week1_Version - Methodo Litt

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METHODOLOGIE : VERSION LITTERAIRE
(R. SCHMITT)
Cet exercice consiste à traduire en français un extrait d’un roman contemporain en anglais, fondé sur une narration
(en général au passé) et pouvant comporter des phrases au style direct.
L’épreuve de version littéraire apparaît aux concours des écoles de commerce de la banque BCE-CCIP (LV1 et LV2), au
concours des écoles scientifiques POLYTECHNIQUE / ENS et au concours BCPST (Banque ‘Agro-Véto’).
Comme toute traduction, la version pose divers problèmes : celui de l’exactitude lexicale et grammaticale et celui
de l’adaptation : certaines tournures ne sont pas transposables telles quelles d’une langue à l’autre. Il y a aussi le
problème de la traduction des temps et de la restitution du style du texte et du registre de langue (normal,
recherché ou familier). La version reste un exercice difficile et souvent pénalisant.
ADAPTATION ET TRANSPOSITION
Calquer signifie traduire une phrase ou une expression mot à mot ou littéralement.
Ex : Their house has a nice garden. → Leur maison a un joli jardin.
Ce procédé n’étant possible que dans un nombre limité de cas, il faut en général utiliser divers procédés d’adaptation.
•
On peut effectuer une transformation de la nature grammaticale des mots d’origine.
Un adjectif peut devenir un nom :
Ex : I had met them in late summer. → Je les avais rencontrés à la fin de l’été.
Un nom peut devenir un verbe :
Ex : There was a knock at the door. → On frappa à la porte.
Un verbe accompagné d’une préposition peut être adapté à l’aide d’un nom (traduction croisée)
Ex : He swam across the river. → Il traversa /a traversé la rivière à la nage.
They hurried from the shop. → Ils quittèrent / ont quitté la boutique en hâte.
Certaines tournures verbales typiques de l’anglais qui indiquent un moyen utilisé pour obtenir un résultat sont
impossibles à traduire littéralement, il faut impérativement les adapter.
Ex : He tricked them into believing that he was rich. → Il leur a fait croire par la ruse qu’il était riche.
She cried herself to sleep. → Elle s’endormit / s’est endormie en pleurant.
•
On peut aussi changer la forme de la phrase en modifiant ou non l’ordre des mots.
Passage du passif en anglais à l’actif en français (tournure très fréquente) :
Ex : I was given a book for my birthday. → On me donna / m’a donné un livre pour mon anniversaire.
Passage de l’affirmatif au négatif :
Ex: Remember to post it. → N’oublie pas de le poster.
// Hold on. → Ne quittez pas.
Usage assez fréquent des tournures impersonnelles en français pour traduire les modaux anglais.
Ex : She might have seen him. → Il se peut qu’elle l’ait vu.
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L’étoffement (=ajouter des mots)
Le passage de l’anglais au français peut demander un étoffement ; il ne faut pas craindre d’aboutir à un nombre
supérieur de mots en français car l’anglais est souvent plus concis que le français.
Les prépositions nécessitent souvent un étoffement. Ex : It’s from John. → C’est de la part de John.
Les tournures elliptiques doivent être étoffées ou adaptées :
Ex : Would you like to come ? I’d rather not. → Je préférerais ne pas le faire / l’éviter.
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Les noms propres
Les personnages littéraires gardent leur identité.
On ne traduit pas les noms des personnages, même quand il existe un équivalent en français
Ex : Peter= Peter / Mary= Mary
Les appellations Mr (.) / Mrs (.) / Miss devant les noms se gardent en traduction littéraire (contexte anglo-saxon).
Ex : Mr Benn asked Miss Kenton to come. → Mr Benn convoqua Miss Kenton.
Les noms de lieu ne se traduisent pas dans les versions, sauf quand ils ont un équivalent utilisé en français.
Ex : The Channel = la Manche / Downing Street = Downing Street
∆ Attention toutefois aux rues et avenues de New-York, souvent évoquées dans les œuvres littéraires. Les rues
comportant un numéro et une localisation cardinale se traduisent (en gardant les majuscules).
Ex : Fifth Avenue → la Cinquème Avenue / West Twenty-first Street → la Vingt-et-unième / 21e Rue Ouest
Celles qui comportent seulement un nom restent telles quelles.
Ex : Madison Avenue → Madison Avenue / Lexington Avenue → Lexington Avenue
Les titres d’œuvres littéraires citées dans une version se traduisent lorsqu’il existe un équivalent en français.
