Saint Bernard de Clairvaux et les Ordres Chevaleresques

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Saint Bernard de Clairvaux a eu un esprit intéressé et intelligent, une attitude et une
conduite pragmatiques, une âme de vrai chrétien, un coeur de combattant dans un corps délicat,
d'ascète, habillé de la soutane blanche de la propreté spirituelle et matérielle. Son image est
immense, flotte au-dessus du monde chevaleresque à travers les siècles, en gardant vivants son
esprit et ses valeurs fondamentales.
Sommaire:
1. La vie et l' oeuvre de Saint Bernard de Clairvaux.....6
2. L' Ordre des Chevaliers Templiers............................24
3. L' Ordre de Calatrava................................................39
4. L' Ordre d' Alcantara.................................................49
Avant-propos
La documentation et l' écriture de cette étude ont duré quasi une année. Initialement, le
travail se voulait un article sur la personnalité de Saint Bernard de Clairvaux et son influence sur
le monde de la chevalerie médiévale, mais la richesse et la profondeur du sujet nous ont
déterminé d' enrichir l' article, en devenant une étude autonome. Probablement, le développement
du sujet continuera à l'avenir compte tenu de la personnalité remarquable de Saint Bernard et de
l' ampleur de son influence au monde chrétien de l' époque moyenâgeuse, influence qui se fait
sentir aussi de nos jours.
Nous avons présenté les conclusions de la documentation au cadre de l' étude, mais nous
tenons à mentionner que le support et l' influence de Saint Bernard sur le développement des
ordres chevaleresques constituent seulement un aspect de l' influence mutuelle entre les Français
et les régions ibériques sur le plan religieux, spirituel, mais aussi militaire dans la période
médiévale. Les Royaumes Ibériques, impliqués dans la Reconquista ( la reconquête ), ont
influencé, à leur tour, la spiritualité française, mais ils ont également bénéficié de l' appui
religieux des ordres monastiques français, y inclus le soutien matériel et spirituel. Ce monde de
la chevalerie monastique est fascinant pour tout chercheur scientifique de l' histoire qui s'efforce
d’ en révéler, partiellement, les secrets et les mystères, certains cachés, d’ autres oubliés avec le
passage du temps.
Mais ce monde devient de plus en plus intéressant, non seulement pour les connaisseurs
du domaine mais aussi pour le grand public. C' est justement pourquoi nous avons pensé à écrire
cette étude de synthèse sur le monde de la chevalerie médiévale.
Nous voudrions remercier de cette façon tous ceux qui nous ont encouragés dans la
documentation et l' écriture de l' étude, connaisseurs du domaine et, tout premièrement à mon
ami, Ioan Gaita.
L’ auteur
Saint Bernard de Clairvaux
et les Ordres Chevaleresques
par Michael de Riche-Villmont
Le monde dur, mystérieux des anciens Ordres chevaleresques, avec ses lois
caractéristiques, ses valeurs morales et spirituelles qu' il a encouragées et protégées jusqu' au
sacrifice, mais aussi intéressant par les mystères, les secrets qui l' entourent, les profondes
expériences spirituelles de ceux qui la constituaient, par l' expressivité symbolique à part des
doctrines promues, par l' ésotérisme qui flotte encore autour de soi, ce monde est
indissolublement lié au nom de Saint Bernard de Clairvaux. Au moins, le monde de Militia
Christi, mieux connu sous le nom de L' Ordre des Chevaliers Templiers, les Pauvres Chevaliers
du Christ et du Temple de Salomon, en latin "Pauperes Commilitones Christi Templique
Salomonici”, n' aurait pas été connu dans l' histoire comme il l' est de nos jours et n' aurait pas
marqué l' époque du Moyen Âge sans la contribution essentielle du moine Bernard de Clairvaux
à la constitution et à la continuité de celui- ci.
Bernard de Clairvax, lui-même une grande personnalité religieuse du Moyen Âge, a
marqué, même révolutionné la pensée religieuse de l' époque, avec des influences qui se
manifestent aussi de nos jours.
