la chine depuis 1945

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LA CHINE DEPUIS 1945
Pendant la 2eme guerre mondiale, les Japonais contrôlaient l’est du pays ;
le Guomindang de Jiang Jieshi ( = Tchang Kaï Chek), à
partir du Bassin Rouge, contrôlait le centre et le sud du pays ;
les communistes de Mao Zedong, installés dans le nordouest (dans le Shaanxi = la boucle du Hoang He) depuis 1934 (fin de la « longue marche »
de 1928 à 1934).
Malgré un accord tacite pendant la guerre contre les Japonais, Jiang Jieshi s’occupe
davantage des communistes . Après la fin de la guerre, le Général Marshall fut chargé
d’une médiation entre PC et Nationalistes : échec, en juillet 46, les Nationalistes lancent
une offensive générale ( avec 4 millions d’hommes ), les communistes reprennent la
guérilla. Le gouvernement nationaliste de Nankin, malgré l’aide financière US s’avère
incapable de redresser la situation économique et sociale (inflation = 600 000% en
1946...).
Mai 1948 : création d’un front uni regroupant les partis d’opposition et le PC contre les
Nationalistes, il propose en vain des négociations. L’été 1948 voit une série de victoires
des armées communistes au nord, en janvier 1949, Beijing capitule ; durant le printemps,
victoires au sud : Nankin et Shanghai tombent.
Les troupes nationalistes se réfugient dans l’île de Taiwan ( Formose ).
Le 1er octobre 1949, proclamation de la « République Populaire de Chine ». En
quelque semaines, sous le poids des pressions internationales, la République Populaire
resserre ses liens avec l’URSS, et le pouvoir passe d’une large coalition au seul PC.
En 1950, accrochages avec les Français sur la frontière indochinoise, au sud, et débuts de
la guerre de Corée, au nord.
LES GRANDES ETAPES DE L’HISTOIRE DE LA CHINE POPULAIRE
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Reconstruction et stalinisation de la République Populaire de Chine (1950 -1958) ;
Le « Grand Bond en avant » ( 1958 - 1965 ) ;
La Révolution Culturelle ( 1966 - 1971 ) ;
Le Pi Lin pi Kong ( 1971 - 1975 ) ;
L’après Mao et « l’économie socialiste de marché » (1976 à nos jours).
1.
RECONSTRUCTION ET STALINISATION (1950 - 1958)
Les tâches du nouveau régime sont immenses :
- transformer la société chinoise archaïque ;
- développer l’économie ;
- assurer la sécurité du pays ;
- maintenir l’élan révolutionnaire.
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Les 1ères mesures : 1er mai 1950 : la loi sur le mariage interdit les pratiques archaïques
(mariage des enfants, vente des filles, polygamie) et établit l’égalité des sexes ;
Grande campagne d’alphabétisation et simplification de l’écriture chinoise ;
Prise en main de la population : lutte contre les « mandarins », épuration ;
Réforme agraire (la plus importante jamais réalisée) : dès juin 1950, confiscation et
redistribution des terres qui n’étaient pas exploitées par leurs propriétaires ; ainsi 47
millions d’ha (soit 40% des terres) sont partagés entre 80 millions de familles.
Mais bientôt apparaîtront les 1ers éléments de collectivisation .
Le pouvoir développe son implantation dans les villes par une série de campagnes
politiques (contre la corruption, contre le gaspillage, contre la fraude fiscale...) et dans les
campagnes (campagnes contre l’opium, contre les moustiques...). A partir de 1953 le
processus de socialisation s’accélère.
La transformation socialiste de l’économie chinoise (1953 - 1958)
Entre 1953 et 1957 50% des familles sont regroupées dans des coopératives, cette
collectivisation n’est ni forcée ni spontanée, elle résulte des mesures d’incitation.
En 1953 est lancé le 1er plan quinquennal calqué sur le modèle soviétique ( principaux
objectifs = charbon, fer, électricité, chemins de fer...). L’aide soviétique est très
importante : crédits, techniciens, biens de production ).
En 1957 : campagne des « cent fleurs », face à la montée du mécontentement et à
l’influence des événements de Pologne et de Hongrie, le président Mao lance le slogan
« que cent fleurs s’épanouissent et que cent écoles rivalisent ! », les intellectuels et les travailleurs
sont invités à exprimer leurs critiques, mais comme celles-ci touchent le PC et le
« socialisme à la chinoise », dès la fin de 1957, il y a une « rectification ».
