n° ISSN : 1959-2167 Numéro 7 Service de Pharmacologie Clinique Centre Régional de Pharmacovigilance et d Information sur les Médicaments Institut de biologie Hôtel Dieu 9, quai Moncousu 44093 Nantes cedex 1 Tél. : 02.40.08.40.96 Fax : 02.40.08.40.97 E-mail : [email protected] Un simple mot ! Cest l été! Chers Confrères, Un déménagement et uneréorganisation ont perturbéla parution dedébut d année, nous nous en excusons et leCentre Régional dePharmacovigilancedeNantes a le plaisir de vous adresser le numéro 7 de son bulletin d information sur le bon usage des médicaments, VigiNantes. Nous espérons que la lecture de ce bulletin vous plaît. N hésitez pas à exprimer vos souhaits de voir certains sujets de pharmacologie et de pharmacovigilance traités et à nous donner vos impressions sur les thèmes qui vous intéressent. Le CRPV reste bien sûr à votre disposition pour toutes vos questions sur le bon usage du médicament et vos notifications d effets indésirables. Nous tenons à souhaiter la bienvenue à Maud Llacuna et Anne-Lise Ruellan qui viennent de rejoindre notre équipe. Cordialement Le CRPV de Nantes Sommaire Pharmacologie du jour : L Afssaps décide la contre indication des médicaments mucolytiques chez l enfant de moins de deux ans p. 2 Pharmacologie : Vigabatrin, taurine et toxicité rétinienne p. 3 Information de l Afssaps Attention aux erreurs de délivrance! Point d information sur la recommandation de l EMA de retrait de l AMM de Parfenac® (bufexamac) p. 4 Suspension des autorisations de mise sur le marché benfluorex sibutramine p. 5 retrait des médicaments contenant du Médicaments et grossesse : Anti TNF et grossesse p. 6 ASMR de nouveaux médicaments p. 7 Brèves : Interactions tamoxifène et fluoxétine ou paroxétine : Association déconseillée p. 8 VigiNantes n°7 Juin 2010 Responsable : Pr Pascale JOLLIET Gwenaëlle VEYRAC Et toute l équipe du CRPV 1 L Afssaps décide la contre indication des médicaments mucolytiques, mucofluidifiants, Hélicidine® chez l enfant de moins de deux ans L Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) a décidé de contre-indiquer, chez l enfant de moins de deux ans, l utilisation des médicaments mucolytiques (carbocistéine, acétylcystéine), mucofluidifiants (benzoate de méglumine) et de l Hélicidine®. Ces médicaments, qui ont pour objectif de fluidifier les sécrétions bronchiques, peuvent en effet aggraver dans certains cas un surencombrement bronchique, en raison de la faible capacité des nourrissons à tousser pour éliminer les sécrétions produites. Depuis le 29 avril 2010, ces médicaments ne sont plus délivrés en pharmacie pour les enfants de moins de deux ans. Les AMM ont donc été modifiées et les spécialités strictement indiquées chez le nourrisson (acétylcystéine 100 mg) sont retirées du marché. Pour les autres spécialités, les adaptations des conditionnements et des notices interviendront au plus tard le 1er juillet 2010. En attendant, les pharmaciens ont remis dès le 29 avril 2010 un document d information aux parents lors de chaque demande ou prescription de médicaments mucolytiques, mucofluidifiants et d Hélicidine®. Les professionnels de santé concernés ont déjà été prévenus par courrier de cette décision. L Afssaps rappelle que la toux est un symptôme fréquent chez le nourrisson (enfant de moins de 2 ans), le plus souvent associé à une infection des voies respiratoires. C est un réflexe naturel et indispensable de défense de l organisme. En dehors de certains signes de gravité (gêne respiratoire, difficultés importantes à s alimenter) qui doivent orienter vers une consultation médicale, des mesures simples et non médicamenteuses sont recommandées pour améliorer le confort de l enfant (lavage du nez au sérum physiologique, hydratation, aération de la chambre et éviction du tabac). Si la toux se prolonge plus de 4-5 jours sans amélioration, un avis médical est nécessaire pour en rechercher la cause. Dans le prolongement de l évaluation des médicaments mucolytiques, l Afssaps a mis en uvre une réévaluation des médicaments utilisés dans la prise en charge de la toux et des troubles de la sécrétion bronchique chez le nourrisson, en particulier les antitussifs aux