dossier thématique Rétrospective 2008 Cancers digestifs Gastrointestinal cancers Pauline Afchain*, Astrid Lièvre**, Christophe Tournigand* Cancers du pancréas Cancers pancréatiques non résécables * Service d’oncologie médicale, ­hôpital Saint-Antoine, Paris. ** Service d’hépato-gastroenté­ro­ logie, hôpital européen GeorgesPompidou, Paris. Il n’y a pas eu d’avancées majeures en 2008 dans la prise en charge des adénocarcinomes pancréatiques non résécables. La gemcitabine reste la molécule phare. Le bénéfice des associations en termes de survie globale (SG) n’est statistiquement significatif que dans deux études : celle de R. Herrmann portant sur la capécitabine (1) et celle de M.J. Moore portant sur l’erlotinib (2). Une étude complémentaire s’est intéressée au bénéfice clinique et à l’amélioration de la qualité de vie obtenus avec l’association gemcitabine-capécitabine par rapport à la gemcitabine seule. Cette étude randomisée concernait les 319 patients de l’étude de R. Herrmann, 19 % d’entre eux étant traités dans le bras gemcitabine-capécitabine et 20 % dans le bras gemcitabine. La durée de la survie a été respectivement de 9,5 et 6,5 mois (p < 0,02). Le bénéfice clinique prédominait dans le bras gemcitabine-capécitabine : 46 % versus 40 %, mais s’annulait environ 2 mois avant l’échec du traitement (3). Soulignons les résultats négatifs d’autres thérapies ciblées dans les cancers du pancréas non ­résécables. ➤➤ Une étude de phase II ouverte, randomisée 2 pour 1, a évalué l’association gemcitabine-axitinib (inhibiteur sélectif des VEGF récepteurs 1, 2 et 3), en comparant l’effet de 1 000 mg/­m2 de gemcitabine associés ou non à 2 prises orales quotidiennes de 5 mg d’axitinib (4). L’objectif primaire était la SG. L’analyse était faite en intention de traiter (ITT). La SG était de 6,9 mois (IC95 : 5,3-10,1) avec l’association et de 5,6 mois (IC95 : 3,9-8,8) avec la gemcitabine seule (différence non significative). Ces résultats ne sont que préliminaires, et un essai de phase III est en cours. 52 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 ➤➤ À l’ASCO, les résultats négatifs de la combinaison bévacizumab-erlotinib, évaluée dans une étude de phase III (étude AVITA) randomisant 707 patients entre gemcitabine-erlotinib-bévacizumab et gemcitabine-erlotinib-placebo, ont été présentés. Les ­chiffres de survie sont décevants (médiane de SG de 7,1 mois versus 6 mois ; p = NS), avec des survies sans progression (SSP) de 4,6 mois et 3,6 mois (p = 0,0002) [5]. En dehors des thérapies ciblées, soulignons les résultats prometteurs du S1, un dérivé oral de fluoro­pyrimidine inhibant la dihydropyrimidine deshydrogénase. Deux petites études de phase II rapportent ces résultats, l’une avec le cisplatine et l’autre avec l’irinotécan. La première porte sur 30 patients atteints d’une tumeur du pancréas métastatique : la survie médiane est de 9 mois (IC95 : 6,0-14,5), et le taux de survie à 1 an de 35,7 % (IC95 : 19-55) [6]. La toxicité de grade 3 est hématologique (13 % de cas de leucopénie, 7 % de cas de neutropénie, 3 % de cas d’anémie et 3 % de cas de thrombopénie) ; les autres toxicités sont l’anorexie (13 %) et les nausées-vomissements (7 %). La seconde étude (100 mg/m2 d’irinotécan à J1 et J14, par cycles de 28 jours, associés à 80 mg/m2/j de S1 de J1 à J14) [7] porte sur 16 patients traités pour une tumeur métastatique du pancréas. Certains avaient reçu une première ligne de traitement par gemcitabine. Le nombre moyen de cycles de traitement était de 4, et le taux de réponse de 43,7 % (IC95 : 19,5-68,1). Le temps médian jusqu’à progression (TMP) était de 4,9 mois, et la médiane de survie de 11,3 mois. Les principales toxicités étaient la neutropénie de grade 3-4 (5 des 16 patients) et la diarrhée de grade 3 (1 patient). En ce qui concerne la stratégie de traitement, deux études importantes ont été présentées à l’ASCO. La première, française (8), comparait deux séquences thérapeutiques inverses : gemcitabine avant ou après LV5FU2-cisplatine, avec changement de schéma Points forts »» Publication finale de l’étude SHARP, présentée à l’ASCO l’année précédente, qui confirme le bénéfice en termes de survie du sorafénib chez les patients ayant un carcinome hépatocellulaire. »» Indication d’une chimiothérapie par FOLFOX pré- et postmétastasectomie chez les patients atteints d’un cancer colorectal avec des métastases hépatiques résécables d’emblée. »» Entrée en pratique courante de la détection du statut K-ras des tumeurs colorectales avant la prescription d’un anticorps anti-EGFR (cétuximab et panitumumab), la présence d’une mutation du gène K-ras étant un facteur de résistance à ces anticorps. »» Démonstration de l’efficacité de FOLFOX ou XELOX associé au bévacizumab en première ligne de traitement chez les patients ayant un cancer colorectal métastatique. thérapeutique en cas de progression ou de toxicité. Aucune différence significative en termes de survie n’était retrouvée, mais la gemcitabine entraînait plus de toxicité hématologique en deuxième ligne. Enfin, l’oxaliplatine confirme sa place en deuxième ligne, avec les résultats de l’étude allemande CONKO 003, qui randomisait, après échec de la gemcitabine, 160 patients entre un schéma LV5FU2 et un schéma LV5FU2-oxaliplatine. La médiane de SG passait de 13 à 26 semaines dans le bras oxaliplatine (p = 0,014), et la médiane de SSP de 9 à 13 semaines (p = 0,012) [9]. Cancers localement avancés Il n’y a pas eu de publication nouvelle cette année, la stratégie thérapeutique optimale restant celle, définie dans les publications 2007, d’une chimiothérapie première suivie, en l’absence de progression métastatique et en cas de bon contrôle tumoral, d’une association de radio-chimiothérapie. Cancers réséqués : quel traitement adjuvant ? La rechute locorégionale ou métastatique survient dans plus de 75 % des cas après résection à visée curative, avec une survie sans récidive (SSR) à 5 ans de 23,4 % selon les données de la National Cancer Database (10). La question de l’intérêt d’un traitement adjuvant dans ce contexte avait été soulevée par l’essai de ­l’ESPAC, qui avait démontré qu’une chimiothérapie à base de 5-FU pendant 6 mois apportait un avantage en survie, alors qu’une radio-chimiothérapie adjuvante semblait, au contraire, délétère. Cependant, l’intérêt