C. )
–
In le Satyricon de PETRONE et leurs dialogues d'esclaves ( Ier siècle ap. J.C. )
–
Des vulgarismes tardifs au Ier siècle ap. J.C. dans des textes chrétiens ( notamment pour se
faire comprendre )
–
Dans des pastorales ou des prédications
→ Dans la vie de saints, les sermons en bas latin
→ la Vulgate de la Bible ( au début du Vème siècle )
« mieux vaut être réprimander par les grammairiens que de ne pas se faire
comprendre par le peuple »
–
Des vulgarismes par erreur ( méconnaissance … )
→ Dans des manuels des erreurs à ne pas commettre par exemple : in appendix probi ( IIIème
-IVème siècle ap. J.C. )
–
Des épitaphes, graphitis ( à Pompéi ou à Herculanum par exemple )
On peut remarquer :
–
Une déclinaison qui se disloque et qui est remplacée par des prépositions
–
Un effacement du genre neutre
–
Les diphtongues qui disparaisse
=> Une simplification de la langue mais qui complique la lecture.
La diffusion de la langue latine :
-500 à -250 : elle impose sa langue et sa civilisation sur toute l'Italie et ses îles
- 250 à 0 : la conquête d'un immense empire :
–
Guerres puniques
–
Conquête de la Grèce
–
Espagne
- 118 : Fondation de la ville de Narbonne ( capitale de la Gaule Narbonnaise )
–
Afrique du nord
–
Asie mineure
–
Gaule
–
Syrie
–
Allemagne
–
Roumanie
=> Un vaste ensemble latinophone se crée. Que ce soit un latin de langue seconde ou de langue
maternelle, il est pour tous imposé comme langue officielle*
*Langue officielle : administration – droit / commerce
Un processus de latinisation variant selon les régions :
Une latinisation durable dans la partie occidentale et la Roumanie ( appelé la Dacie )
Tandis que dans la partie orientale il y avait plus de résistance :
–
En Grèce
→ lié à la supériorité de la langue grecque.
–
Les autres colonie
→ lié à leur re-colonisation rapides, menant donc à un nouveau changement de langue.
La force des romains réside dans le fait qu'ils n'imposent pas leur langue par la violence, mais par la
persuasion. Ils proposent aux élites la citoyenneté romaine à condition d'apprendre le latin. L'élite
accepte facilement par opportunisme et par désir d'élévation sociale. À cela s'ajoute plusieurs autres
critère qui amène une imposition quasi naturelle du latin :
–
L'usage quasi absent de l'écrit des langues pré-existentes :
Comme : Le celte ou l'ibère
→ Entraine un effacement de ces langues
–
L'écrit du latin prend une place plus importante
–
L'internationalité de la langue
–
Le latin est perçu comme une langue prestigieuse ( une réelle admiration pour la culture et la
langue latine )
–
Apparition du christianisme
Avant l'an 600 la langue latine parlée dans la Romania ressemble encore au latin malgré les différentes
naissance de nouvelles langues. C'est la présence d'autres langues non indo-européennes comme
l'Ibère ou le Ligure qui le modifie progressivement. Le latin parlé en contact avec divers influences
territoriales est un facteur de diversification. Or l'affaiblissement politique de l'empire romain au
IIIème siècle après J.C. Amène diversification croissante des langues parlés due à ces contacts :
–
Les invasions barbares qui sont aussi d'important mouvement de population.

IIIème siècle après. J.C. la menace barbare devient de plus en plus forte
–
285 : fragmentation de l'empire ( par l'empereur Dioclétien ) d'abord en deux parties puis en
quatre :

Préfecture de Grèce

Préfecture d'Orient

Préfecture d'Italie

Préfecture des Gaules
=> permet alors l'augmentation de la diversification linguistique par la décentralisation politique.
–
En même temps christianisation

Empereur Constantin : 1er Empereur chrétien :

313 : Il accorde la liberté du culte chrétiens

330 : Il déplace la capitale à Constantinople/Byzance
= déplacement politique : de Rome à Constantinople
La politique linguistique de l'Église entraine la division en deux formes du latin
→ Le latin soutenu des textes savants
→ Le latin simplifié pour des œuvres destinés à un grand public. Il doit cependant rester
compréhensible pour tous ( ne doit pas être une nouvelle langue )
Au Vème siècle ap. JC. Les grandes invasions entrainent la fin du Saint Empire et de l'Empire
d'Occident. Mais ce n'est pas la fin de la Romania car le latin perdure. En effet le prestige du latin
continuera à unir notamment avec Charlemagne qui fait du latin la langue de la chancellerie du Saint
Empire Germanique. )
L'adoption du latin par les gaulois précisément
:
Vers – 600 les grecs s'installent dans le sud de la France. Ce sont principalement des colonies
commerciales qui n'entrainent pas d'influence de la langue grecque. Des mots grecs entrent dans la
langue française seulement au XVème siècle.
Au IIème siècle av. J.C. Les grecs sont menacés par les celtes, ils appellent les romains à
l'aide. Par la suite les romains colonisent la région de Narbonne ( - 118 : fondation de la ville de
Narbonne ).
Colonisation de la Gaule par les romains :
–
-118 Province narbonnaise ( sud )
–
- 59 / -51 : conquête de la Gaule par César
César insiste sur le fait que les gaulois parlaient une multitude de langues ( in la guerre des
Gaules )
Mots d'origine gauloise :
cf : page 5 :
–
mots à usage courant :
agriculture, animaux, brasserie, nom de ville / lieu / citadelle gauloise. ( vie rurale : population rurale )
–
L'unité de longueur gauloise : lieue ( 2222m ) [ survivance jusqu'à la révolution ]
–
La numérotation à base de 20
De plus le latin parlé en Gaule est une langue qui emploie des mots expressifs métaphoriques comme
par exemple : TESTA ( vase de terre cuite ) se substitut à CAPUT.
Jusqu'au IIIème siècle ap. JC – IVème, c'est la survivance du gaulois dans certaine région mais
on entre dans une phase de bilinguisme.
D'abord le latin est influencé par la langue gauloise, et donne le gallo-roman ( /!\ pas le gallo
romain qui est la civilisation ). Cette adoption du latin est lié aux :
–
Écoles
–
À l'accès à la citoyenneté romaine
–
À l'implantation de l'administration romaine
–
À la justice
–
Au contact avec l'armée et les autres contacts après la colonisation
–
L'écriture de la langue latine
–
Essor du christianisme – évangélisation
→ au IVème ap JC : 34 évêques déjà
+ construction d'abbaye.
La propagation du latin se poursuit avec l'Église car la puissance romaine s'affaiblit. L'Église
perdure la puissance romaine en reprenant leur système administratif.
Le gallo-roman est la langue en Gaule, avec un effacement du gaulois progressif, qui est parlé
( du IIIème -IVème siècle ap. J.C. ) jusqu'au IXème siècle après J.C. ( avec les serment de
Strasbourg comme acte de naissance de la nouvelle langue. ) Tandis que la civilisation gallo-romaine
demeure jusqu'à la fin du Vème siècle ap. JC. - début VIème avec l'invasion des francs.
La fin du IIIème siècle est marquée du début des invasions mais elles connaissent leur apogée
au Vème siècle où la Gaule sera partagée jusqu'à la victoire des Francs. Le contact des langues se
prolongent donc.
Les rois en France :
–
Clovis et ses descendants ( Langue Maternelle : germanique )
–
Charlemagne et les carolingiens ( LM : germanique )
–
Hugues Capter ( Premier roi de langue romane en France )
→ 987 : preuve de son recours à des traducteurs du germain vers le français.
Ces rois n'imposent pas leur langue germanique.
Les peuples germaniques :
cf : p 4 & 5 :
–
Les Wisigoths ( originaires de Scandinavie, ils prennent Rome vers 410 après J.C. D'où sera
signé un pacte leur attribuant le Sud de la Gaule )
–
Les Burgondes ( Ils gagnent l'est ( Sud-Est ) de la Gaule par des accords avec les romains )
–
Les Alamants ( conquièrent l'Alsace )
–
Les Francs ( Clovis ) qui conquièrent le Nord de la Gaule
: À la première moitié du Vème siècle leur territoire s'étend jusqu'à la somme
: À la deuxième moitié jusqu'à la Loire
→ langue francique
Les Francs :
Les Carolingiens :
Ils font du nord de la Gaule le noyau de leur pouvoir. Leurs succès militaires, leur alliance avec
les Burgondes ( par des mariages ), et le soutient de l'Église ( baptême de Clovis en 496 )leur permet
de conquérir une bonne partie de la Gaule.
→ Conversion politique ?
Non, il avait un véritable attrait à la foi chrétienne et de la langue latine.
Après la mort de Clovis, son fils finira de conquérir la Gaule.
Au VIème siècle, les descendant de Clovis ont un pouvoir moins fort, qui s'effrite et donne
naissance à des guerres nombreuses. L'affaiblissement du pouvoir politique a pour conséquence la
diversification des langues parlées.
Entre le VIIème et VIIIème siècle l'enseignement se dégrade. On frôle la quasi disparition de la
langue latine. Le latin correct écrit est perdu. Il est compris jusque environ 750ap. JC. par les langues
d'oïl mais il n'est plus parlé depuis 600.
Avec la dynastie carolingienne, qui succède à la dynastie mérovingienne, on entre dans une
renaissance dite « carolingienne ». Cependant il reste de langue maternelle germanique.
Langue d'oc et lange d'oïl :
Il y a une grande démarcation de langue entre le nord et le sud de la Gaule. Ce sont deux
domaines distincts :
–
Le francique modifie le latin parlé du nord de la Gaule
–
Au sud, au contraire, le latin est plutôt conservé : Les germains se sont moins implantés que
dans le nord
→ Les Wisigoth étaient alliés des romains et gardent la même structure sociale et la même langue.
De plus ils ne s'intègrent pas à cause de leur différente religion ( pas de mariage )
Les Francs s'implantent d'avantage.
Il existe des domaines intermédiaires où on voit apparaître un dialecte avec un mélange de
langue d'oïl et langue d'oc. Cette double influence entraine la formation d'un dialecte franco-provencial
( parlé notamment à Lyon, Grenoble, ou Genève …)
La langue écrite d'oc est la langue des troubadours et des auteurs romans. Elle devient une
langue de culture/littérature. ils appellent leur langue : limousin / limousi , mondin.
Tardivement la langue d'oïl s'impose dans le sud de la France.
La langue d'oïl était une langue écrite, elle était l'une des langues officielles puis elle s'impose
accompagné d'un processus d'abandon assez long et de phases de bilinguisme / trilinguisme ( avec le
latin écrit )
Un processus long lié à plusieurs facteurs :
–
Un manque de moyen
–
La stabilité du latin, langue officielle du Saint Empire germanique
–
Le latin comme langue de prestige ( du point de vu politique )
–
La langue politique et religieuse
→ soutient de l'Église puissance temporelle ( moins que spirituelle )
ÉGHINARD ( premier biographe de Charlemagne ) montre que le roi était très attaché à sa langue
germanique. Il aurait écrit des grammaires du germain et traduit des poème.
Mots d'origine germanique :
cf : page 6 : Ils ont été introduit avant le Vème siècle : ( du aux contacts )
–
Vocabulaire lité au système féodal ( car absence de ce vocabulaire en Gaule )
–
Les mots : Franc, français...
→ Le terme « français » est introduit au latin à la fin du VIème et signifie premièrement : libre de
condition sociale. Dans le sens différent d'esclave. Il a une connotation de noblesse. Le mot :
« Francia » désigne des réalités différentes a fils des siècle :

Au VIème siècle, il signifie : le pays d'origine des Francs

Au VIIIème siècle : le terme « Francia » remplace le terme « Gallia »