propriétés antihistaminiques. Les résultats de cette réévaluation devraient être disponibles en septembre 2010 et seront accompagnés d une mise au point sur la prise en charge médicamenteuse de la toux chez l enfant. L Afssaps a élaboré ces messages clés avec la collaboration de MG France, de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), du Syndicat des médecins libéraux (SML), d Union Généraliste, du Regroupement des sociétés scientifiques de médecine générale (RSSMG), et de l Ordre des médecins. Cette décision fait suite à plusieurs cas d encombrement respiratoire et d aggravation de bronchiolite aiguë du nourrisson (enfant de moins de 2 ans) rapportés avec les médicaments mucolytiques, mucofluidifiants et l Hélicidine®. Une enquête de pharmacovigilance a alors été mise en place pour examiner leurs effets indésirables dans cette catégorie d âge. Parmi les 70 cas rapportés de complications respiratoires liées à l aggravation de l encombrement bronchique, plus de la moitié sont survenus chez des nourrissons âgés de moins d un an. La majorité de ces cas était grave et a nécessité une hospitalisation. Chez le nourrisson, en raison d une moindre capacité à éliminer les sécrétions bronchiques spontanément par la toux, leur administration peut entraîner un surencombrement bronchique. VigiNantes n°7 Juin 2010 2 Vigabatrin, taurine et toxicité rétinienne Le vigabatrin (Sabril®) est un antiépileptique qui agit en augmentant la concentration en GABA par inhibition sélective et irréversible de la GABAtransaminase, enzyme responsable du catabolisme du GABA. (1) Il est indiqué aussi bien chez les enfants que chez les adultes, en monothérapie dans le traitement des spasmes infantiles (syndrome de West) et en association avec un autre traitement antiépileptique dans le traitement des épilepsies partielles résistantes, avec ou sans généralisation secondaire, lorsque toutes les autres associations thérapeutiques appropriées se sont révélées insuffisantes ou mal tolérées (1). Compte tenu de la gravité de l affection, l ASMR obtenue par le vigabatrin est importante de niveau II dans le cadre de la stratégie thérapeutique utilisée dans l épilepsie rebelle (2). Cette molécule a également montré une efficacité dans le traitement de la spasticité associée à des lésions de la moëlle épinière, dans le syndrome de l homme raide, et dans la sclérose en plaques, mais actuellement ces indications n ont pas d AMM en France. Le vigabatrin présente une bonne tolérance. Cependant des anomalies du champs visuel à type de rétrécissement essentiellement (RCV) ont été rapportées avec une prévalence importante (environ un tiers des patients). L effet semble irréversible, même après arrêt du traitement. Un examen ophtalmologique est donc nécessaire avant le début du traitement puis un suivi tous les 6 mois pendant la durée du traitement compte tenu du caractère habituellement asymptomatique des anomalies observées (3). En raison des effets indésirables du vigabatrin, celui-ci n est indiqué qu en dernière intention dans le traitement symptomatique des épilepsies partielles rebelles, mais reste toutefois un traitement préventif de première intention dans le syndrome de West en raison du peu d alternatives thérapeutiques existantes. De nombreuses théories ont été avancées pour expliquer cette toxicité. L une d elles est une toxicité rétinienne photo-dépendante, hypothèse étayée par l absence de toxicité ophtalmique chez des animaux maintenus dans l obscurité pendant la durée du traitement. Une équipe Française a étudié les effets d une supplémentation en taurine chez le Rat et la Souris traités par vigabatrin (4). Les résultats de leurs études montrent : Un déficit en taurine associé à une exposition à la lumière entraîne une potentialisation de la dégénérescence des photorécepteurs. Or la concentration plasmatique de la taurine est significativement inférieure chez les rats traités (p<0.05%) par rapport aux témoins, ce qui n est pas retrouvé pour la plupart des autres acides aminés. Dans cette même étude, le dosage plasmatique de la taurine chez 6 enfants traités depuis 6 mois par le vigabatrin montraient des concentrations de taurine