Leçon 204: Connexité: exemples et applications Adrien Fontaine 23 décembre 2012 1 Table des matières 1 Généralités 1.1 Définitions et premières propriétés 1.2 Stabilité de la notion de connexité 1.3 Composantes connexes . . . . . . 1.4 Exemples de connexes . . . . . . . . . . 3 3 3 4 5 2 Application de la notion de connexité 2.1 En Analyse complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 En calcul différentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3 En algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 6 8 10 . . . . . . . . . . . . 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1 GÉNÉRALITÉS 1 Généralités 1.1 Définitions et premières propriétés Proposition 1 Soit (E, d) un espace métrique. Les assertions suivantes sont équivalentes : 1. Il n’existe pas de partition de E en deux ouverts disjoints non vides. 2. Il n’existe pas de partition de E en deux fermés disjoints non vides. 3. Les seules parties ouvertes et fermées de E sont ∅ et E. Démonstration : Gourdon , proposition 1p38 Définition 1 Un espace métrique vérifiant l’une des assertions de la proposition précédente est dit connexe. Parties connexes : Soit (E, d) un espace métrique et A une partie de E. On munit A de la distance d induite sur A. On veut savoir à quelle condition A est connexe. Les propriétés de la topologie induite sur A entraînent facilement le résultat qui suit : Proposition 2 La partie A de E est connexe si et seulement si l’une des deux conditions suivantes est réalisée : 1. Si A ⊂ O1 ∪ O2 , où O1 et O2 sont des ouverts de E vérifiant A ∩ O1 ∩ O2 = ∅, alors (A ∩ O1 = ∅ et A ⊂ O2 ) ou (A ∩ O2 = ∅ et A ⊂ O1 ) 2. Si A ⊂ F1 ∪ F2 , où F1 et F2 sont des fermés de E vérifiant A ∩ F1 ∩ F2 = ∅, alors (A ∩ F1 = ∅ et A ⊂ F2 ) ou (A ∩ F2 = ∅ et A ⊂ F1 ) Exemple 1 L’ensemble Q des rationnels n’est pas un connexe de R car si on se donne a ∈ R \ Q, on a Q ⊂] − ∞, a[∪]a, +∞[. 1.2 Stabilité de la notion de connexité Théorème 1 Soit f : (E, d) → (E 0 , d0 ) une application continue. Si E est connexe alors f (E) est connexe. Démonstration : Gourdon, théorème 1p39 On note D = {0, 1} muni de la distance discrète δ (distance de Kronecker). L’espace métrique (D, δ) n’est pas connexe puisque D = {0} ∪ {1} est réunion de deux fermés disjoints. Grâce à cet espace métrique, nous allons donner une caractérisation commode des connexes. Proposition 3 Un espace métrique (E, d) est connexe si et seulement si toute application continue f (E, d) → 4 1 GÉNÉRALITÉS (D, δ) est constante. Démonstration : Gourdon, proposition 3p39 Proposition 4 Soit A une partie connexe d’un espace métrique (E, d). Si une partie B de E vérifie A ⊂ B ⊂ Ā, alors B est connexe. Démonstration : Gourdon, proposition 4p40 Dans le cas général, une réunion de connexes n’est pas connexe (par exemple, {0} et {1} sont connexes dans R mais {0, 1} n’est pas connexe. On a cependant le résultat qui suit : Proposition 5 Soit (Ci )i∈I une famille de connexes d’un espace métrique (E, d) telle que ∃i0 ∈ I, ∀i ∈ I Ci ∩ Ci0 6= ∅ Alors ∪i∈I est