La pratique interprofessionnelle

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LA Pratique
interprofessionnelle
Partout au Canada, des équipes de soins de santé accordent la priorité aux patients
Publié par :
Commandité par :
L A R E V U E DE FO R M AT I O N CO N T I N U E D U P H A R M AC I E N
L’équipe du projet ANCHOR, Sydney, Nouvelle-Écosse
DOSSIER SPÉCIAL À L’INTENTION DES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ
sommaire
LA Pratique
interprofessionnelle
La pratique interprofessionnelle est
publiée par L’actualité médicale et le Québec
Pharmacie, Les Éditions Rogers ltée
1200, avenue McGill College
bureau 800, Montréal, QC H3B 4G7.
®2009 Les Éditions Rogers.
La version anglaise de cette publication,
Interprofessional Practice, a été distribuée en
premier lieu dans le numéro Avril-mai 2009
de Pharmacy Practice et dans le numéro
du 19 mai 2009 du Medical Post.
3
Éditorial : Une approche centrée sur le patient
4
Le point de vue du patient
5
Le projet ANCHOR, en Nouvelle-Écosse
7
L’équipe de Santé familiale PrimaCare, en Ontario
8
Le West Winds Primary Health Centre,
en Saskatchewan
La pratique interprofessionnelle est publiée
grâce à une subvention à visée éducative de
Pfizer Canada inc.
9
Le projet LOYAL, au Québec
Directrice, Projets spéciaux
Karen Welds
11
Le Passeport santé, en Ontario
12
Foothills, le réseau de soins primaires de Calgary
13
Un outil de dépistage de la démence, en Ontario
14
Le réseau de soins primaires de Wood Buffalo,
en Alberta
15
À cœur d’y voir clair, un programme de santé cardiaque
16
Opinion : le Collège des médecins de famille du Canada
17
Opinion : l’Association des pharmaciens du Canada
18
Le point de vue du médecin
19
Le point de vue du pharmacien
20
Le point de vue d’un infirmier
21
L’entretien motivationnel
22
Les gouvernements préparent le terrain
2 | LA PRAtique interprofessionnelle
Les Éditions Rogers remercient le Collège
des médecins de famille du Canada et
l’Association des pharmaciens du Canada
pour leur collaboration et leur soutien à la
rédaction.
Chargés de projet
Neil Faba
Chantal Benhamron
Directeur artistique
Pascal Gornick
Photo de la page couverture : Warren Gordon
Éditeur
Janet Smith, éditrice exécutive
Groupe Santé
Pour obtenir des copies supplémentaires ou
des renseignements, communiquer avec
Karen Welds, Groupe Santé,
Les Éditions Rogers
Tél. : 416 764-3922
Téléc. : 416 764-3931
Publié par :
L A R E V U E DE FO R M AT I O N CO N T I N U E D U P H A R M AC I E N
Commandité par :
May 2009
éditorial
to come
Une approche centrée sur le patient
L’augmentation des cas de maladies chroniques fait
ressortir l’importance de l’auto-prise en charge.
n
PAR Durhane Wong-Rieger, Ph.D.
Présidente-directrice générale
institute for Optimizing Health Outcomes
L
’accent que l’on met de plus en plus sur
la collaboration interprofessionnelle en
matière de soins de santé reflète bien
l’évolution du concept consistant à « mettre le
patient au centre des soins de santé ». De même
que c’est en mettant le Soleil (et non la Terre)
au centre de l’univers que Copernic a réussi à
expliquer les orbites planétaires, il faut, pour
donner un sens à notre système de soins de
santé soumis à tant de défis et de contraintes,
remettre le patient au centre de ce système.
Comme l’a souligné le document intitulé
Collaboration interprofessionnelle en soins de
santé : un plan directeur provincial, publié en
2007 par ProfessionsSantéOntario, une approche misant sur la collaboration interprofessionnelle et axée sur le patient apporte de nombreux
avantages aux prestataires de soins (diminution
des tensions et des conflits), au système de santé
(meilleure utilisation des ressources cliniques
et diminution des accidents) et, surtout, aux
patients (accès plus facile et meilleurs résultats,
entre autres)1.
Les patients ont changé et on ne peut
plus continuer à fournir des soins de santé
fragmentés et cloisonnés selon l’établissement, la spécialité ou la profession. Selon les
estimations, une proportion pouvant aller de
50 % à 75 % des budgets de santé publique
sert à traiter des maladies chroniques et plus
de la moitié des Canadiens de plus de 45 ans
souffrent d’au moins deux de ces maladies2.
La « collaboration interprofessionnelle »
consiste non seulement à échanger de façon
« séquentielle » les informations nécessaires
pour assurer la continuité des soins lorsque
le patient passe de son médecin de famille à
un spécialiste ou à un établissement de soins
de courte durée avant de retourner chez son
pharmacien et son thérapeute habituels, mais
aussi à collaborer à la gestion des différents
plans de soins établis en vue de traiter de
multiples maladies chroniques, à prioriser
les interventions, à surveiller les interactions
médicamenteuses et à coordonner les ressources communautaires en matière de santé,
d’aide sociale et de travail.
Les patients en viennent rapidement à
assurer « l’autogestion » de leurs problèmes
de santé chroniques. Des études montrent
qu’une personne atteinte d’une maladie
chronique reçoit chaque année, en moyenne,
12 heures de soins dispensés par des professionnels de la santé (généralistes et spécialistes, infirmières, thérapeutes ou travailleurs
sociaux), ce qui revient à dire que 364,5 jours
par an, il est laissé à lui-même.
Il est évident que l’extension logique de
la collaboration interprofessionnelle est la
collaboration avec le patient. En 1994, Santé
Canada avait lancé un programme intitulé
« Prendre en main sa santé » qui réunissait
des professionnels de la santé et des consommateurs au sein de projets pilotes menés en
collaboration pour encourager les patients
à prendre en charge leur santé. En plus de
la formation et du réseautage dont ils ont
pu bénéficier, les participants se sont rendu
compte de l’existence d’importants outils et
d’un appel à un changement de système fondamentalement axés sur les utilisateurs3.
À l’Institute for Optimizing Health
Outcomes, nous pensons que les soins
« axés sur le patient » constituent une forme
suprême d’autonomie pour ce dernier et
nous proposons une formation dans le cadre
de notre programme (inspiré du programme
Stanford) sur l’auto-prise en charge des
maladies chroniques. Tout aussi important,
nous offrons également une formation aux
professionnels de la santé sur la façon de
soutenir cette auto-prise en charge. La boucle est ainsi bouclée : d’abord la collaboration
interprofessionnelle, puis l’intégration de la
collaboration du patient et enfin le soutien à
l’auto-prise en charge par le patient.
Pour plus de renseignements, on peut
communiquer avec Durhane Wong-Rieger à
l’Institute for Optimizing Health Outcomes, à
Toronto, au 1 877 992-6364 ou à l’adresse
[email protected]
Site Web : www.optimizinghealth.org
sources
1. ProfessionsSantéOntario. Collaboration interprofessionnelle en soins de santé : un plan directeur provincial. Toronto (Ontario), juillet 2007. Accessible à l’adresse : http://
www.healthforceontario.ca/upload/fr/whatishfo/french%20ipc%20blueprint%20final.pdf
2. Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Juin 2004. Accessible à l’adresse http://www.statcan.gc.ca/cgi-bin/imdb/p2SV_f.pl?Function=getSurvey&SurvId=322
6&SurvVer=0&SDDS=3226&InstaId=15282&InstaVer=2〈=en&db=imdb&adm=8&dis=2
3. Prendre en main sa santé : une initiative partagée 1999-2002, document publié par l’Association des infirmières et infirmiers du Canada et parrainé par Santé Canada.
Accessible à l’adresse : http://www.hc-sc.gc.ca/hcs-sss/pubs/hhrhs/2002-selfauto-collabor/index-fra.php
Mai 2009
LA PRAtique interprofessionnelle | 3
Le point de vue du patient
Les bienfaits de la collaboration
interprofessionnelle dans
les soins de santé
n
Par Debbie Valentini
J
e me bats contre la maladie chronique depuis la mi-trentaine. Je me suis
promenée d’un médecin à l’autre pour
comprendre ce qui n’allait pas et personne
ne semblait trouver une façon de m’aider.
À l’époque, j’avais un jeune enfant à élever et
je devais souvent m’absenter de mon travail
pour me reposer.
On a finalement diagnostiqué un syndrome de fatigue chronique, en plus de mon
problème d’asthme et des nombreuses allergies dont je souffrais depuis ma naissance. J’ai
par la suite été atteinte d’un trouble de douleur chronique. Bien que toutes ces maladies
m’aient rendue invalide, ce que j’ai trouvé
le plus pénible, c’est le nombre d’allées et
venues que je faisais pour aller consulter tel
docteur, tel spécialiste, tel physiothérapeute,
etc., et également d’essayer de remettre les
formulaires qu’il fallait aux personnes adéquates, pour m’apercevoir finalement qu’ils
avaient été égarés ou qu’ils s’étaient évanouis
dans la nature.
Après presque dix ans de combat, je suis
devenue membre du Stonegate Community Health Centre qui venait d’ouvrir dans
mon quartier d’Etobicoke, en Ontario. Je
fréquente maintenant le centre depuis plus
de 10 ans. À Stonegate, j’ai un excellent
médecin de premiers recours qui me dirige
vers les spécialistes dont j’ai besoin et qui
travaille en étroite collaboration avec eux.
Un travailleur social et thérapeute est sur
place pour m’aider à faire face à mes difficultés de jeune mère célibataire inapte au
travail. Un nutritionniste m’aide à résoudre
4 | LA PRAtique interprofessionnelle
la question de mon régime alimentaire et
un centre d’emploi et de loisirs m’offre du
soutien pour tout ce qui concerne les prestations d’aide sociale, d’assurance chômage
et de garde d’enfant.
Avant de trouver Stonegate, j’avais parfois
du mal à me procurer les médicaments qu’il
me fallait. Aujourd’hui, mon médecin généraliste surveille tout cela et travaille en étroite
collaboration avec mon pharmacien pour
s’assurer que mes inhalateurs sont toujours en
bon état de fonctionnement et que je bénéficie des remboursements auxquels j’ai droit.
Ils jouent tous deux un rôle très actif auprès de
moi. Je me sentirais vraiment perdue sans leur
soutien et leur collaboration constante.
J’ai également reçu au centre une formation d’un éducateur agréé en asthme qui m’a
été d’un grand secours, ainsi qu’à ma fille à
qui l’on a diagnostiqué de l’asthme à l’âge de
onze ans. Le centre m’a également orientée
vers la Société canadienne de l’asthme, qui
s’est avérée une source continue de soutien
et d’éducation.
Le fait d’avoir accès à un éventail de
services de santé et d’autres services dans
un même lieu me permet de recevoir rapidement les soins dont j’ai besoin. Au lieu
de gaspiller le peu d’énergie dont je dispose
pour me déplacer d’un spécialiste à l’autre,
je peux prendre rendez-vous avec deux professionnels de la santé au cours d’une même
visite : ils se passent simplement mon dossier d’un bureau à l’autre et peuvent même
discuter de mon cas avant que j’arrive. Je
vois mon médecin toutes les trois semaines
pour mes injections d’immunothérapie et
nous faisons le point sur mes soins pendant
une heure. Ces visites fréquentes m’ont
aidée à comprendre mon asthme et à éviter les crises aiguës. Mon médecin et mon
pharmacien continuent par ailleurs tous
deux à m’aider à régler mes problèmes quotidiens de sommeil et de douleur chronique.
Je suis maintenant plus forte qu’avant, mais
quand je traverse un moment difficile, ils
sont là pour me tendre la main et m’aider à
reprendre le dessus.
J’ai appris de première main combien
la collaboration interprofessionnelle dans
les soins de santé peut être bénéfique et je
souhaite que ce type de pratique devienne la
norme. Malheureusement, j’ai de la famille
qui vit dans le nord de l’Ontario et qui
n’a même pas de médecin de famille – ils
doivent attendre des années sur une liste
d’attente pour en obtenir un.