inférieures aux valeurs normales chez 5 des 6 enfants. L existence d une corrélation entre l amplitude de l électrorétinogramme photopique, la densité des cônes et le taux plasmatique en taurine (r= 0.818, p=0.0038%). La diminution de la toxicité rétinienne chez le Rat et la Souris grâce à une supplémentation en taurine. Un déficit en taurine semble donc être un facteur de risque chez les patients traités par vigabatrin. Des études portant sur l association fixe de vigabatrin et de taurine sont actuellement en cours chez l Homme. Références bibliographiques 1- Vidal® 2010 2- HAS 3- AFSSAPS, lettre aux prescripteurs adressée par les laboratoires Aventis, 10/09/2002 4- Firas J. et al. Taurine deficiency is a cause of vigabatrin-induced retinal phototoxicity. Ann. Neurol. 2009 ; 65 : 98-107 3 VigiNantes n°7 Juin 2010 Information de l Afssaps Attention aux erreurs de délivrance !! LAMICTAL® et LAMISIL® : une erreur à l origine de crises convulsives et de réactions cutanées graves PREVISCAN® et PRESERVISION® : une confusion à l origine de troubles hémorragiques Depuis juillet 2007, cinq cas graves d effets indésirables liés à la délivrance erronée de Lamictal® (lamotrigine) à la place de Lamisil® (terbinafine), ou inversement, ont été rapportés. Ces confusions ont eu des conséquences graves pour les patients concernés, qui ont développé des réactions cutanées à type de syndrome de Steven Johnson, de Lyell ou autre réaction d hypersensibilité. Ces manifestations sont des effets connus de la lamotrigine. Elles surviennent en général au cours des premières semaines de traitement. Leur survenue est favorisée, notamment, par des posologies initiales de Lamictal® (lamotrigine) élevées ou lorsque le schéma d augmentation des doses n est pas respecté. Le 30 juin dernier, l Afssaps a signalé six cas graves d effets indésirables associés à la délivrance erronée de Préviscan® (fluindione) à la place du complément alimentaire Préservision®. Ces confusions ont eu des conséquences graves pour cinq patients, hospitalisés suite à l apparition de manifestations hémorragiques, à type d hématurie macroscopique, épistaxis, méléna, ou hématomes. Une transfusion sanguine a été nécessaire chez l un de ces patients (2). Récemment, à l inverse, du Lamisil® (terbinafine) a été délivré à la place de Lamictal® (lamotrigine). Le patient traité par lamotrigine depuis 2001, a présenté trois crises épileptiques durant une seule nuit, huit jours après le début de la prise de Lamisil®, (le patient n avait jamais présenté de crises aussi fréquentes) (1). Lettre aux professionnels de santé mars 2010. Afssaps 22 Ces observations concernent des patients âgés de 66 à 86 ans, également traités pour deux d entre eux par un anti-thrombotique. L erreur de délivrance a conduit à l administration, chez ces patients, de 2 à 3 comprimés par jour de Préviscan®, au lieu du Préservision® initialement prescrit par des médecins ophtalmologistes. Information destinée aux pharmaciens d officine Afssaps 28 juin 2010. Références bibliographiques 1- Le Loarer F, Carré-Gislard D, Baricault S, Bravard P. Toxidermie sévère due à une erreur de délivrance médicamenteuse. Ann Dermatol Venereol. 2009; 136 (4) : 364-5. 2- Prescrire 2009 ; 29 (308) : 436. Il est donc recommandé aux pharmaciens d officine d être vigilants lors de la délivrance de ces produits et de vérifier auprès du prescripteur l indication pour laquelle le médicament est prescrit. Point d information sur la recommandation de l EMA de retrait de l AMM de Parfenac® (bufexamac) Le Parfenac® est commercialisé depuis 1974 sous forme de crème. Il dispose d une autorisation de mise sur le marché (AMM) nationale et est seulement disponible sur prescription médicale renouvelable. Son principe actif, le buféxamac, est un antiinflammatoire non stéroïdien indiqué en France dans le traitement symptomatique du prurit provoqué par des manifestations inflammatoires cutanées. En France, en 1990, quatre enquêtes officielles de pharmacovigilance ont porté sur les effets indésirables cutanés du buféxamac. Elles ont conduit en 1997, à contre-indiquer le buféxamac dans l eczéma de contact, la dermatite atopique et les