Le Prince (tous les hommes sont méchants) D’après Nicolas Machiavel adaptation, mise en scène et scénographie de Laurent Gutmann Avec Thomas Blanchard (en alternance avec Augustin De Monts), Luc-Antoine Diquéro (en alternance avec Cyril Hériard Dubreuil), Maud Le Grévellec, Shady Nafar et Pitt Simon. Production La Dissipation des brumes matinales – Direction de production, administration, diffusion Emmanuel Magis/ANAHI. Coproduction Les Théâtres de la ville de Luxembourg. Avec le soutien de la DGCA- ministère de la Culture et de la Communication et la participation artistique du Jeune Théâtre National. Remerciements au Théâtre des 5 Diamants. Contact Production, diffusion Emmanuel Magis / ANAHI 01 43 57 36 29 / 06 63 40 64 68 [email protected] Le Prince (tous les hommes sont méchants) D’après Nicolas Machiavel adaptation, mise en scène et scénographie de Laurent Gutmann Avec Thomas Blanchard (en alternance avec Augustin de Monts), Luc-Antoine Diquéro (en alternance avec Cyril Hériard Dubreuil), Maud Le Grévellec, Shady Nafar et Pitt Simon. Costumes Axel Aust Lumières Gilles Gentner Maquillages & perruques Catherine Saint-Sever Son Lucas Lelièvre Répétiteur chants Vanasay Khamphommala Construction des décors Ateliers des Théâtres de la Ville de Luxembourg: Marc Bechen, Marcel Henkes, Constant Krieps, Marc Miltgen, Michel Mombach, Guy Wolff Production La Dissipation des brumes matinales – Direction de production, administration, diffusion Emmanuel Magis/ANAHI. Coproduction Les Théâtres de la ville de Luxembourg. Avec le soutien de la DGCA- ministère de la Culture et de la Communication et la participation artistique du Jeune Théâtre National. Remerciements au Théâtre des 5 Diamants. Calendrier de tournée – saison 2014 / 2015 2014 Du 23 septembre au 9 octobre, Théâtre Paris-Villette Du 14 au 16 octobre, Le Granit–Belfort Le 4 novembre, Théâtre du Vésinet Du 12 au 14 novembre, Théâtre de Suresnes Du 18 au 29 novembre, Le Quartz–Brest 2015 Le 2 mars, Théâtre Jacques Prévert–Aulnay-sous-Bois Les 5 et 6 mars, Le Parvis–Tarbes Du 10 au 19 mars, CDR–Tours Le 23 mars, Théâtre des 4 saisons–Gradignan Les 26 et 27 mars, Le Fanal–Saint-Nazaire Le 31 mars, Centre des bords de Marne–Le Perreux Le 7 avril, Espace Jules Verne–Brétigny-sur-Orge Les 9 et 10 avril, Théâtre de Sartrouville Les 14 et 15 avril, Scène nationale d’Angoulême Le 22 avril, Théâtre de Saint-Raphaël Les 27 et 28 avril, L’Estive–Foix Le 5 mai, Onyx–Saint-Herblain Le 12 mai, Théâtre de l’Olivier, Istres « Pour bien connaître la nature de son peuple, il faut être prince, et, pour bien connaître celle des princes, il faut être du peuple ». Nicolas Machiavel "Le Prince" est un texte vieux d'exactement 500 ans que tout le monde pense plus ou moins connaître mais qui est finalement assez peu lu. En le lisant aujourd'hui, on est frappé par sa force scandaleuse, force qui tient sans doute moins à ce qu'il dit qu'au fait même qu'il nous le dit. C'est un texte fondamentalement ambivalent: en même temps qu'il a pour objet l'éducation politique des princes, il porte à la connaissance du peuple l'art du gouvernement, et par là même fait prendre conscience à ce même peuple les opérations de domination dont il est l'objet. Au coeur du texte de Machiavel, il y a donc la notion d'éducation politique. La situation que développe notre spectacle est celle d'un stage de formation pour futurs princes. Face à deux formateurs, dont l'un est dépositaire de la parole de Machiavel, trois stagiaires sont confrontés à un certain nombre de mises en situations censées leur enseigner comment prendre le pouvoir et comment le garder. Ce qui ressort de ces jeux, c'est que le pouvoir est par nature instable, qu'on est toujours assurer de le perdre un jour. Machiavel est habituellement considéré comme un cynique, théoricien d'un pouvoir qui n'aurait d'autre finalité que lui-même. J'espère que le spectacle donnera à entendre que sa parole est d'abord celle d'un homme qui a