XIV° CONGRES AMIK – BORDEAUX 28 et 29 Septembre 2012 Les

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XIV° CONGRES AMIK – BORDEAUX
28 et 29 Septembre 2012
Les conférences
PROTOCOLE, EXAMEN ET TRAITEMENT D’UN
DÉSÉQUILIBRE ANTÉRIEUR CERVICAL
Frédéric Sider, Masseur Kinésithérapeute, M ézièriste, Directeur
Pédagogique de l’AMIK‐FORMATION
1) INTRODUCTION
S’il est admis que les forces musculaires se concentrent principalement
sur la face postérieure de la tête et, plus précisément, sur la face externe
occipitale et temporale entre les deux lignes courbes occipitales, elles
constituent une nécessité pour l’équilibre de la masse de la tête sur les
facettes articulaires de l’atlas et sur l’horizontalité du regard.
A l’inverse, force est de constater que la pesanteur, en contre partie,
ne peut expliquer à elle seule, le déséquilibre antérieur de cette masse
céphalique.
Ainsi, les stations assises prolongées dans le secteur tertiaire du travail,
ou simplement les positions répétitives penchées contribuent à fixer la
tête en avant et à entériner un vrai déséquilibre ; A l’inverse, les chocs et
traumatismes divers peuvent contribuer à placer la tête dans une forme de
déséquilibre antalgique qui peut parfois se révéler définitif. Ces différents
déséquilibres finissant par installer des systèmes de compensation et des
contraintes mécaniques propices à développer des symptomatologies
douloureuses et, avec le temps, de vraies lésions dégénératives.
La méthode Mézières, par son examen basé sur l’observation et son
traitement sur les différentes chaînes musculaires qui convergent vers le
cou, se propose d’étudier ces dernières, de les analyser et de mettre en
place des solutions adaptées à chaque typologie.
2) LES FORCES ANATOMIQUES LOCALES EN PRESENCE
A) La chaîne musculaire postérieure
Constituée des muscles postérieurs qui occupent la région cervicale
postérieure, ceux-ci sont situés en arrière de l’axe de flexion extension de
la tête et par leur action verticale sont décrits de la superficie à la
profondeur :
‐ Le trapèze (faisceau supérieur),
‐ Le splénius et l’angulaire,
‐ Les complexus (petit et grand),
‐ Les para vertébraux profonds (multifide et muscles
Vernier).
B) Les chaînes musculaires antérieures
1) superficielles :
Au nombre de deux, on décrira :
‐ Un axe myofascial superficiel avec :
 Le Platysma (peaucier du cou),
 L’aponévrose du grand pectoral.
L’axe myofascial qui se continue par les muscles grands droits et muscles
obliques pour constituer la chaîne musculaire antérieure superficielle.
‐ Un axe myofascial moyen superficiel avec : Les muscles supra
hyoïdiens (au nombre de quatre) :
 Mylo hyoïdien,
 Génio hyoïdien,
 Stylo hyoïdien,
 ‐Digastrique.
et les muscles infra hyoïdiens (au nombre de quatre) :
 Sterno thyroïdien,
 Sterno cleïdo hyoïdien,
 Thyro hyoïdien,
 Omo hyoïdien.
L’axe myofascial moyen qui se prolonge par le triangulaire du sternum et le
transverse de l’abdomen pour renforcer cette chaîne musculaire antérieure
superficielle.
2) Profonde (ou axe myofascial profond) :
‐ Long du cou :
 Portion longitudinale,
 Portion supéro externe
 Portion infero externe,
‐ Petit droit antérieur,
‐ Grand droit antérieur,
‐ Scalènes antérieur et moyen.
L’axe myofascial profond qui se prolonge par l’axe œsophagien, trachéal
et vasculaire pour suivre un axe médiastinal vertical et se disposer sur le
centre phrénique et ses orifices.
C) La chaîne musculaire oblique styloïdienne
Par un axe oblique en bas en avant et en dedans, cet axe myofascial
est tendu de la styloïde temporale et de la partie voisine mastoïdienne à
l’os hyoïde, à la langue et au pharynx par trois muscles respectivement :
‐ Le stylo hyoïdien,
‐ Le stylo glosse,
‐ Le stylo pharyngien.
Ces trois muscles constituent le « bouquet de RYOLAN » recouverts
par une aponévrose qui se dédouble, l’aponévrose péri pharyngienne,
l’ensemble muscles‐ aponévrose constitue le diaphragme stylien (en forme
de bol convexe en bas).
