F F Cocaïne et crack : quelle prise en charge thérapeutique en 2010 ? Jérôme Lacoste*, F. Peyrou*, Aimé Charles-Nicolas* Longtemps drogue des riches, célébrités et artistes, la cocaïne est réapparue sur le devant de la scène au milieu des années 1970, avec le développement de la voie d’administration fumée. Il fallait trouver une modalité de consommation qui n’entraîne pas les lésions délabrantes du massif facial observées avec les prises intranasales chroniques de chlorhydrate (1). Après avoir essayé de fumer du chlorhydrate, mélangé à du tabac ou du cannabis, sont apparus aux États-Unis, dans certains quartiers de New York, le free-basing dès 1974 (2) puis le crack dès 1985 (3). Ils ont contribué à augmenter considérablement le nombre de consommateurs de cocaïne dès la fin des années 1980. Les notions de dépendance et de syndrome de sevrage apparaissent dans le chapitre "cocaïne" du DSM-III-R en 1987. Les États-Unis sont les plus concernés par la consommation de cocaïne (en 2008 : 36,8 mil* Service de psychiatrie et addictologie, CHU de Fort-deFrance, 97261 Fort-de-France Cedex, Martinique. lions d’expérimentateurs, 5,3 millions d’usagers dans l’année et 1,8 million d’usagers dans le mois) et de crack (en 2008 : 8,4 millions d’expérimentateurs, 1,1 million d’usagers dans l’année et 359 000 usagers dans le mois). L’Europe dont la France est également touchée avec de fortes disparités selon les pays : chlorhydrate en Espagne et Italie, crack dans certaines régions et chez des profils de consommateurs particuliers, en Grande-Bretagne, Pays-bas et France. En France, on estime à 1,1 million le nombre d’expérimentateurs de cocaïne et à 250 000 celui des usagers occasionnels. La cocaïne est également consommée dans de nombreux pays d’Amérique du Sud et de la Caraïbe, notamment en Martinique, Guadeloupe et Guyane, sous forme de crack et plus rarement de chlorhydrate de cocaïne. En 2005, suite à l’étude NEMO, on estime à environ 2 000 (IC95 : 964-2 907) le nombre des usagers problématiques de substances psychoactives à la Martinique, soit 1 % des 18-45 ans, dont la très grande majorité fume du crack. En France, même si la majorité des patients qui fréquentent les CSAPA sont des héroïnomanes inscrits dans des programmes de substitution 27 u u c c o o F ocFus ocus F F UNE ÉVALUATION CLINIQUE STRUCTURÉE ET EXHAUSTIVE s AUX ANTILLES, LE CRACK SURTOUT aux opiacés, les structures de soins en addictologie sont parfois confrontées à une demande spécifique de prise en charge relative à un mésusage de cocaïne. Comme les profils cliniques et psychopathologiques des consommateurs de cocaïne ou de crack peuvent être très différents de ceux de leur "clientèle" classique, les structures méconnaissent souvent les particularités de leur prise en charge. s En quelques années, la cocaïne est devenue la deuxième substance illicite la plus consommée, après le cannabis, dans la majeure partie des pays occidentaux, en Amérique comme en Europe. Du fait de ses multiples voies d’administration (orale, intraveineuse, sniffée, fumée) et des ses effets psychostimulants, elle est souvent associée à d’autres substances psychoactives. Si de nombreux usagers de cocaïne sont des héroïnomanes sous traitement de substitution déjà inscrits dans les structures sanitaires et sociales, une grande partie des usagers de cette drogue le sont dans un contexte récréatif, festif, occasionnel, de polyusage, et l'associe à l’alcool, au cannabis, au tabac, mais aussi aux autres stimulants, voire à l’héroïne. La voie d’administration intranasale est alors souvent privilégiée, parfois associée à la voie fumée. En Europe, le groupe des consommateurs de crack est constitué d’usagers souvent extrêmement marginalisés : personnes issues de minorités ethniques, sans domicile fixe, sans emploi ou ayant un travail précaire. Toutefois, en dehors des Antilles et de la Guyane, confrontées au crack depuis la fin des années 1980, et de quelques structures de l’est parisien, l’usage de crack reste marginal partout ailleurs en France. De ce fait, les particularités de sa consommation et de sa prise en charge sont largement méconnues. En l’absence de protocole standardisé de prise en charge des consommateurs, et alors que l’usage de cocaïne reste un problème important de santé publique en Amérique du Nord comme en Europe, il parait utile de faire le point sur les données actuelles de la littérature concernant la prise en charge de l’intoxication, du sevrage et de la dépendance. s u u c c o s o F ocus Focus En effet, celle-ci doit tenir compte des différentes modalités de consommation de cette drogue. L’évaluation initiale doit donc s’intéresser à : l’âge, mode de début de consommation, quantité consommée par prise, fréquence et périodicité des prises, voie d’administration préférentielle et autres voies possibles, caractéristiques et durée des éventuelles périodes d’abstinence (ainsi que les stratégies spontanément mises en place pour maintenir cette abstinence), substances associées et leur pattern de consommation (par exemple, l’alcool comme déclencheur ou pour réduire l’anxiété et les manifestations dysphoriques qui apparaissent à l’arrêt de l’intoxication par la cocaïne). Les antécédents de prise en charge, spécialisée ou non, ambulatoire et en hospitalisation, doivent également être renseignés le plus précisément possible. En effet, l’expérience des tentatives antérieures doit permettre de renforcer la motivation au processus thérapeutique en cours. Les stratégies personnelles de contrôle de la consommation, déjà expérimentées lors des périodes d’abstinence antérieures, doivent être identifiées, reconnues et renforcées, afin d’adapter la prise en charge. Il peut être utile, dès les premières évaluations, d’amener le patient à identifier les contextes de consommation et les situations déclenchantes les plus fréquentes, afin de lui faire prendre conscience de son caractère compulsif et de l’aider à la contrôler. Une évaluation de la situation sociale, juridique, économique et professionnelle est indispensable. Il est également intéressant de connaître l’existence de dettes, et les modalités d’obtention de l’argent utilisé pour la consommation (comportements sexuels à risques, voire prostitution de circonstance, comportements délictuels…), même s’il est parfois difficile d’obtenir de tels renseignements de la part de l’usager. On doit également rechercher les comorbidités médicales et psychiatriques, ainsi que les complications somatiques les plus fréquentes (cardio-vasculaires et neurologiques, infectieuses, ORL et stomatologiques), à partir d’un examen somatique complet. Une attention particulière doit être portée aux symptômes anxio-dépressifs associés ou précédents les prises de cocaïne, ainsi qu’à la recherche d’antécédents et d’idées sui- Le Courrier des addictions (12) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2010 s u u c c o s o s FFocus F u Foc cidaires. Les manifestations psychiatriques induites par l’usage de cocaïne, Cocaine-Induced Psychosis (CIP) et Cocaine-Induced Compulsive Foraging (CICF), peuvent être évaluées et caractérisées en utilisant l’échelle SAPS-CIP (4), dont il existe des traductions en français. PSYCHOSE INDUITE ET PROBLÈMES CARDIO-VASCULAIRES À court terme, la cocaïne et le crack sont consommés pour induire une sensation de bien-être et d’euphorie, associée à un effet psychostimulant. On observe une élation de l’humeur, un sentiment de facilité et de maîtrise, un éveil sensoriel. Le sujet se sent confiant en lui. Il a l’impression que ses capacités physiques et mentales sont décuplées, qu’il est doué une plus grande efficience mentale, clarté de pensée et perspicacité. À ce sentiment de plaisir s’associe une stimulation de la vigilance, avec disparition de la sensation de fatigue, un surcroît d’énergie, une diminution du besoin de sommeil (avec insomnie) et des inhibitions sociales, une facilitation de la communication et une augmentation de la libido. Cependant, dans certains cas dès les premières prises, mais le plus souvent après plusieurs années de consommation, peut se développer un sentiment de méfiance, pouvant s’organiser en véritable syndrome de persécution. À partir de perceptions ou d’hallucinations auditives et visuelles, se développent un état d’hypervigilance. Vient ensuite le sentiment que l’entourage est hostile, le plus souvent centré sur la consommation et ses risques. Il est convaincu que la police va l’attraper, ou que les autres consommateurs vont essayer de lui voler sa drogue et cela peut le conduire à des comportements hétéro-agressifs, pour "se défendre" contre les agresseurs. Cinquante à 80 % des usagers expérimentent cette psychose induite par les prises de cocaïne. Nombreux vont utiliser une autre substance, le plus souvent l’alcool, pour tenter d’atténuer les phénomènes délirants. Si ces manifestations psychotiques semblent plus fréquentes avec le crack, elles peuvent également survenir chez les usagers de chlorhydrate de cocaïne. Le contexte et l’environnement de la consommation influencent souvent le développement de cette symptomatologie. L’intoxication à la cocaïne peut également être responsable de complications somatiques (par vasoconstriction, augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, ou abaissement du seuil épileptogène). Celles-ci