Cours de Sociologie

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Cours n°1
05/09/2012
Sociologie
Introduction
Première partie : approches classique
 Naissance d'une discipline, autonomie de la sociologie
 Durkheim : la méthode sociologique
 L'école de Chicago : signification et interactions
 L'individualisme méthodologique
Deuxième partie : l'innovation enjeu social,
objet sociologique
 Approches standards
_ Déterminisme technique / déterminisme social
_ La diffusion des innovations
 Nouvelles approches : penser ensemble la technologie
et le social
_ Sociologie de l'acteur-réseau
_ L'analyse des controverses sociotechniques
_ L'usager, acteur de l'innovation
Introduction
1. Définir la sociologie
 Qu'est ce que la sociologie ?
 En quoi consiste le travail des sociologues ?
La sociologie est la science de la société, la science du social, la science des phénomènes sociaux.
Mais comment définir " le social " ? " la société " ?
On ne peut pas définir la société, sans développer une théorie de la société. " Social " ou " Société "
sont des termes que l'on ne peut pas définir sans prendre de parti.
Le terme « Social » est un terme plus ancien que celui de " Société ".
 de " socius " en latin = ami, allié
 renvoie à l'association d'êtres humains les uns avec les autres, aux interconnections entre êtres
humains.
 un terme employé jusque vers fin 18ème /milieu 19ème dans un sens assez large, notamment par
les philosophes
 Théories des passions, des intérêts… notamment celles de Hobbes et Rousseau.
Hobbes, Le Léviathan (1651)
Comment concevoir l'ordre social, à partir de l'état de nature ?
 Etat de nature : "La guerre de chacun contre chacun" : La liberté illimitée conduit à la guerre
universelle.
 Les hommes passent entre eux un contrat par lequel ils renoncent à leur liberté pour la transférer
à un tiers. Le Léviathan, être supérieur, souverain chargé d'assurer leur sécurité.
 Les individus de l'état de nature constituent un pouvoir qui les dépasse. Le pouvoir politique est
fondé sur un contrat qui permet à l'homme d'échapper à la misère de l'état de nature.
Rousseau, du contrat social (1762)
 Le Léviathan n'assure pas les citoyens de vivre en paix, un Prince tout-puissant peu provoquer la
misère de son peuple.
 Une organisation sociale "juste" repose sur un pacte garantissant l'égalité et la liberté entre tous
les citoyens.
 Ce pacte est contracté par l'ensemble des citoyens, chacun renonce à sa liberté naturelle pour
gagner une liberté civile.
 Principe fondamental du contrat social = La souveraineté populaire/ le peuple souverain.
 La loi du plus fort est remplacée par des droits civils garantis par la loi.
 La loi exprime la volonté générale issue du suffrage universel et non la volonté arbitraire d'un seul
ou de quelques uns.
Revenons sur le terme de « Société » qui est plus récent (milieu 18ème).
 Utilisé initialement dans le contexte des sciences morales et politiques pour désigner l'objet
central de la vie sociopolitique.
 Le plus souvent utilisé en combinaison avec d'autres termes : "société politique", "société civile"…
 Désigne l'agrégation d'individus qui se rassemblent dans un projet, autour de principes etc…
 Une réalité qui se situe entre l'État et l'univers domestique, familial, privé, individuel.
A retenir
 Il n'existe pas de définition unique de la " science de la société ".
 Définir la sociologie est une des choses les plus difficiles pour le sociologue.
 Des conceptions diverses de la société et des phénomènes sociaux entrainent différentes façon de
concevoir leurs analyses.
Raymond Aron :
" La sociologie parait être caractérisée par une perpétuelle recherche d'elle même. Sur un point et
peut être un seul, tous les sociologues sont d'accord : la difficulté de définir la sociologie "
2. Démarche sociologique et sociologie spontanée
Il existe une pluralité et une diversité des démarches sociologiques mais aussi des points et principes
communs.
 Toute sociologie cherche à analyser une même catégorie spécifique d'objet : les phénomènes
collectifs.