du 5-FU n’ayant jamais été démontré en situation métastatique, à la différence de celui de la gemcitabine, aucun consensus n’avait été retenu. L’étude allemande CONKO 001, publiée en 2007 dans The Journal of the American Association (11), apportait une solution rationnelle et manifestement utile en situation adjuvante après résection à visée curative. Cet essai de phase III randomisé incluant 368 patients ayant eu une intervention à visée curative avait montré un bénéfice significatif en termes de SSP dans tous les sous-groupes : R0, R1, T1, T2-3, N0 et N+. La SG médiane était significativement augmentée dans le bras gemcitabine : 24,2 versus 20,5 mois (p = 0,02). Cette étude sans biais apparent confère à la gemcitabine le statut de traitement adjuvant standard après résection R0 ou R1 d’un adénocarcinome pancréatique, et ce quel que soit le statut ganglionnaire (N0 et N+). Les résultats actualisés à l’ASCO confirment ce bénéfice, avec une SSP à 3 et à 5 ans de 23,5 % versus 8, 5 % et de 16 % versus 6,5 %, respectivement. En termes de SG, les résultats sont toujours en faveur du bras gemcitabine, avec une médiane de 22,8 mois versus 20,2 mois (p = 0,005), soit des taux de survie à 3 et 5 ans doublés : 36 % versus 19,5 % et 21,5 % versus 9 %. L’étude de phase II randomisée publiée dans le Journal of Clinical Oncology par S. Heinrich replace l’association cisplatinegemcitabine au cœur de l’actualité. Les résultats étaient prometteurs, mais cette étude ne portait que sur 28 patients, dont 26 étaient réséqués et plus de 80 % avec une résection R0 (12). En ITT, la SSP et la SG étaient respectivement de 9,2 mois (IC95 : 5,6-12,9) et de 26,5 mois (IC95 : 11,4-41,5) pour les duodéno-pancréatectomies céphaliques, et de 9 mois (IC95 : 6,99-10,1) et 19,1 mois (IC95 : 15-23,1) pour les spléno-pancréatectomies caudales. La gemcitabine semble, en outre, améliorer le statut nutritionnel et la qualité de vie des patients dont le pronostic est le plus favorable et la SSP la plus prolongée. Néanmoins, la place d’une irradiation en situation périopératoire reste toujours controversée. Eu égard aux conclusions de l’ESPAC1, l’étude américaine de phase II visait à obtenir 65 % de survie à 18 mois après duodéno-pancréatectomie R0-1. Des résultats satisfaisants sont affichés, avec une SG de 27,1 mois (14 mois de SSP) mais au prix d’une lourde morbidité ayant entraîné l’arrêt prématuré de l’essai, et d’une toxicité de grade supérieur ou égal à 3 pour 96 % des patients. Le traitement était lourd, puisqu’il associait une radiothérapie de 50,4 Gy sur 38 jours à une chimiothérapie avec 5-FU, CDDP et IFNα. On attend les résultats de l’étude de phase II intergroupe française évaluant, chez les patients R0, la gemcitabine avec et sans radiothérapie. Enfin, notons l’étude portant sur le nombre de ganglions étudiés comme facteur pronostique lorsque ceux-ci se révèlent tous négatifs : l’analyse Mots-clés Carcinome hépatocellulaire Cancer colorectal Cétuximab Panitumumab Bévacizumab K-ras Chimiothérapie Highlights » Final publication of the SHARP study, presented at ASCO last year, confirming the survival benefit of sorafenib in patients with hepatocellular carcinoma. » Indication of FOLFOX chemotherapy before and after metastasectomy in patients with colorectal cancer with operable liver metastases. »The entry into practice of the detection of the K-ras status of colorectal tumors before prescribing of anti-EGFR (cetuximab and panitumumab): the presence of a mutation of K-ras gene is a factor of resistance to these antibodies. » Demonstration of the effectiveness of XELOX or FOLFOX associated with bevacizumab in the first line in patients with metastatic colorectal cancer. Keywords Hepatocellular carcinoma Colorectal cancer Cetuximab Panitumumab Bevacizumab K-ras Chemotherapy La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 | 53 dossier thématique Rétrospective 2008 Cancers digestifs d’au moins 11 ganglions est nécessaire. La médiane de survie est ainsi réduite de 5 mois entre le groupe de patients dont aucun ganglion n’était tumoral sur au moins 11 ganglions analysés (20 mois) et le groupe sans atteinte ganglionnaire sur moins de 10 analysés (15 mois) [13]. Cancers œsogastriques Cancers gastriques résécables Le bénéfice de la chimiothérapie périopératoire des adénocarcinomes œsogastriques est validé depuis la publication, en 2006, dans le New England Journal of Medicine, des résultats de l’étude contrôlée et randomisée de phase III menée par l’équipe de D. Cunningham, avec 3 cycles d’épirubicine-cisplatine-5-FU (ECF) avant puis après chirurgie œsogastrique (14). Les taux de SG (objectif principal de l’étude) à 5 ans étaient de 36 % dans le groupe chimiothérapie péri­ opératoire versus 23 % dans le groupe contrôle. En termes de SSP, le hazard-ratio (HR) était en faveur de la chimiothérapie (0,66 ; IC95 : 0,53-0,81 ; p < 0,001). Sa toxicité ne fait pas perdre de bénéfice au patient, et elle conduit à une régression de la taille tumorale pouvant faciliter et optimiser le geste chirurgical. Cette étude n’intègre pas la problématique de la radiothérapie dans la prise en charge adjuvante des adénocarcinomes gastriques, mais a le mérite de répondre à la question de l’intérêt de la chimiothérapie, dont le bénéfice est dorénavant démontré. Aujourd’hui, une autre question pratique est posée, inhérente à la démarche actuelle de traitement pré­opératoire. Elle concerne les critères prédictifs de réponse à la chimiothérapie, dont on sait qu’elle est associée à une meilleure survie : l’étude MUNICON (Metabolic Response Evaluation for Individualisation of Neoadjuvant Chemotherapy in Oesophageal and Oesophagogastric Adenocarcinoma) a permis de confirmer la valeur prédictive de la réponse métabolique précoce, ouvrant la perspective d’un algorithme thérapeutique reposant sur les résultats de la TEP au FDG (15). Une étude prospective de la réponse métabolique dans les cancers gastriques révèle néanmoins des difficultés, puisque environ 30 % des cancers gastriques ne sont pas suffisamment contrastés. Le manque de sensibilité technique est probablement lié au caractère diffus de ces tumeurs, avec des cellules en bague à chaton, et à leur caractère mucineux. Les tumeurs initialement FDG positives peuvent être évaluées pour leur