Brève présentation de la Bible Origine du mot Bible

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Brève présentation de la Bible Origine du mot Bible Le mot Bible ne se trouve dans la Bible !!! Byblos, ancien port phénicien dont les ruines sont visibles aujourd’hui au Liban était un important lieu de production de papyrus et possédait une célèbre école de scribe. De ce fait, les écrits ont pris le nom de la ville et la langue grecque a hérité du mot biblion, qui désignait le livre, dont le pluriel est ta biblia. Ce pluriel désigne aussi la bibliothèque. Vers le IVème et IIIème siècle avant notre ère, les juifs de culture grecque ont utilisé l’expression ta biblia pour nommer la collection de leur livres saints. Les chrétiens ont fait de même pour ces livres qui pour eux forment l’Ancien Testament. Au moyen âge ce terme grec passe au latin tel quel et en latin le mot biblia devient un mot féminin singulier, d’où la Bible en français. L’aspect pluriel a disparu et la Bible désigne l’ensemble des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament La Bible : un livre et en même temps une bibliothèque vaste et diverse. Un livre qui a une unité, un fil conducteur, tous les écrits parlent d’un même sujet. Ils parlent d’une histoire, celle de la relation de Dieu avec un peuple particulier, un peuple choisi, appelé à entrer dans son Alliance et à accueillir sa Révélation (lever le voile).C’est Dieu qui prend l’initiative de se faire connaître. Dans ce peuple va naître Jésus, le Fils de Dieu, sommet de la révélation. Une bibliothèque qui contient 73 ouvrages. Des livres très différents les uns des autres, divisés en deux grandes parties. La première, l’Ancien Testament comporte 46 livres hérités du Judaïsme. La deuxième, le Nouveau Testament, 27 livres, témoignent de Jésus Christ. Le mot Testament peut avoir la signification d’héritage, transmis de génération en génération ; mais il a surtout la signification d’Alliance, une Alliance entre Dieu et les hommes. Cette bibliothèque s’ouvre sur la Genèse qui veut dire commencement et au commencement Dieu crée. Elle se referme sur le livre de l’Apocalypse qui veut dire révélation, la révélation d’une création nouvelle (Ap 21, 1-­‐3) des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle, demeure de Dieu avec les hommes. L’Ancien Testament parle de Dieu. Un Dieu d’amour et de vie, proche de l’homme, fidèle à sa promesse, qui vient faire Alliance avec l’homme. Il parle aussi de l’homme, et prend en compte tout ce qui fait sa vie, le meilleur comme le pire. Il traite de la vie et de la mort, de la souffrance et de la joie, de l’amour, de la tendresse humaine, de la jalousie, des difficultés par rapport à la richesse, des conflits inévitables dans les rapports humains d’où guerres et violences. Il parle aussi des désirs de paix, d’espérance, de prière. Dans la situation difficile de la condition humaine, pécheresse, Dieu n’abandonne pas l’homme. C’est toute l’histoire de ce Dieu d’amour, qui tient sa promesse, qui fait Alliance et qui sauve son peuple. Parmi les livres de l’Ancien Testament, la tradition juive en a retenu 39, écrits en hébreux avec quelques passages en araméen. Elle n’accorde pas à tous les livres la même importance. Ils sont divisés en trois parties différentes : La Torah ou la loi, les Nebi’im ou les prophètes et les Ketouvim ou les Ecrits. 