foi dans la force du politique, et que c'est au nom de la nécessité de l'action politique qu'il refuse catégoriquement toute forme d'idéalisme : « Mon intention étant d’écrire des choses utiles à qui les écoutent, il m’a semblé plus pertinent de suivre la vérité effective des choses que l’idée que l’on s’en fait." Laurent Gutmann La Vengeance de Machiavel Peu d'écrivains, au cours des siècles, ont réussi à transformer leur nom en adjectif indiquant l'enfer, l'effroi, la monstruosité ou l'angoisse. Dante, Machiavel, Sade, Kafka ont droit à cette distinction. Vous ouvrez n'importe quel dictionnaire, et vous avez le choix entre «machiavélisme» et «machiavélique». «Machiavélique» veut dire, paraît-il, «digne de Machiavel, c'est-à-dire rusé, perfide, tortueux». «Machiavélisme» va plus loin et désigne «une politique faisant abstraction de la morale, une conduite tortueuse et sans scrupules ». Cette réprobation unanime, pour un cas d'une grande clarté, commence très tôt, dès la circulation des copies manuscrites du Prince, en 1513, même si le livre n'est publié qu'en 1532, après la mort de l'auteur. Quel succès dans la détestation! En 1559, le livre est mis à l'Index par l'Inquisition. En 1576, un avocat et théologien huguenot se fend d'un AntiMachiavel dégoulinant de morale. Il s'appelle, ça ne s'invente pas, Innocent Gentillet. Ce Gentillet, parfait hypocrite, est bientôt rejoint par Frédéric de Prusse, en 1740, avec un autre Anti-Machiavel, supervisé (avec ironie) par Voltaire. Bref, tous les pouvoirs se donnent la main contre ce chef-d’œuvre, au point que «florentin » deviendra un mot courant signifiant l'art de l'intrigue (on l'a même vu appliqué à un président de la République française issu des Charentes, région qui n'a guère de rapport avec la splendeur italienne de la Renaissance). Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour qu'un génie philosophique fasse l'éloge d'«une pensée soutenue, difficile, dure, dangereuse». C'est, bien entendu Nietzsche, dans Par delà bien et mal : «Il nous fait respirer l'air sec et subtil de Florence, et ne peut se retenir d'exposer les questions les plus graves au rythme d'un indomptable allegrissimo, non sans prendre peut-être un malin plaisir d'artiste en un rythme galopant, d'une bonne humeur endiablée.» Qui est ce Machiavel ? Un secrétaire convaincu et actif de la République de Florence, très cultivé et au courant de tous les secrets, un diplomate entre les différents pouvoirs italiens, mais aussi en voyage en France et en Allemagne. À l'avènement des Médicis, il est arrêté et torturé : «Sans l'avoir mérité, je supporte une grande et continuelle malignité de fortune.» La «Fortune», voilà la grande déesse capricieuse du temps. «Heureux celui dont la façon de procéder rencontre la qualité des temps.» Cette rencontre est rare, et elle peut se renverser. Machiavel connaît à fond l'histoire de son temps et celle de l'Antiquité, d'où son autorité et sa verve. Non, le pouvoir n'a rien d'idéal, c'est une ténébreuse affaire dont on peut déchirer le rideau. Non, les hommes ne sont pas bons, mais méchants, changeants, ingrats, simulateurs et dissimulateurs, fuyards devant les périls, avides de gain. D'ailleurs, «ils oublient plus vite la mort de leur père que la perte de leur patrimoine.» Y a-t-il un prince capable de les gouverner? Ce n'est pas sûr, beaucoup d'effondrements ont eu lieu, et une multitude d'assassinats et de pertes. Le prince vertueux est-il à l'abri? Même pas, il lui faut sans cesse penser à la guerre, et «il est beaucoup plus sûr d'être craint que d'être aimé». Attention: il faut être craint sans être méprisé ou haï. Un prince changeant, léger, efféminé, pusillanime, irrésolu, sera méprisé. Il se doit d'être grand, courageux, grave, fort. Il doit «apprendre à ne pas être bon» et «savoir entrer dans le mal si c'est nécessaire». Cependant, le spectacle a ses lois et il lui faut en même temps afficher bonté, pitié, religiosité, fidélité, intégrité, humanité. Les