Quelques notes sur l’amortissement fiscal1 Au Canada, les gouvernements provincial et fédéral reconnaissent comme dépense admissible pour fins d’impôt la dépense liée à l’amortissement des actifs immobilisés. Comme cette dépense n’entraîne aucune sortie de fonds, nous devons ignorer comme telle cette dépense dans l’établissement des flux monétaires d’un projet d’investissement. Toutefois, étant donné que l’amortissement fiscal influence les flux monétaires en réduisant l’impôt à payer, nous devons tenir compte des économies d’impôts liées à l’amortissement fiscal dans le calcul de la VAN d’un projet d’investissement. La législation fiscale relative à l’amortissement des actifs immobilisés est relativement complexe. Celle-ci se caractérise notamment par les particularités suivantes : 1. D’un point de vue fiscal, les biens sont amortis par catégories prédéterminées et non pas individuellement comme c’est le cas en comptabilité. Les actifs de même nature sont regroupés dans une même catégorie ou classe. À chacune des classes correspond un taux d’amortissement maximal autorisé. 2. Les deux modes d’amortissement permis au Canada sont l’amortissement dégressif à taux constant et l’amortissement linéaire. Dans la plupart des catégories, on doit utiliser la méthode du solde dégressif. 3. Le solde en fin d’exercice d’une catégorie s’obtient en ajoutant au solde en début d’exercice le coût en capital des biens2 acquis pendant l’exercice et en déduisant le montant provenant de la vente des biens au cours de l’exercice. Il existe cependant une exception lorsque le prix de vente d’un bien excède son coût d’origine. Dans ce cas, le montant maximum que l’on peut déduire de la catégorie d’actif est le coût d’origine. L’excédant du prix de vente sur le coût d’origine est considéré comme un gain en capital (actuellement, depuis 1990, 75%3 de ce gain doit être ajouré aux revenus imposables de l’entreprise). 4. L’amortissement fiscal annuel pour une classe d’actif se calcule sur le solde en fin d’exercice et est basé sur le taux d’amortissement permis pour la classe en cause. Une exception à cette règle existe lors de l’année de l’acquisition d’un actif. Dans ce cas, les additions nettes (achats moins les dispositions) au solde d’une catégorie sont amortissable à un taux équivalent à 50% du taux maximal autorisé (règle de la demi-année). 1 Ce texte est tiré de Morissette, D., Décisions financières à long terme, 3e édition, Les éditions SMG. J’ai modifié sensiblement le texte à certains endroits. 2 Le coût en capital d’un bien désigne le coût global engagé par l’entreprise pour acquérir le bien. Il inclut les frais d’installation, les frais de douane et la taxe de vente. De plus, lorsque l’achat d’un bien amortissable permet d’obtenir, de la part d’un gouvernement ou de tout autre organisme public, une subvention ou un crédit d’impôt à l’investissement, on doit retrancher du coût en capital du bien le montant de l’aide reçue. 3 Actuellement, en 2003, ce taux est de 50%. Denis Sasseville GIA400 – Hiver 2003 Page 1 sur 2 5. Le solde en début d’année « t + 1 » d’une catégorie donnée est la différence entre le solde trouvé en fin d’année « t » et l’amortissement réclamé pour l’année « t ». 6. Si l’entreprise a vendu tous les actifs appartenant à une catégorie donnée, celle-ci est alors fermée. Dans ce cas, l’entreprise pourra bénéficier d’une économie d’impôt (s’il y a une perte finale) ou devra payer de l’impôt (s’il y a un gain en capital et/ou une récupération d’amortissement). a) Perte finale :. Lorsque l’entreprise vend le dernier actif appartenant à une catégorie donnée et que le prix de vente est inférieur au solde de la classe, ceci occasionne une perte finale qui est déductible en entier des revenus de l’entreprise dans l’année où la classe est fermée. b) Récupération d’amortissement : Lors d’une fermeture de classe, si le prix de vente de l’actif excède le solde de la classe, ceci signifie que l’entreprise a déprécié trop rapidement les actifs de la catégorie et, par conséquent, a bénéficié d’économies d’impôt trop élevées au cours des années antérieures. Dans ces conditions, le fisc considérera que la différence entre le prix de vente du bien (jusqu’à concurrence de son coût) et le solde de la classe constitue une récupération d’amortissement, laquelle est taxable en entier. L’excédant du prix de vente sur le coût du bien, s’il y en a un, constitue un gain en capital imposable aux trois quarts4. 7. Lorsque le solde d’une catégorie d’actif est créditeur (négatif) à la fin d’une année, il constitue une récupération d’amortissement qui doit être ajoutée en entier aux autres revenus de l’entreprise pour l’année en cause et ce, même s’il reste encore des actifs dans la catégorie. 8. Il ne peut y avoir de perte en capital (déductible d’impôt) sur des actifs amortissables. Par contre, la vente d’un actif non amortissable (comme, par exemple, un terrain) peut donner lieu à une perte en capital (déductible d’impôt). 4 Actuellement, en 2003, à la moitié plutôt qu’aux trois quart. Denis Sasseville GIA400 – Hiver 2003 Page 2 sur 2