1 1. La Torah ou la loi, les cinq premier livres de la Bible forment le cœur de L’Ancien Testament : a. la Genèse, b. l’Exode, c. le Lévitique, d. les Nombres e. et le Deutéronome (qui veut dire « deuxième loi »). Pour les croyants, ils sont la loi donnée par Dieu à son peuple au Sinaï. Ils sont la Parole de Dieu sous forme écrite. On les appelle aussi « les livres de Moïse » ou encore le « Pentateuque », un mot grec qui signifie « les cinq rouleaux ». Le Pentateuque fait un récit qui part de la création du monde pour s’arrêter à la mort de Moïse, Moïse, le fondateur du peuple dans la tradition juive, le prophète de Dieu par excellence, renforce la prééminence de ces cinq livres. • La Genèse, reprend les traditions anciennes ou étrangère sur l’apparition du monde et de ses habitants. Dans un deuxième temps, elle brosse rapidement le portrait des patriarches : Abraham, Isaac, Jacob et ses fils. • L’Exode raconte la libération d’Egypte et de la création du peuple de Dieu. • Le Lévitique parle des règles rituelles concernant les relations entre Dieu et son peuple. • Les Nombres, font état du recensement du peuple qui se dirige à travers le désert, vers le pays de Canaan. • Le Deutéronome, nous montre le peuple arrivé au seuil de la Terre promise où Moïse n’y entrera pas, mais ce dernier livre relate ses dernières recommandations et exhorte le peuple à la fidélité envers son Dieu. 2. Les Nebi’im ou les prophètes. Ces livres prophétiques ont pour but d’éclairer la Torah. Ils sont comme une sorte de commentaire de la loi. Dans la tradition juive il y a une distinction entre les « prophètes premiers »et les prophètes derniers. • A/ Les prophètes premiers (Josué, Juges, les deux livres de Samuel et les deux livres des Rois), sont des livres racontant, l’histoire d’Israël depuis son entrée dans la Terre promise jusqu’à l’exil à Babylone. • B/ Les « prophètes derniers », contemporains des rois, des hommes choisis et envoyés par Dieu pour parler en son nom. 3 grands prophètes (Isaïe, Jérémie et Ezéchiel), sont appelés « grands » en raison du nombre de chapitres que contiennent leurs livres et les 12 petits (Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahoum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie), sont des livres plus courts, dont le message est aussi important. 3. Les Ketouvim ou les autres Ecrits sont des Ecrits, de moindre autorité que le loi et les prophètes. Ce sont des autres ouvrages retenus par la tradition, en particulier les réflexions des sages pour guider et aider le peuple dans sa vie de tous les jours. Cette série commence par les psaumes : prière d’Israël, au nombre de 150 concernant tous les évènements de la vie. Jésus lui-­‐même a prié les psaumes, prière reprise par l’Eglise. (Psaumes, Proverbes, Job, Cantique des Cantiques, Ruth, Lamentions ; Qohélet ou Ecclésiaste, Esther, Daniel, Esdras, Néhémie et les deux livres des Chroniques). Pour les juifs les Ecritures se terminent ici. Le canon ou liste de ces 39 livres reconnus comme inspirés par la tradition juive, a été fixé définitivement par un groupe de docteurs de la loi réfugiés à Jamnia, au sud de l’actuelle Tel-­‐Aviv, après la ruine de Jérusalem en 70 après Jésus Christ. 4.
Les livres deutérocanoniques sont des livres qui n’ont pas été reçus dans la Bible hébraïque et qui faisait partie de la Bible grecque. Parlant grec, les premiers chrétiens utilisèrent la version grecque de la Bible juive, « la Septante ». La tradition catholique a recueillis ces livres et leur a donné le nom de « deutérocanoniques », c’est-­‐à-­‐dire « entrés dans le canon en second lieu ». Ils sont au nombre de sept : Judith, Tobit, les deux livres des Maccabées, Sagesse, Siracide ou Ecclésiastique, Baruch, la lettre de Jérémie, des passages du livre d’Esther et de Daniel. La tradition protestante leur accorde moins d’importance et les appelle « apocryphes », c’est-­‐à-­‐dire « cachés » et non destinés à la lecture publique. Ils sont absents dans certaines bibles d’origine protestantes. « L’Ancien Testament avait 2 pour principale raison d’être de préparer l’avènement du Christ Sauveur du monde, et de son Royaume messianique, d’annoncer prophétiquement cet avènement et de la signifier par diverses figures. […] Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine. C’est pourquoi les chrétiens doivent les accepter avec vénération : en eux s’exprime un vif sens de Dieu ; en eux se trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sue la vie humaine, d’admirables trésors