peuvent conduire le consommateur dans un service d’urgences, notamment pour douleur thoracique (crise d’angor ou infarctus du myocarde, troubles du rythme cardiaque, pneumothorax…), accident vasculaire cérébral, poussée hypertensive, crise comitiale ou hyperthermie et rhabdomyolyse. Outre la prise en charge spécifique de ces complications, les urgentistes peuvent être confrontés à des manifestations psychocomportementales parfois extrêmes d’agitation et d’agressivité, sous-tendues par un syndrome de persécution induit. Une prise en charge dans un environnement calme et sécurisant, avec un minimum de stimulations sensorielles, associée à des interventions de l’équipe soignante rassurantes et clairement explicitées, suffisent parfois à éviter le recours à des protocoles thérapeutiques lourds et traumatisants. La contention physique ne doit être utilisée qu’en cas d’extrême nécessité, et sur une période la plus courte possible, pour diminuer les risques d’hyperthermie et de rhabdomyolyse. Les benzodiazépines doivent être préférées aux neuroleptiques, pour contrôler l’anxiété, l’agitation et les manifestations psychotiques. Ces derniers, par leur mécanisme d’action antagoniste dopaminergique, pourraient en effet précipiter l’apparition de symptômes de sevrage. Ils peuvent surtout majorer les risques d’hyperthermie maligne. Les molécules à forte activité anticholinergique (essentiellement phénothiazines, molécules les plus sédatives) doivent être évitées, notamment pour ne pas majorer le risque confusionnel. Les benzodiazépines les plus souvent proposées sont le diazépam et le lorazépam (dont la forme i.m. n’existe pas en France). Le clonazépam semble également une alternative efficace. Par ailleurs, les benzodiazépines, en calmant l’agitation du patient, permettent une normalisation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, et réduisent les risques de complications cardio-vasculaires. Elles permettent également d’assurer un contrôle du risque comitial, et pourront prévenir les complications d’un sevrage à l’alcool en cas de consommation concomitante aux prises de cocaïne. Si les symptômes psychotiques sont trop prégnants, l’halopéridol ou la rispéridone sont à privilégier du fait de leur faible potentiel anticholinergique. Enfin, il n’existe pas de données concernant la place de l’aripiprazole dans cette indication. s s u u c Fo ocFuosc ocus F F PRISE EN CHARGE DU SEVRAGE Le modèle triphasique du sevrage développé en 1986 par F.H. Gawin et H.D. Kleber alterne une phase initiale de "crash", 9 heures à 4 jours après la dernière prise, suivie d’une phase de sevrage proprement dite durant 1 à 10 semaines, finalement suivie d’une phase d’extinction correspondant à une période d’abstinence prolongée. Plusieurs autres études plus récentes ne l’ont pas retrouvé. Les symptômes de sevrage à la cocaïne sont souvent décrits par les patients comme peu intenses. Ils associent : humeur dysphorique, irritabilité, anxiété, anhédonie, difficultés de concentration, fatigue, troubles du sommeil, Le Courrier des addictions (12) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2010 28 avec parfois une désorganisation du sommeil paradoxal, une hypersomnolence et des rêves intenses et déplaisants, augmentation de l’appétit, ralentissement ou agitation psychomotrice. Ces symptômes régressent généralement dans les 15 jours après l’arrêt de l’intoxication à la cocaïne. Ils ne nécessitent que rarement un traitement spécifique, notamment en hospitalisation. Des symptômes physiques non spécifiques sont également possibles (douleurs musculo-squelettiques diffuses, tremblements, frissons, nausées, mouvements involontaires…), et régressent spontanément ou après prescription d’antalgiques de palier 1. Certains usagers, notamment de crack, peuvent voir réapparaître des douleurs intercurrentes (mauvais état bucco-dentaire, douleurs articulaires ou de fractures osseuses, plaies palmo-plantaires…) souvent mal soignées car négligées pendant les périodes de consommation et calmées par l’effet anesthésiant de la cocaïne. Certains auteurs ont montré un lien entre la survenue et l’intensité des symptômes de sevrage à la cocaïne et des antécédents de dépression ou de dysthymie, ainsi que des idées suicidaires plus fréquentes. L’intensité du syndrome de sevrage pourrait être liée à un moins bon pronostic, avec notamment une dépendance plus sévère, des rechutes plus rapides après une période d’abstinence, plus de difficultés aux prises en charges thérapeutiques en hospitalisation (sorties prématurées plus nombreuses), et une moins bonne réponse aux traitements pharmacologiques. Une échelle d’évaluation spécifique, la