AL HOCEIMA - MAROC SEISME DU 24 FEVRIER 2004 RAPPORT

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AL HOCEIMA - MAROC
SEISME DU 24 FEVRIER 2004
RAPPORT D’INTERVENTION
AU 13 MARS 2004
Architectes de l’urgence
Emergency Architects
Siège : 9 rue Borromée , 75015 Paris
Tél 00 33 (0)1 56 58 67 27
Administration / Logistique :
15 rue Marc Sangnier, 80000 Amiens
Tél : 00 33 (0)3 22 80 00 60
[email protected]
www.archi-urgent.com
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SOMMAIRE
1 – DONNES DU SEISME DE LA REGION D’AL HOCEIMA ............... 3 - 4
2 – DEROULEMENT DE L’INTERVENTION
A – Mission d’évaluation :
a - Analyse de la zone touchée ......................................................... 5 - 11
b - Premiers éléments de diagnostic ............................................... 12 - 15
c - Actions à mener d’urgence ......................................................... 16 - 17
B – Phase opérationnelle :
a - Mise en place du mode opératoire ............................................ 18 - 19
b - Organisation des équipes ........................................................... 20 - 28
C – Premiers résultats
a - Diagnostic technique ................................................................... 29 - 46
b - Données statistiques ................................................................... 47 - 49
3 – RETOUR DES EQUIPES ET BILANS PROVISOIRES
A – Poursuite de l’opération .............................................................
B – Prémices du débat sur la reconstruction ..................................
C – Rôle et position des Architectes ..............................................
D – Perception de l’intervention .......................................................
E – Presse ..........................................................................................
F – Remerciements ...........................................................................
50
51
52
52 - 53
54 - 56
57
ANNEXES
Annexe 1 – Rapports journaliers ...................................................... 59 - 72
Annexe 2 – Liste des intervenants ................................................... 73 - 75
Architectes de l’urgence / Emergency Architects
Rapport d’intervention – Séisme Maroc 24/02/04
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1 – DONNEES DU SEISME DE LA REGION D’AL HOCEIMA
Localisation du séisme
Le mardi 24 février à 2h27 mn heure locale, un séisme de magnitude 6,3 frappe la
région d’Al Hoceima surprenant les habitants dans leur sommeil. L’épicentre est situé
à une trentaine de kilomètres au sud ouest d’Al Hoceima dans la zone montagneuse
du rif à 8 km de profondeur. L’axe de pression correspond à une direction NNW-SSE
direction de rapprochement des plaques tectoniques Afrique-Europe.
Depuis cette nuit du 24, les habitants des villes d’Al Hoceima, d’Imzouren et des
villages de la zone touchée par le sinistre Ait Kamra, Tamassinte, Bni Bouayache, Ait
Hachem, Imrabtine et Idardouchene n’ont pu regagner leurs habitations, condamnés
à dormir sous des abris de fortune ou dans des tentes.
Les répliques se suivent, les habitants désertent leurs habitations pour se réfugier
dans des tentes dressées sur les espaces publics, places, stades.
Le bilan au 28 février est de 571 morts, 405 blessés, et des milliers de sans abris.
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Cartographie des zones sinistrées autour d’Al Hoceima
Cette région du Maroc était déjà connue pour son caractère sismique, en effet, un
premier tremblement de terre d’une magnitude de 6 sur l’échelle de Richter s’était
déjà produit en 1994 faisant deux victimes et des dégâts moins importants que celuici. Le caractère tragique de ce dernier vient non seulement de son intensité mais
également du fait que les habitants ont été pris dans leur sommeil, les familles
entières étaient regroupées dans les maisons.
"Nous dormions quand la terre a bougé. Il était alors 2 h 28 du matin. Un bruit
assourdissant s'est produit. Les maisons tombaient. Tout y est passé, les anciennes
comme les nouvelles bâtisses, raconte un habitant d'Imzouren, cité par le quotidien
marocain L'Economiste. Le courant électrique a été coupé. Les gens sont sortis dans
les rues, pieds nus, en pyjama. (...) Ils se dirigeaient vers Sahl Makkour, une plaine
où il n'y avait pas beaucoup de bâtiments. La terre a tremblé plusieurs fois. Nous
avions l'impression qu'à tout moment, elle allait nous engloutir."