de prières ; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut. » (Dei Verbum n° 2 et 15) Le Nouveau Testament parle de Jésus Christ et de l’Eglise primitive. Dans ce peuple choisi, « Jésus Christ », le Fils de Dieu, le Messie attendu, vient révéler Dieu au monde. Il vient accomplir le salut, la promesse de l’Ancien Testament, par sa vie, sa mort et sa résurrection. Par son sang versé, il fait une Alliance nouvelle et éternelle avec tous les hommes, car il verse son sang pour la multitude. Après son Ascension, guidés par L’Esprit Saint les disciples vont porter la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Commence ainsi le temps de l’Eglise, avec l’histoire des premières communautés chrétiennes. Le Nouveau Testament comprend 27 livres écrits en langue grecque, se rapportant à Jésus, à son enseignement ainsi qu’à celui des ses disciples : Les Evangiles : Matthieu, Marc, Luc et Jean ; Les Actes des Apôtres, les Epîtres (ou lettres) de divers apôtres (Paul, Jacques, Pierre, Jean, Jude) et l’Apocalypse. La liste des livres du Nouveau Testament était déjà bien établie à la fin du deuxième siècle, mais le canon officiel des livres de la Bible chrétienne, Ancien et Nouveau Testaments a été définitivement reconnue par le Concile de Trente au XVIe siècle. 1. Les Evangiles Evangile : mot grec qui veut dire Bonne Nouvelle, c’est un mot courant qui était utilisé dans le langage profane de l’époque. Les Evangiles sont au nombre de 4 : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ils racontent la vie et l’enseignement de Jésus venu établir la nouvelle Alliance, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, sa résurrection et son ascension au ciel. Ce ne sont pas des reportages, ni des autobiographies mais des écrits de foi. On appelle les évangiles de Matthieu, Marc et Luc les synoptiques parce qu’ils sont composés d’après un même plan et qu’on peut mettre certains textes en parallèle et découvrir la similitude d’un seul coup d’œil. L’Evangile de Jean est écrit d’après un autre plan. 2. Les Actes des Apôtres (un volume de 28 chapitres, écrit par St Luc) Dans ce livre, Jésus monte au ciel et c’est l’Esprit Saint qui prend le relais, à la pentecôte, Il descend, c’est lui qui fait agir les apôtres. L’auteur raconte l’histoire des apôtres depuis l’Ascension de Jésus au ciel, de leurs œuvres apostoliques, de leurs missions d’Evangélisation à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre (cf Ac 1,8). Nous avons là, le témoignage des premières communautés chrétiennes. La dernière action des apôtres, racontée dans ce livre est celui de Paul à Rome (considéré comme le bout du monde). 3. Les Epîtres ou Lettres au nombre de 21, envoyés aux communautés chrétiennes nouvellement fondées sont comme les lettres encycliques écrits par le Pape ou les lettres pastorales des évêques d’aujourd’hui. 13 épîtres de Paul adressés aux communautés ou aux personnes : Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Théssaloniciens, 1 et 2 Timothée, Tite, Philémon. La lettre aux Hébreux auteur inconnu. La lettre de Jacques, 1 et 2 Pierre, 1, 2 et 3 Jean, La lettre de Jude. 3 4. L’Apocalypse : révélation ou dévoilement, écrit par St Jean ou par ses disciples à la fin du premier siècle de notre ère, dans un style un peu étrange, codé, littérature pour temps de crise : la persécution. Ce livre redonne courage et espérance aux croyants et leur permet de découvrir le sens caché des évènements qu’ils vivent. Quelques notes sur la rédaction de la Bible… L’Ancien Testament n’est pas une oeuvre homogène : on l’a souvent comparée à une bibliothèque, car elle est constituée de nombreux livres de styles différents, rédigés par des auteurs différents à des époques différentes... l’ensemble de ce travail s’étalant sur une période de plus de 1000 ans. De là vient la complexité de son étude. De plus, ces livres n’ont pas été rédigés en une seule langue mais en 3, et nous allons voir que