 Des principes communs dans la démarche suivie pour analyser les phénomènes sociaux
Définition générale de la démarche sociologique :
Faire de la sociologique c'est :
1) Lutter contre les prénotions
2) Poser une question sur un phénomène social
3) Utiliser des outils adaptés pour produire une analyse de ce phénomène
On verra que certaines sociologies partent d’observations au niveau des individus afin de les
comprendre par leurs interactions et leurs échanges qui produisent quelque chose de constructif. Ce
que cherche à saisir la sociologie ce sont les phénomènes collectifs. CETTE PHRASE N’EST PAS EN
FRANÇAIS !
LUTTER CONTRE LES PRÉNOTIONS
C'est une condition de possibilité de l'analyse sociologique.
 Les prénotions sont : idée, chose, connaissance, interprétation, théorie spontané de la société.
 Elles véhiculent une sociologie spontanée car elles ne se limitent pas à décrire la réalité sociale
mais proposent des explications dites « évidentes ».
 Elles constituent un obstacle à la connaissance sociologique car s'intercalent entre le sociologue
et les phénomènes sociaux qu'il cherche à analyser.
Exemple : Le soldat Américain
Paul Lazarsfeld " The American soldier : an expository review "
 Les individus dotés d'un niveau d'instruction élevé présentent plus de symptômes
psychonévrotiques que ceux ayant un faible niveau d'instruction.
 Pendant leur service militaire, les ruraux ont d'ordinaire meilleur moral que les citadins.
 Les soldats originaires du sud ou des E.U supportent mieux le climat chaud des iles du pacifique
que les soldats du nord.
 Les simples soldats de race blanche sont d'avantage porté à devenir sous officier que les soldats
de race noire.
 Les noirs du Sud préfèrent les officiers blancs du sud à ceux du nord.
 Les soldats américains étaient impatients d'être rapatriés pendant que l'on combattait qu'après la
reddition allemande.
Cours n°2
12/09/2012
Cela parait logique, mais en réalité l’étude LAZARFIELD montre que c’est l’inverse !
Il veut montrer avec cet exercice que cette impression évidente :
« Toute espèce de réaction humaine est concevable ».
Ainsi chaque réaction peut avoir une explication. La leçon que nous devons en tirer c’est qu’il n’y a
aucun moyen de savoir à priori comment dans une société donnée, des individus ou groupe social
vont agir dans tel ou tel situation et pourquoi ils agissent comme cela ?
Des explications de phénomènes ou évènements sociaux qui nous paraissent aux premiers abords
évidents sont très sont très souvent voir le plus souvent contredites par les études sociologiques.
L’illusion de l’évidence : Les hooligans
Dans l’imaginaire collectif, le hooligan est : anglais, jeune, pauvre, délinquant, étranger au monde du
football, mal insérer socialement, violent et néo-nazi.
En réalité, les hooligans appartiennent à des groupes structurés et ont une profonde connaissance du
football.
 Pas de lien systématique entre le hooliganisme et l’environnement social
 Les hooligans proviennent des milieux les plus divers : Il ne se recrute pas dans leur majorité chez
les chômeurs et autres populations défavorisés.
 Protestations, rébellions ? ou plaisir extatique de la violence en groupe.
1ère étape de la démarche sociologique :
Elle consiste à prendre des distances avec les prénotions, évidences. C’est une étape fondamentale ;
la condition de nécessité à toute approche sociologique.
Durkheim dit que les prénotions sont :
« Comme un voile qui s’interpose entre les choses et nous et qui nous les masques d’autant mieux
qu’on le croit plus transparent ».
Il faut utiliser des méthodes ou techniques pour rompre avec ses prénotions, on pense en 1 er aux
méthodes des statistiques. Il faut déconstruire les problèmes sociaux qui nous entourent, mettre en
place des méthodes quantitatives et qualitatives.
Première partie :
Approche classique
I. Naissance d’une discipline, autonomie de la sociologie
Le projet de développer une connaissance scientifique de la société n’apparait pas par hasard, pour
que ce projet émerge il a fallu un certain nombre de conditions qui se sont mis en place au cours du
XIXème siècle permettant de comprendre l’émergence de la sociologie.
1. Contexte socio-historique et condition d’émergence de la
sociologie
Les 3 révolutions :
Le XIXème siècle est une période de très grand changement, c’est un siècle charnière. Durant ce
siècle, les conséquences de la révolution étaient encore visibles.