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2 – DEROULEMENT DE L’INTERVENTION
A – Mission d’évaluation
A l’annonce du séisme, les architectes de l’urgence prennent aussitôt contact avec
les autorités marocaines pour proposer leur intervention. Ils entrent également en
relation avec l’Ordre National des Architectes du Maroc pour les avertir de leur venue
et de leur souhait de les associer à cette intervention. Ces différentes demandes sont
accueillies favorablement et vont permettre d’engager un début de travail en
commun.
Le 25 février une équipe de deux architectes de l’urgence arrive sur les lieux du
sinistre. Aidés d’architectes marocains spécialement venus pour la circonstance, ils
vont rapidement quadriller la zone et évaluer l’ampleur des dégâts.
a – Analyse de la zone affectée
L’objectif de cette première équipe consiste à cerner les limites de la zone touchée, à
repérer les priorités et à aboutir à une première vision globale de la catastrophe. A
l’issue de cette journée, la multiplication des déplacements et des constats permet de
dresser une première carte évaluant le territoire affecté.
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La zone touchée est vaste, elle s’étend sur 40km de large depuis le littoral urbanisé
jusqu’à environ 60km vers le Sud/Est dans les montagnes du rif marocain.
Après une journée sur le terrain, la première délégation d’architectes envoyée sur
place dès le 25 février 2004 a constaté les points suivants :
- Dans les villes de Imzouren, Beni Bou Iyach et Ajdir les dégâts sont très
localisés : plusieurs immeubles sont très fortement endommagés voire totalement
détruits mais la majorité des constructions a subi des dégâts moyennement
importants
- A Al Hoceima les dégâts sont plus légers
- Sur l’axe Ait-kamra , Had Rouadi jusqu’a Bouhm les zones rurales, constituées
en majorité d’habitat isolé et difficilement accessible, sont de loin les plus
touchées.
Dans les 3 cas, les populations sont très affectées. Même dans les zones peu
touchées, à Al Hoceima par exemple, les gens ont soit quitté la ville, soit dorment
dehors depuis 3 jours dans leur véhicule ou dans des abris de fortune , la plupart ne
réintègrent pas leur logement .
Ce premier constat ponctuel permet donc de préparer l’intervention, définissant les
problématiques et évaluant les moyens à mettre en œuvre. Il apparaît très
rapidement l’émergence de deux axes d’intervention nécessitant des moyens et des
méthodes distinctes :
-
Milieu urbain : Accès facile, repérage aisé, dégâts identifiables
-
Milieu rural : Accès souvent difficile, cartographie inexistante, impossibilité
d’un diagnostic exhaustif rapide
Cette évaluation est complétée par des images satellites et permet de dresser une
première base de donnée photographique des zones concernées.
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Repérage zones urbaines
Image satellite d’Al Hoceima avant le séisme
Image satellite d’Al Hoceima après le séisme
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Repérage en zones urbaines
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Repérage en zones rurales
Village d’ Izemourène
En rouge, les zones touchées par le séisme
Village de Aït Kamara, épicentre du séisme,
à environ 15 Km d’Al Hoceima
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Repérage en zones rurales
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Repérage en zones rurales
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b - Premiers éléments de diagnostic en milieu rural
Les premières visites permettent d’établir un premier état des lieux concernant les
habitations touchées, elles semblent principalement localisées sur une ligne NordOuest Sud-Est.
Les communes (« douar ») concernées sont (d’Ouest en Est) :
§
§
§
§
Arhbâl Tagensa Gounouria Izbârîyene
Boûhem Aït Dâ oued Iboûnhârene
Idardoûchen L’âyadene
Aït Aziz
D’autres Zones isolées ont été repérées :
§
§
§
Au Nord-Ouest, de Izmouren à Tâfensa
Au Nord-Est, aux alentours de l’aéroport (plaine marécageuse)
Au Sud-Ouest, aux alentours de Beni Abdellah
- Typologie de l’habitat
Elle est sensiblement la même dans toutes ces régions, et varie légèrement en
fonction du degré de richesse des familles et en fonction du relief.
Il s’agit de maisons carrées à patio central autour duquel sont distribuées les pièces
d’habitation, la cuisine et souvent une pièce pour les animaux. A proximité des
maisons nous trouvons généralement une étable et des fours en terre cuite .