Au IXème siècle ( L'époque carolingienne ) il désigne la totalité de l'empire de Charlemagne
Le germain a également influencé la prononciation. Cette influence explique les différences
entre le français, et l'italien-espagnols : Deux types de diphtongaison :
–
diphtongue romane ( présente dans Fr. Esp. Et Italie )
–
diphtongue française au VIème siècle
→ La langue allemande ayant de forts accents d'intensités et la prononciation à l'allemande à entrainer
des allongements de voyelle ( accent ) et par la suite la diphtongaison.
Il a aussi fait apparaître le « h » aspiré et des noms de villes. À cela s'ajoute le substantif adjoint, qui
succède au substantif à l'allemande, d'où la différence Nord - Sud :
Exemple : Vieille Chapelle
Ville franche
= Dans le nord
Ville Franche
Ville neuve
= Dans le sud.
serment de strasbourgs : 3 francia – francia orientale / germaniques
–
francia occidentale charles le chauve
–
franci intermédiaire.
–
Puis : désigne seulement la parite occidentale : fin X : territoire controlé par les capétiens →
donne leur nom au peuple vaincu.
influence normande : maritime
invasion de l'Angleterre avec exportation de fr fin XI sud de l'italie et sicile = mise en contact
et littérature
Les Mérovingiens :
768-814 : Charlemagne était un grand roi conquérant qui souhaite prendre la succession des
empereurs romains.
En 773 la Lombardie menace l'Église qui appelle Charlemagne pour la défendre. En 774 il devient
protecteur de l'Église ( pouvoir temporel et spirituel ) à la place de l'empereur de Byzance.
Plusieurs guerres éclatent alors :
–
Contre les saxons
–
Le nord de l'Espagne ( chanson de Roland )
–
Contre les sarazins
Charlemagne a alors une grande partie du territoire et est couronné en 800 à Rome. Le spirituel
se subordonne au temporel. L'état s'appuie sur l'administration de l'Église. Il impose le latin qui unifie
ce grand espace
La Renaissance carolingienne est un renouveau dans les études scientifiques, impulsé par
Charlemagne. Il désire restaurer la langue latine classique pour l'imposer comme langue impériale.
Le latin classique sera notamment restauré par ALCUIN ( anglais ) et EGINHART ( allemand ).
Plusieurs écoles voient alors le jour :
–
École du palais ( à Aix-la-chapelle ) pour les élites
–
Écoles dans les diocèse ( ou dans les monastères; fait par des évêques, )
exemple : L'abbaye de saint Martin de tours ( dirigée par ALCUIN )
→ On y forme les jeunes clercs
–
École pour un public plus large mais qui n'a jamais vu le jour.
=> C'est un enseignement destiné principalement à des clercs, et une minorité d'aristocrates ( sauf
exception délégué au clercs ) Le but est de diffuser le savoir.
=> L'Église prend alors le monopole et s'affranchit des carolingiens.
La renaissance carolingienne est donc un désintérêt de la langue romane, où la langue latine est
considérée politiquement, administrativement et qualifié de prestigieuse. Tandis que les rois ne perdent
toujours pas leur intérêt à leur langue maternelle. Il ne trouve donc pas d'intérêt de mettre à l'écrit la
langue romane puisque la langue germanique s'écrit déjà depuis la fin du VIIIème siècle.
Exemple : Les conseillés du roi étaient presque tous de langue maternelle germanique.
Cependant il n'y aura pas de conséquence directe sur la langue romane.
Louis le Pieu : fils de Charlemagne :
Il privilège le latin encore plus que Charlemagne. Il aurait d'ailleurs brulé les textes
germaniques écrit par son père. Seul le latin correct est mis à l'écrit. La conséquence indirecte de la
primauté de la langue latin est la reconnaissance grandissante de la spécificité des langues de Gaule.
Elles commencent à être distinguer du latin et à être considérées comme langues à part entière.
Notamment grâce aux clers. Ils sont de langue maternelle romane, et leur point de vu ne peut
qu'être différent que celui de l'élite germanique : le mépris de leur langue maternelle n'est pas fort.
Ils se rendent compte que la langue romane n'est pas codifiée ni fixée. Les clercs sont à l'origine des
premières mises par écrit de la langue romane. Les raisons en sont méconnues.
La première mise à l'écrit d'une langue est d'une importance capitale.
Remarque : Importance de la mise à l'écrit :
→ Cf : La naissance du français ( B. CERQUIGLINI )
–
Promotion de la langue : le prestige de l'écrit permet de rivaliser avec le latin.
–
Questionnement sur la langue : Comment écrire ? Quelle graphie ? Quelle prononciation ?
Quelles règles ?
–
Donner une nouvelle forme qui se veut stable.
Avant le IXème siècle l'évolution phonétique de la langue était constante mais avec sa mise à l'écrit et
diminue fortement.
On opposait le français comme langue maternelle de la langue paternelle, le latin.
-> langue d'autorité ecclésiastique et du
savoir.
Y a-t-il une volonté de transformer la langue maternelle en langue paternelle ?
→ Idée de concurrence entre ces deux langues jusqu'au XVIème siècle.
Elles permettent la promotion de la langue. Même si il n'y avait pas forcément la volonté de la
promouvoir, mais c'était surtout pour un impératif religieux / pastoral, celle de propager la foi
chrétienne.
Au IXème siècle les prêtres prêchent en langue rustique ( qui n'est plus le latin simplifié ) car ils
réalisent la perte de compréhension du latin simplifié. Le Français est la première langue romane écrite
et perçue différente du latin.
→ le concile de Tours en 813, les évêques recommandent de prêcher en langue rustique. Il y a donc
une nécessite de traduire.
/!\ Traduire < lat. TRANSFERE qui a une connotation : à l'écrit.
Y avait-il tout de même une traduction orale ? Ou était-ce une simple mise à l'écrit en langue
romane ?
Le Rusticam romanum linguam est l'acte de naissance du français, c'est sa première
reconnaissance officielle.
Premières traces écrites conservées :
On retrouve le français surtout dans les gloses :
On y fait état de l'évolution du latin en anticipant la naissance des mots français.
Rappel : Gallia – Francia.
Cf : 12 :
La première vision du mot Francia est dans la glose de REICHENAU.
Dans la glose de CASSEL est anticipée la langue allemande
Cf : page 8 :
Sermon sur Jonas : texte/note sur le sermon de Jonas : ils sont en latin ET en roman.
Invention écriture caroline :
À la fin du VIIIème siècle, l'écriture caroline est crée à l'école d'ALCUIN. Il s'agit d'une
écriture en minuscule qui se veut simple, lisible, clair et régulière. Avant cette écriture, il existait des
multitudes d'écriture mais difficilement compréhensible elles étaient cursives.
En restaurent le latin classique pour but d'unifier l'Empire, l'écriture caroline sert à faciliter la
compréhension écrite par une unification de sa forme.
Au M-A. Cette écriture disparaît au profit des écritures gothique qui sont brisées, plus ou
moins calligraphiée et donc plus ou moins facile à lire. Le retour à l'écriture caroline se fera vers le
XVème et XVIIème siècle avec l'essor de l'imprimerie.
=> Cette écriture révèle la politique linguistique d'unification par la langue latin ( retour du latin
classique parlé et écrit ) et par une même forme d'écriture pour tout l'empire.
Serment de Strasbourg ( 842 ) :
L'Empire survit car Louis le Pieu ( 816 – 840 ) est le seul survivant des enfants de
Charlemagne. En 817 il voulait léguer l'empire à un seul de ses enfants, il promulgue donc de sa
succession à Lothaire, son fils ainé l'héritage de l'empire. Mais il a d'autres enfants : Louis le
germanique et Charles le chauve. => Les trahisons, et manigances de Lothaire ( tentative d'assassinat
de son père ) le fera déshériter et Louis 1er décide finalement de partager l'empire.
Louis le pieu meurt en 840. Lothaire revendique alors l'empire. Entre temps L'Église a repris
son pouvoir sous Louis 1er ( faiblesse du roi )
=> En 841 les trois frères entrent en guerre à Fontenoy où Lothaire sera vaincu. L'Église interprète la
victoire de Charles et Louis comme manifestation de la providence pour les deux vainqueurs et
préconise donc le partage de l'Empire.
842 : Serment de Straszbourg
843 : signe le traité de Verdun : créant trois royaumes, trois Frances
–
L'occidentale : Charles le Chauve
–
L'orientale : Louis le germanique
–
L'intermédiaire : Lothaire ( Lotharingie )
Le point important est le critère du partage politique. C'est un critère d'ordre linguistique pour Charles
et Louis ( Charles : zone de langue romane / Louis : zone de langue germanique ) La langue devient
alors fondement de royaumes. Les langes vernaculaire sont donc mises très en avant dès 842 et ne
repose plus sur la langue d'unité qu'est le latin ( c'était devenu le symbole de l'Empire ).
Charles et Louis se jurent aide et protection lors de la fondation des deux royaumes. C'est l'attestation
la plus ancienne du français mais pas la première.
Cf : Traduction de NITHARD :
Il faut attendre le XIIIème siècle pour avoir de nouveau texte en langue romane.
Serment inscrit dans un dialect ? Ou langue plus ou moins uniforme ?
→ Impossibilité de savoir : plusieurs théorie
Bernard CERQUIGLINI in la naissance du français :
→ Le Français écrit est un mélangede plusieurs dialectes :
1° thèse : La langue écrite est au-dessus des langues parlée et unifiante. L'acte d'écriture
décontextualise la langue.
→ supra-dialectale et commune = composée / inventée au dessus des dialectes.
Mais : pas de certitude dans l'existence de dialectes.
Exemple : Les écrits comme ceux de Chrétiens de Troyes ne représentent pas de
couleur dialectale franche
Autre thèses : au IXème siècle il n'y aurait pas de dialecte.
=> Résumé : soit la langue écrite est au dessus des dialectes – soit elle est né avant les dialectes.
L'Ancien Français ( A.F. ) et les dialectes :
L'A.F. Est la langue écrite du Xème jusqu'au XIIIème siècle. Le Moyen français la succède.
L'A.F. Reste pendant environ 4 siècles. On le retrouve dans différents types de textes, principalement
littéraire et quelques uns politiques. L'A.F. Est parlé dans la moitié nord de la France ( langue d'oïl )
L'ancien Wallon et l'anglo-normand restent deux types spécifiques du français. Les dialectes dans la
moitié sud se renforcent et donneront par exemple l'occitan.
D'où vient l'A.F. ?
Est-ce le reflet d'un terroir, d'un milieu
social/politique ou une langue construite ?
Elle se différencie de la langue écrite. Dans les textes du XIIème – XIIIème siècle : l'A.F. ( terme
moderne ) viendrait du francien, un parlé de l'île de France
thèse 1 : Suprématie de la ville de paris et de sa région à l'époque ( IXème – XIIIème siècle )
MAIS : Aucun témoignage de l'existence d'un Français de l'île de France avant le XIIIème siècle.
L'existence du francien est postulé sans avoir de trait distinctif avec les autres dialectes.
=> On appelle de nos jours le francien : français commun. Il n'est donc plus pacé comme dialecte
parmi les dialectes. Des dialectes ont été répertoriés mais pas le francien.
thèse 2 : Dialecte peu marqué et donc qui n'est pas difficile de comprendre.
thèse 3 : Position centrale
thèse 4 : Origine géographique des rois capétiens et de la basilique Saint Denis qui fait de l'île de
France le centre religieux de la monarchie française.
MAIS : La monarchie Capétienne s'installe définitivement à Paris qu'au XIème siècle et l'A.F. existe
déjà depuis longtemps. Des textes conservés ( tous littéraire ) aucun n'est écrit pour la royauté
française. Les rois capétiens n'encouragent pas l'écriture en français. Mais d'autres mécènes existent.
À la naissance des universités et des écoles au XIIIème siècle le poids culturel de Paris ne cesse de se
renforcer. Les étudiants après leurs études universitaires prennent part à l'administration royale et de l'
Église.
Témoignage des dialectes présents en France :
Jean de MEUN(G) : un des auteurs du roman de la rose ( 1270 ) [ Le premier auteur était
Guillaume de LORRIS : 1220 – 1230 ]. MEUN a fait des traduction de textes savants et des testaments
( qui était à la mode ). Il était originaire de la région de la Loire près de pari. Il fait référence à
l'université de Paris et a la même langue que dans les autres textes des autres auteurs. Cependant il
s'excuse de ne pas parler la langue de Paris. Il dit être lié à sa langue maternelle, celle de Meung ( qu'il
qualifie d'animal, bestiale... ) [ certaine humiliation des provençaux )
Témoignage de Conon de BETHUNE : ( trouvère ). Vers l'an 1152 il appartient à la court
royale. Les « français » ( ceux de la court ) se sont moqués du parlé de Conon et de ses chansons. La
reine l'aurait même corrigé.
=> Des témoignages de l'existence des dialectes existent à partir du XIIIème siècle montrant un
certains lien entre l'origine des locuteurs et leur dialecte. La langue parlée et écrite en île de France est
considérée plus élégante car elle est liée à l'élite royale. Le statut social influence le niveau de langue.
Mais avant le XIIIème siècle nous n'avons pas de certitude de l'existence de dialectes.
Les grands mécènes de l'époque :
–
Henry II de Plantagenêt ( roi d'Angleterre, d'Aquitaine, d'Anjou, de la Touraine et la
Normandie ).
–
Le comte de Champagne et la comtesse de Champagne ( fille d'Aliénor d'Aquitaine )
→ surtout écriture latine ( Henri le libéral )
/
→ langue romane
–
L'autre fille d'Aliénor d'Aquitaine : Alix
–
Le comte de Flandre et les grands seigneur du nord de la France.
=> Il y a donc une certaine autonomie par rapport à la court royale.
Le français d'Angleterre : ou anglo-normand
L'anglo-normand est parlé en Angleterre ( de nos jours il est appelé le Français d'Angleterre ) / !
\ on ne connait que ce qui concerne l'écrit, car il est impossible de reconstituer l'oral de manière
certaine.
C'est le français utilisé à l'écrit par l'aristocratie anglaise pendant plus de 3 siècles au moins.
Les rois d'Angleterre utilisaient le français comme langue politique jusqu'au XVème siècle.
L'Angleterre a été conquise par les ducs de Normandie ( d'anciens vikings qui ont abandonné
leur langue pour le français, par conséquent en en conquérant l'Angleterre, ils amènent
l'ancien-français ). L'Angleterre a des liens étroit avec la France, bien qu'à partir du XIIIème siècle il y
a beaucoup moins d'échanges ils gardent le français.
Nous sommes sûrs qu'elle a été écrite pour la royauté et l'aristocratie anglaise. Elle est choisie par la
monarchie pour la culture et les textes politiques mais dans une moindre mesure. De Henri de
Plantagenêt jusqu'à Richard II.
L'aristocratie anglaise, qui venait de France, prend la place de l'aristocratie des saxons. Ils
continuent à pratiquer leur langue. À partit du XIIIème siècle le français n'est plus leur langue
maternelle mais ils la conservent car elle est nécessaire pour la politique et la justice / administration =
nécessité sociale.
=> ils sont donc généralement trilingue : anglais, français et latin
Exemple : Marie de France
Au M-A. : la guerre de cent ans ( XIV-XVIème siècle ) et le changement de dynastie leur fait
abandonner les français et se rapproprier la langue anglaise.
La population ne maitrisait pas le français ( avec doute cependant )
=> L'anglais s'est profondément transformé au contact du français. Avant la conquête on parlait le
vieux saxon, que le français a influencé surtout lexicalement.
: C'est donc une langue de culture, de littérature, la langue de l'aristocratie et de la royauté.
Henri de P. avait un intérêt pour historiographie ( les duc de Normandie ) et pour la littérature en
français. Il est commanditaire du roman de Brut ( la chronique des rois anglais ) qui donnera la matière
au cycle arthurien. C'est un texte à des fins politiques.
Autres textes réalisés en Angleterre :
–
Mary de France,
–
Roman de Brut,
–
Tristan et Iseult,
–
Le premier roman de Chrétiens de Troyes
–
La chanson de Roland, le seul exemplaire conservé est anglo-normand ( il loue les capétiens /
carolingiens... )
Le Moyen-Âge :
L' Approche externe ( approche historique ) s'oppose à l'approche interne ( phonétique,
grammaire... )
Antiquité classique > Moyen-âge > Renaissance
Le Moyen-Âge ou les Moyens-Âges ?
:
Délimitation du M-A. Et de la Renaissance :
Vème siècle après Jésus Christ – XVème siècle ap. J.C.
→ 1476 : Chute de Byzance / Constantinople – fin del'empire
romain d'orient
→ Naissance de l'imprimerie : la naissance de l'imprimerie a
un impact important dans la langue fr. aussi bien dans son
orthographe, ses caractères que dans sa grammaire.
Le terme de Moyen-âge est moderne, il apparait ultérieurement. Il s'agit d'un âge intermédiaire
considéré comme inutile, méprisable, voire inintéressant. Elle est Perçue comme époque décadente et
d'obscurantisme.
Pourquoi ?
C'est la représentation véhiculée par les humanistes mais ce point de vue est différent de celui
des hommes du M-A. Cette représentation humaniste ne rend pas compte de la portée du M.A.
L'Humanisme ne connait ses débuts qu'au XIVème siècle. Le terme de « Renaissance » est
également remis en cause. L'époque du XIIème siècle ap. JC est aussi considérée comme une
« renaissance » à cause de la redécouverte de textes antiques. Ainsi on a déjà la connaissance de textes
antiques au M-A.
=> Le Moyen-Âge est une époque très longue et très diverse, ce serait réduire considérablement cette
époque que d'utiliser le terme de Moyen-Âge.
Rivalité Français-latin :
La littérature latine du M-A. Est très florissante jusqu'à la fin du XIIIème siècle.
Littérature médio-latine ?
Le XIIème est un grand siècle d'essai de la langue française.
Le latin s'implante en Gaule au Ier siècle av. JC puis il évolue longtemps pour donner naissance à la
naissance de la langue française.
Deux grandes influences du latin:
–
Gaulois ( langue ) < celtique ( mais pas de trace écrite ) → interdit de l'écriture par la religion
( druide )
–
Les langues germaniques ( les Francs ) mais ils n'imposent pas leur langue. Ils s'approprient
la langue latine mais apporte tout de même une influence de la langue germanique.
–
Les Vikings apportent une petite influence
Cf : tableau.
Évolution du latin parlé ET écrit en Gaule. L'évolution du latin écrit est causé par plusieurs influence :
–
Religieux : l'église impose le latin comme langue du culte / sacré
–
politique : renaissance carolingienne ( Charlemagne )
Le pouvoir politique a toujours eu une grande influence :
–
Système féodale : Il n'y a plus d'autorisé politique forte mais une série de principauté et de
seigneurie qui repose sur le système hiérarchique très fort du aux subordinations entre vassaux et
suzerains → jusque fin XIIème siècle.
À partir du XIIème siècle les Capétiens sont au pouvoir depuis fin Xème ) ils affinent leur pouvoir
royal auprès des seigneurs avec la tentative d'uniformation de la langue écrite différente des langues
parlés.
Les XIIIème et XIVème siècle ils imposent l'usage du français parlé et écrit
1539 : L'ordonnance de Villers Cottêrets impose le français dans l'administration.
XVII ème siècle : « temps de bon usage » : la langue classique est codifié avec des règles sous le
pouvoir royal ( louis XIV ); La langue est contrôlé par le pouvoir royal ( création de l'académie
française ).
XIXème siècle : Temps de l'école : Uniformasition de la langue parlée et de la langue écrite pour
mettre fin au patois – dialecte au nom de la république ( uni et indivisible )
XXème siècle : Temps des médias : rôle uniformisatrice : la technologie peut avoir un rôle décisif
comme au M.A. : les différentes techniques d'écriture et de conception du livre ainsi que l'mprimerie.
Traduction au Vème siècle par Saint Jérôme de la Bible en latin simplifié.
=> interdiction de la bible en langue française par l'Église :
–
pour que les fidèles ne se questionnent pas sur les textes
–
mais la traduction est risque de source d'hérésie, déformation ( = raison officielle ) →
malediction dans la traduction
Autorisation accordé au XVIIème siècle avec la contre réforme .
XVIème siècle : la question de traduction de texte sacré est posée par les réformés.
L'autorité de l'Église étant très forte au M-A. Elle avait un poids sur la langue.
Le latin reste la langue des sciences au M-A. :
Comme l'atteste la présence de textes scientifiques en français mais pour vulgarisation afin
d'atteindre un plus grand public.
Exemple : Discours de la méthode XVIIème siècle DESCARTES en français puis traduit en latin
C'est le premier domaine ou le français se développe au M.A. C'est dans la littérature et non pas les
littéraires qu'à partir du XIème siècle le français se développe dans la littérature au sens large du terme
( comme texte didactique ). Elle a imposé l'usage du français.
Historique des interrogations sur l'origine du Français :
Clerc < les lettres = désinence des clercs : lettré - lettre < latin
Les illettrés sont ceux qui ne connaissent pas le latin.
Roman = la langue française ou texte écrit en langue française par distinction au latin-Français
< romanice < romanus = langue vernaculaire.
Au M-A. On s'interroge rarement sur l'origine de la langue
Au XIIIème siècle : les auteurs insistent sur les différences notamment dans la difficulté de traduction
latin → fr.
Le lien fr-latin reste assez limité. Le fr. n'est pas un objet d'étude. La grammaire ou la rhétorique ne
concernaient que le latin.
La langue originelle ( hébreux ) repose sur le mythe de la tour de Babel = châtiment divin et donne une
image négative des langues vernaculaires.
Les réflexions sur les langues diffèrent d'un pays à l'autre :
DANTE ( XIII-XIVème siècle ) mène une réflexion sur origine du latin et le fr. pour rendre
illustre la langue italienne au même point que le latin ( illustrer )
La stabilité du latin est très enviée.
Le premier texte italien : XIIIème siècle car l'italien est plus proche du latin. Il faudra plus de temps à
l'italien pour se dissocier du latin.
=> multiplicité des langues italiennes → Le toscan s'établit dans toute l'Italie par DANTE qui veut la
fixer et la rendre stable.
In : De l'éloquence du vulgaire ( langue vulgaire < vulgus = peuple )
il constate que le latin a évolué et a formé trois langues romanes :
–
Langue d'Oc→ Sud F.
–
Langue d'Oïl – Nord F.
–
Langue de si – Italiennes: mais il ne s'intéresse qu'à la langue italienne en évoquant langue fr.
Pendant la Renaissance : la préoccupation est plus importante pour la langue fr.
→ réflexion approfondie grâce à la raison :
–
philosophie
–
philologie
–
politique
Un gout pour l'analogie se met en place : correspondance des choses variées et repère des liens entre
des langues très différentes ( géographiquement exemples : Persan, hébreu, latin... )