2.
LE GRAND BOND EN AVANT (1958 - 1965)
Au début du 2eme plan quinquennal en 1958, le gouvernement lance les communes
populaires qui résultent de la fusion de plusieurs coopératives.
Chacune d’entre elles regroupe entre 2000 et 7000 familles (soit de 30 000 à 40 000
personnes) et doit être capable de fonctionner en autarcie : objectifs => construire les
outils agricoles dans les communes , en commençant par produire l’acier, réaliser les
grands travaux grâce au grand nombre
(barrages, irrigation ...) ; les membres des
communes sont organisés en brigades et en équipes ; ils travaillent, mangent, sont
éduqués collectivement ; en contrepartie les bénéfices sont distribués de façon égalitaire,
les vieillards et les invalides sont pris en charges et les enfants scolarisés.
Cette réforme a donc deux objectifs : la recherche de l’autarcie économique, et la
communisation de la société. Les dirigeants soviétiques sont très méfiants à l’égard de
ce modèle chinois et commencent à prendre quelques distances.
Ce deuxième plan doit permettre un « grand bond en avant », le pays est saisi d’une
frénésie de records, mais les résultats sont en réalité catastrophiques : famine,
surmortalité (20 millions de morts entre 1958 et 1961), il faut rationner, importer des
céréales ; quant à la production record d’acier des « petits hauts fourneaux paysans » , sa
qualité est telle qu’il est souvent inutilisable. Il faut alors redécouper les communes
populaires et les diviser en brigades de production de 200 à 300 familles.
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Cette période coïncide avec la rupture avec l’URSS qui rapatrie ses capitaux et
techniciens dès l’été 1960.
Mao Zedong est alors tenu pour responsable de cet échec ; il doit céder en 1959 la
présidence de l’Etat à Lui Shaoqi, mais s’il est écarté du pouvoir jusqu’en 1965, il reste le
symbole de la Révolution Chinoise. Et certains ministres lui restent fidèles (Zhou Enlai,
Lin Biao) qui prépareront sa reconquête du pouvoir en 1965.
3.
LA REVOLUTION CULTURELLE (1966 - 1971)
Dès 1965, Mao et ses amis favorisent la montée de la contestation et des critiques contre
la nouvelle « bourgeoisie bureaucratique et technocratique », il s’agit ainsi d’utiliser le
mécontentement de la jeunesse et sa disponibilité pour abattre Liu Shaoqi,
reprendre le pouvoir et lancer une nouvelle étape de la révolution chinoise.
La pensée de Mao (petit livre rouge) incite à la révolte contre la hiérarchie, les traditions (
le confucianisme ) et vise à créer un homme nouveau. Des millions de gardes rouges vont
provoquer des affrontements dans toute la Chine, les intellectuels sont envoyés aux
champs ou en camps de rééducation et les paysans à l’université.
Finalement, devenu le maître absolu, Mao utilisera l’armée pour rétablir l’ordre après 5
années de troubles.
Le bilan de la Révolution Culturelle, sur le plan économique est catastrophique,
surtout dans le domaine industriel ; malgré cela cette période a été marquée par quelques
succès scientifiques et techniques (1964 : bombe A, 1967 : bombe H, 1971 : missiles à
moyenne portée) .
4.
LE PI LIN PI KONG (1971 - 1975)
« Pi » signifie « contre » ; il s’agit d’une campagne contre Lin Biao et contre Kong Fu
Tseu (Confucius).
Cette fois ce sont les ouvriers qui sont le fer de lance de la nouvelle campagne politique.
Cette campagne menée par Zhou Enlai contre les chefs militaires a pour objectifs
d’apporter la détente politique et la reprise économique, c’est en fait, une véritable
contre-révolution culturelle.
Elle entraîne le retour au 1er plan de Deng Xiaoping (il devient en 1975 vice-président
du parti et vice-1er-ministre) qui est le leader du courant pragmatique au sein du PC
chinois.
L’année 1976 est le tournant principal : en janvier, Zhou Enlai, le principal personnage
du régime avec Mao depuis 1949, décède ; Mao est malade : la lutte pour la succession
oppose deux ministres au sein du PC ( Deng Xiaoping qui veut privilégier le
redressement économique et Hua Guofeng le ministre de la sécurité publique).