- Principales techniques utilisées
Murs porteurs en moellons maçonnés au mortier de terre, toitures terrasses en
rondins de bois (diamètre 10 à 15 cm) espacés de 50 cm, recouverts d’un lit de
roseau puis d’une couche de terre damée (20 à 30 cm) et entourées d’une légère
acrotère.
Certaines maisons, en particulier les plus récentes, ont des poutrelles en brique (sur
les mêmes murs en moellons) ou en briques armées (cas rencontré dans une seule
des régions).
Très ponctuellement certaines maisons ont une dalle béton en toiture et certaines
constructions (maison plus riche ou mosquée) sont en ossature poteaux-poutres en
béton et remplissage en moellons.
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Les dépendances (animaux, réserves) sont toujours construites en briques d’adobe
appareillées au mortier de terre avec toiture terrasse en rondins de bois comme pour
les maisons.
- Principaux types de désordres rencontrés
Les murs étant souvent appareillés en deux rangées de pierres posées côte à côte et
non croisées, le mur se sépare en deux parties dans le sens de l’épaisseur.
Les murs sur lesquels sont posés les solives ont tendance à mieux rester en place,
alors que les autres tombent systématiquement.
La destruction est accentuée lorsque les murs de refend ne sont pas liés
(maçonnerie croisée) aux murs de pourtour, les angles ainsi que des pans entiers se
sont effondrés.
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Toutes les parties en ossature bois (poteaux et poutres) semblent avoir mieux
résisté.
Les constructions en briques d’adobe (pièces annexes) ont généralement mieux tenu
même si de nombreuses fissures sont visibles.
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Les constructions mixtes moellons et poutrelles brique ou dalles béton n’ont pas
mieux résisté, souvent moins bien, et elles ont été bien plus meurtrières.
L’analyse qui permettra de définir des directives pour la reconstruction prendra en
compte les données typologiques, sociologiques, les matériaux disponibles
localement et le savoir faire des habitants.
D’autre part, les observations techniques et le diagnostic post-sismique sur le terrain
confrontés à l’analyse des ingénieurs ainsi que la comparaison avec des cas
similaires rencontrés dans d’autres pays du monde, nous permettrons de définir un
ou plusieurs modes de construction adaptés au contexte et parfaitement résistant
aux tremblements de terre.
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c – Actions à mener d’urgence.
Les différentes interventions des Architectes de l’Urgence ont permis de définir une
ligne d’intervention claire :
Le rôle des architectes « urgentistes » est d’apporter leur aide à différents
niveaux pour permettre aux populations sinistrées de reprendre le cours
normal de leur vie , en soutenant les populations à la fois sur un plan
psychologique et sur un plan technique et en aidant les autorités locales à
l’identification et au recensement des besoins.
Cependant, chaque situation demande une part d’improvisation et d’adaptation, les
problématiques différent, les techniques également tout comme la nature de la
catastrophe qui s’est abattue sur la région. Les premières heures de la mission sont
pour cela essentielles, une analyse rapide des données permet d’établir une
stratégie d’intervention adaptée et de mettre en place les moyens nécessaires. Le
savoir faire accumulé offre une base de travail, elle est complétée, modifiée et
adaptée en fonction de la situation.
C’est ainsi que nous parvenons à établir des directions principales :
Dans les zones urbaines Imzouren, Beni Bou Iyach et Ajdir :
1. Mise en sécurité
§
§
§
Organiser des abris sous tente suffisamment éloignées des bâtiments,
Protéger par des rubans de sécurité les zones à risque.
Classifier les bâtiments sinistrés en marquant chaque bâtiment selon un
code de couleur (vert : sans danger, orange : nécessite une expertise
détaillée et des prescription pour le renforcement,
rouge : dangereux)
selon leur état de dégradation pour déterminer si ils peuvent ou non être
réintégrés
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§
Traiter en priorité les infrastructures et les équipements de secours et de
santé ( dispensaires pharmacies ), puis les écoles et collèges et les
administrations.
2. Assistance à la reconstruction
§
§
Etablir un diagnostic systématique des bâtiments sinistrés par quadrillage,
rue par rue, quartier par quartier, et repérage sur des cartes de restitution
actualisées
Définir les prescriptions techniques pour la rénovation (fissures etc) , la
réhabilitation (renforts, chemisages etc..) et pour la reconstruction.