La connaissance des langues est marquée par la réappropriation de la langue grecque et des textes
grecques au XVIème siècle
Le Fr. devient sujet d'étude au XVIème siècle avec les premières grammaire en 1550 et le premier
dictionnaire du fr. → latin-fr/fr-latin.
La mise en relation favorise la distinction des liens.
« Une langue orpheline » : réflexion sur l'origine du fr. par Etienne PASQUIER, humaniste :
Recherche scientifique de la notion française pendant un contexte de guerre de religion.
FAUCHET Claude : de l'originie de la langue et de la poésie fr.
La Conscience de la valeurs du fr.
→ villers-coterêts
→ RONSARD pour le progrès du français
Ces recherchent entrainent un étonnement sur les origine médiévales du fr.
=> ils ont conscience d'un brusque mutation de la langue et de son usage. Et ils s'étonnent qu'elle ne
soit pas déjà normée et qu'il y ait de l'instabilité dans les graphies. L'imprimerie uniforme l'écriture.
Il faudra attendre la renaissance pour rendre la langue plus belle / polir pour un idéal de court.
La langue médiévale est la même langue qu'au XVIème siècle. Cette continuité dont les humanistes
sont conscients ne les satisfait pas, ils veulent trouver un prestige de la langue hors du M-A.
Origine du fr., hypothèse de la Renaissance :
Pluralité des hypothèses :
–
mythes : - viendrait de l'hébreux ( langue originelle et sacrée )
–
viendrait du grec ( supériorité grec pour certains, redécouverte il y a peu )
–
en accord d'un mythe d'origine de la nation française qui la fait descendre des Troyens en
sachant que les grecs établirent des colonies comme Marseille.
–
hypothèse celte/gauloise
–
Pour faire disparaître le latin des origines du fr ( conflit : Italie-Fr. Et le Saint Empire
germanique qui se disent descendant des empereurs romains )
–
hypothèse que fr. descend du latin ( accréditer par les premiers dictionnaires ( 1531-1539)
→ accélère la prise de conscience sur l'étymologie des mots
–
Réfère au latin classique. Ils se rendent compte des décalages du latin classique – fr.
→ leurs explications :
1° : Fr = latin classique déformé / corrompu par l'influence germanique
2° : corrompu par l'influence celtique*
= substrat * → langue parlé qui a du disparaitre, s'effaçait mais qui laisse des traces
3° : du aux substrats germanique et celte
Aux XVII & XVIIIème siècle c'est l'imposition que le fr < latin parlé / vulgus en Gaule qui s'est
séparé du latin classique.
Cependant cette théorie a des difficultés à s'imposer car il est difficile d'admettre que le fr vient d'un
latin parlé plein de fautes et « corrompu » ce qui suscite polémique = en 1740 -1750
BONAMY cherche alors à prouver de manière lexicale que le fr < lat parlé pour expliquer les
origines du fr en exploitant les serments de Strasbourg.
Conception du latin parlé :
Ils tentent une reconstruction du latin parlé = phonétique historique ( hypothétique )
au XIXème siècle la grammaire comparée des langues est née :
La langue est réduite à un système de son. Avec les étymons latins classique / latin parlé on essaye de
reconstituer les lois d'évolutions des langues.
Réflexion sur les familles des langues :
Dès la fin XVIIIème siècle – début XIXème siècle : formation du groupe indo-européenne liée aux
grandes découvertes de langues nouvelles suscitant un intérêt pour la langue Indo-greco-latine et
germanique ainsi que persane.
Au XVIIIème siècle c'est la découverte de la langue du sanscrit ( langue sacré )
BOPP : chercheur allemand qui travaille sur les ressemblances des langues d'Inde & d'Europe <
apparition du groupe indo-européen, terme inventé en 1818 par Franz BOPP en se basant sur les
ressemblances essentiellement phonétiques.
Ce n'est cependant qu'une hypothèse puisqu'il n'y a pas de trace écrite.
L'indo-européen serait une langue de 3000 av .JC – 6000 av. JC.
La reconstruction de l'indo-européen est plus hypothétique encore.
Diverses langues indo-européennes ?
Le déplacement de population aurait permis la diffusion des langues.
Les indo-européens étaient un peuple dont nos connaissances sont lacunaires. La question des origines
des indo-européen et controversé par les historiens. Nous supposons que vers 6000 – 3000 av. JC
l'Europe est colonisée par une population d'agriculture sédentaire du proche-orient. C'est la
colonisation néolithique de l'Europe. Une société matriarcale.
Tandis que vers 4000- 3000 av. JC. De nouvelles populations guerrières ce serait installées en Europe
( Steppes du Sud de la Russie ) qui éliminent la société matriarcale et la remplace par une patriarcale
et guerrière ( les « kurgas » ) [ tombeau des guerriers – preuve archéologique ]
Ils auraient imposé leur différente langue. La langue se diversifie en se déplaçant.
Analysons maintenant l’évolution du latin écrit en Gaule, qui lui imposé par l’Eglise et la politique.
Avec Charlemagne et le développement des études s’opère un retour à un latin proche des lettres
classiques.
Après l’Empire Carolingien, le système politique qui émerge est celui de la féodalité, il n’y a plus de
monarchie mais une série de comté, duché, etc. C’est un système qui repose sur une hiérarchie entre un
vassal et un suzerain. Cette diversité entraîne l’éclosion des dialectes.
La Dynastie des Capétiens affirme son pouvoir au XIIème siècle avec une tentative d’unification de la
langue écrite.
1539 : Les accords de Villers-Cotterêts qui impose le français comme langue officielle.
Au 17ème, on se met à codifier la langue. C’est le pouvoir royal de Louis XIV qui dirige la langue. La III
République doit être une et indivisable, elle nécessite donc une langue unifiée et un recul des patois.
2) COMMENT LE FRANÇAIS S’EST IL IMPOSE PROGRESSIVEMENT ?
Une « langue officielle » désigne une langue employée dans l’administration, dans la politique, dans
l’enseignement et tout autre secteur d’activité.
Au Moyen Age, le français n’était pas la langue officielle. Au niveau politique, même si les Serments de
Strasbourg et le pouvoir carolingien l’utilise celle ci disparaît jusqu’au 14ème. Dans le domaine religieux, le
Concile de Tours (IXème) recommande l’usage du français pour la prédication/les sermons mais privilègie
le latin pour la messe. Le latin reste donc la langue sacrée.
Durant tout le Moyen-Age, c’est la traduction latine de la Bible effectuée par Jérôme qui prône, la Vulgate.
Pour l’Eglise, une traduction française serait source d’hérèsie. L’enseignement, contrôlée par l’Eglise à
l’époque, suit donc cette logique latine. L’université, créée au XIIIème siècle se dégage peu à peu de
l’influence écclésiastique, sans pour autant abandonner le latin. A partir du XVIème siècle, il existe des
enseignements en français, qui reste cependant marginaux.
Le premier grand texte écrit en français date de 1637, c’est Le Discours de la Méthode de Descartes.
LA PROBLEMATIQUE DE L’ORIGINE DU FRANÇAIS VUE DU MOYEN AGE ET DE LA
RENAISSANCE
INTRO :
La problématique de l’origine du français est peu présente au Moyen-Age, pourquoi ?
Bien sûr, les clercs ont conscience des liens entre la langue française et latine. Les clercs sont des lettrés, ce
qui vient étymologiquement des ‘litterati’ (lettres = latin = ceux qui connaissent le latin) alors que le roman
(c'est-à-dire un texte écrit en langue française) dérive de romanus. Les clercs n’étudient pas le français
comme langue.
Pourtant, c’est seulement au XIIIème siècle qu’on prend réellement conscience du fort lien entre le français
et le latin. Pourquoi pas avant ?
1) La recherche de la langue originelle
Cette idée d’une langue originelle est représentée par le mythe de la tour de Babel où la diversité des
langues est présentée comme un châtiment divin. Avant cette punition, la langue originelle était (dans un
contexte européen) l’hébreu.
2) Dante et le XIIIème siècle
On appelle langue vernaculaire la langue locale communément parlée au sein d’une communauté. Ce
terme s’emploie souvent en opposition avec le terme langue véhiculaire, liturgique ou encore lingua
franca.
Dante (XIIIème/XIVème) réfléchit sur les origines de l’italien et du français. Son but est de donner à l’italien
la noblesse de la langue latine. Il faut noter que le développement de l’italien est plus long que celui de la
langue française, surtout à cause de ses ressemblances plus fortes avec le latin. Il y a donc au XIIIème siècle
DES langues italiennes multiples avant que le toscan prenne de l’ampleur.
Dans De l’Eloquence du Vulgaire (vulgaire doit ici se comprendre comme le peuple), Dante analyse
l’histoire des langues. Il note que la langue latine s’est diversifiée en trois langues, en trois façons de dire
‘oui’ :
– La langue d’oc (sud)
– La langue d’oil (nord)
– La langue de si (italien)
3) La Renaissance, interrogation sur l’origine du français et rejet du Moyen Age barbare
A la Renaissance, les humanistes s’interrogent sur l’origine du français, à la fois pour des raisons
philosophique, philologique et politique.
Il y a en effet, une réappropriation de la langue grecque, la langue française devient un sujet d’étude avec
une grammaire (1550) et un dictionnaire bilingue français-latin (1531).
Dans le doc 1 p 14, il y a un extrait de Bernard Cerpuiglini Une Langue Orpheline qui présente le point de
vue d’Etienne Pasquier. Pasquier affirme le développement d’une conscience nouvelle de la valeur de la
langue française pendant la Renaissance.
Les textes médiévaux écrits en français les surprennent et les déçoivent (il y a, pour eux, une brusque
rupture entre le français du Moyen-Age et celui de la Renaissance). Il est choqué par l’absence de norme,
de règle et par conséquent par la diversité des graphies et des dialectes. Il dénonce aussi un manque de
dignité, aucune recherche d’un « parler curial » (à la manière de la cour, poli et élègant).
DONC les origines médiévales du français ne sont pas assez illustres.
Les humanistes tentent donc de placer la naissance du français au XVIème siècle, comment ?
– hyp n°1 : le français <<< l’hébreu (langue sacrée)
– hyp n°2 : le français <<< grec (langue noble). C’est un des mythes d’origine de la nation française : les
français descendraient des troyens (qui parlent grec) + les Grecs avaient établis quelques colonies dans le
sud de la France.
– hyp n°3 : le français <<< celte, des gaulois. Deux possibilités dans cette hypothèse : soit il aurait fait
celte–français directement ou celte-grec-français.
On peut noter la disparition du latin dans ces trois hypothèses. On peut justifier cette disparition par la
période historique : nous sommes en pleine opposition au Saint Empire Germanique et en conflit avec les
Italiens. Il faut donc éliminer le latin pour s’imposer politiquement.
Mais la 4ème hypothèse ne peut entièrement disparaître, même dans cette période houleuse politiquement :
le français <<< latin CLASSIQUE. Cette hypothèse est renforcée par les ressemblances du vocabulaire et
les recherches étymologiques. Le décalage français/latin est expliqué par deux hypothèses :
– le français serait du latin classique corrompu par la langue germanique
OU
– le français serait du latin classique corrompu par la langue celte, avec l’idée d’un langage
substra-celtique (une langue parlée qui a dû s’effacé devant une autre langue mais qui laisse des traces)
OU les deux !
4) XVIIIème : le latin parlé comme origine du français
La conscience de la différence entre latin parlé et latin classique émerge et le français est reconnu comme
originaire du latin parlé.
C’est une idée triste pour les savants qui désiraient une origine noble de la langue française, ce qui explique
la tardive émergeance de l’idée.
De plus, c’est une idée très polémique (cf doc 1 p 15). Mr Bonamy est le premier à chercher des preuves
lexicale de l’origine latine parlée du français. C’est d’ailleurs lui qui invente le concept de « latin parlé ».
Pourtant, il est très difficile de le justifier et encore plus d’en apprendre plus sur cette langue orale. Les
graffitis, épitaphes, et certaines œuvres latines populaire comme le Satiricorn sont des traces.
On assiste à la création de la phonétique historique, son but est la reconstitution du latin parlé et la langue
est réduite à un ensemble de son.
5) La notion de langues indo-européennes (XVIIIème et XIXème)
Une réflexion plus générale sur les familles des langues et sur les langues indo-européennes se développe.
A partir du XVIIIème, il y a un développement des voyages d’exploration dans le monde, ce qui entraîne des
connaissances nouvelles sur des langues nouvelles. La question des origines et des parentés des langues se
renouvelle. Quels sont les liens entre les langues de l’Inde, le latin, le grec, les langues germaniques ou
encore les langues persanes ?
La connaissance du Sanscri progresse, on s’aperçoit qu’il existe de nombreuses ressemblances. Le concept
de « famille de langues indo-européennes » est un concept de 1813 de F. Bopp qui note de grandes
ressemblances, surtout au niveau phonétique. (cf doc 1 p 1). L’existence d’une langue indo-européenne est
une hypothèse : il aurait existé (vers 3 000 ou 6 000 avant J.C), une langue indo-européenne parlée par
un peuple qui ne l’aurait pas écrite. Les historiens ne peuvent vérifier l’exactitude et doutent de
l’existence d’un « peuple indo-européen ». On suppose que l’Europe, entre 6 000 et 3 000 avant JC, était
colonisée par des agriculteurs sédentaire du Moyen Orient ( c’est la colonisation néolitique de l’Europe),
une société matriarcale.
Vers 3 000 ou 2 000 avant J.C, une nouvelle population de guerrier s’installe en Europe, venue du sud de la
Russie. Ils auraient éliminés le peuple précédant et créé une société très masculine. On les appelle les
kourganes (cf doc 1 p 2). Dans l’hypothèse de Bopp, ce serait eux qui représenteraient les langues
indo-européennes.
LA PROBLEMATIQUE DU LATIN ET DE SA DIFFUSION.
1) Quelle est l’origine du latin ?
Le latin vient du latium, une région de Rome. On suppose qu’il date du 8ème siècle avant J.C. Cette langue,
du sud de l’Italie, doit avoir été influencée par les Etrusques (langue indo-européenne) et les Grecs.
Les textes les plus anciens datent de -6. La pierre noire du Forum est de -500.
Au IIIème siècle avant J.C, les documents deviennent plus importants (Plaute et Terrence). Le latin devient
une langue écrite et littéraire et une distinction s’opére entre latin écrit et parlé. Le latin écrit perdure
de nos jours tandis que le latin parlé nous échappe car il est divers et changeant.
On ignore quand les autres langues ont disparu, on suppose la mort de la langue étrusque vers le second
siècle avant J.C.
Il y a plusieurs périodes du latin écrit :
– ARCHAIQUE : – II
– CLASSIQUE : du -I au I
– POST-CLASSIQUE, EMPERIAL : du I au III
– LATIN DU BAS EMPIRE, BAS LATIN : du III au V
– LATIN MEDIEVAL : du V au XV
2) La diffusion du latin est liée à l’affirmation de la puissance politique romaine et à la conquête de
l’empire.
– De -500 à -250 : la langue latine est imposée dans l’empire romain.
– De -250 à 0 : une conquête immense de l’empire s’effectue sur la puissance carthaginoise, la Grèce,
l’Espagne (Fondation en -118 de Narbonne comme capitale de la Gaule) et sur l’Asie Mineure
– 1er siècle avant JC : conquête de la Gaule, de l’Egypte et de la Syrie
– 1er siècle après JC : conquête de l’Allemagne, de la Grande Bretagne et de la Romanie.
==> La langue latine est diffusée dans tous ces pays conquis, ce qui crée un vaste ensemble latinophobe.
Le latin est la langue officielle, c'est-à-dire la langue de l’administration, de la justice et du
commerce.
La latinisation est différente selon les régions :
– durable en Occident (Gaule, Espagne, Roumanie)
– ne s’impose pas face au grec/à l’arabe en Orient.
La force des romains : ils n’ont pas imposé la langue par la violence mais par la persuasion ; ils
proposent aux élites le droit à la citoyenneté romaine en échange d’un apprentissage du latin. Les élites
acceptent dans une visée pragmatique : certaines langues des pays conquis n’avaient pas ou très peu de
langue écrite comme les Gaulois ou les Ibères. Les écrits latins sont donc de plus en plus important,
notament dans le domaine du commerce. En effet, une langue internationale permet une facilité de
communication et d’échange.
De plus, le latin est vu comme une langue prestigieuse. Les élites admirent la langue et la culture romaine,
ce qui est renforcé par l’apparition du christianisme.
En –IIème, l’écrivain grec Polybe voit Rome comme « la bienfaitrice des peuples qu’elle soumet ».
Latin parlé ou « vulgaire » ? : l’évolution du latin au fil du temps et des territoires
1) Latin parlé ou « vulgaire » dans l’Antiquité ?
a. Une langue simplifiée
–Dans les textes littéraires (=soumis à caution). Le vulgarisme présent semble renvoyer à la langue
familière dont les citations sont plus ou moins conscientes comme les comédies de Plaute (-II) qui vise un
public large ou encore le Satiricon de Pétrone qui fait parler des esclaves affranchis.
– Dans les textes chrétiens, on tente de se faire comprendre par le plus grand nombre. On peut donc
voir, dans les prédications (sermons, vie de saints) des traces de latin parlé. La Vulgate, traduction de la
Bible par Jérôme au début du Vème siècle qui simplifie la syntaxe. Comme dit Saint Augustin « Mieux vaut
nous faire réprimander par les grammairiens que de ne pas se faire comprendre par le peuple ».
– Il faut aussi noter les erreurs ou les diverses transformations des copistes qui ne maîtrisaient pas la langue
écrite.
– Les sortes de manuel où sont répertoriés les fautes, comme dans L’Appendix Probi (page 12 du doc 1) qui
montre l’évolution de la langue.
– Et aussi, les épitaphes (graffitis sur monument) comme celle de Pompéï. On peut noter des fautes et
erreurs de déclinaisons comme des finales en ‘m’ qui disparaissent.
==> Il y a une simplification de la langue.
b. Un latin ou des latins ?
La langue latine, en contact avec tout ses territoires conquis, est face à un puissant facteur de
diversification.
A partir de -III, on note un affaiblissement de l’Empire. L’instabilité politique provoque une diversification
des langues parlées dans les divers territoires, ce qui se prologera jusqu’au Vème après JC où l’empire
romain sera désintégré.
En 285, l’empereur Dioclétien fragmente en 2 puis en 4 parties l’empire ce qui induit une diversification
linguistique.
– Préfecture d’Orient
– Préfecture de Grèce
– Préfecture d’Italie
– Préfecture des Gaules
En 330, Constantinople devient la capitale au dépit de Rome, ce qui affaibli considérablement l’Empire
Romain d’Occident.
L’église qui contribue à la diffusion et à l’unification du latin permet plusieurs formes de la langue ; le latin
religieux peut donc être simplifié mais doit rester compréhensible à toute la chrétienté.
2) Langue parlée ou vulgaire au Moyen-Age ?
En 476, prise de Rome par les Wisigots, date traditionnelle du début du Moyen-Age.
Les souverains les plus puissants des temps médiévaux ont gardé le contact avec le latin (religieux,
politique).
Avant 600, la langue ressemble encore à du latin.
Après 600, les facteurs de diversité sont si nombreux que des langues romanes dissociés voient le jour.
A. Les GAULOIS colonisés et latinisés :
« Les gaulois » : peuple celte qui a envahi la Gaule vers -800/-600. Dans le sud (Nice, Marseille), il y a les
Grecs. Il n’y a pas trop de contact entre les deux peuples sauf pour le commerce. Ceux ci se sentent
menacés par les celtes et demandent de l’aide aux Romains (en -118 : conquête de la Narbonnaise).
La langue est mal connue car elle est peu écrite. On trouve quand même quelques témoignages romains
comme César dans la Guerre des Gaules où il explique qu’ils parlaient une multitude de langues.
– Comment s’est passé la colonisation et la latinisation ?
-118 : Gaule Narbonnaise => latinisation du sud
-59, -51 : conquête de César => naissance de la civilisation gallo-romaine.
Au Vème, invasion des Francs.
Les langues gauloises ont pu subsister jusqu’au III ou IV ème siècle, selon les circonstances. Le latin,
influencé par les langues gauloises devient le gallo-romain. Elle s’implante à partir de l’effacement du
gaulois (vers II et IIIème) jusqu’aux Serments de Strasbourg (IXème).
Langue gauloise => Le gallo romain ==> le français
(IIIème – IVème)
(II-IIIème au IXème)
(IXème)
Le latin a été favorisé par l’école, la processus d’accès à la citoyenneté romaine, l’administration, la justice
et l’armée. De plus, puisque c’est une langue écrite depuis longtemps, le latin est très efficace pour des
contacts à grandes échelles.
– Il y a une transformation du latin parlé au contact des autres langues, quelles traces en garde-t-on ?
La page 5 du doc 1 nous montre qu’une soixantaine de mots gaulois ont « survécu », spécialement dans
le domaine agricole, la vie rurale, artisanale et les techniques gauloises. Ils ont aussi maintenu les noms de
villes et de lieux. C'est-à-dire les réalités concrètes qui n’ont pas d’équivalent dans le monde romain.
Le latin parlé en Gaule emploit des mots expressifs ou argotiques/métaphoriques. Ex : manducare (jouer
des machoires) se substitue au verbe latin edere (manger).
Deux phénomènes se produisent :
1) La christianisation (l’essor du latin grâce à l’Eglise).
– Au IVème en Gaule, une grande partie de la population est convertie, il y a des évèques et des abbayes.
Les campagnes sont évangélisées. Il y a donc une propagation du latin. Dans le même temps, la puissance
romaine s’affaiblit, l’Eglise devient donc le lieu de pouvoir.
==> Le latin chrétien.
-> On étudie le latin classique (IVème– Vème : Bas Empire). Des grammaires du latin apparaissent comme
« le Donat » qui étudie tous les aspects de la langue, la grammaire de Diomède qui vise un public parlant le
grec, etc.
– Au IVème, on invente le parchemin (constitué de peaux donc solide et durable) au dépit du papyrus. Les
premier cahiers arrivent, ce qui permet, par leur format, un transport plus facile et le développement de la
lecture individuelle.
– IVème – Vème, on copie et on compile beaucoup. C’est le début des Encyclopédies comme celle d’Isidor
de Séville. C’est la mise en place d’un mode d’écriture savante, qui crée une nouvelle architecture pour une
nouvelle compréhension.
2) Les Invasions Barbares
B. Les invasions barbares, diversité des langues romanes et profonde évolution du latin parlé
Ces invasions commencent à la fin du IIIème pour atteindrent leur apogée au Vème. Les barbares se partagent