Grâce aux encouragements de tous ces
professionnels dévoués, je suis parvenue à
élever ma fille, qui est vraiment formidable.
Et je peux maintenant travailler à mi-temps
et faire du bénévolat. Je bénéficie de conseils
et de soutien qui m’aident à faire ce que je
fais et surtout à savoir quand j’en fais trop.
Quel cadeau merveilleux !
Debbie Valentini vit à Toronto. En tant que
membre de la Société canadienne de l’asthme,
elle a accordé de nombreuses entrevues et présenté des exposés sur les effets de la qualité de
l’air et des allergènes sur les personnes atteintes
d’asthme.
Mai 2009
Profil
Le projet ANCHOR : s’inspirer du modèle de collaboration
interprofessionnelle pour prendre en charge le risque de maladie
cardiovasculaire chez les habitants de la Nouvelle-Écosse
PAR Louise Leger
S
elon les estimations, les maladies cardiovasculaires (MCV) tuent chaque
année 2 900 Néo-Écossais, ce qui représente près de 36 % de tous les décès dans la province. Les habitants des provinces de l’Atlantique présentent le risque le plus élevé de décès
reliés à une maladie cardiaque du Canada et
se classent au-dessus de la moyenne nationale
pour tous les facteurs de risques clés, notamment le tabagisme, l’hypertension, le diabète,
l’obésité et l’inactivité physique.
Devant ces statistiques préoccupantes, un
consortium de partenaires publics et privés a
lancé le projet ANCHOR (A Novel approach
to Cardiovascular Health by Optimizing Risk
Management) en Nouvelle-Écosse en octobre
2006. Cette initiative s’appuie sur la collaboration interprofessionnelle pour a) améliorer la
prise en charge des risques cardiovasculaires des
patients de deux établissements de soins primaires de façon à améliorer globalement leur
santé cardiaque; et b) améliorer le mode de vie
et l’adhésion thérapeutique de façon à réduire
les risques cardiovasculaires.
Le Duffus Health Centre d’Halifax et le
Sydney Family Practice Centre de l’Île du Cap-
Breton sont les deux établissements de soins
primaires qui ont été choisis pour cette étude
de trois ans. Le projet ANCHOR, financé par
une bourse de recherche de Pfizer Canada inc.,
est mis en œuvre grâce à un partenariat entre
le ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse,
la Capital District Health Authority et la fondation QEII, la Cape Breton District Health
Authority, la Fondation des maladies du cœur
de la Nouvelle-Écosse et Pfizer Canada inc.
« Des projets de recherche comme
ANCHOR sont essentiels pour favoriser
l’auto-prise en charge des adultes de Nouvelle-
L’équipe du projet ANCHOR, au Sydney Family
Practice Centre (de g. à d.) :
Julia Townsend, physiothérapeute; Florence Gillis,
diététiste; Susan Taylor, diététiste; Dr Steven
MacDougall, médecin; Michael Gillis, pharmacien;
Mary MacNeil, infirmière.
Mai
May2009
2009
LA PRAtique interprofessionnelle | 5
Photo : Warren Gordon
n
Écosse. Grâce à ce projet, nous espérons faire
diminuer le risque de maladie cardiaque et
d’autres maladies chroniques chez les adultes »,
affirme Claudine Szpilfogel, représentante de
Research Power inc., l’agence de consultation
en santé qui assure la direction du projet.
Selon Mme Szpilfogel, on a prouvé qu’il
existe un lien entre la réduction des facteurs
de risque dans une population et l’amélioration de son état de santé, et des recherches,
tant épidémiologiques que communautaires,
ont montré que l’on peut prévenir la plupart
des maladies non transmissibles comme les
MCV, ou du moins en retarder le déclenchement. Les médecins de premier recours,
qui représentent souvent le premier point de
contact des patients, sont bien placés pour
susciter des changements dans les facteurs de
risque et assurer un traitement efficace de problèmes comme l’hypertension, le tabagisme et
l’obésité. « Même si l’on sait intuitivement,
que donner des conseils et se concentrer sur
la prévention devraient donner de bons résultats, nous voulons en faire une question de
recherche », dit Mme Szpilfogel.
De plus, ANCHOR a recours à une
équipe de soins de santé interprofessionnelle
composée de médecins de famille, d’infirmiers
ou infirmières, de diététistes, de physiothérapeutes, de spécialistes en activité physique et de
pharmaciens pour offrir des consultations privées et du soutien aux changements de mode
de vie. Le programme s’appuie sur des services
de counseling visant à modifier les comportements, des brochures, des séances de formation
en groupe ainsi que de vastes bases de données
sur les programmes communautaires offrant
du soutien pour changer son mode de vie.
Au besoin, les pharmaciens procèdent aussi à
des révisions d’ordonnances.
La première phase consistait à évaluer
les risques pour la santé auprès de quelque
800 patients dans chacun des centres de
soins de santé participants. On fixait rendezvous aux patients qui présentaient un risque
d’accident coronarien allant de modéré à élevé
6 | LA PRAtique interprofessionnelle
les clés du succès
Profil
•Identifier les professionnels de la santé les mieux placés pour répondre aux
problèmes de santé particuliers de chaque patient et organiser l’intervention de l’équipe interprofessionnelle autour d’eux.
•Mettre à profit l’expertise et l’expérience particulières de chaque membre de l’équipe pour déterminer tant ce qui fonctionne dans les modèles
de soins actuels que les ressources essentielles qui pourraient manquer
(comme les séances de counseling)
•Se concentrer sur l’auto-éducation du patient. Une partie importante du
modèle de soins interprofessionnel réside dans la capacité des patients à
se prendre en charge de manière à veiller sur eux-mêmes et à traiter euxmêmes leurs problèmes entre les visites chez un professionnel de la santé.
•Engager toute une gamme de recherches et trouver des partenaires dans la
communauté pour les financer. Le succès du modèle interprofessionnel dépend
de l’adhésion de tout un éventail de partenaires à un même objectif.
pour établir un plan de santé individualisé en
mettant l’accent sur les changements du
mode de vie.
Le Dr Steve MacDougall, médecin au
Sydney Family Practice Centre, affirme
qu’ANCHOR a bien fonctionné et n’a pas
rencontré de difficulté majeure. « Ici, au centre
Sydney, nous travaillons selon le principe du
paiement à l’acte tandis qu’au centre Duffus,
les intervenants sont salariés, et le programme
a aussi bien fonctionné dans un centre que
dans l’autre. En ce qui concerne la collaboration, que l’on soit diététiste, pharmacien,
médecin ou un autre professionnel de la santé,
chacun fait ce qu’il sait le mieux faire. »
La collecte de données du programme
sera complétée en octobre 2009. Les résultats seront diffusés à l’échelle nationale et
publiés dans des revues spécialisées. Mais les
premiers indicateurs laissent à penser que ce
projet est un succès.
« La grande majorité des facteurs de
risque peuvent être modifiés, explique le
Dr MacDougall. Une personne qui a déjà
subi un accident peut participer à un programme. Mais avant ANCHOR, on ne
pouvait pas faire grand-chose pour quelqu’un
qui n’avait pas fait d’accident mais qui présentait des facteurs de risque. Maintenant,
c’est intégré à la pratique. Ces patients ont
régulièrement consulté un diététiste ou une
infirmière et ont bénéficié de conseils – et
on a constaté avec étonnement qu’à la fin de
l’année, ils figuraient dans une catégorie de
risque beaucoup moins élevé. »
Les bienfaits de l’auto-éducation des
patients étaient particulièrement notables.
« Les patients sont beaucoup mieux informés sur la tension artérielle, le cholestérol, les
médicaments et les ressources communautaires accessibles – ce qui signifie qu’ils seront
globalement en meilleure santé », conclut le
Dr MacDougall.
Pour prolonger le succès initial du projet ANCHOR, Pfizer Canada a accordé à
l’équipe une bourse de recherche supplémentaire pour une étude de suivi. L’étude sur
l’intervention minimale ANCHOR déterminera et évaluera l’intervention minimale
requise pour que les participants qui ont réussi
à modifier leur niveau de risque maintiennent
ou améliorent encore ces résultats.
Pour plus de renseignements, on peut
communiquer avec Claudine Szpilfogel,
directrice du projet ANCHOR, à l’adresse
[email protected]
Site Web : www.anchorproject.ca
Mai 2009
Profil
En Ontario, les membres des équipes de Santé familiale
cheminent de concert vers une collaboration efficace
n
PAR Sonya Felix
L
les clés du
succès
TIPS
’une des clés d’une collaboration interprofessionnelle efficace est de bien comprendre les rôles et les compétences spécifiques
de chacun des membres de l’équipe. Aussi,
quand Natalie Hawkins, pharmacienne et propriétaire d’une pharmacie indépendante à Paris,
en Ontario, a commencé à travailler à mi-temps
pour l’équipe de Santé familiale (ESF) PrimaCare en 2006, elle savait que chacun aurait beaucoup à apprendre.
« Notre équipe compte huit médecins qui
exercent dans différents bureaux, et il me fallait
non seulement établir une relation de travail avec
chacun eux mais aussi définir mon rôle puisqu’il
s’agit de quelque chose de tout à fait nouveau
pour un pharmacien », explique-t-elle, parlant de
son intégration à l’ESF. Mme Hawkins rapporte
qu’elle a tout d’abord présenté ses compétences à
ses collègues avant de leur remettre une liste des
services professionnels offerts par sa pharmacie.
En s’intégrant peu à peu à l’ESF, Mme
Hawkins s’est ensuite entendue avec le Dr John
•Tous les membres de l’équipe
devraient s’efforcer de faire
comprendre à leurs collègues
quelles sont leurs compétences
et leurs expertises spécifiques,
et comment ils peuvent se
compléter.
•Chercher un modèle et demander conseil ou, mieux encore,
se trouver un mentor. En Ontario, les médecins et les pharmaciens ont accès au Pharmacist &
Physician Mentorship Program
(www.ontariorph.ca/mentor
shipprogram.htm).
Mai 2009
McDonald, un médecin de l’ESF PrimaCare,
pour participer au Pharmacist & Physician Mentorship Program, mis en place en partenariat par
l’OPA (Ontario Pharmacists’ Association) et
l’OCFP (Ontario College of Family Physicians)
et financé par ProfessionsSantéOntario, une
agence gouvernementale dont le principal objectif est d’améliorer l’accès à des soins de qualité.
Lancée en 2007, cette initiative favorise la collaboration interprofessionnelle en formant des
pharmaciens et des médecins qui entretiennent
déjà des relations de travail afin qu’ils servent de
mentors à d’autres équipes de professionnels qui
souhaitent établir ou approfondir leurs propres
relations de collaboration. La première phase
visait les membres de l’ESF tandis que les phases
II et III s’adressaient à des pharmaciens et des
médecins qui travaillaient ensemble au sein de la
collectivité. Depuis le début du programme,
36 tandems médecin/pharmacien y ont participé.
Après avoir eux-mêmes bénéficié de l’aide
de mentors, Mme Hawkins et le Dr McDonald
sont devenus mentors du programme et ont
offert leur soutien à d’autres tandems de pharmaciens et de médecins de l’ESF pour établir
des relations de travail efficaces. Les mentors
et les mentorés communiquent dans le cadre
de réunions régulières, de téléconférences et de
natalie
hawkins
dr john
McDonald
courriels pour discuter de questions telles que
l’éducation des autres membres du personnel et
des patients sur la collaboration interprofessionnelle et la meilleure manière d’utiliser leur temps
pour améliorer la collaboration. « Nous aidons
progressivement nos « poulains » à faire évoluer
leur relation, explique le Dr McDonald. Ils
ont souvent de bonnes idées mais doivent améliorer leurs communications et leurs méthodes
de réseautage pour se donner un nouvel élan. »
En plus de préciser les rôles et les compétences des pharmaciens, le Dr McDonald
insiste sur l’importance de faire comprendre
aux médecins que le fait de collaborer avec un
pharmacien ne leur donnera pas plus de travail
mais permettra plutôt d’améliorer les soins et
de rehausser la satisfaction des patients.