Cet assemblage se comporte comme une tenture sur une tringle à
rideaux et s’arrime sur une ligne temporale par les ailerons du pharynx. En
cas de déséquilibre antérieur, cet arrimage, en prenant son point fixe en
bas sur la cage thoracique, va tracter puissamment en avant et en bas la
masse céphalique. Cet axe oblique myofascial cervical viendra renforcer la
chaîne musculaire antérieure superficielle en tractant, cette fois-ci, la base
sphéno basilaire vers le bas et vers l’avant.
D) La gaine viscérale du cou et ses muscles intrinsèques
Les muscles du pharynx sont au nombre de neuf. Leurs particularités
sont qu’ils sont soit élévateurs (6), soit constricteurs(3). Il n’existe donc pas
de muscles abaisseurs et dilatateurs du pharynx.
Les élévateurs s’arriment sur l’apophyse basilaire de l’occipital et
marquent leur empreinte sur ce dernier par le tubercule pharyngé. En
prenant leur point fixe en bas, ils tirent puissamment vers le bas et vers
l’avant la base occipitale.
De plus, le pharynx est solidarisé avec les apophyses transverses
cervicales par des cloisons sagittales orientées d’avant en arrière, les
cloisons sagittales de CHARPY, qui constituent une vraie zone d’arrimage
de cette colonne viscérale sur la colonne cervicale antérieure de part et
d’autre du muscle Long du cou.
Ainsi, toute traction dirigée vers le bas de l’axe pharyngo
‐œsophagien devient un puissant vecteur de déséquilibre antérieur en
tirant l’apex de la colonne cervicale en avant et en bas.
Remarque : On laissera volontairement de coté le rôle des deux
gaines vasculaires droite et gauche cervicales sur la statique de la masse
céphalique ainsi que l’organe thyroïde et la loge thymique (par
l’intermédiaire de la lame thyro péricardique) qui relie le sac péricardique
et les grands vaisseaux au centre phrénique du diaphragme.
E) Les muscles de la langue :
Au nombre de 17, certains sont inconstants et leur volume interdit à
certains un rôle sur un quelconque déséquilibre. Néanmoins, certains
autres muscles ont un rôle sur la statique du cou :
‐
‐
‐
‐
‐
Les hyo glosse sur l’équilibre de l’os hyoïde,
Les Stylo glosse (vus précédemment) sur le temporal par la styloïde,
Les Genio glosse sur la mandibule (branche horizontale),
Les Palato glosse sur la trompe d’eustache,
Les Pharyngo glosse par le lien entre la langue et l’axe pharyngien.
F) Les muscles de la mastication :
Au nombre de huit symétriques, ils solidarisent les maxillaires (inferieur et
supérieur) au sphénoïde (apophyse ptérygoïde), au temporal (écaille) et à
l’os zygoma.
3‐
LE BILAN CLINIQUE (selon le protocole de la méthode
mézières)
‐ l’anamnèse :
‐ Antécédents traumatiques
‐ Traumatismes directs -Trauma crânien
(avec ou sans
hématome intra ou extra dural)
- Problèmes ORL ,surtout chroniques :
 Sinusites
 Otites
‐ Chirurgies diverses ORL et plastique, Ophtalmo
Stomatologique
‐ Troubles de l’équilibre et de l’audition
‐ Problèmes respiratoires buccaux
‐ SADAM
‐ Acouphènes
‐ Traitements orthodontiques.
‐ l’observation statique :
Cette observation sera réalisée dés la première séance, si possible.
Elle influera une observation générale puis locale sur la sphère
tête‐cou.
Observation : ‐ des blocs
‐ des lignes de gravité
Afin de déterminer un déséquilibre de la masse de la tête par rapport
à la masse thoracique et pelvienne et sur le polygone de sustentation.
Puis, plus localement, elle déterminera un déséquilibre de la région
cervicale par rapport à la tête et au thorax.
L’examen sera pratiqué de face, de profil (droit et gauche) et de dos.
C’est un test de référence comparatif.
De profil, on vérifiera que l’axe vertical passe bien du tragus de l’oreille sur
l’articulation acromio claviculaire.
