DOSSIER THÉMATIQUE Progestatifs et cancer du sein Contraception progestative après cancer du sein ? Progestin-only contraception in breast cancer survivors? G. Boutet*, A. Lesur** A * Cabinet de gynécologie, 28, rue de Norvège, 17000 La Rochelle. ** Centre Alexis-Vautrin, avenue de Bourgogne-Brabois, 54511 Vandœuvrelès-Nancy. vec 49 814 nouveaux cas estimés en 2005 en France, les cancers du sein infiltrants représentent 36,7 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancer chez la femme. Les cancers du sein in situ sont exclus des analyses et représentent 5 à 15 % de l’ensemble des cancers du sein (1). Le taux d’incidence standardisée a presque doublé, passant de 56,8 en 1980 à 101,5 en 2005, selon les dernières données publiées le 30 janvier 2008. Le taux d’évolution, en moyenne de + 2,4 % par an entre 1980 et 2005, est cependant légèrement moins important sur la dernière période, entre 2000 et 2005 (+ 2,1 % par an) [2, 3]. Pour s’en tenir au groupe d’âge de 15 à 39 ans, cette incidence annuelle cumulée peut être évaluée à 2 388, nombre auquel il faut ajouter 8 211 pour la tranche d’âge 40 à 49 ans. On peut donc considérer que plus de 10 000 nouvelles femmes par an sont, au moins théoriquement, confrontées au problème de la contraception après traitement d’un cancer du sein. Comme le risque cumulé 0-74 ans est passé de 8,68 à 12,14 % des femmes nées en 1935 à celles nées en 1950 (2), même si la tendance devait s’infléchir, la question est donc d’importance. Soulignons en préambule que si l’on considère qu’environ une femme de moins de 40 ans sur 200 développera un cancer du sein (4), l’envers de la question contraceptive est celle du désir d’enfant. Il appartient donc au praticien de permettre à chaque femme consultant pour un désir de contraception après cancer du sein d’exprimer aussi un possible désir d’enfant (1) et de répondre de façon adaptée à ses interrogations en sachant que 15 % des femmes de 35 ans, qui ont bénéficié d’une chimiothérapie comportant un alkylant, sont (1) L’Association francophone de l’après-cancer du sein (AFACS : http:// www.afacs.fr) fait actuellement une enquête auprès des femmes ayant eu un cancer du sein et ayant été enceintes et met à cet effet à la disposition des patientes un numéro vert : 0800 770 736. 26 | La Lettre du Sénologue • n° 41 - juillet-août-septembre 2008 ménopausée à un an, 40 % des femmes de 40 ans et 75 % des femmes de 45 ans (5). Le risque de défaillance ovarienne prématurée chimio-induite dépend de la molécule, les alkylants comme le cyclophosphamide étant très gonadotoxiques, de l’âge de la patiente au moment où elle reçoit la chimiothérapie, de la dose reçue, des modalités et de la durée du traitement. La question de la contraception après cancer du sein se pose donc surtout chez les femmes de moins de 40 ans qui ont échappé à une défaillance ovarienne prématurée chimio-induite, qu’elles soient ou non en aménorrhée non ménopausique sous tamoxifène (TAM). La culture médicale française a longtemps considéré les progestatifs comme ayant des actions globalement bénéfiques sur la glande mammaire (6), conception d’ailleurs partagée par les femmes françaises et qui n’a réellement été remise en cause qu’après la publication des essais randomisés américains sur le traitement hormonal de la ménopause. C’est dire que jusqu’aux années 2000, prescrire une contraception progestative “à la française”, c’est-à-dire par un progestatif antigonadotrope à une femme après cancer du sein n’était pas de pratique exceptionnelle, y compris dans certains Centres de lutte contre le cancer, tout particulièrement si la patiente avait des mastodynies controlatérales et/ou des troubles menstruels. La réévaluation de toutes nos prescriptions dans le souci de présenter à nos patientes des informations à la fois claires, actualisées et validées réinterroge de façon critique cette conduite. Contraception progestative pure La contraception progestative pure se présente en France sous plusieurs formes. La contraception