Cocaine Selective Severity Assessment (CSSA) a été mise ou point et validée par K. Kampman (5), afin d’évaluer la sévérité des symptômes de sevrage à la cocaïne. Le propranolol et plus spécifiquement des agonistes dopaminergiques (amantadine et bromocriptine) ont été proposés comme traitement de la dépendance à la cocaïne chez les patients développant un syndrome de sevrage sévère. En effet, selon plusieurs modèles neurobiologiques, les symptômes de sevrage de la cocaïne pourraient être liés à une déplétion des différents systèmes monoaminergiques synaptiques, notamment du système dopaminergique. Plus récemment, la N-acétylcystéine (mucolytique broncho-pulmonaire) a été proposée comme traitement du sevrage de la cocaïne. Elle a montré chez l’homme sa capacité à diminuer le craving pour la cocaïne dans les premiers jours après l’arrêt de l’intoxication. La posologie et la durée de prescription, bien que précisées lors de l’étude d’évaluation (1 200 mg à 3 600 mg par jour, pendant 4 semaines) [6], doivent encore être confirmées par d’autres études cliniques en population ambulatoire ou en hospitalisation. En effet, les posologies proposées correspondent, en France, à la prise de 6 à 18 sachets F F Les principaux objectifs de la prise en charge de la dépendance sont l’aide au maintien de l’abstinence au long cours, et la prévention de la rechute. La place de la pharmacothérapie est actuellement limitée, faute de molécule qui, sur le modèle de la dépendance aux opiacés, pourrait agir comme traitement de maintenance et de substitution. L’approche thérapeutique la plus adaptée actuellement semble devoir associer une approche psychosociale et un traitement médicamenteux à visée "anticraving", qui va réduire les envies compulsives de consommer et faciliter le travail psychothérapeutique et social. Dès le début des années 1980, à l’initiative du NIDA, de nombreux médicaments ont été proposés : plus de 30 agents médicamenteux, essentiellement agonistes et antagonistes dopaminergiques, antidépresseurs et carbamazépine, qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité comme traitement de la dépendance. Depuis 2000, fondées sur un même protocole standardisé*, les études Cocaine Rapid Efficacy Screening Trials (CREST) [Addiction 2005; 100:s1] et de nombreuses autres indépendantes utilisant des protocoles similaires, ont évalué plus de 60 molécules différentes. Parmi les résultats publiés, 4 molécules (baclofène, disulfirame, modafinil, topiramate) ont donné des résultats significatifs, et près d’une vingtaine ont obtenu des résultats promet- LA PLACE DES PSYCHOTHÉRAPIES Les prises en charge psychothérapeutiques sont indispensables dans l’accompagnement d’un usager de cocaïne. Certaines approches thérapeutiques, comme l’intervention brève et l’entretien motivationnel, pourront aider à gérer la consommation, si l’usager ne souhaite pas devenir abstinent. Il est également utile de développer des compétences pour maintenir une consommation "contrôlée", intégrée dans la vie du sujet : maintien d’une bonne hygiène de vie, gestion de l’argent, contrôle de la voie d’administration en privilégiant les moins risquées (éviter la voie i.v. ; fumer le crack en cigarettes et non en pipes ; utiliser du matériel de réduction des risques), de la quantité consommée et de la fréquence de consommation, gestion du stress, développement des compétences de planification et d’adaptation… Il reste cependant évident qu’un sujet dépendant n’est plus capable de contrôler sa consom- 29 mation et il doit être aidé, parfois dès la phase de sevrage. Un séjour de rupture, en hospitalisation ou en centre thérapeutique résidentiel, est parfois nécessaire pour consolider les premières semaines d’abstinence. Avec la motivation comme facteur majeur de l’efficacité de la thérapie. Les techniques d’entretien motivationnel paraissent avoir une place majeure. Des approches comportementales, comme la gestion des contingences (qui consiste à renforcer positivement les comportements d’abstinence à l’aide de récompenses sous forme d’argent ou de bons échangeables), ont également montré leur intérêt dans les premiers temps de la prise en charge, car elle favorise la fréquentation de la structure de soins. Il nous semble que l’acupuncture, dans un autre registre, peut participer de cet "accrochage" thérapeutique, en apportant des effets positifs non spécifiques immédiats (effet “séance” – moment de détente et de bien-être), ou en agissant sur des symptômes associés (colère, impulsivité, anxiété, troubles du sommeil, perte d’appétit, contrôle de la douleur…). Les plus utilisées restent les thérapies comportementales et