ONCO-PNEUMOLOGIE Le cancer bronchopulmonaire en France : quels changements en 10 ans ? Lung cancer in France: what changes in 10 years? C. Locher*, D. Debieuvre**, G. Leveiller***, J.Y. Le Tinier****, C. Bernier*****, F. Blanchon*, M. Grivaux* L e cancer bronchopulmonaire (CBP) reste le cancer le plus fréquemment diagnostiqué au monde chez les hommes et le quatrième chez les femmes. Il est la première cause de décès par cancer chez les hommes, et la deuxième chez les femmes (1). En France, en 10 ans, son incidence a augmenté, passant de 28 000 (2) à 39 500 nouveaux cas par an (3). Dans le même temps, le tabagisme a diminué dans la population française (4). Par ailleurs, le diagnostic du CBP s’est amélioré grâce à l’utilisation en routine de la TEP-TDM (tomographie par émission de positons − tomodensitométrie) et le développement de méthodes de biologie moléculaire et d’immuno­histochimie, qui permettent de détecter des mutations et d’améliorer la caractérisation des tumeurs. De plus, le traitement du CBP a évolué avec l’apparition des thérapies ciblées et de nouvelles stratégies thérapeutiques comme la maintenance. Enfin, depuis 2010, les pneumologues utilisent la 7e édition de la classification TNM. Afin d’évaluer l’impact de ces changements sur la mortalité, les caractéristiques des patients, celles du CBP et de sa prise en charge, le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) a mené l’étude KBP-2010-CPHG (5). Matériel et méthodes KBP-2010-CPHG est une étude prospective multicentrique observationnelle (6). Son objectif principal est d’estimer la mortalité à 5 ans des patients ayant un CBP. Ses objectifs secondaires sont de décrire les caractéristiques des patients, des tumeurs, leur Tableau I. Patients : comparaison KBP-2000-CPHG et KBP-2010-CPHG. 2000 (n = 5 667) 2010 (n = 7 051) p Âge (ans) Moyenne ± ET n (%) ≤ 50 51-60 61-70 71-80 > 80 n = 5 664 64,3 ± 11,5 n = 7 051 65,5 ± 11,3 783 (13,8) 1 270 (22,4) 1 743 (30,8) 1 530 (27,0) 338 (6,0) 615 (8,7) 1 899 (26,9) 2 066 (29,3) 1 732 (24,6) 739 (10,5) Sexe, n (%) Hommes Femmes n = 5 667 4 763 (84,0) 904 (16,0) n = 7051 5 340 (75,7) 1711 (24,3) < 0,0001 n = 5 586 402 (7,2) 2 253 (40,3) 2 931 (52,5) n = 7 008 762 (10,9) 2 795 (39,9) 3 451 (49,2) < 0,0001 n = 5112 44,4 ± 21,4 n = 4 926 37,3 ± 11,5 n = 5 945 43,0 ± 21,4 n = 5 268 37,5 ± 11,6 0,0006 n = 2 177 11,3 ± 9,8 n = 2 647 14,8 ± 11,6 < 0,0001 26,8 % 37,7 % 17,8 % 14,4 % 3,3 % 27,3 % 41,6 % 18,4 % 9,9 % 2,8 % < 0,0001 Tabagisme Statut tabagique, n (%) Non-fumeurs Ex-fumeurs Fumeurs actifs Fumeurs actifs et ex-fumeurs Nombre de paquets-an Moyenne ± ET Durée du tabagisme (ans) Moyenne ± ET Ex-fumeurs Durée de l’arrêt (ans) Moyenne ± ET Performance status 0 1 2 3 4 < 0,0001 < 0,0001 0,43 * Service de pneumologie, hôpital de Meaux. ** Service de pneumologie, hôpital général, Mulhouse. *** Service de pneumologie, hôpital de Saint-Brieuc. **** Service de pneumologie, centre médical de Bligny, Briis-sous-Forges. ***** Service de pneumologie, hôpital de Dinan. La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 5 - septembre-octobre 2013 | 189 LPN5 septembre-octobre 2013.indd 189 25/10/13 09:48 Mots-clés Adénocarcinome Cancer bronchopulmonaire Épidémiologie Mortalité Highlights »» The KBP-2010-CPHG prospective observational study was conducted on 7,051 patients in the respiratory departments of 104 French general hospitals. »» The study showed that the characteristics of the primary lung cancer have changed in 10 years, with increases notably in patient age, and the percentages of women, non-smokers, adenocarcinoma and stage IV tumours. »» The increase in the number of adenocarcinomas was independent of sex, age and smoking status, confirming changes in lung cancer histology. »» The study also showed improved 1-year survival, mainly in non-small-cell lung cancer. Keywords