connexe. Démonstration : Gourdon, proposition 5p40 Remarque 1 Si (Ci )i∈I est une famille de connexes telle que ∩i∈I Ci 6= ∅, alors ∪i∈I Ci est connexe (si x ∈ ∩i∈I Ci , tous ces connexes ont une intersection non vide avec le connexe {x}). Dans le cas dénombrable, on a également le résultat qui suit : Proposition 6 Soit (Ci )i∈I une famille au plus dénombrable de connexes telle que pour tout i ∈ I, i 6= 0, Ci ∩ Ci−1 6= ∅. Alors ∪i∈I Ci est connexe. Démonstration : Gourdon, proposition 6p40 Proposition 7 Soient (E1 , d1 ), ..., (En , dn ) des espaces métriques (en nombre fini). L’espace produit E = E1 × ... × En est connexe si et seulement si Ei est connexe pour tout i. Démonstration : Gourdon, proposition 7p40 1.3 Composantes connexes Soit (E, d) un espace métrique. On considère sur (E, d) la relation (xRy) ⇔ (∃C connexe de E tel que x ∈ C et y ∈ C) Alors R est une relation d’équivalence. Si x ∈ E, sa classe d’équivalence, notée ẋ, est la réunion des connexes contenant x. C’est un connexe (en effet, tous les connexes contenant x ont tous une intersection non vide avec le connexe {x}). L’ensemble ẋ s’appelle une composante connexe de E. 5 1 GÉNÉRALITÉS Les composantes connexes de E forment donc une partition de E. L’espace métrique E est connexe, si et seulement si, il n’a qu’une seule composante connexe. Les composantes connexes de E sont des fermés de E. 1.4 Exemples de connexes Théorème 2 Les parties connexes de R sont les intervalles de R. Démonstration : Un connexe de R est un intervalle. En effet, si C ⊂ R n’est pas un intervallen il existe (a, b) ∈ C 2 et x ∈ R tels que a < x < b et x ∈ / C. Mais alors C ⊂] − ∞, x[⊂]x, +∞[, donc C n’est pas connexe. Réciproquement, montrons qu’un intervalle I de R est connexe. Si I est un singleton c’est immédiat. Si I]a, b[, considérons une application continue f : I → {0, 1}. Si f n’est pas constante, il existe x < y ∈ I tels que f (x) 6= f (y), par exemple f (x) = 0 et f (y) = 1. On considère alors l’ensemble : Γ = {z ∈ I, z ≥ x et ∀t ∈ [x, z], f (t) = 0} L’ensemble Γ est non vide car x ∈ Γ. De plus γ est majoré par y. Soit c = sup Γ. Comme f est continue, f (c) = 0. De même, f étant continue en c : ∃ε > 0, ∀t ∈ [c, c + ε], δ(f (t), f (c)) < 1 2 d’où pour tout t ∈ [c, c + ε], f (t) = 0, ce qui montre que c + ε ∈ Γ. Absurde par définition de c. Donc, f est constante et I est connexe. Tout intervalle I de R étant compris entre un intervalle ouvert et son adhérence, on en conclut d’après la proposition 4 que tout intervalle de R est connexe. On en déduit le théorème suivant, fondamental en analysé réelle : Théorème 3 (Théorème des valeurs intermédiaires) Soit I un intervalle de R et f : I → R une application continue. Alors f (I) est un intervalle. Démonstration : Le théorème précédent assure la connexité de I, donc f (I) est connexe d’après le théorème 2 et donc c’est un intervalle. Connexité par arcs : Définition 2 Soit (E, d) un espace métrique. On appelle chemin de E toute application γ : [0, 1] → (E, d), continue. L’image γ([0, 1]) du chemin s’appelle un arc, γ(0) l’origine de l’arc et γ(1) son extrémité. Définition 3 Soit (E, d) un espace métrique. On dit que (E, d) est connexe par arcs si pour tout (a, b) ∈ E 2 , il existe un arc inclus dans E d’origine a et d’extrémité b. Théorème 4 Un espace connexe par arcs est connexe. 