Sujet 1 : Etude de documents La Résistance pendant la guerre et

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Année universitaire 2010-2011
Diplôme de D.A.E.U – Option A
1ère session – Juin 2011
Intitulé de la matière : HISTOIRE DE LA FRANCE
Nom de l’enseignant : M. GIL
Date de l’épreuve : MARDI 7 JUIN 2011 – 14.00-17.00
Document autorisé : Aucun
Nature de l’épreuve : Deux études d’un ensemble documentaire d’environ 5 documents et une
composition au choix. Réalisation d’un seul des trois exercices.
Sujet 1 : Etude de documents
La Résistance pendant la guerre et sous le régime de Vichy
Sujet 2 : Etude de documents
La réforme institutionnelle de 1962
Sujet 3 : Composition
Sujet : La naissance de la IVème République (1944 - 1946)
Chronologie indicative
Mars 1944 : charte du CNR
2 juin 1944 : De Gaulle constitue le Gouvernement provisoire de la république française
25 août 1944 : Libération de Paris et De Gaulle refuse de proclamer la République à l’Hôtel de ville
de Paris
2 février 1945 : l’Alsace est libérée
22 février 1945 : création des comités d’entreprise
8 mai 1945 : Capitulation allemande
15 octobre 1945 : Exécution de Pierre Laval
Octobre 1945 : mis en place d’un système complet de Sécurité Sociale
21 octobre 1945 : Référendum et élections de l’assemblée constituante
2 décembre 1945 : Nationalisation de la Banque de France
20 janvier 1946 : Démission du général de Gaulle
Avril 1946 : Création de l’Electricité de France (EDF) et de Gaz de France (GDF)
5 mai 1946 : Référendum. 53% de non
2 juin 1946 : élection d’une nouvelle assemblée constituante
16 juin 1946 : Discours du général de Gaulle à Bayeux
13 octobre 1946 : Référendum. 53% de oui
1à nombre 1946 : élections à l’Assemblée Nationale
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Etude de documents
Sujet 1 : La Résistance pendant la guerre et sous le régime de
Vichy
1ère partie : analysez l’ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes
1. Doc. 1 et 2. Qu’est-ce que la France Libre ? Quelles sont ses actions ?
2. Doc. 1, 3 et 4. Qui sont les ennemis de la Résistance ? Pour chacun d’eux, justifiez votre réponse
par un exemple tiré des documents.
3. Doc. 1 et 3. Quelles sont les actions de résistance menées sur le territoire français de 1940 à
1942 ?
4. Doc. 4 et 5. Comment les actions de résistance ont-elles évolué entre 1940 et 1944 ?
5. Doc. 5. Quels sont les risques encourus par les résistants ?
2nde partie : A l’aide des réponses aux questions, des informations extraites des documents et
de vos connaissances personnelles, rédigez une réponse organisée au sujet suivant : « La
Résistance pendant la guerre et sous le régime de Vichy 1940-1945 »
Document 1 : Trois Français s'engagent dans les Forces françaises libres
Lundi 17 juin. Je viens d'apprendre par la radio l'incroyable nouvelle de la capitulation de Pétain. [...]
De ma vie, je ne me rappelle avoir ressenti une émotion aussi intense et douloureuse. On voudrait
courir, montrer à tous qu'on a encore une force, une énergie pour continuer à combattre. La France
doit rester la France et son cœur bat toujours, malgré ceux qui veulent l'assassiner sans lui permettre
de lutter.
20 juin. [...] Ma décision est prise. Je pars pour l'Angleterre, à Malte ou en Égypte, je ne sais encore
quand, où, ni comment mais jamais je n'envisagerai de demeurer sous les ordres d'une autorité
franco-boche.
René Mouchotte [mort en août 1943],
Mes Carnets, juin 1940-août 1943,1949.
Elle a rallié Londres en août 1941. Elle faisait partie du réseau Bocq-Adam. lié au réseau du musée
de l'Homme, ayant pour principale activité les évasions vers l'Angleterre. Arrêtée en janvier 1941par
les Allemands, elle réussit à s'enfuir [...] et elle embarque à Marseille pour l'Algérie. À Oran, elle
retrouve son chef de réseau et avec lui elle décide de rallier Gibraltar [...].À partir de Gibraltar, ils sont
envoyés sur l'Angleterre. Antoinette Bondu s'engage, matricule 70 167, chez les Volontaires
Françaises, elle suit un cours de conductrice au camp de Camberley. Elle fait partie du contingent qui
part à Alger. De là, elle est dirigée sur Hammamet (Tunisie), où elle est affectée à l'Ambulance
Hadfield Spears jointe à la 1ère DFL1.
