MERCREDI 15 MAI 2013 LE NOUVELLISTE jpr - jh 2 GRAND ANGLE THÉÂTRE Des résidents et éducateurs de l’institution de réhabilitation sociale interpréteront Le fameux Oin-Oin revit CHRISTINE SAVIOZ «Pensez à parler très fort. On va refaire la scène… Ne vous inquiétez pas, là, on se chauffe! C’est normal de ne pas être au point. Il reste encore des répétitions avant la première», lance Fabrice Bruchez, sur un ton rassurant, à deux résidentes de la Fondation Domus – institution valaisanne de réhabilitation psychosociale à Ardon et La Tzoumaz. Ces deux dames font partie de l’atelier théâtre de Radio suisse romande. «Nous avons décidé de prendre ces textes, car Oin-Oin est connu des résidents qui sont souvent des personnes d’âge mûr et se souviennent de ce personnage de leur jeunesse», explique Line Maye. Le format court des sketches permet également aux concepteurs du spectacle de se retourner en cas de refus d’un des participants à continuer l’aventure.«Ilfallaitquelespersonnes ne ressentent pas trop de pression et se sentent libres de jouer.» PRATIQUE DATES DES SPECTACLES Trois représentations publiques sont programmées: ç Samedi 25 mai à l’Espace Garance de la Fondation Domus à Ardon, 20 heures ç Dimanche 26 mai à l’Espace Garance de la Fondation Domus à Ardon, 17 heures ç Dimanche 28 mai sur la place Centrale de La Tzoumaz, 17 heures. Pas de réservation. Entrée libre. Oin-Oin est connu «de nos résidents qui sont L’INSTITUTION La Fondation Domus accueille des personnes victimes de troubles psychiques (56 personnes au maximum). Son but est la réhabilitation psychosolciale de ses résidents. Domus développe ses activités sur deux sites, à Ardon et à La Tzoumaz. Chaque site dispose d’un centre de jour et d’ateliers d’intégration professionnelle et thérapeutiques (menuiserie et bois de feu, animalerie et jardin, thérapie avec le cheval...). souvent d’âge mûr. Il leur rappelle leur jeunesse.» LINE MAYE ÉDUCATRICE la fondation et préparent ainsi un spectacle sur des sketches de Oin-Oin. La première aura lieu le 25 mai prochain (voir encadré). L’aboutissement d’une aventure de deux ans pour ces acteurs amateurs. Sans oublier la notion de plaisir. Un sentiment omniprésent chez tous les participants, en particulier chez les résidents. «J’adore jouer une autre personne sur scène. Cela me change les idées», souligne par exemple ses propos, il ne réussit pas à poser pour la photo sans tester des grimaces de star devant l’objectif. «C’est du Fabrice tout craché!», lancent alors les dames du groupe, visiblement sous le charme du comédien. «Regardez comme il porte bien le costume du capitaine à l’armée. Il a une taille de guêpe!», s’exclame une résidente juste avant la répétition d’un sketch de Oin-Oin à l’armée. est qu’on ne «sacheL’objectif pas qui est résident et qui ne l’est pas. Pour éviter la stigmatisation.» DOMINIQUE BOUSSON ÉDUCATRICE En ce mardi, c’est jour de répétition pour cinq résidents du lieu ainsi que deux éducatrices, Dominique Bousson et Line Maye, à la Fondation Domus à Ardon. Tous écoutent les conseils avisés de leur metteur en scène Fabrice Bruchez, également comédien professionnel. «J’espère que ça va aller et qu’on sera prêts pour la première. Là, on doit encore s’améliorer!», souligne l’une des résidentes, avec un peu d’inquiétude dans la voix. Oin-Oin, connu de tous Le spectacle se compose de sept sketches de Oin-Oin, le fameux personnage créé par Claude Blanc à la fin des années 50 sur la Appliqués et concentrés Martine, qui interprète tour à tour un médecin à l’hôpital et un psychiatre dans son cabinet. Gain de confiance en soi Au fil des répétitions, les résidents prennent confiance en eux. «Nous avions peur que certains n’osent pas monter sur scène en raison de leur timidité, et aujourd’hui, ils commencent même à improviser. On voit une sacrée évolution depuis le début», se réjouit Line Maye. A l’inverse, les résidents qui, d’habitude,prennentbeaucoupdeplace pour exister, apprennent à écouter les autres. A trouver leur place. Le respect