Le rôle de Mme Hawkins n’a cessé de croître
au sein de l’ESF pour inclure la revue approfondie
de médicaments, la surveillance du RNI (rapport
normalisé international), l’éducation sur les médicaments et le counseling sur le diabète, le tabagisme et l’hypertension. Elle suit des cours pour
devenir éducatrice agréée en diabète et participe
à une initiative gouvernementale axée sur les soins
aux diabétiques, le dépistage colorectal et l’amélioration de l’efficacité administrative. « Natalie a pris
une place si importante dans notre pratique que
les gens nous demandent maintenant directement
s’ils peuvent voir la pharmacienne », rapporte le
Dr McDonald, qui croit que l’intégration de
pharmaciens dans les ESF permet de compléter
le cycle des soins. « Le fait d’avoir intégré Natalie
à notre équipe nous permet d’obtenir de meilleurs
résultats pour nos patients. »
Pour plus de renseignements :
PrimaCare Family Health Team,
519 442-9834 ou [email protected]
Site Web : http://pccfht.ca
LA PRAtique interprofessionnelle | 7
Profil
Le West Winds Primary Health Centre :
une approche holistique pour les patients de Saskatoon
n
PAR Laura Pratt
A
u cours d’une des tournées du mercredi du Dr Keith Ogle, titulaire
de la chaire de médecine familiale à
l’Université de la Saskatchewan et membre du
centre de soins de santé primaires West Winds
de Saskatoon, quelqu’un a posé une question à
propos des interactions médicamenteuses. Il a
alors fait signe à un pharmacien enseignant qui
se trouvait au fond de la salle de se joindre au
groupe et de répondre à la question.
Cet effort de collaboration n’est qu’un petit
exemple de l’approche de collaboration interprofessionnelle adoptée au centre West Winds,
où des prestataires de soins appartenant à tout
les clés du succès
dr keith
ogle
Derek
Jorgenson
un éventail de disciplines interagissent quotidiennement. Près de 50 personnes travaillent
dans ce modeste centre de santé de deux étages,
dans un quartier de Saskatoon dont les habitants se plaignaient jusqu’alors du manque de
services de santé à proximité.
Ce centre, l’un des 12 centres de soins
de santé primaires de la régie régionale de la
santé de Saskatoon, a ouvert ses portes en
mai 2006. Conçu comme un centre d’apprentissage, il sert à la formation des étudiants de
toutes les professions participantes : pharmacie,
soins infirmiers, assistance sociale, dentisterie,
physiothérapie et ergothérapie.
Tandis que les centres de soins primaires classiques traitent des problèmes de santé spécifiques
lorsqu’ils se présentent, la régie régionale de Saskatoon a une conception plus holistique, les considérant comme un continuum de services fournis
par divers prestataires de soins. Elle reconnaît aussi
que d’autres facteurs, comme la forme physique et
l’alimentation, ont un effet sur la santé.
À cette fin, le centre West Winds offre, au
rez-de-chaussée, tout un éventail de services communautaires en plus de faciliter l’accès aux prestataires de soins de santé. Au sous-sol, une cuisine
•Admettre que le travail est facilité quand on s’y met à plusieurs, surtout dans
les localités où l’accès aux soins est limité. En réunissant en un même lieu tout
un éventail de professionnels de la santé, on travaille plus efficacement et on
maximise l’accès aux soins.
•Tenir régulièrement des réunions d’équipe pour discuter des progrès des patients. Des
personnes de disciplines différentes peuvent donner de nouvelles informations qui
permettront à chacun de raffiner le traitement dans son domaine de compétence.
•Si les membres de l’équipe travaillent en un même lieu, on peut envisager
la possibilité d’offrir d’autres services en plus des soins et des conseils
habituels, comme des cuisines communautaires et des programmes de
conditionnement physique ou de gestion du stress.
8 | LA PRAtique interprofessionnelle
communautaire héberge le programme Food for
Thought, qui met des immigrants récents en relation avec des diététistes. Il y a aussi une salle de
gymnastique et des salles de réunion.
Derek Jorgenson, qui est pharmacien au
centre West Winds, reçoit beaucoup de demandes
de la part de ses collègues pour faire des évaluations, donner des conseils et faire de l’éducation. Il
pense que la collaboration interprofessionnelle est
tout aussi bénéfique pour les prestataires de soins
que pour les patients. « Au cours des discussions
en équipe au sujet d’un patient, le psychologue
pourra dire quelque chose qui ne m’était pas venu
à l’esprit. Et en tant que pharmacien, je ne pense
pas toujours à tous les aspects sociaux que la
prescription de médicaments peut impliquer. »
Et c’est une bonne chose, dit-il, car en s’appuyant sur l’expertise des autres, on peut « donner
plus efficacement des soins de meilleure qualité ».
« Quand un médecin a compris tout ce que
peut faire un pharmacien et qu’il sait quelles sont
ses compétences, il est plus disposé à lui laisser
prendre des responsabilités qui feraient normalement partie de ses propres attributions. » C’est
ce qui se passe au centre West Winds, ajoute
M. Jorgenson. « Chaque fois que nous travaillons
sur un cas, le médecin accepte de plus en plus le
fait que mon expertise peut être utile. »
D’ailleurs, ce respect mutuel a joué un rôle
crucial dès le premier jour. « Je ne vois aucune
des rivalités qu’on aurait pu craindre, dit le
Dr Ogle. On sait très bien qu’en s’entraidant
les prestataires de soins sont plus efficaces et
traitent les patients avec plus d’expertise que ne
peuvent le faire les médecins tout seuls.
Pour plus de renseignements :
West Winds Primary Health Centre, 306 655-4250
Site Web : www.saskatoonhealthregion.ca/
your_health/ps_primary_health.htm
Mai 2009
Profil
Le projet LOYAL recourt à la technologie et au soutien multidisciplinaire
pour aider les patients québécois à gérer leur tension artérielle
n
PAR Andrée-Anne Guénette
B
ien que l’incidence d’une gestion
optimale de la tension artérielle sur
les taux de mortalité et de morbidité
soit clairement démontrée, la majorité des
hypertendus ne se surveillent pas de façon
adéquate.
Sachant cela, une équipe du Centre de
recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) a entrepris en
2004 de mettre sur pied un programme multidisciplinaire visant à favoriser la collaboration entre patients et prestataires de soins de
santé pour la surveillance et la maîtrise des
taux de tension artérielle.
Parrainée par Pfizer Canada, l’étude
LOYAL (Lowering blood pressure by improving cOmpliance with hYpertension therapy through the Assistance of technoLogyenhanced tools) portait sur des hommes et
des femmes âgés de plus de 18 ans dont la
TA moyenne sur 24 h était supérieure à
130/80 mm Hg et la TA diurne, supérieure
ou égale à 135/85 mm Hg. Un total de
223 sujets ont été répartis de façon aléatoire
en deux groupes : un groupe de contrôle qui
a suivi le traitement classique et un groupe
d’intervention dont les membres ont utilisé
un tensiomètre ambulatoire et transmis
leurs résultats à un système de soutien téléphonique automatisé. Ce système interrogeait aussi les patients sur leur assiduité au
traitement et leur rappelait de renouveler
leur ordonnance.
« Si un sujet enregistrait un taux de TA
élevé, le système alertait immédiatement
l’infirmière du projet qui appelait le patient
et l’orientait au besoin vers un professionnel de la santé : le pharmacien communautaire, son médecin ou un service d’urgence »,
explique Lyne Lalonde, professeure agrégée
Mai 2009
à la faculté de pharmacie de l’Université de
Montréal, et une des chercheures associées à
l’étude LOYAL.
Résultats de l’étude
Sur une période de 12 mois, le système
a généré 4 617 appels pour recueillir les
niveaux de TA et les données sur l’assiduité
au traitement, soit en moyenne 42 appels
pour chaque sujet du groupe d’intervention. Les infirmières ont fait 209 appels
en réponse à une alerte déclenchée par le
système, soit en moyenne 1,9 appel par
sujet. La durée moyenne des appels était de
7,5 minutes. Dans l’ensemble, on a constaté
une diminution sensible de la TA dans le
groupe d’intervention par rapport au groupe
de contrôle, la baisse moyenne étant de
6,0 mm Hg pour la tension systolique
comme pour la tension diastolique (d’après
plusieurs mesures échelonnées sur une
période de 24 heures).
« L’hypertension est un problème important et peu d’hypertendus – à peine 25 % pour
l’Amérique du Nord – maîtrisent leur TA
de façon adéquate », déclare la Dre MarieThérèse Lussier, chercheure principale du
programme LOYAL et professeure agrégée
au Département de médecine familiale et de
médecine d’urgence de l’Université de Montréal. Dans le contexte de l’étude LOYAL,
46 % des sujets du groupe d’intervention ont
atteint leur TA optimale en un an.
Ces résultats font ressortir non seulement l’importance de mesurer fréquemment
la TA, mais aussi la nécessité pour les prestataires de soins de travailler en collaboration afin d’atteindre les cibles établies. « Une
analyse rétrospective des valeurs enregistrées
par les patients quelques semaines ou mois
dre Marie-Thérèse Lussier
Lyne Lalonde
LA PRAtique interprofessionnelle | 9
Profil
les clés du succès
auparavant ne permet pas une intervention
immédiate, précise la Dre Lussier. Il nous
faut une approche multidisciplinaire qui
nous permette de sortir du cabinet du médecin pour rejoindre les professionnels de la
santé qui ont des contacts plus fréquents avec
les patients, comme les pharmaciens, qui les
voient au moins une fois par mois pour les
renouvellements d’ordonnances. »
La pénurie de médecins et d’autres
prestataires de soins de santé dans de nombreuses collectivités fait ressortir la nécessité
d’approches novatrices fondées sur le travail
d’équipe, comme celle de l’étude LOYAL.
Mme Lalonde reconnaît que de tels
projets interprofessionnels offrent aux pharmaciens une occasion idéale d’utiliser pleinement leurs compétences et leur expertise.
« Des initiatives comme le programme
LOYAL révèlent le type de suivi et de soins
primaires qui sont à la portée des pharmaciens. Ajuster la médication n’est peut-être
pas pour le médecin la meilleure manière
d’investir son temps et son expertise; son rôle
consiste plutôt à voir de nouveaux patients
et à poser des diagnostics. » Mme Lalonde
ajoute que les pharmaciens communautaires
ont tendance à être isolés et elle encourage
les médecins à les inviter à des conférences et
autres rencontres.
Figure : Impact du traitement avec soutien informatisé
(Intervention) par rapport au traitement classique (Contrôle) sur
les taux de tension artérielle (mesurés à l’aide d’un tensiomètre
ambulatoire et dans le cabinet du médecin)
Résultats primaires
Résultats secondaires
TAS 24 h
,
,
,
,
Taux de base
Suivi
,
,
,
,
,
,
TAS en cabinet
,
,
,
,
,
,
,
Taux de base
,
Suivi
Taux de base
,
,
,
Suivi
Taux de base
TAD nocturne
TAD diurne
,
Suivi
TAD en cabinet
,
,
,
,
,
,
,
,
Taux de base
Suivi
,
,
,
,
Taux de base
Taux de base
Traitement avec soutien
informatisé
L’étude LOYAL était conçue pour établir
une collaboration interprofessionnelle, essentiellement par l’intermédiaire de la technologie. Or, il apparaît que même ce type de
contact « virtuel » entre médecins et pharmaciens est bénéfique. La clé de l’efficacité du
projet résidait dans la confiance réciproque
entre le médecin (qui divulguait des données
diagnostiques) et le pharmacien (qui fournissait des données sur la médication), et dans
,
,
Suivi
•Utiliser la technologie pour faciliter les communications et susciter
l’engagement des patients. Les systèmes téléphoniques ou informatiques
automatisés peuvent facilement relier les médecins et les autres
professionnels de la santé avec leurs patients.