Extrait de La Revue de la France Libre, n° 286, 2ème trimestre 1994.
J'ai quitté votre armée silencieuse en juillet 1941.Le 5 juin dernier, j'ai pu enfin, après trois cent seize
jours de voyage, signer mon engagement dans la France libre. Je pense maintenant à vous, chers
amis instituteurs, qui, sous l'Occupation, n'avez plus le droit d'enseigner à vos élèves la vraie histoire
de France. [...] Nous ne voulons pas qu'on les embrigade au service de l'Allemagne en dissimulant la
collaboration sous les plis du drapeau tricolore. Nous condamnons ceux qui osent apprendre à nos
enfants à faire le salut hitlérien en criant « Vive Pétain »2.
Jean-Pierre Guéno, Paroles de l'ombre, Librio, 2009.
1
1ère DFL : La 1ère Division Française Libre. Elle fut composée, notamment, des premiers soldats du Général
de Gaulle qui répondirent "PRESENTS" à l'Appel du 18 juin 1940.
2
Texte d'un jeune instituteur français engagé dans les FFL, lu le 23 juin 1942 par un speaker de la BBC.
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Document 2 : Le général de Gaulle passe en revue les troupes des Forces françaises libres
pendant la guerre
Document 3 : Trois témoignages d'entrée en résistance
M. Louis de Bardonnie (20 septembre 1972)
Je suis catholique pratiquant et croyant [...]. J'ai sauvé pendant la guerre des centaines de Juifs, non
parce qu'ils étaient juifs mais parce qu'ils étaient persécutés. En 1940, j'ai cessé de m'abonner à
l'Action française3 lorsque j'ai lu sous la plume de Charles Maurras: « Nous devons suivre Pétain
même et jusque dans l'erreur. » C'était tout à fait inadmissible. Je suis entré dans la Résistance à
l'heure même où j'ai entendu l'appel du général de Gaulle. [...] J'ai ensuite parlé de cet appel à un
petit groupe de très bons amis. [...] Nous nous sommes d'abord livrés à toutes sortes d'enfantillages
en zones occupées, comme de retourner les flèches de signalisation des troupes allemandes [...].
Ensuite nous avons commencé à rassembler des informations sur les Allemands. [...] Entretemps,
notre groupe avait grandi; nous étions sept au départ et à ce moment [en octobre] nous étions trentedeux.
3
Journal Monarchiste
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M. Pavoux (2 juin 1969)
Je suis ajusteur de mon métier. En 1940, j'avais trente quatre ans. Marié et père d'un enfant, j'étais
alors cheminot et travaillais aux ateliers de chemin de fer d'Oullins. [...] À la déclaration de guerre, la
première chose que j'ai pensée, c'est que c'était une guerre juste, pour combattre l'hitlérisme.
Seulement j'ai vu tout de suite que ce n'était pas à Hitler que l'on faisait la guerre, parce que la
première action du gouvernement Daladier a été la dissolution du parti communiste [...]. Du jour où
j'ai vu les attaques contre les militants, ma voie a été tracée: ma femme et moi avons adhéré au parti
communiste. [...] À ce moment-là, notre action a surtout été une action de propagande. Tous les soirs
on s'en allait avec la ronéo, chez l'un, chez l'autre. On édictait des tracts avec des moyens de
fortune. La première résistance a commencé comme cela: informer.
M. Albin Tixador (17 septembre 1970)
En 1940, j'avais quarante-trois ans ; j'étais marié sans enfant, mais j'avais adopté le neveu de ma
femme. J'étais à la SFIO depuis 1925 environ. [...] J'ai tout de suite été opposé à l'armistice. J'avais
entendu l'appel du 18juin et j'ai immédiatement essayé de créer un noyau de résistance à
Montpellier. [...] Notre première réunion - nous étions une quinzaine - s'est tenue chez Gounel, un
photographe d'art, en novembre 1940. [...] Le 14juillet 1942, on a organisé à Montpellier une
manifestation qui a parfaitement réussi; on a senti qu'il y avait une grosse majorité de gens qui
approuvaient la Résistance.