 Révolution de 1789 et la déstabilisation politique au XIXème :
L’ancien régime reposait sur l’inégalité. Avec la révolution française apparait la bourgeoisie et
cherche à mettre en place un ordre politique plus égalitaire.
Ce principe d’égalité apporté par la révolution va être le point de départ du changement de société,
cela entraine au XIXème des systèmes politiques fragiles avec des régimes politiques très divers, pour
preuve un empire se succède ainsi que 2 royauté, une république, un second empire et de nouveau
une république. Un des éléments qui explique cette fragilité est le grand nombre d’idéologie qui
s’oppose. Ces idéologies sont portées par des groupes sociaux qui s’affrontent entrainant des
fragilités.
 Révolution industrielle :
La révolution industrielle est une révolution radicale, cette révolution prend naissance en Angleterre
et se propage dans toute l’Europe. Ce mode de production industrielle va transformer la société dans
son ensemble : le développement de l’industrialisation va être accompagné d’un autre phénomène,
c’est celui de déplacement des campagnes vers les villes (urbanisation).
Conséquences concrètes :
_ Emergence de ville nouvelle
_ Apparition d’une nouvelle catégorie sociale : le prolétariat urbain
Ce prolétariat va connaître de nombreux problèmes et alors attirer des observateurs.
Les problèmes associés au prolétariat (logement, contestations etc…) sont bien perçus par les
observateurs comme étant directement déterminé par la nouvelle société qui est en train de se
mettre en place.
Pour la 1ère fois, un ensemble de problème est identifié comme étant des problèmes spécifiquement
sociaux. Des problèmes dont la ou les causes sont à trouver dans l’organisation et le fonctionnement
de la société.
 Révolution scientifique :
Au 19 ème, on voit apparaître la généralisation et la diffusion de la méthode expérimentale. C’est une
méthode qui consiste à tester, à l’aide de dispositifs expérimentaux, des hypothèses dont on peut
mettre à l’épreuve la justesse ou la fausseté. La science s’affranchie donc des religions, des croyances
et des idéologies par cette méthode. Cette méthode devient le modèle de toutes disciplines de
l’époque ayant pour but de se faire considérer comme une science. Les analystes vont dégager la
réflexion de la société, de la spéculation, d’approche philosophique ou morale pour essayer
d’analyser les problèmes sociaux dans le cadre d’une science du sociale.
En parallèle de la méthode expérimentale, la pensée statistique émerge ; un mode de pensée baser
sur la statistique. Les états nations vont rendre publique les données statistiques de manière
systématique (recensement).
Cours n° 3
19/09/2012
2. L’émergence d’une science du social : enquêtes sociales et
question sociale
 Des bouleversements politiques, économiques, sociaux sont à l’origine de l’apparition de
problèmes d’un nouveau type.
 Ces problèmes attirent l’attention d’associations et de mouvements divers : associations
philanthropiques, mouvements socialistes, gouvernements, certains capitalistes.
Une réflexion que l’on appelle « la question sociale » commence à se développer. C’est ainsi qu’un
besoin de méthode spécifique pour analyser cette question apparaît. Ce sont les méthodes
expérimentales et statistiques qui vont influer sur la manière d’aborder cette question.
Dans un contexte d’émergence de la question sociale, les premières « enquêtes sociales sont réalisés
à partir du milieu du XIXème siècle et sont essentiellement portées sur le groupe sociale prolétaire.
Ces enquêtes ont une visée descriptive.
L’enquête de Le Play :
Les ouvriers des deux mondes, 1857-1912.
L’enquête : Une série de 36 monographies réalisées dans des familles ouvrières dans toute l’Europe.
Recueil un maximum d‘informations possibles sur les modes de vie de ces familles, dans quatre
principaux domaines :
 La composition de la famille/le lieu de vie et de travail/ l’organisation industrielle
 Les moyens d’existence de la famille
 Les modes d’ »existence de la famille
 L’histoire familiale
Le « plus » de l’enquête Le Play  SA METHODE.
Le Play invente une méthode d’observation : La méthode sociale.
Elle consiste à une série d’entretiens par questionnaire réalisés dans ces familles. La première
observation systématique du mode de vie d’un groupe social sous tous ses aspects, en utilisant un
outil identique d’une famille à l’autre. Dans ce cas, l’outil est un questionnaire dont les rubriques
sont codifiées. L’obtention d’informations de même nature permet de comparer les situations. Les
données recueillis sont quantifiables, c’est la codification apportée par le questionnaire qui permet la
quantification. Le Play s’est arrêté au recueillement de donné par questionnaire sans exploiter ses
résultats de manière statistiques. Etape qui est essentiel de nos jours.
