Politique de santé International Etats-Unis DR Moralisation dans les RP DEPUIS MAI 2008, LE SÉNAT AMÉRICAIN EXAMINE UN PROJET DE LOI MODIFIÉ. Le projet Sunshine Act vise la transparence des relations « médecins / industries ». Il instaure une obligation pour les entreprises de déclarer les relations avec les médecins générant un flux financier supérieur à 25 dollars. D ans un proche avenir, la plupart des entreprises du médicament et des dispositifs médicaux serait soumise à cette déclaration. Le projet vise en efet les entreprises difusant des produits couverts par l’un des régimes d’assurance maladie mis en place aux Etats-Unis (Medicare ou Medicaid notamment) et dont le chifre d’afaires annuel est supérieur à un million de dollars. Le projet de Sunshine Act a été soumis une première fois au Sénat en septembre 2007. En mars dernier, un projet équivalent a été présenté à la Chambre des Représentants. Depuis mai 2008, le Sénat examine un projet modiié, soutenu par PhRMA et AdvaMed, les principaux syndicats concernés. Quels médecins concernés ? Seuls les médecins américains semblent concernés, à savoir les médecins autorisés à pratiquer la médecine aux Etats-Unis et inclus dans l’un des programmes d’assurance maladie en vertu de la loi américaine sur la sécurité sociale. Quelles relations déclarer ? Le projet est large. Devraient être déclarées toutes les relations entraînant le transfert d’une valeur supérieure à 25 dollars : cadeaux ou autres avan- 36 PHARMACEUTIQUES - SEPTEMBRE 2008 tages en nature et toutes formes de lux inanciers (honoraires ou autres rémunérations, remboursements ou avances de frais). Quelles modalités de déclaration ? Les entreprises devraient adresser, chaque trimestre, à l’Oice Fédéral de la Santé un rapport détaillant la nature des relations (cadeau, honoraire, type de contrat, etc) leurs dates et les montants versés ; et identiiant chaque médecin concerné par leurs nom et adresse. Une synthèse annuelle précisant aussi le total des sommes versées et des transferts de valeur inférieurs à 25 dollars devrait être fournie également. L’Oice fédéral de la santé serait ensuite chargé d’assurer l’accès du public à ces informations, au travers d’un site Internet aisément accessible et facilitant le téléchargement. Quelles sanctions ? Des pénalités inancières sont prévues en cas de non déclaration : de 10 000 à 100 000 dollars par manquement. En outre, les entreprises défaillantes pourraient être privées du bénéice des abattements prévus par la législation iscale américaine en matière de publicité pendant l’année d’imposition au cours de laquelle les pénalités pour non déclaration ont été prononcées. Le projet modiié soutenu par les industriels distingue entre le cas de la non déclaration en connaissance de cause (qui serait passible d’une pénalité variant de 5 000 à 50 000 dollars par manquement avec un plafond annuel de 250 000 dollars) et le cas de l’omission non intentionnelle (qui entraînerait des pénalités moins élevées : entre 1 000 et 5 000 dollars par manquement, plafonnées 50 000 dollars par an). Perspectives Une démarche de transparence similaire est déjà en place en Australie, mais dans le cadre d’une autorégulation éthique adoptée par le syndicat Medicines Australia. S’il est adopté, le Sunshine Act consituera-t-il un précédent pour d’autres pays ? Gageons que ce ne soit pas le cas pour la France, déjà bien connue sur la place internationale avec la loi anti-cadeaux, dont 2008 marque le quinzième anniversaire. n homas Devred, Avocat au Barreau de Paris* *avec la participation de Ken Gordon, Avocat au Barreau du Texas, et de Melanie Howlett, Avocat au Barreau de Sydney, Cabinet Baker & McKenzie