Réseau d’échange de bonnes pratiques sur la manière de susciter une plus grande motivation dans l’apprentissage des langues Guide pratique 1 Introduction Financé par la Commission européenne dans le cadre du Programme pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (Activité clé n° 2: Les langues), le réseau MOLAN a réalisé son projet transversal sur une durée de trois ans. Le Guide pratique constitue l’un des principaux aboutissements de son activité. Le réseau MOLAN regroupe 38 partenaires issus de 18 pays européens participants auxquels il faut adjoindre la Suisse. Ces partenaires, qu’ils représentent des écoles, des universités, des organismes ou des institutions, ont en commun la double conviction - essentielle pour l’Union européenne que la capacité à communiquer en plusieurs langues constitue une compétence clé dans la formation tout au long de la vie et que les institutions en charge de l’éducation et de la formation ont un rôle déterminant à jouer dans ce domaine. Les partenaires sont par ailleurs convaincus qu’il est souhaitable de créer les conditions d’une coopération plus étroite entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur sur la question des langues. Le projet MOLAN s’inscrit dans le cadre de la politique en faveur du multilinguisme qui a été initiée au début des années 90 et qui a connu un temps fort avec la nomination de M Leonard Orban comme Commissaire au multilinguisme. Le réseau a bénéficié de l’appui très précieux d’un certain nombre d’organismes et d’institutions choisis pour leur expertise en matière d’éducation dans divers pays européens. Le projet du réseau Molan a été déposé lors de l’appel à propositions lancé en 2007 dans le cadre du programme transversal du Programme d’éducation et de formation tout au long de la vie. Il s’inscrit dans l’une des 6 priorités stratégiques définies pour l’activité clé n° 2: Bonnes pratiques utiles pour motiver les apprenants de langues. Cette priorité stratégique s’imposait à l’époque de manière d’autant plus évidente que la motivation pour apprendre les langues figurait comme l’un des points essentiels du programme de développement du multilinguisme. Dans son rapport de 2006-2007, le Groupe de haut-niveau sur le multilinguisme souligne en effet que «la motivation est une clé, sinon la clé, pour un apprentissage efficace des langues vivantes. Agir sur la motivation des apprenants constitue donc un puissant levier pour faire progresser de manière significative la maîtrise de compétences de communication en langues vivantes en Europe.» Parmi les recommandations formulées par le Groupe de haut niveau sur le multilinguisme, on note également celle-ci: «On trouve dans l’Union une extraordinaire variété de stratégies pour donner aux apprenants non seulement l’envie d’apprendre les langues mais aussi le désir de progresser en langues au-delà du niveau seuil. Il serait opportun que 2 la Commission apporte son soutien à tout projet qui se donnerait pour objectif de diffuser ces bonnes pratiques auprès des acteurs de l’éducation en Europe et de promouvoir des pratiques innovantes dans le domaine de la motivation pour l’apprentissage des langues». Ce sont là précisément les objectifs du réseau MOLAN. Les partenaires du réseau MOLAN se sont appliqués à identifier des politiques innovantes, des stratégies ou des bonnes pratiques qui avaient fait leurs preuves dans le domaine des langues et à fournir pour chacune d’entre elles une description précise et une analyse fouillée. Les divers partenaires et sous-traitants du réseau MOLAN ont consacré les dix-huit premiers mois du projet à la rédaction de plus de 80 études de cas répertoriées comme relevant de bonnes pratiques. Pour chaque bonne pratique, le contexte a été décrit, les facteurs de succès ont été identifiés, les incidences à court et plus long terme ont été analysées et les conditions de transfert ont été précisées. Lors de la rédaction finale de ces études de cas, les partenaires se sont attachés à présenter un choix de bonnes pratiques qui soient à la fois transposables dans des écoles, des collèges, des lycées ou des universités et susceptibles d’amener les responsables à initier une politique en faveur des langues. C’est précisément la fonction assignée au Guide pratique. Quinze