s’installe alors entre les différents participants, qu’ils soient résidents de Domus ou Les comédiens et leur metteur en scène finalisent les derniers détails pour être prêts le jour de la première, le samedi 25 mai prochain. LE NOUVELLISTE éducateurs. «L’objectif final est que le public ne voie pas qui est qui. Nous souhaitons réaliser un groupe et qu’il n’y ait pas de stigmatisation», ajoute Dominique Bousson. Tout le monde est au même niveau. La preuve, même le comédien professionnel Fa- = L’AVIS DE MARTINE RÉSIDENTE DE LA FONDATION DOMUS brice Bruchez oublie son texte pendant les répétitions. «Je crois que je suis celui qui le sait le moins bien de l’équipe», confie-t-il en souriant, presque honteux. Entre le professionnel et les amateurs, le courant passe plutôt bien. Sans doute grâce à l’hu- mour, un élément inhérent à cet atelier théâtre. Le rire fait partie intégrante des répétitions, même s’il retarde parfois un peu la mise en place d’un sketch. «C’est impossible de faire ce genre d’activités sans humour», note Fabrice Bruchez. Comme pour confirmer Derniers instants d’aparté avant de se concentrer sur les répliques. Car les participants tiennent à rendre leurs interprétations crédibles. «Connaissant les résidents hors de l’atelier théâtre, je me suis aperçue que certains, quiontdela peineà êtreconcentrés dans la vie quotidienne, sont au contraire extrêmement attentifs et très présents pendant les répétitions», ajoute Line Maye. Patiemment, les acteurs jouent et rejouent les scènes. S’améliorent. Affinent leurs gestes. Affûtent leur mémoire des répliques. Ajustent le rythme. Peu à peu, ils avancent sur scène et trouvent leur place dans la vie. = L’AVIS DE «Cela m’amène beaucoup de satisfactions» «Le théâtre me permet de me dépasser» Très à l’aise sur scène, Martine est plus réservée dans la vie quotidienne. Mais dès qu’elle parle théâtre, elle retrouve l’envie de parler de cette activité, une passion pour elle. «Suivre l’atelier de théâtre m’amène beaucoup de satisfactions. Je peux jouer, rigoler, être dans un autre monde. Quand je suis sur scène, j’oublie que je suis Martine dans la vie. Je suis totalement dans le personnage que j’interprète.» Perfectionniste, Martine a répété son texte mille et une fois dans Plutôt timide et discrète dans la vie quotidienne, Doris se métamorphose sur scène. Elle ose se jeter à l’eau et interpréter son personnage à fond. «Le théâtre me change les idées. J’aime jouer plusieurs rôles, être quelqu’un d’autre pendant un sketch, m’exprimer sur scène», explique-t-elle. Cette résidente de Domus ajoute que le théâtre lui permet de se dépasser. «Quand je réussis à bien jouer un personnage, c’est une grande satisfaction.» sa chambre pour le savoir sur le bout des doigts. «Je ne répétais quand même pas devant la glace, mais j’ai passé des heures à apprendre le texte par cœur. Même si ce n’est pas toujours facile.» Dans les sketches de Oin-Oin, Martine a particulièrement du plaisir à jouer un docteur à l’hôpital. «Le Dr Koller est mon rôle préféré. Je me sens bien dans ce personnage. Mais j’adore tous les sketches de Oin-Oin; ça me rappelle ma jeunesse...» CSa DORIS RÉSIDENTE DE DOMUS Doris, qui tente l’expérience du théâtre pour la première fois de sa vie, est également comblée quand elle entend les rires du public. «Pour l’instant, nous avons joué devant peu de personnes; je ne sais pas comment cela va se passer quand il y aura beaucoup de spectateurs. Sans doute que ça va me faire bizarre.» Même si, avoue-t-elle, elle se plonge à 100% dans la vie du personnage qu’elle joue. «Je ne vois plus les gens une fois que j’entre sur scène.» CSa GRAND ANGLE 3 des sketches du mythique personnage de l’humour romand. En public. à la Fondation Domus Les résidents, les éducateurs et le comédien professionnel forment un groupe uni sur scène. Tous jouent sans complexe les différents rôles, et, visiblement, y prennent du plaisir. LE NOUVELLISTE L’aboutissement d’une année de travail Le spectacle comportant les sketches de Oin-Oin