2 APPLICATION DE LA NOTION DE CONNEXITÉ 6 Démonstration : Gourdon, théorème 4p42 Remarque 2 1. Ainsi, un convexe étant clairement connexe par arcs est connexe. 2. La réciproque du théorème est fausse. En effet, si on considère Γ le sous-ensemble de R2 défini par : [ [ Γ = [ ({x} × R+ )] ∪ [ ({x}×] − ∞, 0[)] x∈Q est un connexe de R2 qui n’est pas connexe par arcs. (Gourdon, exercice 5p44). 2 Application de la notion de connexité 2.1 En Analyse complexe Théorème 5 Soit γ un chemin fermé (γ(0) = γ(1)) continument différentiable par morceaux, Ω le complémentaire de l’arc γ relativement au plan complexe, et définissons 1 Z dζ ∀z ∈ Ω, Indγ (z) = 2πi γ ζ − z La fonction γ est une fonction à valeurs entières sur Ω constante sur chaque composante connexe de Ω, nulle sur la composante connexe non bornée de Ω. Démonstration : Rudin, théorème 10.10p247 Théorème 6 (Théorème de Cauchy pour un triangle) Soit ∆ un triangle fermé, inclus dans un ouvert Ω du plan. Soit p ∈ Ω et soit f une fonction continue sur Ω telle que f ∈ H(Ω \ {p}). On a : Z f (z)dz = 0 ∂∆ Démonstration : Rudin, théorème 10.13p249 Théorème 7 (Théorème de Cauchy pour un ensemble convexe) Soit Ω un ouvert convexe, p ∈ Ω, f continue sur Ω et f ∈ H(Ω \ {p}). On a pour tout chemin fermé continument différentiable γ dans Ω, Z γ Démonstration : Rudin, théorème 10.14p250 f (z)dz = 0 2 APPLICATION DE LA NOTION DE CONNEXITÉ 7 Théorème 8 (Formule de Cauchy pour un ensemble convexe) Soit γ un chemin fermé dans un ouvert convexe Ω, et soit f ∈ H(Ω). Si z ∈ Ω et si z ∈ / Im(γ), on a : 1 Z f (ξ) f (z).Indγ (z) = dξ 2πi γ ξ − z Démonstration : Rudin, théorème 10.15p250 Conséquence : Pour tout ouvert Ω du plan, toute f ∈ H(Ω) est analytique. Théorème 9 (Théorème des zéros isolés) Soit Ω un ouvert connexe et soit f ∈ H(Ω). Posons, Z(f ) = {a ∈ Ω/f (a) = 0} Alors ou bien Z(f ) = Ω ou bien Z(f ) n’a pas de point d’accumulation dans Ω. De plus, Z(f ) est au plus dénombrable. Démonstration : Rudin théorème 10.18p251 En d’autres termes, une fonction holomorphe sur un ouvert connexe Ω est déterminée par ses valeurs sur tout ensemble qui possède un point d’accumulation dans Ω. Ceci est un important théorème d’unicité. Remarque 3 Le théorème est en défaut si nous oublions l’hypothèse de connexité de Ω. Si Ω = Ω1 ∪ Ω2 , où Ω1 et Ω2 sont deux ouverts disjoints, il suffit de poser f = 0 sur Ω1 et f = 1 sur Ω2 . Théorème 10 (Théorème du maximum) Soient Ω un domaine, f ∈ H(Ω) et B̄(a, r) ⊂ Ω où r > 0. Alors | f (a) |≤ max | f (a + reiθ ) | θ et il y a égalité si et seulement si f est constante sur Ω. Démonstration : Rudin théorème 10.24p254 Par conséquent, à moins que f ne soit constante, | f | ne possède pas de maximum local en un point quelconque de Ω. Une conséquence immédiate de ce théorème est le fameux théorème de d’Alembert Gauss : Théorème 11 (Théorème de d’Alembert Gauss) Tout polynôme non constant, à coefficients complexes, admet au moins une racine complexe. Démonstration : Rudin, théorème 10.25p255 Enfin, citons le théorème de l’image ouverte : Théorème 12 (Théorème de l’image ouverte) Si f ∈ H(Ω) lorsque Ω est un ouvert connexe, alors ou bien f (Ω) est un ouvert connexe, ou bien c’est un point. 