cette simple question linguistique, reflet d’une histoire mouvementée, permet de comprendre pourquoi le classement de la TOB (Traduction Oeucuménique de la Bible) est différent de celui de la BJ (Bible de Jérusalem), et pourquoi les citations de l’AT dans le NT sont souvent différentes du texte que l’on peut lire directement dans notre AT... 1 -­‐ L’Hébreu L’Hébreu est la langue la plus primitive de l’AT ; l’écriture alphabétique apparut au Proche Orient vers le 15°s av. JC et c’est vers le 11°s av. JC environ que les hébreux empruntèrent aux Phéniciens un alphabet de 22 consonnes ; conclusion immédiate : les textes de la Bible ne peuvent remonter au delà du 12°s av. JC. Quelques textes peuvent avoir été écrits au 12-­‐11°s (Dt 26,5-­‐9), mais les premières grandes rédactions (cycles de récits, codes législatifs ou recueils de sagesse) doivent dater du 9°s., l’essentiel de la rédaction devant se situer entre le 8° et le 3°s av. JC . Conséquences : a) Les Patriarches, qui vivaient entre les 18 et 15°s av. JC, devaient parler une autre langue que l’hébreu puisque celle-­‐çi date du 12°s av. JC environ. b) Ce sont donc parfois des écarts de 5 à 8 siècles qui existent entre tel évènement ou tel personnage et la relation écrite qu’en offre le texte hébreu. On pressent déjà l’un des problèmes majeurs que pose au lecteur une grande part de la rédaction de l’AT : quelle confiance accorder à ces récits dans le cadre d’une recherche historique ? 2 -­‐ L’Araméen Elle a été introduite plus tardivement en Israël ; elle était la langue parlée depuis plusieurs siècles par les pays voisins, notamment le royaume de Damas au Nord et par l’Assyrie à l’Est. C’est après l’Exil à Babylone qu’Israël commencera à adopter cette langue diplomatique et commerciale à travers le Proche-­‐Orient. Assez voisine de l’hébreu (l’araméen et l’hébreu ont une langue ancêtre commune), elle contribuera à faire oublier l’hébreu dans l’usage quotidien. La langue parlée par le Christ était donc avant tout l’araméen (Mc 15,34) : Et à la neuvième heure Jésus clama en un grand cri : "Elôï, Elôï, lema sabachthani", ce qui se traduit : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-­‐tu abandonné ?" Dn 2,4 à Dn7 inclus nous sont parvenus en araméen. 3 -­‐ Le Grec Elle fut avec l’hébreu et l’araméen une des trois langues juives anciennes. Durant les deux siècles qui précédèrent notre ère, et donc au temps du Christ, le grec fut la langue juive d’une grande partie du peuple d’Israël, sa partie la plus vivante, la plus dynamique peut-­‐être. Ceci vient du fait qu’Alexandre le Grand, roi de Macédoine puis des Grecs, conquit la Syrie en 333 av. JC ; il a 23 ans... L’année suivante, il prend Tyr et Gaza, annexe la Palestine, entre en Egypte et fonde au bord de la Méditerranée la ville d’Alexandrie. La culture grecque s’enracinera alors en Israël pendant plus de 250 ans, jusqu’en 63 av. JC, date à laquelle Pompée, général romain prendra Jérusalem. Mais revenons à Alexandre ; après son passage en Egypte, il conquerra l’Empire Perse et mourra à Babylone en 323 av. JC à l’âge de 33 ans. A sa mort, ses généraux, qui gouvernaient chacun une partie des territoires conquis, se disputèrent son Empire, et vers 315-­‐320 av. JC, Ptolémée I Soter, qui régnait sur l’Egypte, s’empara de Jérusalem un jour de sabbat, et déporta un nombre important de prisonniers en Egypte, notamment à Alexandrie. Ces prisonniers déportés furent à l’origine de la grande communauté juive de cette ville (faisant partie de la diaspora ). 