On observera le placement de la mandibule par rapport à la face (prognathie
ou rétrognathie)
De face, que l’axe vertical passe bien de l’axe du nez sur la pointe du menton
(vérifier la ligne inter‐incisaire) puis, au milieu d’incisure jugulaire, que les SCOM sont
symétriques (dans leur volume comme dans leur direction) ainsi que les articulations
sterno claviculaires.
Que les angles mandibulaires sont respectés et symétriques.
On surveillera enfin la présence ou non d’un goitre ou d’une cicatrice sur la
face antérieure du cou, signe d’une exérèse éventuelle.
‐ les tests dynamiques :
a) Test global : le pencher avant
Dans le cas d’un déséquilibre antérieur, la colonne cervicale se penche
aisément en avant, en accentuant ou non sa courbure, le manchon cervical
s’enfonce dans l’orifice supérieur du thorax.
b) Tests segmentaires :
Le pencher avant /arrière en dynamique debout,
Les tests d’inclinaison latérale (sujet allongé en décubitus dorsal),
Les tests de rotation droite et gauche (sujet allongé en décubitus
dorsal),
Le test d’allongement en décubitus dorsal.
Remarque : Si, en position debout, on observe une projection antérieure
de la tête,la lordose cervicale va être fortement majorée par la position
couchée. On observera alors dans le test de rotation droite gauche la
dissociation souvent très nette entre la région cervicale supérieure qui
accompagne la rotation de la tête et de la mandibule et la région
cervicale inferieure qui, elle, restera solidaire du thorax, la lordose
localement s’accentue, projette fortement les cartilages trachéaux en
avant subluxant l’os hyoïde(le relief du SCOM disparaît dans la lordose
en rotation du cou).
Si, en position debout, on observe une perte de la lordose cervicale,
celle-ci s’en trouvera accentuée en position couchée sur un plan dur avec un
contact anormal des apophyses épineuses cervicales basses ou moyennes sur
le sol. Par contre, les tests de rotation décrits ne s’en trouveront pas affectés, il
en sera de même pour les tests cervicaux en inclinaison latérale droite et
gauche.
‐ les tests « portes d’entrée »
‐ Le pencher avant arrière en dynamique debout, bouche ouverte / bouche
fermée,
‐ Le test de la déglutition (peut se pratiquer debout),
‐ Le test de la langue tirée,
‐ Les tests de l’articulation temporo mandibulaire (voir tableau ci‐joint)
L’ensemble de ces tests va permettre de profiler un premier bilan
diagnostic à la suite duquel sera mis en place un protocole thérapeutique
spécifique au déséquilibre cervical constaté.
4) LE TRAITEMENT
On constate trois déséquilibres principaux antérieurs de la sphère cervicale :
La projection antérieure de la tête,
La rectitude cervicale,
La scoliose cervicale qui est souvent un mélange des deux typologies
précédentes.
a) Dans le cas d’une projection antérieure de la tête :
On s’efforcera de réaligner la masse céphalique par rapport à la tête en
redonnant suffisamment d’élasticité au manchon viscéral antérieur pour
permettre à la « masse tête » de se réaligner sur la « masse thoracique ».
Les techniques d’étirement dans l’axe sont possibles et même
souhaitables comme pour travailler une chaîne musculaire postérieure, à
condition de surveiller que l’étirement soit plutôt axé sur la partie basse
cervicale pour atteindre les tissus antérieurs (alors que seront étirés les tissus
hauts postérieurs dans la même posture..).
On utilisera des techniques de massages décontracturants sur le corps
des SCOM ainsi que des mobilisations douces transversales pour assouplir les
aponévroses cervicales superficielles qui les engainent.
Le Platysma sera travaillé de la même façon pour travailler les feuillets
superficiels de l’aponévrose superficielle cervicale.
Les muscles infra et supra hyoïdiens seront traités d’une manière
identique avec des manœuvres glissées du bas vers le haut afin d’informer les
tissus de l’aponévrose cervicale moyenne de cette direction de correction et de
redonner de l’aisance aux tissus hauts.
On mobilisera tout le manchon pharyngo laryngé latéralement afin
d’assouplir la gaine viscérale et les cloisons de CHARPY.
On mobilisera l’os hyoïde latéralement et de bas en haut (afin d’étirer les
muscles sous hyoïdiens) en le faisant glisser sur l’axe trachéal, puis il servira de
point d’appui pendant les techniques respiratoires de détente diaphragmatique
afin de l’intégrer dans une bonne position dans un schéma corrigé ; Les
techniques de traits tirés seront toujours dirigées en direction
caudal‐céphalique.
