SOCIETE FORMATION CONTINUE La moitié des adultes a des difficultés de compréhension avancée d’un texte Une nouvelle offre de programmes accompagne la refonte des services de la FEP Que l’on « réponde aux besoins de l’individu avant ceux de l’entreprise » Page 2 Page 3 Page 4 CAHIER THÉMATIQUE G › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E Les cégeps et les universités doivent composer avec une arrivée massive, depuis une dizaine d’années, d’étudiants avec des troubles d’apprentissage. 2 M A R S 2 0 1 4 FRED DUFOUR AGENCE FRANCE-PRESSE Ces mots qui sont des maux Dyslexie, dysorthographie et dyscalculie doivent être repérées afin d’être corrigées Vous avez obtenu votre diplôme d’études secondaires de justesse, malgré des échecs dans plusieurs matières. La lecture et l’écriture ont toujours été difficiles pour vous. À force d’entendre parler de troubles d’apprentissage, particulièrement de dyslexie, vous pensez peut-être en être atteint, mais vous n’avez jamais eu de diagnostic. Après une vingtaine d’années à vous débrouiller sur le marché du travail, vous aimeriez aller chercher un diplôme pour pouvoir progresser dans votre carrière. Mais arriverez-vous à enfin bien réussir en classe ? «T MAR TINE LETAR TE ous les établissements de formation doivent offrir des accommodements raisonnables aux étudiants atteints de troubles d’apprentissage ou en situation de handicap ; c’est une obligation légale contre la discrimination », indique d’emblée Odette Raymond, conseillère pédagogique au cégep du Vieux-Montréal et chercheuse au Centre de recherche pour l’inclusion scolaire et professionnelle des étudiants en situation de handicap. Toutefois, les cégeps et les universités doivent composer avec une arrivée massive depuis une dizaine d’années d’étudiants avec des troubles d’apprentissage. « C’est exponentiel, af firme M me Raymond. Les établissements doivent s’adapter. Ils ont commencé à of frir des services en 1982, mais c’était sur tout pour les sourds et les aveugles. Avec l’arrivée des gens avec des troubles d’apprentissage, les services à offrir sont dif férents. » Le trouble d’apprentissage le plus connu est la dyslexie, une difficulté marquée à identifier les mots. On retrouve aussi la dysorthographie, une difficulté marquée à produire les mots. Avec ces troubles, la personne est portée à lire ou à écrire en omettant des sons, ou en inversant des syllabes, explique-t-on dans l’ouvrage paru la semaine dernière dans la collection Performa de l’AQPC : Se former à la pédagogie de l’enseignement supérieur, auquel Odette Raymond a participé. La dyscalculie touche les habiletés de base en dénombrement, en manipulation du langage mathématique et de ses opérations. « Environ 10 % de la population québécoise est atteinte d’un trouble d’apprentissage, et la recherche démontre que 40 % des décrocheurs sont touchés », indique Jean-Louis Tousignant, président de l’Association qué- bécoise des troubles d’apprentissage (AQETA). Outils disponibles Que ce soit en classe ou au travail, plusieurs outils informatiques peuvent aider les gens atteints de troubles d’apprentissage à fonctionner à leur plein potentiel. Il existe des logiciels d’aide à la lecture, d’autres pour la prédiction de mots, en plus de logiciels de correction comme Antidote. « Un logiciel de correction peut aider pratiquement tout le monde, alors il peut être intéressant pour les employeurs d’en faire l’acquisition sans attendre de savoir si cer tains employés ont un diagnostic de trouble d’apprentissage », remarque Jean-Louis Tousignant. D’autant plus que l’employé diagnostiqué n’en parle pas nécessairement à son employeur. « Plusieurs ont peur d’être discriminés, d’être mis de côté, affir me M. Tousignant. Par contre, pour obtenir les outils pour pouvoir avancer, il faut être capable de nommer ce qu’on a. C’est pour cette raison qu’il faut démystifier les troubles d’apprentissage, en parler de plus en plus ouvertement. » De plus, dans le marché du travail exigeant et compétitif d’aujourd’hui, il faut continuellement maintenir ses compétences à jour. « Un employé qui cache un trouble d’apprentissage aura tendance à éviter les situations où il serait mis en évidence, comme des ateliers de perfectionnement, Mme Raymond. C’est souvent fait taire », explique Jacques Cosraconte