progestative pure orale peut être assurée par ce Mots-clés Cancer du sein Contraception Progestatif qu’il est convenu d’appeler micropilule (Cérazette®, Microval®, Milligynon®, l’Ogyline® étant en voie d’être retirée du marché). La contraception dite “macroprogestative” consiste à prendre, usuellement 21 jours sur 28 ou du 5e au 25e jour du cycle, un norstéroïde, le lynestrénol (Orgamétril®), un norprégnane (Lutényl 5® , Surgestone 0,500®), un dérivé 17 OH progestérone (Lutéran 10®), à la dose considérée consensuellement en France comme contraceptive (7). Sont également des contraceptions progestatives pures le dispositif intra-utérin au lévonorgestrel (DIU LNG [Mirena®]) et l’implant contraceptif à l’étonogestrel (Implanon®). Enfin et de façon plus confidentielle en France, habituellement réservée à des cas particuliers, notamment en milieu psychiatrique, la contraception injectable IM trimestrielle par 150 mg d’acétate de médroxyprogestérone retard (AMPR [Dépo-Provera®]). Parmi ces produits, seuls les micropilules, le DIU LNG, l’implant, le lynestrénol (en deuxième intention chez les femmes présentant une contre-indication à la contraception estroprogestative) et l’AMPR sont titulaires dans leur AMM de l’indication contraception. Contraception progestative pure après cancer du sein : bénéfique, néfaste ou neutre ? Données fondamentales S’il existe désormais une importante littérature qui analyse le risque de cancer du sein sous traitement progestatif, avant ou après la ménopause, comme le documente l’article de G. Plu-Bureau et A. Gompel dans ce dossier, les données épidémiologiques analysant les effets de la contraception progestative pure après cancer du sein, associée ou non à la prise de TAM, sont remarquablement limitées. Force est donc pour étayer une décision de se tourner d’abord vers les résultats des études fondamentales. Si dans les théories générales de la carcinogenèse, il est admis qu’un agent qui augmente la prolifération cellulaire augmente dans le même temps la possibilité de mutations qui peuvent initier la cancérisation, la question est donc de savoir si les progestatifs exercent un effet prolifératif sur le tissu mammaire. Après avoir recensé les données de la littérature des études menées in vitro et chez l’animal, les directives cliniques communes de la Société des obstétriciens gynécologues du Canada et de la Société des gynécologues oncologues du Canada, dont la rédaction de cet article a largement bénéficié (5), ont conclu : “La progestérone et les progestatifs peuvent exercer un effet prolifératif, antiprolifératif ou neutre sur le tissu mammaire, selon le type, le moment de l’administration et la dose du progestatif utilisé.” Il faut ajouter que cet effet peut varier selon le type de lignée cellulaire et leur caractère, malin ou non. Pour sortir de cette difficulté, quelques pistes ont récemment été ouvertes, sans encore de conclusions définitives. Pour Santen (8), les progestatifs pourraient être métabolisés en dérivés pregnènes qui inhiberaient la prolifération cellulaire ou en dérivés prégnanes qui pourraient la stimuler, les cellules cancéreuses privilégiant cette voie. Une autre piste serait que la présence d’une protéine particulière (G protein associated receptor 30 [GPR 30]) permettrait aux progestatifs d’inhiber la prolifération alors qu’en son absence, ils la stimuleraient. Ainsi, tout à la fois, les chemins métaboliques préférentiels des cellules considérées, comme la présence ou pas de la GPR 30, pourraient déterminer des effets biologiques opposés pour un même progestatif, indépendamment des capacités spécifiques de liaison de chaque progestatif aux différents récepteurs (estrogéniques, androgéniques, glucocorticoïdes, etc.) et à la variété des effets ainsi susceptibles d’être induits. Par ailleurs, sur un plan proprement expérimental, Lange (9) souligne qu’au contraire des cultures monocouches en 2D, dont les résultats sont forts discordants, les progestatifs sont clairement mitogènes dans des