Discours du président du CESE sur les Banques coopératives et innovation dans le financement des PME Mesdames et Messieurs, C'est un grand plaisir pour moi de vous accueillir aujourd'hui au Comité économique et social européen, à l'occasion de la conférence intitulée: «Banques coopératives et technologie financière: la "coopétition" dans les services financiers». Cette conférence est organisée par le Comité économique et social européen, la Confédération internationale des banques populaires (CIBP), l'Association européenne de banques coopératives (AEBC), UNICO Banking Group et l'Union européenne de l'artisanat et des petites et moyennes entreprises (UEAPME). La conférence d'aujourd'hui s'inscrit dans le sillage de deux événements précédents, organisés par les mêmes partenaires: une première conférence, qui a eu lieu en mars 2013, sur le thème "Faire face aux défis du financement des PME en des temps agités", et une deuxième conférence, qui a eu lieu le 1er décembre 2014, sur le thème "Un modèle réel pour financer l'économie réelle". Ces conférences illustrent bien le rôle du CESE, à savoir un rôle de pont, de porte ouverte vers la société civile. La conférence d'aujourd'hui permettra de mettre en lumière la montée en puissance des acteurs technologiques dans les services financiers. Elle s'attachera tout particulièrement au financement des PME et aux interactions entre ces nouveaux acteurs et les banques coopératives et populaires. Sur le plan du format, la conférence sera articulée autour de trois tables rondes qui donneront aux parties prenantes l'occasion d'échanger leur point de vue sur les thèmes suivants: la coopération entre les plates-formes de financement participatif et les banques coopératives ou populaires en matière de prêt aux PME: transformer les menaces en opportunités; le financement innovant des PME grâce au Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS): expériences et voie à suivre; de quelle manière le cadre réglementaire influe-t-il sur le rôle des banques coopératives en matière de financement des PME? En Europe, les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent 99,8% des entreprises actives, constituent la principale source de croissance économique et de création d’emplois. Ces entreprises ont toutefois souvent des difficultés à trouver des capitaux pour financer leurs travaux de recherche, développer de nouveaux produits ou pénétrer de nouveaux marchés. Les plates-formes de financement participatif, qui ont fait l'objet d'un avis du CESE en 2014, représentent une source émergente et alternative de financement. Les banques coopératives, de par leur proximité avec les communautés locales et la relation stable qu'elles ont avec leurs membres et leurs clients, assurent un financement continu à l'économie réelle et en particulier aux PME. En combinaison avec les possibilités offertes par les plates-formes de financement participatif, les banques coopératives ou les banques populaires sont à-même de faire émerger de nouvelles opportunités pour les PME. Le fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), qui appartient au Plan d’investissement pour l’Europe, représente une source intéressante de financement pour les PME. En effet, ce fonds vise à surmonter le manque d’investissements au sein de l’UE en mobilisant des financements privés en faveur d'investissements stratégiques. Deux programmes pour les PME ont ainsi été renforcés par le FEIS: l’instrument de garantie de prêt COSME, visant à soutenir les PME à hauts risques et les transactions de PME à hauts risques, et l’instrument de garantie des PME InnovFin, consacré au financement d’entreprises innovantes et dédiées à la R&D. La table ronde consacrée à cette thématique permettra de faire le point sur les expériences dont on peut déjà faire état, mais aussi de montrer la voie à suivre. S'agissant du cadre réglementaire, il importe de veiller à ce que la réglementation ne décourage pas le financement des PME. En effet, des dispositions réglementaires qui seraient trop lourdes risqueraient d'entraver l'accès au crédit pour les PME. Dans cet esprit, l'application du principe de proportionnalité paraît judicieuse pour éviter un impact négatif sur les banques coopératives et sur les prêts qu'elles octroient à l'économie locale et aux PME. A cet égard, déjà en 2008, la Commission déclarait dans le "Small Business Act" qu'il importe de tenir compte des caractéristiques des PME dans l'élaboration de la législation. Par ailleurs, dans son avis sur "Le rôle des banques coopératives et des caisses d'épargne pour la cohésion territoriale - propositions en vue d'un cadre de régulation financière adapté" (rapporteur: Trias Pintó), le CESE a rappelé que le principal problème demeure l’application insuffisante du principe de proportionnalité dans la nouvelle réglementation bancaire (notamment en ce qui concerne la directive sur les exigences des fonds propres (CRD IV) et le règlement sur les exigences de fonds propres (CRR). En somme, comme disait Socrate: "De la mesure en toute chose". Il me reste à vous souhaiter, Mesdames et Messieurs, une excellente journée de réflexion sur les banques coopératives et la technologie financière, deux éléments qui, pour arriver au meilleur résultat, doivent être vus comme non pas comme deux compétiteurs, mais comme deux coopétiteurs. C'est en effet en travaillant en partenariat entre les institutions européennes, les Etats membres, les parties prenantes, le secteur financier et les banques coopératives que nous serons le mieux armés pour garantir des possibilités de financement aux PME.