4 On pense que le successeur de Ptolémée I Soter, Ptolémée II Philadelphe (285 246 av. JC) fit traduire en grec la Torah vers 200 av. JC, à la fois pour satisfaire sa curiosité personnelle et pour doter d’un code écrit cette importante minorité ethnique. Cette traduction jouera un très grand rôle par la suite, notamment auprès des chrétiens ; on l’appelle la Septante (LXX), ou parfois "la Bible d’Alexandrie". Au départ, elle ne concernait que les cinq premiers livres, mais petit à petit, tous les autres seront traduits en grec, et dès 150 av. JC, il semble que le plus gros du travail était fait. Pourquoi s’appelle-­‐t-­‐elle ainsi ? Selon la lettre d’Aristée (entre 200 et 96 av. JC), le roi Ptolémée Philadelphe écrivit au grand-­‐prêtre de Jérusalem d’envoyer des hommes parmi les plus honorables, des Anciens, compétents dans la science de leur Loi, six de chaque tribus, afin qu’en faisant soumettre à l’examen ce qui aura retenu l’accord de la majorité, on obtienne ainsi une interprétation exacte. Israël étant formé de 12 tribus, 6X12=72 traducteurs... Il faut ajouter que la LXX a sept livres de plus que la Bible hébraïque, des livres connus ou composés en grec : Judith, Tobie, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Siracide, Baruch. La communauté juive d’Alexandrie, reconnaissant leur valeur, les a donc intégrés à l’ensemble des Ecritures. Ce qu’est ou n’est pas la Bible… Elle est : •
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Une Parole de Dieu faite chair en nos langages d’homme, L’histoire d’un cheminement lancé par Dieu, guidé par Lui, au cœur de tous les tâtonnements et de tous les aléas de l’aventure humaine. Une lumière sur Dieu et sur l’homme à découvrir à la Lumière de l’Esprit Saint qui a inspiré tous ces textes... La Bible nous propose une interprétation de l’Histoire, à la lumière de la foi en Dieu et en sa Présence au coeur de l’Histoire. Une histoire d’amour, Une lumière pour notre route. Elle répond au « pourquoi » de la vie et de nos vies. Elle n’est pas : •
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un livre de sciences naturelles ou d’Histoire universelle. un livre d’Histoire d’Israël au sens où nous entendons l’Histoire. Une réponse au « comment ». Comment lire la Bible ? Les quatre sens de l’Écriture : « Dans tous les livres de l'Ecriture sainte, on saisit, outre le sens littéral, celui qu'expriment les mots mêmes du texte, un triple sens spirituel: l'allégorique nous enseigne ce qu'il faut croire de la divinité et de l'humanité du Seigneur, le moral nous enseigne cornment vivre, l'anagogique comment nous attacher à Dieu. Le premier concerne la foi, le second la conduite, la troisième leur fin commune ». Le sens littéral La première tâche est de chercher le sens littéral du texte biblique, c'est-­‐à-­‐dire ce que l'auteur sacré a voulu dire. Pour cela, il faut avoir égard aux genres littéraires, à la mentalité des écrivains sacrés, au contexte historique, etc. Le sens littéral n'est pas, en effet, ce qu'un lecteur d'aujourd'hui comprend spontanément, mais ce que l'auteur ancien entendait signifier. D'autant plus que le sens littéral ne correspond pas forcément au mot-­‐à-­‐mot du texte. Prenons un exemple. Lorsque Luc dans l'Évangile écrit: «Ayez la ceinture aux reins» (Luc 12, 35), il ne prétend évidemment pas donner un précepte vestimentaire voire interdire le port des bretelles! Le sens littéral n'est pas le sens matériel, celui d'un mot à mot fondamentaliste, mais celui qui correspond à l'emploi métaphorique des termes. «Soyez disponibles»: voilà ce que l'évangéliste veut dire, voilà donc le sens littéral. 5 Un point essentiel: aucun texte de l'Écriture ne peut se comprendre que replacé dans la totalité de l'Histoire sainte. Alors, non seulement les mots, mais les êtres et les événements désignés par les mots, peuvent être porteurs de sens. Le sens spirituel jaillit précisément quand, une fois le sens littéral établi, le texte est appréhendé dans la Tradition vivante de l'Eglise, en tenant compte de la connexion des mystères entre eux et de l'unité du dessein divin. Par exemple, l'histoire d'Agar et de Sara (Genèse 20) lue au sens littéral est le récit historiquement situé de la servante et de la femme d'Abraham qui mettent au monde respectivement Ismaël et Isaac. Mais on peut aussi, avec saint Paul, resituer ce récit dans la