2 APPLICATION DE LA NOTION DE CONNEXITÉ 8 Démonstration : Rudin, théorème 10.32p258 2.2 En calcul différentiel Proposition 8 Soient E et F deux espaces vectoriels normés et f : U → F différentiable sur un ouvert U de E. 1. Si U est un ouvert convexe de E et si k Df (x) kL(E,F ) ≤ k pour tout x ∈ U (où k est une constante positive), alors l’application f est k-lipschitzienne sur U , c’est à dire k f (x) − f (y) kF ≤ k k x − y kE 2. Si U est un ouvert connexe de E et si Df (x) = 0 pour tout x ∈ U alors f est constante sur U . développement : Théorème 13 (Hadamard-Lévy) Soit f une application de classe C 1 de Rn dans lui même. Les propriétés suivantes sont équivalentes : 1. f est un difféomorphisme de Rn sur Rn . 2. f est propre et, pour tout x ∈ Rn , la matrice jacobienne Df (x) est inversible. Une application est dite propre si l’image réciproque de tout compact est compacte. Lorsque Rn est l’espace de départ et d’arrivée, cela revient à dire que k f (x) k tend vers l’infini quand k x k tend vers l’infini. Démonstration : La preuve de ce résultat n’est pas simple, cependant si f est de classe C 2 , il y a une preuve abordable que l’on présente ici. On suppose donc désormais que f est de classe C 2 . – 2) ⇒ 1) : f −1 étant continue, elle envoie un compact sur un compact donc f est propre. Ensuite, comme f −1 ◦ f = Id, on a d(f −1 )(f (x)) ◦ df (x) = Id, donc df est inversible en tout point. – 1. Montrons que f est surjective. Pour cela on montre que f (Rn ) est un ouvert/fermé de Rn et donc que f (Rn ) = Rn par connexité de Rn . Soit y0 ∈ f (Rn ) et x0 ∈ Rn tel que f (x0 ) = y0 . D’après le théorème d’inversion locale, f est un difféomorphisme d’un voisinage V de x0 sur un voisinage W de y0 , alors W = f (V ) ⊂ f (Rn ), donc f (Rn est ouvert. Soit (yk )k∈N ∈ f (Rn )N telle que yk → y ∈ Rn quand k → ∞. Posons K = {yk , k ∈ N} ∪ {y} qui est un compact de Rn . Soit (xk )k∈N tel que f (xk ) = yk pour tout k, on a xk ∈ f −1 (K) qui est un compact puisque f est propre. Il existe donc une sous-suite convergente xki → x dans Rn quand i → ∞. Alors par continuité de f , yki = f (xki ) → f (x) ∈ f (Rn ) d’où par unicité de la limite y = f (x) ∈ f (Rn ), ce qui montre que f (Rn ) est fermé. 2. Montrons que f est injective. C’est ici que l’on va utiliser l’hypothèse f ∈ C 2 . Soit x0 ∈ Rn . On considère la fonction g(x) = f (x) − f (x0 ). Elle vérifie les deux conditions de 2) à savoir g propre et le déterminant du jacobien est partout non nul. Il nous faut montrer que l’ensemble S = {x/g(x) = 0} est réduit à un point {x0 }. 