brûlures. Par ailleurs, il est inscrit en 2002 sur la liste II des substances vénéneuses, c est à dire disponible sous prescription médicale seulement. Malgré ces dispositifs, le nombre des effets indésirables au niveau cutané est resté important. L eczéma est actuellement l effet indésirable le plus observé, c est pourquoi le bénéfice/risque du buféxamac a été réévalué par l agence européenne du médicament (EMA) en 2009. En 2010, à la suite de cette réévaluation, l EMA recommande la suppression de toutes les autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant du buféxamac en raison du risque important d allergies de contact, parfois graves et plus important chez les patients traités pour un eczéma. Point d information Afssaps 23 avril 2010. 4 VigiNantes n°7 Juin 2010 Suspension des autorisations de mise sur le marché Retrait des médicaments contenant du benfluorex Le benfluorex est une substance active possédant une activité hypoglycémiante par une amélioration de la sensibilité à l insuline. Une action au niveau hépatique avec augmentation de la synthèse du glucogène a également été évoquée. Néanmoins ce produit n influence pas la sécrétion d insuline. Ce principe actif est un composé amphétaminique métabolisé en norfenfluramine, comme la fenfluramine (PONDERAL®) et la dexfenfluramine (ISOMERIDE®), anorexigènes dont l Autorisation de Mise sur le Marché avait été retirée en 1997 en raison des risques d hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et de valvulopathies cardiaques. Le benfluorex entre dans la composition de trois spécialités pharmaceutiques : le Médiator® commercialisé en France depuis 1976 et dans celle de deux génériques, mis sur le marché par les laboratoires Mylan et Qualimed en octobre 2009. Après une enquête de pharmacovigilance réalisée en 2005, portant sur les risques d hypertension artérielle pulmonaire et de troubles neuropsychiques, l information destinée aux médecins et la notice . patients ont été révisées. Au printemps 2007, après réévaluation du rapport bénéfice/risque du benfluorex, son indication dans le traitement de certaines anomalies lipidiques, les hypertriglycéridémies, a été supprimée. Ces médicaments restaient indiqués comme adjuvants au régime adapté chez les personnes diabétiques présentant une surcharge pondérale. 20% des prescriptions se faisaient hors AMM en France, notamment dans le cadre d une simple perte de poids. En 2009, la notification de cinq nouveaux cas d HTAP et de valvulopathies a conduit l Afssaps à réévaluer le profil d emploi du benfluorex. Ainsi, au vu des données d efficacité modeste dans la prise en charge du diabète de type II et du risque élevé de valvulopathies, la balance bénéfice/risque dans l indication actuellement validée d «adjuvant du régime adapté chez les diabétiques avec surcharge pondérale» a été jugée défavorable. Il s agit d un travail d enquête de longue haleine de la Pharmacovigilance Française. Ces conclusions ont conduit l Afssaps à demander la suspension de mise sur le marché (AMM) des trois médicaments contenant du benfluorex, avec un retrait effectif le 30 novembre 2009. http://www.afssaps.fr/Infosde-securite/Lettres-auxprofessionnels-de-sante. Sibutramine : suspension d AMM en janvier 2010 La sibutramine, SIBUTRAL® était un sympathomimétique indirect, commercialisé comme médicament de l obésité. Elle agit par l intermédiaire de ses métabolites par inhibition de la recapture de noradrénaline et de sérotonine au niveau central. La sibutramine est commercialisée en France depuis juin 2001. Il s agit d un traitement d'appoint dans le cadre d'un programme visant à contrôler le poids des patients présentant une obésité nutritionnelle et un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m2. Il est également indiqué chez les patients présentant un excès pondéral nutritionnel avec un IMC supérieur ou égal à 27 kg/m2 associé à d'autres facteurs de risque liés à l'obésité, tels qu'un diabète de type 2 ou une dyslipidémie. L EMA a achevé l analyse des résultats de l étude SCOUT (Sibutramine Cardiovascular Outcomes Trial). L étude SCOUT avait pour objectif d évaluer l impact à long terme de la sibutramine versus un