systèmes de culture en 3D. Cet auteur suggère que l’action proliférative de la progestérone nécessite une polarisation cellulaire, qui n’est pas mise en évidence dans les cultures 2D, et rappelle que dans ce type de système, la réponse des cellules cultivées est variable en fonction de la composition de la matrice extracellulaire à leur contact. Au total, les résultats des données fondamentales sont actuellement trop discordants pour étayer une décision clinique. Les études épidémiologiques apportent-elles une réponse ? Keywords Breast cancer Contraception Progestin Données épidémiologiques Nous n’avons retrouvé, à une exception près et nous y reviendrons, aucune donnée épidémiologique analysant les effets de la prescription d’une contraception progestative pure, quelle que soit sa forme, chez une femme avec antécédent personnel de cancer du sein traité. Seules seraient donc possibles des extrapolations, à partir du risque de cancer du sein sous traitement progestatif chez des femmes indemnes. Si l’utilisation de cette contraception La Lettre du Sénologue • n° 41 - juillet-août-septembre 2008 | 27 DOSSIER THÉMATIQUE Références bibliographiques 1. Molinié F, Colonna M. Sein. Evolution de l’incidence et de la mortalité par cancer en France de 1980 à 2005. http:// www. invs.sante.fr 2. Belot A, Grosclaude P, Bossard N et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1980-2005. Rev Epidemiol Santé Publique 2008;56:159-75. 3. Estève J. Incidence du cancer du sein en France et dans les pays développés. Presse Med 2007;36:315-21. 4. Jones AL . Fertility and pregnancy after breast cancer. Breast 2006;15(S2):S41-S46. 5. SOGC/GOC joint clinical practice guidelines. Progesterone-only and non-hormonal contraception in the breast cancer survivor: joint review and committee opinion of the Society of Obstetricians and Gynaecologists of Canada and the Society of Gynecologic Oncologists of Canada. Int J Gynecol Obstet 2008;101:309-18. 6. Plu-Bureau G, Mauvais-Jarvis P. Hormones et sein. In : P. MauvaisJarvis, G. Schaison, P. Touraine. Médecine de la reproduction. Paris : 3e ed. Flammarion Médecine-Sciences, 1997:423-43. 7. Sitruk-Ware R, Serfaty D. Contraception progestative. In : Contraception. D. Serfaty. Paris : 3e ed. Masson, 2007:112-21. 8. Santen RJ. Risk of breast cancer with progestins: critical assessment of current data. Steroids 2003;68:953-64. 9. Lange CA. Challenges to defining a role for progesterone in breast cancer. Steroids 2008;73:914-21. 10. Leriche N, Bonneterre J. Progestatifs et métastases osseuses dans les cancers du sein. Bull Cancer 1997;84:891-4. 11. Kubista E, Planellas Gomez JVM, Dowsett M et al. Effect of tibolone on breast cancer cell proliferation in postmenopausal ER+ patients: results from STEM Trial. Clin Cancer Res 2007;13:4185-90. Progestatifs et cancer du sein n’entraînait pas de hausse significative du risque dans la population générale, le recours à celle-ci pourrait être envisagé chez une femme après cancer du sein “dans les cas où les avantages liés ou non à la contraception l’emportent sur quelque hausse potentielle inconnue que ce soit du risque de récurrence” (5). À côté de ces extrapolations dont il est difficile d’apprécier la pertinence, compte tenu des données fondamentales précitées, il pourrait être argué qu’une légère augmentation potentielle du risque est négligeable par rapport à l’importance du risque déjà établi lié à l’antécédent néoplasique mammaire personnel. En appliquant ce raisonnement à la contraception injectable trimestrielle par AMPR, la directive commune canadienne souligne tout à la fois que les femmes ayant présenté un cancer du sein sont peu enclines à courir quelque risque complémentaire que ce soit et que de fortes doses d’acétate de médroxyprogestérone ont fait la preuve de leur efficacité dans le cadre du traitement du cancer du sein métastatique hormonodépendant de la femme ménopausée (5, 10). La recommandation canadienne conclut donc que “le recours à l’AMPR chez une survivante du