FACTORISATIONS POLYNOMIALES ÉLÉMENTAIRES POUR LES ÉLÈVES DE 1ERE ANNÉE Factoriser signifie (en mathèmatiques) écrire sous la forme d’un produit (non trivial) de facteurs. Évidemment, on peut toujours écrire a = 1 · a, mais une telle factorisation est appellée triviale, 1 étant l’élément neutre multiplicatif. Exemples de factorisations. 1) d’un nombre naturel : 120 = 23 · 3 · 5 appelée aussi, décomposition d’un entier en un produit de facteurs premiers. 2) a2 − b2 = (a − b)(a + b) appelée par certains identité no 3 Nous allons nous intéresser dans cette note à la factorisation de polynômes et plus spécifiquement à des méthodes de factorisations de base. Méthode 1. La mise en évidence Certainement la plus ’évidente’ de toutes les méthodes de factorisations, elle n’est autre qu’une application de la propriété fondamentale a·b+a·c = a·(b+c), appelée distributivité de la multiplication sur l’addition. Dans les cas simples, elle ne consiste qu’à identifier l’existence d’un facteur présent dans chaque terme d’une sommes ou d’une différence. Parfois, le facteur contenu dans chaque terme est toute une expression algébrique, qui n’apparaît qu’après avoir déjà effectué une première mise en évidence. On pourrait appeler une telle situation une mise en évidence de niveau 2. Exemples. 1) 2x3 − 6x2 + 5x − 15 = 2x2 (x − 3) + 5(x − 3) = (2x2 + 5)(x − 3) 2) Il peut être nécessaire de regrouper les termes différemment (en utilisant la commutativité de l’addition) pour obtenir le résultat souhaité : x3 + 7x2 + x + 7 = x3 + x + 7x2 + 7 · 1 = x(x2 + 1) + 7(x2 + 1) = (x + 7)(x2 + 1) Méthode 2. La formule du binôme Autres factorisations quasiment immédiates, celles provenant de la formule du binôme : (a + b)2 = a2 + 2ab + b2 (a − b)2 = a2 − 2ab + b2 (a + b)3 = a3 + 3a2 b + 3ab2 + b3 (a − b)3 = a3 − 3a2 b + 3ab2 − b3 Exemples. 1) x4 + x2 + 0, 25 = (x2 + 0, 5)2 2) En combinant méthode 1 et 2 : 2x3 − 28x2 + 98x = 2x(x2 − 14x + 49) = 2x(x − 7)2 Méthode 3. Identité 3 ou "la différence de deux carrés" Certainement la plus efficace de toutes les méthodes de factorisations ! On peut l’abréger par A2 − B 2 = (A − B)(A + B). Le véritable enjeu consiste à identifier (ou construire parfois par des artifices comme nous verrons par la suite) les termes A et B. Exemples. 1) Direct x4 − 16 = (x2 − 4)(x2 + 4) = (x − 2)(x + 2)(x2 + 4) 2) En combinant les méthodes 1 et 3 : 3x4 −27x2 +5x2 −45 = 3x2 (x2 −9)+5(x2 −9) = (x2 −9)(3x2 +5) = (x−3)(x+3)(3x2 +5) 1 2 FACTORISATIONS POLYNOMIALES ÉLÉMENTAIRES POUR LES ÉLÈVES DE 1ERE ANNÉE Méthode 4. La complétion du carré Cette dernière n’est autre qu’une combinaison des deux (voire trois) précédentes, l’objectif à garder en tête étant d’arriver à écrire sous la forme d’une différence de deux carrés, en utilisant l’astuce suivante : ajouter et soustraire (voire multiplier et diviser par) une expression auxiliaire. Exemples. 1) x2 + 6x2 + 8 = x2 + 6x+9 − 9 + 8 = (x + 3)2 − 1 = (x + 3)2 − 12 = (x + 3 − 1)(x + 3 + 1) = (x + 2)(x + 4) (que l’on peut aisément obtenir par l’identité √ 24) 2 2 2 2 2 2) En revanche x −8x −11 √ = x −8x+16 − 16−11 = (x−4) −27 = (x−4) −( 27) = √ (x − 4 − 27)(x − 43 + 27) ∈ R[x] ne peut être obtenu avec l’identité 4 ! 3) En combinant les méthodes 1, 2 et 3 : première astuce consiste à multiplier et à diviser par 4 afin que le terme central soit pair pour éviter d’avoir trop de fractions 1 1 1 x2 − 3x + 1 = (4x2 − 12x + 4) = (4x2 − 12x+9 − 9 + 4) = ((2x − 3)2 − 5) 4 4 4 √ √ √ 1 1 = ((2x − 3)2 − ( 5)2 ) = (2x − 3 − 5)(2x − 3 + 5) ∈ R[x] 4 4 4) Toujours en combinant les méthodes 1, 2 et 3 mais en commençant par multiplier et diviser le tout par 2 afin que le premier terme soit un carré ! 1 1 25 25 1 5 2 25 56 2 2 2x + 5x − 7 = (4x + 10x − 14) = 4x + 10x+ − − 14 = 2x + − − 2 2 4 4 2 2 4 4 ! 2 9 1 5 9 5 9 1 1 5 2 − = 2x + − 2x + + = (2x + 2)(2x + 7) = (x + 1)(2x + 7) = 2x + 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 5) Exemple célèbre de l’histoire des mathématiques (Leibniz, Bernoulli, Euler et Germain) x4 + 4 = (x4 + 4x2 + 4)−4x2 = (x2 + 2)2 − (2x)2 = (x2 + 2 − 2x)(x2 + 2 + 2x) Méthode 5. La complétion du rectangle Elle consiste à essayer d’écrire sous la forme d’un produit de deux polynômes de degré 1. Exemple d’utilisation. Déterminer les solutions entières de l’équation : xy − 4x + 12y = 53 xy − 4x + 12y = 53 ⇔ (x + 12)(y − 4) + 48 = 53 ⇔ (x + 12)(y − 4) = 5 Or, les diviseurs de 5 sont ±1 et ±5 d’où x1 = −11, y1 = 9, x2 = −13, y2 = −1, x3 = −7, y3 = 5 et x4 = −17, y4 = 3 Exercice. Quels sont tous les triangles pythagoriciens dont l’aire = le périmètre ? Remarque. Il aurait été de rigueur d’indiquer d’entrée dans cette note que la factorisation n’a de sens que si l’on indique clairement la structure algébrique dans laquelle on travaille ! Exemple. x4 − 4 = (x2 − 2)(x2 + 2) si on regarde le polyômes dans Z[x]. Cependant, si on le regarde dans √ R[x], alors √ x4 − 4 = (x2 − 2)(x2 + 2) = (x − 2)(x + 2)(x2 + 2) et si on le considère dans C[x], alors √ √ √ √ √ √ x4 − 4 = (x2 − 2)(x2 + 2) = (x − 2)(x + 2)(x2 + 2) = (x − 2)(x + 2)(x − 2i)(x + 2i) Recommandation. Si aucune indication est donnée alors factoriser dans le domaine en question. Si l’on indique factorise au maximum, il est sous entendu alors que l’on travaille dans R[x]. E-mail address: [email protected]