M. Tousignant. Il s’iso- au privé et cela coûte environ sette, conseiller pédagogique, lera et lorsque l’employeur re- 2000$.» adaptation, formation générale Ensuite, une analyse des be- des adultes et formation promarquera des erreurs d’or thographe, par exemple, il aura ten- soins de l’étudiant sera réalisée fessionnelle à la Commission et il se fera offrir des scolaire de Montréal. dance à penser qu’il est accommodements. incompétent. Cela peut « Environ 10 % À l’AQETA, on s’inquiète « Ça peut être la pro- que l’enseignant n’ait pas tous se terminer en congédielongation du temps les outils pour jouer ce rôle. ment. D’ailleurs, d’après de la accordé pour complé- « De plus, souvent, en formation le dernier recensement ter un examen, l’accès professionnelle, l’enseignant de Statistique Canada population à un logiciel en classe, provient du milieu du travail, en 2006, 34 % des gens québécoise est du coaching pour ap- indique Jean-Louis Tousignant. atteints d’un trouble prendre à utiliser le Il ne peut pas tout savoir, il a d’apprentissage étaient atteinte d’un logiciel, énumère besoin de soutien. » en emploi et 42 % Odette Raymond. Le é t a i e n t i n o c c u p é s . trouble Jacques Cossette af firme programme d’aide fi- que des ef for ts sont faits acC’est assez catastrod’apprentissage, nancière aux études tuellement pour assurer une phique. » et la recherche soutient aussi les étu- meilleure prise en charge des Universités diants dans l’achat élèves atteints d’un trouble et cégeps d’outils.» d’apprentissage en formation démontre que « Nous souhaitons professionnelle. Pour pouvoir utilique ces outils soient ser des outils informa- 40 % des « Le défi, c’est que l’inscription a c c e s s i b l e s s a n s se fait électroniquement, et dès tiques en classe dans diagnostic obliga- que la personne a les cours préales cégeps et les uni- décrocheurs toire parce que c’est lables, elle est acceptée dans le versités, l’étudiant sont touchés » un frein pour cer- programme sans rencontrer perdoit avoir obtenu un diagnostic de trouble d’appren- tains étudiants », affirme le pré- sonne, indique-t-il. Ensuite, elle tissage. « On envoie ceux qui sident de l’AQETA. se présente en classe et l’enseisont passés à travers les mailles gnant commence le premier modu filet se faire évaluer à l’ex- Formation des adultes et dule. Ça va vite. On aimerait terne », indique Odette Ray- professionnelle pouvoir en savoir plus au momond, également vice-présiDans les centres de formation ment de l’inscription sur le pardente de l’AQETA. des adultes et professionnelle, le cours scolaire de la personne, Plusieurs professionnels peu- diagnostic n’est pas obligatoire savoir si elle a déjà eu un suivi vent poser un diagnostic de trou- pour obtenir des services. avec un orthopédagogue, un orbles d’apprentissage, comme « Lorsqu’un enseignant ob- thophoniste ou un psychoéducales orthophonistes. « Toutefois, serve une dif ficulté chez un teur. Cela pourrait nous indil’évaluation faite par les neuropsy- élève, il prévient la direction quer dès le départ que cette perchologues est plus complète, adjointe du centre de formation sonne pourrait avoir besoin puisqu’elle regarde aussi la mé- en précisant quelles stratégies il d’outils. » moire et l’attention par exemple, a utilisées pour améliorer la sice qui peut permettre de décou- tuation et en mentionnant qu’il Collaboratrice vrir d’autres troubles, explique a besoin d’une aide supplémenLe Devoir G 2 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 M A R S 2 0 1 4 FORMATION CONTINUE SEMAINE QUÉBÉCOISE DES ADULTES EN FORMATION « Travail et formation vont ensemble » La moitié des adultes québécois a des difficultés de compréhension avancée d’un texte S’il est urgent de lutter contre l’analphabétisme au Québec, l’éducation aux adultes sous toutes ses formes, notamment par la formation en milieu de travail, doit aussi être valorisée, estime l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICEA). cela fait en sor te que travail et formation vont ensemble. » SARAH POULIN-CHAR TRAND a formation en milieu de «L travail, c’est cr ucial ! lance Ronald Cameron, le di- Des chiffres révélateurs Les chiffres du dernier rapport du Conseil supérieur de recteur général de l’ICEA, en l’éducation, qui analyse notamposte depuis 2011. Un plus