5. L’APRES-MAO ET LE « SOCIALISME DE MARCHÉ » (1976 à nos jours)
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Le 9 septembre 1976, Mao Zedong meurt, Hua Guofeng se présente comme l’héritier de
Mao. Il doit d’abord affronter le courant révolutionnaire animé par « la bande des
quatre » dont fait partie la dernière épouse de Mao, Jiang Qing qui est arrêtée (elle sera
jugée et condamnée à mort puis graciée).
Mais à la suite d’une véritable campagne de soutien à Deng Xiaoping, celui-ci revient et
va s’imposer progressivement entre 1977 et 1980.
Les « pragmatiques » l’ont donc emporté sur les « révolutionnaires » : en 1981, la
bande des quatre est jugée , on critique la révolution culturelle, mais la « démaoïsation »
est limitée.
Par contre l’ouverture économique du pays amorcée sous Mao au début des
années 70 s’accentue ainsi que la politique de contrôle des naissances (politique
de l’enfant unique).
Sur le plan économique, un plan de 10 ans a été lancé en 1976 qui marque un tournant
dans l’histoire économique du pays.
Deng Xiaoping impose ses thèses productivistes ; en 1977, on adopte la politique des
« quatre modernisations » - agriculture, industrie, défense nationale, sciences et
techniques - des zones franches sont ouvertes (les ZES « zones économiques spéciales »).
Sur le plan politique, les dirigeants chinois poursuivent le rapprochement avec les EtatsUnis, signent un traité avec le Japon (1978), des accords commerciaux avec la CEE.
Mais à l’intérieur du pays la libéralisation économique va de pair avec le maintien
d’un régime autoritaire (politique de l’enfant unique, répression contre « le printemps de
Pékin » en 78-80).
Dans les années 80, les étudiants réclament liberté de la presse et pluralisme politique.
Des troubles ont lieu à Wuhan, Nankin, Shanghai ; l'agitation gagne Pékin, où Deng
Xiaoping se fait désormais menaçant et répond par l'immobilisme (13e congrès en 1987).
Deux clans se trouvent alors en présence : les « libéraux » se regroupent autour de Zhao
Ziyang, les « orthodoxes » sont représentés par Chen Yun et Li Peng.
Ce dernier l'emporte : le contrôle de l'État sur les entreprises est rétabli, la politique de
libéralisation interrompue. On commence alors, dans la presse chinoise ou internationale,
à opposer deux Chines : la « Chine jaune » du Nord, des empereurs et de Confucius, et la
« Chine bleue » du Sud, ouverte sur l'océan et les échanges internationaux.
Les massacres de Tian Anmen et la libéralisation
La crise commence véritablement en avril 1989, alors que l'Europe de l'Est et l'URSS
sont secouées par de graves convulsions qui aboutiront à la disparition du Bloc de l’Est.
Des manifestations d'étudiants éclatent à Pékin après la mort de Hu Yaobang, ancien
responsable des Jeunesses communistes dont les velléités libérales avaient entraîné la
chute : on demande sa réhabilitation officielle et la démocratie. Dans un article du
Quotidien du Peuple en date du 26 avril, Deng Xiaoping dénonce les « fauteurs de troubles » ; le
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lendemain, un rassemblement mobilise 100 000 étudiants, et le mouvement, discrètement
soutenu par Zhao Ziyang, fait tache d'huile.
Un forum permanent est installé sur la place Tian Anmen, où des manifestants
commence une grève de la faim (mai 1989).
Le 15 mai, ces évènements perturbent la visite officielle de Mikhaïl Gorbatchev, qui vient
renouer le dialogue avec la Chine. Zhao Ziyang est désavoué publiquement et, le 20 mai,
Li Peng proclame la loi martiale ; dans la nuit du 4 au 5 juin, l'armée investit Tian Anmen
et les chars écrasent les tentes sous lesquelles se tiennent les derniers manifestants.
L'émeute qui s'ensuit est réprimée à balles réelles. On déplore un grand nombre de
victimes, peut-être 2 500. Les autres villes chinoises ont évité les troubles graves, en
particulier Shanghai, dont le maire, Jiang Zemin, devient secrétaire du Parti.
En fin de compte, paradoxalement, le massacre de la place Tian Anmen constitue le
point de départ d'une reprise de la libéralisation.