Dans les zones rurales :
1. Mise en sécurité :
§
§
§
Fournir à chaque famille le minimum nécessaire pour réaliser un abri
provisoire étanche (tentes ou bâches plastic au minimum)
Quantifier les besoins immédiats
Evaluer les dégâts au cas par cas pour déterminer si les constructions
peuvent ou non être réintégrées
2. Assistance à la reconstruction :
§
Etablir une stratégie de soutien à l’auto-construction en favorisant l’utilisation
de matériaux disponibles localement selon des prescriptions techniques
parasismiques (voir les réponses données dans une situation similaire en
Afghanistan lors du séisme de Nahrin)
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B – Phase opérationnelle
a - Mise en place du mode opératoire
Les Architectes de l’urgence n’ont pas vocation à régler seuls les états d’urgence
dans lesquels ils interviennent, au contraire, toute la réussite des interventions
dépend d’une bonne attribution des rôles, de la collaboration active avec les autorités
locales ainsi qu’avec l’Ordre des Architectes du pays. Il s’agit de fédérer des équipes
autour d’un objectif commun, de fournir des directions claires, des outils d’évaluation
ainsi que de former les Architectes au type de sinistre rencontré.
L’ensemble de la Mission s’effectuera donc en étroite collaboration avec l’Ordre des
Architectes du Maroc ainsi qu’avec l’Agence Urbaine d’Al Hoceima, nous installons
d’ailleurs notre cellule de crise dans leurs locaux.
Les propositions que nous soumettons aux responsables marocains sont validées et
répartissent les rôles de la manière suivante :
-
-
Organisation et logistique : Les Architectes de l’Urgence sont chargés
d’organiser les équipes, de leur affecter des zones d’intervention, de
préparer le matériel, d’adapter les fiches et les outils d’analyse.
Equipes sur le terrain : Des équipes mixtes Marocains / Architectes de
l’Urgence sont constituées, une formation sur place aux techniques de
l’association est effectuée.
-
Cartographie : Des cartographes de l’Agence Urbaine de Taza se
chargent de collecter une base de donnée cartographique de la région.
-
Saisie et statistiques : Une équipe de quatre marocains se constitue, elle
sera chargée de la saisie informatique des fiches et de transmettre des
résultats quotidiens aux différents intervenants.
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b – Appels à mobilisation
Le territoire endommagé par le séisme est très vaste, il est rapidement apparu que
les moyens humains à mettre en œuvre pour ratisser l’ensemble de la zone seraient
très importants. Dès les premiers jours suivant la catastrophe, l’information a circulé
dans le pays de la présence d’une équipe d’architectes rendant secours aux
populations sinistrées, des bonnes volontés se sont manifestées assez largement.
Deux difficultés apparaissent dans ce type de situation :
- Gérer l’arrivage de groupes de volontaires et pouvoir leur affecter
rapidement une tâche.
- Poursuivre la mobilisation sur le long terme, le premier élan de solidarité
passé, les effectifs peuvent diminuer.
Pour cela, il a été lancé par l’Ordre des Architectes du Maroc un appel à mobilisation
à l’ensemble des Architectes marocains. Chaque conseil régional a mis en place un
système de roulement, les équipes se relayant à intervalles réguliers ce qui a permis
de disposer d’effectifs relativement stables. Le concours des étudiants de l’Ecole
Nationale d’Architecture a été également sollicité.
Il convient de noter l’arrivée rapide sur place des membres de la section Algérie des
Architectes de l’Urgence qui ont pu apporter leur savoir faire et leur expérience à
leurs voisins marocains.
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c – Organisation et travail des équipes
Un des objectifs principaux de l’association est de pouvoir analyser des données très
rapidement, ce qui permet une transmission immédiate des éléments en cours de
constitution. Dans ce but, dès le premier jour de l’intervention des équipes se sont
rendues sur le terrain pour collecter les informations, le travail d’organisation
s’effectuant en parallèle.
Chaque matin a lieu une réunion, une liste d’équipes était établie, des zones
d’intervention affectées et le matériel distribué. Une explication des règles
élémentaires de notre mission est exposée avec des recommandations particulières
quotidiennes.
Nous fournissons aux binômes les éléments suivants :
- Cartes de la ville ou de la zone rurale concernée
- Photocopies des fiches (urbaines ou rurales)
- Appareils photographiques
- GPS (zone rurale)
- Talkies-walkies (zone rurale)
- Blousons « Emergency Architects »
- Bandes de balisage (zones urbaines)
- Badges
Un système de transport est organisé en fonction des véhicules disponibles.