totalité de l'Histoire du Salut et lui donner un sens spirituel : ces deux femmes sont une «allégorie» (Galates 4, 24) des deux Alliances, celle de la Loi (Agar la servante) et celle de la Grâce (Sarah la femme libre). Le sens allégorique Le sens allégorique est celui qui paraît à la lumière de son accomplissement par le Christ. Ainsi, saint Paul évoque le rocher que Moïse frappa au désert pour en faire jaillir miraculeusement de l'eau (cf. Exode 17). Il en dévoile le sens spirituel allégorique en disant: «Ce rocher, c'était le Christ» (1 Corinthiens 10, 4). Le fait est relu à la lumière du mystère pascal du Christ." frappé au côté droit, source jaillissante pour la vie éternelle. Le sens moral Le sens moral nous enseigne comment diriger justement notre conduite. Saint Paul donne lui-­‐même un exemple éclairant. Il cite le Deutéronome (25, 4) : « Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain». Le sens littéral nous livre un limpide précepte de sagesse agricole : il faut permettre au bœuf qui travaille de manger. Mais saint Paul trouve à ce commandement une signification spirituelle : « Dieu se mettrait-­‐il en peine des bœufs ? N'est-­‐ce pas évidemment pour nous qu'il parle?» (1 Corinthiens 9, 9). Le bœuf désigne les apôtres qui ruminent la Parole et labourent le champ de Dieu et auraient bien le droit d'en retirer quelques avantages matériels. Le précepte devient donc: « Tu ne refuseras pas au prèdicateur de l'Evangile le droit de vivre de l'Évangile». C'est un sens spirituel moral. Le sens anagogique Le sens anagogique est celui, littéralement, qui nous conduit vers le haut, qui nous indique vers quoi il faut tendre: l'adhésion à Dieu. Après l'ombre de l'Ancien Testament et la figure du Nouveau viendra la vérité de la gloire céleste. Ainsi la manne était-­‐elle l'ombre annonciatrice de l'eucharistie, mais l'eucharistie à son tour est le gage de la gloire à venir. Ou encore la ville de Jérusalem était-­‐elle l'ombre de l'Église de la Terre, elle-­‐même figure de la Jérusalem céleste (Apocalypse 21, 2). Les biens dont nous sommes comblés sont des richesses avant-­‐dernières, et nous attendons les biens définitifs que le sens anagogique nous fait espérer. Un exemple : La parabole de l’enfant prodigue (Lc 15) ou celle du bon Samaritain (Lc 10) 1. LECTURE LITTÉRALE (CE QUE NOUS DEVONS CHERCHER ET COMPRENDRE – DARASH) : Ø
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L’entendre comme si c’était la première fois : tout est-il cohérent ?
Se le raconter une nouvelle fois pour mieux connaître et découvrir le texte.
S’imaginer la scène.
Se laisser surprendre par les détails : lesquels semblent insolites ou superflus ?
Quels mots nécessitent-ils une explication, une définition ?
Ai-je repéré une structure particulière du texte ?
Il y a-t-il des textes parallèles dans les autres Evangiles ?
6 Ø
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Ø
Ø
Les versets bibliques cités sont-ils les mêmes que dans le texte original ?
Situer la parabole dans son contexte : à quelle occasion Jésus la raconte-t-il ?
Quelles impressions, quels sentiments me laissent le texte ?
Saurais-je raconter l’histoire sans l’appui du texte ?
2. LECTURE ALLÉGORIQUE (LE RAPPORT AVEC D’AUTRES TEXTES) : Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Cette histoire me rappelle-t-elle d’autres
textes de l’Ancien ou du Nouveau
Testament ?
En
quoi
sont-ils
similaires ?
Ou
différents ?
Quel rapport la liturgie propose-t-elle avec
la
première
lecture
(lectures
du
dimanche) ?
Puis-je raconter les textes qui me
semblent en rapport.
Les actions décrites signifient-elles une
particularité ?
Qui les personnages du texte désignentils ?
Sommes-nous un des personnages ?
En modifiant les noms, le texte m’indiquet-il autre chose ?
Les objets décrits ont-ils un sens allégorique ? Me rappelle-t-il quelque chose ?
Puis-je discerner un rapport avec les sacrements de l’Eglise ? Ou avec l’Eglise elle-même ?
