Les dents, une attention de chaque instant

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Les dents, une attention de chaque instant
Dossier réalisé par Alain Moreau
Bien vivantes, nos dents constituent un véritable capital sur lequel nous devons
veiller avec soin. D’autant plus que leur détérioration a des incidences, parfois
dramatiques, sur notre santé tout entière. Une bonne hygiène bucco-dentaire relève
d’un entretien minutieux, personnel et auprès d’un chirurgien-dentiste, et d’une
alimentation appropriée. Mais les progrès dans ce domaine passent aussi par une
véritable politique de santé publique dentaire impliquant tous les acteurs et
institutions concernés. C’est ce que réclame la Mutualité française, qui a fait de ce
credo une des 25 mesures qu’elle propose pour réduire les inégalités de santé.
Trente-deux dents… Comme trente-deux cartes à jouer, elles sont autant d’atouts à bien
utiliser, pour gagner chaque manche de la vie.
Les dents, des forteresses à défendre
En surface, de l’émail, dur et résistant, qui protège la dentine (l’ivoire constitutif de la dent) et
permet de mordre, déchirer et broyer les aliments. En profondeur, le cément et la pulpe, très
sensible et parcourue de nerfs et de vaisseaux sanguins. Ainsi équipées, à la fois fortes et
fragiles, les dents baignent dans un sacré bouillon chimique où rivalisent bactéries et microorganismes indésirables : notre bouche.
Celle-ci trouve en la salive son principal défenseur naturel. Ses précieux composants, utiles
à la parole et à la déglutition, neutralisent les acides. Mieux, ils contribuent à la
reminéralisation de l’émail attaqué (voir plus loin « Plaque dentaire »).
Bon à savoir : mâcher fréquemment des chewing-gums sans sucre stimule la production de
salive, qui est d’environ un litre par jour.
Les caries, nos meilleures ennemies
Outre la salive, rinçage à l’eau et brossage des dents combattent l’excès d’acidité. Faute de
ces ripostes, les dents subissent des dommages connus sous le nom de caries. Classées
par l’Organisation mondiale de la santé comme le troisième fléau sanitaire mondial, elles
touchent aussi bien les dents de lait (voir plus loin « Apprentissage et surveillance ») que les
définitives. Non enrayée, la progression d’une carie se fait en quatre étapes. La plaque
dentaire se dépose rapidement après un repas. Elle sert de nid aux bactéries qui, proliférant,
transforment les sucres en acides agresseurs de l’émail minéral, le rendent poreux et le
détruisent… Au stade suivant, l’attaque vise la dentine : sensibilité, voire douleur au contact
du chaud, du froid, du sucré ou de l’acide. Ensuite, assaut de la pulpe. Autrement dit, rage
de dents, nécrose et abcès. Si l’offensive bactérienne se poursuit, elle atteint gencive,
ligament ou os. Avec risque de migration infectieuse dans tout l’organisme.
Bon à savoir : les dents de certains d’entre nous ont un émail mince, peu minéralisé, donc
plus sujet aux agressions. Et des dents mal positionnées retiennent les débris alimentaires.
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Faites le ménage à tous les étages
De l’air, du balai : la brosse élimine la plaque dentaire et évite sa minéralisation sous forme
de tartre. Préférez la souple à la dure, changez-en dès que les poils s’émoussent et sont
déformés. Massez en même temps dents et gencive. Passez sur la face visible mais aussi
cachée des dents. Rotations pendant 3 minutes au moins (plus le brossage dure, mieux il
élimine la plaque dentaire). Si possible après chaque repas ; à défaut, prenez un chewinggum sans sucre. Adjuvants possibles : fil dentaire (avant brossage !), brossettes
interdentaires (en cas de déchaussement ou de bridge) et appareils à jet (pour chasser les
débris et masser la gencive).
La main à la pâte : choisissez bien votre dentifrice. Contre les gingivites, privilégiez celui
contenant un puissant antibactérien, la chlorhexidine. Dents sensibles ? Veillez à la
présence du fluor, qui renforce l’émail.
Bon à savoir : avatar des dérives du star-system, le fantasme de la blancheur immaculée a
jeté sur le marché une gamme de nouveaux produits. Bâtonnets, autocollants et autres gels
doivent faire oublier le jaunissement de l’émail, grâce au peroxyde d’hydrogène en faible
concentration. Avant d’essayer, il est indispensable de voir son dentiste, car toute
parodontite (inflammation formant des poches entre dents et gencives) en exclut l’utilisation.
Fluor d’accord, mais sans perdre le nord. Il renforce la structure de l’émail. Beaucoup de
dentifrices (pas tous !) en contiennent, mais l’eau de boisson en est la source principale.
Attention donc au surdosage, en choisissant bien une eau minérale. Taux global idéal entre
0,3 et 0,7 mg/l. L’excès de fluor peut entraîner des taches blanches sur l’émail.