ment les données de 2003 de grand effort doit être fait de la l’Enquête internationale sur par t des entreprises, l’alphabétisation et la afin d’inciter à la forcompétence des mation continue dans Le passage adultes, lui donnent les milieux de tra- aux études raison quant à l’imvail. Nous essayons de por tance de maintemettre en avant, du- supérieures nir les adultes, même rant la Semaine qués’ils sont diplômés, bécoise des adultes en ne garantit dans un mode d’apformation, l’idée que prentissage continu. l ’ é d u c a t i o n a u x pas des On peut lire dans ce adultes, ce n’est pas niveaux de rapport paru en sepseulement une questembre 2013 que tion de pauvreté et compétence « parmi les personnes d’analphabétisme ! » titulaires d’un diAvec l’évolution satisfaisants plôme universitaire, du marché du travail entre 26 % et 28 %, setelle qu’on la connaît en littératie, lon le domaine de aujour d’hui, mon- pour compétence, n’atteisieur Cameron rapgnent pas le niveau pelle que les salariés les années suf fisant [de compéne passent plus tence souhaitée pour toute leur vie dans actives sur fonctionner en soun même emploi ou ciété] ». Dans le au sein d’une même le marché même ordre d’idée, e n t r e p r i s e . « L e s du travail le rappor t note que tâches sont plus com« les scores moyens de plexes : les technologies numé- compétence, peu importe le doriques sont implantées par- maine, diminuent avec l’âge, et tout dans la production, et les de façon plus notable chez les changements de générations adultes de 46 à 65 ans ». de technologies sont contiIl faut donc en conclur e nuels dans les bureaux. Tout que le passage aux études su- KENZO TRIBOUILLARD AGENCE FRANCE-PRESSE Il est préférable de motiver les travailleurs par un climat d’apprentissage constant, même quand ils détiennent un diplôme universitaire. périeures ne garantit pas des niveaux de compétence satisfaisants en littératie, pour les années actives sur le marché du travail. « On s’aperçoit, dans l’étude du Conseil supérieur de l’éducation, qu’au Québec, parmi les gens qui ont des dif ficultés, 18 % ont des études postsecondaires, explique Ronald Cameron. Cela veut donc dire que même avec une scolarisation, avec le temps, les capacités s’étiolent, les habiletés se perdent. » Cela vient aussi embrouiller l’image typique qu’on se fait par fois d’une personne ayant des lacunes en lecture et en écriture. « Le por trait type d’un analphabète, c’est une personne qui est très pré- caire, dans des situations de pauvreté, qui a une confiance en soi très faible. Mais ce n’est pas seulement cela ; ce n’est pas réser vé strictement aux personnes en situation de pauvreté, ajoute le directeur général de l’ICEA. L’idée de la formation continue, de l’éducation permanente, c’est-à-dire d’être en mode d’apprentissage La FAE, fière è partenaire de la E IS O C É B É U Q E IN A M E S ADULTES DES EN FORMATION Du 29 mars au D u 6 avril il 20 2014 Découvrez les visages de la persévérance scolaire des adultes en formation dès le 29 mars 2014 www lafae qc ca www.lafae.qc.ca continu, devient donc extrêmement importante. » L’urgence : combattre l’analphabétisme L’importance d’une formation aux adultes bien implantée dans les milieux de travail ne devrait toutefois pas occulter une réelle VOIR PAGE G 3 : TR AVA IL L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 M A R S G 3 2 0 1 4 FORMATION CONTINUE FACULTÉ DE L’ÉDUCATION PERMANENTE DE L’UDEM « L’année 2014 sera l’année des lancements » La refonte des services s’accompagne d’une nouvelle offre de programmes Accueillant chaque année plus de 10 000 étudiants, la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal (FEP) renouvelle son offre, aussi bien du côté de la formation continue que de l’offre créditée. risque de fraude. Aujourd’hui, les organisations doivent faire preuve d’une vigilance extrême. » e virage s’est amorcé il y a 2 ans. À Citons également une of fre renouvelée du l’automne 2012, une nouvelle direc- côté de la communication écrite, lancée ce printrice, Florence Bordage, prenait les temps. « Un courriel n’est pas une lettre, les farênes de la formation continue au çons de correspondre ont changé et les règles ne sein de la FEP. Après une année de sont plus les mêmes », avance Florence Bordage. réflexion, de préparation et d’essais, le