placebo chez des patients obèses ou en surpoids présentant des facteurs de risque cardiovasculaires. Elle a inclu 9805 patients suivis pendant plus de 5 ans. Les résultats montrent un risque plus élevé de complications cardiovasculaires (accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde) chez les personnes traitées par sibutramine par rapport à celles ayant reçu un placebo, en particulier chez les personnes ayant des facteurs de risque. Cependant, dans la mesure où les personnes obèses ou en surpoids présentent un risque cardiovasculaire accru par rapport à la population générale, l EMA a considéré que les résultats de l étude pouvaient être extrapolés aux conditions normales d utilisation de la sibutramine. Par ailleurs, la perte de poids sous sibutramine s est révélée modeste dans cette étude (-3.6kg comparé à -1.6kg sous placebo), et souvent, ne s est pas maintenue après l arrêt du traitement. Ces nouvelles données ont conduit l EMA à considérer comme défavorable le rapport bénéfice risque de la sibutramine et à recommander à la Commission Européenne de suspendre l autorisation de mise sur le marché des spécialités contenant de la sibutramine. Information disponible sur le site de l Afssaps (communique du 21/01/2010). Ces retraits nous rappellent que la connaissance des propriétés pharmacologiques des médicaments devrait permettre l anticipation de la survenue d effets indésirables et améliorer la célérité de notre réaction : le benfluorex (Mediator®) était un produit possédant une structure chimique amphétaminique proche de celle des amphétaminiques anorexigènes (fenfluramine, dexfenfluramine ) retirés voici 10 ans pour valvulopathies et HTAP. Pour la sibutramine (Sibutral®) sympathomimétique indirect prescrit chez des sujets obèses, déjà à risque de complications cardiovasculaires, on pouvait s attendre à une augmentation (+ 1,4 % par rapport au placebo) des infarctus, AVC, arrêts cardiaques ou autres décès observés dans l essai SCOUT. 5 VigiNantes n°7 Juin 2010 Anti TNF et grossesse Les anticorps monoclonaux anti-TNF , étanercept (Enbrel®), infliximab (Remicade®) et adalimumab (Humira®) constituent une classe d immunosuppresseurs prescrite chez des femmes en âge de procréer. Cette classe n est pas tératogène chez l Animal et n est pas mutagène sur les tests précliniques (1,2). Les données publiées chez les femmes enceintes exposées à ces immunosuppresseurs sont peu nombreuses mais aucun élément inquiétant n est retenu à ce jour sur le plan malformatif chez l Homme (1,2). A la suite d une observation de syndrome de VACTERL® apparu chez un enfant dont la mère avait été traitée par étanercept toute sa grossesse une équipe américaine a réalisé une revue des données de la FDA (3). VATER® représente un acronyme pour des termes anglais signifiant l'association de malformations vertébrales (Vertebral defects) à une imperforation anale (Anal atresia), une fistule trachéo-oesophagienne (TracheoEsophageal fistula) et des anomalies radiales (Radial dysplasia). La description d'anomalies associées du coeur, du rein et des membres a fait élargir l'acronyme à VACTERL® (Cardiac, Renal et Limbs). La prévalence à la naissance de cette association malformative varie de 1 cas pour 6250 à 1 cas pour 3333. Pour étiqueter une association malformative VATER®, il est nécessaire d'observer au moins 3 des 4 signes cardinaux de l'acronyme (VATER®). Actuellement, aucune étiologie tératogène ou chromosomique n'est retenue. La base de la FDA (1999 à 2005) recense 41 cas d enfants présentant des malformations et dont les mères ont été traitées pendant leur grossesse par étanercept ou infliximab (24 d entre elles n ayant reçu aucun autre médicament). 61 anomalies congénitales ont été dénombrées chez ces enfants. Une ou plusieurs anomalies congénitales appartenant au spectre du syndrome VACTERL® sont présentes chez 24 (59%) des enfants. 34 types d anomalies congénitales ont été retrouvées dont plus de la moitié appartiennent au spectre du syndrome VACTERL®. L incidence de certaines de ces anomalies étaient significativement supérieure aux incidences historiquement observées. 