1. La vie et l' oeuvre de Saint Bernard de Clairvaux
Bernard est né en 1091, ou selon d’ autres sources1, en 1090, à Fontaines, aujourd' hui
Fontaines –les - Dijon, localité limitrophe de la grande ville, située au nord de celle-ci. La même
Encyclopédie nous fait savoir que Bernard provenait d' une famille noble. Son père, le chevalier
Téscelin a participé à la première croisade, pendant les années 1096-1099, croisade dont le
résultat a été la conquête de Jérusalem et la constitution du Royaume chrétien de Jérusalem. Le
chevalier Téscelin est rentré victorieux de la croisade, justement après la conquête de la Ville
Sainte. Bernard avait encore cinq frères et une soeur, les garçons recevant une éducation et
préparation particulières afin de devenir des nobles chevaliers, à l'exception de Bernard.
La mère de Bernard, Aletha de Montbard2, une représentante typique de la noblesse
locale de Bourgogne, belle, instruite, avec un penchant vers la culture et la religion, a toujours
tenu le petit Bernard près de soi, compte tenu de la constitution physique délicate de celui-ci à la
différence de ses frères aînés. Ainsi, il a été influencé par sa mère qui a encouragé ses
préoccupations religieuses, développant son penchant vers le sacré.
Aletha de Montbard provenait d'une ancienne et nombreuse famille nobiliaire, originaire des
régions nordiques et parmi ses proches, se trouvait aussi un noble chevalier nommé André de
Montbard, parti à la croisade pareil à son mari.
En 1100 Bernard a été envoyé à l' école de Châtillon – Sur - Seine où il a étudié la
religion jusque vers 1110. L' école était reconnue pour la vie austère que menaient les moines et
les élèves, mais aussi pour les amples connaissances religieuses que ceux-ci recevaient. Cette
même année, 1110, il perd sa mere, Aletha de Montbard - Fontains, fait qui lui a provoqué une
très grande souffrance. Il s' est réfugié dans la littérature et la poésie ainsi que dans l' étude
approfondie des Livres Saints, aidé par les discours et ouvrages de l' abbé du Monastère
Molesmes, le curé Robert.
Ces discours et ouvrages religieux exprimaient la nouvelle pensée dans la religion, celle de l'
Ordre Cistercien, de retour aux préceptes de Saint Benedict, ceux de modestie, repentir et
profonde austérité dans la vie matérielle et religieuse des hauts et petits prélats, de tous les
moines, pour servir d'exemple pour tous les fidèles chrétiens.
Attiré par le dogme du nouvel ordre, Bernard a sollicité d' être reçu, lui aussi, en tant que
novice, mais il a été ajourné pour des raisons administratives. C' est à peine en 1113 que le jeune
Bernard, accompagné d' autres dizaines de jeunes nobles, frappait aux portes du Monastère
Cîteaux, en demandant la permission d' être reçus par l' abbé Stéphane ( Harding ).
L' aspect du jeune qui parlait au nom de plus de vingt cinq nobles plut à l'abbé. Mince, quasiascète, de taille moyenne, peut-être un peu plus petit, le visage allongé, le teint assombri, habillé
de vêtements simples, sombres, il paraissait modeste. Mais peut-être que plus que tout, il a aimé
les yeux noirs du jeune homme, noirs et brillants, intelligents, qui dispersaient une lumière
1
2
1911, Encyclopaedia Britannica, Vol. 3, Berna
Encyclopaedia Catolică 1013, Vol. 2- Saint Bernard, by Brather Marie Gildas
étrange à laquelle on ne pouvait pas résister. Et ses paroles, pieuses, modestes et sages, ont
poussé l' abbé Stéphane à ouvrir définitivement la porte pour ce jeune-là et pour ses
compagnons. Il l' a reçu avec confiance et amour fraternel, fait qu' il n'a jamais regretté. Et les
rayons- mêmes du soleil qui éclairaient d'une intensité divine le chemin de Bernard vers le
monastère ce mi - mai 1113, étaient le signe céleste de la prédestination pour l' accomplissement
des grands faits spirituels que celui - ci était voué à réaliser.
