Sommaire Vol. VII - N° 3 - mai-juin 2011 ÉDITORIAL 71 Dans les maladies chroniques, chercher le tueur masqué : la dépression ! In chronic illness, the hidden killer is depression P. Courtet ACTUALITÉS SCIENCES 74 Revue critique de la littérature Coordonné par E. Bacon In chronic illness, the hidden killer is depression Coordonnateur : P. Courtet P. Courtet* Chronic hepatitis C and psychiatric disorders J.P. Lang, M. Lutz, G. Benoit, L. Michel Dépression et maladie de Parkinson Depression and Parkinson’s disease P.M. Llorca, I. Chéreau, I. de Chazeron Diabète et dépression Diabetes and depression P. Courtet ÊTRE ET SAVOIR 92 Regard sur le corps parlant : psychothérapie et sida The speaking body under scrutiny: psychotherapy of an individual with AIDS F. Pommier Dans les maladies chroniques, chercher le tueur masqué : la dépression ! DOSSIER “DÉPRESSION ET AFFECTIONS SOMATIQUES” 80 Troubles psychiatriques et hépatite chronique C ÉDITORIAL EN PLUS… ✥ Petites annonces I 96, 97 ✥ Nouvelles de l’industrie pharmaceutique I 97 ✥ Congrès I 98 L a dépression, du fait de sa prévalence élevée et de son retentissement, est un problème majeur de santé publique. C’est ainsi que la dépression représente la quatrième cause de perte en nombre d’années de vie en bonne santé. La dépression est très souvent une comorbidité d’autres affections chroniques, et elle affecte alors considérablement le pronostic chez ces patients. Dans une étude mondiale réalisée par l’OMS, il a été démontré que l’état de santé était plus altéré par la dépression que par les maladies chroniques les plus fréquentes, et que la comorbidité dépressive avait un impact encore plus délétère que les autres comorbidités. La conclusion de cette étude fut, en 2007, un appel urgent à considérer la dépression, son diagnostic et son traitement. Signalons tout de même que le vieillissement de la population sera responsable d’une aggravation du phénomène, ce qui devrait placer la dépression au deuxième rang des maladies en terme de retentissement en 2020. Avec beaucoup d’empathie, les méde- * Département d’urgence et de posturgence psychiatrique, hôpital Lapeyronie, CHRU de Montpellier. La Lettre du Psychiatre • Vol. VII - n° 3 - mai-juin 2011 | 71 ÉDITORIAL cins attribuent la souffrance dépressive du patient atteint d’une maladie chronique au vécu de l’affection somatique, a fortiori lorsque l’évolution s’annonce défavorable et le traitement contraignant. Cette attitude induit malheureusement un déni de dépression et, en l’absence de diagnostic, aucun traitement n’est prescrit. Il est important d’envisager la possibilité d’une physiopathologie commune aux affections somatiques chroniques et à la dépression, qui expliquerait la fréquence de la comorbidité dépressive dans les maladies chroniques. Nombreux sont les arguments plaidant en faveur de tels mécanismes communs : neuroanatomie, système inflammatoire, axe du stress, sérotonine, etc. Il reste à en découvrir de nouveaux, avec un objectif très actuel : identifier des biomarqueurs diagnostiques et pronostiques. En effet, le diagnostic de la dépression, qui est pourtant relativement simple, n’est pas suffisamment porté. En sus de l’inférence causale signalée plus haut, il reste que nombre de symptômes dépressifs peuvent également être dus à l’affection somatique. Mais les considérer ainsi empêche systématiquement tout diagnostic de dépression : comment présenter 5 critères de dépression sur 9 sans la cotation du sommeil, de l’appétit, du poids, de la concentration et du ralentissement ? Les recommandations actuelles sont pourtant claires : si ces symptômes sont présents, il faut les prendre en compte pour le diagnostic de dépression. Il est frappant de constater que la dépression est la maladie chronique pour laquelle les recommandations de bonne pratique sont le plus mal suivies, surtout lorsque le patient présente une maladie chronique associée. Et pourtant, traiter la dépression réduira la souffrance, les dysfonctionnements et le risque de suicide, et améliorera le pronostic de la maladie somatique. Il est à l’évidence important d’en informer nos collègues somaticiens aux yeux desquels le traitement de la dépression trouverait alors naturellement grâce. L’enjeu de l’organisation des soins à venir a trait, dans ce contexte où il devient désormais capital de cibler des objectifs de différente nature, non seulement à la dépression mais aussi au tabagisme, à l’alimentation, au réentraînement à l’effort, à la consommation d’alcool, etc. Une étude très récente, publiée dans le New England Journal of Medicine, démontre qu’il est possible de prendre en charge ces patients présentant des pathologies multiples, à condition que les soins soient coordonnés (1). Nous ne manquons pas d’outils qui devraient permettre d’atteindre cette prise en charge globale, qu’il s’agisse des clinical guidelines, du téléphone, d’Internet ou des sms ! Référence bibliographique Pour en savoir plus… 1. Katon WJ, Lin EH, Von Korff M et al. Collaborative care for patients with depression and chronic illnesses. N Engl J Med 2010;363(27):2611-20. AVIS AUX LECTEURS •• Moussavi S, Chatterji S, Verdes E, Tandon A, Patel V, Ustun B. Depression, chronic diseases, and decrements in health: results from the World Health Surveys. Lancet 2007;370:851-8. •• McIntyre RS, Soczynska JK, Konarski JZ et al. Should Depressive Syndromes Be Reclassified as “Metabolic Syndrome Type II”? Ann Clin Psychiatry 2007;19(4):257-64. •• Simon GE, Von Korff M. Medical co-morbidity Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous and validity of DSM-IV depression criteria. l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du Psychological Med 2006;36:27-36. rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. 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