Témoignages recueillis et retranscrits par H.R. Kedward,
Naissance de la Résistance dans la France de Vichy, 1940-1942,
Oxford Université, 1978.
Document 4 : Directive n° 1 du COMIDAC (Comité d’action militaire), commandement des FFI
(19 mars 1944)
Directives générales pour l’action :
C’est par l’action que la Résistance forcera la place de notre pays dans la victoire :
– d’abord par l’action immédiate destinée à diminuer les facultés de résistance de l’ennemi, à
entraîner des militants, à révéler les chefs ;
– ensuite par l’aide que nous apporterons aux Alliés au moment du débarquement ; ceux-ci comptent
sur nous pour une action précise : le rôle des FFI est fixé dans les plans d’action et les tâches à
remplir sont importantes […].
Nous devons faire la preuve qu’ils peuvent compter sur les Français et c’est ainsi que, grâce à
la Résistance, la honte de la défaite sera effacée aux yeux du monde, et que personne ne pourra
plus refuser à la Résistance le droit de participer au profit de la victoire sur le même pied que les
Alliés. […]
L’action immédiate peut se diviser en trois catégories principales :
1) Action contre les traîtres, les agents doubles, les mouchards, la Gestapo et auxiliaires (Milice,
LVF4).
2) Sabotage de la machine de guerre ennemie.
a. action contre les moyens de transport ;
b. action contre les transmissions;
c. action contre les usines et les fabrications de guerre (…).
Les actions a. et b. sont le fait de l'ensemble des FFI et également d'équipes spécialisées, souvent
recrutées parmi les agents mêmes des services intéressés (SNCF,PTT5, etc.) ;
3) Action générale de guérilla contre l’ennemi.
4) les FFI ont encore d'autres tâches. La protection des grèves et des actions de masse, par la
mobilisation des éléments FFI locaux, qui devront recevoir un armement à cet effet.
« Résistances 1940-1945 », Documentation photographique, n° 6106.
4
5
Légion des volontaires français
Postes, télégraphes et téléphones
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Document 5 : Affiche allemande placardée dans le métro parisien, 22 août 1941
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Sujet 2 : Etude de documents
La réforme institutionnelle de 1962
1ère partie : analysez l’ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes
Doc. 1. Quelle réforme institutionnelle le général de Gaulle propose-t-il aux Français ? Quels sont
ses pouvoirs depuis 1958 ? Comment était-il arrivé au pouvoir ?
Doc. 2. Pourquoi l’auteur s’oppose-t-il à la réforme institutionnelle voulue par de Gaulle ? De quel
moyen prévu par la Constitution dispose-t-il pour s’opposer à cette réforme ?
Doc. 2, 3 et 5. Quels reproches fait la gauche à la réforme et à De Gaulle ? Que souhaitait-elle ?
Doc. 4. Que demande de Gaulle aux Français lors de l’allocution du 7 novembre ?
Doc. 1 à 5. Pourquoi peut-on dire que le pouvoir de Charles de Gaulle sort renforcé de la crise
politique suscitée par cette réforme ?
2nde partie : A l’aide des réponses aux questions, des informations extraites des documents et
de vos connaissances personnelles, rédigez une réponse organisée au sujet suivant : « La
réforme institutionnelle de 1962 »
Document 1 : Allocution de Charles de Gaulle sur la réforme de la Constitution, 20 septembre
1962
L'ensemble de ces attributions [...] amène le Président à inspirer, orienter, animer, l'action nationale.
Il arrive qu'il ait à la conduire directement, comme je l'ai fait, par exemple, dans toute l'affaire
algérienne. Certes, le Premier ministre et ses collègues ont, sur la base ainsi tracée, à déterminer à
mesure la politique et à diriger l'administration. Certes, le Parlement délibère et vote les lois, contrôle
le gouvernement et a le droit de le renverser, ce qui marque le caractère parlementaire du régime.
Mais pour pouvoir maintenir, en tout cas, l'action et l'équilibre des pouvoirs et mettre en œuvre,
quand il le faut, la souveraineté du peuple, le Président détient en permanence la possibilité de
recourir au pays, soit par la voie du référendum, soit par celle de nouvelles élections, soit par l'une et
l'autre à la fois.