•La confiance mutuelle et l’échange de données (comme les renseignements
diagnostiques et les profils pharmaceutiques) entre les prestataires
améliorent la qualité des soins entre deux consultations médicales et aident
à compenser la pénurie de médecins.
•L’autonomie est l’objectif central de la collaboration interprofessionnelle
dans le secteur des soins de santé, surtout pour les personnes souffrant
de problèmes de santé chroniques. La capacité des patients à surveiller
efficacement l’évolution de leur état de santé entre deux consultations est
essentielle pour améliorer les résultats des traitements.
10 | LA PRAtique interprofessionnelle
,
,
,
TAD 24 h
,
TAS nocturne
TAS diurne
Suivi
Taux de base
Suivi
Groupe de contrôle
leur effort conjoint pour améliorer les soins
et les résultats du patient. « La collaboration
est toujours plus facile quand elle repose sur la
confiance mutuelle », affirme Mme Lussier.
Toutefois, selon elle, bien que la collaboration ait été un ingrédient essentiel du succès du projet LOYAL, le fait d’accorder une
place centrale au patient en a été le facteur
déterminant. « Nous avons pu mieux maîtriser les niveaux de TA, et amener un plus
grand pourcentage de patients à maîtriser
leur hypertension sans augmenter le nombre
de visites chez le médecin. C’est une illustration parfaite de la théorie de l’autonomie en
soins de santé. »
Pour en savoir plus :
•Dre Marie-Thérèse Lussier, Département de
médecine familiale et de médecine d’urgence
de l’Université de Montréal, 450 668-1010,
poste 2742, ou [email protected]
•Lyne Lalonde, professeure agrégée à la faculté
de pharmacie de l’Université de Montréal,
514 343-6111, poste 5315, ou lyne.lalonde@
umontreal.ca
Site Web : www.recherchepl.ca
Mai 2009
Profil
Le Passeport santé, un outil qui aide médecins
et pharmaciens à resserrer le cercle des soins
n
PAR Brett ruffell
L
les clés du succès
e Dr Richard Tytus, un médecin de
famille de Hamilton (Ontario), sait à
quel point il est difficile de faire respecter un traitement médicamenteux. Il a
aussi bien conscience du danger qu’encourt
un patient lorsqu’il prétend avoir pris ses
médicaments conformément à l’ordonnance
alors que ce n’est pas le cas.
Ce sont de tels incidents qui ont conduit le
Dr Tytus et Iris Krawchenko, directrice de la
Pharmacie Dell de Hamilton, à amorcer une
collaboration en 2004 pour trouver un moyen
d’améliorer tant l’adhésion des patients à leur traitement que le bilan comparatif des médicaments.
Trois ans plus tard, ils lançaient le Passeport santé.
Cette initiative de collaboration entre un
pharmacien et un médecin d’une même collec-
•Trouver des moyens d’encourager les patients à se prendre
en charge – des outils comme le
Passeport en sont un exemple.
Les patients engagés ont plus
de chances de respecter leur
traitement.
•Mme Krawchenko souligne
que la communication entre
médecins et pharmaciens
pourrait être améliorée grâce
à l’utilisation de symboles pour
clarifier les instructions figurant
sur les ordonnances comme,
par exemple, une flèche
montante ou descendante pour
indiquer l’augmentation ou
la diminution du dosage ou la
mention « début » lorsqu’il s’agit
d’un nouveau médicament.
Mai 2009
tivité est la première à être financée par le programme ontarien d’Équipes de Santé familiale
(ESF). Elle a commencé sous la forme d’un
projet pilote de six mois reliant officiellement
50 patients, leurs médecins de famille et leurs
pharmaciens au sein d’une structure de soins
interprofessionnelle. L’équipe a choisi pour son
projet pilote de cibler les personnes souffrant de
maladies cardiovasculaires, non seulement parce
qu’il s’agit d’une pathologie pour laquelle le taux
de non-adhésion thérapeutique est élevé, mais
aussi à cause de l’incidence élevée de problèmes
cardiovasculaires chez les diabétiques, un facteur compatible avec l’engagement du ministère
de la Santé et des Soins de longue durée d’améliorer la prestation de soins aux diabétiques.
Le « Passeport santé » est essentiellement un classeur que les patients apportent
avec eux à chaque rendez-vous avec un professionnel de la santé. Il contient un profil
cumulatif du patient, un bilan complet et à
jour de sa médication et les résultats d’évaluations mensuelles par rapport aux objectifs
établis. Avant d’adhérer au programme, le
patient s’engage par écrit à informer le pharmacien de tout changement à son traitement
dans un délai de 48 heures, et à rencontrer ce
dernier une fois par mois.
dr Richard
Tytus
Iris
Krawchenko
L’équipe de Santé familiale de Hamilton
évalue actuellement le programme pour en
déterminer les futures orientations. Les
commentaires de toutes les parties prenantes
– à commencer par les patients eux-mêmes –
indiquent qu’elles ont grandement apprécié
le fait d’avoir un portrait complet des données sur la santé du patient. « Ils adorent être
au courant, affirme le Dr Tytus. Le passeport
leur permet de participer activement à leur
traitement. »
La rumeur fait l’éloge du Passeport santé
et d’autres professionnels de la santé étudient
déjà les moyens de l’intégrer à leur pratique.
Le projet intéresse notamment Natalie
Hawkins, propriétaire de la pharmacie
Northville, à Paris, en Ontario, et le Dr John
McDonald, médecin chef de l’équipe de
santé familiale communautaire PrimaCare,
deux praticiens qui préparent l’implantation
d’un programme semblable pour les diabétiques d’ici la fin de 2009. « Les études ont
montré que la prise en charge autonome est
le moyen le plus efficace d’améliorer les soins
aux diabétiques, affirme Mme Hawkins.
Avec le Passeport, ils comprendront mieux
les raisons pour lesquelles ils ont intérêt à
gérer leur maladie. »
D’après Mme Krawchenko, le Passeport
peut être particulièrement utile pour établir
des liens essentiels entre les lieux de pratique habituels des prestataires de soins. « Les
pharmaciens communautaires sont impatients de travailler en collaboration avec les
médecins, mais il nous est parfois difficile
de trouver la bonne méthode. Nous avons
besoin de programmes comme le Passeport
pour bien montrer comment la collaboration
peut améliorer les soins aux patients, même
si on travaille dans des lieux différents. »
Pour en savoir plus sur le Passeport santé,
communiquer avec le Dr Richard Tytus au
905 545-1376 ou à l’adresse [email protected],
ou avec Iris Krawchenko, au 905 549-9775 ou
à l’adresse [email protected].
LA PRAtique interprofessionnelle | 11
Profil
n
PAR louise leger
L
es recherches indiquent que les stratégies d’abandon du tabac les plus efficaces mettent en jeu à la fois un soutien
pharmacologique et des activités de counseling. Le Dr Richard Ward voulait offrir à ses
patients du Calgary Foothills Primary Care
Network (CFPCN - réseau de soins primaires
de Calgary Foothills) ce qui se fait de mieux
dans les deux domaines.
« Nous voulions créer un « guichet unique »
qui combinerait un atelier d’abandon du tabac
classique et un traitement médical approprié,
explique le Dr Ward, qui dirige le programme
d’abandon du tabac du CFPCN.
Le Dr Ward s’est associé à Lorraine
Bucholtz, directrice de la prestation de services au CFPCN, et à Margot Underwood,
professeure en soins infirmiers et consultante
en éducation pour le programme de MPOC
et d’asthme de Calgary et le programme de
réduction du tabac, pour lancer ce nouveau
projet à l’automne 2007. Son succès s’appuie
sur la collaboration d’équipes de soins au
sein du CFPCN.
« Ce programme est particulier parce
qu’il réunit un médecin et un pharmacien
pour éduquer et soutenir les patients, explique Mme Bucholtz. Dans le passé, quand
quelqu’un voulait arrêter de fumer, il devait
soit en parler à son médecin, qui aurait pu lui
prescrire un médicament, soit s’inscrire à un
cours. Or ce programme combine les deux
types de soutien, ce qui augmente considérablement le taux de succès. »
Un des éléments essentiels de ce programme financé par le CFPCN est d’encourager les médecins à dépister les fumeurs
parmi leurs patients. « Nous savons qu’à
elle seule, cette intervention double le taux
d’arrêt spontané. »
12 | LA PRAtique interprofessionnelle
Lorsqu’un patient fait part de son désir
d’arrêter de fumer, son médecin en informe
le CFPCN, qui l’invite à suivre une réunion
sur l’abandon du tabac et deux ateliers de
suivi. Ceux qui ne sont pas disposés à suivre
les ateliers sont recontactés tous les six mois
par appel téléphonique automatisé et encouragés à arrêter de fumer et à participer à un
atelier.
Les ateliers sont dirigés par des animateurs formés par le CFPCN, notamment des
pharmaciens, des infirmières et des inhalothérapeutes. La formation des animateurs
consiste à les familiariser avec des ressources
comme le manuel interactif de la clinique
Mayo, My Path to a Smoke-Free Future,
ainsi qu’avec les médicaments et les traitements pertinents.
Les patients qui décident d’assister aux
ateliers reçoivent de l’information sur différentes stratégies d’arrêt ainsi que le traitement pharmacologique de leur choix, selon
un protocole permettant de leur remettre
une ordonnance dès la fin de la séance.
Selon Mme Underwood, « Les entrevues
de motivation permettent au patient de discuter des raisons personnelles qui le poussent
dr richard
ward
margot
underwood
à arrêter, des bienfaits et des risques pour sa
santé, de la dépendance à la nicotine, du rôle
des médicaments, des obstacles au changement, de sa motivation, de sa disposition au
changement, de la façon de résister aux stimulants, du stress et de la prise de poids. »
Elle rapporte que le personnel du CFPCN
a été impressionné par le taux de succès du
programme.
« Nous estimons que nous avons obtenu
un taux d’abandon de 30 %, ce qui est plutôt
élevé », dit Mme Underwood. Elle précise
que l’équipe s’efforcera d’augmenter ce pourcentage dans les prochains mois en examinant le taux d’échec d’attrition et les facteurs
motivant l’assistance aux ateliers.
Le Dr Ward envisage d’étendre le programme au-delà du CFPCN pour attirer
plus de patients. « Nous aimerions étendre le
programme pour permettre aux pharmaciens
communautaires d’orienter des patients qui
ne connaissent pas le CFPCN », conclut-il.
Pour plus de renseignements sur le réseau
de soins primaires de Calgary Foothills,
communiquer avec l’équipe au 403 284-9518
ou à l’adresse [email protected].
Site Web : www.cfpcn.ca
les clés du succès
Calgary Foothills : une approche intégrée
pour cesser de fumer
•Offrir des programmes axés sur
des maladies ou des problèmes
de toxicomanie qui affectent
la communauté. Une bonne
équipe interprofessionnelle peut
souvent traiter ces problèmes
plus efficacement que des
professionnels de la santé
isolés.
•Recourir aux entrevues de
motivation pour placer les
patients au centre des soins.
Pour plus de renseignements
sur cette approche, voir à la
page 21.
Mai 2009
Profil
Des prestataires de soins ontariens mettent en place un nouvel
outil pour réduire le risque de démence chez les personnes âgées
n
PAR laura pratt
S
les clés du succès
elon le Dr Bill Dalziel, la collaboration
interprofessionnelle est une nécessité
en gériatrie. « Pour donner réellement
de bons soins gériatriques, le médecin ne peut
être seul, explique-t-il, il doit faire partie d’une
équipe multidisciplinaire. »
Fidèle à cette philosophie, le Dr Dalziel,
qui réside à Ottawa et est coprésident du
Réseau de la démence de la région Champlain
et chef du Programme gériatrique régional de
l’Est de l’Ontario, a mis au point, en collaboration d’autres intervenants, un processus par
lequel les médecins et pharmaciens contribuent ensemble au dépistage et au diagnostic
de la démence chez les personnes âgées.