cancer du sein peut être envisagé dans les cas où les avantages liés ou non à la contraception l’emportent sur quelque hausse potentielle inconnue que ce soit du risque de récurrence (III-C)”. Cette recommandation, avec le même niveau de preuve, est appliquée à l’identique aux micropilules et au DIU LNG. Cette directive commune précise qu’elle ne peut énoncer aucune recommandation concernant les implants contraceptifs car on ne dispose d’aucune donnée, ni dans la population générale, ni chez les survivantes après cancer du sein et ne mentionne pas la contraception macroprogestative “à la française”. Depuis la publication de ce consensus, deux nouvelles études nous paraissent intéressantes à rapporter. La première, randomisée, en double aveugle contre placebo, est une étude pilote pour préciser les effets de la tibolone (Livial®) sur l’étude de la prolifération cellulaire, appréciée en particulier par la mesure de l’expression du Ki-67, sur des prélèvements biopsiques mammaires chez des femmes postménopausiques présentant un cancer du sein de stade initial I/II, récepteurs estrogéniques positifs (RE +). Rappelons que la formule chimique de la tibolone, sans être identique, présente une forte analogie avec celle du lynestrénol. Cette étude, portant sur 46 cas et 49 contrôles, conclut que chez les patientes RE +, 2,5 mg de tibolone par jour pendant 14 jours n’ont pas d’effet significatif sur la prolifération des cellules tumorales mammaires (11). Malheureusement, et 28 | La Lettre du Sénologue • n° 41 - juillet-août-septembre 2008 une nouvelle fois, ces résultats séduisants sur des marqueurs intermédiaires viennent d’être contredits par l’essai clinique LIBERATE, dont les résultats ont été présentés à l’occasion d’une communication orale faite le 21 mai 2008 à Madrid. Dans cette étude clinique multicentrique randomisée en double aveugle comparant Livial® à un placebo chez plus de 3 000 femmes avec un antécédent récent de cancer du sein, dont certaines sous TAM, le risque global de récidive est significativement augmenté sous traitement (RR = 1,40 ; p = 0,001) après un suivi moyen de trois ans. La seconde étude est celle de Trinh et al. (12), qui est spécifiquement consacrée à l’utilisation du DIU LNG chez des patientes atteintes d’un cancer du sein. Il s’agit d’une étude rétrospective cas-contrôles portant sur 79 patientes sous traitement versus 120 contrôles. Le critère principal est le pourcentage de récidive. Si dans la population totale, il n’y a pas de modification significative du risque de récidive (21,5 % sous DIU LNG versus 16,6 % ; adjusted hazard ratio [HR] : 1,86 ; IC 95 : 0,86-4), une analyse en sous-groupes montre que les femmes sous DIU LNG (n = 38) au moment du diagnostic de cancer et qui ont continué à l’utiliser ont un risque augmenté de récidive (HR : 3,39 ; IC95 : 1,01-11,35 ; p = 0,048). Les femmes chez qui le DIU LNG a été inséré après le diagnostic et le traitement de cancer du sein (n = 41) n’ont pas d’augmentation constatée de risque (HR : 1,48 ; IC95 :0,62-3,49 ; p = 0,38). Annonçant qu’une étude prospective est en cours d’initiation en Belgique pour suivre les femmes atteintes d’un cancer du sein avant la ménopause, qui comportera des données sur l’utilisation des contraceptifs, les auteurs restent cependant prudents dans leurs conclusions, compte tenu des limites méthodologiques de leur travail et en appellent à des études complémentaires. Ils soulignent cependant le point particulier des femmes non ménopausées qui ont bénéficié d’une castration médicale et sont sous inhibiteurs de l’aromatase. Dans ce cas, il est particulièrement important d’enlever le DIU LNG car ces patientes risquent dans ce contexte de présenter une hypersensibilité hormonale, d’autant qu’une partie au moins de l’effet prolifératif in vitro du LNG sur les cellules malignes MCF-7 emprunte la voie des RE (12). À l’inverse, les bases théoriques qui font de ce DIU LNG un possible traitement préventif des lésions endométriales sous TAM font qu’il est