L’enquête de Villermé :
Tableau physique et moral des ouvriers dans les fabriques
de coton, de laine et de soie, 1840.
 Médecin et statisticien français, Villermé a réalisé comme Le Play, une enquête approfondie sur la
situation de certaines populations ouvrières.
 Un véritable recensement statistique à partir d’une enquête effectuée sur le terrain. Le mode de
vie de ces ouvriers est observé directement, in situ, sous tous ces aspects : dans le contexte du
travail, dans le contexte familial…
 Même souci d’exhaustivité que Le Play : il décrit aussi bien l’habitat, que les modes de vie et les
loisirs de ces familles.
Cet appareil d’observation du social qui est descriptif mais qui cherche à être rigoureux. Les deux
chercheurs veulent constitués un répertoire des faits nombreux.
Cependant, ce n’est pas de la sociologie. Ils décrivent seulement les situations sans les analyser,
aucune théorie du sociale. Leurs cadres est très idéologique, voir moralisateur.
3. De l’observation du social à la sociologie
Mise en place d’un important appareil d’observation du social qui conjugue deux objectifs :
Un objectif scientifique : appliquer aux faits humains et sociaux, pour pouvoir en faire la description,
les techniques et méthodes utilisées dans d’autres sciences (codification, quantification,
statistiques…).
Un objectif pratique : identifier les problèmes pour pouvoir apporter des solutions et engager des
réformes (soit dans un but humaniste, soit dans un but de contrôle social).
Ce sont des travaux empiriques (recueil de données sur le terrain, en prenant appuie sur ces
données) mais sans portée théorique.
Jusqu’à fin XIXème, réflexion sur la société : réflexion philosophique ou politique, par exemple :
 De TCOQUEVILLE (1805-1859) : De la démocratie en Amérique, 1835
 MARX (1818-1883)
Naissance de la sociologie : première étude empirique prenant appui sur une théorie du social et
mettant en œuvre une méthodologie spécifique.
 DURKHEIM (1858-1917) = Le suicide, 1897.
II. Durkheim : la méthode sociologique
1. Le suicide comme objet sociologique
 Projet de Durkheim à la fin du 19ème, c’est de fonder la sociologie, montrer la légitimité et la
spécificité : de cette nouvelle science.
 Pourquoi Durkheim s’intéresse-t-il à un phénomène apparemment aussi personnel et individuel
que le suicide ?
Voir ametice pour suite.
Cours n°4
26/09/2012
On appelle suicide tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d'un acte positif ou
négatif accomplie par la victime elle même et qu'elle savait devoir produire ce résultat.
Un acte positif est un acte violent qui mène à la mort. Un acte négatif correspond à une abstention
(arrêter de boire ou de manger) mais qui mène aussi à la mort. Durkheim exclut tout ce qui est
tentative de suicide afin de pouvoir utiliser la statistique.
Première étape : la rupture avec le sens commun
Les « facteurs cosmiques »
 Sens commun = la saison la plus favorable au suicide est la saison « où le ciel est le plus sombre, la
température la plus basse ou la plus humide. L’aspect désolé que prend alors la nature n’a-t-il pas
pour effet de disposer à la rêverie, d’éveiller les passions tristes, de provoquer la mélancolie ? »
 Les suicides devraient être plus fréquents en automne et en hiver
 Une idée préconçue réfutée par la statistique :
 Le suicide atteint son maximum à la belle saison « alors que la nature est la plus riante et la
température la plus douce ».
Semestre le plus chaud (mars-août) > semestre le plus froid
Maximum toujours en été / Minimum toujours en hiver
Voir Courbes.
« Il n’est pas un pays qui n’échappe à cette loi. »
 Sens commun = une explication courante (médecins, psychiatres…). Le facteur déterminant est la
température. Son élévation aurait un effet direct sur l’humeur et le psychisme.
 Une idée préconçue réfutée par la statistique.
Courbes superposition température
Dans un même pays, des mois dont la température est à peu près identique ont un nombre
proportionnel de suicide différent.