Ce projet pilote interprofessionnel, lancé
en février 2009, réunit 10 pharmacies d’Ottawa
et s’appuie sur des documents élaborés par le
Réseau de la démence de la région Champlain (le groupe qui chapeaute le Réseau de
la démence de l’Est de l’Ontario). Dans les
pharmacies participantes, les patients ou leurs
soignants peuvent prendre eux-mêmes de la
documentation dans un petit kiosque et les
pharmaciens approchent aussi leurs clients
directement. Ces derniers sont invités à faire
un test de mémoire à l’aide d’un « calculateur de
risque de troubles de mémoire », facile à utiliser
et conçu à partir d’une revue de la littérature
sur les risques de troubles de la mémoire en
fonction de l’âge, des facteurs vasculaires et des
antécédents familiaux. Si un patient obtient un
score de 16 % ou plus, on l’encourage à passer
une épreuve rapide de dépistage avec le pharmacien. Un score inférieur à 15 indique un
risque élevé, et le pharmacien remet au patient
une enveloppe contenant les résultats des deux
tests à l’intention de son médecin, avec une
lettre expliquant le risque élevé que présente
son patient.
dr bill
dalziel
•Reconnaître la force du nombre. Même le meilleur spécialiste peut avoir plus
d’effet sur l’évolution de l’état d’un patient s’il travaille avec une bonne équipe.
•Des brochures et des ressources bien conçues, comme les tests de dépistage, et
une approche chaleureuse de la part des professionnels de la santé de première
ligne, comme les pharmaciens, peuvent aider à mettre les patients à l’aise et faire
en sorte qu’ils soient mieux disposés à prendre en main leurs problèmes de santé.
•Un dépistage précoce est crucial pour maîtriser la plupart des problèmes de
santé. Des professionnels de la santé qui travaillent ensemble au sein d’une
équipe multidisciplinaire peuvent cerner plus facilement les risques pour la
santé d’un patient que s’ils travaillent chacun de leur côté.
Mai 2009
Les avantages d’un dépistage précoce sont
clairs. Dans 55 % des cas de démence, on ne
découvre le problème que lorsque la maladie
a atteint un stade de modéré à grave. Or, non
seulement les médicaments sont d’autant plus
efficaces qu’on les prend tôt, mais on peut
encore mieux éduquer et préparer les patients
et ceux qui en prennent soin si le problème est
diagnostiqué rapidement. Traiter la démence à
ses premiers stades, explique le Dr Dalziel, peut
retarder d’un an le placement la personne dans
un centre d’accueil.
Les résultats quantitatifs seront examinés
une fois l’essai pilote de trois mois terminé, au
printemps 2009. Mais beaucoup de pharmaciens
participants, comme Roland Inniss, de Shopper’s
Drug Mart, à Ottawa, ont déjà noté des résultats
positifs. « J’ai beaucoup de clients âgés et c’est
pour moi un nouveau service à leur offrir »,
dit M. Inniss, parlant du dépistage. « Cela me
demande très peu de temps », poursuit-il à propos des 20 dépistages réalisés dans sa pharmacie
depuis qu’il s’est joint au projet pilote.
Selon lui, l’interaction avec le pharmacien est
cruciale pour tranquilliser les personnes anxieuses.
« Il faut leur parler. Le mot « démence » peut leur
faire peur. Je leur dis que c’est juste un dépistage
et que je n’informerai leur médecin du résultat
qu’avec leur consentement. Sinon, on peut parfaitement ne pas en tenir compte. Mais je leur dis
que si l’on attend trop longtemps, les traitements
peuvent ne plus être efficaces. Une fois que je leur
ai parlé, la plupart des gens son prêts à aller de
l’avant et à passer le test. »
Pour plus de renseignements sur la méthode
de dépistage de la démence du Dr Dalziel,
communiquer avec le Programme gériatrique
régional de l’Est de l’Ontario au 613 761-5334
ou à l’adresse [email protected].
LA PRAtique interprofessionnelle | 13
Profil
Le réseau de soins primaires de Wood Buffalo,
en Alberta, vise une population à haut risque
n
PAR louise leger
L
les clés du succès
e réseau de soins primaires (RSP) de
Wood Buffalo doit relever des défis
exceptionnels. Implanté à McMurray,
en Alberta, il dessert une population de passage, en croissance rapide, à laquelle s’ajoutent des travailleurs temporaires. La région,
qui souffre d’une pénurie notoire de médecins, compte environ 80 000 habitants (dont
un nombre assez important de membres des
Premières nations) ainsi qu’une population
« fantôme » de 25 000 âmes travaillant dans
les sables bitumineux.
Comme la plupart des RSP, Wood
Buffalo a signé un accord formel avec les
médecins locaux et l’autorité en matière de
santé, la Northern Lights Health Region
(NLHR), pour offrir une gamme complète
de programmes et de services de soins primaires à sa communauté. En exercice depuis
septembre 2006, la clinique de Wood Buffalo, implantée dans le centre-ville de Fort
McMurray, réunit une équipe interdisciplinaire d’environ 15 professionnels de la santé.
Elle fonctionne comme une extension des
cabinets privés des médecins du RSP (qui
dirigent leurs patients vers la clinique et ses
services), et leur fournit des soins coordon-
nés, notamment des programmes de prise en
charge des maladies chroniques et des services de soutien pour orienter les patients dans
le système de santé.
Fort McMurray est une ville ouvrière
et les travailleurs des sables bitumineux
ont souvent un mode de vie rude, rapporte
le pharmacien Randy Sloan, qui travaille à
la clinique. Nous avons des taux élevés de
maladies cardiovasculaires, d’AVC et de diabète dans la NLHR (qui réunit deux RSP,
dont celui de Wood Buffalo). Le taux d’obésité y est de 23 % par rapport à 16 % dans
l’ensemble de l’Alberta et le taux de fumeurs
randy
sloan
Diane
Angelopoulos
•Les bonnes équipes interprofessionnelles sont composées de leaders des
soins de santé : des penseurs créatifs qui veulent travailler ensemble avec une
équipe diversifiée pour répondre aux besoins des patients.
•Pour être efficace, une équipe interprofessionnelle doit comprendre les défis
spécifiques à la collectivité qu’elle sert, de manière à ce que les patients
soient convaincus que les membres de l’équipe possèdent les connaissances
et les aptitudes pour répondre à leurs problèmes de santé propres.
•Il faut s’assurer que tous les membres de l’équipe ont souvent l’occasion de se
rencontrer individuellement et d’instaurer de bonnes relations de travail. Les
professionnels de la santé doivent développer une compréhension mutuelle
et se faire confiance pour bien travailler ensemble.
14 | LA PRAtique interprofessionnelle
de 31 % par comparaison à 23 %. La ville
compte 8,3 % de cas de diabète par rapport
à 3,9 % à Calgary, et le double des cas de
chlamydia et de gonorrhée par rapport à la
moyenne provinciale.
« C’est une population assez jeune mais
nous devons résoudre de nombreux problèmes de modes de vie », explique M. Sloan,
qui a obtenu une autorisation de prescription
supplémentaire, en vertu de la loi d’extension
du champ d’exercice de l’Alberta.
M. Sloan consacre le plus clair de son
temps au traitement du diabète. « Je vois des
patients qui viennent de recevoir leur diagnostic et me sont dirigés par leur médecin.
Je leur prescris leur première médication. Il
s’agit d’une extension du rôle des pharmaciens en Alberta, c’est donc tout nouveau et
c’est une expérience d’apprentissage pour
tout le monde. »
L’équipe interdisciplinaire de la clinique comprend un médecin de famille, des
infirmiers ou infirmières praticiens ou spécialistes, un diététiste, un pharmacien, un
ergothérapeute, un kinésiologue et un coordonnateur en santé mentale. Diane Angelopoulos, une infirmière agréée qui travaille
comme infirmière praticienne à Wood Buffalo, précise que l’une des clés du succès de la
collaboration interprofessionnelle, c’est que
tous les membres de l’équipe comprennent
bien le champ de pratique de chacun.
« Travailler ensemble nous permet d’apprendre les uns des autres, conclut Mme
Angelopoulos. Nous possédons tous des
compétences uniques qui rehaussent les soins
que nous prodiguons. Chacun a une gamme
de connaissances dans différentes disciplines
de la santé, et il s’agit d’utiliser la ressource
indiquée au moment opportun. »
Pour plus de renseignements sur le réseau de
soins primaires de Wood Buffalo, communiquer
avec l’équipe au 780 788-1765 ou à
[email protected].
Site Web : www.wbpcn.ca
Mai 2009
À cœur d’y voir clair
À cœur d’y voir clair : un programme qui
aide les prestataires de soins à promouvoir
la santé cardiaque
n
PAR brett ruffell
U
ne étude mondiale révélant un manque considérable de connaissances sur la santé cardiovasculaire au
Canada a convaincu Liz Heldon, présidente
du Canadian Lipid Nurse Network, qu’elle
devait faire quelque chose.
L’étude menée en 2001 par Ipsos UK a
montré que, bien que 90 % des Canadiens
reconnaissaient l’importance de maintenir un
taux de cholestérol adéquat, 79 % ne connaissaient pas leur propre taux et 73 %, leur taux
optimal. Cette méconnaissance revenait souvent à l’esprit de Mme Heldon, chaque fois
que les patients lui posaient des questions
élémentaires sur le cholestérol. Avec quelques
associés et grâce à un financement de Pfizer,
l’infirmière a entrepris, en 2001, de mettre sur
pied des cliniques de formation sur le cholestérol baptisées « Making the Connection
(À cœur d’y voir clair) ». Ces cliniques ont
d’abord été proposées dans tout l’Ontario,
puis l’offre s’est étendue au reste du Canada.
Bientôt, d’autres organismes soucieux
de maximiser leurs ressources se sont joints
à Mme Heldon. L’un des premiers à établir
un partenariat avec les infirmières a été Diabète Québec. Les problèmes cardiovasculaires étant associés à une proportion de 70 à
80 % des décès de diabétiques, il était logique pour cet organisme de participer à cette
initiative. Comme le souligne Marc Aras,
directeur des communications : « Il vaut bien
mieux travailler ensemble parce que chacun
[de nos deux organismes] a des informations
différentes et peut joindre différents types de
personnes ».
Ce partenariat inclut maintenant l’Association canadienne de réadaptation cardia-
Mai 2009
que, la Fondation des maladies du cœur du
Canada, l’Association canadienne du diabète
et Pression artérielle Canada. Ensemble, ces
organismes planifient, mettent au point et
organisent des campagnes, des événements
de sensibilisation et des forums publics auxquels ont participé des porte-parole aussi
célèbres que Pat Quinn, ancien entraîneur et
directeur général de l’équipe de hockey des
Maple Leafs de Toronto.
Un site Web interactif intitulé en français
À cœur d’y voir clair (www.makingtheconnection.ca) a été lancé en 2007 pour relever
le niveau de compréhension des problèmes
cardiovasculaires chez les Canadiens. Cette
importante présence en ligne soutient la campagne et aide les prestataires de soins à éduquer leurs patients. Le site offre gratuitement
aux utilisateurs inscrits des renseignements
personnalisés selon leur profil de risque
cardiovasculaire. Un outil de mesure de l’âge
cardiovasculaire illustre comment certains facteurs de risque peuvent influer sur « l’âge » du
cœur. Le site donne aussi des informations sur
le régime alimentaire et l’abandon du tabac,
ainsi que sur la prise en charge individuelle
du diabète et de l’hypertension. Un plan sur
mesure pour améliorer sa santé en cinq étapes
– auquel 28 000 personnes se sont déjà inscrites – complète cette expérience personnalisée.
Depuis son lancement, ce site a attiré près de
200 000 visiteurs.