probable qu’un certain nombre d’études soient en cours, avec comme critère principal la pathologie de l’endomètre, où sera pris en compte le risque de récidive de cancer du sein. DOSSIER THÉMATIQUE Conduite pratique Rappelons en préambule les résultats de la seule enquête française, à notre connaissance, consacrée à cette question, initiée et coordonnée par le Groupe d’étude et de réflexion sur les mastopathies (GERM) en 2003. Sur les 2 005 questionnaires adressés aux gynécologues français, 200 observations ont été reçues dont 185 exploitables. Sur ces 185 dossiers, une contraception progestative a été utilisée après cancer du sein dans 37 cas par progestatifs micro- ou macrodosés et dans 15 cas par DIU LNG (13). Compte tenu des résultats théoriques contradictoires, de l’absence d’études cliniques spécialement dédiées à cette question, des obligations déontologiques et légales et des diverses pressions médiatiques, le praticien se doit d’appliquer les recommandations pour la pratique clinique (RPC). Elles sont de deux types, internationale, les critères de recevabilité pour l’adoption et l’utilisation continue d’une méthode contraceptive de l’OMS (14), et nationale, éditées par l’Afssaps-Anaes-Inpes (AAI) [15], concordantes. Ces recommandations sont présentées de façon synthétique dans le tableau. On peut en conclure que, pour l’OMS aussi bien que pour l’AAI, la contraception orale microprogestative, les progestatifs seuls, les progestatifs injectables, l’implant à l’étonogestrel, le DIU LNG ne peuvent être prescrits en cas de cancer du sein en cours ou actuel. En cas de rémission depuis cinq ans ou plus, les risques théoriques ou avérés de la prescription de ces contraceptifs l’emportent généralement sur les avantages procurés par l’emploi de la méthode. Ces contraceptions ne sont en règle générale pas recommandées à moins, précise l’AAI, que des méthodes plus indiquées ne soient pas disponibles ou acceptables : un suivi rigoureux est alors nécessaire. Dans cette dernière situation, il n’y a donc en théorie pas de contre-indication formelle pour autant qu’une décision collégiale, dans le cadre d’une Unité de concertation pluridisciplinaire en oncologie l’envisage et que la patiente, informée des incertitudes attachées à cette contraception, l’accepte. Un élément supplémentaire reste cependant à prendre en compte, la mise à jour régulière des décisions de la commission de la transparence de la HAS (http:// www.has-sante.fr) et de la direction de l’évaluation des médicaments et des produits biologiques de l’Afssaps (http://afssaps.sante.fr), régulièrement traduites par l’évolution des résumés des caractéristiques des produits (RCP) rapportés par le Vidal®. C’est ainsi que dans la version 2008 du Vidal®, on peut noter que toutes les micropilules encore disponi- bles sur le marché sont contre-indiquées (Microval® : contre-indication [CI] : cancer du sein et de l’endomètre ; Cérazette® : CI : tumeurs sensibles aux progestatifs ; cancer du sein et cancer de l’endomètre ; Milligynon® : CI : cancer du sein et de l’endomètre). Pour Depo-Provera®, on retrouve aussi dans les contre-indications : cancer du sein et de l’endomètre. Pour ce qui concerne Implanon®, le cancer du sein en lui-même n’est pas mentionné comme une contreindication, elle est formulée de la façon suivante : “tumeurs progestogènes dépendantes”. Il est, en outre, précisé : “Un effet biologique des hormones ne pouvant être exclu, le rapport bénéfice/risque doit être évalué individuellement chez les femmes atteintes d’un cancer du sein et chez les femmes pour lesquelles un cancer du sein est diagnostiqué pendant l’utilisation d’Implanon®”. Pour ce qui est du DIU LNG (Mirena®), le Vidal® 2008 stipule que : “Le retrait du DIU devra être envisagé en cas de survenue ou de récidive de : suspicion ou diagnostic d’une tumeur hormonodépendante, y compris cancer du sein.” Enfin, le cancer du sein ou un antécédent de cancer du sein ne font pas partie des contre-indications formellement énoncées pour