Les bioprothèses aortiques implantées par voie percutanée Aortic prosthesis implanted percutaneously C. Le Feuvre, A. Pavie* POINTS FORTS Le remplacement valvulaire aortique chirurgical par sternotomie est actuellement le seul traitement validé du rétrécissement aortique (RA) serré symptomatique. La bioprothèse aortique percutanée peut être proposée aux patients présentant un RA serré symptomatique lorsque leur espérance de vie est suffisante et que la chirurgie est contre-indiquée ou à trop haut risque. La procédure doit être réalisée par une équipe médicochirurgicale formée par les experts du domaine, dans des centres sélectionnés par la DHOS selon les critères définis par la HAS. La taille de l’anneau valvulaire aortique calculé par échographie et scanner conditionne la faisabilité de la procédure et le choix de la valve. Le choix entre la voie fémorale et la voie transapicale se fait en fonction de l’anatomie aorto-iliofémorale évaluée par angiographie et scanner (chirurgie mini-invasive en cas d’impossibilité de cathétérisme artériel rétrograde). Les derniers résultats portant sur les bioprothèses aortiques percutanées de troisième génération sont très prometteurs. MAIN POINTS Surgical aortic valve replacement is actually the definitive therapy for severe symptomatic aortic stenosis (AS). Aortic prosthesis can be implanted percutaneously in patients with severe symptomatic AS when surgery is contraindicated or at very high risk. The procedure must be performed by trained teams in medico-surgical centers selected according to the current guidelines. The choice of the prosthesis is related to the diameter of aortic annulus, assessed by echocardiography and CT scan. The choice between femoral or transapical aortic valve implantation relies on arterial access, assessed by angiography and CT scan (minimally invasive surgery when retrograde endovascular implantation is impossible). The last results with the third generation of aortic prosthesis are very encouraging. Cette nouvelle technique doit être évaluée par un registre national, et ses bénéfices confirmés par les études randomisées PARTNER US, qui sont en cours. This new technique must be evaluated by a national registry, and validated by the randomized study which is ongoing PARTNER US. Mots-clés : Rétrécissement aortique – Cathétérisme – cardiaque – Bioprothèse aortique. Keywords: Aortic stenosis – Cardiac catheterism – Aortic prosthesis. L a technique d’implantation des bioprothèses aortiques par voie percutanée a initialement été mise au point et développée par Alain Cribier et son équipe, à Rouen. La première implantation chez l’homme a été réalisée à Rouen en avril 2002 (1), après plusieurs années de recherche expérimentale et chez l’animal. Deux études de cette équipe ont confirmé la faisabilité de cette technique chez l’homme (I-REVIVE, RECAST), à l’origine de sa diffusion en Europe et en Amérique du Nord. * Pôle médico-chirurgical cardiologique, groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, Paris. La Lettre du Cardiologue - n° 413 - mars 2008 Mise au point M ise au point CARACTÉRISTIQUES DES VALVES AORTIQUES PERCUTANÉES Deux valves aortiques percutanées ont actuellement le marquage CE : CoreValve Revalving® System et valve aortique Sapien (Edwards Lifesciences). CoreValve Revalving® System La valve de troisième génération est en péricarde porcin et elle est attachée sur une armature autoexpansible par des sutures en PTFE (figure 1). Le cathéter de pose est de 18 Fr, le diamètre 1 Mise au point M ise au point utilisée a été abandonnée au profit de la voie transapicale, par chirurgie mini-invasive, ou de la voie rétrograde transfémorale. L’introducteur est de 22 Fr pour la valve 23 mm, et de 26 Fr (8 mm) pour la valve 26 mm. Technique d’implantation des bioprothèses aortiques percutanées A. CoreValve Revalving® System. B. Implantation de la CoreValve. Figure 1. Valve de 3e génération. d’expansion distal est de 40 ou 50 mm selon