L’équipe de À cœur d’y voir clair se rencontre une ou deux fois par an pour évaluer
les progrès de la campagne et échanger les
nouvelles données. Pour garantir l’efficacité
et la précision des messages véhiculés par
le site, les associations collaborent avec des
médecins, des pharmaciens, des infirmiers et
infirmières, des diététistes et d’autres prestataires de soins de santé.
Les premiers résultats indiquent que la
campagne réussit à promouvoir l’autonomie,
et de nombreux patients posent maintenant
des questions plus pertinentes à leurs prestataires de soins. Mme Heldon attribue ce
succès à l’objectif commun de l’équipe : éduquer le public sur la santé cardiaque. Et cela
ne gâche rien d’avoir quelqu’un comme l’entraîneur Pat Quinn à vos côtés. « Les patients
aiment pouvoir s’identifier à quelqu’un qu’ils
reconnaissent, dit-elle. Ils s’aperçoivent qu’ils
ne sont pas seuls. »
LA PRAtique interprofessionnelle | 15
opinion
L’accès à des soins de qualité
Les équipes interprofessionnelles peuvent-elle
être utiles?
n
par Calvin Gutkin, M.D., C.C.F.P.(EM), F.C.F.P.
Directeur général et chef de la direction
Collège des médecins de famille du Canada
L
e parcours d’un patient à travers le
système de santé peut être compliqué. Quel prestataire de soins faut-il
consulter pour tel ou tel problème ? Comment obtenir un rendez-vous en temps
voulu pour des tests, des soins en psychothérapie, physiothérapie ou ergothérapie,
des services sociaux ou une recommandation à un spécialiste ? Les soignants communiquent-ils entre eux ?
Des pratiques émergent pour faciliter
ce parcours en offrant les services d’équipes interprofessionnelles, regroupant
selon les besoins médecins de famille et
autres spécialistes, infirmières, pharmaciens, psychologues, ergothérapeutes,
travailleurs sociaux, diététistes, physiothérapeutes, etc.
Des recherches menées à l’échelle internationale ont montré que la santé est
meilleure dans les bassins de population où
les gens ont leur propre médecin de famille,
et encore meilleure quand ce dernier
s’associe à d’autres professionnels de la
santé dans le cadre d’une équipe centrée
sur le patient1. Notre collège soutient le
travail en équipe, en particulier pour les
populations mal desservies et les patients
souffrant de pathologies complexes ou
chroniques. Nous reconnaissons que notre
système a longtemps échoué à intégrer
toutes les compétences de nos collègues
des professions de la santé, comme les
infirmières ou les pharmaciens, et savons
combien les patients auraient avantage à
ce que l’ensemble des prestataires de soins
exploitent toute l’étendue de leurs champs
d’expertise classiques.
À cause de la pénurie de médecins,
l’un des principaux problèmes auxquels les
Canadiens sont aujourd’hui confrontés est
celui des délais d’accès aux soins médicaux.
Cette situation a conduit à des pratiques
qui ont élargi le rôle des intervenants autres
que les médecins, leur permettant ainsi
d’exercer au-delà des limites de leur formation. Elle a aussi eu pour conséquence
l’exigence ou l’attente à l’égard de certains
d’entre eux qu’ils assument des responsabilités normalement dévolues aux médecins.
Bien qu’il s’agisse parfois de tâches médicales simples, ce n’est pas toujours le cas.
En fait, dans certaines provinces, certains
des actes les plus complexes de la médecine,
comme la pose de diagnostics et la prescription de médicaments, sont désormais
légalement intégrés à la pratique d’autres
professions de la santé.
Bien que nous devions tous travailler
ensemble pour trouver des moyens d’améliorer l’accès de la population aux soins de
santé, les législateurs et les autorités de
réglementation doivent, dans l’intérêt de
la sécurité des patients, faire preuve d’une
grande prudence quand ils étendent les
frontières du champ d’exercice des prestataires de soins. Les services médicaux
ajoutés au champ d’exercice de ceux qui
ne sont pas médecins doivent être clairement définis (p. ex., prescription ou
renouvellement de certains médicaments)
et l’élargissement doit être réservé à ceux
qui ont satisfait aux exigences d’une formation conforme à des normes nationales,
et démontré leur capacité d’offrir ces services médicaux au public. Le plus important, c’est d’établir clairement la distinction entre ce qui constitue un « diagnostic »
posé par un non-médecin et un « diagnostic médical », ce dernier type d’acte devant
être réservé aux personnes qui ont terminé
leurs études de médecine et obtenu un
doctorat, et qui sont titulaires d’un permis
d’exercice de la médecine.
Aujourd’hui, le Canada a besoin de
plus d’infirmières, de pharmaciens et de
médecins. Il a aussi besoin d’un système
qui soutienne plus efficacement la collaboration entre eux. L’exercice de chaque
profession exige des compétences exclusives
qui, si on les coordonne de manière judicieuse, devraient contribuer à bien servir les
patients.
Notre collège recommande que tous les
Canadiens puissent avoir accès à une équipe
composée d’un médecin de famille, d’une
infirmière ou une infirmière praticienne,
d’un pharmacien, et de tout autre prestataire de soins, au besoin. Comme le montre
cette brochure, nous avons la chance de voir
émerger de tels modèles de soins dans tout
le pays.
sources
1. Starfield, B. : The effectiveness of primary health care – A celebration of general practice, Radcliffe Publishing, 2003.
16 | LA PRAtique interprofessionnelle
Mai 2009
opinion
De meilleurs traitements
pharmaceutiques pour les Canadiens
Les soins centrés sur le patient tiennent leurs promesses
n
par Jeff Poston, Ph. D. (Pharmacie)
Directeur général de l’Association des pharmaciens du Canada
L
es professions des soins de santé évoluent
pour satisfaire aux besoins des Canadiens en répondant aux nombreux défis
actuels, comme l’accès aux soins, la sécurité des
patients, la prise en charge des maladies chroniques et la viabilité financière. La collaboration interprofessionnelle est une composante
intégrale de cette nécessaire évolution.
Un des problèmes qui se pose est l’incidence élevée d’effets indésirables associés aux
médicaments et les résultats insuffisants des
traitements pharmaceutiques. Trop de Canadiens se retrouvent à l’hôpital, dans les services d’urgence ou chez leur médecin à cause de
problèmes liés aux médicaments qu’on aurait
souvent pu prévenir. Des études ont estimé que
jusqu’à 25 % de toutes les admissions à l’hôpital pourraient être liées aux médicaments. Une
récente recherche canadienne a notamment
constaté qu’une admission sur neuf dans les
services d’urgence était due à un problème de
médicaments, et que les deux tiers de celles-ci
auraient en principe pu être évitées1. Les pharmaciens, médecins et autres professionnels de
la santé doivent travailler de concert pour améliorer l’innocuité et l’efficacité des traitements
pharmaceutiques.
C’est à ces défis que répond le Plan directeur de la pharmacie : la Vision de la pharmacie.
Il s’agit d’une initiative de collaboration dirigée
par l’Association des pharmaciens du Canada
en vue de mettre au point un plan d’action
stratégique pour la profession. Des pharmaciens de tout le pays ont participé à l’élaboration des grandes lignes d’une vision ayant
pour objectif de mieux adapter leur pratique
professionnnelle aux besoins des Canadiens en
matière de soins de santé2,3. Cette vision est
simple : « Procurer aux Canadiens un traitement médicamenteux aux résultats optimaux
par des soins axés sur le patient »4
Le renforcement du rôle des pharmaciens
pour mieux répondre aux besoins en soins de
santé des Canadiens s’appuie sur la combinaison exclusive de leurs connaissances et
compétences et sur le fait qu’ils sont les prestataires de soins de santé les plus accessibles.
Les pharmaciens reçoivent en effet une
formation complète en pharmacologie, en
gestion de traitements et en prise en charge
des patients. La nécessité d’accroître l’innocuité
et l’efficacité des traitements médicamenteux relève de leur domaine de compétence,
et ils sont prêts et aptes à en assumer la
responsabilité.
La prise en charge concertée du traitement
médicamenteux d’un patient suppose que tous
les membres de l’équipe comprennent et respectent les rôles respectifs de leurs collègues.
À la suite des changements réglementaires
récents dans plusieurs provinces du Canada,
de nombreux pharmaciens ont désormais le
droit d’amorcer un traitement pharmaceutique, de le prolonger ou de le modifier. Cette
responsabilité s’étend du renouvellement
d’une ordonnance pour des soins prolongés
à la fourniture de médicaments d’urgence, en
passant par l’ajustement des dosages et le droit
de prescrire des médicaments de leur propre
chef5. Les craintes à propos du droit de prescrire des pharmaciens sont souvent dues à une
mauvaise interprétation de ce rôle. Pour les
médecins, la prescription de médicaments fait
partie du processus de diagnostic – pas pour
les pharmaciens. Dans leur pratique classique,
les pharmaciens identifient couramment des
problèmes mineurs chez leurs clients, et les
recommandent ensuite à un médecin. La portée de ces actes pourrait être étendue, mais une
telle mesure ne viserait nullement à usurper
l’autorité de diagnostic du médecin. En agissant de concert avec les médecins, les pharmaciens visent à offrir à leurs clients le meilleur
accès possible aux traitements, et à leur assurer
des résultats optimaux.
L’Association des pharmaciens du Canada
s’engage à soutenir les pharmaciens dans leur
pratique, de façon qu’ils puissent utiliser
pleinement leurs connaissances et compétences exclusives et travailler en collaboration
avec d’autres professionnels de la santé pour
optimiser l’utilisation des médicaments et en
améliorer les résultats pour les patients.
sources
1. Zed PJ, Abu-Laban RB, Balen RM, et coll. Drug-related visits to the emergency department of a large Canadian hospital: a prospective study. CMAJ 2008;178(12):1563-9
2. Groupe de travail chargé du Plan directeur pour la pharmacie. Plan directeur de la pharmacie : la Vision de la pharmacie. Ottawa (Ontario) : Association des pharmaciens du Canada; 2008
3. Blueprint for Pharmacy interprofessional consultation report (Rapport de consultation interprofessionnelle – disponible en anglais seulement). Professional understanding
and support: a critical element of change. Ottawa (Ontario) : Association des pharmaciens du Canada; 2008
4. http://www.pharmacists.ca/content/about_cpha/whats_happening/cpha_in_action/ blueprint_FR.cfm]
5. Énoncé de position de l’APhC à propos du pharmacien prescripteur. Ottawa (Ontario) : Association des pharmaciens du Canada; 2007
Mai 2009
LA PRAtique interprofessionnelle | 17
Le point de vue du médecin
La route vers la collaboration
interprofessionnelle est longue
mais enrichissante
n
par le Dr Rob Wedel
J
’exerce au sein de l’Associate Medical
Centre, un groupe de huit médecins de
famille situé dans la communauté de
Taber, en Alberta. Ici, les ressources en soins
de santé sont peu nombreuses si bien que nous
assurons, à nous huit, tout le service d’urgence,
24 heures sur 24, sept jours par semaine, tout en
nous occupant des patients hospitalisés en soins
de courte ou longue durée et en recevant des
patients à la clinique aux heures de bureau.
Malgré l’ampleur des défis à relever, notre
groupe a élaboré un modèle de soins interprofessionnel qui nous permet de maximiser nos ressources et notre expertise pour servir nos patients.
Si nous nous sommes engagés dans la voie de la
collaboration interprofessionnelle, c’est en raison
des importantes réductions budgétaires imposées
pendant dix ans aux établissements de santé, à
la suite desquelles nous nous sommes retrouvés
avec des patients de plus en plus nombreux et de
plus en plus malades. Au lieu de concentrer nos
efforts sur la prestation de soins de qualité, notre
objectif était, de plus en plus, de parvenir à boucler la journée, patient après patient.