cognitives, qui permettent une approche structurée, s’inspirant des stratégies de conditionnement répondant (expositions aux stimuli avec prévention de la réponse), mais aussi s’appuyant sur la technique des jeux de rôle (principes du conditionnement vicariant). Ces approches se fondent sur un entraînement aux compétences pour le "faire face" (stratégies de coping). Après recueil et hiérarchisation des situations déclenchant le craving, des séances d’exposition individuelles ou en groupe sont proposées, jusqu’à extinction du craving rattaché à chaque situation. Le programme thérapeutique est "achevé" lorsque plus aucune situation ne le déclenche. Les séances de déconditionnement peuvent s’accompagner de restructuration cognitive, après mise en évidence des distorsions cognitives, et de techniques de résolution de problèmes. On peut également proposer des programmes de prévention de la rechute (selon le modèle de G.A. Marlatt et J.R. Gordon), dont l’objectif est de diminuer le risque de rechute par une amélioration des fonctions d’autocontrôle, afin que le patient apprenne à faire face aux situations à haut risque de consommation. Les thérapies d’inspiration analytiques peuvent aussi avoir leur place dans l’accompagnement d’un patient dépendant (voir notre Éditorial). u u c c o o F ocFus ocus F F s AU-DELÀ : CELLE DE LA DÉPENDANCE teurs, à confirmer : acétylcystéine, d-amphétamine, aripiprazole, bupropion, cabergoline, levodopa/carbidopa, gabapentin, mémantine, méthylphénidate, naltrexone, ondansétron, propranolol, rimonabant, sertraline, tiagabine, tolcapone, vigabatrin. En s’appuyant sur des bases neurobiologiques, deux pistes pharmacologiques sont proposées. Un premier groupe de médicaments pourrait être utilisé comme traitement de substitution, par mécanisme agoniste dopaminergique : dérivés amphétaminiques et méthylphénidate, mais aussi disulfirame (inhibiteur de la dopamine-hydroxylase, enzyme de dégradation de la dopamine) ou bupropion (inhibiteur de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline). Cependant, les résultats obtenus avec ces nouvelles molécules semblent limités (7), comme ils l’avaient été avec les agonistes dopaminergiques dans les années 1980 (bromocriptine, amantadine, pramipexole, pergolide…). La piste des agonistes partiels des récepteurs dopaminergiques (avec notamment l’aripiprazole) semble prometteuse, mais doit encore être mieux évaluée en clinique. Un deuxième groupe de molécules pourraient être utilisées comme "anticraving", en diminuant les comportements de recherche compulsive de drogue, par un mécanisme de modulation des systèmes glutamatergique et GABAergique : N-acétylcystéine et modafinil (agonistes glutamate), baclofène et tiagabine (agonistes GABA), topiramate (agoniste GABA et antagoniste glutamate)… La molécule la plus utilisée actuellement en France semble être le topiramate, à des doses comprises entre 100 et 200 mg par jour. s par jour (dosages à 200 mg par unité de prise, en sachets ou comprimés). Par ailleurs, un craving pour la cocaïne pourrait réapparaître après plusieurs jours de traitement. La Nacétylcystéine agirait en tant que précurseur glutamatergique : chez le rat rendu dépendant à la cocaïne, on retrouve lors des phases de sevrage des taux bas de glutamate dans le nucleus accumbens. Cette déplétion en glutamate pourrait être responsable de l’apparition de comportements de recherche compulsive de cocaïne. La N-acétylcystéine rétablirait les taux de glutamate intrasynaptiques, et réduirait ainsi les comportements de recherche compulsive. Par ailleurs, le glutamate, neuromédiateur excitateur, a un effet prodopaminergique au niveau du système méso-corticolimbique. Cette action pourrait expliquer la réapparition du craving pour la cocaïne après plusieurs jours de traitement. D’autres molécules (modafinil ou méthylphénidate) pourraient également être proposées pour améliorer les symptômes de sevrage, mais leur modalité de prescription en France peut en limiter l’utilisation. Le modafinil (400 mg par jour pendant 3 semaines) améliore les troubles du sommeil observés lors du sevrage. s u u c c o s o F ocus Focus * Critères d’évaluation communs à toutes les études : 1 à 4 semaines d’évaluation préthérapeutique – étude contrôlée avec placebo ou traitement pendant 8 semaines – associée à une prise en charge psychosociale standardisée, sur le modèle des TCC – évaluations pendant les 8 semaines de traitement puis 30 jours après la fin du protocole. Le Courrier des addictions (12) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2010 s u u c c o s o s FFocus F u Foc Enfin, les thérapies fondées sur des prises en charge de groupe (12 étapes des narcotiques anonymes et thérapies psychosociales) obtiennent également un maintien de l’abstinence au long cours. Il semble que ces thérapies soient plus efficaces lorsqu’elles sont intégrées dans des programmes thérapeutiques longs (4 à 6 mois) que courts (1 mois). Et particulièrement lorsque l’on combine une prescription médicamenteuse et une psychothérapie, celle-ci associant thérapies brèves, prises en charges de groupe et thérapies comportementales et cognitives. QUAND L’ALCOOL OU L'HÉROïNE SONT ASSOCIéS La dépendance à la cocaïne est caractérisée par un poly-usage ou une polydépendance. Moins de 10 % des patients cocaïnomanes ne sont dépendants à aucune autre substance. L’alcool est le produit psychotrope le plus souvent associé, avec une alcoolodépendance associée dans 50 à 90 % des cas de cocaïnomanie. Il est important de repérer un usage d’alcool "gâchette" qui déclenche l’envie de consommer de la cocaïne et de le distinguer des prises d’alcool pour atténuer les effets négatifs de la drogue. En effet, dans le premier cas, une des priorités de la prise en charge est le contrôle de cette consommation d’alcool, ce qui permet le plus souvent d’éviter l’usage de cocaïne. Chez les codépendants, il semble que la meilleure stratégie thérapeutique associe une prise en charge psychothérapeutique à un médicament anticraving, qui facilite l’approche psychologique, en maintenant l’abstinence et en réduisant le risque de rechute en début de prise en charge (8). En l’absence de protocole standardisé, 4 molécules (disulfirame, baclofène, topiramate et naltrexone) peuvent être proposées, mais aucune n’a fait la preuve de son efficacité. Leur prescription reste encore du champ de l’expérimentation, aucune n’ayant d’autorisation de mise sur le marché pour des indications en addictologie. Quelle prise en charge en cas de consommation de cocaïne chez des héroïnomanes ? (9). Les usagers de cocaïne par voie intraveineuse peuvent la mélanger avec de l’héroïne, en "speedballs", afin d’atténuer les effets stimulants de l’une par les sédatifs de l’autre, ou pour en contrecarrer la somnolence induite. Ce mélange permet également de réduire l’intensité de la "descente" (en atténuant le sentiment de dysphorie). Cette pratique majore les risques de surdose à l’héroïne, avec détresse respiratoire potentiellement fatale, la cocaïne rendant la dépression respiratoire plus intense. Par ailleurs, de l’héroïne est parfois mélangée à de la cocaïne, puis fumée (c’est le "chasser le dragon", une technique consistant à inhaler des vapeurs d’héroïne chauffée au- dessus d'une flamme, le plus souvent sur du papier d'aluminium). Lors des binges, les usagers vont alterner compulsivement morceaux de crack et prises d’héroïne, chaque produit contrebalançant les effets de l’autre. Enfin, dans certains milieux festifs et chez des jeunes consommateurs, la cocaïne et l’héroïne peuvent être "sniffées", dans un contexte de partage et de convivialité. Chez les usagers d’opiacés sous traitement de substitution par méthadone ou buprénorphine, la consommation de cocaïne pendant la durée du traitement est fréquente. Plusieurs études, depuis le début des années 1990, suggèrent que la mise sous traitement de substitution des patients codépendants aux opiacés et à la cocaïne pourrait avoir un intérêt. Les résultats des premières études divergent, quant à leur efficacité pour réduire les consommations de cocaïne associées : l’abus de cocaïne semblait moins fréquent sous buprénorphine que sous méthadone. La mise sous méthadone de patients héroïnomanes, consommateurs de cocaïne (sniffée ou intraveineuse) ou de crack, modifiait de façon inconstante et modérée la prise de cocaïne, et augmentait la consommation de crack. Cependant, les études randomisées en double aveugle ne mettent pas en évidence de supériorité de la buprénorphine par rapport à la méthadone sur la réduction des prises de cocaïne chez les patients héroïnomanes sous substitution. Une méta-analyse Cochrane montre que les dosages de méthadone entre 60 et 100 mg/j sont plus efficaces que les dosages plus faibles pour maintenir les patients en soins, et pour réduire les consommations d’héroïne et de cocaïne pendant la durée du traitement. Ainsi une méthode pour réduire la consommation de cocaïne chez des patients déjà traités par méthadone serait d’augmenter la dose de méthadone quotidienne, car il semble que l’usage de cocaïne soit responsable d’une diminution de ses concentrations plasmatiques. Chez des héroïnomanes traités par levo-acétylméthadol (LAAM), l’augmentation des doses de LAAM permet, de même, de réduire la consommation de cocaïne associée. Pour