Par ailleurs, lors d’un même mois qui a des températures différentes dans 3 pays différents, on
s’aperçoit que le taux de suicide est quasi le même.
Si l’hypothèse était fondée, on devrait avoir le plus de suicide dans les pays les plus chaud, or ce sont
dans les pays du sud que les taux de suicide sont les plus faibles.
Durkheim réfute la prénotion.
 Diapo à rattraper
Conclusion :
Plus les jours s’allongent, plus le taux de suicide augmente. C’est uniquement un constat et non une
explication. Une corrélation est en aucun cas une explication.
Comment expliquer cette influence ?
 Les deux courbes se superposent : plus les jours allongent, plus les suicides augmentent
 Interprétation : la longueur des jours favorise le suicide parce que c’est le moment où la vie
sociale est la plus intense = plus la journée s’allonge et plus il y a de place pour la vie collective,
plus il y a de rapports intersociaux.
 Facteur identifié = intensité de la vie collective.
 Recherche de la cause.
Durkheim, par le biais de tout ce travail statistique, a renversé les représentations de sens communs.
Il a pu montrer que les causes du suicides ne sont pas du côté des facteurs psychopathologiques et
cosmiques. Ainsi, les causes du suicide doivent être recherchées du côté de la société.
Deuxième étape : Implication des facteurs sociaux
 Méthode : comparaison des taux de suicide entre différents pays et différentes périodes.
1er constat : Le taux de suicide est remarquablement constant, peut de variation d’une année sur
l’autre. « Chaque pays paye chaque année à peu près le même tribu au suicide ».
2ème constat : Une variabilité très importante du taux de suicides entre pays. Italie : 38  Saxe : 334.
C’est la conjugaison de ces deux constats permet à Durkheim de conclure que les taux de suicide ne
peuvent pas être dus au hasard.
Le taux de suicide dans un pays est une régularité sociale.
Troisième étape : La recherche de la cause
 Méthode : Les variations concomitantes.
 Relation entre taux de suicide dans un pays et une série de variables : lieu d’habitation, sexe, âge,
statut matrimoniale, religion, saison, contexte économique…
 Observe-t-on des variations du taux de suicide en fonction de ces variables ?
Tableau des variables du suicide
 Facteur commun : Degré d’intégration dans la société de ces groupes sociaux.
Le suicide varie en raison inverse du degré d’intégration des groupes sociaux dont fait partie
l’individu.
Plus l’intégration est forte, plus l’individu est rattaché à une collectivité, plus il existe de lien sociaux
et moins l’individu est porté à se suicider.
L’intégration protège du suicide car l’individualisme est moins fort. La solidarité qui découle du
groupe constitue un soutien pour l’individu.
Pour Durkheim, il est important pour l’homme de participer à la vie collectivité, voir une nécessité
(Idéologie).
Les types de suicides
 Suicide égoïste : provoqué par un individualisme exagéré ; l’individu trop détaché de la société à
moins de protection contre le suicide ; ex : suicide des protestants, des personnes sans famille et
sans enfants. (Faiblesse de la cohésion sociale)
 Suicide anomique : vient du dégoût et des désordres provoqués chez l’individu par l’absence de
normes sociales claires et définies ; la société ne joue plus son rôle d’encadrement ; ex :
l’augmentation des suicides dans les périodes de grande prospérité économique.
 Suicide altruiste : influence trop forte de la société ; l’individu est près à donner sa vie pour le
groupe ; ex : kamikaze, attentats-suicide…
Pour Durkheim, un taux modéré de suicide est un taux normal dans le sens d’inévitable. Les taux
constatés dans les pays du nord sont des taux trop élevés pour être normaux (il les qualifie de
pathologique).
2. Le fait social et sa construction
A. Définition
Le projet de Durkheim est de permettre d’avoir une connaissance concrète de la société.
Pour être une discipline scientifique, la sociologie doit :
 Délimiter précisément un type particulier d’objet qui l’intéresse elle et elle seule en tant que
discipline = le fait social, les faits sociaux.
 Chercher à mettre en évidence des éléments simples au cœur des phénomènes sociaux (analogie
biologique / social).