2 APPLICATION DE LA NOTION DE CONNEXITÉ 9 (a) S a un nombre fini d’éléments. En effet, S est compact car g est propre (S = g −1 ({0})). Si S avait un nombre infini d’éléments (xk ), il y aurait dans S un point d’accumulation q. Comme | Jacq (g) |6= 0, il existe un voisinage V de q tel que g soit un difféomorphisme de V sur h(V ). En particulier, g est injective. Or, dans V , il y a au moins un xk 6= q et on a g(xk ) = g(q) = 0 ce qui contredit l’injectivité de g. (b) Notons S = {p1 , ..., pN }. On va montrer que N = 1. On considère la fonction F (x) = [dg(x)]−1 g(x) Cette fonction est bien définie et de classe C 1 sur Rn par hypothèse sur f . On introduit alors le système différentiel suivant : ( ẋ(t) x(0) = −F (x(t)) =q où q ∈ Rn . On appelle alors trajectoire issue de q une solution du problème de Cauchy ci-dessus. Puisque F ∈ C 1 , ce problème admet une solution maximale définie sur [0, T ∗ [. Soit x une telle solution. Assertion 1 : T ∗ = +∞. En effet, pour t ∈ [0, T ∗ (, on a : d [g(x(t))] = dg(x(t))ẋ(t) dt = −dg(x(t))(dg(x(t)))−1 g(x(t)) = −g(x(t)) Donc, g(x(t)) = e−t g(q) ≤ g(q) car t ≥ 0. Donc, x(t) ∈ g −1 ([−g(q), g(q)]) qui est un compact car g est propre. Donc, T ∗ d’après le lemme de sortie de tout compact (ou théorème de majoration a priori). Assertion 2 : Chaque pi est un point asymptotiquement stable. Autrement dit, F (pi ) = 0 et ∃δ > 0 tel que si x est une trajectoire issue de q telle que | q − pi | δ alors limt→+ inf x(t) = pi . On a tout d’abord F (pi ) = [dg(pi )]−1 g(pi ) = 0 car g(pi ) = 0. Ensuite, g est un difféomorphisme d’une boule B(pi , δ) sur un voisinage V de 0. Soit ε > 0 tel que B(0, ε) ⊂ V , y ∈ B(0, ε) et posons q = g −1 (y) ∈ B(pi , δ). La fonction x(t) = g −1 (e−t q) est la trajectoire issue de q. En effet, x(0) = g −1 (y) = q et ẋ(t) = d(g −1 )(e−t y)(−e−t y) = −d(g −1 )(g(x(t))g(x(t)) = −[dg(x(t))]−1 g(x(t)) = −F (x(t)) C’est donc par unicité la trajectoire issue de q. Mais alors, limt→+∞ x(t) = limt→+∞ g −1 (e−t y) = g −1 (0) = pi . Soit Wi l’ensemble des points q ∈ Rn tel que la trajectoire issue de q converge vers pi quand t → +∞. S Assertion 3 : Rn = N i=1 Wi n Soit q ∈ R et x(t) la trajectoire issue de q. On a vu dans l’assertion 1, que x(t) reste dans un compact pour tout t ≥ 0. Il existe donc tk → +∞ telle que x(tk ) converge vers l. Mais donc g(l) = 0 (car g(x(t)) = e−t g(q)), donc l = pi pour un 10 2 APPLICATION DE LA NOTION DE CONNEXITÉ certain i. Fixons k0 assez grand pour que x(tk ) ∈ B(pi , δ) où δ est défini dans l’assertion 2. Alors la trajectoire y(t) issue de x(tk0 ) converge vers pi . Or, la fonction z(t) = x(t + tk0 ) est aussi trajectoire issue de x(tk0 ). Par unicité globale, on a x(t + tk0 ) = y(t) et donc x(t) → pi lorsque t → +∞. Assertion 4 : Chaque Wi est ouvert. Soit q ∈ Wi et x(t) la trajectoire issue de q. Il existe par définition de Wi , T > 0 tel que | x(T ) − pi |≤ δ/2. Soit y la trajectoire issue de q 0 ∈ Rn . Par continuité des solutions par rapport aux conditions initiales, il existe ε > 0 tel que | q − q 0 |≤ ε implique | x(T ) − y(T ) |≤ δ/2. Alors | y(T ) − pi |≤| y(T ) − x(T ) | + | x(T ) − pi |≤ δ Il résulte de l’assertion 2 que y(t) converge vers pi lorsque t → +∞, i.e q 0 ∈ Wi et B(q, ε) ⊂ Wi donc Wi est ouvert. Assertion 5 : N = 1 Chaque Wi est un ouvert non vide et Wi ∩ Wj = ∅ si i 6= j (si N ≥ 2), et Rn = ∪N i=1 Wi . Si N ≥ 2, cela contredit la connexité de Rn . Donc, N = 1 ! On peut aussi parler, si on est à l’aise avec ça, des principes du maximum faibles et forts (voir Zuily-Queffelec p463-469). 