le diamètre de l’aorte ascendante du patient, et le diamètre proximal de 26 ou 29 mm selon le diamètre de l’anneau aortique du patient (entre 20 et 23 mm pour un diamètre proximal de 26 mm, entre 24 et 27 mm pour une valve avec un diamètre proximal de 29 mm). La voie d’abord est rétrograde transfémorale, sous anesthésie générale ou locorégionale. Certaines situations anatomiques ne permettent pas l’utilisation de la CoreValve : thrombus ventriculaire gauche, épaisseur intima-média (IM) supérieure à 2/4, septum interventriculaire supérieur à 16 mm, sténose sousaortique, diamètre de l’anneau aortique inférieur à 20 mm ou supérieur à 27 mm, angle entre l’aorte ascendante et l’anneau aortique supérieur à 45°, hauteur des sinus de Valsalva inférieure à 10 mm, diamètre de l’aorte ascendante supérieur à 43 mm, tortuosités/calcifications aorto-iliaques excessives, diamètre fémoral inférieur à 6 mm. Valve aortique Sapien (Edwards Lifesciences) Initialement nommée valve Cribier-Edwards, la valve de troisième génération est actuellement fabriquée à partir de péricarde bovin, fixée par des sutures en PTFE sur un stent en acier expansible par gonflage d’un ballonnet (figure 2). Les diamètres des valves sont choisis en fonction du diamètre de l’anneau du patient (18-20 mm pour la valve 23 mm, 21-25 mm pour la valve 26 mm). La voie antérograde transeptale initialement Il est nécessaire d’avoir dans le même bâtiment un plateau technique de cardiologie interventionnelle et de chirurgie cardiaque, en cas de nécessité de conversion en CEC en urgence. La salle de cathétérisme doit permettre une définition optimale des images radiographiques, et remplir des conditions d’asepsie identiques à celle d’un bloc opératoire. Le plateau technique optimal est une salle hybride, associant salle opératoire et imagerie capteur plan. Les recommandations HAS suggèrent que le centre réalise plus de 200 remplacements valvulaires aortiques par an. Le cardiologue interventionnel doit avoir l’expérience du franchissement du rétrécissement aortique (RA) et de la valvuloplastie aortique percutanée (au moins 50 actes), le chirurgien doit avoir celle des endoprothèses aortiques couvertes percutanées et des ECMO (CEC percutanées). Les recommandations HAS considèrent que l’équipe doit être constituée de 2 cardiologues interventionnels et d’un chirurgien cardiaque pour la voie rétrograde (un cardiologue interventionnel et 2 chirurgiens cardiaques pour la voie transapicale), d’un cardiologue échographiste disponible, et d’un anesthésiste. La formation des équipes médicochirurgicales par les experts du domaine doit être assurée par les sociétés commercialisant les valves. Technique d’implantation par voie rétrograde transfémorale La procédure est réalisée sous anesthésie générale ou locorégionale. Le patient est traité par antiagrégants plaquettaires comme pour un stent actif, antibioprophylaxie et héparine pendant la procédure. L’accès nécessite une artère fémorale d’un diamètre de plus 7 mm et l’absence de sinuosités ou de calcifications excessives. Une valvuloplastie aortique percutanée au ballonnet est réalisée afin de dilater la valve aortique native. La bioprothèse est ensuite implantée sous contrôle fluoroscopique. La CoreValve est implantée par autoexpansion du stent. La valve Sapien est implantée par inflation du ballonnet sur lequel est sertie la valve, pendant un bref pacing à 180-220 mn par sonde de stimulation ventriculaire droite. L’artère fémorale est fermée par un système de suture percutanée mise en place au début de la procédure (système ProStar®), ou par réparation chirurgicale. Technique d’implantation par voie transapicale Figure 2. Valve Sapien (Cribier-Edwards). 