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A noter que les équipes sont constituées en fonction de plusieurs critères, pour une
meilleure efficacité et complémentarité, nous essayons de mettre en place des
équipes mixtes selon les critères suivants :
- Présence d’au moins un arabophone (ou parlant berbère) dans un binôme.
- Accompagnement des nouveaux venus par des architectes ayant déjà été
formés.
- Présence d’un architecte ayant travaillé sur la zone la veille pour quadriller
l’ensemble de la zone sans effectuer de doublons.
- Certains ingénieurs se sont associés à notre travail, constitutions d’équipes
mixtes architectes / ingénieurs, en particulier en milieu urbain
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Equipes en milieu urbain
Chaque équipe est invitée à quadriller des secteurs définis au préalable, à repérer
sur les plans fournis.
Plan de secteurs de la ville d’Imzourène (état d’avancement au 8 Mars)
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L’élaboration du niveau de dommages des éléments de construction s’appuie
sur 5 niveaux de critères. En fonction des critères, une couleur est attribuée :
VERT : pour les constructions ayant subi des dommages mais pouvant être
occupés immédiatement par les sinistrés,
ORANGE : Pour les constructions ayant subi des dommages et nécessitant
une deuxième expertise approfondie qui permettra de décider si les
constructions peuvent ou non être récupérées,
ROUGE : Pour les constructions ayant subi des dommages et considérés à
condamner.
Niveau des dommages :
1 = Pas de dommages, à l’exception du mobilier intérieur
2 = Dommages légers (fissures des cloisons intérieures, fissures des plafonds,
dommage non structurel, problème de canalisations, eau, électricité. .)
3 = Dommages modérés (dommages importants pour les parties structurales,
système porteur, voiles, ossatures avec remplissage …).
4 = Dommages importants (Dommages structuraux importants, fissures en X
dans les voiles de contreventement, éclatement des nœuds poutre / Poteaux.
5 = Bâtiments à condamner ou effondrés ( Etage disparu, bâtiment basculé,
etc…).
En conclusion :
VERT : Niveau 1 et 2
ORANGE : Niveau 3 et 4
ROUGE : Niveau 5
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Exemple de Fiche urbaine
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Equipes en milieu rural
Chaque équipe se rend sur le terrain avec tout l’équipement décrit ci-dessus, un
zonage et une distribution des secteurs à visiter est effectué sur place en fonction de
la situation rencontrée.
Carte fournie aux équipes
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Exemple de Fiche Rurale
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Rapports journaliers, composition des équipes et affectations :
Mardi 24 Février 2004
Prise de contact avec l’Ordre des Architectes marocains, proposition d’intervention à
l’ambassade du Maroc en France et l’Ambassade du Maroc en France.
Mercredi 25 Février 2004
Arrivée d’un binôme de repérage sur les lieux du sinistre, Patrick Coulombel et
Corine Moyal, Architectes. Rencontre avec les confrères marocains et départ pour la
zone sinistrée.
Jeudi 26 Février 2004
1e jour de repérage sur les lieux du sinistre en compagnie d’architectes marocains,
ratissage de la zone autour de l’épicentre du séisme. Visites des Douars………
Devant l’ampleur des dégâts, décision est prise de monter une cellule de crise de
façon à diagnostiquer la zone touchée et procéder à une mise en sécurité immédiate
de certains bâtiments aussi bien dans les villes que dans les campagnes.
Vendredi 27 Février 2004
Arrivée d’une équipe des Architectes de l’urgence à Al Hoceima accompagnés par
d’autres architectes marocains. Guy Maronese, Corinne Belle, Malik Ait Amara,
Richard Leroy.
Installation de la cellule de crise dans les locaux de l’antenne de l’agence
d’urbanisme de Taza à Al Hoceima mis à disposition pour l’occasion.
Mise en place de la stratégie, élaboration en concertation des documents et outils de
travail.
Samedi 28 Février 2004
Première visites effectuées sur le Douar de Boheme commune de Ait Kamra. Des
binômes franco-marocains sont envoyés au devant de la population du douar pour
estimer les besoins de relogement, et recenser les besoins immédiats de façon à
transmettre les urgences au services concernés .