Adenocarcinoma Epidemiology Lung cancer Mortality Points forts »» L’étude KBP-2010-CPHG est une étude prospective observationnelle conduite sur 7 051 patients dans 104 services de pneumologie des hôpitaux généraux français. »» Elle montre qu’en 10 ans les caractéristiques du cancer bronchopulmonaire (CBP) primitif ont changé, avec principalement une augmentation de l’âge des patients, de la proportion des femmes, des non-fumeurs, des adénocarcinomes et des tumeurs de stade IV. »» L’augmentation des adénocarcinomes est indépendante du sexe, de l’âge et du statut tabagique, confirmant l’évolution histologique du CBP. »» Il existe également une amélioration de la survie à 1 an, essentiellement dans les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC). prise en charge diagnostique et thérapeutique et de comparer ces caractéristiques à celles d’une étude similaire réalisée en 2000, KBP-2000-CPHG (7). La survie à 1, 4 et 5 ans sera également évaluée et comparée à celle rapportée en 2000. Tous les pneumologues membres du CPHG ont été contactés par courrier afin d’être investigateurs pour l’étude. Ils devaient inclure consécutivement tous les patients consentants (accord oral), âgés de plus de 18 ans, avec un CBP primitif diagnostiqué histologiquement ou cytologiquement entre le 1er janvier et le 31 décembre 2010 et suivis dans le centre investigateur. Pour chaque patient inclus, un questionnaire anonyme était rempli, comprenant des questions sur les caractéristiques du patient, de sa tumeur et de sa prise en charge thérapeutique. Le statut vital du patient à 1 an était recherché en interrogeant l’investigateur ou la mairie de naissance du patient. Résultats En 2010, 119 centres ont accepté de participer à l’étude et ont inclus 7 610 patients. Quinze centres et 559 patients (7,3 %) ont été exclus en raison de déviations majeures ou d’un manque d’exhaustivité dans les inclusions. Finalement, l’analyse a été Tableau II. Tumeurs : comparaison KBP-2000-CPHG et KBP-2010-CPHG. 2000 (n = 5 667) 2010 (n = 7 051) p Histologie*, n (%) Cancer à petites cellules Carcinome épidermoïde Adénocarcinome Carcinome à grandes cellules Bronchiolo-alvéolaire Autre Combinaison de plusieurs types n = 5 650 930 (16,5) 2 193 (38,8) 1 640 (29,0) 667 (11,8) 44 (0,8) 88 (1,6) 88 (1,6) n = 7 051 950 (13,5) 1 852 (26,3) 3 199 (45,4) 754 (10,7) 59 (0,8) 148 (2,1) 89 (1,3) < 0,0001 Stade**, n (%) 0 IA IB IIA IIB IIIA IIIB IV n = 4 411*** 22 (0,5) 210 (4,8) 432 (9,8) 35 (0,8) 311 (7,1) 623 (14,1) 899 (20,4) 1 879 (42,6) n = 6 046**** 11 (0,2) 355 (5,9) 252 (4,2) 253 (4,2) 230 (3,8) 846 (14,0) 574 (9,5) 3 524 (58,3) < 0,0001 * 1 seule variable ; ** cancer bronchopulmonaire non à petites cellules uniquement ; *** TNM 6e édition ; **** TNM 7e édition. effectuée sur 7 051 patients issus de 104 centres. Les principales caractéristiques des patients et de leurs tumeurs sont présentées dans les tableaux I p. 189, II et III. Elles sont comparées à celles de 2000. La survie à 1 an était de 43,6 % en 2010 versus 38,2 % en 2000 (figure 1, tableau IV p. 193). Discussion La comparaison des résultats des 2 études KBP2000-CPHG et KBP-2010-CPHG montre que, en 10 ans, la proportion de femmes et de non-fumeurs a augmenté chez les patients ayant un CBP primitif, que l’adénocarcinome est devenu le type histologique le plus fréquent, que l’âge des patients au moment du diagnostic a augmenté et que le CBP continue à être diagnostiqué tardivement à un stade avancé. La conception similaire des 2 études KBP2000-CPHG et KBP-2010-CPHG, la taille et la composition des 2 cohortes ont permis de faire une description et une comparaison représentatives du CBP en France. Dans les centres hospitaliers généraux (CHG), environ 200 services de pneumologie prennent en charge les CBP. Dans les études de 2000 et de 2010, environ la moitié des services de pneumologie