Lycée Louis-Le-Grand, Paris MPSI 4 – Mathématiques A. Troesch Pour le 15/10/2015 DM no 4 : Réels ∗ 2 Exercice 1 – Soit, pour tout couple (q, n) ∈ (N ) , uq,n = n−1 X k=0 n−1 1 X q+n−1 1 q+k−1 et vq,n = n−1 . 2k 2 k k k=0 1. Vérifier que lorsque q = 1 ou n = 1, on a uq,n = vq,n . 2. Trouver une relation simple entre uq,n , uq−1,n et uq,n−1 . 3. Trouver une relation analogue pour la suite (vq,n ). 4. Montrer que pour tout (q, n) ∈ (N∗ )2 , uq,n = vq,n . Exercice 2 – Soit c la constante de Liouville, définie par : c= +∞ X 10−k! = lim n→+∞ k=0 n X 10−k! . k=0 Le but est de démontrer que c est un nombre transcendant, c’est-à-dire qu’il n’est racine d’aucun polynôme à coefficients entiers ou rationnels. On établit en fait cette propriété pour une famille plus large de réels, appelés nombres de Liouville. Nous démontrons d’abord dans la question 1 que c est bien défini, puis dans la question 2 que c est irrationnel. 1. Convergence de la série définissant c En étudiant la convergence de la série, montrer l’existence de la constante de Liouville c = +∞ X 10−k! . k=0 2. Irrationnalité de c (a) Montrer que pour tout n ∈ N, +∞ X 10−k! 6 k=n+1 1 . 9 · 10(n+1)!−1 (b) Supposons qu’il existe deux entiers p et q tels que c = encadrant p10n! , trouver une contradiction. Conclure. p q. En remarquant que 10n! Sn est entier, et en 3. Inégalité des accroissements finis Soit (a, b) ∈ R2 tel que a < b. À l’aide d’une intégration, montrer que si f est une fonction dérivable sur un intervalle [a, b], de dérivée continue sur [a, b] et telle que |f ′ | est majorée par M , alors |f (b) − f (a)| 6 M |b − a|. Justifiez que cette expression est encore valable si b 6 a, l’inervalle considéré étant alors [b, a]. 4. Théorème de Liouville (approximation diophantienne) Le but de cette question est de démontrer le théorème de Liouville, s’énonçant ainsi : Théorème de Liouville. Soit α un nombre algébrique non rationnel. Alors un réel A > 0 et un entier il existe p A p d > 2, tels que pour tout nombre rationnel , ((p, q) ∈ Z × N∗ ), on ait : α − > d . q q q Ce théorème affirme que les nombres algébriques non rationnels sont « assez mal » approchés par des rationnels. Soit α un nombre algébrique, c’est-à-dire tel qu’il existe un polynôme P non nul à coefficients entiers vérifiant P (α) = 0. On suppose de plus que α n’est pas rationnel. On admettra dans cette question qu’une fonction continue sur un intervalle fermé borné est bornée. (a) Montrer qu’il existe un polynôme P non nul à coefficients entiers tel que P (α) = 0, de degré minimal dans l’ensemble de tous les polynômes non nuls vérifiant cette propriété. On se donne désormais un tel polynôme P et on note d son degré. 1 (b) Justifier que d > 2. (c) Montrer que P ne peut pas avoir de racine rationnelle. p (d) En déduire que pour tout (p, q) ∈ Z × N∗ , q d P > 1. q (e) À l’aide de l’inégalité des accroissements finis, l’existence d’un réel M > 0 tel que pour tout en déduire p p ∗ nombre rationnel ((p, q) ∈ Z × N ) tel que α − 6 1, on ait : q q α − p > 1 . q M qd 1 (f) En posant A = min 1, , montrer le théorème de Liouville. M 5. Transcendance de c On appelle nombre de Liouville un réel irrationnel x tel que : pn 1 ∀n ∈ N , ∃(pn , qn ) ∈ Z × (N \ {0, 1}) , x − 6 . qn (qn )n ∗ (a) À l’aide du théorème de Liouville, montrer qu’un nombre de Liouville n’est pas algébrique (on dit qu’il est transcendant). (b) En déduire que c est transcendant. Exercice 3 – (Premier pas vers la transcendance de e) Nous montrons dans cet exercice que e est irrationnel, puis nous montrons qu’il ne peut pas être racine d’un polynôme du second degré à coefficients rationnels. On admettra dans l’ensemble de cette exercice que pour tout x ∈ R, ex = +∞ n X x , n! n=0 cette série étant convergente pour toute valeur de x dans R. 1. Irrationnalité de e. (a) Montrer que pour tout q ∈ N∗ , +∞ X n=q+1 1 e 6 . n! (q + 1)! p (b) Supposons que e = , où p et q sont entiers. Quitte à prendre une fraction non irréductible, on peut supposer q que q + 1 > e. Montrer que : q q X p X 1 1 1 < < + . n! q n! q! n=0 n=0 (c) En multipliant par q!, trouver une contradiction et conclure. 2. Indépendance sur Q de 1, e et e2 Le but de cette question est de montrer qu’il n’existe pas de rationnels p, q et r non tous nuls tels que p+qe+re2 = 0. Pour cela, on raisonne par l’absurde, en supposant leur existence. (a) Montrer qu’il existe alors des entiers a, b et c non tous nuls tels que c = ae + be−1 , et que nécessairement, a et b sont non nuls. (b) Montrer que pour tout n ∈ N, il existe un réel dn tel que : c=a n n X X 1 (−1)k +b + dn , k! k! k=0 k=0 où |dn | 6 2 (|a| + |b|)e . (n + 1)! (c) Montrer que n!dn → 0, et en déduire que pour tout n assez grand, c=a n n X X 1 (−1)k +b k! k! k=0 k=0 (d) En déduire que pour tout n assez grand, a· 1 (−1)n+1 =b· . n! n! (e) Conclure. Exercice 4 – 1. Soit n ∈ N∗ . Montrer qu’il existe un unique réel A(n) de [0, 1] tel que cos(πA(n)) = √1 . n Le but de l’exercice est de montrer que le réel A(n), qu’on peut aussi écrire : 1 1 , A(n) = Arccos √ π n est irrationnel lorsque n est un entier impair supérieur ou égal à 3. On se fixe un entier n impair supérieur ou égal à 3, et on note, ϕn = πA(n). 2. (a) Montrer que pour tout k ∈ N∗ , et tout ϕ ∈ R, cos((k + 1)ϕ) = 2 cos(ϕ) cos(kϕ) − cos((k − 1)ϕ). (b) En déduire l’existence d’une suite (Ak )k∈N d’entiers tels que Ak ∀k ∈ N, cos(kϕn ) = √ k , ( n) et vérifier que (Ak ) satisfait à la relation : ∀k ∈ N∗ , Ak+1 = 2Ak − nAk−1 . (c) Montrer que n ne divise aucun des entiers Ak , k ∈ N. Aℓ 3. Montrer que si A(n) est rationnel, il existe un entier pair ℓ tel que √ ℓ = 1. En déduire que n divise Aℓ et ( n) conclure. 3