3. LECTURE TROPOLOGIQUE (LE SENS MORAL) : Ø
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Ø
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L’histoire se conclut-elle par une « morale » ?
Qu’est-ce que le Christ veut nous dire comme appel à la conversion ?
Que nous demande-t-il de changer dans notre vie ?
Quels moyens nous indique-t-il ?
Si nous sommes un des personnages, que devons-nous faire pour suivre le Christ ?
Rappelons-nous le contexte de la parabole.
4. LECTURE ANAGOGIQUE (ÉLÉVATION SPIRITUELLE) : Ø
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Ø
Ø
Ø
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En quoi (et vers qui) ce texte m’élève-t-il spirituellement ?
Que puis-je tirer comme conclusion de ce que j’ai découvert auparavant ?
Quel appel particulier à la conversion ?
Puis-je y lire une voir de l’Eglise et des sacrements ?
Qu’est-ce ce texte va changer dans ma vie de chrétien ?
Quelles vertus, sens religieux puis-je y discerner pour ma vie ?
Comment la lire ? •
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Une lecture suivie plus qu’une lecture au hasard. Une lecture aidée par des sites internet ou par des applications : o La Bible en un an : http://m.bible1an.com o ZeBible : http://www.zebible.com o L’Évangile au quotidien : http://www.levangileauquotidien.org/ o TopChrétien : http://topchretien.jesus.net/topbible/ 7 •
Des applications comme « Holy Bible », « Carpe Deum », « La Bible audio », « iCatho » ou « Prions en Église » Comment méditer ? S'installer dans un lieu favorable. Respecter un moment de silence qui favorise l'atmosphère de recueillement propice à la lecture et à la méditation de la Bible. Prier, même brièvement pour demander à Dieu le secours de son Esprit. Lire le passage du jour. Si on peut en prendre le temps, une seconde lecture dans une autre traduction sera souvent profitable. Méditer un texte biblique suppose une démarche interactive : Découvrir ce que le texte voulait dire à ses premiers destinataires, puis, une fois le sens dégagé, réfléchir à la manière dont il peut devenir une parole pour moi aujourd'hui. Observer •
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De qui ou de quoi me parle ce texte ? S'il s'agit d'un récit, ai-­‐je bien identifié tous les personnages et observé le déroulement de l'action ? S'il s'agit d'un écrit prophétique ou de sagesse, d'un psaume ou d'une épître, est-­‐ce que je peux dire en une phrase de quel sujet il est question ? Y a-­‐t-­‐il dans ce passage quelque chose que je n'ai trouvé nulle part ailleurs dans la Bible ? Comprendre Quelle est la leçon principale qui se dégage de ce texte ? Quel effet devait-­‐il produire sur ses premiers destinataires ? Ce passage m'enseigne-­‐t-­‐il quelque chose sur Dieu : le Père, le Fils ou le Saint-­‐Esprit ? M'enseigne-­‐t-­‐il quelque chose sur l'être humain ? Y a-­‐t-­‐il un autre texte biblique qui pourrait m'aider à comprendre celui-­‐ci ? S'approprier •
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M'aide-­‐t-­‐il à comprendre une situation que je vis ou qui se déroule dans mon entourage ? Me donne-­‐t-­‐il un exemple à suivre ou à ne pas suivre ? Comment vais-­‐je prier après l'avoir médité ? Y a-­‐t-­‐il dans ce texte quelque chose qui me choque ou que j'ai de la peine à accepter ? Y a-­‐t-­‐il un ordre auquel je devrais obéir ou une invitation à changer ma façon de penser ou d'agir ? Est-­‐ce que je peux puiser dans ce passage un encouragement ou une promesse ? Y a-­‐t-­‐il une parole dont je puisse faire un mot d'ordre pour aujourd'hui ? Répondre Il est impensable de ne pas répondre à la parole que Dieu nous a adressée. C'est pourquoi, méditer, c'est aussi prier. Pourquoi ne pas le faire un crayon à la main ? Pour noter les conclusions qui m'engagent et qu'il faudra me rappeler régulièrement mais aussi les préoccupations qui viennent troubler ma méditation et que je ne veux pas oublier : promesses à tenir, tâches à accomplir, personnes à contacter. 8 
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