Au moment de son entrée dans l' Ordre cistercien, au monastère Cîteaux, Bernard de
Fontaines était apprécié comme un bon connaisseur du dogme religieux, de la philosophie, mais
aussi comme auteur des quelques ouvrages littéraires.3 Il avait même commencé à noter les idées
qui deviendront plus tard, des travaux d' ascétiques, de mistique et de polémique religieuse. Par
la passion avec laquelle il présentait ses idées et convictions dogmatiques, par le pouvoir naturel
d' influencer les personnes de ses alentours, il s' était imposé comme un incontestable leader
religieux des jeunes nobles de Dijon même s‘ il ne fût pas encore ordonné prêtre et jusqu' à ce
moment- là aucun autre monastère ne l' eût accepté. En réalité, il n'avait pas demandé une telle
chose. Dès la mort de sa mère et jusqu' en 1113, Bernard avait intentionné de partir pour le Pays
Saint, se préparant même pour accomplir ce désir. Son intention de partir pour Jérusalem avait
deux raisons puissantes: la propagation dans l' Orient, de la foi chrétienne et des préceptes des
Saints Augustin et Benedict et la défense de cette croyance chrétienne des fidèles devant les
attaques sans cesse des infidèles orientaux. Il se pourrait que l 'intention de partir soit déterminée
aussi par les histoires de la période de la croisade, racontées par son père, le chevalier Téscelin.
La renonciation à ce départ s' est produite le printemps de l' année 1113, quand il a été accueilli
dans le monastère Cîteaux, comme on a déjà mentionné en haut, mais le désir d' aider le Pays et
les lieux Saints est resté inchangé tout au long de sa vie.
La réception de Bernard de Fontaines dans l' Ordre Cistercien a signifié pour lui le début
d' un chemin long et difficile mais aussi l' accomplissement du destin de leader religieux et pour
l' Ordre, le lancement comme l' un des plus puissants et influents ordres monastiques, avec un
caractère internationalement authentique. On ne peut pas savoir qu' aurait été l' Ordre Cistercien
sans Bernard, mais, en paraphrasant une affirmation célèbre, on peut dire que sans Saint Bernard,
les cisterciens auraient dû se trouver un pareil. Leurs voies se sont rencontrées et à partir de
1113, ils sont allés ensemble, comme une seule entité jusqu' à la mort du moine et même après.
Mais qu' est - ce qui a été et continue d’ être L' Ordre Cistercien? Voyons une courte
histoire de ce très connu ordre.
Vers 1090 après J.-C., au couvent bénédictin de Molesmes, situé à Laignes, en Bourgogne qui
appartenait à l' Ordre bénédictin de Cluny, quelques moines ont exprimé de plus en plus
ouvertement leur mécontentement envers la manière de respecter les préceptes et les dogmes de
Saint Benedict, c'est – à - dire ceux qui demandaient aux moines de vivre une vie ascète, en
pauvreté, totale obéissance, chasteté et en silence auto-imposé, de mener une vie modeste,
possédant uniquement le nécessaire pour la vie quotidienne. Parmi eux se trouvait Robert, l' abbé
du couvent, qui, n' importe combien s' est efforcé, il n' a pas pu y instaurer ces règles strictes.
Accompagné d' une vingtaine de frères moines de Molesmes, Robert a reçu du duc de
Bourgogne, un petit terrain marécageux, à quelques kilomètres sud de Dijon, où, avec la
3
Cistercian Abbey, Bernard-Bernard. Jeunesse et entrée à Cîteaux, Éditions Dominique Guéniot, 2012, ISBN 9782-87825-518-8
permission du représentant papal, a commencé le défrichage de la région afin de construire un
monastère, simple et avec les utilités nécessaires pour……
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