réponse. Les tumeurs initialement négatives seraient de pronostic équiva- 54 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 lent à celui des tumeurs des patients secondairement étiquetés comme non répondeurs. Enfin, l’utilisation d’autres traceurs devrait permettre d’augmenter la sensibilité de ces techniques. Cancers gastriques et œsophagiens avancés D. Cunningham a rapporté, dans le New England Journal of Medicine (REAL 2), l’efficacité et l’innocuité de l’association capécitabine-oxaliplatine dans les cancers œsogastriques avancés, en première ligne. Cette association était comparée à du 5-FU-cisplatine selon un schéma 2:2 avec une randomisation en 4 bras de trithérapie : ECF versus épirubicine-cisplatine-capécitabine (ECX), et épirubicine-oxaliplatine-5-FU (EOF) versus épirubicine-oxaliplatine-capécitabine (EOX) [16]. L’objectif principal était la non-infériorité en termes de SG d’un traitement comprenant de la capécitabine comparativement au 5-FU, et d’une trithérapie avec de l’oxaliplatine comparativement au cisplatine. Le HR est de 0,86 pour la comparaison capécitabine-5-FU (IC95 : 0,80-0,99), et de 0,92 pour celle entre oxaliplatine et cisplatine (IC95 : 0,80-1,1). La SG est meilleure avec EOX qu’avec ECF (HR = 0,80 dans le groupe EOX ; p = 0,02). Les toxicités des bras 5-FU-capécitabine sont similaires, mais il y a moins de neutropénie, d’alopécie, de toxicité rénale et de complication thromboembolique de grade 3-4 avec l’oxaliplatine qu’avec le cisplatine. À l’inverse, il y a plus de neuropathie et de diarrhée avec l’oxaliplatine (tableau I). Tableau I. Étude REAL 2 : médiane de survie et survie à 1 an dans les 4 bras de traitement. Médiane de survie (mois) Survie à 1 an (%) ECF 9,9 37,7 ECX 9,9 40,8 EOF 9,3 40,4 EOX 11,2 46,8 En 2007, le S1, prodrogue orale du 5-FU associée à un inhibiteur de sa principale enzyme catabolique, disponible en Asie, a confirmé sa place dans le cancer de l’estomac, notamment avec la mise en évidence de son efficacité en adjuvant des cancers de l’estomac de stades II et III dans une population japonaise (17). En 2008, des études en situation dossier thématique Carcinomes endocrines Deux articles ont porté sur les carcinomes endocrines (CE). D’abord, l’efficacité du sunitinib, inhibiteur de tyrosine kinase oral, est rapportée dans le Journal of Clinical Oncology par l’équipe de Boston (21). Une telle efficacité pouvait être suggérée par la surexpression du VEGF et de son récepteur par les tumeurs endocrines. Il s’agissait d’évaluer le sunitinib dans une étude de phase II portant sur une double cohorte de patients atteints de tumeurs de l’intestin grêle et de tumeurs du pancréas d’histologie endocrine. Cent sept patients sur 109 ont reçu 50 mg/j de sunitinib 4 semaines sur 6. Les résultats sont présentés dans le tableau II. La tolérance, bonne, est similaire dans les 2 groupes, sans différence de qualité de vie ou de fatigue. Cette étude reste critiquable puisqu’elle n’est pas randomisée, mais confirme la nécessité de mettre en place une vraie étude de phase III randomisée. S1 Irinotécan-S1 p Réponses objectives (%) 26,9 41,5 0,035 Survie sans progression (mois) 3,6 4,5 0,8 Survie globale (mois) 10,5 12,8 0,2 Survie 10 S1 Irinotécan + S1 8 Taux de survie métastatique sont aussi séduisantes, toujours dans des populations asiatiques. Une étude chinoise (18) a inclus 230 patients atteints de tumeur gastrique non résécable (localisée ou métastatique), en première ligne. Il s’agissait d’une randomisation en 3 bras : bras A, 80 mg/m 2/j de S1 p.o. J1-J28 toutes les 6 semaines ; bras B, 80 mg/m2/j de S1 p.o. J1-J28 toutes les 6 semaines avec 60 mg/m2 de cisplatine à J8, et bras C, avec 600 mg/m2/j de 5-FU et 20 mg/m2 de cisplatine J1-J5 toutes les 4 semaines. Les résultats sont nettement en faveur de l’association S1-cisplatine, avec 37,8 % de réponse objective (RO), un temps jusqu’à progression de 159 jours, versus 126 pour le bras A et 85 pour le bras C, et une SG de 433 jours versus 207 pour le bras A et 309 pour le bras C. Une seconde étude, de phase II, coréenne, justifie l’association avec le docétaxel (19) dans la même population. Dans les 2 bras de cette étude (bras docétaxel-S1, docétaxel à 35 mg/m2 à J1 J8 et S1 à 70 mg/m2 de J1 à J14, et bras docétaxel-cisplatine, docétaxel 35 mg/m2 à J1 J8 et cisplatine 35 mg/m2 à J1 et J8), le traitement était administré toutes les 3 semaines. Les résultats sont en faveur du bras docétaxel-S1, avec une SG de 21,1 mois et un taux de réponse de 46 %. Une troisième étude (en abstract à l’ASCO GI) associe l’irinotécan au S1, avec un bénéfice non significatif sur la survie (figure 1) [20]. Enfin, plusieurs études de phase II ont été présentées à l’ASCO, évaluant les thérapies ciblées, sans que cela puisse justifier leur utilisation actuelle. p (log-rank) = 0,2327 HR : 0,856 (IC95 : 0,663-1,106) 6 4 2 0 0 6 12 18 Mois 24 30 36 Figure 1. Étude IRIS : irinotécan versus irinotécan-S1. Tableau II. Étude de phase II : sunitinib dans les tumeurs endocrines (21). Taux de réponse objective (%) Taux de stabilisation de la maladie (%) Temps jusqu’à progression (mois) Survie à 1 an (%) Pancréas 16,7 68 7,7 81,1 Intestin grêle 2,4 83 10,2 83,4 La seconde étude rapporte les résultats précoces d’une radio-embolisation intrahépatique, par embolisation artérielle avec des microsphères radioactives chargées en yttrium 90, sur 148 patients traités dans 10 centres participants. Cent quatre-vingt-cinq procédures ont pu être effectuées pour des localisations secondaires intrahépatiques (22). La médiane d’activité mesurée était de 1,14 GBq (0,33-3,30 GBq), avec une médiane de 99 % du taux qu’il était initialement prévu de délivrer (38,1 à 147,4 %). Environ 67 % des patients avaient une toxicité de grade 3 avec, le plus souvent, une fatigue. L’évaluation morphologique montrait une stabilité dans 6,7 % des cas, une réponse partielle (RP) dans 60,5 % des cas, une réponse complète (RC) dans 2,7 % des cas et une progression de la maladie dans 4,9 % des cas. Il n’y a eu aucune défaillance hépatique par irradiation. La médiane de survie est évaluée à 70 mois. Ces résultats utilisant une technique innovante méritent d’être confirmés, notamment dans une étude de phase III randomisée. La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 | 55 