Alimentation : du discernement
La plupart des aliments contiennent des glucides et peuvent favoriser la carie. Mais les plus
dangereux sont les plus longs à se dissoudre dans la salive et les plus adhérents aux dents.
Exemple : les amuse-gueules, biscuits d’apéritif (chargés d’amidon), fruits secs, gâteaux.
Bien plus que les… caramels ! Agissent par contre positivement vitamine D (poisson gras),
phosphore, calcium.
Le plus important : le nombre et l’heure des repas. Trois par jour, sans grignotage. Pas plus
de cinq ou six aliments ou boissons glucidiques (dont thé et café). Le fromage en dernier lieu
(d’où l’expression « entre la poire et le fromage »), car ses lipides modèrent la production
d’acides d’origine glucidique. Vigilance aussi quant au moment où l’on se nourrit. A certaines
heures, la sécrétion salivaire est faible (entre les repas), voire absente (la nuit).
Bon à savoir : le chocolat, lui, n’est pas mauvais pour les dents ! Au contraire : il est riche en
tanins, phosphates, fluor, calcium et matières grasses, tous éléments protecteurs.
Sur la piste du dentiste
Le chirurgien-dentiste n’est pas un épouvantail, dont la seule évocation doit vous faire
claquer des dents. La peur et la douleur reviennent comme un refrain lancinant dans la
bouche des patients pour éviter les cabinets dentaires. Pourtant, l’anesthésie a beaucoup
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évolué : bien tolérée d’une manière générale, elle rend les soins quasi indolores. De toute
façon, une visite de contrôle annuelle chez votre dentiste est un minimum.
Bon à savoir : maladies, médicaments, variations hormonales, consommation de tabac et
d’alcool modifient parfois considérablement l’équilibre de la flore buccale, forte de quelque
300 espèces de germes. Si caries et gingivites en sont les sanctions immédiates, cœur,
reins, articulations peuvent aussi en subir un plus ou moins grave retentissement. Patient,
médecin traitant et dentiste doivent donc être en phase dans l’échange d’informations.
De la naissance à 18 ans : apprentissage et surveillance
La première dent apparaît généralement vers 5-6 mois. Mais dès le 2e mois, il est conseillé
de passer une compresse imbibée d’eau sur les gencives, car la plaque dentaire peut déjà
venir s’y fixer. Moins les gencives sont agressées et irritées, moins douloureuse est
l’éruption des dents. Dès que celle-ci est effective, il est recommandé de rendre visite au
dentiste. Les dents de lait jouent un rôle capital dans la dentition. A cette période, une
pratique courante est à proscrire absolument : laisser l’enfant s’endormir avec un biberon de
lait ou d’eau sucrée, donc en contact prolongé avec les fameux acides criminels.
Entre 18 mois et 2 ans, initiation au brossage, deux fois par jour. Un âge où les enfants
imitent beaucoup les parents. Vu les résultats, c’est inquiétant… Jusqu’à 3 ans, le petitou
doit utiliser un dentifrice adapté, aux apports fluorés limités. Vers 6-8 ans, il se lance seul
dans le grand bain (de bouche). Son souci : une brosse rigolote et un dentifrice qui a un bon
goût. Affaire beaucoup moins drôle pour ceux qui portent un appareil dentaire, dont
l’entretien est contraignant. Enfin, dès 13 ans et jusqu’à 18 ans, les jeunes bénéficient d’un
bilan bucco-dentaire proposé par l’Assurance maladie (voir ci-après).
De 13 À 18 ans : le bilan bucco-dentaire
Instauré par l’Assurance maladie et les professionnels de santé, ce bilan est entièrement
gratuit, sans avance de frais. Il comprend un examen, d’éventuelles radios et des conseils. Il
doit être pratiqué dans les trois mois qui suivent la date anniversaire, chez le chirurgiendentiste de son choix. Si des soins sont nécessaires, ceux effectués dans les six mois qui
suivent le bilan sont remboursés à 100 % (après paiement), à l’exception des traitements
d’orthopédie dento-faciale et des prothèses dentaires.
Prothèses : demandez un devis
Les traitements dentaires figurent parmi les moins bien remboursés par la Sécurité sociale.
Mais la situation est très contrastée entre les soins proprement dits et les prothèses. Dans le
premier cas (actes de soins), vous paierez une consultation 20 €, un détartrage 28,92 €, une
dévitalisation de molaire 60,25 €. Tous ces actes sont remboursés à 70 % par la Sécurité
sociale et le complément par la mutuelle. De la même façon, une extraction de dent
permanente (20,90 €) vous sera intégralement remboursée. Pour tous ces actes, vous
n’aurez rien à débourser dans un centre de santé dentaire mutualiste (tiers payant).