études de cas furent ainsi choisies. Il fut dans un premier temps demandé aux institutions qui avaient mis en œuvre ces politiques d’en rédiger une présentation synthétique. Dans un second temps, ces présentations furent révisées lors de travail en binômes au cours de la conférence de Thessalonique en 2009. Ces travaux permirent d’identifier certains facteurs de succès essentiels que les partenaires MOLAN ont choisi de regrouper sous quatre rubriques ou catégories thématiques: - l’importance de l’innovation tant dans le domaine de la pédagogie que dans les modes d’apprentissage; la mise en œuvre d’une véritable politique linguistique; l’importance des partenariats et des échanges avec l’extérieur; l’intégration de l’apprentissage des langues dans les cursus, la validation des compétences et la certification. Les diverses composantes de chacune de ces catégories sont clairement définies dans les introductions correspondantes des quatre parties de l’ouvrage. Chacune de ces catégories va de pair avec un certain nombre de facteurs de succès. Lors de la conférence de Thessalonique, il est en effet apparu que la réussite d’une politique linguistique tenait le plus souvent à la prise en compte de tout un ensemble de facteurs de succès, ceux-ci relevant parfois d’une seule catégorie, le plus souvent de plusieurs catégories. Il est significatif que dans la majorité des exemples retenus, on retrouve parmi les facteurs de succès essentiels une forme de partenariat: partenariat interne ou partenariat externe avec des institutions similaires ou différentes, 3 partenariat transdisciplinaire, partenariat trans-européen, etc. Citons également les facteurs de succès transversaux suivants: -l’association de l’apprentissage des langues et des activités extra-scolaires ou hors programme; - l’association de l’apprentissage des langues et de l’utilisation des TIC; - l’association de l’apprentissage en autonomie et de l’apprentissage en interaction; - l’enseignement de type EMILE qui associe enseignement d’une langue et enseignement d’une matière. Au cours des travaux du réseau MOLAN, une évidence est toutefois apparue: il est essentiel de lire les exemples de bonnes pratiques sélectionnés en tenant compte du contexte dans lequel ces dernières se sont développées. Ce qui est possible dans tel endroit ne l’est peut-être pas dans tel autre. Les schémas ne peuvent être directement transposables: on ne saurait simplement copier ces exemples, ils devront être repensés en contexte et adaptés; l’environnement linguistique subit des mutations constantes et il faudra prendre en compte l’importance croissante des langues des migrants; en l’absence de moyens suffisants, les initiatives les plus heureuses risquent de mener à une impasse – une réalité perçue par le réseau MOLAN en cours de projet, d’autant que certaines initiatives citées ici n’ont pas résisté à la crise financière; les facteurs déterminants d’une politique linguistique sont davantage liés au contexte immédiat qu’au contexte national ou régional, si bien qu’il existe des leviers au niveau des établissements eux-mêmes et que ceux-ci doivent s’en saisir pour définir des politiques linguistiques, mettre en œuvre des stratégies spécifiques et encourager des pratiques innovantes. Les présentations synthétiques que l’on trouve dans le Guide Pratique fournissent des raisons d’espérer: il est possible d’activer des leviers que ce soit au niveau européen, au niveau régional, au niveau de chaque institution ou même de l’établissement. On voit enfin dans ces exemples l’émergence de nouveaux défis. En particulier il faudra apprendre à gérer des apprenants de niveaux de plus en plus hétérogènes. Comment motiver des apprenants lorsque ceux-ci se sentent beaucoup plus forts en langue que leurs pairs ou au contraire beaucoup moins bons? Le Guide pratique ne fournit pas de réponse toute faite. Mais il vise à encourager les décideurs et les responsables de cursus à se saisir de la problématique des langues et à prendre les mesures qui s’imposent. Les études de cas présentées dans le projet MOLAN apportent la preuve que la construction d’une compétence multilingue ne relève pas de l’utopie. Avec la bonne approche, celle qui allie politique, stratégie et pratique, le rêve peut devenir réalité. 4