dossier thématique Rétrospective 2008 Cancers digestifs Tumeurs stromales digestives Une étude de phase III a été publiée dans le Journal of Clinical Oncology. Il s’agit d’un essai intergroupe (muticentrique) randomisant des patients atteints de GIST métastatiques ou non résécables entre une dose classique de 400 mg/j d’imatinib et une double dose (800 mg/j) [23]. L’objectif principal de cette étude incluant 746 patients de 148 centres (États-Unis et Canada) pendant 9 mois était de démontrer une différence en termes de SG ou de SSP. Les patients dont la maladie progressait sous la dose standard de 400 mg passaient dans le bras 800 mg/j (33 % des patients). Après un suivi de 4,5 ans, la SSP médiane était respectivement de 18 mois et de 20 mois pour les patients des bras dose standard et double dose, et la SG médiane de 55 et 51 mois. Il n’y avait de différence significative pour aucun de ces 2 critères, ni pour le taux de réponse tumorale. La conclusion est donc qu’il n’y a pas d’intérêt à doubler la dose chez les patients dont la maladie progresse sous imatinib. Cet essai reste cependant critiquable rétrospectivement. En effet, les avancées des connaissances sur les mutations de c-kit ou de PDGFR-A ont à ce jour révélé une sensibilité variable au traitement selon le type de mutation tumorale, rendant probablement caduques ces conclusions, au moins pour les mutations de l’exon 9 (10-18 % des différentes mutations connues), dont on sait qu’elles peuvent bénéficier d’une dose initiale d’imatinib de 600 mg au lieu de 400 mg/j (taux de réponse à l’imatinib : 45 %). À l’inverse, la mutation de l’exon 11, la plus fréquemment retrouvée (60 à 80 % des cas), a un taux de réponse à l’imatinib de 80 % à la dose de 400 mg. À l’ASCO 2008, A. Adenis a complété les résultats de l’étude BFR14 sur la poursuite du traitement par imatinib versus son arrêt en situation de contrôle tumoral. Il a évalué l’utilité de poursuivre au-delà de 3 ans le traitement par imatinib pour les patients stables ou répondeurs, et a montré que la SSP à 1 an des patients ayant poursuivi l’imatinib était de 88 %, versus 25 % en cas d’arrêt (p < 0,001). Ces résultats sont confirmés à 3 ans (92 % versus 29,7 %) pour les 50 patients dont la maladie ne progressait pas au moment de la randomisation (24). Le temps médian jusqu’à nouvelle progression dans le bras arrêt était de 7 mois. Mais le contrôle tumoral a été de nouveau obtenu chez les 19 patients ayant repris l’imatinib après cette nouvelle progression (100 %). La SG à 1 an est identique dans les 2 bras. Des résultats intéressants sont également rapportés pour les patients de l’étude BFR14 traités en continu par imatinib et qui étaient mis en rémission complète (25) ainsi que 56 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 pour ces mêmes patients répondeurs mais en réponse partielle ou stabilisation tumorale et bénéficiant ou non d’une chirurgie seconde (26). La rémission complète est encore de meilleur pronostic, avec une SSP à 2 ans de 84,4 % (versus 63,3 pour le groupe réponse partielle et 27,9 mois pour le groupe stabilité tumorale ; p < 0,0001) et une SG à 3 ans de 85,7 mois (versus 80,7 versus 48,6 ; p = 0,0054). Enfin, en situation de contrôle tumoral, le taux de survie à 1 an est plus important chez les patients opérés (R0, R1) : 94 %, versus 70 % en l’absence d’intervention complémentaire ; la SSP est, à 2 ans, de 93 %. En deuxième ligne de traitement, la place du sunitinib est confirmée, en termes de SG. Une autre méthode statistique permettait d’annuler l’impact initial du crossover sur le calcul de la survie, et parvient à démontrer la significativité du bénéfice en survie apporté par le sunitinib après progression sous imatinib (doublement de la médiane de SG). Carcinomes hépatocellulaires Traitements systémiques Après des années mornes, le carcinome hépatocellulaire (CHC) s’est vu mis à l’honneur, grâce aux résultats de l’étude SHARP (Sorafenib HCC Assessment Randomized Protocol), présentés à l’ASCO 2007 et publiés dans le New England Journal of Medicine (27). Cette étude multicentrique internationale de phase III a évalué un traitement par sorafénib, petite molécule inhibitrice de tyrosine kinase ciblant, entre autres, les récepteurs VEGF 1 et 3, à la dose de 400 mg x 2/j, versus placebo, dans le traitement des CHC avancés chez des patients en bon état général (ECOG 0-2) avec cirrhose non décompensée (score Child-Pugh A). Plus de 600 patients ont été inclus. Le traitement était administré jusqu’à progression clinique ou radiologique. L’essai a été interrompu prématurément en raison de l’efficacité démontrée du sorafénib en termes de SG. Une augmentation significative de la SG (10,7 mois versus 7,9 mois ; HR = 0,69 ; p = 0,00058) a été observée dans le groupe recevant le sorafénib (figure 2). Cette amélioration de la survie n’était pas liée à l’amélioration du taux de réponse (2,3 % versus 0,4 %) mais à un meilleur contrôle évolutif, le délai jusqu’à progression passant de 12,3 semaines dans le bras placebo à 24 semaines dans le bras sorafénib (p < 0,001). La tolérance du traitement était satisfaisante ; les effets indésirables les plus fréquents sous sorafénib étaient la diarrhée de grade 3 (8 %), l’amai- dossier thématique Sorafénib (n = 299) Médiane : 46,3 sem. (10,7 mois) (IC95 : 40,9-57,9) 100 Placebo (n = 303) Médiane : 34,4 sem. (7,9 mois) (IC95 : 29,4-39,4) Taux de survie 75 44 % 50 33 % 25 Hazard-ratio (sorafénib versus placebo) : 0,69 IC95 : 0,55-0,88 p = 0,00058 0 Patients à risque Sorafénib Placebo 1 an Semaine 0 8 16 24 32 40 48 56 64 72 80 299 303 274 276 241 224 205 179 161 126 108 78 67 47 38 25 12 7 0 2 0 0 Figure 2. SHARP : survie en intention de traiter. Sorafénib (n = 150) Médiane : 6,5 mois (IC95 : 5,6-7,6) 100 Placebo (n = 76) Médiane : 4,2 mois (IC95 : 3,7-5,5) 75 Taux de survie grissement (2 %) et les réactions cutanées palmoplantaires (8 %). Cet article souligne les nouvelles difficultés d’évaluation associées à l’utilisation de ces agents antitumoraux. Les critères RECIST ne sont certainement pas adaptés, car l’effet antiapoptotique de ces nouveaux traitements et leur action sur l’angiogenèse induisent une nécrose tumorale sans que la taille de la lésion ne soit modifiée sur les examens standard. C’est la différence de densité, variable