la Gaule jusqu’à ce que les Francs l’emportent. Il y a donc des contacts nombreux entre les langues.
Le premier souverain avec la langue maternelle romane est Hugues Capet, en 987, ce qui rompt avec
la tradition germanophobe. Le sud de la Gaule est occupé par la Scandinavie en 476 à Toulouse. Le Sud
est occupé par les Wisigoths.
Les Francs ont pour chef Clovis et parlent le francique. Ils sont les vainqueurs du Royaume
Gallo-romain, puis du sud et enfin en 507, ils l’emportent sur les wisigoths grâce à une alliance avec les
Burgonds et au soutien de l’église. (496, baptême de Clovis). Ses fils conquièrent le royaume burgond et le
reste de la Gaule.
Ils établissent leur domination. L’influence du francique est telle qu’elle a modifié le latin parlé au nord. Le
sud est bien plus latinisé puisque les peuples germaniques s’y été moins implantés.
Les Wisigoths deviennent les alliés des Romains mais il n’y a pas d’intégration car ce n’est pas la même
religion. Ils gardent donc leur langue et leurs institutions.
LE SUD : Donc le nord est moins romanisé que le sud. Le royaume burgond est une zone intermédiaire
aussi bien géographiquement que linguistiquement. On y observe donc l’apparition de dialectes où se
mélangent les langues d’oc et d’oil, on les appelle les « franco-provinciaux » (Lyon, Grenoble, Genève).
LE NORD DE LA GAULE : Les francs ont progressivement abandonnés leur langue germanique et le latin
écrit reste toujours la langue officielle. Alors que Charlemagne reste attaché à sa langue germanique.
Pourquoi le latin s’est imposé ? Le latin est la langue de la tradition écrite et la langue officielle de la
chancellerie du Saint Empire germanique. Il s’est donc imposé pour des raisons pratiques, politiques et
religieuses (Clovis a reçu le soutien de l’Eglise).
Le terme « francus » apparaît la fin du VIème avec comme signification « libre », il désigne une condition
sociale favorisée.
Le terme « Francia » montre des réalités différentes au fil des textes et des siècles :
– au VIème : c’est le pays originel
– au VIIIème : il a le sens de Gaule, il désigne donc le Royaume des Francs
– au IXème : « Francia » = la totalité de l’empire de Charlemagne
– fin IXème (Serment de Strasbourg) : il désigne les trois Frances : l’orientale (Luther)/l’occidentale
(Charles) et l’intermédiaire. Puis il désigne seulement la partie occidentale.
– fin Xème : à partir des capétiens, « francia » désigne le royaume capétiens.
L’influence de la prononciation explique les différences entre les français et les Italiens/espagnols. En effet,
les règles de diphtongue étaient communes aux langues romanes mais au VIème siècle, elles deviennent une
spécificité française qui n’affecte ni l’espagnol ni l’italien. De même nous sommes les seuls à avoir la
notion de « ‘h’ aspiré » qui nous vient souvent d’une influence germanique (IXème-Xème, influence de
l’invasion viking en Normandie).
==> Il y a donc une profonde évolution du latin parlé.
Au VIème siècle, le pouvoir politique mérovingien s’effrite et la multiplication des guerres amène un
morcelement des territoire. Cela conduit-il à l’intensification de la diversité des langues parlées ? En effet,
au VIIème et VIIIème, on observe une dégradation profonde de l’enseignement de la culture latine. L’Eglise
n’est même plus vraiment le conservateur du latin avec le clergé qui devient ignorant.
C. La dynastie des Carolingiens et le retour au latin classique pour le pouvoir, la langue romane défendue par
l’église
1. Le latin comme seule langue noble pour le pouvoir
Charlemagne (768-814) est le Roi conquérant. Avec son empire, l’objectif est de devenir le successeur de
l’empereur romain. Il y a donc une importance du latin. Il intervient en Italie en 773-774 après une demande
du Pape, il apparaît donc comme un protecteur de l’Eglise et il y a un lien étroit entre les 2 pouvoirs. Il fait
aussi une attaque en Nouvelle Espagne (retracée par La Chanson de Roland) et en pays germaniques.
Il y a une sorte de renaissance carolingienne : avec un renouveau des études et de l’enseignement où il tente
de restaurer la langue latine. Le rôle des clercs se développe, on leur délégue le soin de l’éducation du
peuple : les clercs s’affranchissent progressivement du pouvoir politique et gagnent en influence.
C’est la période de l’invention de l’écriture caroline (minuscule d’aujourd’hui). Avant, l’écriture était plus
difficile à lire (calligraphiée, « onciale », cursive sans forme ni espace. L’écriture caroline est régulière et
bien formée. Elle se répand dans tout l’Empire, ce qui est une volonté politique. (Elle disparaitra ensuite
progressivement au profit des écritures gothiques mais reviendra à la mode au XVème et XVIème avec
l’Imprimerie.)
==> Le but est d’imposer le latin dans l’Empire.
Charlemagne, tout comme beaucoup de ses conseillers, aurait un désintérêt pour la langue romane et serait
attaché à sa langue maternelle germanique. Il y a donc un mépris pour la langue romane, la seule langue
noble serait le latin. C’est d’ailleurs la seule langue autorisée à l’écrit (Charlemagne aurait brûlé les textes
germaniques écrits par son père).
2. La langue romane défendue par l’église
Les conséquences involontaires :
– Il y a une reconnaissance de l’altérité de la langue parlée en Gaule par rapport au latin
– Les clercs sont de langue maternelle romane, il y a donc un point de vue différent entre eux et les élites
germaniques.
La langue romane n’est pas fixée, elle n’a pas de règle. Les clercs sont les premiers à la mettre par écrit.
Il n’y a pas toujours la volonté de promouvoir la langue. Le premier impératif religieux et pastoral est de
propager la foi chrétienne. IXème des évèques témoignent un désir de prêcher en langue parlée. Le français
est la première des langues romanes à avoir été écrite et perçue comme différente du latin. La première
mention de l’existence d’une langue romane date de 813, lors du Concile de Tours, qui la nomme
lingua romana rustica, « langue romane rustique ». Le Concile de Tours en 813 instaure le prêche en
roman, contrairement à la liturgie ou au culte. On se pose la question pour les sermons :faut il les mettre par
écrit ou les traduire à l’oral ?
1ères traces écrites du roman. Il y a un processus de promotion du roman mais quelles règles sont trouvées ?
Pour les clercs bilingues, le but est de la faire rivaliser avec le latin. Le Sermon sur Jonas, illustration
concrète de la prescription adoptée au concile de Tours en 813 et exigeant la prédication dans la langue du
peuple. Le texte, composé autour de 950 représente en fait le brouillon d'un sermon. Le fait que son auteur
a dû l'inscrire sur parchemin témoigne de la difficulté qu'il avait à traiter en langue vulgaire un sujet
emprunté à l'Écriture et relevant de l'autorité du modèle culturel savant et latin. Le texte s'efforce de
paraphraser en français le commentaire de saint Jérôme sur le Livre de Jonas, mais il suit son modèle de si
près qu'il passe constamment d'une langue à l'autre, parfois au cours de la même phrase.
Il faudra attendre les années 880 pour le premier texte littéraire et religieux, la Séquence de sainte
Eulalie.
3. Les Serments de Strasbourg et le traité de Verdun : la fin de l’empire carolingien
Les Serments de Strasbourg sont du domaine royal. Ils posent la question de la succession de l’Empire de
Charlemagne, aujourd’hui dirigé par Louis le Pieu. Il est attaché à l’unité de l’Empire et l’acte de -817 fixe
la succession pour le fils ainé. 3 enfants : Lothaire, Charles le Chauve, Louis le Germanique. Mais Lothaire
craque donc Louis le Pieu institue des royaumes indépendants.
En 841, Charles le Chauve et Louis le Germanique se liguent contre Lothaire et reçoivent le soutien de
l’Eglise.
En 842, il y a un accord entre Charles le Chauve et Louis le Germanique : les Serments de Strasbourg.
En 843, le Traité de Verdun partage l’Empire en « 3 France » : l’occidentale (Charles le Chauve),
l’orientale (Louis le Germanique) et une zone intermédiaire (pour Lothaire).
Les critères de séparation sont d’ordre linguistique.
Les Serments de Strasbourg représentent l’attestation écrite la plus ancienne du français.
4. Lien étroit entre la langue et la politique : l’unité d’une langue devient le fondement du pouvoir.
Les Serments de Strasbourg sont rapportés par Nithard dans Histoire des Fils de Louis le Pieu, écrite en
latin. Ce n’est pas un écrivain ni un historiographe ou un religieux mais un aristocrate qui a dû jouer un rôle
politique dans ces serments. C’est donc une écriture justificative. C’est le petit fils de Charlemagne, un
cousin des frères et le conseiller de Charles le Chauve.
Fait exceptionnel, il cite en ancien français ET en langue germanique, ce qui correspond à une innovation
majeure pour son époque. Il donne un sens politique à l’utilisation des langues vernaculaires. C’est le seul
manuscrit qui relate cet événement (étrangeté) + il date environ de 1000, il est donc largement postérieur.
P 13 doc 1 : Renée Balibar, L’institution du français : Quelle est la signification politique de ces citations ?
3 phases :
1) Scène publique, les deux armées sont présentes. Chaqu’un s’adresse à la sienne. Louis : discours rapporté
en latin (ici traduit en français moderne) alors qu’il parle en langue tudesque. Le second discours non
rapporté mais il est précisé qu’il est en latin.
=> Langue vernaculaire, unité du peuple et du pouvoir. Amorce de la construction politique.
2) Prononciation des serments dans la langue de l’autre.
3) Serments des peuples, cités en langue vernaculaire. Chaque peuple parle la langue de l’autre :
reconnaissance du royaume de l’autre par la reconnaissance de sa langue. La langue est le fondement du
royaume, elle a une exploitation politique.
=> Le latin représentait l’unité de l’Empire, les langues vernaculaires montrent une nouvelle construction
politique.
Il faudra ensuite attendre 4 siècles, jusqu’au XIIIème siècle, pour assister à une nouvelle exploitation
politique de la langue.
P 7 doc 1 : texte en prose, très rare. Est ce qu’il y avait une langue parlée au IX ?
Deux hypothèses :
– B Cerquiglini La Naissance du Français : il y a un mélange concerté de plusieurs dialectes, la langue
écrite se serait construite au-dessus des dialectes. « L’acte d’écriture decontextualise la langue », la langue
écrite serait donc inventée, composée. Il y a l’invention d’une langue commune.
– les dialectes n’existaient pas à cet époque, cette langue serait donc LA langue telle qu’elle existait avant
les dialectes. Les dialectes se seraient construits au-dessus de la langue.
INTRODUCTION DE L’ANCIEN FRANÇAIS ET LA QUESTION DES DIALECTES
L’ancien français écrit commence au début du Xème pour disparaître à la fin du XIIIème au profit du moyen
français.
Il est surtout présent dans les textes littéraires au sens large et dans quelques documents officiels. C’est une
langue parlée dans la moitié nord de la France (langue d’oil) et dont les formes écrites sont l’ancien wallon
et l’anglo-normand (ou le français d’Angleterre).
Pendant l’ère féodale, il y a eu une montée des dialectes avec les éclatement de territoire dûs aux guerres et
aux occupations.
La langue d’oc était la langue des trombadours, la langue de la culture et de la littérature, elle n’était pas
utilisée par le pouvoir donc ne s’est pas propagée.
1) Le francien ou le « français commun »
L’Ancien Français utilisé par Chrétien de Troyes est le reflet d’un terroir, d’un milieu social (langue parlée)
et aussi une langue construite et élaborée.
L’Ancien Français viendrait du francien, un terme moderne qui désigne l’ancien dialecte parlé en
Ile-de-France. C’est donc un signe de la suprématie de la région parisienne à la fois pour des raisons
linguistiques (dialecte peu marqué, compréhensible par tous), que politique, religieuse et géographique.
MAIS il n’y a aucun témoignage de l’existence de ce langage avant le 13 ème. On en postulait l’existence
mais on ne peut le décrire.
==> Maintenant on parle de « français commun » qui correspond au francien.
Pourquoi le « français commun » se serait il imposé ?
Pour des raisons politiques ? La théorie du lien entre pouvoir et langue ? Mais la monarchie capétienne
n’arrive en Ile-de-France qu’au XIème alors que l’ancien français existerait depuis le début du 10ème.
+ tous les textes en ancien français sont littéraires, il n’y a pas de visée politique ni de mécènat direct du roi.
On ne trouve aucun témoignage d’un pouvoir qui privilègie l’écriture en ancien français, au contraire, ils
demandent l’écriture en langue latine pour les textes politiques. Les textes littéraires viennent d’Angleterre,
d’Aquitaine et de Normandie pour Henri de Plantagenet (mécène).
==> Essor de la langue française qui n’est pas liée directement à la cour capétienne.
Pour des raisons culturelles ? Le 13ème siècle est le siècle de naissance des universités. Il y a donc un poid
intellectuel de la ville de Paris avec un intense flux étudiant. Cela amène une nouvelle génération de clercs,
d’intellectuels qui vont participer à l’administration royale ou à celle de l’église. Ils se mettent à écrire en
français pour atteindre un public plus varié.
==> Essor de la langue française comme langue de la culture liée à Paris.
Témoignages :
Jean de Meung, l’un des auteurs du Roman de la Rose (13ème) expose le décalage entre la langue parisienne,
élégante et le reste de la France.
Loron de Béthune serait resté quelques temps à Paris. On se serait moqué de son langage, humilié par la
Reine qui le corrige « J’ai parlé comme à Artois car je ne suis pas né à Pantoise ».
==> Décalage entre le francien et le reste de la France. Langue parlée et écrite est plus raffinée et
élégante car elle est liée à la cours et à son haut statut social.
2) Le français d’Angleterre ou l’anglo-normand
Le français a été utilisé à l’écrit pendant plus de trois siècles par les rois anglais + le français était la langue
politique jusqu’au XVème en UK.
Comment ? Pourquoi ?
1066 : la bataille de Hastings. Les ducs de Normandie conquièrent l’Angleterre, les vikings amènent le
français de normandie.
La seule différence entre l’anglo-normand et le français est la graphie. Il y a toujours un lien étroit avec la
France jusqu’au 13ème et la langue ne subit presque pas d’influence anglaise.
Est ce une langue uniquement écrite ou est elle parlée ? Elle est écrite pour la royauté et pour les aristocrates
qui l’ont désigné comme langue de la culture et de la politique.
Pour le pouvoir :
Le roi d’Angleterre, Henri de Plantagenet a le français comme langue maternelle, comme tous les roi
jusqu’à la fin du 14ème.
Avec la guerre de 100 ans, les français deviennent les ennemis et l’anglais est imposé en Angleterre.
Pour les aristocrates :
Au 11ème et 12ème les aristocrates français prennent la place de l’aristocratie saxonne, le français est donc
leur langue maternelle. Au 13ème, on observe une anglicisation naturelle (mariage mixte), le français n’est
plus la langue maternelle mais elle est toujours maitrisée car elle reste essentielle à la politique, à la justice
et à l’administration.
Pour le peuple :
On ne peut pas trop savoir si la population maitrisait ou non le français mais on observe une transformation
profonde de l’anglais durant cette époque : au 11ème siècle, le peuple parle le vieux saxon et enrichit
énormément son vocabulaire et sa structure.
Au 12ème siècle, le français écrit est la langue de la culture, la langue littéraire. Beaucoup d’œuvres
françaises sont réalisées en Angleterre comme Tristan et Iseult, Erec et Enide, etc..
La Chanson de Roland, un extrait de la mort de Roland
C’est une chanson de geste, on trouve déjà ce syntagme à l’époque médiéval, c’est un texte qui a quand
même un certain lien avec une forme de musique et non pas le chant, geste > gesta, gestorum, les exploits,
donc le texte a une dimension lyrique mais dont la finalité est de célébrer les exploits guerriers.
On appelle cela chanson parce que ce sont des textes psalmodiés sur un accompagnement de musique (que
l’on a pas gardé mais on en a des témoignages au XIV ème siècle). Il y a une dimension lyrique, ce n’est pas
seulement un récit. Un chanson de geste s’écrit en langue versifiée (la prose en langue française apparaît au
début du XIII ème siècle) donc pour les textes du XI ème et du XII ème siècles tous les textes sont en vers
mais c’est écrit en strophes : des laisses, les vers sont à l’origine des décasyllabes, c’est la strophe qui fait la
chanson par les nombreux phénomènes
de répétition liées à une dimension incantatoire. Le récit est stoppé par une pause narrative pour une
pré-domination du chant, et l’un de ces moments est notamment la mort de Roland qui est le moment le
plus dramatique. On suppose que le texte date du XI ème siècle mais on ne sait pas exactement le dater, le
manuscrit le plus ancien qui
la conserve est anglo-normand.
ANGLO NORMAND : LE FRANÇAIS DE L’ANGLETERRE
Conquête de l’angleterre par les Normands. Le français s’impose comme langue de la littérature au XIIéme
siècle. Les rois anglais du XIIe jouent un rôle de mécène. Henri II a une grande éducation, il s’intéresse à la
philosophie à l’histoire, science.
Les clercs anglais disent : « Un roi illettré est un âne couronné ».
La littérature en langue vernaculaire : on garde beaucoup de texte notamment ceux historiques. Henri II
exploite politiquement l’écriture de l’histoire. Il fait écrire l’histoire des origines de la Grande Bretagne.
Le roman de Brut de Wace : récit en langue Française. Histoire de Brutus jusqu’au origine : le roi Arthur.
C’est le premier texte qui évoque la table ronde. Henri II se revendique comme descendant d’Arthur.
Textes romanesques d’origines anglo-normands :
Marie de France, les Lais.
Tristan, écrit par Thomas.
Chanson de Roland.
L’arrivée du français en Angleterre a des conséquences sur l’anglais. Les auteurs anglais cessent d’écrire
dans leur langue. La langue anglaise est écrite depuis le VIIIe siècle. A partir du XIIe on cesse d’écrire en
anglais. L’anglais change, il se modifie profondément.
Usage politique du français en anglais. Les rois d’Angleterre de langue maternelle française emploient le
français comme langue politique à la fin du XIIIe . Le français est en concurrence avec le latin. Au XVe
l’usage du français se perd. Car guerre de 100 ans on veut se démarquer des français. Après richard II, les
rois d’Angleterre ne sont plus de langue maternelle française. Le français est utilisé jusqu’au XVIIIe en
angleterre.
En France au XIIIe, exploitation politique du français commence au XIIIe. Pouvoir du roi, clergé.
1ers textes ; chartres.
Contenu : titre de propriété, privilège, partage.
C’est l’instrument pour faire valoir des droits. Ecriture des chartres confiée aux clercs.
Le français devient une langue d’écriture rependue au XIIIe dans la moitié nord de la France puis se repend
dans toute la France.
Milieu XIIIe multiplication des chartres.
Histoire universelle au moyen Age : création de l’homme par Dieu puis l’histoire de l’humanité est
déroulée.
Wauchier de Denain (cf poly) écrit une histoire universelle en français.
Prologue : il va entreprendre un texte en se conformant au texte sacré. Il va y avoir un savoir, une sagesse
diffusée. Il assure la promotion de son œuvre. Aboutissement de l’œuvre : célébration de la flandres et de
ses habitants. Référence à son mécène : roger. Transmettre un enseignement religieux essentiel.
LE FRANCAIS EN ITALIE AU XIIIème SIECLE
Il y a des rapports linguistiques important entre la France et l’Italie pendant tout le Moyen-Age, il n’y a pas
vraiment de frontière géographique entre la France et l’Italie. Les deux langues sont séparées par l’Occitan
et le Franco-Provençal.
De nombreuses relations sont nouées par le commerce.
I. DOMINATION POLITIQUE FRANCAISE EN ITALIE :
Conquête de l'Italie du Sud et de la Sicile par les Normands à partir du 11ème siècle. Etablissement d’une
monarchie jusque 1189 avec l’avénement du Roi Roger II, roi de Sicile, en 1127. Il y a un lien très
important entre l’Occident et l’Orient
=> la chancellerie est trilingue : elle parle à la fois le latin, le grec et l’arabe.
Le français est parfois utilisé pour la politique mais il est surtout parlé par l’élité aristocrate. Il aurait été
adopté par une partie de l’élite italienne ; de nombreux mots sont entrés dans la langue italienne au 12ème
et 13ème siècle, surtout en Sicile. L’échange de langue est donc très important.
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A la fin du 12ème siècle, les empereurs germaniques (la dynastie des Hohenstaufen) s’emparent du
royaume. Ils gouverneront pendant plusieurs décennies.
Au 13ème siècle, Frédérik II va continuer la politique de contact avec l’Orient et entame un conflit violent
avec la papauté. Celle ci fait donc appel à la royauté française pour établir en Italie du Sud un pouvoir qui
lui soit favorable. Charles d’Anjou (frère de Louis IX) est investi de cette mission et devient en 1268 roi de
Naples et de Sicile.
La Sicile se révolte, c’est ce qu’on appelle les “vêpres siciliennes”, ce qui entraîne la perte de l’île en 1282.
Le Royaume Angevin de Naples persista jusqu’en 1442, avec une :
Administration française
Aristocratie française
Usage du latin et du français (pour les actes politiques et financiers)
Français comme langue de la culture.
=> Il y a une grande diffusion de la littérature et de la culture française en Italie
=> Il y a un grand mélange franco-italien
L’Italie du Nord n’a eu ni guerre, ni occupation, seulement une administration française. La langue
française doit son influence à la poésie des troubadours mais aussi et surtout à la langue d’oil.
Dans le Piémont et dans toute l’Italie du Nord, le français est la langue du commerce et des échanges mais
aussi la langue de la culture et du savoir. Pourquoi ? Car le français était une langue internationale et ils
attribuent au français une grande qualité esthétique du 12ème au 14ème.
L’italien, en tant que langue écrite, n’apparait qu’au 13ème siècle et il faut attendre le 14ème pour voir des
textes littéraires en italien.
II. LE FRANCO-ITALIEN / FRANCO– VENITIEN & SA LITTERATURE
Durant le 13-14ème, il y a beaucoup d’oeuvre écrite en franco-italien/franco-vénitien. C’est une langue
exclusivement écrite, artificielle. Une langue de culture qui est du français plus ou moins italianisé, en
fonction des oeuvres.