n’est que la pointe de l’iceberg du travail fourni par les participants depuis un an. C’est le fruit de leurs activités à l’atelier théâtre. L’aboutissement aussi de plusieurs étapes menées au fil des mois. Ainsi les résidents ont-ils d’abord effectué des exercices individuels et en groupes pour se familiariser avec le théâtre. Une manière déjà de renforcer la cohésion du groupe. Libres de participer Puis, place au choix et à la mise en scène du spectacle. Une fois les sketches de Oin-Oin dévoilés, les résidents ont pu choisir quels rôles ils désiraient interpréter. Dans chaque sketch, une éducatrice ou le metteur en scène est présent dans le jeu. «Cela rassure « FABRICE BRUCHEZ COMÉDIEN PROFESSIONNEL ET METTEUR EN SCÈNE beaucoup les résidents, au cas où ils ne savent plus une réplique», souligne Line Maye, l’une des deux éducatrices du projet. Autre atout de ce projet pour les participants: ils avaient à tout moment la possibilité de se rétracter en cours de répétitions. «Devoir jouer devant un public est déstabilisant et anxiogène. Le fait de savoir qu’on peut renoncer à COMMENTAIRE en scène du spectacle, ne les contredira pas. «Je ne suis pas éducateur, mais je vois évoluer les participants de jour en jour dans les répétitions. Ils écoutent beaucoup et osent petit à petit parler plus fort sur scène, regarder les gens en face. C’est gratifiant», souligne-t-il. Mécanicien devenu comédien professionnel, Fabrice Bruchez avoue être arrivé au sein de la Fondation Domus «un peu par hasard». «J’ai demandé si je pouvais faire un stage de quelques jours au foyer de Salvan (ndlr.: qui a ensuite déménagé à Ardon)». Le comédien a ensuite proposé d’animer un stage de théâtre pour les résidents. «L’idée a été bien reçue. Tout s’est alors enchaîné. Nous avons créé un spectacle en décembre 2009. A partir de là, on m’a à nouveau sollicité et voilà...» CSa Je vois évoluer les résidents de répétition en répétition. C’est gratifiant!» monter sur scène diminue donc l’angoisse», ajoute l’éducatrice. Le fait que les résidents se produisent devant un public est également très constructif pour eux. «C’est valorisant, car cela leur montre qu’ils sont capables de s’inscrire dans une démarche de réussite», ajoutent les éducatrices. Fabrice Bruchez, le comédien professionnel qui assure la mise Ces mots qui soignent les maux CHRISTINE SAVIOZ les entendent qu’elles ont «drôlement bien joué». C’est pourtant la vérité. Pas de faux-semblants ni de remarques lancées juste «pour faire plaisir». Le théâtre se fait révélateur de personnalités; il est un atout incroyable pour créer le lien social et permettre à tous les acteurs de se trouver au même niveau. Osons le mot, le théâtre fait bel et bien office de «thérapie». Il va bien au-delà de tous les maux et réconcilie avec la vie. «Pratiquer le théâtre, c’est apprendre à parler l’être humain, comme on apprend à parler une langue vivante, en s’y immergeant...», souligne l’une des éducatrices de Domus, en citant le comédien français Philippe Torreton. Ce sont les acteurs qui en parlent le mieux. Ils sont tous timides en me saluant. Ils semblent même un peu gênés qu’une journaliste assiste à leur répétition du jour. Ils disent ne pas se sentir encore à la hauteur. Certains n’osent pas vraiment parler, ni se raconter. Après quelques minutes d’échanges sur la semaine écoulée, les premiers résidents-comédiens montent sur scène. La peur au ventre, ne peuvent-ils s’empêcher de me confier. Les lumières de la salle s’éteignent. Celles de la scène s’allument. Et la magie s’installe. Les personnes les plus timides jouent leur rôle à la perfection. Elles sont plus vraies que nature. Métamorphosées. Lumineuses. Dès leur retour dans la salle, elles retrouvent leur timidité. Mais ne peuvent cacher leur joie quand el- PUBLICITÉ PROMO VALABLE DU 13 AU 18 MAI Côtelettes de Porc entremêlées, 10 pièce Catalogue en ligne (PDF) Fendant 50 23. KG <wm>10CAsNsjY0MDAy0jU0tTA3NQcAufSYQg8AAAA=</wm> -26% 50 25. 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