Éditorial Génodermatose et cancer en images Genodermatose and cancer in images N. Dupin (Service de dermatologie et vénérologie, hôpital Cochin, Paris) D ans ce numéro spécial de fin d’année, nous vous proposons un voyage au pays des génodermatoses. Ce numéro a été pensé et coordonné par Didier Bessis, qui a très largement participé à la rédaction des différents chapitres que compose cette livraison d’Images en Dermatologie. Bien entendu, nous ne pouvions pas traiter de l’ensemble des génodermatoses, aussi nous avons choisi d’aborder le thème reliant génodermatose et cancer, en distinguant les génodermatoses prédisposant au développement de cancers cutanés et celles prédisposant au développement de cancers extra-cutanés. La reconnaissance de lésions paraissant à tort anodines, leur association entre elles dans des topographies très particulières permettent d’identifier un syndrome spécifique, ce qui reste la marque de fabrique du dermatologue expérimenté, accomplissant alors le geste qui permet le diagnostic et marque à jamais l’apprenti ébahi. Ces gestes, qui peuvent paraître incongrus, sont très simples : ce peut être retourner les mains d’un patient ayant plusieurs antécédents de carcinomes basocellulaires pour rechercher les classiques puits palmaires de la naevomatose basocellulaire, ou bien ouvrir la bouche d’un patient ayant des antécédents de cancer thyroïdien ou digestif à la recherche de lésions gingivales si on suspecte une maladie de Cowden, par exemple. Le vocabulaire du génodermatologue est riche et la présentation clinique des génodermatoses est très polymorphe, foisonnant de lésions de petite taille pas toujours faciles à repérer ni même à identifier. Mais, une fois encore, lorsqu’on en a repéré une, on peut et on doit y penser ; du coup, on rendra un sérieux service au patient. Outre l’aspect clinique, l’identification d’anomalies génétiques spécifiques à ces génodermatoses offre une meilleure compréhension des mécanismes conduisant à la carcinogenèse, que celle-ci soit cutanée ou extracutanée. Elle permet également d’envisager dans un avenir très proche le développement de thérapies ciblées pour la prise en charge des cancers associés à ces génodermatoses. Bonne lecture à tous ! 112 Images en Dermatologie • Vol. III • n° 4 • octobre-novembre-décembre 2010 II