hommes jugent avec leurs yeux, une vraie politique est donc une politique de masse : «Le petit nombre n’a pas de place quand le grand nombre a de quoi s'appuyer.» Le prince a-t-il des conseillers? Son principal conseiller est lui-même. A-t-il des amis? «S'il a de bonnes armes, il aura de bons amis.» Comble de l'art: «il faut nourrir habilement une inimitié pour l'écraser avec plus de grandeur.» Excellent commentaire de Patrick Boucheron : «Le prince ne fait pas le bien ou le mal, il fait, bien ou mal ce qu'il a à faire.» Là-dessus, tout le monde est mécontent, les théologiens, les philosophes, les dévots, les croyants, les charlatans en tout genre, les bavards de la politique, c'est-à-dire les marchands d'illusions. Mais «il faut aller tout droit à la vérité effective de la chose plutôt qu’à l'imagination qu'on s'en fait ». Vérité «effective», voilà le cœur de «la chose». Dans un tourbillon d'ambitions, d'envies, de peurs, de rapports de force, d'alliances provisoires, de coups heureux ou d'erreurs, la nécessité s'impose. Grand problème : comment traiter les offenses et les vengeances? Voici: «Les hommes doivent être caressés ou détruits, car ils se vengent des offenses légères, mais des graves ils ne le peuvent pas. L'offense qu'on fait à un homme doit être faite de telle sorte qu'on n'ait pas à craindre sa vengeance.» En exil dans sa campagne près de Florence (curieux qu'il n'ait pas été assassiné), Machiavel écrit. Il tente de rentrer en grâce auprès des Médicis en leur dédiant son Prince, trop réel pour être possible. C'est sa vengeance à lui. Dans une lettre très émouvante, adressée à son ami Francesco Vettori, alors ambassadeur auprès du Saint-Siège (il faut ménager toutes les entrées), il raconte sa pauvre vie dans sa «pouillerie». Avant le jour, il confectionne des pièges pour les grives. Au lever du soleil, il va dans les bois parler avec les bûcherons. Il lit ensuite les poètes en prenant des notes, Dante, Pétrarque, Tibulle, Ovide. «Je lis leurs passions amoureuses, je me souviens des miennes, et je me réjouis un moment dans cette pensée.» Après quoi il va «s'encanailler» à l'auberge, en buvant et jouant au trictrac. Mais l’essentiel se passe le soir : seul, il revêt alors des habits de cour royale et pontificale, et, pendant quatre heures, soutient une conversation imaginaire avec Les Anciens. «La mort ne m'effraie pas», dit-il. Il sait que tous les pouvoirs mourront, mais que son livre, lui, vivra dans le temps qu'il se donne. Voyez le contraste fabuleux entre les sensationnelles peintures et sculptures de son époque (Michel-Ange, Raphaël, Vinci, Titien), et cette main solitaire et nocturne. Et pensez à vous recueillir, à Florence, devant sa belle tombe dans l'église de Santa Croce. L'épitaphe de 1787, en latin, dit tout: «Tanto nomini nullum par elogium»: «Aucun éloge n'est digne d'un si grand nom.» Philippe Sollers Le Nouvel Observateur du 20 décembre 2012. LE METTEUR EN SCÈNE LAURENT GUTMANN Formé à l’École de Chaillot dirigée par Antoine Vitez, il obtient un DEA de philosophie en 1992. En 1994, il crée sa compagnie Théâtre Suranné. En 2002, il est lauréat du concours Villa Médicis hors les murs. De 2004 à 2009, il dirige le Centre Dramatique national de Thionville-Lorraine. Depuis 2009, il dirige sa compagnie La Dissipation des brumes matinales. Principales mises en scène : 2012: La Putain de l’Ohio de Hanokh Levin. 2012: Le Petit Poucet d’après Charles Perrault. 2010: Pornographie de Simon Stephens. 2009: Le Cerceau de Victor Slavkine. 2008: Je suis tombé d’après Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. 2007: Chants d’Adieu d’Oriza Hirata. 2006: Lorenzaccio d’Alfred de Musset. 2005:La Nuit va tomber, tu es bien assez belle de Laurent Gutmann. 2004: Splendid’s de Jean Genet. 2003: Nouvelles du Plateau S de Oriza Hirata. 2002: India Song de Marguerite Duras. Spectacle en japonais. 2001: Légendes de la Forêt Viennoise d’Ödön von Horvath. 