En 2000, un financement nous a permis
de mettre en œuvre des programmes régionaux
pour les maladies chroniques et d’embaucher
dans notre clinique le personnel adéquat (infirmière éducatrice en diabète ou lipide, diététiste, inhalothérapeute et infirmière en santé
publique). Cette « cohabitation » a redonné de
l’élan à toute l’équipe; nos nouveaux collègues
sont devenus une ressource précieuse et ils ont
apprécié le fait de travailler avec un groupe de
médecins qu’ils pouvaient consulter immédiatement au besoin.
18 | LA PRAtique interprofessionnelle
Nous avons vite compris l’importance
de connaître notre bassin de clientèle. Nous
avons déterminé les profils cliniques de tous
nos patients, ce qui nous a permis de planifier
d’avance le type et le niveau de soins dont ils
pourraient avoir besoin et d’évaluer de façon
assez exacte le nombre de visites auquel on
pouvait s’attendre.
Cependant, bien que conscients d’avoir mis
en place des infrastructures et des procédures
propices à la collaboration en matière de prestation des soins, nous nous contentions encore de
« travailler ensemble isolément », chacun d’entre nous étant concentré sur son propre champ
d’expertise et de responsabilités.
C’est en rejoignant le réseau de soins primaires Chinook, en 2005, que nous avons
obtenu le financement nécessaire pour élaborer plus avant notre modèle. Ayant entendu
parler des recherches sur les approches collectives faites par l’organisme à but non lucratif
IHI (Institute for Healthcare Improvement),
nous avons embauché la firme affiliée à l’IHI,
Mark Murray and Associates. Ces consultants ont d’abord examiné la façon dont
nous travaillions, améliorant le processus
de prise de rendez-vous pour notre « équipe
opérationnelle » (réception, personnel administratif et assistants du bureau médical).
Ils ont ensuite examiné le type de travail à
faire pour assurer des soins sans risque et fiables
aux patients afin que notre « équipe clinique »
(infirmières, infirmière praticienne, diététiste,
infirmière praticienne en diabète et travailleur
en santé mentale) soit plus efficace pendant et
après les visites des patients.
Il a été prouvé que les gens sont plus heureux et font un meilleur travail quand on leur
donne une chance d’utiliser leur formation et
leurs connaissances, et tous les membres de
notre équipe travaillent maintenant dans leur
champ de compétences.
Nous en faisons plus avec moins de services
et avons nettement amélioré le temps d’attente
de nos patients. Nos rapports sur les résultats
cliniques laissent envisager un bilan positif. En
tant qu’équipe, nous voyons les avantages d’une
amélioration de la communication interprofessionnelle et de l’échange d’information, et pouvons témoigner de l’influence positive que nous
exerçons sur le comportement de nos patients.
Nos objectifs ont changé : nous n’essayons plus
simplement de finir notre journée mais de travailler en collaboration pour que nos patients se
portent le mieux possible.
Nous avons actuellement le financement
nécessaire pour adjoindre un pharmacien à
l’équipe. Dans de nombreuses communautés
rurales comme la nôtre, le nombre de pharmaciens est limité; mais nous essayons d’en
trouver un le plus rapidement possible pour que
nos patients puissent recevoir les soins les plus
complets.
Nous savons qu’il y a place à amélioration
pour que l’équipe travaille à son plein potentiel,
mais nous ne voudrions surtout pas retourner à
notre ancien type de pratique. Nous avons bien
trop de plaisir à travailler ensemble.
Le Dr Rob Wedel exerce la médecine à l’Associates
Medical Centre, à Taber, en Alberta. Ce Centre fait
partie du réseau de soins primaires Chinook.
Mai 2009
Le point de vue du pharmacien
Une communication ouverte est
essentielle au succès de la
collaboration interprofessionnelle
n
par Susan Beresford, B. Sc. Pharm
D
ans un système de soins de santé de
plus en plus orienté vers un fonctionnement décloisonné, les pharmaciens
évoluent pour fournir de nouveaux services professionnels à leurs clients. Dans les prochaines
années, nous travaillerons en collaboration plus
étroite avec les médecins et il est par conséquent
essentiel d’établir des canaux de communication efficaces, non seulement entre les établissements de soins, mais aussi entre les professionnels de la santé.
Quatre composantes centrales doivent être
prises en compte pour qu’une telle communication soit possible.
1
Le temps
Il s’agit à la fois du temps du médecin, de celui
du pharmacien, du temps du patient et celui
que marque l’horloge. Le temps est relatif, selon
les situations et les besoins de chacun, mais il
est d’égale importance pour tous. Pour un pharmacien, pouvoir joindre un médecin dans un
délai raisonnable est essentiel. Les médecins
devraient fixer des horaires prédéterminés pour
la réception des télécopies, organiser des conférences téléphoniques, donner aux pharmaciens
leur numéro de ligne directe ou de téléphone
mobile, et faire preuve de flexibilité au cas où un
pharmacien doit les joindre d’urgence.
2
Respect
Chacun d’entre nous est un professionnel qualifié qui travaille pour améliorer la santé de nos
patients et, pour collaborer efficacement ensemble, nous devons tous respecter cette expérience
partagée. Les pharmaciens offrent non seulement
Mai 2009
des services professionnels mais aussi leur base
de connaissances. Sachant cela, nos organismes
de réglementation essaient d’élargir nos rôles et
s’assurent des normes de soins et des garanties
de qualité pour faciliter cette extension. Grâce à
ces liens plus étroits entre médecins et pharmaciens, les connaissances tant du médecin que du
pharmacien sont utilisées de façon optimale pour
avoir un effet positif sur l’état de santé du patient.
Ils devront chercher des occasions de formation
conjointe pour renforcer le respect mutuel en
mettant en valeur le point de vue de chaque profession sur les problématiques de soins et établir
une base de connaissances et de compétences
commune. Cela pourrait se traduire par des présentations professionnelles mensuelles, des lunchs
d’étude, des téléconférences interprofessionnelles
ou de l’apprentissage en ligne.
3
Ressources
Tant les pharmaciens que les médecins possèdent d’importantes bases d’information, qui
peuvent servir à leurs collègues en soins de
santé et à leurs patients s’ils peuvent y accéder
facilement quand ils en ont besoin. Les dossiers
de santé électroniques devraient permettre aux
pharmaciens de faire de plus en plus de gestion
de la médication. En attendant qu’ils soient
d’usage courant au Canada, les prestataires de
soins peuvent communiquer par le biais de formulaires standardisés pour mettre en commun
le plus de renseignements possibles. Les pharmaciens peuvent aussi exceller dans la conduite
de recherches ponctuelles et les partenariats
entre médecins et pharmaciens peuvent favoriser la recherche d’information et l’innovation.
4
Compréhension
Le monde des soins de santé évolue rapidement. Les champs d’exercice des différentes professions de la santé se chevauchent
désormais et la coordination des services
et l’information sont essentielles pour
maximiser l’efficacité. Les pharmaciens
devraient prendre la parole dans les réunions locales de gestion des soins de santé.
Ils devraient aussi être capables de fournir
de l’information sur les nouveaux services
professionnels qu’ils offrent sous la forme
par exemple de sommaires imprimés, de
présentations PowerPoint ou de bulletins
électroniques réguliers. Les pharmaciens
et les médecins pourraient établir un lien
virtuel par le biais d’Internet pour assurer
un échange d’information constant et facile.
La communication réciproque est essentielle
à la compréhension.
Les méthodes de communication ne
conviennent pas toutes également à tout le
monde. Mais une certaine forme de communication ouverte est essentielle afin que
les pharmaciens et les médecins puissent
travailler en collaboration pour le bien-être
de leurs patients. Et la vraie communication ne consiste pas seulement à répondre
à des questions. Elle repose sur le respect et
la compréhension et elle doit intervenir au
moment adéquat, au moyen de ressources
adéquates.
Susan Beresford est directrice d’officine chez
Kinburn Pharmasave, à Mahone Bay, en
Nouvelle-Écosse.
LA PRAtique interprofessionnelle | 19
Le point de vue d’un infirmier
L’avenir appartient désormais
à la collaboration
interprofessionnelle
n
par Sam Ibraham, Inf., PHC-NP (dist.), B.sc. inf., MsCN
E
n tant qu’infirmier praticien en soins
de santé primaires, j’ai eu l’occasion
de travailler dans divers milieux et
je crois que les soins de santé interprofessionnels se sont avérés le modèle le plus à
même de profiter tant aux professionnels de
la santé qu’aux patients.
Bien qu’il existe de nombreuses définitions des soins de santé interprofessionnels,
le dénominateur commun est un partenariat
qui se caractérise par :
• la reconnaissance des forces de chacun
des membres de l’équipe autant que de
leurs différences;
• des prises de décision équitables et efficaces;
• des objectifs communs et
• la transmission de messages clairs et
cohérents.
Personne n’est responsable de tous les
aspects des soins aux patients parce qu’on vise
à bénéficier des aptitudes et de l’expertise de
chaque membre de l’équipe. Le but ultime
est toujours d’améliorer l’accès des patients
aux soins et les résultats.
L’équipe de santé familiale Canes dont
je fais partie est située dans un quartier
multiculturel en pleine croissance. Le bassin
de population que nous desservons compte
environ 180 000 personnes, et ce chiffre est
appelé à croître rapidement compte tenu du
grand nombre d’aînés et de l’afflux constant
de récents immigrants dans le quartier.
Nous sommes toujours très occupés, mais
nous réussissons à répondre aux besoins
parce que tous les membres de l’équipe
20 | LA PRAtique interprofessionnelle
sont prêts à faire ce qu’il faut pour servir
nos patients. Mon rôle consiste à promouvoir la santé et la prévention des maladies,
et à traiter et éduquer les patients atteints
de problèmes de santé chroniques. Mais il
m’arrive souvent de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques de
soins de santé, ainsi qu’à d’autres fonctions
administratives.
Mes expériences de collaboration m’ont
appris que les connaissances et les aptitudes
(communes ou distinctes) des prestataires
de soins peuvent créer une synergie qui
influe positivement sur les soins. Pour un
patient, le modèle interprofessionnel idéal
se traduit par un accès à tout un éventail de
services de soins, de choix de traitement et
de conseils à partir d’un « guichet unique ».
D’après mon expérience, les professionnels
de la santé ont tout avantage à se partager
le fardeau des cas complexes et difficiles et à
voir leur charge de travail réduite grâce à une
communication efficace au sein de l’équipe.
La communication entre les différentes
disciplines crée des occasions d’apprentissage continues pour les membres de l’équipe,
et la rationalisation des services permet de
maximiser l’usage des ressources financières.
Dans tous les cas dont j’ai pu être témoin,
la collaboration interprofessionnelle profite
à tous, aussi bien les patients que les professionnels de la santé.
Il faut bien sûr relever certains défis
pour que les efforts d’une équipe qui travaille en collaboration soient efficaces, l’un
des principaux étant de gérer le change-
ment et les conflits. Si l’on veut réussir à
les atténuer et à les résoudre, il faut aborder
ces problèmes à la fois sur le plan individuel et collectif.
Je me suis aperçu que la mise en place
de stratégies d’analyse des causes profondes
et de résolution des conflits permettait de
cerner et de résoudre les conflits liés à la
collégialité. Dans les équipes où la collaboration fonctionne, des communications
fréquentes et l’identification des risques de
problèmes peuvent créer un climat de compréhension et de confiance, ce qui réduit les
occasions de frictions.
Les professionnels de la santé de toutes
disciplines ont conscience des demandes
croissantes qui pèsent sur les ressources
de ce secteur. D’où l’importance de maximiser notre temps, nos efforts et notre
niveau de satisfaction tout en prodiguant
les meilleurs soins possibles à nos patients.
En tant qu’infirmier praticien participant
à la fois aux soins primaires et à la prise en
charge des maladies chroniques, je considère que la collaboration interprofessionnelle est l’une des pierres angulaire de ma
pratique. À mon avis, cette approche va
continuer de se développer et constitue la
façon idéale de répondre aux besoins des
patients, dans un système de plus en plus
complexe.