2.3 En algèbre Théorème 14 (Surjectivité de l’exponentielle) Soit A ∈ GLn (C), alors il existe P ∈ C[X] tel que A = exp(P (A)). En particulier, l’application exponentielle de Mn (C) dans Gln (C) est surjective. Démonstration : On considère la sous-algèbre C[A] de Mn (C) engendrée par A. C’est une algèbre commutative de dimension finie sur C, isomorphe à C[X]/(Π) avec Π le polynôme minimal de A. Comme C[A] est un sous-espace vectoriel de dimension finie, il est fermé dans Mn (C) et donc pour M ∈ C[A], exp(M ) étant la limite d’une suite de polynômes en M (et donc en A), on M ∈ C[A]. De plus, on a également exp(M )−1 ∈ C[A] car exp(M )−1 = exp(−M ). Comme C[A] est une algèbre commutative, on en déduit que exp réalise un morphisme de groupes de (C[A], +) dans (C[A]× , .). On va maintenant montrer que l’image exp(C[A]) est un ouvert fermé de C[A]× . Pour H ∈ C[A], on a : exp(0 + H) = In + H + o(H 2 ) Donc, exp est différentiable en 0 ∈ C[A] et sa différentielle en 0 est l’identité qui est inversible. On peut donc appliquer le théorème d’inversion locale : il existe un voisinage ouvert V0 de 0 et V un voisinage ouvert de l’identité, tels que exp réalise un difféomorphisme de V0 dans V . 1. exp(C[A]) est ouvert dans (C[A]× , .) : Soit M ∈ C[A]× , comme In ∈ V , on a M ∈ M V ⊂ exp(C[A]) ⊂ C[A]. Par continuité de (M, M 0 ) 7→ M M 0 , il vient que M V est un voisinage ouvert de M , inclus dans exp(C[A]). Donc, exp(C[A]) est un voisinage ouvert de chacun de ses points, donc c’est un ouvert. 2. exp(C[A]) est fermé dans (C[A]× , .) : On peut écrire c exp(C[A]) = [ M ∈exp(C[A]) / MV 2 APPLICATION DE LA NOTION DE CONNEXITÉ 11 Comme M V est ouvert pour tout M , c exp(C[A]) est ouvert, et le résultat est montré. Il nous reste à montrer que C[A]× est connexe pour conclure. Soient M et N dans C[A]× . Soit P (X) = det(XM +(1−N )X), on note CM,N = C\{zéros de P }. L’ensemble des zéros de P étant en nombre fini, CM,N est un ensemble connexe. L’image de CM,N par l’application continue z 7→ zM + (1 − z)N est donc une connexe de C[A]× contenant M et N , donc C[A]× est connexe. En conclusion, exp(C[A]) est un ouvert-fermé de C[A]× qui est connexe, donc exp(C[A]) = C[A]× . Proposition 9 GLn (C) est connexe. Démonstration : Mneimné-Testard, 1.5.1p17 Corollaire 1 L’ensemble des projecteurs de rang p de Mn (C) est connexe. Démonstration : Mneimné-Testard, 1.5.2p17 Proposition 10 Le groupe GL+ n (R) est connexe. Démonstration : Mneimné-Testard, 2.6.1p33 Corollaire 2 − Le groupe GLn (R) a deux composantes connexes homéomorphes, qui sont GL+ n (R) et GLn (R). Démonstration : 2.6.2p34