Ex : She was reading Gone with the Wind. → Elle lisait Autant en emporte le vent.
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Traduction de ‘you’
Le pronom ‘you’ peut correspondre à ‘tu’ / ‘vous’ (2e personne du singulier ou du pluriel) / ‘on’
La différenciation entre ‘tu’ et ‘vous’ (singulier) au style direct est parfois délicate. Il faut tenir compte du contexte et voir
si les rapports entre les personnages (familiaux, amicaux, hiérarchiques, âges, positions sociales…) correspondraient à un
tutoiement ou un vouvoiement en français.
TRADUCTION DES TEMPS
Transcrire les temps de l’anglais vers le français peut s’avérer difficile. Il faut y faire particulièrement attention car les
fautes d’emploi des temps, de conjugaison sont lourdement pénalisées.
•
Usage des temps du présent
La traduction du présent ne pose en général pas de problème. Il faut faire quand même surveiller la traduction du
présent progressif (continuous present en anglais) en évitant d’utiliser systématiquement l’expression ‘en train de’
(sauf si l’on veut vraiment insister sur la continuité de l’action, mais ce cas se présente peu fréquemment).
Ex : “ What is he doing?” Jane said. → – Qu’est-ce qu’il fait? demanda Jane.
Le présent de narration apparaît peu souvent en anglais. Cependant, quelques auteurs anglo-saxons contemporains
l’utilisent. Dans ce cas, il faut aussi traduire au présent en français.
Ex : They arrive at the restaurant. It is raining ligthly. Theresa drops them at the door. (J.M. Coetzee)
→ Ils arrivent au restaurant. Il pleut un peu. Theresa les laisse devant la porte.
•
Usage des temps du passé
La plupart des versions littéraires sont fondées sur une narration au passé. Le temps de traduction de base est le
passé simple (qui correspond au simple past en anglais). Le passé simple en français s’emploie pour des actions
ponctuelles ou successives dans une séquence narrative.
Ex : He took the bus and went to the library. → Il prit le bus et se rendit à la bibliothèque.
Le passé composé (qui a le même emploi que le passé simple) est à éviter dans la narration. Par contre, il faut l’utiliser
dans les dialogues, paroles au style direct exprimant des actions au passé.
Ex : “I didn’t understand that,” he thought. → « Je n’ai pas compris cela, » pensa-t-il.
L’imparfait en français sert à traduire des actions passées qui se sont répétées ou qui ont eu une certaine durée. En
anglais ces actions peuvent être exprimées :
au préterit simple (simple past → actions répétitives, habituelles)
Ex : Each time she went downtown, she bought some magazines.
→ Chaque fois qu’elle allait en ville, elle achetait des magazines.
au prétérit progressif (continuous past→ durée, action en cours dans le passé)
Ex: He was walking along the street. → Il marchait dans la rue.
La notion d’antériorité (past perfect en anglais) se rend au plus-que- parfait (ou passé antérieur) en français.
Ex : He had not realized that so much time had passed.
→ Il ne s’était pas rendu compte qu’autant de temps s’était écoulé.
•
Attention à la traduction de ‘would’
‘would’ peut correspondre à un conditionnel français (situation hypothétique, demandes de politesse ou concordance
des temps= futur dans le passé).
Ex : She explained why they would not buy it. → Elle expliqua pourquoi ils ne l’achèteraient pas.
Il peut aussi correspondre à un imparfait lorsqu’il exprime une idée de fréquence dans le passé : il fait alors
référence à des actions habituelles ou répétitives à une certaine période du passé.
Ex : When they were younger, they would meet once a week.
→ Lorsqu’ils étaient jeunes, ils se voyaient une fois par semaine.
•
Usage du subjonctif
L’emploi du subjonctif n’est pas toujours aisé en traduction. De nombreuses tournures en français se construisent avec
ce mode. En général, il vaut mieux utiliser le subjonctif présent, le subjonctif imparfait étant plus difficile à conjuguer.
Ex : She wanted him to finish the work. → Elle voulait qu’il finisse / finît le travail.
Si vous n'êtes vraiment pas sûrs de la conjugaison des verbes à ce mode, Vous pouvez essayer d'employer un verbe du 1er
groupe au présent (= verbes terminés en ‘er’), dont la conjugaison est identique à celle de l'indicatif. Ce n’est
malheureusement pas toujours possible.
Ex : She wanted him to finish the work. → Elle voulait qu’il termine le travail.
