Pr. A. Chafi Formation GIZC • Qu’est-ce que l’écotoxicologie ? • Ecotoxicologie: Science dont l’objet est l’étude des modalités de contamination de l’environnement par les agents polluants naturels ou artificiels produits par l’activité humaine ainsi que de leur mécanismes d’action et de leurs effets sur l’ensemble des êtres vivants qui peuplent la biosphère • Qu’est ce qu’une pollution? Polluant = toute substance naturelle ou d’origine anthropique que l’homme introduit dans un biotope donné dont elle était absente ou encore dont il modifie ou augmente la teneur (dans l’eau, l’air ou les sols selon le biotope) lorsqu’elle y est spontanément présente. Peut agir comme un polluant: Toute modification d’un processus physique qui conduit à accroître les flux d’énergie ou les niveaux de radiation dans l’environnement, Espèce allochtone introduite dans un écosystème éloigné de son aire d’origine Caulerpa taxifolia: une espèce allochtone en Méditerranée Produits d´origine anthropique arrivant en Mer Marées Noires Armement et munitions diverses Déchets en provenances de bateaux Déchets industriels et nucléaires Epaves Stations de forage pétrolier Précipitations atmosphériques (métaux lourds et hydrocarbures) Déchets industriels Déchets urbains et routiers Eaux d’égouts Gaz d’échappement via atmosphère Engrais et pesticides Eaux de refroidissement Produits d´origine anthropique arrivant en Mer Déchets dégradables, essentiellement du matériel organique sujet aux attaques bactériennes et à certains processus oxidatifs Fertilisants: nitrates et phosphates Déchets stables comme les métaux lourds et les halogénés Déchets solides généralement inertes Mer = Réceptacle final de toute pollution Transfert des polluants et contamination de la biomasse Un produit phytosanitaire: est un produit contenant une ou plusieurs substances chimiques ou microorganismes, destiné à protéger ou améliorer la production agricole, ainsi qu'à l'entretien des zones non cultivées. Les pesticides sont des substances chimiques naturelles ou synthétisés utilisées par l’homme pour lutter contre les ravageurs Effets sur la biocénose ; Toxicité à un large spectre d’action ; Utilisés contre des populations (effets démoécologiques) Persistance dans le sol (les organochlorés) La contamination des divers milieux par les agents polluants va se traduire par leur transfert dans les êtres vivants. Influence de la dégradabilité Composés biodégradables : Les microorganismes, bactéries édaphiques ou aquatiques jouent un rôle actif dans cette décomposition. Composés non dégradables : Persistance dans les écosystèmes va favoriser leur passage dans les chaînes alimentaires. Temps de demi-vie • Temps nécessaire pour que la moitié d’une quantité ou d’une concentration d’un polluant disparaisse du biotope ou d’un organisme qu’il contamine Polluant Temps de demi-vie DDT Lindane Parathion Malathion 15 ans 2 ans 130 jours 11 jours Durée moyenne de demi-vie du DDT dans les eaux naturelles est estimée à une dizaine d’années, celle de la Dieldrine à plus de 20 ans. Proportion d’insecticides organochlorés dans les sols plus de 14 ans après un traitement Chaîne alimentaire: Une chaîne alimentaire peut être représentée sous forme d’une pyramide dite trophique : d’un niveau à l’autre, la biomasse de chaque compartiment de la pyramide diminue fortement du fait des pertes énergétiques. En présence de concentreurs biologiques dans les biocénoses, la plupart des êtres vivants peuvent absorber les contaminants présents dans l’environnement et les concentrer dans leur organisme. Au premier niveau trophique : Les végétaux : phytoplancton en milieu aquatique ; Plantes oléagineuses en milieu terrestre peuvent retenir des taux assez élevés de composés organohalogènes très lipophiles. Le plancton : le phytoplancton présente une étonnante capacité d’accumulation des composés organohalogènés. Les maillons sup des chaînes trophiques : Les oligochètes lombriciens : organochlorés du sol ; Les mollusques bivalves ; Les poissons. Les oiseaux L’homme Incorporation des insecticides à la biomasse A l’intérieur des écosystèmes terrestres, les insecticides vont être incorporés à la biomasse. En effet, ils vont passer du sol dans les végétaux puis dans l’ensemble du réseau trophique de consommateurs selon le schéma : Sol Herbivore Carnivore 1 Carnivore 2 Notions fondamentales en écotoxicologie • Bioconcentration : accroissement direct de concentration d’un polluant lorsqu’il passe de l’eau dans un organisme aquatique, de l’air ou des sols dans les plantes terrestres par pénétration transfoliaire et/ou transradiculaire et dans les animaux terrestres par inhalation • Bioaccumulation : somme des absorptions d’un polluant par voie directe et alimentaire par les espèces animales aquatiques ou terrestres • Bioamplification : phénomène par lequel une substance naturelle ou un contaminant présent dans un biotope connaît un accroissement de sa concentration au fur et à mesure qu ’il circule vers les maillons supérieurs d ’un réseau trophique • facteur de concentration : rapport de la concentration d’un polluant dans un organisme à sa concentration dans le biotope Fc = [substance]organisme/ [substance]eau ou sol • facteur de