Cela montre :
Un profond remaniement, une force d’adaptation de la langue française

L’intérêt porté à la littérature française. Les auteurs italiens ne choisissent pas l’italien mais cette langue
hybride.
Il y a des oeuvres originales où la langue est un outil de création littéraire à part entière :
– Environ 1270, Estoires de Venise, Martin de Canal. 1ère oeuvre en langue vernaculaire. Il y a une volonté
de célébrer Venise, la propre ville de l’auteur. Mais il choisit le français et non l’italien pour le faire car c’est
une langue internationale qui assurera à son oeuvre une grande diffusion et c’est aussi une langue agréable.
“Je maistre Martin de Canal” au niveau de la langue, nous sommes très très proche du français qu’il
maitrise parfaitement et qu’il ne veut pas italianiser.
– Marco Polo (1254 Venise – 1324). Devisement du monde. C’est un récit de voyage en Orient, Marco Polo
vient d’une famille de négociant venicien, il accompagne donc son père en Chine, à la cour mongole, avec
une lettre du Pape qui leur demande de convertir les mongoles au christiannisme. Ils se sont intégrés à la
cour mongole une vingtaine d’années où ils se sont chargés de l’administration.
En 1295, ils reviennent en Italie. Marco Polo est capturé lors d’une bataille, il rencontre en prison Rusticien
de Pise, un auteur italien en langue française. Marco Polo lui dicte son récit de voyage, et Pise le traduit en
langue franco-italienne. C’est une oeuvre à grand succès qui est adapté au 14ème siècle en français, en
vénitien et en latin (et ça, c’est la classe pour l’époque !). Il y décrit les merveilles d’Orient, il procéde à une
remise en cause des légendes et à une analyse de la civilisation (société, administration, religion, etc.)
Avant, les récits de voyage étaient écrit en latin car ils étaient effectués par des missionaires, donc des
religieux. Mais Marco Polo est négociant ; il n’écrit pas mais dicte.
C’est Rusticien de Pise qui choisit d’écrire en cette langue.
– Brunette Latini, auteur florentin, Trésor. Il s’agit d’une oeuvre encyclopédique du 13ème siècle sur le
savoir médiéval avec une adaptation en langue française de quelques passages de Nicomaque d’Aristote
(vulgarisation). Il écrit en français car il vit en France et qu’il apprécie la portée internationale de cette
langue. A son retour en Italie, il adapte son oeuvre en italien et la met en vers. C’est le maître de Dante,
celui fera son éloge mais il le place en enfer car il écrit en français et non en italien. Trésor : titre qui fait
référence à la pratique médiévale savante de la compilation. Le but de l’oeuvre est d’apprendre au roi, la
dimension est purement temporelle, il n’y a rien d’éthique.
Il justifie l’utilisation du français “en roman selonc le patois de France” (= de l’Ile de France).
Philippe de Navarre. Il vient du nord de l’Italie et s’est installé à Chypre, il devient Roi de Chypre au 13ème
siècle. Il écrit des chroniques, des biographies et une autobiographie en français.
Guy de Lusignan, dans le Poitou, 14ème siècle qui se dit rattaché à son ancêtre féérique Mélusine, est arrivé
à Chypre, sa langue maternelle était donc le français. La cour de Chypre est plurilinguiste: latin, français,
grec, italien, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral (progressivement, l’italien s’imposera).
A partir du 13ème siècle, le français est la langue politique et juridique.
Concernant les Etats latins de Jérusalem (Palestine). Ils sont créés à partir du 13ème siècle avec la 4ème
croisade. Les états latins de Constantinople sont dirigés par des français jusqu’en 1261.
Le royaume latin de Jérusalem existe jusqu’au 13ème siècle. Le français y est la langue dominante (nous
avons retrouvé un ensemble de textes juridiques en français).
==> Il y a une domination politique française et donc une diffusion importante dans l’Orient
même si le plurilinguisme règne.
Manuscrit dans doc 2, dernière page :
Manuscrit du 14ème siècle. Histoire de Coucy et Fayel. Jakémes, auteur probable. Il intègre les poèsies de
Trouvert dans sa trame narrative et procède à la reprise de la légende du coeur mangé (des amants adultères
où le mari se venge, l’amant mort et le mari donne son coeur à manger à sa femme qui meurt ensuite).
Roman conservé dans deux manuscrits du 14ème siècle (Roman du 13ème). C’est un texte en vers avec une
organisation traditionnelle en deux colonnes. On remarque les lettrines (les initiales plus grandes). Le “j”
n’existe pas (=“i”), ni le “v” (= “u”). Il n’y a ni ponctuation ni accent. Aucune apostrophe, les mots peuvent
être assemblés ou séparés de manière arbitraire.
Développement des romans en prose, notamment sur le Graal. => Lancelot en prose.
Les textes en prose se fondent sur plusieurs niveaux de sens : sens allégorique. Modèle de l'écriture latine +
modèle de l'exégèse biblique, des commentaires sur les livres bibliques.
Textes religieux, moralisateurs, très sérieux... mais aussi, textes profanes. Laïcisation de l'écriture
allégorique : Roman de la Rose. => Guillaume de Lorris, 1220 et Jean de Meung, 1270 => reprend continue
le texte 40 ans plus tard. => allégorie de la quête de la rose => quête de l'amour. Sa continuation va
totalement changer le pt de vue de guillaume de lorris. => s'oppose à sa vision de l'amour courtois =>
discours misogyne => polémique, débat à la fin du 14è s.
Première polémique à propos d'une œuvre en langue française et polémique elle même écrite en langue
française.
Le français en italie :
Pas vraiment de frontière géo entre fs et italien. Séparés par occitan et franco-proveçal.
Conquête de l'Italie par les Normands au 11è s.
Royaume normand de Sicile => Sicile : porte entre orient et occident.
12è s : Roger II, roi de Sicile à partir de 1127.
Cette chancellerie est trilingue : latin, grec, arabe.
Le fs est parfois utilisé pr des actes politiques mineurs dès le 12ès + parlé par les normands installés en
Italie.
Il semblerait le fs fut aussi parlé par la population italienne en Sicile. => de nbx mots fs st entrés. Les
échanges entre les deux langues auraient été importants à cette époque ds cette partie de l'Italie.
A la fin du 12è s, les Empereurs germaniques reprennent le contrôle de l'Italie du sudets'empare du
royaume normand.
=> Dynastie des Hohenstenfen.
Frédéric II => conflits violents avec la papauté. => aboutit à la déposition de ses descendants. La
papauté va faire appel à la royauté française, à Louis IX, pr établir en Italie du Sud, un pouvoir qui lui
soit favorable.
Louis IX va envoyer l'un de ses frères, Charles d'Anjou pour faire la guerre au fils de Frédéric II.
Charles d'Anjou => roi de Naples et de Sicile en 1268. La Sicile va se révolter contre son autoritarisme
important. Il perd la Sicile mais reste roi de Naples. => royaume qui va perdurer jusqu'en 1442. =>
presque deux siècles de domination politique fse ds ce sud de l'Italie. => utilise le latin et ds certain
secteurs, le français.
Le fs va dominer ds tt ce sud de l'Italie comme langue de la culture => diffusion de la culture et de la litté
française en italie.
Le fs est considéré comme langue de culture et de prestige ds d'autres parties de l'italie indépendamment
d'une domination politique => nord de l'Italie. => piémont. => langue du savoir, de l'historiographie.
Pq ce prestige ? => langue internationale + qualité esthétique du français.
Mais : concurrence entre le fs et l'italie comme langue de la culture et de la littérature.
13-14è s : on a gardé un certain nb d'oeuvre écrite en « franco-italien »/ « franco-benetto » (=>
franco-vénitien, semble s'est diffusée ds la région de Venise).
=> langue exclusivement écrite qui n'aurait jms été parlée par personne. Lge artificielle, de culture. =>
français italianisé à différents degrés.
=> auteurs italiens qui choisissent d'écrire ce français italianisé. Certaines de ces œuvres vt aussi être
traduites en italien.
=> légendes arthurienne, chansons de gestes, textes déjà écrits... mais aussi œuvres originales qui n'ont
pas de précédents ds la litté française.
Parmi ces œuvres :
Martin da Canal – Estoires de Venise => volonté de célébrer Venise ms il choisit le français pour ça =>
le fs est une langue internationale et le choix du français permet de diffuser le texte plus facilement à
travers l'europe + éloge du français en tant que langue agréable à écrire et à lire.
Marco Polo, part en 1271 en Mongolie ds le but de convertir les mongoles.
Revient en Italie en 1295, il est emprisonné durant la bataille de gènes
Il rencontre Rusticien de Pise en prison et lui dicte son Voyage en Orient.
Rusticien de Pise => auteur connu pour de nombreuses œuvres en français.
=> version franco-italienne. L'oeuvre de Marco Polo va jouir d'un gd succès, va être adapté en fs, toscan,
vénitien et en latin.
Godeffroi de Bouillon => croisades => fondation de Jérusalem.
Domination politique française extrêmement forte sur l'île de Chypre jusqu'à la fin du 15è s.
à partir du 13è s : langue prépondérante des rois de Chypre : français.
Ds les manuscrits médiévaux :
on ne distingue pas les lettres « i » et « j »,puis « u » et « v ». Pas de ponctuation, emploi de majuscules
aléatoire, pas d'accent. Les mots ne sont pas forcément séparés, ils peuvent être tt assemblés ou alors
séparés de façon aléatoire.
Traduction des textes savants écrits au XIV XVe siècle.
Transformation dans la pratique de la traduction au niveau du commanditaire par exemple.
Jean de Vignier traducteur, écrit beaucoup de traduction au début du XIVe. Il se distingue par le nombre
de texte traduit et par le choix d’une traduction fidèle. Il se veut le calque du latin, ce qui conduit à des
maladresses.
C’est une conséquence du lien entre la langue française et latine. Il imagine une continuité parfaite entre
les deux langues. Il illustre la langue française e la calquant sur le latin, en en faisant un double parfait.
C’est un changement de pratique de la traduction car avant la traduction était une adaptation libre du
texte.
Thomas de Kent Le roman d’Alexandre :
Fin XIIIe auteur anglais, il amplifie ses sources latines. Il compile plusieurs sources latines, c’est une
pratique de la traduction. Il a conscience d’être l’auteur d’un transfert linguistique. Ce n’est pas une
traduction mot à mot car sinon on tombe dans l’ennui pour le lecteur. Le type d’écriture est
l’amplification qui revendique les arts poétiques latins. Il n’y a pas de contradiction entre traduction et
amplification. La traduction doit révéler le savoir-faire de l’auteur. Vulgarisation de la connaissance
mais reproduction passe par la recréation du texte, par le biais d’un travail littéraire. C’est n’est pas pour
autant une trahison au texte source.
Il ajoute des détails, tout est amplifié. Ajout de termes médiévaux : « dame » « seigneur ». On transpose
dans un contexte médiéval. L’auteur s’accorde toutes les libertés : amplifie, anachronisme avec la
médiévalisation du texte, et ajoute des détails.
Il exerce son talent littéraire et veut apporter un progrès à l’écriture. Au XII on a l’espoir du progrès.
En retravaillant un texte, on l’améliore, on le fait progresser. Conception de la traduction qui est une
adaptation créatrice de la traduction. Il y a un transfert linguistique : du latin au français et un transfert
littéaire.
Peu à peu, apparait une conception plus scientifique de la traduction, on veut être fidèle au texte source.
Jean de Vigney, les manuscrits dans les poly
2 scènes de remise de manuscrit. D’un côté vincent de beauvais : l’auteur latin
De l’autre : jean de vigney l’auteur français. OEuvre commandée par la reine jeanne de bourgogne.
L’auteur français se met sur le même plan que l’auteur latin.
Ici on regarde le manuscrit écrit par Vigney sur lequel on ne voit rien.
V et J n’existent pas dans l’alphabet. De plus, il n’y a pas d’accent, pas d’apostrophe ni de ponctuation.
Dans le texte il n’y a que deux points. Problème de la coupe des mots qui ne correspond pas à celle
moderne. Comment couper les mots, ici des mots sont collés.
Traduction mot à mot, la syntaxe est par conséquence fausse. Il applique la syntaxe latine à celle
française.
Le problème de traduire des mots qui ne sont pas dans la langue française. Quand on a un mot qui n’a pas
d équivalent soit on invente un nouveau mot sur le modèle du latin souvent, soit on recopie le mot latin
dans la traduction française.
Ici tablette dans le texte latin est recopié tel quel dans le texte français car le mot n’a pas d’équivalent en
français. Le mot horoscopus : il ne sait pas ce que cela veut dire, il traduit par « imagination des oeuvres
». C’est-à-dire la capacité à voir dans le futur. Il choisit de ne pas faire un néologisme.
Traduction ad literam : fidèle, du mot à mot.
S’oppose à la traduction ad sensum. Il y a ceux qui pensent que la fidélité doit être au sens et non au mot
à mot. Car le mot à mot est incompréhensible. Jean de Meun pratique la traduction ad sensum/
Jean de Meun, le livre de Boèce de Consolation
Texte qui a une grande diffusion dans toute l’europe. VI ap jc Boèce, écrit à Rome dans une prison. Il
attend son exécution. L’allégorie de la philosophie lui rend visite pour le consoler.
Ici prologue de Jean de Meun,
« Jean de Meun translata de latin en françois »
Il introduit le livre comme une traduction. Présentation de l’auteur se fait à la première personne du
singulier. « Je » et donne son nom. Il dit qu’il a déjà traduit des oeuvres, il montre sa compétence
d’auteur en dressant la lister de ses oeuvres ; Il place en premier lieu le Roman de la Rose. Or ce n’est
pas une traduction, mais une prolongation. Il a continué l’oeuvre. Il dit là où il a repris l’oeuvre. Il
privilégie l’oeuvre en langue française et non la traduction du latin.
Il emploi le mot françois : le XIV et non plus le terme Roman le XII pour désigner la langue française.
Il dit qu’il est plus facile de comprendre le français que le latin dit-il. Il s’abrite derrière l’autorité du
mécène pour justifier la traduction.
La traduction vise à garder la pensée de l’auteur, le sens qu’il a voulu donner à son oeuvre et non les paroles
c’est-à-dire la lettre. Le livre est trop obscur s’il est traduit mot à mot. Même les clercs ne comprennent pas
la traduction mot à mot. L’auteur a conscience de la différence entre les langues, entre français et latin. La
pensée de l’auteur peut se transmettre mais il faut adopter des modes de traduction adaptés à la langue
française.
Difficulté pour la traduction : Au niveau de la syntaxe et au niveau du vocabulaire. La syntaxe latine est
très différente de celle du français. Le latin : privilégie les phrases brèves, en français, il faut développer
d’avantage .
Pour le vocabulaire, il y a un problème lié à la pauvreté du vocabulaire en langue française. Il y a des mots
latins qui n’ont pas d’équivalent en langue française. Soit on glose le terme latin, on le paraphrase, soit on
crée un néologisme. Le problème du néologisme c’est que si le lecteur ne connait pas le latin, il ne va pas
comprendre le mot nouveau. Le traducteur peut alors ajouter une glose pour expliquer le mot ou alors
ajouter un glossaire à la fin de la traduction (pratique du XIV).
Histoire de la langue Révisions :
Fiche Technique chastie :
Étymon : vient du latin « castigare » : corriger, se corriger, se mortifier.
Sens en AF : chastier / chasteier / chastoier
→ Premier sens : tjs l'idée de corriger, punir. « qui bien ai(y)me , bien chastie ».
A partir de là, chastier prend un sens atténué : une correction verbale : réprimander, blâmer.
Il y a aussi le sens d'avertir , instruire, recommander , enseigner. (quand on réprimande qq'un, on
cherche à lui apprendre qq'chose)
On a aussi une construction pronominale : soi chastier : se corriger, s'amender d'un défaut.
Paradigme morphologique :
–
chastieor – chastieresse : celui qui châtie, corrige, réprimande. (masc + féminin)
–
chastoiement. : avertissement, réprimande. Au sens fort du terme : châtiment, punition. On le
rencontre souvent au sens d'instruction, il s'agit presque d'un motif littéraire : lorsqu'un jeune homme
est adoubé, il reçoit lors de la cérémonie des conseils donnés par un aîné. Enseignement, instruction
dans l'univers de la chevalerie.
Évolution vers le français moderne :
–
En moyen français : rien ne se passe : les sens d'ancien français se maintiennent.
–
En français classique : le verbe « chastier » (le «s » marque l'allongement de la voyelle a, à
partir du XVIII e siècle on remplace le s par un accent circonflèxe.) perd l'idée de conseil ou
recommandation. Le verbe « chastier » se spécialise au sens de punir, corriger. C'est la même chose
pour le substantif qui devient chastiement (idée de punition). En français classique, on commence à
utiliser « chastier » pour parler de la langue, ou d'un écrit de façon générale. « Un style pas assez
chastier ».
–
En français moderne : chastier est un verbe d'ordre soutenu, littéraire. Couramment on utilise
corriger ou punir. On retrouve les mêmes sens qu'en F classique : punir/corriger. L'autre sens
conservé est ce qui renvoie à l'écrit/au style : « châtier son style » : corriger son style pour obtenir qq
chose de très pur, très soutenu.
Fiche technique Enseigner
Étymon : Vient du bas latin *Insignare : désigner, montrer par un signe → signum = signe. (En latin
classique, insignire).
Sens en Ancien français : enseignier : directement hérité d'insignare : marquer, indiquer par un signe.
Marquer veut aussi dire faire signe, se signaler à l'attention. Montrer quelque chose dans le but de
faire apprendre qq chose à quelqu'un = instruire.
(Chastier : recommandation plus ferme que enseignier).
Paradigme morphologique :
–
Le mot « enseignement » substantif masculin qui apparaît au XII e siècle. : c'est le
renseignement qu'on a sur une chose, idée d'un signe connu manifesté. Enseignement prend le sens
d'un avis, d'un conseil, avec la notion de sagesse. L'enseignement est une charte, un signe distinctif.
–
« Enseigne » : féminin . → garde le sens étymologique de marque, tâche. Idée de signe
distinctif, signal, indication. C'est aussi la banderole de la lance, qui permet de dire qui on est, par
extension c'est la lance elle même. C'est aussi le cri de ralliement (celui de Charlemagne est
« Montjoie » et « Saint-Denis ».) ça peut être aussi un signe distinctif comme une médaille, une
monnaie, une statue. (Indication significative : preuve)
–
Enseigneor : C'est celui qui enseigne, qui instruit. Celui qui porte des accusations : C'est aussi
un officier de justice.
Évolution :
–
le moyen français : Montrer, indiquer, renseigner. À partir du moyen français on écrit
« enseigner » et non plus enseignier. Il y a tjs la nuance d'instruire, mais aussi la nuance de guider ,
diriger. Le substantif « enseignement » : montre un signe, un insigne, une leçon, un exemple à suivre.
Le substantif féminin « enseigne » se maintient d'avantage : c'est tjs les marques distinctives., petite
statue pieuse (manifestation de l'enseigne). Sinon les autres sens sont maintenus. (armoiries, drapeau,
étendard : par extension c'est la compagnie qui se regroupe sous ce même drapeau). « A bonnes
enseignes » : avec de bonnes raisons, à bon escient. On garde en moyen français « enseigneor » →
celui qui enseigne. Le terme de justice disparaît en moyen français.
–
Le français classique : On retrouve à peu près les mêmes sens. Enseigner veut toujours dire
instruire, sens de plus en plus répandu au fil du temps. Il y a aussi le sens d'indiquer. Il n'y a pas de
changements pour enseignement. Pour enseigne , on réduit le nombre de sens possibles : on garde
l'idée de signe distinctif, un renseignement, des marques. C'est toujours un drapeau, étendard. → un
nouveau sens qui apparaît au XVII e siècle : panneau indiquant une boutique, passe du champs de
bataille au commerce.
–
En français moderne : restriction des sens. Enseigner : apprendre quelque chose à quelqu'un.
Le terme se spécialise nettement dans le monde de l'éducation. Enseignement : ce qu'on apprend,
renvoie au monde de l’enseignant, leurs carrières. Enseigne : garde tjs une certaine pluralité de sens
et n'est pas forcément rattacher à l'instruction. C'est tjs l'enseigne d'une boutique. Dans un contexte
littéraire → drapeau, étendard. On est passé de cette idée de drapeau, à celle de porte drapeau :
Enseigne est un grade militaire, notamment dans la marine
Fiche technique : PREU
I/ ÉTYMON:
PRODESSE (latin - verbe) = utile → PRODEST (latin – verbe) = être utile.
En bas latin, la tournure « NECESSE EST (bas latin) = il est nécessaire » va donner: PRODE EST
(latin) [necesse = adjectif + est = verbe]
•
PRODE (adjectif) = notion d'utilité → prodis, prodis, prode.
•
PRODE (nom) = ce qui est utile, l'avantage, le profit.
Prodesse → prodest → [necesse est] → prode est → prode.
II/ ANCIEN FR.
Trois possibilités : adjectif ; adverbe ; substantif.
- Substantif : (nom masculin)
PREU = utile, avantage.
=> AVOIR PREU = tirer profit, tirer avantage de qqchose.
- Adjectif : (sens mélioratif)
PREU = utile, ce qui a de la valeur.
On a une signification ≠ selon ce qu'il qualifie:
–
si on associe PREU à une chose = utile.
–
Si on associe PREU à un être humain :
→ quelqu'un utile à la société, quelqu'un d'important, quelqu'un de bon.
→ quelqu'un qui défend la société = qq de vaillant dans le domaine de la chevalerie.
→ qq qui est sage, généreux, noble, etc.
PREU peut être synonyme de :
–
vaillant.
–
ber → vient de BARON = vaillant.
III/ PARADIGME MORPHOLOGIQUE:

PROESSE:
substantif féminin → nuance de l'adj. PREU
= vaillance ; valeur au combat.
= exploit.
•
PRODOME:
PREU D'OME = un preu en matière d'Homme.
Substantif = un homme de valeur
–
un homme brave (valeur militaire)
–
un homme courtois, généreux, honnête (homme de qualité au sein d'une société)
–
un homme sage, sensé (valeur spirituelle, intellectuelle)
→ souvent, un ermite vivant dans les bois, la forêt et qui aide les chevaliers dans leurs quêtes.
IV/ EVOLUTION JUSQU'AU MOYEN FR.

PREU:
substantif: utile ; avantage.
On le trouve jusqu'au 15e siècle environ, puis, il disparaît et est remplacé par ''PROFIT'' ou ''GAIN''.
On peut supposer que comme le subst. et l'adj. n'ont plus le même sens, on a choisi un autre terme
pour parler de ''PROFIT''.
Adverbe: bien ; beaucoup.
Ne subsiste que dans ''peu ou prou'' = peu ou beaucoup.
Adjectif: utile ; ce qui a de la valeur.
Se maintient dans un sens assez restreint = univers de la chevalerie, au M-A → voc historique qui
renvoie à une époque historique précise de l'histoire.
PREU en fr. mod. = celui qui se comporte comme un bon chevalier.
Les neuf preux (environ 14e siècle ; fin du M-A)
–
illustrés dans le domaine des arts.
–
Liste des neufs chevaliers les + vaillants de tous les temps.
–
Fonctionnent par nombre de trois, divisés en trois périodes :
→ époque médiévale : Charlemagne, Arthur et Godefroy de Bouillon.
→ époque biblique.
→ époque antique : Hector, Alexandre et César.
•
PROESSE:
Se maintient au sens d'exploit. Contrairement à PREU, ne renvoit pas directement à l'univers
médiéval.
•
PRODOME:
Continue à exister au moyen fr. jusqu'au 17e siècle. Puis, à partir du 17e siècle, le mot évolue.
Prodome → prud'homme (mot archaique) = un homme expert dans un domaine = notion d'expérience.
En fr. moderne → prud'homme = homme d'expérience professionnelle
–
qq qui n'est pas noble = bourgeois.
Monsieur Prud'Homme = perso crée au 18e siècle = incarnation du bougois bête et stupide = perso
caricatural.
–
tribunal des Prud'Hommes = assemblée des représentants des employeurs et des salariés.
Forme féminine de PRODOME en anc.fr = PREUDEFEMME.
→ femme de valeur = femme noble = LA VERTUE >> PRUDE au 17e siecle = vertueuse (valeur
méliorative) >> au 17eme siècle, évolue en un sens péjoratif = femme d'une valeur excessive >>
PRUDERIE = trop respecter les convenances.
Fiche technique penser/panser :
étymon : latin « pensare » : idée de peser, en bas latin apparaît le sens de penser, réfléchir. (quand on
pèse le pour et le contre, on est amené à réfléchir).
En AF :
on a différentes constructions : intransitif : méditer, penser, réfléchir. , transitif : direct ou indirect :
penser qui reprend les mêmes sens : méditer, imaginer.
–
Sens concret : « se préoccuper.. »
–
sens matériel : « soigner » panser, nourrir (à l'époque, pas de distinction orthographique)
–
construction pronominale : « soi penser » : réfléchir
Paradigmes morphologiques :
–
pensif : absorber dans ses pensées, souvent pénibles. (vie, dolant = souffrant, chagriné...)
–
pensement : une pensée, méditation jusqu'au XVIIIe siècle. A partir du XVI è siècle, c'est
aussi le soin à un malade, puis à une plaie. La pensée : ce qui est pensé (d'où la fleur).
L'évolution : à partir du XVII e siècle, on distingue les deux orthographes :
–
penser : réfléchir
–
panser : soigner, s'occuper de.
Mais le sens se restreint en français moderne à un sens médical (d'où pansement). Excepté
« pansement » le paradigme ne change pas
Texte en octosyllabe à rimes plates (ou dites rimes suivies) = roman en vers.
Texte 1 : Le roman d'Eneas
Le roman est à l'origine un genre, mais aussi une langue. C'est à l'origine la langue vulgaire (en
opposition à ce qui est écrit en latin : langue savante).
Les premiers romans écrits en « roman » parlent de la matière antique et de la matière de Bretagne.
On transpose en langue vulgaire ce qui est écrit en latin, et ça donne le roman.
Les écrivains disent qu'ils ont traduit une histoire qu'ils ont lue en latin, et qu'ils ont transposé en
langue romane. Les romanciers ont une source prestigieuse, ils n'inventent pas une histoire, ils
l'adaptent, ils font partager leur savoir.
Le romancier s'adresse à des gens plutôt cultivés, mais pas des savants.
Le roman a un grand goût pour les détails. → C'est un vers assez court, donc rythme assez vif mais
avec beaucoup de descriptions et un goût certain pour l'étude psychologique des sentiments des
personnages : introspection.
La matière antique
C'est la matière des premiers romans, ça correspond à une théorie qui est bien représentée au moyen
âge, qu'on appelle « translation studii » : le déplacement du savoir.
Il y a aussi un sens géographique à cette translation studii : Au moyen âge on observe que le savoir à
l'origine se trouvait davantage en Grèce dans l'Antiquité, on remarque que cette culture s'est déplacée
vers Rome (vers la culture latine) , et désormais cette culture est transférée vers l'Europe et notamment
vers la France (au moyen âge).
Les romanciers vont adapter les textes écrits en latin.
On raconte généralement un passé prestigieux, projeté dans un présent idéal : le héros doit porter
certaines valeurs.
Ancienneté des romans en vers :
–
Le premier : le « roman de Thèbes » , écrit vers 1150 . On y raconte l'histoire d'Oedipe et le
combat de ses deux fils pour la possession de Thèbes. On prend une histoire à l'origine grecque, qui a
été transposée en latin.
–
Le deuxième : « Le roman d'Eneas » (1160): assez proche de l'Eneide de Virgile (écrit au I e
siècle avant JC.) Le romancier du roman d'Eneas privilégie certaines parties, il étoffe des passages et
en appauvrit d'autres. On trouve la conquête d'une terre dans le roman d'Eneas : chevalier qui doit
conquérir, quête archi présente dans les romans.
–
Le troisième : « Le roman de Troie » (de Benoît de Sainte-Maure) : Raconte l'histoire de Jason ,
la conquête des Argonautes, la guerre de Troie . Roman extrêmement long (31000 vers).
Roman allégorique
C'est le roman de la Rose, roman le plus connu au moyen âge avec énormément de succès. Raconte la
conquête de la Rose par le narrateur
Roman satirique
C'est le roman de Renart : c'est divisé en branches, différents récits, autour de Renart. Renart ne
respecte rien, ni le roi, ni la religion : il passe son temps à jouer des tours, à dévorer son prochain.
Les valeurs attendues du chevalier :
Il doit avoir l'honneur, montrer sa valeur au combat. Il doit faire tout ce que lui demande sa dame, :
se faire aimer en montrant sa valeur : ce doit être un amoureux sans condition.
Erek et Enéide : peut on aimer sa dame et être un bon chevalier ? Il ne faut pas négliger son travail,
concilier les deux et être dans la mesure.
Chrétien de Troyes
Auteur du XIIe siècle dont on ne sait pas grand chose, excepté ses romans. Il a été à la cour de Marie
de Champagne, une comtesse très attirée par la littérature qui fait mécène et lui a commandé le
chevalier et la charrette.
Son premier roman connu est Erek et Eneide , puis Cligès. Le chevalier et la charrette est abandonné,
et est terminé par Godefroi de Leigni.
La matière de Bretagne
C'était à l'origine des textes qui étaient oraux : légendes, contes, qui ont été repris ensuite. On sait
qu'il y a cette origine orale (celte) dont on a très peu de traces écrites, la première trace écrite qu'on
ait est une écriture latine, puisque la matière de Bretagne a été traitée la première fois dans « Historia
regum Britaniae » (histoire des rois de Bretagne) (Geoffroy de Monmouth), au XII e siècle.
Monmouth est un historien, évêque anglo-normand (il a vécu en Angleterre à une époque où les rois
d'angleterre étaient français : le dialecte créé est l'anglo-normand), il va écrire en latin l'histoire des
rois de Bretagne où il s'intéresse surtout aux différents rois qui se sont succédés à la tête de la
Bretagne. Il parle surtout des rois, et non pas des chevaliers. Son objectif est de montrer la grandeur
du pays.
Le premier roi de Bretagne est « Brutus » (petit fils d'Enée) : on rattache les rois de Bretagne aux rois
très glorieux de l'antiquité.
Un des derniers roi de Bretagne sera Arthur. Le texte de Monmouth donne à Arthur un rôle très
important, c'est celui qui va combattre contre les saxons. L'histoire essaye de faire d'Arthur un héros
comparable à Charlemagne dans les chansons de geste.
Historia regum Britaniae : contient environ 200 manuscrits . Elle a eu beaucoup d'importance à son
époque, elle a été largement diffusée.
C'est le premier texte qui parle d'Arthur, c'est de l'histoire écrite en latin.
Ensuite, nous avons une adaptation écrite en Français. On part en français, et on met en roman. Nous
devons cette adaptation à Wace (XII e siècle) : il reprend l'histoire de Monmouth dans un roman qui
s'appelle « Roman de Brut » (forme en ancien français de brutus) : 18 000 octosyllabes. Wace va
reprendre le texte en l'adaptant à sa manière : il va amplifier l'importance d'Arthur, il montre qu'à
cette cour on va avoir de nombreuses prouesses.
Wace est le premier à parler de la table ronde. C'est un roman qui a connu une grande notoriété (30
manuscrits) , c'est à partir du texte de Wace que Chrétien de Troyes va écrire. Wace a inspiré d'autres
auteurs après lui.
Tristan & Iseult : Histoire la plus célèbre dans la matière de Bretagne. Iseult est la femme du roi
Marc. Tristan a été envoyé par Marc la chercher. Iseult est la fille de la reine d'Irlande, qui convient à
la suivante d'Iseult Brangien un brevage qu'Iseult et son époux devront boire avant la nuit de noce.
Tristan s'embarque avec Iseult, le bateau est bloqué car il n'y a plus de vent, il fait très chaud. Elle
leur donne à boire le brevage « vin herbé » : ils sont pris l'un pour l'autre d'une passion irrésistible.
La servante comprend, mais c'est trop tard, Tristan & Iseult sont liés. Quand ont lieu les noces entre
Iseult et le roi Marc, la servante va se substituer à Iseult dans le lit de noce afin que le roi ne se rende
pas compte qu'Iseult n'est plus vierge. Ils s'exilent, et reviennent ensuite. Tristan est banni. Il se marie
avec une AUTRE Iseult aux blanches mains , il regrette très vite ce mariage à tel point que ce mariage
n'est pas consommé.
Le roi Arthur va essayer de rétablir la paix dans la cour du roi Marc.
→ Il y a eu deux auteurs principaux pour Tristan & Iseult :
–
Béroul : il manque le début et la fin à son manuscrit. Dans cette version, le filtre d'amour ne
fait effet que trois ans.
–
Thomas : tjs au XII e siècle. On ne connaît le texte que partiellement, car il reste des
fragments.
Chrétien de Troyes a vécu au XII e siècle , à la cour de Marie de Champagne , fille d'Aliénor
d'Aquitaine (devenue reine d'Angleterre).
Il crée une œuvre littéraire autour de la matière de Bretagne. C'est le premier à prendre cet univers là,
à reprendre d'un roman à l'autre les mêmes personnages. On reprend ce qu'il a écrit pour le mettre en
prose. Il a une postérité littéraire considérable.
Il est possible que son premier roman soit « Marc & Iseult ». → titre intéressant car Chrétien met
Tristan à l'écart.
Erec & Enide : premier roman connu de Chretien de Troyes, XII e siècle. → l'amour est il compatible
avec le mariage, et avec l'idéal chevaleresque ? .
Il devient un Recreant à partir de son mariage : celui qui croit en autre chose, qui s'est converti, à
renoncé à sa foi.
Cligès : la scène se situe à Constantinople. Le roi a deux fils : Alexandre et Alis. Alexandre a entendu
parlé de la cour du roi Arthur, et comme il veut être chevalier, il veut se rendre à la cour. Il va y
rencontrer une jeune fille Soredamor et en tombe amoureux, ils se marient. Ils vont avoir un fils qui est
Cligès. Le père d'Alexandre meurt et Alis usurpe le trône car il prend le pouvoir en faisant croire
qu'Alexandre est mort. Alexandre retourne dans son pays et les frères se mettent d'accord : Alis
continue à régner mais il s'engage à ne pas se marier afin que le royaume revienne à Cligès à la mort
d'Alis. Alexandre meurt, Soredamor meurt de chagrin juste après. Cligès se retrouve orphelin. Alis
oublie sa promesse, forme le projet d'épouser Fénice (fille de l'empereur d'Allemagne) : au moment où
les deux cours se rencontrent la première fois, Fénice et Cligès tombent amoureux . Fénice est
extrêmement embarassée : elle doit épouser Alis. Fénice a une nourrice magicienne Thessala qui va
arranger les choses. Elle fait boire un filtre à Alis, celui ci s'endort profondément et rêve qu'il
possède sa femme. Pendant ce temps, Cligès s'éloigne de la cour , accomplit toutes sortes de prouesses.
Il revient, et découvrent avec Fénice qu'ils s'aiment. Elle avoue à Cligès qu'elle est vierge, mais elle ne
veut pas ternir sa réputation. Thessala fait un brevage qui donne l'impression que Fénice est morte.
Alis est désespéré, Fénice se retrouve avec Cligès. Alis se rend compte que Fénice n'est pas morte : il
meurt de colère. Cligès est couronné empereur, il peut épouser Fénice.
Le chevalier de la charrette : Roman commencé par Chrétien, et terminé par Leigni. Méléagant
enlève la reine Guenièvre à la cour du roi Arthur. Tout le monde part à sa poursuite, très vite les
chevaliers sont distancés : seuls Gauvain et Lancelot continuent la quête. Pour parvenir jusqu'à la
reine, Lancelot doit accomplir bcp d'épreuves ….
Le chevalier au lion : Forêt de Brocéliande, fontaine avec tempête. Yvain remporte le combat contre
le chevalier mystérieux. …...
Le conte du Graal : Inachevé, Chrétien est sans doute mort avant de le finir. Le personnage principal
est Perceval , jeune garçon élevé de façon solitaire et sommaire par sa mère . Elle fait en sorte qu'il
ignore tout au sujet du métier de la chevalerie. C'est Gornemant qui fait son éducation de chevalier.
→ Les œuvres de Chrétien de Troyes sont regroupés dans Le Lancelot-Graal.
Le roman en prose
Le roman en prose se développe à partir du XIII e siècle et va se développer de façon extraordinaire
au XIV et et XV e siècle : il devient le genre narratif dominant. On reprend aussi des choses qui ont
déjà été écrites, on met au goût du jour des œuvres précédemment écrites. Les comportements des
auteurs et leur façon de se présenter changent. L'auteur s'adresse directement aux lecteurs et leur
demande de corriger son œuvre si besoin il y a. Un dialogue s'instaure donc entre les deux. On va
reconnaître les auteurs car ils vont se mettre à signer leurs œuvres.
Caractéristiques formelles :
1) Le roman en prose n'a pas de forme, il peut aller dans tous les sens et peut tout dire. La prose
permet la longueur, la recherche d'exhaustivité et va pratiquer l'entrelacement : « or dist li contes » on
passe à un autre personnage, une autre histoire.
2)
On invente la table des matières : système de chapitre qui se met en place avec un titrage qui
est une sorte de résumé rapide de ce qui se passe dans le chapitre.
3)
Le roman en prose récupère pas mal de romans en vers et chansons de geste.
Le lancelot-Graal, cycle du XIII e siècle, on rencontre parfois le nom de Gautier Map mais ce n'est
pas l'auteur du lancelot-Graal. On peut le décomposer en plusieurs romans :
–
Estoire del saint graal: composé après l'histoire de Lancelot, on y raconte l'histoire du Graal
–
Le merlin : composé début 13 e siècle. Raconte la vie de Merlin, sa naissance, ses premières
actions sordides à Uther puis à Arthur.
–
Le Lancelot : début du 13 è siècle : personnage peu connu avant Chrétien de Troyes. Le
Lancelot va raconter toute sa vie.
–
La quête du Graal
–
La mort du roi Arthur : raconte la mort du roi . Arthur et Lancelot s'opposent, Lancelot est
chassé de la cour du roi.
→ Ce roman est imposant mais le plus grand est « Tristan ». Le Tristan en prose est probablement
désorganisé , il utilise aussi l'entrelacement mais de façon moins efficace , on a du mal à s'y
retrouver. Il intègre tout ce qui existe, il recopie de grands passages de la quête du graal.
Le roman en prose est souvent très moralisateur.
L'apprentissage du français au XVIIème siècle
Le XVIIe siècle ( 1601-1700 ) est l’époque contemporaine aux auteurs tels que Molière, Racine, et La
Fontaine. En France, c’est le siècle de Louis XIV (1638-1715). Le moyen-âge se termine au siècle
précédent, et le XVIIe siècle accueille avec lui la première moitié de la Renaissance qui marque la fin des
guerres de religions. Il précède le siècle des lumières, mais connaîtra l’essor de l’esprit scientifique avec
les travaux de Newton et Galilée. Du point de vu des connaissances technologiques, l’imprimerie se
développe avec , au début du XVIe siècle, deux cent millions de copies. À cette époque la France contient
de nombreux patois régionaux, et seuls les commerçants et les personnes amenées à voyager parlaient
également la langue du Roi, le patois de l’ile-de-France, le "français". C'est durant ce siècle que l’image
de la planète est en train de changer, notamment par la découverte des Amériques par Christophe Colomb
et de la sphéricité de la terre par Galilée le siècle précédant.
Nous savons qu'une langue standardisée ou normalisée du français n'existait pas au XVIIe siècle.
« L'ancien français « classique » est une espèce d'utopie simplificatrice à l'usage des étudiants et des
enseignants ». En effet, cet époque est riche en variétés du français, en dialectes ou encore en
incompréhensions face aux formes incorrectes par rapport à celles attendues. La langue Française connait
des difficultés dans sa codification. Aucune des grammaires composées ni au XVI siècle (celles de
RAMUS, MEIGRE, BOVELLES, Robert ESTIENNE etc.) ni au XVII siècle n’a réussi à s’imposer
comme ouvrage commun de référence, rendant impossible un français standard. Il est à noter, cependant,
la présence d'une langue officielle du pays, celle du patois de l'ile-de-France, la langue du Rois imposée
par l'ordonnance de Villers-Cotterêts ( 1539 ) .
Comment alors enseigner cette langue, devenue officielle, d'abord aux français, et, dans un contexte
d'extension considérable de l'espace connu et des multiples échanges apportés par l'Humanisme, aux pays
étrangers ? Mais aussi quelle langue serait enseignée à ceux-ci ? En d'autres termes il s'agit ici de
s'intéresser à la langue française, dite du Roi, et à son apprentissage à l’étranger.
PLAN
I. Du maître de langues au professeur de langues
étrangères :
A. Statut de la langue :
1. La langue comme savoir-faire :
II. La prononciation au XVIIe siècle :
2. Les difficultés de la langue comme objet
A. La méthode du père BUFFIER :
d'enseignement :
B. Propos sur les voyelles :
B. À l'origine de la grammaire :
1. Les « e » :
1. Les premières grammaires :
a. Le < e > muet :
2. L'objectif de la création des règles de la langue
b. Le < e > fermé :
française :
c. Le < e > ouvert :
3. La progression de l'imprimerie et ses
2. Les autres voyelles :
conséquences :
3. Les semi-consonnes :
a. La contrainte de l'imprimerie :
4. Les diphtongues :
b. L'orthotypographie :
a. Les diphtongues impropres :
c. La réforme de l'écriture comme espoir
b. Les diphtongues propres :
humaniste :
5. Les nasales :
C. L'apprentissage du français comme langue
C. Propos sur les consonnes :
étrangère :
III.
Conclusion :
1. Les premiers outils des maîtres de langues :
a. Les guides de conversation ou livres de
dialogues :
b. Les lexiques :
I. Le maître de langues :
A. Statut de la langue :
Interrogeons nous d'abord sur la langue : Est-ce un savoir appartenant à une branche de la
connaissance, ou bien est-ce une habileté, un savoir-faire propre à un natif ?
1. La langue comme savoir-faire :
Dès le XVIe et jusqu'au XVIIe siècles, le maître de langues fait apprendre ce qui est considéré comme
un savoir-faire, une habileté. Il est le plus souvent un natif, sans autre savoir que sa connaissance
pratique de la langue. L'apparition de ces maîtres ont de toute évidence débuté dans les régions
frontalières comme l'actuel Alsace, les Pays-bas ou la Suisse. Il s'agit donc plus d'un partage de l'habilité
propre à un natif qu'un enseignement.
2. Les difficultés de la langue comme objet d'enseignement :
De plus les penseurs de l'époque se refusaient, pour plusieurs raisons, d'écrire les outils d'un possible
enseignement tels qu'une grammaire. Premièrement par le mépris des langues vernaculaires en tant
qu'objet d'étude. ERASME, notamment, préconisait un retour au latin. Deuxièmement, ils rencontraient
des obstacles dans la langue en elle-même : la multiplicité des dialectes de celle-ci, l'inapplication des
règles, et l'éloignement entre l'écriture et le français parlé. Enfin, des personnes cultivés de l'époque tel
que VIVES ou MONTAIGNE pensaient qu'une langue s'apprenait mieux et plus rapidement par un bain