13 des 24 enfants avaient plus d une de ces anomalies et 7 de ces 13 enfants avaient au moins 2 anomalies appartenant au spectre du syndrome VACTERL®, 1 seul des 24 enfants a été diagnostiqué atteint du VACTERL®. Il s agit du deuxième cas de VACTERL® (4), soit 2/42 (4,8%) alors que la fréquence de ce syndrome est 0,005% dans la population générale (1,6 cas de VACTERL® pour 300 enfants nés avec une ou des malformations congénitales). Les résultats de cette revue de cas rapportés à la FDA montrent un lien possible entre des anomalies congénitales et la prise d anti TNF . Cette étude comporte cependant des biais : nombre total de femmes traitées inconnu, report uniquement des grossesses avec événements indésirables dans le registre, absence de groupe témoin. D autres médicaments inhibiteurs du TNF entraînent une augmentation du risque d anomalies appartenant au VACTERL® comme la thalidomide (anomalies des membres) ou l acide valproïque (anomalies vertébrales). Carter et al. émettent l hypothèse d un défaut dans les voies de signalisation dépendantes du Tumor Necrosis Associated Factor 4 (TRAF4) responsable de la plupart des malformations du syndrome de VATER®. En conclusion, comme l article de Berthelot et al le rapporte « il y a trop peu de cas rapportés d exposition pendant la grossesse pour conclure sur la sécurité d utilisation des agents bloquants du TNF. Un suivi à long terme de ces enfants permettrait d exclure les formes mineures d association VACTERL® qui peuvent être passées inaperçues à la naissance » (5). Références bibliographiques 1-Drugs in pregnancy and Lactation 6TH 2-VIDAL 2010 3-Carter JD, A safety assessment of tumor necrosis factor antagonists during pregnancy: a review of the Food and Drug Administration database. J Rheumatol. 2009 Mar ; 36(3) :465-6 4-Carter JD, Valeriano J, Vasey FB. Tumor necrosis factor inhibition and VATER association : a causal relationship ? J Rheumatol 2006 ; 33 : 1014-7. 5-Berthelot JM, De Bandt M., Goupille P. et al. Exposition to anti-TNF drugs during pregnancy : outcome of 15 cases and review of the literature. Joint Bone Spine 2009 ; 76 (1) : 28-34 6 VigiNantes n°7 Juin 2010 ASMR DE NOUVEAUX MEDICAMENTS La Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) évalue les médicaments ayant obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) lorsque les laboratoires souhaitent obtenir leur inscription sur la liste des médicaments remboursables et donne au Ministre de la santé des avis sur la prise en charge des produits pharmaceutiques par la sécurité sociale et/ou pour leur utilisation à l hôpital. Cette commission ne délivre pas les AMM, rôle de la Commission d AMM. Elle se prononce au vu du Service Médical Rendu (SMR) et sur son éventuelle amélioration (ASMR) et contribue au bon usage du médicament en publiant les résultats de son évaluation. Distinction entre ASMR (Amélioration du service médical rendu) et SMR (Service Médical Rendu ) SMR : évaluation du médicament sur les critères suivants : efficacité, sécurité, caractère préventif, symptomatique ou curatif, gravité de l affection et intérêt en terme de santé publique. Le SMR ne compare pas le médicament par rapport aux autres produits mais permet de définir un taux de remboursement. Il s exprime en différents niveaux : majeur, important (taux de remboursement à 65%), modéré ou faible (35%) ou absence de SMR. ASMR : appréciation de l amélioration apporté par un médicament par rapport aux autres médicaments déjà commercialisés dans la même classe médicamenteuse ou de la prise en charge de la maladie. Elle est chiffrée en 5 niveaux en terme d'amélioration de l'efficacité, de la tolérance et/ou de la commodité d'emploi. L ASMR est très utile pour le prescripteur. NB : Le niveau d'ASMR figure sur les avis de la Commission de la transparence qui doivent notamment être remis par les visiteurs médicaux lors de toute présentation verbale d'un médicament. (Décret du 16 juin 1996 - article R.5047-3 du Code de la Santé publique) SMR : Service médical rendu ASMR : Amélioration du service médical rendu SMR majeur ASMR 1 Amélioration majeure SMR important ASMR 2 Amélioration importante SMR modéré ASMR 3 Amélioration modeste SMR faible ASMR 4 Amélioration