transfert : rapport de la concentration d’un polluant dans un prédateur à sa concentration sa proie (>1 lors de bioamplification) Ft = [substance]organisme/ [substance]organisme niveau inférieur Pyramides des concentrations dans les réseaux trophiques On va assister à un phénomène de bioconcentration dans les êtres vivants, l’insecticide passant ensuite d’un maillon à l’autre par le jeu des relations trophiques. Dans le cas des insecticides persistants, on peut même assister à des phénomènes de bioamplification, ici la concentration de l’insecticide dans ces organismes va s’accroître quand on s’élève dans la pyramide trophique. Dieldrine ou de l’aldrine dans la chaîne trophique suivante : sol débris végétaux niveau trophique I vers de terre II crapaud III Serpent IV Aspect inversé des pyramides écologiques dans le cas d’un polluant non biodégradable (DDT) Bioamplification d’un insecticide (DDD) dans le réseau trophique du Clear Lake (Californie) • Prolifération d’un moucheron (Chaoborus astictopus) • Pulvérisation régulière de DDD entre 1949 et 1957 • Accumulation du DDD dans la chaîne trophique lacustre, depuis le phytoplancton jusqu’au grèbes. • Conséquence : réduction notable de la population de grèbes (de 3.000 à 60 oiseaux, la plupart stériles) Impact sur la biocénose: • Les insectivores et autres espèces aviennes sont aussi victimes de mortalités liées à l’usage des insecticides. • les oiseaux insectivores et prédateurs (rapaces ou piscivores) sont soumis à des risques de mortalité liés aux perturbations «biocénotiques» induites par les pesticides. Outre les risques d’empoisonnement liés à la contamination de leur nourriture. • Dans les milieux aquatiques, les insecticides présentent souvent une toxicité aiguë élevée non seulement pour les arthropodes et autres invertébrés dulçaquicoles mais aussi pour les poissons. • Les échecs de reproduction des oiseaux contaminés par des insecticides organochlorés ont plusieurs causes. La première tient en une diminution de la fécondité, les femelles contaminées pondant moins d’oeufs tandis que les mâles présentent des déficiences de spermatogenèse. En outre les oeufs pondus par les femelles contaminées présentent une coquille peu ou pas calcifiée dans les cas extrêmes de sorte que ces oeufs sont écrasés par les adultes pendant la couvaison. Dans le cas des intoxications à long terme, les principaux effets physiopathologiques des insecticides se traduisent par des effets comportementaux déjà évoqués liés aux troubles neuropsychiques induits et surtout par diverses perturbations neuroendocrines. Ces dernières sont en particulier responsables des anomalies observées dans la croissance et le cycle vital des espèces exposées. Elles sont aussi la cause de graves dysfonctionnements de l’appareil reproducteur. Comme les insecticides actuels sont dans leur immense majorité des substances neurotropes, ils se fixent plus particulièrement dans le cerveau et autres centres nerveux majeurs (chez les invertébrés p.e.). Chez les vertébrés, il va s’ensuivre une perturbation de l’axe hypothalamo-hypophysaire d’où effets défavorables se traduisant par une diminution de la sécrétion des hormones sexuelles par les gonades, induisant divers troubles de la reproduction et chez les oiseaux de la couvaison Impact sur l’homme: Les insecticides sont susceptibles de subir une bioconcentration voire une bioamplification dans les chaînes trophiques de l’homme. les êtres humains sont des consommateurs à l'intérieur de la chaîne trophique . De plus, les êtres humains sont au sommet de plusieurs chaînes alimentaires, du fait que l'être humain a un régime varié qui est composé d'aliments de tous les niveaux de la chaîne. Toutefois, les préoccupations concernant les effets à long terme chez l'être humain d'une exposition à de faibles concentrations de polluants. Ainsi, avec les composés organochlorés on a pu relever ce phénomène dans la chaîne alimentaire suivante : lait sol herbages bovins viande femme (homme) lait lait, beurre, viande : de 0,5 à 2 pg/g de matière grasse Application d’insecticides lait individuel de 0,5 à 30 pg/g de matière grasse herbe de 1 à 50 pg/g de matière sèche lait maternel de 20 à 30 pg/g de matière grasse de 1 à 2 pg/kg de poids corporel nourrisson de 150 à 400 pg/kg de poids corporel (dose quotidienne absorbée) Toxicité • Tests de toxicité aiguë et sub-aiguë Effets sur l’organisme Relation dose-réponse Effet maximal Effet croissant Pas d’effet Dose croissante Mesure de la Toxicité DL50 Effets létaux – CL50 et DL50 • La CL50 est définie comme la “concentration létale” càd la concentration d’un polluant toxique de l’air ou des eaux provoquant 50% de mortalité dans une population exposée à ce dernier pendant une période de temps fixée, généralement entre 24 et 96h. • La DL50 est définie comme étant la dose létale. C’est la dose provoquant la mort de 50% des organismes exposés au bout d’une période de temps fixée, généralement entre 24 et 96h. Dans ce cas, le produit toxique est directement administré via l’alimentation ou par injection. Effets des polluants Déformations squelettiques des poissons pêchés dans le sud de la Mer du Nord : cas du turbot (action des hydrocarbures et métaux lourds)