des CHG ont inclus près de 20 % des nouveaux cas de CBP diagnostiqués en France et plus de la moitié des nouveaux cas diagnostiqués et suivis dans les CHG (7, 8). La répartition géographique des centres participants (figure 2, p. 192) suggère que le recrutement était représentatif des services de pneumologie des CHG sur l’ensemble du territoire français. L’exhaustivité des inclusions et de la collecte des données a été vérifiée par le comité de pilotage de l’étude. Le schéma de l’étude permettait d’assurer une collecte des données de bonne qualité, avec un seul formulaire à remplir au moment du diagnostic, et un nombre de questions limité. La qualité de la collecte des données a été renforcée par l’expérience des enquêteurs, puisque 80 centres ont participé aux 2 études. Les patients avec un CBP étaient en moyenne plus âgés en 2010 qu’en 2000, avec un âge moyen au moment du diagnostic de 65,5 versus 64,3 ans respectivement (p < 0,0001). Cette évolution est 190 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 5 - septembre-octobre 2013 LPN5 septembre-octobre 2013.indd 190 25/10/13 09:48 ONCO-PNEUMOLOGIE due à la fois à une plus faible proportion de patients jeunes (≤ 50 ans : 8,7 versus 13,8 %, respectivement) et à une proportion plus élevée de patients très âgés (> 80 ans : 10,5 versus 6 %, respectivement). L’augmentation du nombre de patients âgés s’explique en partie par l’augmentation de l’espérance de vie, mais aussi par une plus grande prise en charge des patients âgés, qui sont de plus en plus demandeurs de diagnostic, de soins et de traitements. La proportion de femmes suivies pour un CBP est passée de 16,0 % en 2000 à 24,3 % en 2010 (p < 0,0001), confirmant une tendance observée depuis plusieurs années en France, en Europe, et dans la plupart des pays dans le monde (9-11). En France, depuis les années 1990, l’incidence du CBP s’est stabilisée chez les hommes (taux mondial standard : 52 pour 100 000 personnes-années) alors qu’elle a presque doublé chez les femmes (9,7 pour 100 000 personnes-années en 2000 versus 17,8 en 2010) [4, 12]. Cette différence est probablement liée à l’évolution différente du tabagisme chez les hommes et les femmes. Chez les hommes, le tabagisme diminue depuis 1995, alors que chez les femmes, il n’a commencé à diminuer que depuis 2005 (13). Cependant, le vieillissement de la population et la plus grande espérance de vie des femmes par rapport aux hommes peuvent aussi contribuer à cette augmentation de la proportion de femmes atteintes de CBP. Le pourcentage de personnes n’ayant jamais fumé est passé de 7,2 % en 2000 à 10,9 % en 2010 (p < 0,0001). En fait, ces chiffres reflètent principalement une augmentation du pourcentage d’hommes non fumeurs (4,7 % en 2010 versus 2,5 % en 2000, p < 0,0001) alors que le pourcentage de femmes non fumeuses est stable (34,2 % en 2010 versus 36,1 % en 2000, p = 0,32). Le tabagisme reste la première cause de CBP : quelqu’un qui a fumé toute sa vie a un risque de CBP au moins 20 fois supérieur à une personne qui n’a jamais fumé (14). Cependant, dans la littérature, le CBP du non-fumeur est évalué à 10 % à 25 % des CBP (15) et est aujourd’hui considéré comme une entité en soi. Il prédomine chez les femmes et se présente généralement sous la forme d’un adénocarcinome. Plusieurs facteurs seraient incriminés dans cette augmentation : le tabagisme passif, les facteurs environnementaux tels que l’exposition au radon dans les pays industrialisés, la pollution intérieure due à la combustion du charbon, de la biomasse ou des fumées d’huile de cuisson dans les pays pauvres, l’exposition professionnelle à l’amiante, l’arsenic, la silice ou les pesticides, l’exposition à la pollution extérieure (notamment Tableau III. Risque d’adénocarcinome chez les patients avec un cancer bronchopulmonaire non à petites cellules. Risque relatif