les macroprogestatifs, l’Orgamétril®, le Lutéran® 10, le Lutényl® 5 et la Surgestone® 0,500 mais il est précisé pour chacune de ces molécules, sauf la dernière, qu’avant le début du traitement, le médecin doit s’assurer de l’absence de cancer du sein ou de l’endomètre, ce qui n’est guère différent. Pour les trois dernières spécialités, il est aussi précisé que les études pharmacocliniques n’ont pas permis de démontrer un effet antigonadotrope complet chez toutes les patientes, ce qui explique que ces produits n’ont pas l’AMM dans l’indication de contraception, quelle que puisse être leur efficacité cliniquement constatée. Dans le contexte dans lequel nous nous plaçons, toute thérapeutique hors AMM peut être lourde de conséquence pour le prescripteur en cas d’événement indésirable, même s’il ne s’agit que de coïncidence malheureuse. Enfin, il est à noter qu’au 31 juillet 2008, aucun RCP n’est actuellement disponible pour ces spécialités sur le site de l’Afssaps. Références bibliographiques 12. Trinh XB, Tjalma WAA, Makar AP et al. Use of the levonorgestrel-releasing intrauterine system in breast cancer patients. Fertil Steril 2008;90:17-22. 13. Gorins A, Espié M. Contraception estroprogestative et cancer du sein. In Le Sein, du normal au pathologique : état de l’art. Paris : 3e ed. M. Espié, A. Gorins. Editions ESKA, 2007:664-70. 14. OMS. Critères de recevabilité pour l’adoption et l’utilisation continue des méthodes contraceptives. OMS : Genève ; 2005. Référence consultable sous format électronique : URL : http://who.int. 15. Afssaps-Anaes-Inpes. Recommandations pour la pratique clinique. Stratégies de choix des méthodes contraceptives chez la femme. Afssaps, Anaes, Inpes : Paris ; 2004. Référence consultable sous format électronique : URL/http://afssaps.sante.fr. Conclusion Au terme de cette revue, deux options sont envisageables pour répondre à la question posée, “une contraception progestative après cancer du sein estelle possible ?”, puisque aucune donnée relevant de l’Evidence-based medicine (EBM) n’est disponible. La première, exclusivement appuyée sur la RPC française, très proche de celles de l’OMS et de la La Lettre du Sénologue • n° 41 - juillet-août-septembre 2008 | 29 DOSSIER THÉMATIQUE Progestatifs et cancer du sein Tableau. Contraceptions progestatives pures : Critères de recevabilité de l’OMS (14) et Stratégies de choix de l’Afssaps-Anaes-Inpes (AAI) [15] en cas de cancer du sein. Cancer du sein Définitions OMS En cours Définitions AAI Critères de recevabilité OMS (a)/ Stratégie de choix AAI (b) Contraception orale microprogestative Progestatifs seuls (OMS) Macroprogestatifs (AAI) En rémission depuis 5 ans Actuel OMS* (a) En rémission > 5 ans AAI (b) OMS* (a) AAI (b) 4 -- 3 - 4 -- 3 - Implant à l’étonogestrel 4 -- 3 - Acétate de médroxyprogestérone (150 mg/3 ml) i.m. 4 -- 3 - Dispositif intra-utérin au lévonorgestrel 4 -- 3 - (a) Critères de recevabilité pour l’adoption et l’utilisation continue de méthodes contraceptives. OMS (14). 1 : État où l’utilisation de la méthode contraceptive n’appelle aucune restriction. 2 : État où les avantages de la méthode contraceptive l’emportent en général sur les risques théoriques ou avérés. 3 : État où les risques théoriques ou avérés l’emportent généralement sur les avantages procurés par l’emploi de la méthode. 4 : État équivalent à un risque inacceptable pour la santé en cas d’utilisation de la méthode contraceptive. * Cancer du sein : le cancer du sein est une tumeur hormonodépendante. Les craintes relatives à l’évolution de la maladie sont moins prononcées dans le cas des stérilets au lévonorgestrel que dans celui des contraceptifs oraux combinés ou des progestatifs seuls fortement dosés. (b) Possibilité d’utilisation des différentes méthodes en fonction de situations particulières. Afssaps-Anaes-Inpes (15). “++” : Situation où la méthode contraceptive peut être utilisée sans aucune restriction. “+” : Situation où les avantages de la méthode contraceptive sont généralement supérieurs