16 Cette voie d’abord est utilisée lorsque la voie rétrograde est impossible (artère fémorale de moins de 7 mm, sinuosités ou calcifications aorto-iliaques excessives) [figure 3]. Elle nécessite une chirurgie mini-invasive sous anesthésie générale, avec thoracotomie dans le 5e ou le 6e espace gauche, exposition de l’apex cardiaque et placement de l’introducteur à travers l’apex pour implantation de la valve Sapien après prédilatation au ballon (figure 4) [la CoreValve par voie apicale est en cours d’homologation]. La Lettre du Cardiologue - n° 413 - mars 2008 A D Mise au point M ise au point B Figure 3. Analyse de la possibilité d’une implantation artérielle rétrograde par angiographie aortique et aorto-iliofémorale avec pig-tail graduée. Ventriculographie en OAD (A). Aortographie en OAD (B). Aortographie en OAG (C). Angiographie aorto-iliofémorale (tortuosité excessive iliaque gauche faisant préférer la voie rétrograde iliofémorale droite) (D). C Figure 4. Implantation par voie apicale de la valve Sapien (CribierEdwards). RÉSULTATS DES REGISTRES Les premières études de faisabilité portaient sur des patients inclus à titre compassionnel, avec un taux élevé de mortalité (tableaux I et II). Les études les plus récentes menées sur les valves de troisième génération donnent des résultats très encourageants, avec des taux de succès de procédure supérieurs à 90 % et des taux de décès à 1 mois inférieurs à 10 % (2-6). La Lettre du Cardiologue - n° 413 - mars 2008 17 Mise au point M ise au point Tableau I. Études de faisabilité de la valve Cribier-Edwards chez des patients inclus à titre compassionnel (voie transeptale abandonnée) et études en cours de la valve de troisième génération (valve Sapien). Études Nb pts Abord Résultats Type de l’étude I-REVIVE 22 14 décès dont 5 liés à la Transeptal, n = 16 procédure Rétrograde, n = 6 RECAST 24 Transeptal 11 décès à 15 mois Faisabilité dont 4 liés Pts au stade à la procédure compassionnel REVIVAL-1 7 Transeptal 4 décès à 1 an REVIVAL-2 75 Transapicale, n = 20 Rétrograde, n = 55 Apicale : 6 décès Registre dont 4 < 30 jours Suivi à 6 mois Rétrograde : pour 36 patients 11 décès dont 4 < 30 jours REVIVE II 74 Rétrograde 17 décès dont 13 < 30 jours Registre Suivi 1 an CANADA SPECIAL ACCESS 74 Rétrograde, n = 50 Transapicale, n=7 Rétrograde : 9 décès dont 6 < 6 mois Apicale : 3 décès < 6 mois Registre Suivi > 6 mois TRAVERCE 103 Transapicale Conversion en CEC : n = 11 31 décès dont 14 < 30 jours Registre Suivi 1 an PARTNER Europe 125 Transapicale ou rétrograde Fin étude juin 2008 Registre Suivi 6 mois Faisabilité Pts au stade compassionnel Faisabilité Pts au stade compassionnel PARTER US bras A Patients à haut risque chirurgical Valve percutanée Fin inclusion : Randomisation 350 versus rempla- septembre 2008 Suivi 5 ans cement valvulaire aortique/CEC PARTER US bras B Patients avec contre-indication chirurgicale 250 Valve percutanée Fin inclusion : Randomisation versus traitement septembre 2008 Suivi 5 ans médical Tableau II. Études de faisabilité de la CoreValve chez des patients inclus à titre compassionnel, et études en cours de la valve de troisième génération. 18 Études Nb pts COR 2004-01 4 Abord Rétrograde Résultats 3 décès < 30 jours Type de l’étude Faisabilité Pts au stade compassionnel COR 2004-02 18 Rétrograde 12 succès de procédure Faisabilité 5 décès à 1 mois, Pts au stade 12 à 3 mois compassionnel COR 2005-01 50 Rétrograde 23 succès de procédure Registre 8 décès à 1 mois COR 2006-02 112 Rétrograde Étude en cours Registre Valve troisième Publication sur 36 pts génération suivis 1 mois : 5 décès Voie apicale Les premières séries de voie apicale avec la valve CribierEdwards (actuellement nommée valve Sapien) ont été réalisées au Canada, en Allemagne et en Autriche. À Vancouver, le taux de succès de procédure est passé de 76 % pour les 25 premiers patients (EuroSCORE moyen de 26 %) à 96 % pour les 75 suivants (EuroSCORE moyen de 30 %), la mortalité à 1 mois, de 16 % pour les premiers patients à 8 % pour les 75 suivants, et la survie à 6 mois, respectivement, de 70 % et 90 %. Dans la série de Leipzig portant sur 80 patients, la mortalité à 1 mois était de 10 %, et 84 % des patients étaient extubés avant la 24e heure. Voie