IC95 p Modèle univarié KBP-2000-CPHG KBP-2010-CPHG 1 2,07 (1,92-2,24) < 0,0001 Modèle multivarié* KBP-2000-CPHG KBP-2010-CPHG 1 2,06 (1,90-2,23) < 0,0001 * Ajustement sur l’âge, le sexe et le tabagisme. Cohorte KBP-2000-CPHG (n = 5 667) Cohorte KBP-2010-CPHG (n = 7 051) Perdus de vue (n = 100) [1,8 %] Statut vital connu à 1 an (n = 5 567) [98,2 %] Perdus de vue (n = 70) [1,0 %] Statut vital connu à 1 an (n = 6 981) [99,0 %] Décédés avant 1 an (61,8 %) Vivants à 1 an (38,2 %) Décédés avant 1 an (56,4 %) Vivants à 1 an (43,6 %) Figure 1. Survie à 1 an. les microparticules des gaz d’échappement des véhicules à moteur Diesel classés parmi les carcinogènes par l’Organisation mondiale de la santé [OMS] en 2012), et les maladies pulmonaires préexistantes comme la tuberculose ou l’emphysème, avec ou sans maladie pulmonaire obstructive chronique associée. Les facteurs liés à l’alimentation, tels que l’obésité, ou, inversement, l’action protectrice des fruits et des légumes ont également été mentionnés. Dans la présente étude, 158 des 762 patients n’ayant jamais fumé (20,7 %) ont déclaré avoir été exposés à un tabagisme passif. Le diagnostic du CBP demeure tardif. Le taux de tumeurs de stade IV est passé de 42,6 % en 2000 à 58,3 % en 2010. Cependant, cette augmentation est probablement, en partie, le résultat de plusieurs biais. En effet, dans la nouvelle classification TNM (7e édition) des CBP mise en place en 2010, les atteintes pleurales et péricardiques sont classées M1a, et donc stade IV, alors qu’elles étaient classées T4, et donc stade IIIB, dans l’édition précédente utilisée en 2000. En outre, le TEP-TDM, désormais utilisé en routine, améliore la détection des métastases. Des recommandations françaises sur son utilisation ont d’ailleurs été publiées entre 2000 et 2010 (16). En outre, les changements des caractéristiques histologiques La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 5 - septembre-octobre 2013 | 191 LPN5 septembre-octobre 2013.indd 191 25/10/13 09:48 ONCO-PNEUMOLOGIE Le cancer bronchopulmonaire en France : quels changements en 10 ans ? Figure 2. Répartition géographique des centres d’études. du CBP peuvent entraîner une apparition plus tardive des premiers symptômes et une évolution plus rapide de la tumeur liée à une plus grande agressivité de la maladie. Enfin, la répartition géographique inégale des médecins, rapportée au cours des dernières années en France, a peut-être conduit à retarder certains diagnostics. Le changement le plus remarquable constaté entre 2000 et 2010 est l’augmentation du pourcentage d’adénocarcinomes (29,0 versus 45,4 %, respectivement, p < 0,0001), comparativement aux carcinomes épidermoïdes (38,8 versus 26,3 %). Cette évolution histologique du CBP a déjà été rapportée dans plusieurs pays (9, 11, 17). L’adénocarcinome est la forme histologique la plus fréquente chez les femmes, qu’elles aient fumé ou non, et chez les hommes n’ayant jamais fumé (18). Cependant, l’augmentation du pourcentage d’adénocarcinomes entre 2000 et 2010 n’est pas seulement due à l’augmentation de la proportion de femmes et d’hommes n’ayant jamais fumé. En effet, il existe une augmen- tation du risque d’adénocarcinome indépendamment du sexe, du statut tabagique ou de l’âge (OR = 2,06 [1,90 à 2,23], p < 0,0001) [tableau III, p. 191]. D’autres facteurs sont donc impliqués dans cette évolution de l’histologie. Certains auteurs mettent en cause des changements dans la fabrication des cigarettes (utilisation de filtres et changements de composition) et donc dans la fumée inhalée : le taux de nicotine et de goudron a diminué alors que les concentrations en composés nitrés ont augmenté. La diminution de la teneur en nicotine peut conduire le fumeur à inhaler plus profondément, ce qui augmente l’exposition du poumon périphérique aux oncogènes et donc l’apparition préférentielle