aux inconvénients. D’une manière générale, la méthode est utilisable. Si la femme choisit cette méthode, le suivi médical doit être plus attentif qu’en règle normale. “-” : Situation où les risques théoriques ou avérés l’emportent sur les avantages procurés par l’emploi de la méthode. L’emploi de la méthode n’est en règle générale pas recommandé, à moins que des méthodes plus indiquées ne soient pas disponibles ou acceptables. Un suivi rigoureux est alors nécessaire. “--” : Situation où l’emploi de la méthode expose à un risque pour la santé inacceptable. Il est recommandé de ne pas utiliser la méthode (à proscrire). directive clinique commune canadienne, considérerait comme licite une contraception progestative à partir du moment où elle relève de la proposition d’une Unité de concertation pluridisciplinaire en oncologie à une femme précise, dans une situation particulière et qui accepte les incertitudes de la balance bénéfices-risques de la prescription, bien sûr au prix “d’un suivi rigoureux alors nécessaire”. Lors de la prescription des macroprogestatifs autres que le lynestrénol, le praticien sera en porte à faux par l’absence de l’indication de contraception dans l’AMM. Notons qu’il n’est nulle part fait mention de la contraception d’urgence, progestative pure, par la prise unique d’un comprimé de 1,5 mg de lévonorgestrel, mais que le RCP de ce produit (Norlévo® 1,5 mg) ne mentionne aucune contre-indication, hormis une hypersensibilité à la molécule ou à l’un des excipients. 30 | La Lettre du Sénologue • n° 41 - juillet-août-septembre 2008 La deuxième, prenant à la lettre, dans leur application la plus rigoureuse, les résumés des caractéristiques des produits, qui vont au-delà de la RPC, récusera toute prescription non seulement de contraceptif progestatif mais de tout progestatif chez une femme atteinte d’un cancer du sein, quel que soit son statut d’hormonodépendance, rejoignant d’ailleurs très souvent le souhait des patientes régulièrement alarmées par les médias. S’il est maintenant d’usage de terminer tout texte consacré à une zone grise de l’EBM par le refrain de l’appel à de nouvelles études randomisées en double aveugle, il est peu probable que, dans ce domaine, on puisse espérer prochainement une réponse claire et objective, scientifiquement fondée, à l’abri de la peur du médico-légal. Il faudra donc en pratique continuer à élaborer au cas par cas une décision partagée dans ce colloque singulier régulièrement enrichi par de nouvelles données, si bien nommé consultation, du latin consultatio, tout à la fois “action de délibérer” et “question posée à quelqu’un”. L’avenir dira ce que seront les futures mises à jour des résumés des caractéristiques des produits sur le site de l’Afssaps. ■ Université Montpellier 1 ! MANOSMED 2008 COURS SUPÉRIEUR DE MASTOLOGIE !!" #$%%& Du 16 au 18 Octobre 2008, Montpellier DU COURS PRÉSIDENTS Pr. J-B. Dubois, Pr. J-P. Daurès, Pr. Ph. Rouanet - Montpellier PRÉSIDENT HONORAIRE Pr. J-L. Lamarque SCIENTIFIQUE PRÉVISIONNEL PROGRAMME 1 16 OCTOBRE 2008 INTRODUCTION !"#$!%&%'( )#*#+!%+ , -.. ./)##+!+' • Epidémiologie - Prévention #"!/%#/%+%$!/ #*-&0-!%+ Dépistage - Evaluation micro économique #"!/-& $-'!+' • Imagerie 17 OCTOBRE 0/-& -)/!+%$- 2008 + !0 23 Canalaire In Situ • Carcinome (CCIS) #)- #0!/ /%+)%*#).!#. • Actualités thérapeutiques " #$%#)( -+"2008 18 OCTOBRE %)$%+-& )#-$#+ -)'# • Hormonothérapie - Chimiothérapie /#$%#)Traitements ciblés!#. " !+-& • Test final!+#)-/!*# interactif #. www.manosmed2008.com SUPA GRO - 2, PLACE PIERRE VIALA - MONTPELLIER (FRANCE) SECRÉTARIAT SCIENTIFIQUE G. Dusacq : +33 (0)4 67 61 31 13 # Tel $ %&Fax '((: +33 )*+,(0)4 -. 67 -/ 61 (/ 30 /(73 E-mail : 01& '(( )*+, -. -/ (* .( [email protected] !& 23453$$$ AGENCE ORGANISATRICE 4 Alpha Visa Congrès 624, rue des Grèzes 6 78 34070 Montpellier -9, - France 3 #: Tel : (,*.* +33 (0)4 67 03 03 00 0$ Fax :%& +33'(( (0)4)*+, 67 -. 45 *( 57 97 *( ** E-mail : 01& '(( )*+, -. ,; ;. <. 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