rétrograde Les méta-analyses incluant des patients mplantés par voie rétrograde avec EuroSCORE moyen à 30 % rapportent un taux de décès de 10 % à 1 mois et de 30 % à 6 mois. L’amélioration du matériel (cathéter Retroflex pour la valve Sapien, diminution de la taille de l’introducteur pour la CoreValve), la suppression de l’assistance circulatoire et la simplification de la voie d’abord (abandon de la voie transeptale) permettent d’obtenir dans les séries les plus récentes un taux de succès supérieur à 95 %, un risque d’accident vasculaire cérébral inférieur à 2 %, et un risque de décès à 1 mois inférieur à 5 %. L’adaptation de la taille de la prothèse à celle de l’anneau aortique diminue le risque de fuite paraprothétique. Dans une série de 175 patients avec CoreValve implantée par voie fémorale 18 Fr, les taux de décès étaient de 15 % à 1 mois et de 30 % à 6 mois, avec 3 % de cross-over chirurgical, 1 % d’infarctus, 2 % de dissections aortiques et 6 % d’accidents vasculaires cérébraux, le plus souvent transitoires, 19 % de troubles conductifs avec implantation d’un pacemaker (AHA 2007). Les performances hémodynamiques des valves sont excellentes, avec disparition immédiate du gradient VG-aorte au cathétérisme, et amélioration de la fonction systolique ventriculaire gauche lors du suivi échographique à 3 mois. Un suivi de 3 ans a été rapporté pour les valves Cribier-Edwards de première génération, mettant en évidence la persistance d’un excellent fonctionnement de la bioprothèse, le gradient VG-aorte restant inférieur à 10 mmHg (7). INDICATIONS RESPECTIVES DE LA STERNOTOMIE ET DE LA VOIE PERCUTANÉE DANS LE TRAITEMENT DU RA Le RA est aujourd’hui le plus souvent d’origine dégénérative, avec calcifications progressives de l’anneau valvulaire et des sigmoïdes, alors que les commissures restent libres. Il s’agit plus rarement d’une atteinte rhumatismale ou congénitale. Les patients restent longtemps asymptomatiques, la surface du RA diminuant habituellement de 0,1 à 0,2 cm 2 par an, parallèlement à une augmentation du gradient. Dans les recommandations ESC 2007, le RA serré est défini par une surface inférieure à 1 cm2, ou 0,6 cm2 par m2 (8). L’apparition de symptômes dans le RA est de mauvais pronostic, La Lettre du Cardiologue - n° 413 - mars 2008 avec une survie moyenne inférieure à 2 ans. Les indications de dilatation aortique percutanée au ballon sont devenues marginales en raison d’un taux très élevé de resténose et de l’absence de bénéfice démontré en termes de survie par rapport au traitement médical. Indications et risque opératoire du remplacement valvulaire aortique Le remplacement valvulaire aortique par voie chirurgicale est donc actuellement le seul traitement recommandé chez les patients avec RA serré symptomatique. L’épreuve d’effort est contre-indiquée chez les patients symptomatiques avec RA serré. Elle peut être utile chez le patient asymptomatique avec RA pour rechercher une réponse tensionnelle anormale ou des symptômes à l’effort. Le remplacement valvulaire aortique doit être envisagé chez les patients asymptomatiques avec RA serré et réponse anormale à l’exercice. Les indications opératoires dans le RA serré asymptomatique concernent les patients avec nécessité d’une autre chirurgie cardiaque (coronaire, aorte ascendante, mitrale), FE inférieure à 50 % sans autre cause, réponse tensionnelle anormale à l’effort, RA très serré et mortalité opératoire estimée inférieure à 1 %, HVG importante sans HTA. Le risque opératoire peut être calculé par l’EuroSCORE, intégrant 17 variables liées aux comorbidités du patient, à ses antécédents cardiaques et aux modalités de la chirurgie (www.euroscore.org). La mortalité opératoire pour le remplacement valvulaire aortique seul est de 3 % avant 70 ans, de 5 % entre 70 et 80 ans et de 9 % après 80 ans. Lorsqu’un pontage coronaire est associé au remplacement valvulaire, la mortalité opératoire est de 6 % avant 70 ans, de 9 % entre 70 et 80 ans, et