minimiser les conséquences du mésusage de cocaïne chez les patients dépendants aux opiacés sous traitement de substitution, plusieurs techniques psychothérapeutiques ont été proposées. Une intervention motivationnelle brève peut aider au maintien de l’abstinence chez des coconsommateurs de cocaïne et d’héroïne non inscrits dans une structure de soins spécialisée. Les thérapies de gestion des contingences se sont montrées efficaces pour réduire la consommation de cocaïne chez les héroïnomanes sous traitement de substitution, seules ou en association à des traitements médicamenteux. Les thérapies cognitivo-comportementales se sont également montrées efficaces chez ce type de population. Le Courrier des addictions (12) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2010 s s u u c Fo ocFuosc ocus F F 30 Plusieurs études ont montré que le disulfirame pouvait être utile pour le traitement de la dépendance à la cocaïne chez des héroïnomanes sous traitement de substitution. D’autres molécules ont été testées, avec des résultats contrastés, que ce soit des antidépresseurs (désipramine, fluoxétine), des agonistes dopaminergiques (amantadine), des antipsychotiques (rispéridone), ou des antiépileptiques (gabapentine, tiagabine). La d-amphétamine réduit également la consommation de cocaïne chez des héroïnomanes sous substitution par méthadone. SPéCIFIQUE : L’APPROCHE THÉRAPEUTIQUE DU CRACK Le problème de la prise en charge des usagers de crack nous paraît bien différent de celui des usagers de cocaïne chlorhydrate. Wallace, dès 1991, prônait une approche biopsychosociale des usagers de crack, associée à une évaluation minutieuse du patient, de son comportement et de son environnement socio-économique, afin de proposer une prise en charge individualisée, adaptée à ses besoins et problématiques. Du fait de sa voie d’administration particulière (la voie fumée), ses effets sont plus rapides, plus brefs, plus intenses et plus addictogènes que ceux du chlorhydrate de cocaïne. Plus de 30 % des personnes qui ont fumé du crack sont devenus dépendants dans les 2 ans après la première consommation, alors que ce risque concerne seulement 5 à 12 % des consommateurs de chlorhydrate de cocaïne (10). Pendant un binge, le consommateur peut s’administrer du crack toutes les 10 minutes, pendant plusieurs heures, subissant de rapides changements d’humeur. Si un binge peut durer 8 à 12 heures, certains peuvent se prolonger pendant plusieurs jours, laissant le consommateur sans ressource, épuisé physiquement et mentalement. Cette phase de consommation va être suivie d’une période plus ou moins longue d’abstinence et de récupération, correspondant à un véritable syndrome de sevrage, avec humeur triste, hypersomnie et hyperphagie, aboulie et apathie, pouvant s’accompagner d’idéations suicidaires plus ou moins marquées. Certains consommateurs vont connaître pendant des mois (voire des années) des périodes de consommation excessive et compulsive, alternant avec des périodes d’abstinence plus ou moins longues. Les conséquences physiques, psychologiques et sociales peuvent être rapidement catastrophiques, les préoccupations étant uniquement centrées sur la consommation à venir : altération de l’état général (perte de poids, négligence physique, blessures mal soignées, manque d’hygiène…), perte des repères sociaux (amis, travail…), détérioration progressive des liens F F toutes les autres co-addictions, et de proposer leur prise en charge concomitante. Enfin, encore plus que pour la cocaïne, une rechute pouvant survenir après des années d’abstinence, la dépendance au crack nécessitera des mois de prise en charge et une combinaison de plusieurs approches thérapeutiques complémentaires, pharmacothérapies et psychothérapies, le plus souvent en ambulatoire mais aussi en hospitalisation si nécessaire. v u u c c o o F ocFus ocus F F Références bibliographiques s de 1 à 3 mois, qui permettent (après la phase de sevrage), de renforcer l’abstinence et d’initier un travail de prévention de la rechute. Il semble actuellement nécessaire avant toute psychothérapie, notamment avant de mettre en place des programmes cognitivo-comportementaux de prévention de la rechute, lorsque l’abstinence est obtenue et après évaluation neuropsychologique, de débuter la prise en charge par un travail de remédiation cognitive individualisé. Celui-ci est plus spécifiquement centré sur un renforcement des comportements d’inhibition et de la mémoire de travail. En effet, de nombreux consommateurs de crack souffrent d’impulsivité et d’atteinte des fonctions exécutives (concentration, attention, mémoire) qui vont rendre difficile toute prise en charge