associée au degré de nécrose tumorale, qui doit permettre d’évaluer de façon plus fiable l’effet de ces thérapies ciblées, et donc de choisir les mesures à privilégier. À l’ASCO, une étude asiatique, similaire à l’étude SHARP, avec une randomisation 2:1, a été présentée (28). Deux cent soixante-six patients y étaient inclus, dont le CHC était lié dans la majorité des cas à l’hépatite B (en général, tumeurs de plus mauvais pronostic, à score Child-Pugh égal, que dans l’étude SHARP). L’efficacité du sorafénib est confirmée dans cette population, mais avec des résultats définitifs moins bons (figure 3). Le profil de toxicité de grade 3/4 est équivalent : syndrome mains-pieds (10,1 % versus 0 %), diarrhée (6,0 % versus 2,7 %) et la fatigue (3,4 % versus 1,3 %). À la suite de ces 2 études, et au vu de la place mondiale tenue par le sorafénib dans le traitement du CHC, outre les divers traitements locaux interventionnels et chirurgicaux, la question du traitement des CHC sur cirrhose de score Child-Pugh B se pose. Une étude de phase II, présentée par G.K. AbouAlfa (29), a porté sur 137 patients atteints de CHC Child-Pugh A, mais aussi sur 99 patients atteints de CHC Child-Pugh B. Les résultats sont comparables dans les 2 populations en termes de toxicité (selon une étude de pharmacocinétique comparative). Mais il a été rapporté plus de cas d’hyperbilirubinémie, d’encéphalopathie et d’ascite chez les patients Child-Pugh B, ainsi qu’une durée de traitement plus courte (13 semaines, versus 21 semaines pour les patients Child-Pugh A). Les résultats bruts sont également moins favorables en termes de SSP et de SG (13 versus 21 semaines et 14 versus 41 semaines, respectivement). La Fédération française de cancérologie digestive (FFCD) voudrait évaluer dans cette indication le sorafénib ± simvastatine versus soins palliatifs. Pour améliorer ces résultats, l’association doxorubicine-sorafénib a été comparée par l’équipe de G.K. Abou-Alfa (30) à la doxorubicine seule. Présentée à l’ASCO GI, cette étude de phase II randomisée, en double aveugle, a inclus 96 patients d’un âge médian de 65 ans, dont 76 % d’hommes, atteints Hazard-ratio (sorafénib versus placebo) : 0,68 IC95 : 0,50-0,93 p = 0,014 50 25 0 Patients à risque Sorafénib Placebo Mois 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 150 76 134 62 103 41 78 26 53 23 32 15 21 9 15 5 13 4 4 1 1 0 0 0 Figure 3. Essai Asie Pacifique : survie globale (28). de CHC avancés. Le score Child-Pugh à l’inclusion devait être A, et les patients étaient dans 91 % des cas en bon état général (IP 0 ou 1). La doxorubicine intraveineuse était administrée à la dose de 60 mg/ m2 tous les 21 jours. Quarante-sept patients recevaient en traitement oral une dose de 400 mg x 2/j de sorafénib, et les 49 autres patients recevaient le placebo 2 fois par jour. La durée du traitement était de 18 semaines, avec 6 cycles de doxorubicine. Après cette première phase, les patients poursuivaient le placebo ou le sorafénib jusqu’à progression. La médiane du temps jusqu’à progression (TTP) était respectivement de 8,6 mois dans le bras sorafénib La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 | 57 dossier thématique Rétrospective 2008 Cancers digestifs Tableau III. ASCO GI, d’après Abou-Alfa GK et al., abstract 128 actualisé (30). Sorafénib + doxorubicine (n = 47) Placebo + doxorubicine (n = 49) 4 2 SSP (mois) 6,9 2,8 SG (mois) 13,7 6,5 TTP (mois) 8,6 4,8 R0 (%) et de 4,8 mois dans le bras placebo ; la SG médiane était de 13,7 mois et 6,5 mois (tableau III). Seul 1 patient a eu une toxicité cardiaque de grade 3-4 (insuffisance cardiaque). L’asthénie et la neutropénie étaient les toxicités les plus fréquentes, de façon équivalente dans les 2 groupes. En ce qui concerne la chimiothérapie plus classique, une étude française publiée dans Cancer en janvier 2008 a associé le GEMOX avec le cétuximab (31). Il s’agissait d’une étude de phase II portant sur des patients atteints de CHC évolutif. Quarante-cinq patients, naïfs de tout traitement antitumoral, ont été inclus. Le traitement associait du cétuximab à raison de 400 mg/m2 en dose de charge puis de 250 mg/m2 hebdomadaires avec 1 000 mg/m 2 de gemcitabine à J1 et 100 mg/m 2 d’oxaliplatine à J2 toutes les 2 semaines. Les principales toxicités de grades 3 et 4 étaient la thrombopénie et la neutropénie, la neuropathie et la toxicité cutanée. Il n’y a eu aucun décès toxique. Le taux de réponse était de 20 % et le taux de stabilisation de 40 %. Le TTP et la SG étaient respectivement de 4,7 et 9,5 mois. Le taux de survie à 1 an était de 40 %. Ces résultats intéressants méritent d’être confirmés dans une étude de phase III randomisée, avec le sorafénib comme traitement de référence. Enfin, signalons l’innocuité de l’imatinib à raison de 500 mg/j en traitement du CHC non résécable, démontrée par une étude de phase II portant sur 15 patients et publiée dans l’American Journal of Clinical Oncology (32). Traitements locaux Une étude chinoise, intéressante bien que monocentrique, comparait de façon randomisée la radiofréquence, la chimio-embolisation et l’association de ces 2 techniques dans le traitement de CHC de plus de 3 cm (33). L’objectif principal était la SG, et l’objectif secondaire, le taux de réponse. Sur une durée médiane de 28,5 mois, la survie médiane 58 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 était de 24 mois dans le groupe chimio-embolisation (3,4 séances), de 22 mois dans le groupe radiofréquence (3,6 séances) et de 37 mois dans le groupe association (4,4 séances). La meilleure SG était obtenue avec l’association. Le HR par rapport au groupe chimio-embolisation seule était de 1,87 (IC95 : 1,33-2,63 ; p < 0,001) ; par rapport au groupe radiofréquence seule, de 1,88 (IC95 : 1,342,65 ; p < 0,001). En analyse de sous-groupes, la survie était meilleure avec l’association qu’avec la radiofréquence seule, en cas de CHC monofocal (HR = 2,50 ; IC95 : 1,42-4,42 ; p = 0,001), et qu’avec la chimio-embolisation seule en situation multifocale (HR = 1,99 ; IC95 : 1,31-3,00 ; p < 0,001). Le taux de RO à 6 mois était aussi en faveur de l’asso­ ciation : 54 %, versus 35 % pour la chimio-embolisation et 36 % pour la radiofréquence. Donc, même en situation unifocale, il y a intérêt à associer la chimio-embolisation, ce qui