1999-2000: Le Retour au Désert de Bernard-Marie Koltes. Spectacle en espagnol. 1999: OEdipe Roi de Sophocle. 1999: En Fuite, textes de Georges Perec, Nathalie Sarraute, Jean Genet. 1997: La Vie est un Songe de Calderon de la Barca. 1996: Le Balcon de Jean Genet. 1994: Le Nouveau Menoza de Jakob Lenz. LES COMÉDIENS THOMAS BLANCHARD Il a étudié au Conservatoire National Supérieur d’art dramatique dans les classes de Jacques Lassalle et Daniel Mesguich. Engagé comme pensionnaire à la ComédieFrançaise en 2006, il avait déjà participé à plusieurs spectacles de la Comédie-Française en tant qu’artiste auxiliaire : Arcadia de Tom Stoppard mise en scène Philippe Adrien ; La Forêt d’Ostrovski, mise en scène Piotr Fomenko, Le Conte d’hiver de Shakespeare, mise en scène Muriel Mayette ; Tartuffe de Molière mise en scène Marcel Bozonnet. Au cinéma, il a joué, entre autres, dans : Une épopée, de François Magal ; La Vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky ; Le Pornographe de Bertrand Bonello ; Les Âmes grises d’Yves Angelo. MAUD LE GRÉVELLEC Elle est formée au Conservatoire National de la région de Rennes et à l’École du Théâtre National de Strasbourg. Elle a joué au théâtre sous la direction de Stéphane Braunschweig (Les Trois soeurs d’A.Tchékhov, Le Misanthrope de Molière, La Famille Schroffenstein de Heinrich von Kleist, La Mouette de Tchekhov), Jean-Louis Martinelli (La République de Mek-Ouyes de J. Jouët), Charles Berling (Pour ceux qui restent de P. Elbé), Jean-François Peyret (Les Variations Darwin de J. F. Peyret et A. Prochiantz, La Génisse et le pythagoricien de Peyret et Prochiantz), Claude Duparfait (Petits drames comiques d’après Cami), Laurent Gutmann (Nouvelles du plateau S de O. Hirata), et Giorgio Barberio Corsetti, (Le Festin de Pierre d’après Dom Juan de Molière). Elle travaille également avec « Le Groupe Incognito » pour des créations collectives : Cadavres Exquis (projet initié par Catherine Tartarin), Cabaret des Utopies (Maison du comédien, Festival Berthier), Padam Padam d’après Moscou sur vodka de V. Erofeiev (Maison du Comédien Maria Casarès à Alloue, Le Limonaire, Scène Nationale d’Angoulême), Le cabaret aux Champs (Maison du Comédien Maria Casarès à Alloue) et Cabaret Amoralyptique (École des Arts Décoratifs de Strasbourg). Au cinéma, elle a tourné avec Mabrouk El Mechri dans le long métrage Virgil. SHADY NAFAR À l’âge de seize ans Shady Nafar est reçue au Conservatoire National de région de Grenoble section Art Dramatique et suit aussi des cours de danse contemporaine avec Murielle Chassard et Jean-Claude Gallotta à la Maison de la Culture de Grenoble. Elle entre ensuite au Cours Florent, puis sera admise à l’ESAD (Ecole Supérieure d’Art Dramatique de la ville de Paris). Parallèlement, elle se produit dans Dépendances mis en scène par Y. Pignot. Elle interprète Ève dans La Cruche cassée de Kleist mise en scène par T. Bouvet. Elle rejoint M. Franzetti pour participer à sa création de théâtre-dansé Est-ce ainsi que les Hommes s’aiment... ? Elle est Athéna dans Pylade de Pasolini monté par D. Houssier au Festival de Villeréal. Récemment, elle retrouve la danse en assistant Gloria Paris sur la mise en scène de Divine, variation chorégraphique d’après Notre-Dame-des-Fleurs de Jean Genet interprétée par Daniel Larrieu au Théâtre de l’Athénée. Shady Nafar rejoint la troupe CLAMEUR PUBLIC en mars 2012 et reprend un des rôles féminins dans deux créations Yunus, les eaux de mon âme et Désirs bucoliques, pour le plaisir de tous. LUC-ANTOINE DIQUÉRO Il s’est formé au métier de comédien à l’École Jacques Lecoq. Au théâtre, il a joué dans L’Exaltation du labyrinthe d’Olivier Py mise en scène Stéphane Braunschweig ; Maison d’arrêt d’Edouard Bond, mise en scène Ludovic Lagarde ; Nouvelles du plateau S d’Oriza Hirata mise en scène Laurent Gutmann ; Si ce n’est toi d’Edouard Bond mise en scène Alain Françon ; Les Crabes ou les hôtes et les hôtes de Roland Dubillard mise en