thérapeutique. Aucune étude n’a permis d’apporter de preuve scientifique de la meilleure efficacité d’une technique par rapport à une autre. Quelle que soit la thérapie choisie, les prises en charge sont d’autant plus efficaces qu’elles sont prolongées (par exemple, plus de 6 mois, dans le cas des programmes résidentiels). Les thérapies proposées dans la dépendance à la cocaïne peuvent être également utilisées dans la dépendance au crack. Un des objectifs de la prise en charge est d’aider le patient à gérer ses envies de consommer, qui peuvent survenir dans trois grandes circonstances : face au produit ou au dealer, dans des circonstances de consommation antérieure et lors de stress et d’émotions (positives ou négatives). Les rechutes sont fortement liées à ces épisodes de craving, non contrôlés, qui peuvent survenir après des mois, voire des années d’abstinence. Il peut être utile d’aider le patient à identifier les situations à risque de rechute, par exemple en lui proposant de remplir la "relapse prediction scale", échelle de mesure de l’intensité du craving dans 50 situations réputées à risque de consommer de la cocaïne ou du crack (11). Cette évaluation nous permet d’utiliser les situations les plus à risque identifiées par le patient lui-même dans un programme d’exposition avec prévention de la réponse. Il est également nécessaire d’identifier et d’évaluer s familiaux (agressivité et violences intra-familiales), comportements délictueux pour se procurer l’argent de la consommation et dettes excessives, marginalisation. Tous les consommateurs de crack ne connaissent pas cette déchéance inéluctable, et certains peuvent garder un certain contrôle de leur consommation, continuer à travailler, entretenir des liens familiaux satisfaisants. Il est cependant très rare que la consommation de crack n’ait aucun retentissement sur la vie du consommateur. Les risques sanitaires, psychologiques et sociaux sont toujours très présents, et la perte de contrôle toujours à craindre. Les prises de crack sont impulsives, fortement associées à des épisodes de craving déclenchés par des situations spécifiques, mais également "spontanés", sans raison apparente. Les patients sont alors totalement démunis face à ces envies irrépressibles et incontrôlables de consommer. La prescription d’un traitement médicamenteux qui va diminuer le craving et aider au maintien de l’abstinence nous parait indispensable comme premier temps de la prise en charge d’un consommateur de crack, avant toute prise en charge psychologique. En effet, la difficulté à rester abstinent plus que quelques jours et la rechute sont souvent vécues par le patient comme des échecs, entraînant honte et culpabilité, le décourageant de poursuivre des soins. Par ailleurs, il nous paraît important de proposer une réponse thérapeutique à court terme qui, même si elle n’est pas la solution miracle recherchée par le patient, pourra le rassurer sur un espoir d’amélioration, voire de guérison. Dans cette optique, le topiramate apporte un effet thérapeutique rapide, souvent perceptible dès les premiers jours (diminution des envies de consommer). Il est possible que d’autres molécules puissent également être utilisées avec des résultats similaires, selon l’expérience de chaque thérapeute. Il peut être parfois difficile d’arriver à l’abstinence en ambulatoire, ce qui nécessite un séjour en hospitalisation. En Martinique, nous proposons des séjours en centre résidentiel s u u c c o s o F ocus Focus 1. Hofstede TM, Jacob RF. 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Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive 2008;18,HS 1:36. vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv Les “Addictions et troubles apparentés" entrent dans le DSM-V par "Addictions et troubles apparentés". Conséquence : le jeu pathologique, qui, dans le DSM-IV, était classé parmi "les troubles du contrôle des impulsions", devient une "dépendance à un comportement". En revanche, "l’addiction à Internet" ne rejoint pas cette catégorie. Bien d’autres chapitres sont en cours de révision, comme ceux qui concernent les épisodes dépressifs, la schizophrénie (qui a bien failli être reléguée au rang des souvenirs), les psychoses… www.dsm5.org P. de P. v Après dix ans de travail de 400 professionnels de tous les pays, l’association de psychiatrie américaine vient de mettre en ligne la version préliminaire du DSM-V. Toutefois, la version définitive ne sera éditée qu’en 2013. Innovations dans notre "champ" : les catégories "Abus de substance" et "Dépendance" sont remplacées 31 Le Courrier des addictions (12) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2010