linguistique rendant la formulation de règles inutiles.
Dans ces conditions, transformer une habileté en un objet descriptible, analysable, qu'on puisse
apprendre et enseigner aller demander beaucoup d'efforts. Comment alors, à la fin du XIXe siècle, cette
habileté devient savoir officiel, reconnu par un diplôme nécessaire pour exercer la profession de
professeur de langue française ?
B. À l'origine de la grammaire :
L'ordonnance de Villers-Cotterêts ( 1539 ) sur l'utilisation du français dans les jugements et l'extension
du français ont incité les penseurs aux études grammaticales de la langue mais n'en sont cependant pas
l'origine.
1. Les premières grammaires :
Au XVe siècle les grammaires françaises étaient inexistantes, cependant la grammaire latin était déjà
développée dans de nombreux ouvrages. C'est à partir de ces ouvrages que la grammaire française se
développe, tout d'abord par comparaison.
Aux XIVe et XVe siècle, les premiers manuels de
conversation voient le jour ainsi que des traités et des grammaires spécifiques. En voici quelques
exemples : PALSGRAVE publie en anglais dès 1530 le premier traité sur la langue française,
Lesclarcissement de la langue françoyse ; SYLVIUS offre la première grammaire éditée en France en
1531 :
In linguam gallicam Isagoge ; suivi de ESTIENNE (
française les verbes actifz passifz ) et AUGEREAU
La manière de tourner en langue
La ( Briefve Doctrine pour deuement escripre selon
la propriété du langaige francoys ). Gilles du WEZ écrit dans son
Introductorie for to lerne to rede to
pronounce and to speke french trewly : « sy nay je toutesvois peu trouver règles infalibles pour ce quil
nest pas possible de telles les trouver, cest a dire telles que puissent servir infalliblement, comme font les
règles composeez pour apprendre latin, grec et hebrieu » et révèle ainsi la difficulté de sa tâche.
2. L'objectif de la création des règles de la langue française :
Mais c'est
surtout avec le Champ fleury de Geoffroy TORY (1529) que sont posés les problèmes de
la langue française. TORY prend position sur un point essentiel : il faut que quelqu'un s'emploie « à
mettre et ordonner par Reigle nostre langage françois » , sinon il périra sous les néologismes barbares ou
le bouleversement provoqué par une évolution trop rapide. La première préoccupation est alors de
découvrir les règles. Les grammairiens vont utiliser le cadre habituel de la grammaire latine pour donner
plus de légitimité à l'étude de cette langue. La motivation de TORY est exprimée également dans son
« Avis aux lecteurs » de son ouvrage. Il veut purifier la langue : « Parquoy ie vous prie donon nous tous
courage les vngz aux aultres, & nous esueillon a la [ nostre Langue ] purifier. Toutes choses ont eu
commancement. ». Il faut interpréter le désir de « purifier » la langue française dans le sens de la remettre
dans sa pureté primitive. Si l'on se place dans la vision humaniste de même qu'il faut débarrasser le latin
des impuretés que le Moyen Age y a déposées, on doit retrouver un français aussi proche que possible de
son origine, c'est-à-dire du latin.
3. La progression de l'imprimerie et ses conséquences :
a. La contrainte de l'imprimerie :
À cette motivation de sa demande de grammaire s'ajoute, toujours chez TORY, celle du problème de
l'écriture :
« En nostre langage François navons point daccent figure en escripture et ce pour le default
que nostre langue nest encores mise ne ordonnée à certaines Reigles ». Au moment où l'évolution
phonétique fait hésiter sur la prononciation de nombreuses voyelles la question de la notation se posait
indépendamment même de l'impression, mais les besoins de l'imprimerie rendaient la question plus
cruciale. Les imprimeurs sont en effet les premiers concernés par les questions d'orthographe : comment
écrire, avec des caractères faits pour le latin, le français
qui présente tant de cas où la prononciation ne
correspond pas avec les lettres latines ?
b. L'orthotypographie :
De nombreux traités tels que le Tresutile & compedieulx traicté d'orthographie gallicane ( 1529 ), la
Briefve Doctrine ( 1533 ) ou ceux de DOLET sur les accents et la ponctuation sont d'ordre
orthotypographique. Ils cherchent une certaine convention typographique instaurant quelques cohérences
dans le domaine de l'imprimerie. Ils tournent tous autour de quelques problèmes comme la distinction
entre un <a> simple correspondant au verbe avoir et un <à> surmonté d'un accent grave correspondant à
la fois à l'article datif et l'équivalent français du latin « ad » par exemple.
Les quelques savants hommes
ayant introduit l'apostrophe sont notamment G. TORY et C. MAROT.
c. La réforme de l'écriture comme espoir humaniste :
Selon MEIGRET, la mauvaise façon d'écrire le français rend impossible de « dresser sur elle aucune
façon de grammaire que ce ne fût à notre confusion ». Qu'ils écrivent pour des Français ou des étrangers,
ces théoriciens sont obligés de consacrer une bonne part de leurs efforts aux rapports son-graphie. Ils ont
alors essayé de proposer un alphabet simplifié, ou écrivaient des traités sur l'orthographe des mots, etc.
Cependant aucune grande réforme de l'écriture aura lieu. Cette question de la réforme de l'orthographe
était pour eux un vaste problème. En effet, une simplification de la graphie de la langue française était
synonyme d'extension
aussi
des
connaissances,
de
l'accès
au
savoir pour plus de personne, voire
au droit au jugement personnel, à l'intervention du peuple et donc à la démocratie.
C. L'apprentissage du français comme langue étrangère :
Les nombreuses régions frontalières du Nord de la France, comme les Pays-bas, l'Angleterre ou encore
les pays du Rhin constituaient autant de demande d'apprentissage de la langue française , premièrement
pour des raisons économiques mais également pour des raisons de voyages.
1. Les premiers outils des maîtres de langues :
Il existait déjà des ouvrages destinés à l'apprentissage du français en Angleterre dès le XVe siècle. Il
s'agissait principalement de dialogues français-anglais ou des textes avec traduction en anglais, dite
interlinéaire, comme l'opuscule Femina ( 1414 ). Cet opuscule est intéressant du point de vu linguistique
puisque qu'il comprend des appels en note de pied de page qui contiennent des remarques sur la façon de
prononcer certains mots. Il porte donc en germe les premières transcriptions phonétiques.
À cela
s'ajoute des traités d’orthographe, des formules de politesse, des modèles de lettres et des traités de
conjugaison française.
a. Les guides de conversation ou livres de dialogues :
L’apprentissage par dialogues est un des outils d'acquisition de la langue à cette époque. Il va
perfectionner à la Renaissance.
se
Les dialogues sont considérés comme écho de la vie et de la culture du
pays.
Par extension, des dialogues destinées aux adultes apparaissent vers le XIVe siècle. Il s'agit de
dialogues de commerçants, de militaires ou de juristes. Ils répondent à des besoins très variés. Comme ce
procédé d’apprentissage des langues donnait de bons résultats, des ouvrages similaires ont été écrit par de
nombreux auteurs dans d'autres pays le long du XVIe et du XVIIe siècle. Pour n'en citer qu'un, nous
citerons l'œuvre de MAMBLERG « manuel de conversation avec quelques paradigmes et des listes de
mots ».
b. Les lexiques :
Toujours en comparaison à l'apprentissage du latin, un autre outil du maître de langue est la liste de
vocabulaire. En effet les listes de vocabulaire et les colloques latins sont repris avec des éditions en
langues vernaculaires pour l’enseignement des langues vivantes, en les adaptant aux publics et aux
contextes nouveaux. Ils ont constitué certainement le germe des dictionnaires bilingues postérieurs.
Aussi, nous pouvons voir que les premiers maîtres de français ne limitent pas leur travail à la
constitution d’une grammaire au sens strict du mot. L'élaboration de l'enseignement du français langue
étrangère comprend, dès ses débuts, des vocabulaires ordonnés thématiquement, voire même des tables
de conversion des monnaies, des poids, des mesures…
Pour terminer cette première partie, nous pouvons relever que d’un point de vue méthodologique, ces
ouvrages sont indicateurs d’une orientation pratique et utilitaire de l’enseignement des langues vivantes à
l’époque. L'apprentissage de la langue orale vise à être capable de communiquer avec des gens du pays
pour des raisons de commerce ou dans des voyages. En effet, ils répondent à une conception de ce que
constitue une langue vivante et donc de ce que l’élève doit acquérir quand il veut apprendre une langue
étrangère. Tous ces ouvrages essayent de rendre compte de ce qui conformait jusque-là une habileté
indéfinissable, irréductible à tout apprentissage : un savoir-faire qui jusque-là ne pouvait être appris, mais
plutôt acquis, qu’au sein maternel, ou bien lors d’un séjour plus ou moins long dans le pays étranger
correspondant.
II. La prononciation au XVIIe siècle :
Intéressons nous tout particulièrement au français parlé du XVIIe siècle. Nous allons pour cela nous
baser sur l'oeuvre du Père BUFFIER, de la Compagnie de Jésus : Grammaire françoise sur un plan
nouveau Avec un traité de prononciation des e et un abrégé des régles de la poésie françoise Nouvelle
édition revûë, corrigée et augmentée.
C'est une source directe de l'époque. Le père BUFFIER va jusqu'à décrire la position de la langue
dans le cas de voyelle litigieuse. Il recourt à des caractères latins ou grecs pour identifier certains sons
qui n'ont pas d'équivalent en un seul caractère dans l'alphabet français de l'époque. Il fait référence aux
prononciations des pays voisins Italiens ou Espagnols. Il fournit des exemples pour chaque cas de figure,
et propose une transcription partielle en orthographe simplifié pour chaque mot présenté en exemple. Il
fait aussi référence à l'orthographe et à la prononciation jusqu'à un siècle auparavant. Il indique pour
chaque homophone potentiel sa traduction en latin pour couper court à tout équivoque.
A. La méthode du père BUFFIER :
Premièrement, il explicite la distinction entre la graphie et la prononciation. Ainsi ,en utilisant
l'exemple du son [ o ], il explique la multitude de graphie pour un seul son. Certains sons diffèrent par la
prononciation et par la graphie d'autres non comme il le montre avec le < i > et le < y > qui
« diffèrent » dans la graphie et « ne diffèrent pas » dans la prononciation.
Il se donne alors pour mission de « distinguer d'abord autant qu'il est possible tous les sons divers
qu'emploie cette langue dans sa prononciation ». Il y exprime également les difficultés rencontrées
notamment la divergence entre la graphie et la prononciation citée plus haut.
Pour ce faire il rédige une sorte d'alphabet phonétique de la langue utilisant des caractères latins
pour montrer que malgré la présence de deux lettres celles-ci peuvent, dans certains cas, ne former qu'un
seul son, transcrit alors en un seul caractère. Cet alphabet phonétique est mis en pièce jointe, et en voici
la consigne de l'auteur : « En métant fur une premiere colone les caractères qui désignent nos sons
simples je métrai dans la seconde colone les mots françois où se trouvent chacun de ces sons. Les létres
imprimées en italique dans ces mots y montreront le son simple particulier qu'il s agit de faire discerner
c'est ce son la même désigné par nos caractères simples que nous apellerons le sont propre de chacune
de nos letres qui d ailleurs n'ont point de son propre. De plus j'ajouterai quatre autres colones ou je
raporterai certains mots de quatre langues les plus répandues de l'Europe en chacun desquels se trouve
un des trente-trois sons simples de la nôtre, ce qui en facilitera beaucoup la conoissance aux étrangers. ».
Il est à remarquer la volonté de l'auteur à adresser son œuvre à un lectorat autre que le lectorat français.
B. Propos sur les voyelles :
1. Les « e » :
Cette lettre exprime en français trois sons différents. Il est à noter que la distinction en les sons : [e]
[E] et [«] se faisait à partir de la distinction de la lettre < e >. En effet, comme dit précédemment ( I. B.
2. ) les accents étaient peu utilisés car absent de l'alphabet latin.
a. Le < e > muet :
Cas de <e> muet
Exemple(s) du livre
- À la fin d’un mot
« une étonante avanture »
- Devant une voyelle
- Dans les temps futurs et le conditionnel
« il étudiera » « je plierois »
- à la fin des monosyllabes
« le enfant » → « l’enfant »
- Lorsqu'il suit un < c > ou un < g >, ( de même lorsqu'il suit un
« il commencea »
< j > ou un < s > ) et qu’il est suivi d’un < a > ou d’un < o >
« Jean »
« Asseoir »
- Après une voyelle à la fin d’un mot, il sert à indiquer que la « journée » et « vie » se prononcent
voyelle se prononce longue mais le < e > ne se prononce pas. alors en « trainant un peu la derniére
silabe »
- Pour le cas des verbes à la troisième personne du pluriel le
suffixe < nt > ne figure que pour le pluriel tandis que le < e >
muet indique l'allongement de la syllabe dans le cas précédent.
- « ils crient »
Ainsi nous pouvons remarquer la non-obligation du < ç > et de l'apostrophe, et une importance assez
forte en ce qui concerne la longueur des syllabes.
b. Le < e > fermé :
Cas de <e> fermé
exemple
- Le < e > de < er > dans les verbes à l’infinitif est
considéré comme fermé. Comme dans les autres
mots finissant par < er >
« mener »
« danger »
- à la seconde personne du pluriel et dans les mots
« nez » , « assez »
- à la fin de tous les participes passés
« aimé »
- à l’intérieur d’un mot suivi d’une autre voyelle, « géant » « géométre », « néophite », « réunir »
sauf dans quelques cas de diphtongaison.
- Dans < et > le < e > se prononce fermé, le < t >
ne se prononce pas.
- < er > dans certains cas ( cf : exemple ) peut se « Hiver », « altier », « cancer », « enfer », « léger
prononcer fermé ou ouvert avec cependant une », « amer », tous les monosyllabes en ER comme «
préférence pour le < e > fermé
fier », « cher », tous les noms propres latins ou
étrangers « Jupiter », « Luther ». « Singulier »
Il est intéressant de relever, qu'en ce qui concerne cette partie, l'auteur éclaire certains aspects
diastratiques et diatopiques, en voici quelques exemples : le < e > fermé à la fin des secondes personnes
au futur ne s’ouvre pas. Il s’agit d’un accent bourgeois parisiens, mais pas de l’usage ou de la cour.
Les
Gascons ouvrent le < é > en < è > en ce qui concerne les participes passés. De plus Il précise que la
moitié des français ne prononcent pas correctement les différents < e >
en particulier ceux du Rhône et
de la Garonne. Voilà pourquoi il préconise un accent systématique pour les impressions.
c. Le < e > ouvert :
Le < e > ouvert comprend deux sortes : un peu ouvert ( écrit cependant < é > ) et un très ouvert.
Cas de <e> ouvert
exemple
- Le < e > dans l'avant-dernière syllabe suivie d’un e muet est un« difere », « mistere », « litiere », « grefe »,
peu ouvert.
« méne », « tristesse »
- Dans un vers si un < e > se trouve dans l’avant-dernière
syllabe, il se transforme en < e > fermé quand le dernier < e >
devient muet.
- Exceptions dans < eler > et < eter > : le < e > de
l’avant-dernière syllabe est muet mais s’ouvre un peu quand il
« apeler », « acheter »,
devient l’avant-avant-dernière syllabe
« apèlerons » « chèteroient ».
- Devant deux consonnes ( Le < x > est une double
consonne ) le < e > devient un peu ouvert
- Exceptions : les mots commençant par < ress->
-< e >
final suivi d’une consonne se prononce un peu ouvert.
- Dans la première syllabe < de > suivi d’une consonne ( un
« Examen », « étrange », « infestant »
exceptions : « decret », « regret », « secret
», « fesser », « vessie »...
« bec », « nef », « motet »
« dépit », « défaire ».
peu ouvert )
Exception : « desir », « devoir », « denier »
(la monnaie), « devin », « deviner », « demi
».
- Dans la première syllabe < re >suivi d’une consonne ( un peu« répéter », « réformer » « réitération », «
ouvert )
redire ».
Exceptions « Recevoir », « reprendre ».
- Dans les syllabes issues du latin suivi d’une seule consonne « gémir », « téméraire », « prétendre », sauf
( un peu ouvert )
l’avant-dernière syllabe de « lever », « venir
», « tenir ».
- < el > et < er > final ou suivi d’une consonne ( très ouvert. ) « Sel », « Cartel », « Hiver », « Mer », «
Ouvert »,
- < es > pluriel ( un peu ouvert )
« Profes » « dès », «
- < ces > et < res > singulier ( très ouvert. )
« très » « abscès » « Progrès »près ».
Articles et pronoms en < es > ( un peu ouvert ) sauf en position més, tés, cés, dès, lés. « més amis », « cés
finale ( très ouvert )
gens-là », « lés princes »
mais « dites-lès ».
2. Les autres voyelles :
Voici les indications importantes à propos des autres voyelles qui diffèrent de quelque peu avec nos
voyelles contemporaines : [ a ] Varie en longueur mais pas en son ; [ i ] est très antérieur, le lieu
d'articulation est proche des dents ; [ o ] se prononce d’une seule façon, il est plus ou moins ouvert selon
certains mots mais BUFFIER juge la différence très faible. [ u ] se prononce d’une seule façon, sauf pour
les mots étrangers ou Latin. En ce qui concerne le < y >, il correspond également au son [ i ]. Ce serait un
< i > transformé par un trait de plus des copistes lorsque situé en début et fin de mot, d'où : « yeux »,
« yvoire », « yvre » qui à l’origine étaient, respectivement : « ieu », « ivoire », « ivre ». Le < y > est
utilisé pour éviter la confusion visuelle du < i > qui était confondu avec la lettre < j >, tout comme le < u >
était confondu avec la lettre < v >, cela concernait alors particulièrement les mots : « Jeux » et « jure »
( pouvant être confondu avec < Ieux > - < Ievx > et < Ivre > - < Iure > )De même le mot « y » dans « il y
a ». Dans certains cas < y > remplace < ii > chez les auteurs particulièrement : « essaiier » devient «
essayer »...
3. Les semi-consonnes :
BUFFIER semble mettre en évidence la semi-consonne [ j ], notamment lorsqu'un < i > est devant un
< l > et est précédé d'une autre voyelle. Ainsi dans« travailler », « veiller », « mouillé », « vermeil », «
travail », « fenouil » la présence du < i > non prononcé serait alors l'indication de la prononciation du « l
mouillé » ou comme il le note le son : λ.
De plus il semble avoir un doute en ce qui concerne le mot « pié » qu'il décrit de cette manière : « dans
le mot pié l'i & l'é sont entendus séparément, bien que dans un espace de temps presque auqqi court, que
si l'on ne prononçoit qu'une seule silabe ordinaire.[...] ou bien ces voyelles ne désignent qu'un son
unique ».
4. Les diphtongues :
L'auteur distingue deux groupes de diphtongues : les diphtongues impropres et les diphtongues propres.
Il semble alors faire la distinction entre les digrammes ( diphtongues impropre ) et les diphtongues
proprement dites ( les diphtongues propres ).
a. Les diphtongues impropres :
L'auteur reprend ici les différentes graphies pour un même son, et notamment les graphies comprenant
deux voyelles. Il rappelle la fonction du tréma servant à indiquer une séparation en plusieurs syllabes un
groupe de voyelles. Il s'agit alors des graphies similaires de notre époque à quelques exceptions près. Il
est intéressant de relever la prononciation ouverte ou fermé du son /E/ dans certains cas comme
l'opposition < ai > < ay > donne un < e > fermé tandis que < ais > ou < aie > donne un < e > ouvert. À
noter l'utilisation différente du digramme < oi > qui se prononce [ oE ]sauf pour l'utilisation de ce
digramme pour l'imparfait et le conditionnel qui se prononce simplement [ E ] tout comme le < oi > les
verbes en OITRE et dans FOIBLE. Tandis que le < oi > dans « endroit », « froid », « étroit », « adroit », «
droit » « croire », « noyer », « nétoyer » « sois, soyez » se prononce [ E ] ou parfois [ oE ] lorsqu'il s'agit
d'un discours plus soutenu. Le < oi > dans les noms de nations voisines se prononce è : « Francois », «
Anglois », « Ecossois », « Irlandois », « Holandois », « Polonois ». Mais dans les nations éloignées il se
prononce
« Suèdois » « Danois »...
b. Les diphtongues propres :
Le mot < Dieu > se prononce [ diø ], il le décrit cependant comme ayant une seule syllabe dont les
voyelles s’enchaînent vite. Dans le discours ordinaire, toutes les diphtongues propres sont enchaînées.
Nous pouvons donc nous demander s'il s'agissait bien d'une diphtongue ou d'une semi-voyelle suivi d'une
voyelle, particulièrement après les doutes formulés par l'auteur lui-même à ce propos.
5. Les nasales :
Le < n > a deux valeurs : < n > nasale et < n > consonne. Il est consonne quand il est en début de mot,