Dimanche 29 Février 2004
Mise en place du système de binôme, l’Ordre des Architectes fait un appel national
pour mobiliser la profession. Présentation de notre organisation et objectif aux
autorités concernées lors d’une réunion d’urgence en présence du Ministre délégué,
chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme Monsieur Hjira.
Lundi 1 er Mars
3 équipes d’architectes parcourent le douar de Boheme commune de Ait Kamra.
Arrivée d’une équipe de 4 architectes de l’urgence Algérie
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Mardi 2 Mars
7 équipes d’architectes finissent le douar de Boheme commune de Ait Kamra.
Arrivée d’une équipe de 2 architectes de l’urgence France
Mercredi 3 Mars 2004
Arrivée d’une équipe de deux Architectes de l’urgence (Nathalie Chapon et Nicolas
Peyrebonne) et accompagné de Patrick Coulombel, Président.
4 équipes d’architectes commencent le douar d’Ait Daoud commune de Ait Kamra.
Accord de la Willaya, 1ères interventions des équipes de mise en sécurité et
diagnostics urbains. 6 architectes parcourent et sécurisent Imzouren la ville la plus
touchée
Jeudi 4 Mars 2004
Rural : 6 équipes sur les douars de Ait Daoud, Ait Zekri, Tazarhine
Urbain : 4 équipes dans les quartiers d’ Imzouren
Vendredi 5 Mars 2004
Rural : 6 équipes sur les douars de Ait Zekri, Tazarhine, Bouheme
Urbain : 7 équipes dans les quartiers d’ Imzouren
Samedi 6 Mars 2004
Rural : 4 équipes sur les douars de Tagensa, Arhbal
Urbain : 2 équipes dans les quartiers d’ Imzouren Quartier O
Dimanche 7 Mars 2004
Rural : 4 équipes sur les douars de Tagensa, Gounouria, Ifassiyenne, bouheme
Urbain : 2 équipes dans les quartiers d’ Imzouren Quartier M
Lundi 8 mars 2004
Rural : 5 équipes sur les douars d’Izemmourene et Tafensa
Urbain : 1 équipe dans les quartiers d’ Imzouren Quartier P+O
Mardi 9 Mars 2004
Rural : 4 équipes sur les douars d’Izemmourene, Tafensa et Idardouchene
Urbain : 2 équipes dans les quartiers d’ Imzouren Quartier H+P
Mercredi 10 Mars 2004
Rural : 4 équipes sur les douars d’Izemmourene, Tafensa et Idardouchene
Urbain : 2 équipes dans les quartiers d’ Imzouren Quartier H+P
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C – Premiers résultats
a - Diagnostic technique
Milieu urbain
Le système le plus couramment utilisé en milieu urbain consiste en une ossature
poteau – poutre en béton armé, le remplissage est effectué par un complexe de
double cloison en brique avec une lame d’air intermédiaire, cette double cloison est
liée par les briques transversales.
La majorité des bâtiments sont construits sur un même modèle, habituellement en
R+4 avec un encorbellement au niveau du premier étage. Les habillages et le
second œuvre sont en revanche variés et caractérisent chaque maison.
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Les désordres rencontrés varient selon la gravité des dommages et peuvent être
classés selon les catégories suivantes :
-
Ossature principale intacte, remplissage endommagé :
Ces désordres sont liés à la différence de comportement des structures mixtes
durant les secousses, ne mettent pas en péril la stabilité générale de l’édifice.
-
Ossature principale et remplissage endommagés.
Il semble important de noter que les immeubles construits en respectant les
normes ou ne serait-ce que les règles élémentaires de construction ont
relativement bien résisté au séisme. Nous avons constaté que les
détériorations avaient principalement pour cause les malfaçons suivantes :
Mauvais dosage du béton
Absence ou trop faible proportion de fers
Utilisation de fers lisse
Absence de liaisons de ferraillages
Défaut de fondations insuffisamment dimensionnées et d’adaptation
à la nature du terrain.
o Manque d’enrobage des fers
o
o
o
o
o
Nous constatons donc des poteaux cisaillés à leur base ou même des éclatements
en rez-de-chaussée.
Il convient de noter que certaines équipes ont été dépêchées pour s’associer au
recensement des équipements publics urbains, travail effectué par le ministère de
l’équipement Marocain grâce à l’appui d’ingénieurs.
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