(le verbe ‘terminer’ est plus facile à conjuguer que le verbe ‘finir’)
∆ Attention à l'emploi de bien que en français, suivi de ce mode.
Des variantes sont possibles et permettent parfois d’éviter des problèmes de conjugaison.
Ex : (al)though he was still young → bien qu'il soit / fût encore jeune BIEN QUE + SUBJONCTIF
bien qu’étant encore jeune
= BIEN QUE + PARTICIPE PRESENT
même s'il était encore jeune = MEME SI + INDICATIF
ECRITURE & PONCTUATION
Pratiquement tous les textes de version littéraire posent des problèmes d’adaptation de la ponctuation, en particulier en
ce qui concerne le discours direct. Il y a un certain nombre d’usages qui diffèrent entre le français et l’anglais.
•
Usage des italiques
Le problème se pose surtout pour la transcription manuscrite : les italiques du texte anglais doivent être adaptés, un
changement d’écriture ne convient pas du tout !
Les italiques peuvent être utilisés pour des titres (œuvres littéraires, journaux) : les souligner suffit.
Ex : He bought Time Out and the Guardian. → Il acheta Time Out et le Guardian.
Ils peuvent représenter des mots sur lesquels on met l’accent; il faut s’efforcer de les rendre en français par des formes
d’insistance.
Ex : She is blaming us. → C’est nous qu’elle accuse. / Elle nous accuse, nous.
They were more than friends. → Ils étaient amis et bien plus encore.
•
Usage des tirets
•
Usage des guillemets
L’usage du tiret à l’intérieur d’une phrase (et non pas pour introduire des paroles au style direct → voir plus bas) est
beaucoup plus fréquent en anglais qu’en français.
Utilisé seul ou pour encadrer un mot ou une expression, il sert pour les appositions, les explications ou l’introduction
d’une idée nouvelle. Il n’y a pas de règle universelle de transposition, il faut l’adapter en fonction du contexte en se
servant de virgule(s), de deux points ou encore de parenthèses.
Ex : I had met a very nice woman – and an excellent painter – called Ruth. (Jonathan Coe)
→ J’avais rencontré une femme charmante, peintre excellente de surcroit, qui s’appelait Ruth.
Les guillemets simples ‘…’ sont davantage utilisés en anglais britannique tandis que les guillemets doubles “…” le sont
plus en anglais américain. Ce n’est toutefois pas une règle absolue.
Il y a deux cas d’utilisation.
► Usage similaire au français, pour mettre en relief un mot ou pour introduire une citation. Dans ce cas,
la transposition est la même.
Ex : My mother said I had to go, I had to learn to be polite; “civilized”, she called it. (Margaret Atwood)
→ Ma mère affirma que je devais y aller et que je devais apprendre à être polie, elle appelait cela être
« civilisée ».
► Usage particulier à l’anglais : style direct
L’anglais utilise uniquement les guillemets au début et à la fin de la phrase représentant les paroles
prononcées, et ce à chaque fois qu’il y a prise de parole, que soit dans une phrase isolée ou un dialogue :
Ex:
He shook his father’s shoulder.
‘Daddy, wake up! We’re nearly there!’
The old man groaned and awoke.
‘You must see this. It’s amazing. Change places with me.’
‘No, thank you,’ his father said. ‘I’ll take your word for it.’
(David Lodge)
La ponctuation n’est pas la même en français, il y a deux solutions :
1
Usage des tirets seuls
Mettre un tiret au début de chaque phrase au
discours direct, que ce soit une phrase isolée ou un
dialogue.
Aller à la ligne à chaque fois qu’il y a prise de parole
par un interlocuteur différent.
2
Usage de guillemets pour une phrase isolée.
Usage de guillemets et tirets en inclusion pour le
dialogue :
Ouverture des guillemets à la première réplique, tirets
pour les répliques suivantes, fermeture des guillemets
à la fin de la dernière réplique.
Il secoua son père par l’épaule.
- Papa, réveille-toi ! Nous sommes presque arrivés.
Le vieil homme grogna et se réveilla.
- Il faut que tu voies cela. C’est incroyable. Change
de place avec moi.
- Non merci, dit son père. Je te crois sur parole.
Il secoua son père par l’épaule.
« Papa, réveille-toi ! Nous sommes presque arrivés. »
Le vieil homme grogna et se réveilla.
« Il faut que tu voies cela. C’est incroyable. Change de
place avec moi.
- Non merci, dit son père. Je te crois sur parole. »
La première solution (usage des tirets uniquement) est plus simple à employer.
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