FOREWORD ASTROPHYSIQUE C ontrairement à la plupart des autres scientifiques, Kuiper, dont Pluton n’est aujourd’hui qu’une des composantes l’astronome n’a pas directement accès aux objets de les plus massives. ses recherches. En effet, à quelques exceptions près (vent et neutrinos solaires, échantillons lunaires, La polarisation est sans contredit l’une des propriétés de la météorites, …), toute l’information en provenance de l’Univers lumière les moins bien exploitées en astronomie. D’un niveau nous est transmise par la lumière. relativement peu élevé, et donc Celle-ci, par sa capacité à interagir difficilement mesurable, la polariavec la matière, garde une sation permet cependant de « Mais le plus merveilleux était qu’il y eut là, debout empreinte indélébile du milieu qui détecter la présence du champ sur le dos rond de la planète, entre ce linge aimanté et l’a vu naître ou avec lequel elle a ces étoiles, une conscience d’homme dans laquelle cette magnétique dans le milieu intereu une interaction. Un des plus stellaire, comme le démontrent pluie pût se réfléchir comme dans un miroir. » grands défis de l’astronome conBrown et ses collègues dans leur siste donc à extraire, par des article de revue faisant état de Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes moyens plus ingénieux les uns que l’une des plus importantes carles autres, le maximum d’informatographies de la Voie lactée, réaltion des photons ayant traversé l’espace pendant des milliers, isée au radiotélescope de Penticton. voire des milliards d’années. Un grand pas a été franchi il y a près de 400 ans, alors que Galileo Galilei pointa une lunette, de Les quatre autres articles abordent un thème parmi les plus dimension modeste, vers le ciel. Depuis, le développement techchauds de l’astrophysique contemporaine, soit la formation et nologique a permis d’augmenter considérablement la dimension l’évolution des galaxies, mais sous des angles complètement et l’acuité visuelle des télescopes (miroirs segmentés, optique différents. Dans un premier temps, Venn relate l’importance de adaptative), l’efficacité quantique des détecteurs (qui frôle soul’étude spectroscopique des étoiles pauvres en métaux, témoins vent le 100%), le domaine observable de longueurs d’ondes (des des premières phases de formation de la Voie lactée et de ses ondes radio aux rayons gamma), sans oublier toutes les subtilités voisines. L’avènement d’ordinateurs de plus en plus puissants et des techniques de mesure que sont la photométrie, la spectrod’algorithmes innovateurs permettant de simuler les complexes scopie et la polarimétrie. Le développement théorique n’est processus gravitationnels et hydrodynamiques en jeu lors de colpas en reste, avec l’utilisation de plus en plus fréquente de la lisions de galaxies nous permet de mieux comprendre l’évolumodélisation numérique. La Canada participe activement, et tion morphologique, dynamique et chimique des galaxies, depuis longtemps, au développement de l’astronomie internacomme nous l’explique Martel. Ces simulations numériques tionale, que ce soit avec ses super-ordinateurs, ses infrastructrouvent écho dans les résultats d’un programme d’observation tures locales et nationales (Observatoire du Mont Mégantic en à long terme entrepris il y a plusieurs années par Abraham et son Estrie, DRAO dans la vallée de l’Okanagan, DAO à Victoria, équipe grâce à une nouvelle technique de spectroscopie mise en pour ne nommer que ceux-là) ou en collaboration avec d’autres place au télescope Gemini; cette recherche a permis pour la prepays, sur Terre (télescopes Canada-France-Hawaii, Gemini, mière fois de mesurer les propriétés des galaxies à une époque ALMA) et dans l’espace (télescopes James Webb, MOST, FUSE où l’Univers n’avait que trois à six milliards d’années. Cet artiou UVIT). cle nous démontre aussi que le taux de formation d’étoiles dans l’Univers a dramatiquement chuté depuis cette époque et que Afin de célébrer l’Année mondiale de l’astronomie qui est à nos cette tendance ne fera que s’accentuer jusqu’à l’épuisement du portes, nous vous proposons un numéro spécial consacré à un gaz dans les galaxies. Finalement, l’utilisation de télescopes tour d’horizon, très incomplet bien sûr, de l’astronomie canadispatiaux pour sonder le rayonnement ultraviolet copieusement enne et ses axes de recherche; certains marginaux (mais combiémis lors des sursauts de formation stellaire est bien illustré par en fascinants!), d’autres plus conventionnels, mais tous à la fine Robert, qui nous rappelle aussi le rôle joué par l’Agence spatiale pointe de leur domaine respectif. canadienne dans le développement et la mise en service de télescopes dans l’espace. La vie sur notre planète est tributaire de la luminosité du soleil, qui tire son origine des réactions nucléaires en son coeur et qui Du système solaire aux galaxies lointaines, ces articles abordent a considérablement augmenté au cours des 4 derniers milliards donc des thèmes très diversifiés avec des approches observad’années, mais qui fluctue aussi, à une moins grande échelle, au tionnelles et théoriques; le lecteur y trouvera, nous l’espérons, gré de l’intense activité magnétique qui règne en surface. matière à réflexion et émerveillement. L’article de Charbonneau, Crouch et Tapping fait état de la modélisation de ces variations de l’irradiance solaire. Laurent Drissen, Université Laval, Québec Rédacteur honoraire, La Physique au Canada La tempête médiatique qui a fait rage en 2006 lorsque l’Union astronomique internationale a retiré le statut de planète à Pluton Les commentaires de nos lecteurs au sujet de cette préface sont tire sa source des progrès immenses accomplis depuis une bienvenus. décennie dans notre connaissance des régions externes du système solaire. Gladman et Kavelaars, qui ont à leur crédit la NOTE: Le genre masculin n’a été utilisé que pour alléger le découverte de plusieurs lunes de Jupiter, Saturne, Uranus et texte. Neptune, nous font part des interactions souvent complexes entre Neptune et les milliers d’objets qui forment la ceinture de 200 C PHYSICS IN CANADA / VOL. 64, NO. 4 ( Oct.-Dec. (Fall) 2008 )