corrobore les données récentes sur le risque du tissu péritumoral d’origine cirrhotique. Une équipe coréenne a rapporté dans Cancer l’intérêt d’une irradiation associée à une chimio-embolisation intra-artérielle chez des patients ayant un CHC localement avancé avec une thrombose portale (34). Quarante patients ont été inclus entre janvier 1998 et décembre 2003. Une fois mis en place un cathéter artériel local, ils recevaient une irradiation de 45 Gy sur 5 semaines, avec une chimiothérapie intra-artérielle la première et la cinquième semaines ; puis de nouvelles injections intra-artérielles étaient effectuées à 1 mois de cette association avec du 5-FU et du cisplatine toutes les 4 semaines. À 1 mois de la fin du traitement local, une RO était observée en ITT chez 18 patients sur 40 (45 %). Le taux actuariel de SG à 3 ans était de 24,1 %, et la médiane de SSP de 13,1 mois. La réponse à 1 mois était un facteur de bon pronostic en termes de survie. Ces résultats certes intéressants mais lourds techniquement nécessitent d’être validés par une étude de phase II-III. Cette étude a cependant le mérite de poser de nouveau la question de la place de l’irradiation hépatique, question d’actualité : en effet, un article du World Journal of Gastroenterology rapporte une expérience d’irradiation hépatique sur 65 patients atteints de CHC au-delà des autres techniques de radiofréquence ou de chimio-embolisation (35). L’évaluation thérapeutique était faite à 4 mois du début de la radiothérapie hépatique, mais une réponse à 1 mois était aussi mesurée. La RO était de 56,9 %, avec un taux de survie à 1 an de 34,7 %. Les facteurs prédictifs de survie étaient le score Child-Pugh, le dossier thématique taux d’α-fœtoprotéine et la réponse thérapeutique. Une RO était plus souvent obtenue lorsqu’il avait été relevé une réponse à 1 mois au moins égale à 20 % (p < 0,001). L’équipe menée par O. Seror a publié dans Radiology les résultats de la radiofréquence de tumeurs hépatiques volumineuses (≥ 5 cm), intéressants, bien que portant sur un petit nombre de patients (n = 26). Une sonde de radiofréquence multipolaire a été utilisée (36). Une à deux procédures par patient suffisaient, avec peu de cas de syndrome de lyse tumorale, à l’exception d’un hématome sous-capsulaire et d’un infarctus segmentaire. Après un suivi moyen de 14 mois, les taux de progression locale, de progression à distance et de survie étaient de 14 %, 24 % et 65 %, respectivement. Les probabilités de survie à 1 et 2 ans étaient, respectivement, de 68 % et 51 %. Cancer colorectal métastatique Inhibition de l’EGFR ◆◆ Valeur prédictive des mutations du gène KRAS sur la réponse aux anticorps anti-EGFR chez les patients résistants à l’irinotécan Plusieurs petites séries rétrospectives avaient, l’année passée, montré que la présence d’une mutation du gène KRAS au niveau de la tumeur était associée à l’absence de réponse au cétuximab et/ ou au panitumumab et à une moins bonne survie des patients traités par ces anticorps anti-EGFR en deuxième ligne ou plus, après progression sous une chimiothérapie à base d’irinotécan (37-43). Cela a été confirmé par l’analyse d’une série indépendante multicentrique française (44) plus importante, de 89 patients, dans laquelle la présence d’une mutation de KRAS était un facteur de résistance au cétuximab (réponse : 0 % avec la mutation versus 40 % sans) et de moins bonne survie (SSP médiane : 10,1 versus 31,4 semaines ; p = 0,0001 ; SG médiane : 10,1 versus 14,3 mois ; p = 0,026). Dans cette étude, les mutations de KRAS étaient un facteur pronostique indépendant en analyse multivariée après ajustement sur l’âge, le sexe et la toxicité cutanée, considérée comme un facteur pronostique et prédictif de bonne réponse au cétuximab. D’autres études rétrospectives allant dans le même sens ont été ensuite publiées durant l’année 2008 (45, 46). Après ces résultats convergents émanant d’études rétrospectives, on attendait des données provenant d’études randomisées afin d’affirmer scien- tifiquement l’effet des mutations de KRAS sur la réponse aux anticorps anti-EGFR. L’année 2008 a permis cette confirmation grâce à la publication des analyses selon le statut de KRAS de deux études de phase III randomisées, l’une avec le panitumumab (47), l’autre avec le cétuximab (48), comparés tous deux en monothérapie à des soins de confort. Dans le premier cas, 427 des 463 patients inclus dans l’essai initial ont été analysés (49). Les mutations de KRAS étaient associées à l’absence de réponse au panitumumab (0 % versus 17 %) et à une SSP sous ce traitement moins longue (7,4 versus 12,3 semaines ; p < 0,0001), identique à celle des patients ne recevant que des soins de support (7,3 semaines). C’est au vu de ces résultats que le panitumumab a obtenu son enregistrement en Europe pour les patients atteints d’un cancer colorectal (CCR) métastatique chimiorésistant, non porteurs de la mutation du gène KRAS. Dans le second cas, la présence ou l’absence d’une mutation de KRAS a pu être déterminée chez 394 des 572 patients inclus dans l’étude initiale, qui a comparé le cétuximab aux soins de support (50). La SSP et la SG étaient toutes deux significativement améliorées par le cétuximab en l’absence de mutation de KRAS (médianes de 3,7 mois versus 1,9 mois [p < 0,001] et de 9,5 mois versus 4,8 mois [p < 0,001], respectivement), ce qui n’était pas le cas en présence de la mutation. Dans le bras contrôle non traité par cétuximab, les mutations du gène KRAS n’étaient pas associées à une moins bonne survie, ce qui traduit l’absence de valeur pronostique mais aussi la valeur prédictive de ces mutations par rapport à la réponse aux anticorps anti-EGFR. Une méta-analyse de ces différentes études (étude de C.S. Karapetis et al. [51] exclue) a évalué la sensibilité et la spécificité des mutations de KRAS pour la prédiction de la non-réponse aux anticorps antiEGFR à 47 % et 93 %, respectivement (52), ce qui en fait un facteur moléculaire hautement prédictif. ◆◆ Valeur prédictive des mutations du gène KRAS sur la réponse au cétuximab dans le cancer colorectal métastatique : résultats en première ligne L’intérêt des mutations de KRAS n’avait, jusqu’à présent, pas été démontré en première ligne métastatique. C’est désormais chose faite avec les résultats de l’analyse de