Deng Xiaoping réussit à expliquer l'action répressive à la faveur des événements qui
secouent l'ancien bloc soviétique hérité de Yalta : effondrement des systèmes socialistes
d'Europe de l'Est après décembre 1989, puis de l'URSS elle-même au cours de l'année
1991 : l'armée de libération aurait évité au peuple chinois la même aventure, et par conséquent le
désarroi et la misère qui en ont résulté.
En 1992, Deng Xiaoping accomplit une sorte de grande tournée d'inspection dans les
régions méridionales ; il y remarque et apprécie le développement spectaculaire des
zones économiques spéciales, ainsi que de Shanghai, et commence à utiliser
l'expression d'« économie socialiste de marché ». C'est autour de cette idée générale
que Jiang Zemin rassemble désormais l'équipe dirigeante.
Les difficultés sociales ne subsistent pas moins : la Chine connaît elle aussi des
licenciements, plus ou moins masqués, et des retards de versements de salaires. Lorsque
Deng Xiaoping meurt en 1997, sa succession s’effectue sans difficultés. Il est vrai que
les retours à la Chine des enclaves d’Hong Kong et de Macao ont conféré à l'équipe
dirigeante un regain de prestige.
Entre 1980 et 2000, le taux de croissance de l'économie oscille autour de 10 %.
La Chine apparaît désormais comme une puissance industrielle : cent millions de Chinois
sont des ouvriers, qui permettent à leur pays de produire 95 millions de tonnes d'acier, ce
qui lui confère le deuxième rang mondial après le Japon.
L'agriculture semble avoir écarté les risques de famine et même de malnutrition. Les
transports intérieurs ont fait l'objet d'une modernisation régulière, incluant la
construction de nouvelles voies ferrées et l'électrification de la plupart d'entre elles. Le
commerce extérieur et la marine marchande se trouvent également en constante
progression depuis les années 1980.
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Au seuil du XXIe siècle, les grands travaux hydrauliques font toujours l'orgueil de la
Chine, qui les présente au reste du monde de façon spectaculaire : c'est le cas en
particulier du barrage réalisé sur le Yangzi à Sanxia, le barrage des « Trois
Gorges », de 175 m de haut et près de 2 km de largeur. Il doit fournir près de 20 000
mégawatts grâce à 26 turbines en 2009 et rend possible la navigation de péniches à très
grand gabarit sur le Yangzi, ou encore du port en eau profonde de Yangshan et du
pont de Donghai qui le relie à Shanghai.
Sur le plan international, l'effondrement de l'URSS et la fin de la Guerre froide ont
amené la Chine à modifier sa théorie des Trois Mondes (vision chinoise élaborée au
milieu des années 70, elle fait référence à « trois mondes » qui régissent la politique
mondiale : 1er monde : Deux superpuissances sont à la recherche de l’hégémonie :
l'URSS et les États-Unis. Elles représentent une grave menace pour les autres. 2ème
monde : Les pays développés, comme le Canada, les pays d’Europe et le Japon : ils sont
liés aux superpuissances (par un rapport de dépendance), mais essayent plus ou moins de
leur résister. 3ème monde : Les pays en voie de développement et la Chine : ils ont des
intérêts communs reposant sur la lutte contre l’hégémonie du premier monde).
Désormais, seule l'hégémonie américaine subsiste ; mais les États-Unis sont aussi les
meilleurs clients de la Chine, qui sait les ménager.
Les objectifs du régime sont clairs : assurer le décollage économique du pays et
en faire une grande puissance en conjuguant contrôle démographique (politique
de l'enfant unique), forte croissance économique ("socialisme de marché")
10%/an durant les années 90, ouverture sur le monde et récupération des
provinces extérieures prospères ( Hongkong et Taiwan ). En juillet 1997,
Hongkong a été rattachée à la Chine.
Liste des présidents de la RPC depuis la mort de Mao :
1976-1983 : Maréchal Ye Jianying ; 1983-1988 : Li Xiannian ; 1988-1993 : Général
Yang Shangkun ; 1993-2003 : Jiang Zemin ; 2003-2013 : Hu Jintao ; depuis 2013 : Xi
Jinping.
Premiers ministres depuis la mort de Zhou Enlai :
1976-80 : Hua Guofeng ; 1980-87 : Zhao Ziyang ; 1987-98 : Li Peng ; 1998-2003 :
Zhu Rongji ; 2003-13 : Wen Jiabao ; depuis 2013 : Li Keqiang.
P. Crinon 10/2014
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