On utilisera enfin cette même direction de fibres pour réaccorder le
diaphragme stylien de l’os hyoïde vers la mastoïde et la styloïde temporale.
Cette technique pourra être couplée avec un travail du diaphragme thoracique
afin de réaccorder les deux diaphragmes stylien et abdominal.
On surveillera attentivement le comportement des deux premières cotes
pendant cet exercice, source de compensations importantes (scalènes,
intercostaux, sub clavie, etc…).
b) Dans le cas d’une rectitude cervicale :
On s’efforcera de reprogrammer une lordose cervicale si possible axée sur
C4 –C5 qui représente le sommet de courbure idéale de la colonne cervicale.
Toutes les techniques d’étirement musculaire dans l’axe seront déconseillées.
Aggravant le schéma de rectitude, elles n’auront rien à apporter à cette
typologie. Par contre, on utilisera toutes les postures en rotation et/ou en
inflexion latérale afin de travailler les muscles axiaux cervicaux dans une
composante horizontale.
Le muscle long du cou sera repéré méticuleusement, en dehors de la
gaine viscérale et en dedans du scalène antérieur, afin de le détendre, lui et sa
portion infero externe. Son pouvoir cyphosant, responsable de cette rectitude
pourra ainsi être atténué.
Les corps musculaires des scalènes antérieur et moyen permettront un
travail segmentaire de détente et d’étirement.
Le scalène postérieur pourra, lui aussi, être étiré soit segmentairement, à
partir de la 2ème cote, soit, plus globalement, en l’incluant dans un travail
respiratoire.
Le message adressé à ces tissus scaléniques aura, quant à lui, une
direction céphalique–caudale afin de stimuler une lordose cervicale et de
permettre au sujet de mémoriser ce nouveau schéma corporel.
Le travail de la langue sera axé plutôt sur des exercices de langue tirée et
des exercices de dissociation avec la mandibule et la colonne cervicale. Ainsi, la
langue pourra, par ses attaches cervicales, être utilisée pour remodeler une
lordose cervicale.
La mandibule sera plutôt travaillée avec des étirements des muscles
ptérygoïdiens. Ceux ci formant un lien étroit avec les apophyses ptérygoïdes de
l’os sphénoïdal, leur étirement symétrique facilitera, lui aussi, le remodelage de
la colonne cervicale moyenne.
Le travail respiratoire, la encore, occupera une large part dans la séance
et l’accent sera mis sur des postures expiratoires surtout dans le cas où
l’anneau osseux thoracique haut serait fixé en position inspiratoire.
c) La scoliose cervicale
Elle est d’autant plus difficile à décrire et à schématiser qu’il existe un
grand nombre de typologies de scoliose cervicale ; Scoliose dans laquelle on
retrouvera fréquemment les deux typologies précédemment décrites. Le
Méziériste sera donc dans l’obligation d’étudier chacune d’entre elles afin
d’élaborer un traitement spécifique à chacune, en fonction des muscles
incriminés.
5) CONCLUSION
La région antérieure du cou reste une région complexe. Fragile et réactive,
elle expose ses organes, ses gaines et ses conduits au monde extérieur et ses
moyens de protection musculaire restent pauvres quant on les compare avec
la région cervicale postérieure. C’est cela que le Méziériste doit garder en
mémoire quant il pose ses mains sur cette région. Il lui faudra donc induire
plutôt que commander, détendre plutôt qu’étirer, soulager, informer plutôt
que réaxer à tout prix.
Le travail proprioceptif lui sera d’une aide précieuse pour accompagner le
travail dans cette région du corps en permettant au patient un travail
proprioceptif éducatif, relaxant et gestuel.
Enfin, le Méziériste s’appuiera, en permanence, pour l’élaboration et le
déroulement de son traitement, sur une vision de globalité du corps en
réintégrant ce déséquilibre antérieur cervical dans une vision holistique.
6) BIBLIOGRAPHIE
‐ ROUVIERE H.-Anatomie humaine ‐ Tome II Ed. MASSON
‐ KAPANDJI I.A.-Physiologie articulaire ‐ Fascicule 2 ‐ Tronc et rachis - Ed.
MALOINE
‐ SOBOTTA-Atlas d’anatomie humaine ‐ Tome 3 ‐ Vaisseaux et nerfs
périphériques - Ed. MALOINE.
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