KRAS des études CRYSTAL et OPUS, présentés en 2008 au congrès de l’ASCO. L’étude CRYSTAL est un essai randomisé international de phase III comparant en première ligne métastatique l’association FOLFIRI-cétuximab La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 | 59 dossier thématique Rétrospective 2008 Cancers digestifs (n = 599) au FOLFIRI seul (n = 599). Les résultats globaux montraient un taux de réponse et une SSP significativement meilleurs avec le traitement combiné. Une analyse du statut mutationnel de KRAS a été réalisée chez 577 patients, dont 540 évaluables (53). Parmi ces derniers, 192 (35,6 %) avaient une mutation intratumorale de KRAS. Les résultats montrent chez les patients non porteurs de la mutation un taux de réponse (59 % versus 43 % ; p = 0,0025) et une SSP médiane (9,9 mois versus 8,7 mois ; p = 0,017) significativement améliorés par l’ajout du cétuximab, ce qui n’était pas le cas pour les patients présentant une mutation de KRAS (taux de réponse : 36 % versus 40 %, p = 0,46 ; SSP médiane : 7,6 mois versus 8,1 mois, p = 0,47). Dans l’étude OPUS, essai randomisé de phase II, l’efficacité d’une chimiothérapie de type FOLFOX avec cétuximab est comparée à celle de cette même chimiothérapie sans cétixumab en première ligne métastatique. Les résultats globaux présentés au congrès 2007 de l’ASCO montraient l’absence de bénéfice en termes de SSP et de taux de réponse chez les patients traités par FOLFOX + cétuximab par rapport à ceux traités par FOLFOX seul. Le statut de KRAS a été analysé chez 233 des 337 patients inclus dans cette étude (54). Chez les patients dont la tumeur ne présentait pas de mutation de KRAS et qui recevaient du cétuximab, un bénéfice en termes de taux de réponse (61 % versus 37 % ; p = 0,01) et de SSP médiane (7,7 mois versus 7,2 mois ; p = 0,16) était observé, comparativement aux patients traités par FOLFOX seul. En revanche, chez les patients avec une mutation intratumorale de KRAS, l’ajout du cétuximab n’apportait aucun bénéfice par rapport à la chimiothérapie seule et pouvait même avoir un effet délétère, puisque la SSP médiane était de 5,5 mois avec la combinaison FOLFOX + cétuximab alors qu’elle était de 8,6 mois avec le FOLFOX seul (p = 0,0192). Le taux de réponse était également inférieur dans le bras recevant le traitement combiné (33 % versus 49 % ; p = 0,11). Ces deux analyses montrent l’intérêt, en termes de RO et de SSP, de l’ajout de cétuximab à une chimiothérapie de type FOLFIRI ou FOLFOX en première ligne de traitement du CCR métastatique chez les patients n’ayant pas de mutation du gène KRAS, mais également, à l’inverse, l’absence de bénéfice de cette thérapie ciblée en cas de mutation de KRAS. Depuis la présentation de ces résultats, le cétuximab a obtenu l’AMM en Europe en première ligne, en association avec une chimiothérapie à base d’irinotécan ou d’oxaliplatine, mais uniquement pour les patients sans mutation de KRAS. 60 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 Chirurgie des métastases Les résultats de l’étude de l’EORTC sur la chimiothérapie pré- et postopératoire chez les patients présentant des métastases hépatiques résécables ont été publiés, quelques mois après leur présentation, au congrès de l’ASCO (55). Les patients inclus pouvaient avoir entre 1 et 4 métastases hépatiques, sans maladie extrahépatique. Les patients ayant déjà reçu de l’oxaliplatine n’étaient pas éligibles. L’objectif principal de l’étude était la SSP. Au total, 364 patients ont été randomisés entre 6 cycles de FOLFOX-4 suivis d’une chirurgie des métastases et de 6 cycles de FOLFOX-4 en postopératoire, et la chirurgie d’emblée, sans chimiothérapie postopératoire. Soixante-dix-neuf pour cent des patients ont reçu les 6 cycles préopératoires. La tolérance est satisfaisante (8,2 % de diarrhée de grade 3, 2 % de neuropathie de grade 3, 18 % de neutropénie de grade 3-4). Le taux de réponse observé est de 43 % (une progression était observée chez 7 % des patients). Une résection hépatique a été pratiquée chez 151 des 159 patients du bras chimiothérapie préopératoire, et chez 152 des 182 patients du bras chirurgie seule. Il y a eu significativement plus de complications postopératoires chez les patients ayant reçu du FOLFOX-4 en néo-adjuvant (25 % versus 16 %). En postopératoire, 115 patients (63 %) ont reçu une chimiothérapie (70 % d’entre eux ont reçu les 6 cycles prévus). Avec un suivi médian de 3,9 ans, la SSP à 3 ans chez les patients éligibles est significativement supérieure dans le bras chimiothérapie (36,2 % versus 28,1 % ; HR = 0,77 ; IC95 : 0,6-1 ; p = 0,041). La différence est également significative si l’on ne considère que les patients ayant eu effectivement une résection (42,4 % versus 33,2 % ; HR = 0,73 ; p = 0,025). Ces résultats valident l’intérêt de la chimiothérapie pré- et postopératoire chez les patients présentant des métastases hépatiques résécables. L’essai de l’EORTC s’intéressait au rôle d’une stratégie complète de chimiothérapie, pré- et postopératoire. Or, l’intérêt de l’administration d’une chimiothérapie adjuvante à un patient ayant eu une résection de métastases n’est pas encore établi. Afin de tenter de répondre à cette question, une analyse poolée de deux grands essais randomisés (essai FFCD et essai EORTC) a été effectuée (56). Ces deux études comparaient la chirurgie seule à une chimiothérapie adjuvante par 5-FU-acide folinique. Prise séparément, aucune des deux études n’avait pu mettre en évidence de différence significative en termes de survie sans dossier thématique maladie, et chacune avait dû fermer prématurément en raison du faible nombre d’inclusions. L’analyse poolée de ces deux études montre un bénéfice à la limite de la significativité en faveur des bras avec chimiothérapie postopératoire : la médiane de SSP avec la chimiothérapie est de 27,9 mois, versus 18,8 mois dans les bras chirurgie seule (HR = 1,32 ; p = 0,058). Les survies globales respectives sont de 62,2 mois et de 47,3 mois (HR = 1,32 ; p = 0,95). En analyse multivariée, la chimiothérapie adjuvante est un facteur indépendant associé à la SSP et à la SG. Quoique le seuil de la significativité ne soit pas atteint, ­l’intérêt clinique de ce travail est important, compte tenu de la différence observée entre les médianes de survie, même avec une