mineure SMR insuffisant ASMR 5 Aucune amélioration SMR non précisé ASMR 6 Avis défavorable inscription Collectivité ou Sécurité Sociale Les avis de la Commission de Transparence sont sur le site Internet de l HAS (http://www.has-sante.fr) Voici une sélection d ASMR récentes : ASMR de niveau 1 PREVENAR 13®, vaccin anti-pneumococcique (13 des 90 sérotypes de Streptococcus pneumoniae) conserve l ASMR de niveau I attribuée en 2002 à PREVENAR (7-valent), pour la prévention des infections invasives à Streptococcus pneumoniae chez les enfants dont la vaccination est recommandée par le HCSP. Le service médical rendu (SMR) par ce vaccin est important. FIBROGAMMIN®, facteur XIII de coagulation apporte une ASMR majeure de niveau I en l absence d alternative thérapeutique validée par une AMM dans le traitement et la prophylaxie des hémorragies et des troubles de la cicatrisation liés au déficit congénital en facteur XIII. Le SMR est important. ASMR de niveau 2 IXIARO® est le seul vaccin indiqué chez l adulte pour l immunisation active contre l encéphalite japonaise. Compte tenu de la gravité des infections dues au virus de l encéphalite japonaise, du pouvoir immunogène de ce vaccin, de l absence d alternative ayant une AMM, IXIARO® apporte une ASMR importante. Le SMR est important ASMR de niveau 3 ISENTRESS® Raltégravir (inhibiteur de l intégrase) en association à un traitement antirétroviral optimisé, apporte une ASMR modérée en termes d efficacité virologique dans la prise en charge des patients adultes prétraités ayant une charge virale détectable sous traitement antirétroviral en cours. Le SMR est important. MOZOBIL® Plérixafor (antagoniste du CXCR4) en association au G-CSF, apporte une ASMR modérée chez les patients atteints de lymphome ou de myélome multiple et dont les cellules se mobilisent mal, pour une mobilisation des cellules souches hématopoïétiques dans le sang périphérique avant leur collecte en vue d une autogreffe. Le SMR est important ASMR de niveau 4 VICTOZA® Liraglutide (analogue du GLP-1) apporte une ASMR mineure dans le traitement du diabète de type 2, en bithérapie, en association à la metformine ou à un sulfamide hypoglycémiant, et en trithérapie, associé à metformine + sulfamide ou glitazone. Le SMR est important. FIRDAPSE® 10 mg amifampridine (bloque les canaux potassiques voltage-dépendants) a obtenu une ASMR mineure (niveau IV) en l absence d alternative thérapeutique dans le traitement symptomatique du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton. Le SMR est modéré. ASMR de niveau 5 JAVLOR® Vinflunine (vinca-alcaloïde) n apporte pas d ASMR en monothérapie pour le traitement des patients adultes atteints de carcinome urothélial à cellules transitionnelles avancé ou métastatique après échec d'un traitement préalable à base de platine. Le SMR est modéré. WYSTAMM® Rupatadine (antihistaminiques H1), n apporte pas d ASMR dans le traitement de la rhinite allergique ou de l urticaire chronique idiopathique. Le SMR est modéré MULTAQ® Dronéradone (antiarythmique classe III) n apporte pas d amélioration du service médical rendu chez les patients adultes cliniquement stables présentant un antécédent de fibrillation auriculaire (FA) ou actuellement en FA non permanente, afin de prévenir les récidives de FA ou de ralentir la fréquence cardiaque. Le SMR est important. SILODYX® et UROREC® Silodosine n apportent pas d ASMR par rapport aux spécialités à base de tamsulosine 0,4 mg dans le traitement des signes et symptômes de l hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Le SMR est modéré. CIMZIA®, certolizumab pegol n apporte pas d ASMR par rapport aux autres anti-TNF dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde (PR) de l'adulte, active, modérée à sévère en association au méthotrexate ou en monothérapie. Le SMR est important. VigiNantes n°7 Juin 2010 7 BREVES Interactions tamoxifène et fluoxétine ou paroxétine : Association déconseillée. Le tamoxifène est un antistrogène indiqué dans le traitement du cancer du sein hormono-dépendant. Pour être efficace, il doit être métabolisé essentiellement en endoxifène, son métabolite actif, dont la formation dépend d une enzyme