d’adéno­carcinomes. La réduction de la consommation de cigarettes, observée chez les fumeurs et ex-fumeurs en 10 ans, et l’augmentation de l’intervalle entre le sevrage tabagique et l’apparition du CBP suggèrent que d’autres oncogènes ayant un temps d’action plus long peuvent également être impliqués. La baisse de l’âge à la première cigarette 192 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 5 - septembre-octobre 2013 LPN5 septembre-octobre 2013.indd 192 25/10/13 09:48 ONCO-PNEUMOLOGIE (surtout chez les femmes) peut également jouer un rôle. Enfin, l’utilisation de marqueurs immunohistochimiques plus spécifiques (TTF1, P63, CK5-6) par les pathologistes pourrait participer à l’augmentation du pourcentage d’adénocarcinomes en 2010 (19, 20). L’autre résultat marquant de cette comparaison est l’amélioration de la survie à 1 an, qui est passée de façon significative de 38,2 % en 2000 à 43,6 % en 2010 (p < 0,01) [tableau IV]. Cette amélioration ne concerne que les CBNPC. On pourrait conclure un peu rapidement qu’elle est liée à une meilleure prise en charge thérapeutique des patients ; cependant, elle peut également être le résultat des modifications des caractéristiques épidémiologiques des patients et de leurs tumeurs. Des analyses statistiques complémentaires sont en cours pour assurer une interprétation correcte de ce résultat. Par ailleurs, il sera intéressant de vérifier si cette amélioration de la survie des patients atteints de CBP se confirme avec l’analyse de la survie à 4 et à 5 ans planifiée dans l’étude. Conclusion Au cours des 10 dernières années, en France, le profil du CBP a évolué avec un plus grand nombre d’adénocarcinomes, de femmes, de non-fumeurs, Tableau IV. Survie à 1 an en fonction du type de cancer. 2000 2010 p Tous cancers 38,2 43,6 < 0,01 Cancers à petites cellules 33,1 35,8 0,44 Cancers non à petites cellules 39,3 44,8 < 0,01 de tumeurs de stade IV et des patients plus âgés. L’augmentation du risque d’adénocarcinome est indépendante du sexe, de l’âge et du statut tabagique des patients. Ces résultats confirment l’intérêt du ciblage des femmes dans les campagnes antitabac, de la recherche de nouvelles substances oncogènes et du débat autour du dépistage du CBP. La survie à 1 an des patients atteints de CBP s’est améliorée, mais ce résultat doit être interprété avec prudence et nécessite des analyses statistiques complémentaires pour en déterminer les causes. ■ Liens d’intérêts Cette étude a été promue par le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) avec l’aide du fonds de dotation de recherche en santé respiratoire. Elle a été financée par AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Chugai, GlaxoSmithKline, Lilly France, Pierre Fabre Oncologie, Pfizer, Pneumologie Développement, Roche et Sanofi-Aventis. Les sponsors de l’étude n’ont pas été impliqués dans la conception de l’étude, la collecte de données, l’analyse des données, l’interprétation des données, la rédaction de rapports, ou la décision de soumettre pour publication. Les auteurs n’ont pas de relation financière et personnelle avec d’autres personnes ou organisations qui pourraient biaiser ce travail. Remerciements Les auteurs tiennent à remercier tous les membres du comité scientifique et tous les pneumo­ logues qui ont activement participé à cette étude. Ils remercient également Margaux Orange et Fabienne Péretz pour leur aide dans la gestion de l’étude et la prépa­ration de cet article. Références bibliographiques 1. Jemal A, Bray F, Center M, Ferlay J, Ward E, Forman D. Global cancer statistics. CA Cancer J Clin 2011;61(2):69-90. 2. Molinié F, Velten M, Remontet L, Bercelli P, et le réseau FRANCIM. Évolution de l’incidence du cancer bronchopulmonaire en France (1978-2000). Rev Mal Respir 2006;23(2 Pt 1):127-34. 3. 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