de 12 % après 80 ans. Dans l’étude Euro Heart Survey réalisée en 2003, 32 % des patients avec RA serré en classe III ou IV de la NYHA sont récusés chirurgicalement. Les contre-indications étaient le plus souvent non cardiaques, liées à l’âge, une insuffisance respiratoire ou rénale, à une faible espérance de vie (9). L’analyse du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) rapporte en 2005 un remplacement valvulaire aortique chez 10 739 patients. L’indication d’une valve aortique percutanée pourrait donc concerner en France environ 3 000 patients par an. Indications de la bioprothèse aortique percutanée L’implantation d’une bioprothèse aortique par voie percutanée rétrograde (fémorale) ou transapicale doit actuellement être limitée aux patients avec RA serré symptomatique et haut risque chirurgical ou contre-indication chirurgicale. La décision doit être prise de manière collégiale dans le centre médicochirurgical réalisant la procédure et par un comité de 4 médecins (cardiologue interventionnel, cardiologue non interventionnel, chirurgien cardiaque et anesthésiste). Ce comité sélectionne les patients selon les critères recommandés par l’HAS (encadré 1). En cas d’EuroSCORE inférieur à 20 % et/ou de score STS inférieur à 10, l’indication pourra être retenue en raison d’une condition empêchant les canulations pour CEC, le clampage aortique ou l’accès chirurgical du médiastin (aorte porcelaine, La Lettre du Cardiologue - n° 413 - mars 2008 contre-indication à la sternotomie, antécédent de radiothérapie, de médiatinite, etc.). Encadré 1. Indications d’une bioprothèse aortique par voie percutanée. – RA dégénératif avec gradient moyen > 40 mmHg et/ou Vmax > 4 m/s, surface < 0,6 cm2/m2) ; – Classe fonctionnelle NYHA ≥ 2, ou classe 1 et FE < 40 % liée au RA ; – EuroSCORE ≥ 20 % et/ou score STS ≥ 10, ou comorbidités contre-indiquant la thoracotomie . Mise au point M ise au point Contre-indications de la bioprothèse percutanée Des études expérimentales chez l’animal ont montré la faisabilité de l’implantation percutanée de la bioprothèse dans une bioprothèse aortique préalablement implantée chirurgicalement. Actuellement, la bioprothèse aortique percutanée ne s’adresse qu’aux patients avec RA sur valve native, l’antécédent de remplacement valvulaire étant une contre-indication. Les autres contreindications peuvent être liées à une pathologie coronarienne ou hématologique sévère, ou à des conditions anatomiques ou générales défavorables (encadré 2). Encadré 2. Contre-indications d’une bioprothèse aortique par voie percutanée. – Antécédent de remplacement valvulaire ; – Instabilité hémodynamique ; – Thrombus intracavitaire ou végétations valvulaires ; – Embolie cérébrale < 6 semaines ; – Altération majeure des fonctions supérieures ; – Infarctus du myocarde < 2 semaines ; – Sténose du TC non protégée ; – Anomalies sévères de l’hémostase, refus de transfusion ; – Affection extracardiaque avec espérance de vie < 1 an ; – Anatomie incompatible avec les valves percutanées (taille anneau, aorte). REMBOURSEMENT DES VALVES PERCUTANÉES Une demande d’évaluation de l’acte a été soumise par le Groupe athérome et cardiologie interventionnelle (GACI) de la SFC à la HAS. Les dépôts de dossiers de demande d’inscription sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) concernent la CoreValve Revalving® System (CoreValve Inc.) et la valve Sapien, initialement nommée Cribier-Edwards (Edwards Lifesciences). L’évaluation du service attendu a été réalisée par la Commission d’évaluation des produits et prestations (CEPP). Un avis favorable de la CEPP à la demande d’inscription sur la LPPR a été publié le 12 décembre 2007, cette commission se prononçant en faveur d’une amélioration majeure du service attendu (ASA 1). L’avis de la CEPP a été transmis au Comité économique des produits de santé (CEPS), qui peut décider de faire figurer la bioprothèse percutanée sur la LPPR. La Commission d’évaluation des actes professionnels (CEAP) est chargée d’évaluer le service attendu des actes professionnels. Il transmet son avis à l’Union nationale 19 des caisses d’Assurance maladie (UNCAM) pour la décision de l’inscription de l’acte. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’acte de pose percutanée de la bioprothèse aortique n’est pas inscrit à la CCAM, et aucune bioprothèse n’est inscrite sur la LPPR. La procédure administrative doit enfin s’accompagner de la création d’un groupe homogène de soins (GHS) par les autorités compétentes, et d’une négociation du prix des prothèses entre les industriels et le comité économique interministériel. En attendant la probable confirmation de l’intérêt des valves aortiques percutanées dans les études randomisées PARTNER US, le remboursement des valves pourrait être limité aux centres choisis par la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) selon les critères définis par la HAS, et sur les conseils de la SFC et de la SFCTCV. Un appel à candidature sera adressé par la SFC et la SFCTCV aux équipes cardiologiques médicochirurgicales françaises. La formation de ces équipes choisies par la DHOS devra être assurée par les deux sociétés commerciales. Ces équipes pourraient inclure les patients dans un registre national exhaustif, dont le projet est en cours de rédaction. Les patients pourraient être sélectionnés selon les critères définis dans les encadrés 1 et 2. La voie d’abord transapicale serait réservée aux contre-indications de la voie rétrograde (évaluation anatomique aorto-iliofémorale par angiographie et scanner). Les critères de jugement porteraient entre autres sur le succès de procédure, la survenue d’événement cardiovasculaire lors du suivi, l’évaluation fonctionnelle de la valve et la FEVG à l’échographie. CONCLUSION L’implantation percutanée de la bioprothèse aortique est une nouvelle technique pleine de promesses qui devrait permettre d’améliorer l’état fonctionnel et le pronostic des patients avec RA serré symptomatique récusés par la chirurgie en raison d’un risque opératoire trop élevé. Dans les centres où les liens médicochirurgicaux permettent actuellement une prise en charge optimale de la maladie coronaire, cette nouvelle technique contribuera à renforcer la collaboration entre cardiologues interventionnels et chirurgiens cardiaques, et à améliorer la prise en charge des patients avec RA. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Cribier A, Eltchaninoff H, Bash A et al. Percutaneous transcatheter implantation of aortic valve prosthesis for calcific aortic stenosis. Circulation 2002;106:3006-8. 2. Webb JG, Pasupati S, Humphries K et al. Percutaneous transarterial aortic valve replacement in selected high-risk patients with aortic stenosis. Circulation 2007;116(7):755-63. 20 3. Lichtenstein SV, Cheung A, Ye J et al.Transapical transcatheter aortic valve implantation in humans: initial clinical experience. Circulation 2006;114(6):591-6. 4. Walther T, Falk V, Borger MA et al. Minimally invasive transapical beating heart aortic valve implantation-proof of concept. 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AUTO-ÉVALUATION ▶ 1. Combien de patients dans le monde ont bénéficié d’une implantation percutanée de bioprothèse aortique ? 1-a : 100. 1-b : 1 000. 1-c : 10 000. ▶ 2. Le taux de succès de procédure avec les bioprothèses aortiques percutanées de troisième génération est : 2-a : > 90 %. 2-b : entre 85 et 90 % 2-c : entre 80 et 85 %. ▶ 3. Le taux de décès à 1 mois avec les bioprothèses aortiques percutanées de troisième génération est : 3-a : < 10 %. 3-b : entre 10 et 15 %. 3-c : entre 15 et 20 %. ▶ 4. Chez les patients avec RA serré symptomatique et contre-indication chirurgicale, le bénéfice de la bioprothèse aortique percutanée sur le traitement médical : 4-a : est en cours d’évaluation. 4-b : est validé par étude randomisée. Réponses : 1-b, 2-a, 3-a, 4-a. Mise au point M ise au point La Lettre du Cardiologue - n° 413 - mars 2008