scène Caterina Gozzi ; Passion selon Jean d’Antonio Tarantino mise en scène Sophie Loucachevsky ; Gertrude (Le Cri) d’Howard Barker mise en scène Giorgio Barberio Corsetti ; Nina, c’est autre chose de Michel Vinaver mise en scène Guillaume Lévêque ; Invasion ! de Jonas Hassen Khemeri mise en scène Michel Didym ; La Ronde du carré de Dimitri Dimitriadis mise en scène Giorgio Barberio Corsetti ; Le Professionnel de Dusan Kouacevic, mise en scène Philippe Lanton ; Lettre d’amour à Staline de Juan Mayorga, mise en scène Jorge Lavelli ; Maître Puntilla et son valet Matti de Bertolt Brecht mise en scène Guy-Pierre Couleau ; Michel Ange de et mis en scène Hervé Briaux. Il met en scène, interprète, et adapte Les mots sont des fleurs de néant. Je t’aime d’après Richard Brautigan. Au cinéma il fait ses débuts avec La Balance aux côtés de Philippe Léotard, Le Crime de Labro, Danton de Wajda, et participe à la réalisation de nombreux films et téléfilms. PITT SIMON Comédien Luxembourgeois, il suit sa formation aux Ateliers du Sudden et à l’Ecole de Théâtre de Raymond Acquaviva (Paris). Au théâtre il a joué dans La Mort de Danton de Georg Büchner mise en scène Héloïse Levain ; Mercury Fur de Philip Ridley mise en scène Johannes Maile (en allemand) ; Les Escaliers du Sacré Coeur de Copi mise en scène Mélanie Massounabe ; American Blues de Tennessee Williams mise en scène Bela Grushka (en anglais) ; Nightlife.lu de et mis en scène par Nico Helminger (en allemand) ; Zoo Story d’Edward Albee, mise en scène Marc Baum (en allemand) ; La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, mise en scène Jeoffrey Bourdenet ; L’Impromptu de Versailles de Molière mise en scène Jonathan Chasseigne ; Le Bourgeois gentilhomme de Molière mise en scène Raymond Acquaviva ; Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, mise en scène Roch- Antoine Albaladejo ; Le Malade imaginaire de Molière, mise en scène Léonard Matton ; Fool for love de Sam Shepard, mise en scène Claude Berne ; L’Ecole des maris de Molière mise en scène Roch-Antoine Albaladejo ; Le Médecin volant de Molière, mise en scène Jonathan Chasseigne ; Le Théâtre ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovitch, mise en scène R. Albaladejo ; Le Café des jours heureux de et mis en scène par Johanna Boyé ; Le Misanthrope de Molière, mise en scène Justine Heynemann ; Le Système Ribadier de Georges Feydeau, mise en scène M. Felix, J. Graine et J. Boyé ; Macbeth de William Shakespeare, mise en scène Béla Grushka. REVUE DE PRESSE ! "#!$%&'(#! Machiavel THÉÂTRE C'est une réflexion rédigée dans l'urgence, en 1513, par un haut fonctionnaire emprisonné et supplicié, avant d'être relégué, miséreux, dans sa campagne. Lorsque Machiavel (1469-1527) adresse Le Prince au duc Laurent de Médicis, son oppresseur, en guise d'ironique viatique, voire de demande de retour en grâce, la famille Médicis vient de reprendre le pouvoir à Florence après dix années de république. De ce célèbre texte, le metteur en scène Laurent Gutmann n'offre pas une lecture studieuse. Bien au contraire, il nous balance d'un coup dans le grand bain de ces idées sans illusion sur la circulation des forces entre un prince, son peuple et les puissants. Avec, pour décor, un bureau d'aujourd'hui, moche, où ronronne une cafetière. Une jeune cadre dynamique, flanquée d'un drôle de personnage en manteau Renaissance, y accueille trois badauds pour un stage de reconversion. Tel un carrosse, la moitié d'une rutilante berline figure l'attribut du pouvoir que tous tenteront de s'accaparer au fil d'un jeu de rôle. La grande fille au joli sac, le costaud chevelu et le petit mec à lunettes vont peu à peu déjouer les pièges, sous le regard du peuple les spectateurs , pris à témoin. On rit beaucoup. Ce qui n'empêche pas d'entendre la profondeur acerbe des observations de Machiavel distillées par le maître de cérémonie en costume. Théorie et pratique fusionnent dans un art du théâtre qui offre, comme