hépatique, le CYP 2D6. Les deux antidépresseurs, la fluoxétine (Prozac®) et la paroxétine (Déroxat®) sont des inhibiteurs puissants du CYP 2D6 et s opposent à la formation de l endoxifène. Il en résulte une diminution des concentrations circulantes en endoxifène. L'étude rétrospective de Kelly et al (1) repose sur un suivi moyen de 2,4 ans dans une cohorte de 2430 patientes post-ménopausées. Cette étude montre qu'il existe une relation entre la durée de l'association (tamoxifène + paroxétine) et la survie. Selon que la durée du traitement par paroxétine recouvre 25, 50 ou 75% de celle du tamoxifène, le risque de mortalité par cancer du sein, chez 630 patientes, augmente de 24, 54 et 91%, respectivement. Cette relation entre la durée de recouvrement des traitements et l'efficacité n'est pas retrouvée chez les 253 patientes traitées par fluoxétine. Toutefois, c'est dans ce sous-groupe que la mortalité est la plus élevée. L'étude de Kelly est à rapprocher de celle de Goetz et al (2) qui montre une moindre efficacité du tamoxifène en cas d'association à un médicament fortement inhibiteur du CYP2D6. Ces résultats font écho à l'étude rétrospective de Schroth et al (3), concernant l influence du polymorphisme génétique de l enzyme CYP2D6 : le suivi médian de 6 ans dans une cohorte de 1325 patientes postménopausées, montre que le risque de récidive est augmenté de 40% en présence d'un allèle déficient, et que ce risque est quasi doublé (90%) lorsque les deux allèles sont touchés. Ces données préliminaires ont conduit le groupe « Interactions Médicamenteuses » de l Afssaps à déconseiller l association du tamoxifène avec la fluoxétine ou la paroxétine. La quinidine, un anti-arythmique de la classe Ia, peu utilisée à l heure actuelle, est aussi un inhibiteur puissant du CYP2D6. La terbinafine, antifongique, inhibe le CYP2D6, mais dans une moindre mesure. La quinidine et la terbinafine ne doivent donc pas être associés au tamoxifène, au même titre que la fluoxétine ou la paroxétine. Communication Afssaps du 23/06/2010. ROLE DU CRPV ? Du recueil de l observation à la prévention du risque. Le Centre Régional de Pharmacovigilance a pour mission de répondre à vos questions sur les médicaments (bon usage, effets indésirables, modifications de posologies ou d indications, interactions, risques pendant la grossesse, l allaitement ou selon d autres terrains particuliers) et de recueillir et d analyser vos notifications d effets indésirables médicamenteux. Nous vous rappelons l obligation de déclaration : « Tout professionnel de santé ayant constaté un effet indésirable grave (soit entraînant ou prolongeant une hospitalisation, soit entraînant une incapacité ou des séquelles, soit mettant en jeu la vie du patient ou entraînant le décès) et/ou « inattendu » (non répertorié dans les mentions légales) doit en faire la déclaration au Centre Régional de Pharmacovigilance ». (décret du 13 mars 1995). Notre objectif est d améliorer la connaissance du risque lié au médicament et ainsi de favoriser une meilleure utilisation en optimisant la balance bénéfice/risque. Vos déclarations peuvent être faites par téléphone, par courrier ou par fiche de déclaration disponible sur le site officiel de l Afssaps Références bibliographiques 1-Kelly CM et al. Selective serotonin reuptake inhibitors and breast cancer mortality in women receiving tamoxifen : a population based cohort study. BMJ 2010 ; 340 : c693. 2-Goetz et al. The impact of cytochrome P450 2D6 metabolism in women receiving adjuvant tamoxifen. Breast Cancer res Treat 2007 ; 101 :113-121. 3-Schroth W et al. Association between CTP2D6 polymorphisms and outcomes among women with early stage breast cancer treated with tamoxifen. Jama 2009 ; 302 : 1429-1436. Sites utiles : AFSSAPS : HAS : EMEA : FDA : IMPORTANT Ce bulletin sera diffusé gratuitement par courriel. Merci de signaler dès maintenant vos adresses électroniques à l adresse suivante : [email protected] http://www.afssaps.fr http://www.has-sante.fr http://www.emea.europa.eu/htms/human/epar/a.htm http://www.fda.gov Le bulletin VigiNantes est rédigé et diffusé par le CRPV sans aide de l industrie pharmaceutique VigiNantes n°7 Juin 2010 8