 Rechercher des lois générales
 Mettre en évidence des états normaux et des états pathologiques (analogie organisme social
/organisme biologique)
 Montrer l’évolution du simple vers le complexe
« La société n’est pas une simple somme d’individus, mais le système formé par leur association
représente une réalité qui a ses caractères propres »
Approche théorique appelé HOLISME
MANQUE DE COURS A RATTRAPPER
Durkheim veut bien distinguer fait social et fait individuel.
Les faits psychologiques sont du domaine de l’individu et les faits sociaux sont eux du domaine du
collectif  Il est extérieur aux individus.
B. Critères de reconnaissance du fait social
 Externalité : manières d’agir de penser, dont la détermination st extérieur aux individus, dont le
modèle existe avant et après les individus particuliers qui composent une société à un moment
donnée
 Contrainte : ces manières d’agir s’imposent aux individus : « … sont doués d’une puissance
coercitive en vertu de laquelle ils s’imposent à lui qui le veuille ou non »
 Des contraintes qui font l’objet de règles explicites = règles juridiques, conventions,…
 Des contraintes qui ne font pas l’objet de règles explicites : manières d’agir intériorisées qui
ne sont pas perçues comme des contraintes par les individus.
 Généralité : l’extériorité par rapport aux individus suppose l’extension du phénomène : le cas isolé
ne constitue pas un fait social.
Le processus de socialisation consiste en l’apprentissage que nous faisons tous des modèles de notre
société. Nous les intégrons à travers l’éducation aussi bien dans la famille qu’a l’école. Cela sans nous
en rendre compte nécessairement. Ces façons d’agir nous paraissent naturelles et individuelles alors
que Durkheim souligne qu’elles sont sociologiques et collectifs.
La société détermine l’individu.
C. Grands types de faits sociaux
o
Substrat de la vie sociale
Ex : population et démographie, territoire et frontières.
o
Institutions formelles
Ex : conventions de langage, règles juridiques, organisations formelles (Etat, école,
mariage,…).
o
Institutions informelles
Ex : mœurs, traditions, coutumes, usages (règles de politesse…).
o
Représentations constituées
Ex : doctrines (religieuses, philosophiques, morales…), idéaux collectifs, valeurs dominantes.
o
Représentations libres
Ex : courants d’opinion, idéaux et valeurs naissantes.
Il s’agit de fait dont l’on peut démontrer la régularité sociale.
3. Les règles de la méthode sociologique
 Règle relative à l’observation des faits sociaux
« Il faut considérer les faits sociaux comme des choses ».
« Il faut considérer les phénomènes sociaux en eux-mêmes, détachés des sujets conscients qui se les
représentent, il faut les étudier du dehors comme des choses extérieurs ».
« Est choses tout ce qui donnée, tout ce qui s’offre ou plutôt s’impose à l’observation ».
 Règle relative à la distinction du normal et du pathologique
« Un fait social est normal pour un type social déterminé, considéré à une phase déterminée e son
développement, quand il se produit dans la moyenne des sociétés de cette espèce, considérées à la
phase correspondante de leur évolution ».
En fixant ainsi la norme, on voit que c’est la société elle-même qui va la fixer. Pour Durkheim, c’est la
société qui est déterminante.
Règle d’or :
Un fait social doit toujours être expliqué par un autre fait social.
Principe de l’autonomie de l’explication sociologique.
 Règle relative à l’explication des faits sociaux
« La cause déterminante d’un fait social doit être cherchée parmi les faits sociaux antécédents et non
parmi les états de la conscience individuelle ».
La société dépasse infiniment l’individu dans le temps comme dans l’espace ».
 Règle relative à l’administration de la preuve
Méthode comparative ou expérimentation indirecte = méthode des variations concomitantes.
 Principe central : une même cause produit toujours les mêmes effets.
Conclusion :
La méthode sociologique est :
 Empirique et inductive (indépendante de toute philosophie).
 Objective (elle traite les faits sociaux comme des choses).
 Exclusivement sociologique (les faits sociaux sont des choses sociales dont les causes sont sociales
et non psychiques ou autres…).
 Naturalisme sociologique : Pour Durkheim, les faits sociaux existent dans la société exactement
comme les choses et faits de la nature existent dans le monde naturel...