[...] Cependant, pour que le président de la République puisse porter et exercer effectivement une
charge pareille, il lui faut la confiance explicite de la nation. [...] Je crois donc devoir faire au pays la
proposition que voici: quand sera achevé mon propre septennat ou si la mort ou la maladie
l'interrompaient avant le terme, le président de la République sera dorénavant élu au suffrage
universel. Sur ce sujet, qui touche tous les Français, par quelle voie convient-il que le pays exprime
sa décision ? Je réponds: par la plus démocratique, la voie du référendum. C'est aussi la plus
justifiée car la souveraineté nationale appartient au peuple et [...], d'abord, dans le domaine
constituant.
Charles de Gaulle, Discours et messages -Pour l’Effort (1962-1965), T.4, 1970, Plon.
Document 2 : Un parlementaire contre la révision de la Constitution de 1962
« Le général de Gaulle a voulu cumuler les honneurs dus au chef de l’Etat et les pouvoirs du Premier
ministre. (…) Aussi, depuis quatre ans, en dépit de l’article 20 de la Constitution, la France est-elle
gouvernée par le président de la République, ce qui fut accepté par les uns, toléré par les autres, en
raison de la cruelle épreuve que la France subissait en Algérie. Le général de Gaulle avait un tel
souci d’agir qu’il s’est défié du Parlement. Or, dans tous les pays civilisés, le Parlement est considéré
comme représentatif de la nation, avec ses qualités et ses défauts, avec ses diversités, ses
contradictions même. Mais lorsque les élus assemblés délibèrent et votent, ils sont investis de cette
qualité éminente de représentants de la nation. Pour nous, républicains, la France est ici et non
ailleurs. (…) Admettre qu’il en soit autrement, c’est admettre la fin de la République. Le conflit entre
le général de Gaulle et nous est là. Voilà ce qui l’a fait glisser sur la pente du pouvoir personnel. La
tentation de faire élire le président de la République par le suffrage universel vient de là. Mais la
question, la seule question, la question précise qui vous est posée par la motion de censure est
celle-ci : la Constitution est violée, le Parlement dépouillé. Je vous demande alors : Allez-vous
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courber la tête et, fuyant le scrutin, allez-vous dire à voix basse : « Oui, je l’accepte ? » Nous, nous
disons « Non ! » (…) C’est la République qui répondra donc à votre projet car le scrutin d’aujourd’hui
comptera dans l’histoire. (..) Aussi, monsieur le Premier ministre, allez dire à l’Elysée que notre
admiration pour le passé reste intacte mais que cette Assemblée n’est pas assez dégénérée pour
renier la République. »
Discours de Paul Reynaud devant l’Assemblée nationale, lors du débat sur la motion de censure
contre le gouvernement Pompidou, 4 octobre 1962
Document 3 : Affiche du parti communiste, 28 oct. 1962
Document 4 : Allocution de Charles de Gaulle avant les élections législatives, 7 novembre
1962
[... ] La loi constitutionnelle, telle qu'elle a été votée, fait que dorénavant le peuple français élira son
Président au suffrage universel. [...] Le scrutin souverain du 28 octobre a solennellement confirmé le
droit que notre Constitution attribue au chef de l'État de soumettre au pays, par voie de référendum,
tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics. [...]
Françaises, Français, vous avez, le 28 octobre, scellé la condamnation du régime désastreux des
partis et marqué votre volonté de voir la République nouvelle poursuivre sa tâche de progrès, de
développement et de grandeur. Mais, les 18 et 25 novembre, vous allez élire les députés6. Ah! [...]
puissiez-vous confirmer, par la désignation des hommes, le choix qu'en votant « Oui », vous avez fait
quant à votre destin !
Françaises, Français, je vous le demande en me plaçant, une fois encore sur le terrain - le seul qui
m'importe - du bien de l'État, du sort de la République et de l'avenir de la France.
Charles de Gaulle, Discours et messages - Pour l'effort (1962-1965), T. 4, 1970, Plon.
6
En réponse au vote d'une motion de censure contre le gouvernement de G. Pompidou le 5 octobre 1962,
Charles de Gaulle a dissout l'Assemblée nationale, provoquant ainsi la tenue d'élections législatives
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Document 5 : La une du journal Le Monde, 27 novembre 1962, à la suite des élections
législatives
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