Vaccin quadrivalent HPV : des résultats encourageants pour D

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Dossier thématique
D ossier thématique
Vaccin quadrivalent HPV : des résultats encourageants pour
la prévention du cancer du col de l’utérus
Human papillomavirus vaccine for the prevention of cervical cancer
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D. Riethmuller, Y. Leocmach, A.C. Jacquard *
LA QUESTION MÉRITE-T-ELLE VRAIMENT
D’ÊTRE POSÉE ?
Avec 3 387 nouveaux cas estimés en l’an 2000 et environ 1 000
décès par an, le cancer du col de l’utérus reste en France le
deuxième cancer de la femme jeune (entre 17 et 47 ans). L’agent
nécessaire, bien que non suffisant à la carcinogenèse cervicale,
est le papillomavirus humain (HPV) dit à “haut risque” (1). Le
fait que ce cancer soit la conséquence d’une infection génitale par
le papillomavirus humain procure l’opportunité de le prévenir
par une vaccination antivirale. Un vaccin quadrivalent HPV
(génotypes 6, 11, 16, 18) à base de pseudo-particules virales
fabriquées à partir de la protéine de capside L1 est actuellement
développé par Merck/Sanofi Pasteur MSD (SPMSD). L’objectif
premier du vaccin est la prévention d’environ 70 % des cancers du
col de l’utérus et des lésions précancéreuses de haut grade (CIN
2/3). L’objectif second est la prévention de 30 à 35 % des lésions
de bas grade (CIN 1), de 90 % des condylomes acuminés et de la
persistance de l’infection chronique à HPV, source potentielle de
contamination et d’évolution vers la cancérisation en l’absence
de prise en charge.
La première publication qui a scellé tous les espoirs de la vaccination anti-HPV est le travail de Koutsky et al. en 2002 sur un
vaccin monovalent contre le HPV 16. Cette étude menée chez
2 392 patientes randomisées a montré une efficacité de 100 %
contre l’infection persistante et l’apparition de CIN sur une
période moyenne de 17 mois (2).
Les premiers résultats d’efficacité de ce vaccin quadrivalent
(anti-HPV 6, 11, 16, 18) ont été récemment publiés (3). Cet essai
randomisé en double aveugle versus placebo, mené chez plus
de 1 100 femmes âgées de 16 à 23 ans suivies deux ans et demi,
a montré que le vaccin de SPMSD contre le HPV réduisait de
90 % l’incidence combinée de l’infection persistante due aux HPV
6, 11, 16 et 18 et des lésions génitales (CIN et les condylomes),
comparativement au groupe placebo, chez des femmes naïves
au début de l’étude pour les types de HPV concernés (p < 0,001).
Aucune lésion due à des HPV 6, 11, 16 ou 18 n’a été enregistrée pendant la durée de l’étude dans le groupe vacciné. Dans
cette étude, le vaccin est bien toléré, avec des effets secondaires
minimes et fortement immunogènes. Trois injections en intramusculaire induisent des titres d’anticorps anti-HPV 6, 11, 16
et 18 au moins 10 fois supérieurs à ceux qui sont observés chez
les individus qui ont préalablement été infectés par les types
sauvages de l’HPV correspondant (immunité naturelle). Même
si ces titres d’anticorps diminuent après le septième mois ils
demeurent supérieurs ou égaux au minimum jusqu’au trentesixième mois, à ceux observés chez les femmes naturellement
infectées par HPV.
Des essais cliniques de phase III sont en cours chez 25 000 sujets
dans plusieurs pays du monde. C’est au mois d’octobre 2005
que les premiers résultats destinés à démontrer l’efficacité du
vaccin quadrivalent ont été exposés au congrès de l’IDSA. La
prévention de l’apparition de CIN 2-3 chez les femmes vaccinées
selon le protocole est de 100 % sur une période de 24 mois après
le début de la vaccination. À noter que même chez les patientes
qui n’ont pas bénéficié du protocole stricto sensu (non-respect
des dates de rappel, rappel non effectué, etc.), l’efficacité est
encore supérieure à 95 %.
Tous ces résultats bien plus qu’encourageants devraient permettre
d’envisager la vaccination de la population féminine, idéalement
avant le risque des premières contaminations par le virus HPV,
c’est-à-dire les préadolescentes.
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Bosch FX, Lorincz A, Munoz N, Meijer CJ, Shah KV. The causal relation between
human papillomavirus and cervical cancer. J Clin Pathol 2002;55:244-65.
2. Koutsky LA, Ault KA, Wheeler CM et al. A controlled trial of a human
papillomavirus type 16 vaccine. N Engl J Med 2002;347:1645-51.
3. Villa LL, Costa RL, Petta CA et al. Prophylactic quadrivalent human papillo* Service de gynécologie obstétrique, CHU Saint-Jacques, 2, place Saint-Jacques, 25030
Besançon Cedex. Sanofi Pasteur MSD, 8, rue Jonas-Salk, 69367 Lyon Cedex 07.
© La Lettre du gynécologue - n° 315 - octobre 2006.
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mavirus (types 6, 11, 16, 18) L1 virus-like particole vaccine in young women: a
randomised double-blind placebo controlled multicenter phase II efficacy trial.
Lancet Oncol 2005;6:271-8.
4. Koutsky LA et al. abstract LB-8a 43th IDSA. San Francisco Cal,Oct 7th 2005.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 5 - mai 2007
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