« Les tendances collectives ont une existence qui leur est propre ; ce sont des forces aussi réelles que
les forces cosmiques… ce sont des forces sociales. Mais de quelque nom qu’on les appelle, ce qui
importe c’est e reconnaître leur réalité. Ainsi, cette proposition fondamentale que les faits sociaux
sont objectifs et que nous considérons comme le principe de la méthode sociologique. Il faut
s’entendre. Si la sociologie existe, elle ne peut être que l’étude d’un monde encore inconnu, différent
de ceux qu’explorent les autres sciences. Or, ce monde n’est rien s’il n’est un système de réalités. »
4. Individu et société
A. Conscience collective/conscience individuelle
« L’individu nait de la société »
La conscience collective est constituée par l’ensemble des manières d’agir qui selon Durkheim
compose « l’héritage commun d’une société ». Elle se transmet entre générations par la socialisation.
La conscience collective, c’est ce qu’il appelle le type psychique d’une société.
La conscience individuelle renvoi à l’individu, sa personnalité, son expérience etc… Pour Durkheim,
c’est l’autonomie relative dont chacun dispose, par rapport à ces manières d’agir collectives, pour
utiliser ces modes de pensée collectif.
Il n’y a jamais de liberté totale de l’individu. La conscience collective exerce toujours une
contrainte sur la conscience individuelle alors que l’inverse n’est pas vrai.
B. Formes de solidarité sociale
Pour Durkheim, les différentes sociétés présentent des formes de liens sociaux (solidarité) qui sont
différentes. Sa théorie doit faire face à un paradoxe : « Comment se fait-il que nos sociétés moderne,
l’individu dépend étroitement de la société alors que l’on constate une très forte poussée de
l’individualisme. »
Il explique cela par un changement des liens sociaux. La cause de cette transformation est le
développement très importante de la division sociale du travail (accroissement de la spécialisation
et de la différentiation des fonctions, des taches, des activités…). Avec cet accroissement, on passe
d’une société à solidarité mécanique à une société à solidarité organique.
Solidarité mécanique
C’est une forme de lien sociale qui repose sur :
 La similitude des individus
 Faible division du travail
 Règles juridiques répressive
 Conscience collective domine très fortement la conscience individuelle
Solidarité organique
C’est une forme de lien sociale qui repose sur :
 La complémentarité des individus (chacun dépend étroitement du travail de l’autre et chacun
dispose d’une sphère d’action qui lui est propre)
 Conscience collective toujours dominante mais laisse de la place à l’individualisme
Cependant, cette solidarité organique est menacée par l’anomie. Il repère cette montée de l’anomie,
crise morale de la société, dans le suicide par le biais de changement économique et sociaux.
CONCLUSION :
C'est la régularité des tendances collectives qui se manifeste par la régularité de ces phénomènes
sociaux. Une position objectiviste, (analyse concrète) et holiste (le tout est + que la somme de ses
parties). (Holisme : la société est plus importante que les individus).
II. L’école de Chicago : Significations et intéractons
1. Contexte
L’école de Chicago renvoi à un groupe de sociologue qui travaillait pour l’université de Chicago crée
en 1892, et par la même occasion le département de sociologie des USA. Les sociologues vont
développer une cadre d’analyse qui leur est propre. Ce groupe va être très actif, notamment de 1915
à 1935. Nous aborderons uniquement la première école de Chicago.
La ville de Chicago a connu une croissance démographique la plus importante des USA et cela d’une
manière très rapide.
 1840 : 4470 habitant
 1890 : 1 100 000 habitant
 1930 : 3 500 0000 habitant
Cela s’explique par :
 L’afflux de migrants ruraux d’Europe : en 1900 plus de la moitié des habitants de Chicago est né
hors d’Amérique.
 « Grande Migration » : Afro-Américains fuyant la ségrégation raciale des états du sud.
 Conflits sociaux et délinquance.
C’est une ville qui est donc traversé par de nombreux mouvements : flux migratoires avec
déplacements dans la ville même de quartier en quartier, développement urbain pour loger les
individus, reconstruction de la ville après un grand incendie, sans oublier les conflits sociaux
(violence, crime organisé, prostitution, prohibition d’alcool, délinquance juvénile).
2. La ville comme "laboratoire social"
3. Le cadre théorique : une approche écologique et terrains de recherche
4. L'invention de méthodes d’observation du social
5. Le point de vue de l'acteur
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