chimiothérapie ne comportant ni oxaliplatine, ni irinotécan, ni thérapies ciblées. L’échec des inclusions dans ces deux études, entre un traitement adjuvant et la chirurgie seule chez des patients non prétraités, montre bien la difficulté, voire l’impossibilité, à l’heure actuelle, de mener ce type d’étude. Inhibition du VEGF Les résultats définitifs de l’étude de phase III comparant en première ligne FOLFOX ou XELOX sans ou avec bévacizumab ont été publiés (57). L’objectif était d’évaluer le bénéfice en termes de SSP de l’ajout de bévacizumab à une bithérapie par XELOX ou FOLFOX, et de confirmer la non-infériorité du XELOX par rapport au FOLFOX-4. L’objectif principal de l’étude a été atteint, avec une augmentation significative de la SSP avec XELOX/FOLFOX-bévacizumab par rapport à XELOX/FOLFOX-placebo : de 8 mois dans le groupe placebo, elle passe à 9,4 mois dans le groupe bévacizumab (HR = 0,83 ; IC95 : 0,72-0,95 ; p = 0,0023). Avec une définition plus large de la SSP, qui prend en compte les patients ayant reçu l’un des traitements de l’étude dans les 28 jours précédant la progression ou le décès, la différence globale XELOXFOLFOX sans ou avec bévacizumab est encore plus importante : 10,4 mois, versus 7,9 mois. Les variations observées en fonction de la définition de la SSP s’expliquent sans doute par le fait que certains investigateurs de l’étude ont interrompu toute chimiothérapie (pour toxicité ou fatigue) malgré l’absence de progression, ce qui n’était pas le cas dans l’essai pivot évaluant l’association irinotécan + 5-FU bolus + acide folinique (IFL) avec ou sans bévacizumab. Cela suggère que la poursuite du bévacizumab jusqu’à progression est un élément important pour maximiser l’augmentation de la SSP. Les données de SG montrent une différence non significative en faveur de l’association chimiothérapie + bévacizumab (survie médiane de 21,3 mois) par rapport au bras chimiothérapie seule (survie médiane de 19,9 mois ; HR = 0,89 ; IC95 : 0,76-1,03 ; p = 0,077). L’étude TREE (58), déjà présentée à plusieurs reprises en congrès, s’est effectuée en deux temps : tout d’abord, comparaison en première ligne de 3 différents schémas d’administration de fluoropyrimidines et d’oxaliplatine (FOLFOX-6 modifié, 5-FU bolus-acide folinique-oxaliplatine [bFOL] et capécitabine-oxaliplatine [CapeOx]) [étude TREE-1], puis, avec l’arrivée du bévacizumab, comparaison des même schémas de chimiothérapie avec du bévacizumab dans chacun des bras (étude TREE-2). Cent cinquante patients ont été randomisés dans TREE-1 et 223 patients dans TREE-2. Les principaux résultats à retenir sont les suivants : ➤➤ L’association FOLFOX-6 modifié donne les plus forts taux de réponse, que ce soit dans TREE-1 ou TREE-2 (41 % et 52 %), et le plus long TTP dans la cohorte TREE-1 (8,7 mois). ➤➤ La SG médiane de l’ensemble des patients de TREE-1 (sans bévacizumab) est inférieure à celle des patients de TREE-2 (avec bévacizumab) : respectivement, 18,2 mois et 23,7 mois. Cet allongement de la survie sous bévacizumab se retrouve dans chacun des bras avec bévacizumab. ➤➤ Dans TREE-1, la proportion de patients ayant eu une toxicité de grade 3 ou 4 était plus importante avec le FOLFOX-6 modifié qu’avec bFOL, mais plus faible que dans le bras capécitabine (FOLFOX : 59 %, bFOL : 36 %, CapeOx : 67 %). Avec le bévacizumab, la proportion est assez similaire : respectivement, 65 %, 60 % et 58 %. Le fait de réduire les doses de capécitabine entre TREE-1 et TREE-2 a permis de réduire l’incidence des diarrhées. En deuxième ligne, une étude portant sur 447 patients ayant préalablement reçu un traitement par fluoropyrimidine a comparé l’irinotécan seul à l’association irinotécan-oxaliplatine (59). La SG a été significativement supérieure dans le bras irinotécan-oxaliplatine (13,4 mois versus 11,1 mois ; p = 0,0072). Le taux de réponse a été de 22 % versus 7 % (p < 0,0001) en faveur du bras irinotécan-oxaliplatine. Davantage de neutropénies et de diarrhées ont été rapportées dans le bras bithérapie. Les résultats définitifs de l’étude QUASAR ont été publiés dans le Lancet (60). Il s’agit de l’une des plus vastes études portant sur la chimiothérapie La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 | 61 dossier thématique Rétrospective 2008 Cancers digestifs adjuvante chez les patients ayant un CCR de stade II. Entre 1994 et 2003, 3 239 patients ont été randomisés entre une chimiothérapie adjuvante (5-FU et acide folinique selon plusieurs schémas possibles, avec fortes ou faibles doses d’acide folinique, parfois avec lévamisole, jusqu’en 1997 ; puis, après 1997, 5-FU et acide folinique seulement) et l’observation seule. La difficulté d’interprétation de cette étude tient au fait que des traitements différents ont pu être utilisés, et que les patients inclus étaient hétérogènes, pouvant avoir eu un cancer du côlon ou du rectum, avec ou sans atteinte ganglionnaire (29 % de cancers du rectum dans chaque groupe, 8 % de stade III dans chaque groupe). Globalement, en prenant en compte l’ensemble des patients, le temps de suivi médian étant de 5,5 ans, une réduction significative du risque de récidive a été observée en faveur du bras chimiothérapie, avec une réduction du risque de rechute de 22 % (HR = 0,78 ; IC95 : 0,670,91 ; p = 0,001). Il y a également une différence en termes de SG, avec un HR de 0,82 (p = 0,008). Si l’on s’intéresse uniquement aux cancers du côlon de stade II, le bénéfice n’est pas statistiquement significatif. Comme le soulignent les auteurs, si l’on considère que la mortalité à 5 ans des patients ayant un CCR de stade II est de 20 %, l’avantage absolu en survie n’est que de 3,6 %. Malheureusement, compte tenu du faible nombre de pièces opératoires disponibles, une analyse de la sous-population des patients à haut risque n’a pas été possible. ■ Références bibliographiques 1. Herrmann R, Bodoky G, Ruhstaller T et al. Swiss Group for Clinical Cancer Research; Central European Cooperative Oncology Group. Gemcitabine plus capecitabine compared with gemcitabine alone in advanced pancreatic cancer: a randomized, multicenter, phase III trial of the Swiss Group for Clinical Cancer Research and the Central European Cooperative Oncology Group. J Clin Oncol 2007;25(16):2212-7. 2. 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