comme dans « nier » ; entre deux voyelles à l’intérieur d’un mot, comme dans « animal » et quand il est
précédé d’une autre consonne, comme dans « borner ». Dans les autres cas, < n > comme < m > est
nasale et change la voyelle qui précède. Il y a pourtant des exceptions : < n > précédé d’un < a > ou
d’un < o > puis suivi d’une autre < m > ou < n >, dans ces cas, < a > et < o > ne sont plus nasales, cela
s'applique à ces mots : « condamner » « année » « bonne » « homme »
Il en est de même pour < en > et < em > excepté pour les mots « femme » « ennemi » « prenne ».
C. Propos sur les consonnes :
En ce qui concerne les consonnes, l'auteur commence une énumération de cas où celles-ci sont
prononcés ou non. La liste paraît inexhaustive, mais reprend dans l'ensemble les même règles
contemporaines. Certaines lettres commencent à disparaître phonétiquement mais également
graphiquement comme pour les < d > , les < l > ou les < f > ( « adversion » « Juifve » « Tiltre » mais
également : « quelque » ) Il est à remarquer que le < r > ne se prononce plus dans « mercredi » qui
s’écrit alors « mécredi ». Il ne se prononce pas dans « quatre », « notre », « votre » quand ils sont suivis
de leur substantif et que ce substantif commence par une voyelle. La liste est trop longue pour expliquer
toutes les prononciations des consonnes et comprend surtout des exceptions rendant les règles quasi
inapplicables.
III.
Conclusion :
Je me permet de conclure avec une courte analyse d'un texte extrait du livre Gesprochenes
Französisch und Sprachgeschichte d'Edgar RADTKE, reprenant les différents éléments vu dans cet
exposé.
« D.P : Quel temps fait il ?
A. : Monsieur, le temps est couuert de nuages.
D.P : Il faut que tu ayes le nuées dedans les yeux, car pour ce qui est du Ciel ie le voy fort clair.
A. : Je ne suis pourtant pas aveugle.
D.P. : Je croy plustot que tu dors encore.
A. Je sçay bien que ie ne suis pas un Elephant pour dormir debout. »
( OUDIN, 1665 I, 1-5 )
Il s'agit d'un extrait d'un livre de dialogues. Comme nous pouvons le voir, le sujet de ce dialogue est de
l'ordre du quotidien : Le temps. Il se présente comme une pièce de théâtre avec les noms des personnages,
ce qui incite à réciter le texte, et donc à la prononcer, le parler. L'apprentissage ce fait alors par
mimétisme avec une question: « Quel temps fait il ? » suivie de deux réponses possibles qui peuvent être
réutilisées : « le temps est couuvert de nuages » et « ie le [ le Ciel ] voy fort clair ]. À cela s'ajoute des
expressions sur l'incrédibilité : « je ne suis pourtant pas aveugle » et « je croys plustot que tu dors
encore ». Pour enfin se conclure sur une expression de l'époque comparant quelqu'un dormant debout à
un éléphant.
C'est un français parlé,'un français du quotidien qui est mise en enseignement dans ce
genre de manuel. Javier Suso LOPEZ dans son article parle de « tradition de manières de langage ». Ainsi
la méthode utilisée pour enseigner le français à l'époque était différente, et ne se basait pas sur la
grammaire à laquelle s'ajoute du vocabulaire, mais par un apprentissage quasi de mise en pratique et de
mise en situation de l'élève pouvant alors utiliser ces éléments de discours dans le quotidien. Plusieurs
éléments renforcent l'idée d'oralité dans l'écriture comme l'adresse directe : « Monsieur » ou encore le
renforcement par le mot : « bien » dans « je sçay bien que ».
En ce qui concerne l'écriture de ce texte nous pouvons voir la confusion entre le < u > et le < v > dans
« couuert » ainsi que celle du < j > et du < i > dans « ie le vois ». Nous remarquons également l'emploi
du < ç > dans « sçay ». Il est à noter également la variation grammaticale avec la préposition « dedans »
qui n'est plus utilisée de la même manière de nos jours, ce qui permet d'indiquer que la grammaire est
toutefois vue à travers le dialogue. En ce qui concerne la prononciation, nous pouvons imaginer la
distinction entre le [ e ] de « ayes » et le [ E ] de « sçay » ainsi que la prononciation [ oE ] ou [ E ] du
mot « croys ».
Nous avons donc vu que l'enseignement du français comme langue étrangère a été un élément moteur
sur la réflexion du langage qui amène les penseur à la création de grammaire ou au à réfléchir sur le
rapport écrit-oral. Cependant la méthode utilisée pour acquérir cette langue était plus basée sur un
savoir-faire qu'un enseignement, une sorte d'apprentissage pratique de la langue inscrite dans sa culture,
dans son contexte et basée sur le mimétisme.
Histoire de la Langue : Vocabulaire
~ Preux : Vient du verbe « prodesse » (= être utile, en latin), qui va donner le participe passé
« prodest ». En bas latin, il est assimilé à d’autres tournures, si bien qu’il devient un adj + vb (prode +
est), d’où est originaire « preux ». Sens du verbe latin = notion d’utilité. Il y a un nom aussi « prode »
(l’avantage, le profit).
Emploies en AF :
• « preu » = même sens qu’en latin (ex : « avoir preu » = tirer profit de qqch)
Adjectif garde le sens latin de « utile » (= ce qui a de la valeur). Si ça qualifie une chose, on garde
l’utilité. Si c’est un être humain, ça prend le sens d’utile à la société (valeur méliorative => bon,
excellent). « Preu » prend aussi le sens de « vaillant » (pour les chevaliers), et peut être synonyme de
« ber » (baron au CS), sage. Bcp de nuances mélioratives.
Adverbe = prend le sens de bien, beaucoup
Paradigmes Morphologiques :
« proesse » = substantif féminin spécialisé dans une des nuances, à savoir la vaillance au combat, un
exloit.
« prodome », qui vient de « preu d’ome ». Substantif = homme de valeur (brave, vaillant, courtois,
généreux, honnête, sage, censé => qualités au combat, en société et spirituelles). Très souvent un
Hermite dans les textes. À partir du XIIIe siècle, le mot s’emploie également pour un « homme
d’expérience, reconnu compétent dans un domaine spécialisé (la justice, la médecine, le commerce,
l’artisanat, etc.) ».
Vers le français moderne : « preu » = le substantif est couramment utilisé jusqu’au XVème. Il est
remplacé par gain/profit, car la direction sémantique est très différente entre le nom et l’adjectif.
L’adverbe subsiste dans « peu ou prou ». Seul l’adj se maintient, dans un univers de la chevalerie qui
renvoie à une époque précise. « Se comporte en bon chevalier » se substantive en « un preu ». Un motif
artistique se conserve, à savoir les neuf preux (Charlemagne, Arthur, Godefroy etc).
« Prouesse » = tjr un exploit, ne renvoie pas à une période de l’histoire.
« prodome » = son sens évolue. Au XVIIème, c’est devenu « prud’homme ». On le considère comme
archaïque et expert dans un domaine. On retient la notion d’expérience professionnelle, avec deux
nuances : un bourgeois sot, satisfait de soi-même (utilisé pour créer Mr Prud’homme au XIXème, un
bourgeois bête et ridicule qui arrive à la caricature), mais aussi une assemblée de représentants des
employeurs et des salariés (= conseil des prud’hommes aujourd’hui, comme en AF, notamment avec
cette idée d’homme sage dans un domaine juridique). Y avait aussi les « preudefemme » (=femme
noble, vertueuse). A partir de ce mot, on en forme l’adj « prude » au XVIIème. Valeur de vertu, mais
péjoratif dès le XVIIème, avec cette idée de vertu excessive, d’où le mot « pruderie » (= trop respecter
les convenances).
~ Penser : Vient du latin « pensare », au sens de « peser ». Puis, en Bas Latin, il signifie « penser,
réfléchir », puisque l’on avait l’expression « Peser le pour et le contre », ce qui amène bien au sens de
réfléchir.
Emploies en AF :
• Intransitif = prend le sens de méditer.
Transitif = même sens de méditation, imaginer (concurrence alors le verbe « cuidier », qui signifie
imaginer à tort ou à raison), agiter par l’esprit. Ça peut être plus concret, avec le sens de « se préoccuper
de », d’où un sens plus matériel, à savoir « soigner, panser, nourrir un animal ». Devient alors synonyme
de « saner », qui veut dire « rendre sain ».
« soi penser » = réfléchir (emploie pronominal)
Paradigmes :
« pensif » = celui qui est absorbé dans ses pensées, souvent douloureuses (associé à « iriaé » ou
« dolant »).
« pansement » = pensée/méditation jusqu’au XVIIIème, puis après soin donné à un malade.
• « pensée » = ce qui est pensé, d’où le nom de la fleur (symbole du souvenir)
-
Evolution :
• Dès le XVIIème, on distingue les deux orthographes penser/panser (aucune durant le MA). Pas de
changement de sens pour « penser », mais plus restreint pour « panser », avec un sens plus médical :
« guérir, soigner, étriller un cheval ».
~ Chastier :Du latin « castigare » (=corriger, au sens de se corriger).
-
Emploie en AF :
• Peut apparaître sous la forme de « chastier, chasteier, chastoier ». 1er sens = idée de « corriger,
punir » avec le proverbe « Qui bien ayme, bien chastie », de même que « se mortifier » (comme en
latin).
• Sens atténué en « réprimander, blâmer ». Sens aussi d’avertir, instruire, recommander, enseigner.
-
Paradigmes :
• « chastior » (chastieresse) = celui qui châtie, corrige, réprimande.
• « chastoiement » = avertissement, réprimande, châtiment (sens fort), mais le plus souvent instruction
(presque un motif littéraire où le jeune chevalier reçoit des conseils après son adoubement par un
homme plus sage. On lui rappelle les valeurs de la chevalerie.
-
Evolution :
• MF = Sens restent identiques.
• FC = le verbe « chastier », qui n’a plus qu’une seule écriture, voit son écriture se modifier au
XVIIIème (le s disparaît au profit du ^). Perd l’idée de conseil, d’instruction (qui était le plus fréquent)
pour se spécialiser dans la punition. De même pour châtiment. Le proverbe se conserve. On utilise le
verbe pour parler de la langue (« pas assez chastié » implique une correction d’un style, d’une pièce).
• FM = fait partie du langage soutenu. Remplacé par « punir ». Même sens qu’avant, avec l’idée de
correction (style chatié = très pur)
~ Enseigner :Du latin populaire « insignare », qui a sa racine en « signum », et qui signifie « montrer par
un signe, indiquer »
-
Emploies en AF :
• « Enseignier » hérité du latin, avec tjr l’idée de « marquer, indiquer par un signe », d’où le sens de
« montrer, faire connaître, instruire qqch à qq ».
-
Paradigmes :
-
• « enseignement » (XIIème) = renseignement qu’on a sur une chose, prend ensuite le sens d’un avis,
d’un conseil, d’où la notion de sagesse. C’est aussi une charte.
• « ensaigne » = garde le sens étymologique de « marque, tache », d’où « le signe distinctif ». C’est
« un signal, une indication ». Dès le XIème, le mot désigne un « symbole de commandement servant
de signe de ralliement » et donc, il peut renvoyer à un cri de ralliement (Montjoie, Saint-Denis sont
ceux de Charlemagne) ou à un drapeau (banderole de la lance pour indiquer qui on est). Désigne aussi
une monnaie, une médaille, une statue. Mais aussi une preuve, dès le XIIème, qui est une indication
significative.
• « ensegneor » = celui qui enseigne, instruit, mais aussi un officier de justice (avec la nuance de
preuves).
Evolution :
• MF = « Enseigner » garde des sens similaires (montrer, indiquer, d’où instruire, guider, diriger).
« Enseignement » perd des sens. On retient juste le signe ou un insigne, mais aussi « une leçon,
un exemple à suivre ».
« Enseigne » est tjr une marque distinctive (pour des catégories de la population, comme des
prostituées, des juifs) et sens de statuette (pieuse ou d’un saint). On garde le sens de « marques,
armoiries ». C’est aussi un étendard, ce qui donne par extension, une unité armée qui se réunit sous le
même drapeau. Toujours le signe, les traces d’animaux, d’où l’expression « à bonnes enseignes » (à
bon escient, avec bonnes raisons).
« Enseigneor » qui est tjr celui qui enseigne.
• FC = « enseigner » a le sens d’indiquer (un chemin) et surtout d’instruire. « Enseigne » garde l’idée
de signe distinctif, comme un drapeau, un étendard, d’où un nouveau sens, à savoir « panneau présent
sur les boutiques ».
• FM = « enseigner » a le sens d’apprendre qqch à qq.
« Enseignement » est ce que l’on apprend et il renvoie à la carrière également.
« Enseigne » est tjr celle d’une boutique. Dans la littérature, il prend le sens de drapeau,
d’étendard. On est aussi passé à l’officier « porte-drapeau » (garde militaire dans la marine).
Expression « à telle enseigne que » = au point que.
~ Cuidier :Vient du latin « cogitare », qui signifie « agiter ou remuer des pensées », ce qui va donner
« projeter » (dans l’avenir), « méditer » (vers le passé) ou encore « avoir des intentions bonnes ou
mauvaises ».
-
Emploies en AF :• Cuidier renvoie souvent à une croyance mal fondée, liée à la subjectivité. On peut
le traduire par « supposer », « croire à tort », « imaginer ». On le rencontre souvent au subjonctif,
mode verbal servant alors à exprimer le doute ou l’erreur. A l’indicatif, il peut avoir le simple sens de
« penser que ».
• On peut avoir le sens de « peser le pour et le contre », ce qui donne « sans cuidier » (= sans hésité),
ainsi que « penser qqch à tort ou à raison ». On peut faire la différence : cuidier + que = complétive à
l’indicatif (c’est à raison) et le subjonctif (c’est à tort).
• « Penser dans l’avenir », ce qui veut dire « être sur le point de » (ex : Le sens cuide changier => Il est
près de perdre la raison)
• « Se cuidier » = avoir de la présomption.
-
Paradigmes :
• Outrecuidier / outrecuidant (XIIème) = « imaginer au-delà de », « le présomptueux, celui dont la
croyance est au-delà de sa valeur réelle ».
-
Evolution :
• « Cuidier » vieillit rapidement en Moyen Français et disparaît au Français Classique. Il est parfois
utilisé pour le goût d’un mot vieilli (ex : La Fontaine), mais est généralement remplacé par « cogiter ».
Il reste, en revanche, l’outrecuidance en FM, avec « celui qui a confiance en lui plus que de raison ».
~ Croire :Vient du latin « credere », qui signifie « croire/tenir pour vrai qqch/avoir confiance en qqch ».
Signifie aussi « croire à tort/raison ». Dès qu’on a confiance, on peut avoir « confier en prêt/ prêter qqch
à qq ».
-
Emploies en AF :
• Creire > Croire, qui signifie « être fermement convaincu » (dans un contexte religieux, cela signifie
« avoir foi en », certitude dans la croyance).
• « faire confiance » (« se croire » = se fier, se confier à)
• Idée de « crédit » (sens matériel donne « faire crédit à qq », d’où l’expression « à croire », qui
signifie « à crédit ».
-
Paradigmes :
• « mecreant » (mes<miss, origine germanique, qui signifie « mal »), donc « mal croire ».
• « creanter/creance » (« creance » = croyance, foi, confiance, d’où la notion de crédit ; « creanter » =
formé par le participe passé de « credere », qui a le sens de « promettre, garantir », où l’on engage sa
parole, avec le sens de cautionner, d’où l’idée d’approuver).
• « crédence », qui apparaît au XVème. Vient toujours du latin et de l’italien « credenza ». Toujours
cette idée de confiance (synonyme de créance). A partir du XVIème, il s’agit d’un buffet où l’on pose
les plats afin qu’ils soient goûtés et testés. S’ils sont là, cela signifie qu’ils ont été goûtés au préalable,
donc on peut avoir confiance. On garde cette idée au FM.
-
Evolution :
• « croire » va prendre beaucoup des sens de « cuidier » (tjr la foi, mais aussi, désormais, le doute,
l’incertitude en MF). On a toujours ça en FM.
• Locution « faire crédit » (donner quelque chose) apparaît au MF. Dans ce sens-là, on va conserver la
créance ou le créancier, spécialisés dans un domaine financier (= ce qui est dû et à qui on doit).
• « creance » est donc spécialisé dans le domaine financier. « Croyance » = ce qu’on croit. Le verbe
« creanter » disparaît. « croire » a tjr l’idée de foi, de confiance etc. D’autres formes, comme
« creance » ont des sens plus concrets.
-
-
~ Chevalier :Dans le latin classique, « equus » = cheval, ce qui va donner naissance au terme « eques » =
cavalier, chevalier. « equites » = fond partie de l’ordre des chevaliers (riches romains qui ont fait leur
service militaire à cheval, sorte de bourgeoisie aisée). On a bien un titre dès l’antiquité. Mot « equus » se
retrouve via certains mots savants de la Renaissance.
En Bas Latin, « *caballus » est plutôt péjoratif, car le terme renvoie à un mauvais cheval. De là, on
obtient « *caballarium », qui va donner le mot « chevalier ». A l’époque, il s’agit d’un « soldat à
cheval » (1er sens), puis « aide militaire » et « homme à cheval ».
Emploies en AF :
• « Chevalier » = homme à cheval, celui qui peut se l’acheter et l’entretenir (tout comme son armure).
• D’où, le sens de « soldat à cheval ». Par extension, on obtient « tout homme armé, soit le
combattant ».
• Evolution au MA = combattant devient un combattant professionnel. Par ailleurs, on fait la
distinction entre bellatores (ceux qui font la guerre), labolatores (ceux qui travaillent) et oratores (ceux
qui prient). Le chevalier est alors formé pour combattre et défendre la société. Il s’oppose au
« serjant » et au « gars, garçon » (aide militaire). Le chevalier devient un homme d’élite, et c’est à
partir de là que se constitue la noblesse.
• Pour parler d’homme à cheval, du XIIIème au XVIème, on va forger « les chevaucheurs » (car le
dernier sens de chevalier va surpasser les autres sens). Dès le XVème, la notion de « cavalier » (du
latin « cavaliere », formé durant la Renaissance) apparaît, tout comme les mots « guerriers, soldats »
(ou, parfois, « soldaer », qui a un sens plus péjoratif étant donné qu’ils sont payés pour combattre).
Enfin, on va utiliser le terme « gent d’armes » pour quelqu’un qui combat.
-
Paradigmes :
• « chevalerie » = cavalerie, exploit guerrier (renvoie à une action). C’est aussi la vaillance. On a
également la « caste des chevaliers », où on rentre après l’adoubement.
• « chevaleros » (adj) = vaillant
• « chevaliere » = femme du chevalier (pas très courant, cependant).
-
Evolution :
• « chevalier » = renvoie à un contexte historique, mais aussi à un ordre, à savoir les « chevaliers de la
légion d’honneur » (au plus bas de la noblesse actuelle). On a l’expression « chevalier servant », qui
est issu de la tradition courtoise (on prend le sens de « au service d’une dame »). En FM, l’expression
a perdu son sens militaire. Désormais, c’est un rang, avec une nuance courtoise.
• « chevaliere » = toujours la femme avec, à partir du XIXème, une bague qui porte les armoiries, les
initiales d’une famille.
~ Vilain :Vient du latin médiéval « villanum » (= celui qui habite la villa, soit un domaine rural),
lui-même hérité de « villa » (latin classique), qui signifie « ferme ». De villa, on tire celui qui travaille
dans un domaine agricole. Villanum est un nom et un adj.
-
Emploies en AF :
• Nom = personne non noble, paysan (domaine rural) et la vileine (paysanne). Vit à la campagne, par
opposition au citeain (cité) et borgeois (borc = bourg). Ça renvoie à un ordre social (un vilain exploite
une terre qui appartient à un seigneur, par opposition au serf qui est un paysan non libre). C’est
toujours quelqu’un de basse condition (par opposition au seigneur, chevalier, barron etc). Nuance
péjorative (par opposition aux personnes de la Cour). Le vilain est qq de grossier, qui n’a pas une
bonne éducation (pas courtois).
• Adjectif (XIIème) = nuance péjorative. On oppose courtois à vilain (= ce qui est grossier, rustre, d’où
l’idée de vil, mauvais, laid, donc on a aussi bien le point de vue moral que physique). C’est utilisé pour
désigner les actes, les paroles et les personnes.
-
Paradigmes :
• « vilonie », ce qui est vilain, avec l’idée de grossièreté, de bassesse. Ça peut être une mauvaise
action, voire déloyale.
• « vilainement », même sens que l’adjectif.
• « avilenir », qui signifie abaisser, déshonorer (pej)
• « vil » (du latin vilem, voulant dire « bon marché ») a sans doute joué dans l’évolution des sens.
« Vilain » qualifie alors qqch de bas, méprisable, abject, voire mauvais, méchant (on établit une
analogie entre la condition peu élevée du paysan et sa valeur morale).
-
Evolution :
• Nom = un paysan libre du MA, devenu historique. Il a été remplacé par « paysan » car jugé trop
péjoratif, puis par « agriculteur ».
• Adj = A perdu le sens de rustre, grossier, mais tjr méprisable, déshonorant, celui qui est laid. Dès le
MF, prend le sens de mauvais, déplaisant (le temps, une blessure), sens atténué. Aujourd’hui, voc
affectif utilisé envers les enfants (« pas gentil » = pas nobles).
• Adverbe = de façon laide, mauvaise
• « Vilonie », devenu « vilenie », avec le sens qui reste le même. « avilenir », refait en MF dans le
verbe « avilir » (sens identique, à savoir couvrir de honte, abaisser).
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