Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1989, 8 (4), 841-843. Mesures de protection contre la rage par la vaccination des animaux domestiques M. TOLLIS * Résumé : L'objectif ultime de toute mesure de lutte contre la rage étant de prévenir la maladie chez l'homme, la vaccination des animaux vise notamment à interrompre le cycle de transmission du virus. Après une présentation des caractéristiques générales des vaccins antirabiques, les différents types de vaccins sont passés en revue : vaccins traditionnels à base de virus multiplié in vivo ; vaccins plus récents à base de virus adapté à des systèmes de culture cellulaire ; vaccins de «nouvelle génération» produits grâce aux techniques modernes de biologie moléculaire et de génie génétique : mutants avirulents du virus, vaccins sous-unitaires, virus recombinant vaccine-rage, vaccins sans génome, vaccins produits par synthèse chimique de séquences peptidiques, vaccins à anticorps anti-idiotypes. Les modalités de la vaccination sont brièvement présentées. L'immunité conférée par des vaccins de bonne qualité peut durer jusqu'à trois ans. MOTS-CLÉS : Animaux domestiques - Maladies virales - Prophylaxie - Rage Santé publique - Vaccination - Vaccins. 1. L'objectif ultime de toute mesure de protection contre la rage est de prévenir la maladie chez l ' h o m m e . Si les mesures appliquées varient en fonction de la situation épidémiologique et des conditions socio-économiques de chaque pays, elles ont toutes pour objectifs: - d'interrompre le cycle de transmission au sein de la faune sauvage ; - d'interrompre le cycle de transmission entre la faune sauvage et les animaux domestiques ; - de prévenir la transmission de la faune sauvage aux animaux domestiques puis à l ' h o m m e , et directement de la faune sauvage à l ' h o m m e ; - de protéger les groupes professionnels à risque par un traitement avant exposition. 2. Caractéristiques générales des vaccins. Il a été m o n t r é que la protection contre la rage est liée à plusieurs mécanismes effecteurs de l'hôte, qui sont interdépendants : anticorps neutralisants, induits par les lymphocytes T stimulés à la fois par la glycoprotéine et les protéines de la nucléocapside, interféron, etc. * Centre collaborateur de l ' O M S p o u r la recherche et l'enseignement, L a b o r a t o i r e de médecine vétérinaire, Institut supérieur de la Santé, Viale Regina Elena 299, 00161 R o m e , Italie. 842 Il faut souligner que la vaccination antirabique des animaux est toujours antérieure à l'exposition (sauf dans le cas particulier d ' u n rappel antigénique chez des animaux primo-vaccinés). Cette vaccination doit conférer une immunité à la fois solide et durable. 3. Les progrès récents de la recherche sur les vaccins antirabiques permettent de distinguer, d'une part, les vaccins traditionnels et, d'autre part, les vaccins de «nouvelle génération». Les vaccins traditionnels sont à base de virus multiplié in vivo ; ceux de nouvelle génération sont à base de virus adapté à des systèmes de culture cellulaire. L a production de vaccins antirabiques in vivo peut être réalisée avec un virus multiplié soit sur tissu nerveux d ' a n i m a u x adultes (souris, lapins, m o u t o n s , etc.) ou, de préférence, d'animaux à la mamelle, en utilisant des souches virales partiellement ou complètement inactivées (dérivées du virus Pasteur original), soit sur œufs embryonnés (souches Flury L E P et H E P , Kelev). Les vaccins produits in vitro sont à base de virus fixe (souches dérivées de la souche Pasteur, souches Flury, souches SAD ou dérivées de S A D , par exemple E R A et Vnukovo), préalablement adaptées in vivo, puis multipliées sur différents systèmes de culture cellulaire. Ces vaccins utilisent des virus vivants mais, plus souvent, des virus inactivés. Les vaccins antirabiques de nouvelle génération Des mutants avirulents du virus de la rage ont été testés sous forme de vaccins vivants ou inactivés. Des vaccins sous-unitaires, à base de glycoprotéine du virus rabique, ont été mis au point et expérimentés avec succès. P a r ailleurs, on a montré q u ' u n virus recombinant vaccine-rage, contenant le gène de la glycoprotéine du virus rabique, induit la production de quantités importantes de glycoprotéine qui, à son tour, produit rapidement des anticorps neutralisants et protège contre l'inoculation d'épreuve de fortes doses du virus rabique des rues chez le lapin, la souris, le raton laveur, la mouffette, le renard et les bovins. D'autres approches font actuellement appel aux techniques modernes de la biologie moléculaire et du génie génétique, afin de mettre au point des systèmes à base d'adénovirus et de baculovirus, pour produire des vaccins exempts de génome (ne contenant que les constituants immunogènes du virus). On a également expérimenté avec des résultats encourageants la synthèse chimique de peptides à chaîne courte reproduisant les séquences spécifiques d'acides aminés de la glycoprotéine virale et encapsulés dans des vésicules lipidiques (liposomes), agissant à la fois comme véhicule et comme adjuvant du vaccin. Les anticorps anti-idiotypes du virus rabique ont induit la formation d'anticorps spécifiques (un rappel avec u n vaccin inactivé a protégé les animaux contre l'épreuve virulente). 4. Méthodes de vaccination. Les vaccins antirabiques sont en général administrés aux animaux domestiques par voie parentérale ; en principe, sauf indication contraire, l'injection est intramusculaire. Elle est la seule possible pour administrer des vaccins à virus vivant modifié. Il est à noter que l'administration orale de vaccins à virus 843 vivant modifié a été tentée récemment avec succès en Tunisie chez les chiens, en employant des appâts. La présence d'anticorps maternels peut inhiber la réponse immunitaire à la vaccination. Les vaccins de bonne qualité confèrent une immunité qui peut durer j u s q u ' à trois ans. U n e injection de rappel peut être administrée après exposition à des animaux préalablement immunisés. * MEDIDAS DE PROTECCIÓN CONTRA LA RABIA MEDIANTE LA VACUNACIÓN DE LOS ANIMALES DOMÉSTICOS. - M. Tollis. Resumen: Dado que el objetivo último de toda medida de lucha antirrábica es la prevención de la enfermedad en el hombre, la vacunación de los animales apunta esencialmente a interrumpir el ciclo de transmisión del virus. Tras una presentación de las características generales de las vacunas antirrábicas, se pasa revista a sus diferentes tipos: vacunas tradicionales a base de virus multiplicado in vivo; vacunas más recientes a base de virus adaptado a los sistemas de cultivo celular; vacunas de «nueva generación» producidas a partir de técnicas modernas de biología molecular e ingenieria genética: mutantes avirulentos del virus, vacunas subunitarias, virus recombinado vaccinia-rabia, vacunas sin genoma, vacunas producidas por síntesis química de secuencias peptídicas, vacunas con anticuerpos antiidiotipos. Se presentan sucintamente las modalidades de la vacunación. La inmunidad conferida por las vacunas de buena calidad puede durar hasta tres años. PALABRAS CLAVE: Animales domésticos - Enfermedades Profilaxis - Rabia - Salud pública - Vacunación - Vacunas. virales -