Sam Ibraham est infirmier praticien au sein de
l’équipe Santé famille Canes, à Toronto.
Mai 2009
L’entretien motivationnel, une technique qui
place le patient au centre des soins
n
par Laura Pratt
D
ans le domaine des soins de santé,
l’entretien motivationnel (EM) est
une méthode thérapeutique qui
reconnaît l’importance de faire participer
les patients à leurs propres soins. Apparu
au début des années 80, l’EM visait initialement le traitement des toxicomanies.
« Aujourd’hui, on parle de l’efficacité de
cette méthode dans tout le secteur des soins
de santé », affirme Grant Corbett, président
de Behavior Change Solutions, une société
de services-conseils qui propose une formation en EM.
Au cœur de cette approche centrée sur la
personne et axée sur les résultats, se trouve
l’idée que les professionnels de la santé
doivent inviter leurs patients à réfléchir sur
leur état et sur la façon dont ils pourraient
s’investir pour l’améliorer. La participation du patient est essentielle. « Après tout,
affirme M. Corbett, les recherches démontrent que ce n’est pas ce que nous disons aux
patients, mais plutôt ce qu’ils nous disent,
qui les change. »
La plupart des études montrent que
l’EM surpasse les modèles de traitement
classiques dans 80 % des cas (et donne des
résultats équivalents dans les 20 % de cas
restants).
L’EM remplace la méthode traditionnelle de prestation de conseils et de
formation par une approche fondée sur le
principe que le patient dispose à la fois
d’une base de connaissances utiles et de
la volonté de s’adapter. D’après M. Corbett, la première méthode procède d’une
« vision du monde axée sur le déficit »,
selon laquelle on considère que le patient
manque d’information, d’aptitudes et de
compétences, alors que la seconde traduit
Mai 2009
une « vision du monde basée sur la compétence ».
L’entrevue de motivation n’est pas
facile à maîtriser, mais les professionnels
prêts à investir plusieurs jours dans la formation s’offrent ainsi une faveur, surtout
s’ils travaillent dans un environnement
interprofessionnel. « Il est difficile de
penser qu’un praticien collabore quand il
vous dit quoi faire. Avec l’EM, le [prestataire de soins] aide le patient à exprimer
ses propres raisons de changer. »
D’après M. Corbett, l’EM devrait
être la pierre de touche de la collaboration interprofessionnelle, un modèle
de soins de santé qui doit privilégier
la relation tant entre le prestataire et le
patient qu’entre les divers professionnels qui collaborent au traitement. « Si le
pharmacien et le médecin procèdent en
étant convaincus qu’ils doivent diriger le
patient à chaque étape, il n’y a de collaboration qu’entre eux, mais pas avec le
patient. »
Grant Corbett
président
Behavior Change Solutions
les clés du succès
l’entretien motivationnel
Grant Corbett, président de
Behavior Change Solutions,
donne les conseils suivants
pour intégrer l’entrevue
motivationnelle à la pratique
interprofessionnelle.
1.Engager le patient à exprimer
sa propre compréhension de
sa médication ou de son traitement avant de lui donner
des conseils pratiques. Reconnaître la compétence du
patient diminue sa résistance.
2. Demander au patient pourquoi il veut prendre un médicament ou suivre un traitement. Les recherches sur l’EM
montrent que ce n’est pas ce
que nous disons aux patients
mais ce qu’ils nous disent (sur
leurs désirs et leur engagement vis-à-vis du traitement)
qui permet d’évaluer leur
adhésion au traitement et leur
assiduité.
to comele patient à chaque
3. Valoriser
occasion. En valorisant le
patient (ce qui ne veut pas dire
le féliciter) pour avoir fait exécuter son ordonnance ou pour
ses connaissances, ses désirs
et ses projets, on l’encourage
à adhérer au traitement.
4. Avant de donner un conseil,
demandez au patient l’autorisation de le faire. Cette
démarche est une marque de
respect et les patients qui se
sentent respectés adhèrent
plus volontiers au traitement.
5. À la fin de la conversation,
résumez les désirs et les
engagements du patient
vis-à-vis de son traitement.
Les patients qui se sentent
compris sont plus enclins
non seulement à suivre les
traitements prescrits, mais
aussi à rester fidèles à leur
prestataire de soins.
D
LA PRAtique interprofessionnelle | 21
Les gouvernements préparent le terrain
Les législateurs fédéraux et provinciaux
ouvrent la voie aux soins interprofessionnels
n
PAR Sonya felix
B
ien qu’il s’agisse encore d’une notion
relativement nouvelle au Canada, les
soins de santé interprofessionnels
gagnent du terrain tant auprès des législateurs que parmi les professionnels de la
santé de première ligne. Cette double avancée est un signe positif lorsqu’on pense aux
investissements considérables en recherche, formation et infrastructures qu’exigera
l’évolution vers la collaboration interprofessionnelle dans les soins de santé.
Le premier pas réel dans la voie d’une
collaboration interprofessionnelle a été fait
en septembre 2000, quand les premiers
ministres ont reconnu que les équipes de
santé multidisciplinaires étaient essentielles
au renouveau des soins de santé. En réponse,
le gouvernement fédéral a établi le Fonds
pour l’adaptation des soins de santé primaires (FASSP), un fonds de 800 millions de
dollars destiné à encourager et soutenir les
projets concertés dans tout le Canada.
22 | LA PRAtique interprofessionnelle
Le FASSP a financé tout un éventail de
projets, dont l’Initiative pour l’amélioration
de la collaboration interdisciplinaire dans
les soins de santé primaires (ACIS). Avec un
comité directeur formé de représentants de
dix associations de professionnels des soins
de santé et d’une coalition, l’initiative ACIS
a recensé les meilleures pratiques de soins
de santé en vue d’optimiser les résultats face
à l’évolution des besoins d’une population
vieillissante et à l’incidence croissante des
maladies chroniques. On peut consulter le
rapport final de l’ACIS, Principes et cadre
de la collaboration interdisciplinaire dans
les soins de santé primaires, à l’adresse
http://www.eicp.ca/fr/principles/march/
ACIS-Principes-et-cadres-mars.pdf.
Équipes multidisciplinaires
De nombreux projets financés par le
FASSP, comme l’Initiative canadienne de
collaboration en santé mentale et le Projet
de soins primaires obstétricaux concertés,
visent des problèmes de santé particuliers.
Mais plusieurs provinces, surtout l’Ontario,
l’Alberta, la Saskatchewan et le Québec,
ont commencé à améliorer la prestation des
soins en créant des équipes de soins primaires interprofessionnelles. Ces équipes,
généralement dirigées par des médecins
de famille, emploient d’autres prestataires
de soins – pharmaciens, physiothérapeutes,
nutritionnistes, conseillers en alimentation,
travailleurs sociaux, etc. – au fur et à mesure
qu’elles obtiennent du financement et que
les avantages du travail en équipe deviennent plus évidents.
Le ministère de la Santé et des Soins
de longue durée (MSSLD) de l’Ontario a
lancé les premières Équipes de Santé familiale (ESF) de la province en 2004. À l’heure
actuelle, l’Ontario compte 152 ESF dirigées
par des médecins de famille, et employant
d’autres prestataires de soins comme des
infirmières praticiennes, des diététistes et
des pharmaciens. On prévoit la mise sur
pied de cinquante autres équipes au cours
des deux prochaines années. S’appuyant sur
le modèle des ESF, le MSSLD se prépare
aussi à mettre en place 25 cliniques dirigées
Mai 2009
May
par des infirmiers praticiens au cours des
quatre prochaines années. Dans ces cliniques, qui seront situées dans des zones où la
population a un accès limité aux prestataires
de soins primaires, le personnel infirmier
praticien travaillera en collaboration avec
les médecins pour dispenser des soins et de
la formation sur la prévention des maladies
et la promotion de la santé.
Actuellement, l’Alberta compte 30 réseaux
de soins primaires (RSP) et projette l’implantation de sept autres. Chacun de ces
RSP est créé par des médecins de famille de
la région, en coopération avec les autorités
de la santé locales et d’autres professionnels
de la santé comme le personnel infirmier et
les diététistes. Soixante pour cent des médecins de famille sont déjà membres d’un RSP
et le gouvernement espère en voir 80 % y
adhérer d’ici 2011.
Entre-temps, après le succès de plusieurs projets pilotes, la Saskatchewan a
étendu ses réseaux de soins de santé primaires pour y inclure l’ensemble des 13 Offices
régionaux de la santé de la province.
Au Québec, l’intégration d’autres services de santé aux groupes de médecine familiale en vue de former des équipes de santé
multidisciplinaires est en bonne voie.
Élargir les champs d’exercice
Face à la pénurie de médecins et aux autres
problèmes qui entravent l’accès aux soins
de santé, les gouvernements légifèrent
pour autoriser l’élargissement des champs
d’exercice des autres prestataires de soins,
de façon à optimiser l’utilisation de leurs
compétences et à alléger ainsi la charge
de travail des médecins. La liste des spécialités ouvertes au personnel infirmier,
par exemple, continue de s’étendre à des
domaines comme le dépistage du cancer
colorectal et l’assistance chirurgicale. Les
infirmiers et infirmières praticiens, les
sages-femmes et les podiatres ont déjà
le droit de rédiger des ordonnances et,
Mai 2009
compte tenu de l’évolution de leur rôle, de
nouvelles dispositions de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances
autoriseront bientôt les membres de ces
trois professions à prescrire aussi certains
médicaments réglementés.
Partout au Canada, les provinces
étendent le champ d’exercice des pharmaciens pour y inclure le droit d’adapter
les ordonnances. Le Nouveau-Brunswick
et la Colombie-Britannique ont récemment accordé ce droit aux pharmaciens et
d’autres provinces en sont à différentes étapes d’adoption des règlements nécessaires.
En Alberta, les pharmaciens qui répondent
à des critères supplémentaires peuvent aussi
rédiger des ordonnances initiales et gérer
les traitements de malades chroniques en
étroite collaboration avec les médecins et
d’autres prestataires de soins.
De plus, dans le cadre de la réglementation visant les assistants techniques en
pharmacie (ATP), une nouvelle catégorie
de prestataires de soins de santé sera créée
pour entériner l’extension du rôle des pharmaciens dans la prise en charge des maladies chroniques. L’Ontario devrait être la
première province à mettre en place une
réglementation volontaire pour les ATP
au début de 2010, et l’on s’attend à ce que
la Colombie-Britannique, l’Alberta et la
Nouvelle-Écosse la suivent de près.
Le Dossier de santé électronique
Le dossier de santé électronique (DSE)
sera le liant qui assurera la cohésion entre
les professionnels de la santé et leur permettra de former des équipes interprofessionnelles viables. Il réunira entre autres les
dossiers médicaux du patient, ses profils de
médication tirés des systèmes informatiques provinciaux, ses résultats d’analyses de
laboratoires, ses clichés d’imagerie diagnostique, ainsi que les services de télésanté qu’il
a reçus et les données à son sujet provenant
des dispositifs de surveillance de la santé
publique. Le DSE sera accessible à tous les
prestataires de soins de santé admissibles.
L’objectif visé est l’intégration de tous les
Canadiens au système d’ici 2016, moyennant un coût d’environ 350 $ par personne.
Jusqu’à présent, le Canada a investi
2,1 milliards de dollars dans le DSE, dont
500 millions ont été annoncés dans le
budget fédéral de janvier 2009. Les provinces contribuent aussi au financement
de leurs composantes respectives du système. D’ici la fin de 2008, l’Inforoute
Santé du Canada, organisme à but non
lucratif chargé de favoriser l’implantation
du DSE, aura accordé un financement à
276 projets dans tout le Canada, dont 157
sont déjà opérationnels ou prêts à démarrer. L’étape finale consistera à interconnecter tous ces projets pour former un réseau
pancanadien.
LA PRAtique interprofessionnelle | 23
Ce qu’il faut
pour rester en santé
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