rarement, de quoi réfléchir plus subtilement à la politique. E.B. Du 21 au 25 janvier à Malakoff (92), tél. : 01 55 48 91 00 | Le 28 à Saint-Brieuc (22), tél. : 02 96 68 18 40 | Les 25 et 26 mars à Vannes (56), tél. : 02 97 01 62 00. Le 18/01/2014 E mmanuelle Bouchez - Telerama n° 334 ! Un prince ne peut pas rouler en Clio Laurent Gutmann adapte Le Prince de Machiavel au temps présent. Sa version est intelligente et perspicace, contemporaine et politique à la fois. Des grappes de lycéens devant le Théâtre des Capucins, venus avec leurs enseignants idéalistes, qui programment encore des sorties au théâtre pour voir les grands textes classiques autrement que comme explications de choses leur paraissant inintelligibles. Et puis, Machiavel, Le Prince, quelle aubaine – un texte si ancien (il date de 1513) n’est que rarement joué… On pourra en discuter pendant (au moins) un trimestre entier, de sa qualité littéraire, mais surtout philosophique, de tout ce qu’il dit sur ceux qui veulent accéder au pouvoir, ceux qui veulent l’abuser et ceux qui veulent le garder – et comment. Ils s’attendent probablement à une heure et demie assez rébarbative d’un cours d’histoire de la philosophie. Dans la salle, des néons éclairent le public plus que d’habitude. Sur scène est reconstruit le décor impersonnel d’une de ces salles de réunions préfabriquées aux cloisons en contreplaqué et les mêmes néons agressifs qu’au-dessus du public. Nous serions-nous trompés de salle de spectacle ? Jouerait-on une pièce de Regietheater allemand ici et Le Prince bien classique, bien fossilisé, se donnerait au Grand Théâtre ? « Bonsoir ! » salue une jeune femme en deuxpièces noir, et que ça va commencer bientôt. Arrivent trois personnages, Myriam, Rémy et Max, inscrits au stage « pour devenir prince ». Le spectacle est lancé – et qu’est-ce qu’on rit ! Laurent Gutmann a adapté lui-même le texte de Machiavel au temps présent. Et sa version est intelligente et perspicace, contemporaine et politique à la fois. Il y a quinze ans, il aurait probablement fait une émission de télévision de ce Prince, il y a dix ans, un stage pour manager. Mais toutes ces modes sont passées, et Laurent Gutmann (qui fut, jusqu’en 2009, directeur du Théâtre populaire de Lorraine à Thionville, avant de créer sa propre compagnie, La Dissipation des brumes matinales) le transforme en un de ces nombreux stages de « réorientation professionnelle » pour demandeurs d’emploi aussi ridicules qu’humiliants. Les trois stagiaires « n’ont pas toujours eu de chance dans leur vie » ? C’est pas grave, « avoir de la chance et saisir sa chance, c’est pas la même chose » rigole Carine (Shady Nafar, pleine d’énergie), une des deux coachs de l’équipe. Les trois stagiaires sont paumés, chacun à sa manière : Rémy le coincé (Thomas Blanchard, touchant), Max l’extroverti brut de décoffrage (Pitt Simon, hénaurme pour ce rôle) et Myriam la névrosée (Maud Le Grévellec, excellente), qui s’accroche sans cesse à son sac à main comme à une bouée de sauvetage. Pour « créer du lien », Carine commence par un pause café durant laquelle ils tirent les rois et mangent de la galette, puis arrive Nicolas (Luc-Antoine Diquero, tout en retenue), pour lequel « une journée sans musique est une journée perdue » : en costume médiéval, il sera le précepteur, celui qui énonce quelques-uns de bons conseils de Machiavel à l’usage des princes, qui sonnent toujours aussi justes dans ce contexte. Car comment s’adresser à son peuple (les lumières s’allument : c’est nous le peuple, forcément) ? Comment être magnanime sans paraître faible, comme utiliser la force armée pour se défendre sans exagérer ? Autant de questions qu’on ne se pose jamais lorsqu’on n’est pas dans la situation. « Je ne mesurais pas le nombre d’erreurs qu’un prince peut faire, » dira Myriam lors du bilan du stage. Tout cela n’est absurde qu’en apparence. Car Le Prince de Gutmann se joue à deux niveaux : il donne à voir une version moderne du