S’agissant des prothèses, les tarifs « conventionnels », qui servent de base au
remboursement, sont le plus souvent nettement inférieurs aux prix réels pratiqués. Le
montant restant à votre charge sera plus ou moins élevé suivant les tarifs de votre
chirurgien-dentiste et les remboursements de votre mutuelle. Il est donc indispensable de
demander un devis détaillé avant toute intervention (c’est obligatoire depuis 1998). Dans un
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cabinet dentaire mutualiste, ce devis vous indiquera le montant remboursé par votre
mutuelle et la part prise en charge en tiers payant.
Troisième âge : la perte des dents est-elle inéluctable ?
Absolument pas, mais faute d’une hygiène bucco-dentaire parfaite, de nombreuses
personnes souffrent de maladies du parodonte (ensemble des tissus de soutien qui relient la
dent au maxilaire), comme la gingivite, responsable de 40 % des dents perdues.
Avec l’âge, les excès, le tabac, le stress, les problèmes cardio-vasculaires ou encore le
diabète ont des répercussions sur les dents et les gencives.
Après 40 ans, il est raisonnable de consulter son praticien deux fois par an.
Chiffre clé 1
Les brosses ne font pas un tube
1,5 brosse et 3,5 tubes de dentifrice : c’est la très faible consommation annuelle moyenne
des Français.
Chiffre clé 2
Les plus démunis en marge de la santé bucco-dentaire
En 2002, plus de 11 % des Français déclaraient avoir renoncé à des soins au moins une fois
pour des raisons financières.
Les restrictions les plus fréquentes concernent en priorité les soins dentaires : 50,8 % des
soins cités.
Source : Credes.
Contact utile
L’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD)
Organisme officiel de prévention en santé dentaire, l’UFSBD informe et contrôle
chaque année 2 millions d’enfants en milieu scolaire.
UFSBD, 7, rue Mariotte – 75017 Paris
Tél. : 01 44 90 72 80
Site Internet : www.ufsbd.fr
Les propositions de la Mutualité française :
« Favoriser la prévention et les soins conservateurs »
Au terme de son dernier congrès (Toulouse, juin 2003), la Mutualité française a présenté «
25 mesures pour rénover le système de santé »(1). L’une d’elles concerne la « santé
publique dentaire » et préconise notamment de « favoriser la prévention et les soins
conservateurs ». Explications.
Les causes de l’absence d’une véritable politique de santé dentaire
La Mutualité française déplore l’absence d’une véritable politique de santé dentaire en
France et l’absurdité économique qui prévaut dans ce secteur ! En effet, aujourd’hui, le
travail professionnel n’est pas suffisamment reconnu. La conséquence, c’est que les soins
sont sous-rémunérés (la liste des actes remboursés n’a été que très peu modifiée depuis
1972) et la prévention n’est pas remboursée, alors que ces actes constituent l’essentiel du
temps passé par le professionnel… qui est conduit à « surtarifer » la prothèse. Cette
situation absurde met les patients dans une position inacceptable : ils payent, sans aucun
moyen de discuter les honoraires versés aux professionnels de ce secteur, tandis que les
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mutuelles doivent offrir des couvertures complémentaires pour payer des prix toujours plus
élevés, sans que le service réellement rendu puisse être évalué.
La responsabilisation des professionnels de santé et des usagers
La Mutualité française propose de revenir à un juste équilibre, en revalorisant les soins
conservateurs, en encourageant des rémunérations forfaitaires pour la prévention et en
adaptant les remboursements de l’Assurance maladie. La définition d’une nouvelle politique
de prise en charge sera éclairée par les avis de la Haute Autorité en santé dont la Mutualité
française suggère la création, justement pour déterminer, de façon indépendante, la nature
et l’utilité des interventions préventives ou curatives, notamment dans le domaine dentaire.
Cette redéfinition des priorités et des financements consacrés au secteur bucco-dentaire
implique que les régimes complémentaires et les régimes obligatoires, associés, négocient
ensemble avec les professionnels. Les mutualistes pensent que c’est la condition pour
améliorer la prise en charge des soins dentaires, afin de réduire les inégalités d’accès à ces
soins mais aussi d’en garantir une plus grande qualité.
Les centres de santé dentaire mutualistes
Les centres de santé dentaire mutualistes jouent depuis longtemps un rôle modérateur dans
l’évolution des prix. Ils sont désormais engagés dans une démarche qualité, qui doit tout à la
fois améliorer la prise en charge du patient et continuer à agir sur les coûts par la prévention
et par l’éducation du patient à l’hygiène bucco-dentaire.
(1) Le texte « 25 mesures de la Mutualité française pour rénover le système de santé » est
disponible sur le site Web de la Mutualité française : www.mutualite.fr
N.B. Pour obtenir cette illustration sous la forme d’un fichier jpg, merci de contacter la
Rédaction Carole Gautier-Marchand
(01 40 43 64 54 ou [email protected])
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