départe- Et pour outiller les entreprises, le département ment fait aujourd’hui peau neuve. « L’année propose des cours en ligne visant à améliorer 2014 sera l’année des lancements », annonce Flo- les techniques de rédaction autant en français rence Bordage, avant d’ajouter que « la lancée qu’en anglais, abordant entre autres la nouvelle va se poursuivre. Chaque année, nous aurons orthographe, les anglicismes ou la question de désormais des nouveautés. » la féminisation des mots au Québec. Au moment de son ar rivée en poste, FloPour les clientèles plus ciblées, on notera rence Bordage avait en effet déploré une « offre une formation intensive en Gestion et conforqui ne reflétait pas ce dont le public et les mité douanière, débutant en avril. Desorganisations ont besoin aujourd’hui ». tiné aux gestionnaires, comptables ou Souhaitant redonner de la vigueur au avocats d’une entreprise qui doit gérer dépar tement, c’est vers le ter rain de l’impor t-expor t et des processus qu’elle a concentré ses ef for ts, for te douaniers, le programme aborde les d’un bagage de 25 ans d’expérience en types de contrats, la fiscalité, les procesentreprise, dont 15 en tant que formasus douaniers ou encore les plans de JACQUES GRENIER ARCHIVES LE DEVOIR trice et conceptrice de formations. conformité. La FEP de l’Université de Montréal of fre des programmes en formation continue depuis 1990. Du côté de la gestion philanthroCriminalité Florence pique, une formation en ligne intitulée au travail, la gestion des services sociaux et de connaissance des acquis joue comme facteur Parmi les nouveautés figure un pro- Bordage Dons majeurs et planifiés s’adresse aux santé, et la gestion philanthropique, où l’appren- motivant, incitant à retourner aux études ou à figramme sur la criminalité éconoorganismes de charité ou culturels, tissage sur le terrain est monnaie courante. « Le nir son parcours. « Pour nous, c’est un outil de remique, qui verra le jour l’automne prochain. comme des musées, qui mettent sur pied des critère de base est d’avoir travaillé au moins trois crutement important, puisqu’il représente pour les On y aborde tout ce qui peut ser vir à une en- plans d’affaires ou des stratégies de communi- ans et d’être admis à un de nos programmes. 90% étudiants un gain de temps et d’argent. » tr eprise confr ontée à des pr oblèmes de cation pour attirer les donateurs, ou encore aux des programmes de la FEP peuvent bénéficier de ce Un besoin croissant, car aujourd’hui, « la mocrimes économiques sous l’angle de « la pré- planificateurs financiers qui encadrent et service, sauf les certificats en droit, en relations in- bilité professionnelle est plus importante et les vention, de la détection et du contrôle ». conseillent les donateurs. dustrielles et les cours de langues.» gens veulent atteindre leurs objectifs de carrière S’adressant aux cadres d’entreprise ainsi Citons enfin la méthode d’amélioration de Le processus existait dans les règlements de plus rapidement ». Mais aussi parce « la clientèle qu’aux enquêteurs sur le terrain, aux comp- processus Lean Six Sigma, dispensée sur me- l’Université depuis plusieurs années, mais a beaucoup évolué dans les dix dernières antables et aux avocats, les cours couvrent des sure depuis la rentrée 2014. « manquait de rigueur dans les évaluations et nées », ajoute-t-il. En effet, « 50 à 60 % de la clienaspects juridiques, financiers, éthiques et dél’encadrement, poursuit-il. Nous avons donc créé tèle de la FEP sont issus de l’immigration récisionnels, comme les détour nements de Reconnaissance des acquis une démarche méthodologique et des outils pour cente », et ce type de service pourrait apporter fonds, le blanchiment d’argent, l’évasion fisDu côté des programmes crédités, la FEP a évaluer les savoirs et les habiletés. » une réponse, parmi d’autres, au problème de la cale, les stratagèmes de fraude, les contrats également lancé début janvier sa toute nouvelle Après s’être laissée désirer pendant plus de reconnaissance des compétences professioncachés, la corruption, la collusion, la gestion politique de reconnaissance des acquis de l’expé- 35 ans — le souhait de voir naître une telle poli- nelles des travailleurs immigrants. En assoude crise, les protocoles d’investigation et la rience. Adoptée après un projet pilote mené en tique figurait déjà dans les procès-verbaux du plissant les façons de faire, il vient en effet « récybercriminalité. 