texte de Machiavel, mais il utilise aussi Machiavel pour mettre à nu non seulement les hommes et femmes de pouvoir actuels, mais aussi la veulerie et la cruauté des gens normaux, une fois qu’ils sont mis en situation d’accéder au pouvoir et de défendre leur nouveau rang social. Ainsi, ils apprennent d’abord à sortir d’une limousine – une demie-Peugeot « coupée » est installée sur scène –, mais aussi à s’adresser à leur peuple, à le conquérir (avec des bonbons ?) et à le calmer (avec des menaces ?). Des interludes musicaux frisant le ridicule entrecoupent la séance et chaque exercice (histoire, géo, tir, self-defence….) est suivi de conseils et de corrections. Un tel stage, nous en avons tous déjà fait, et nous avions honte des badges avec nos prénoms, des gentils animateurs et de leurs astuces psychologiques à trois balles. L’ironie grinçante de Gutmann s’appliquerait immédiatement à n’importe quel politique – « un prince, ça ne roule pas en Clio » fait-il dire à Myriam, et on cherchait Francine Closener dans la salle, juste par réflexe –, conscient qu’il est que la ronde est interminable, que le pouvoir ne peut jamais rester vacant. « Ce n’est pas fini, l’histoire continue ! » lance Carine, une fois qu’elle a mis le manteau du prince. Et nous savons, au plus tard depuis le 20 octobre dernier, que Laurent Gutmann a raison, que le pouvoir corrompt toujours autant. Josée Hansen Home | D'Lëtzebuerger Land Le 08 janvier 2014 JAN 14 Mensuel OJD : 75709 Surface approx. (cm²) : 237 N° de page : 11 4 AVENUE DE CORBERA 75012 PARIS - 01 53 02 06 60 Page 1/1 THÉATRE 71 D'APRÈS NICOLAS MACHIAVEL / MES LAURENT GUTMANN LE PRINCE Après une adaptation du Petit Poucet en 2012, Laurent Gutmann porte aujourd'hui à la scène Le Prince de Nicolas Machiavel. Pour faire entendre ce texte vieux de 500 ans, il invente un stage de formation visant à enseigner la façon de prendre le pouvoir et de le garder. Pourquoi avoir décidé de faire entendre au théâtre, aujourd'hui, cet essai politique du début du XVIe siècle? Laurent Gutmann : Le Prince est un texte que tout te monde pense plus ou moins connaître, mais qui est finalement assez peu lu. En le redécouvrant aujourd'hui, on est frappé par Machiavel puise dans l'antiquité romaine pour étayer ses propos - exemples qui ne sont, pour nous, plus guère éclairants. La parole de Machiavel guide les stagiaires et, le plus souvent, sanctionne leurs erreurs. Car ce qui ressort de ces jeux, c'est que le pouvoir est par nature instable : on est assuré de le perdre un jour. "LA PAROLE DE MACHIAVEL EST D'ABORD CELLE D'UN HOMME QUI A FOI DANS LA FORCE DU POLITIQUE." LAURENT GUTMANN sa force scandaleuse, force qui tient sans doute moins à ce qu'il dit qu'au fait même qu'il nous te dit. C'est un texte fondamentalement ambivalent : en même temps qu'il a pour objet l'éducation politique des princes, il porte à la connaissance du peuple l'art du gouvernement et, par là même, fait prendre conscience au peuple des opérations de domination dont il est l'objet. Au coeur du texte de Machiavel, il y a donc la notion d'éducation politique. Qui sont les cinq personnages que met enjeu votre spectacle? L G. : La situation que développe notre spectacle est celle d'un stage de formation pour futurs princes. Face à deux formateurs, dont l'un est dépositaire de la parole de Machiavel, trois stagiaires sont confrontés à un certain nombre de mises en situation censées leur enseigner comment prendre le pouvoir et comment le garder. Ces mises en situation remplacent les nombreux exemples que 71 8507288300508/GMA/MCF/2 Quelles sont les idées de ce texte que vous souhaitez particulièrement mettre en lumière? L. G. : Machiavel est habituellement considéré comme un cynique, un théoricien d'un pouvoir qui n'aurait d'autre finalité que lui-même. Mais sa parole est d'abord celle d'un homme qui a foi dans ta force du politique. C'est au nom de la nécessité de l'action politique qu'il refuse catégoriquement toute forme d'idéalisme. Ses mots parlent d'eux-mêmes: «Mon intention étant d'écrire des choses utiies à qui les écoutent, it m'a semblé plus pertinent de suivre la vérité effective des choses que l'idée que l'on s'en fait. Il y a si loin entre la manière dont on vit et la maniére dont on devrait vivre, que celui qui laisse ce que l'on fait pour ce que l'on devrait faire, apprend plutôt à se perdre qu'à se préserver». Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat 1 -Scène nationale de Malakoff, f 3 place du 1 1 Novembre, 92240 Malakoff. | Du 21 au 25 janvier 2014. Les mardis et vendredis à 20h30; les mercredis, jeudis et i samedis à 19h30. Durée de la représentation : 1 h30. Tél. 01 55 48 91 00. www.theatre71.com Rejoignez-nous sur Facebook Eléments de recherche : LE THEATRE 71 : à Malakoff (92), toutes citations à partir du LE PRINCE L’actualité du théâtre en France Laurent Gutmann Il est l’un des rares metteurs en scène heureux de ne plus diriger un lieu. Ex-patron du Centre dramatique de Thionville, il affectionne sa liberté et, autour de Machiavel, réunit LucAntoine Diquéro, Thomas Blanchard, Maud Le Grévellec, Shady Nafar et Pitt Simon. d’abord monté des classiques, puis j’ai préféré les auteurs vivants : Oriza Hata, Daniel Keene. J’ai dirigé le CDN de Thionville mais je m’interdisais des choses que j’avais envie de faire. Travaillant à des traductions, j’ai compris que ce qui m’intéressait, c’était d’écrire des spectacles et de les monter. Le Petit Poucet, qui tourne actuellement en France, est la première pièce où j’assume cela. Je suis parti de la fable de Perrault mais c’est plus un spectacle sur les parents que sur les enfants ! Le Prince de Machiavel, votre nouveau spectacle, n’est pas une création personnelle. Je ne voulais pas d’un spectacle littéraire où un très bon acteur dirait très bien un très grand texte. Je voulais faire passer la pensée en action. J’ai imaginé la situation d’un stage où les participants doivent prendre le pouvoir, le perdre, le reconquérir. Un formateur, joué par Luc-Antoine Diquéro, guide les stagiaires à partir des mots de Machiavel. En avançant, je me suis rendu compte que c’est la base même du tra@ Pierre Grosbois Théâtral magazine : Comment est née votre passion de la mise en scène et quel répertoire avez-vous choisi de défendre ? Laurent Gutmann : Lorsque j’ai vu Electre par Antoine Vitez à Chaillot, je me suis dit : c’est cela que je veux faire. Puis j’ai fait un service civil à Vienne, en Autriche, et j’ai vu tous les spectacles des grands metteurs en scène de langue allemande. Cela m’a conforté dans mon idée. J’ai 21 Théâtre 71 - Malakoff et tournée Janvier J’ai imaginé la situation d’un stage où les participants doivent prendre le pouvoir, le perdre, le reconquérir. vail du clown : vouloir le pouvoir, s’en emparer ! Je voulais le plus grand nombre de participants possibles. Ils seront cinq, autour d’un tapis rouge s’avançant vers le public qui, lui, incarne le peuple. Les extraits du Prince constitueront un quart du texte total. Le reste, c’est de l’écriture de plateau. J’écris sans cesse, pendant les répétitions ! Quels sont vos autres projets ? J’écris une adaptation de Timon d’Athènes que je mettrai en scène au prochain Printemps des comédiens de Montpellier et que jouera une classe du Conservatoire de cette ville. Cela s’appellera Timon. Je travaille à une autre pièce jeune public, cette fois sur la laideur, inspirée par L’Anniversaire de l’Infante d’Oscar Wilde. Je dois aussi mettre en scène certains des épisodes sur la décentralisation théâtrale que préparent les Tréteaux de France. Propos recueillis par Gilles Costaz ! Le Prince, d’après Machiavel, texte, mise en scène et scénographie de Laurent Gutmann. Création au théâtre des Capucins, Luxembourg, du 7 au 14/01. Théâtre 71, 3 place du 11 novembre 92240 Malakoff, 01 55 48 91 00, du 21 au 25/01. Puis Saint-Brieuc (28/01) et Vannes (2526/03) Théâtral magazine Janvier - Février 2014 35