2013 auprès d’une soixantaine de candidats, celle- conseil de la faculté en 1978 —, la mise en place pondre à la pression du manque de main-d’œuQuant à savoir ce qui a motivé la création de ci permet aux étudiants inscrits d’être exemptés du service permet à l’UdeM de s’aligner sur ce vre. Un professionnel de la santé d’origine tunicette nouvelle offre, « ce serait mentir de dire d’un ou de plusieurs cours s’ils font preuve d’une qui existe déjà au niveau collégial, dans les com- sienne, par exemple, peut se voir, avec son expéque la commission Charbonneau ne nous a pas expérience pertinente. «Le candidat doit démon- missions scolaires et dans plusieurs universités rience, reconnaître cer tains cours. C’est un influencés, confie Florence Bordage. Mais il est trer ses acquis d’apprentissage, que ce soit dans son anglophones, notamment l’Université Athabasca, incitatif pour aller décrocher un diplôme et avoir clair, et ce n’est pas seulement au Québec, que la expérience de travail, sa vie, son implication so- à Calgary, chef de file en la matière au Canada. un meilleur emploi que chauf feur de taxi. Il criminalité économique est de plus en plus ingé- ciale ou communautaire», indique Jean-Pierre LeCe faisant, la FEP entend répondre aux be- s’agit d’un moteur d’intégration sociale. » nieuse et peut toucher tout le monde. N’importe febvre, qui a été engagé à la FEP il y a un an et soins de « parcours non linéaires, atypiques », qui quel entrepreneur qui utilise un site Web pour demi pour contribuer à monter le service. sont, estime Jean-Pierre Lefebvre, de plus en Collaboratrice vendre un service ou un produit s’expose à un Les secteurs privilégiés: la santé et la sécurité plus nombreux. En accélérant la formation, la reLe Devoir ASSÏA KETTANI L TRAVAIL SUITE DE LA PAGE G 2 que l’éducation aux adultes peut jouer un rôle très important de ce point de vue là. L’éducation aux adultes, ce n’est pas seulement une question d’adéquation entre la formation et l’emploi, c’est une question de citoyenneté. » urgence au Québec : 20 % des adultes sont analphabètes et en sont lourdement handicapés socialement. Et non pas 50 %, comme le veut la statis- Un institut en réseau tique qui refait surface régulièL’Institut de coopération rement, ce que déplore Ronald d’éducation aux adultes, fondé Cameron : « Les gens avec un en 1946, est un carrefour de grand handicap, qui sont consi- réseaux qui œuvrent en éducadérés comme réellement anal- tion populaire, dont le mandat phabètes, sont de l’ordre d’un est de promouvoir le droit aux adulte sur cinq. Les chiffres du adultes à une éducation tout Conseil supérieur de l’éduca- au long de leur vie. tion sont très clairs là-dessus. » Les membres de l’ICEA Le directeur général de sont des établissements d’enl’ICEA ne nie par contre pas seignement, des organisations que près de la moitié syndicales, des des adultes québé- 20 % des groupes d’action socois ont des dif ficulciale, notamment. tés de compréhen- adultes sont L’ICEA profitera sion avancée d’un analphabètes de la semaine quétexte, ce qui leur nuit bécoise des adultes dans un monde de et en sont en formation, du plus en plus tour né 29 mars au 6 avril, lourdement vers l’information. pour développer une Mais l’urgence, secampagne de mobililon l’ICEA, se situe au handicapés sation et de valorisaniveau de l’analphabé- socialement tion de l’éducation tisme complet. aux adultes, par tout « I l faut faire un effort collectif au Québec. Une série d’activipour arracher ce 20 % à sa tés dans toutes les régions de condition léthargique au niveau la province est prévue, et plus de ses capacités. Il faut permet- de 300 organismes vont metre aux exclus d’être des citoyens ner des activités de reconnaisde manière pleine et entière. sance et de valorisation : reC’est une question sociale », es- mise de bourses, galas, etc. time Ronald Cameron. « Nous voulons célébrer les « Compte tenu de l’état des adultes dans des programmes lieux de l’action citoyenne et dé- d’apprentissage, dans dif fémocratique, ajoute-t-il, je pense rentes sphères de la vie », qu’il est impor tant de donner conclut Ronald Cameron. un coup de barre pour que la citoyenneté puisse s’exercer de Collaboratrice façon plus complète. Je pense Le Devoir La formation continue, une préoccupation syndicale On y voit ! csn.qc.ca facebook.com/lacsn twitter.com/lacsn vimeo.com/lacsn Accélérez votre parcours universitaire. Faculté de l’éducation permanente Faites reconnaître votre expérience. Un nouveau Service de reconnaissance des acquis expérientiels est offert aux personnes admises à la Faculté de l’éducation permanente. 514 343.6090 1 800 363.8876 www.fep.umontreal.ca/reconnaissance-des-acquis G 4 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 M A R S 2 0 1 4 FORMATION CONTINUE FORMATION CONTINUE Pas que le rôle de l’employeur Le Québec doit demeurer maître d’œuvre sur son territoire Il y a belle lurette que la formation continue des travailleurs est dans la mire de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Et aujourd’hui, elle demeure une priorité, et à certains égards, toujours un défi à relever. PIERRE VALLÉE ous étions parmi les par«N tenaires québécois qui réclamaient au début des an- JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les entreprises sont responsables de la compétence de leur main-d’œuvre et doivent respecter diverses exigences ou obligations visant leurs employés. TRAVAIL ET ÉDUCATION Le savoir avant le savoir-faire « On aimerait que la formation continue commence par répondre aux besoins des individus avant de répondre à ceux de l’entreprise ! » Fondée en 2006, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) représente quelque 32 000 enseignants québécois francophones. Persuadée que le Québec doit miser sur une formation scolaire solide visant davantage l’épanouissement de citoyens que le développement de travailleurs, elle estime que sous prétexte de satisfaire aux impératifs du marché du travail, la formation continue actuellement dispensée ne répond que trop peu aux besoins des personnes. ÉMILIE CORRIVEAU ouvant se définir comme les apprentisP sages réalisés par un individu une fois qu’il est sorti de son parcours initial au sein gens pour accomplir une tâche particulière, peu impor tent leurs compétences. Pour nous, ça constitue une dérive, et ça ne correspond pas du tout à notre vision de l’éducation et de la formation continue », explique Mme Morel. du système scolaire, la formation continue, vu les mutations importantes que connaît le mar- Jumelages souhaités ché du travail, constitue un impératif des soDans le même esprit, la FAE estime que le ciétés modernes. MELS devrait être plus impliqué dans la gesProdiguée en milieu scolaire ou en milieu de tion des personnes qui dispensent la formatravail, au Québec, elle relève principalement du tion continue. Elle croit que ce dernier aurait ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport tout intérêt à explorer davantage les possibi(MELS), du ministère de l’Emploi et de la Solida- lités de jumelage entre l’entreprise, les comrité sociale (MESS) et de la Commission des par- missions scolaires, les centres d’éducation tenaires du marché du travail. aux adultes et les centr e s de for m ation Pour leur part, les entreprises sont responsa- professionnelle. bles de la compétence de leur main« Prenons par exemple les centres d’œuvre et doivent respecter diverses d’éducation aux adultes, indique exigences ou obligations visant leurs Un problème Mme Morel. On y trouve des gens déjà employés. Cer taines d’entre elles, que note formés, des enseignants légalement quacelles versant annuellement plus d’un lifiés, qui pourraient contribuer davanmillion de dollars en salaires, sont assu- la FAE tage à la formation continue. Il y a déjà jetties à la Loi favorisant le développecertaines ententes qui existent entre ces ment et la reconnaissance des compé- relativement centres et les entreprises, mais dans plutences de la main-d’œuvre. Elles doisieurs cas, les formateurs en entreprise vent par conséquent investir l’équiva- aux dispositifs n’ont pas de qualifications légales. On lent d’au moins 1 % de leur masse sala- d’enseignement pense que le MELS devrait s’assurer de riale dans la réalisation d’activités de la qualification des formateurs pour formation qui touchent le développe- de la formation qu’elle soit de qualité. » ment des compétences de son personUn autre problème que note la FAE nel. Si elles ne le font pas, elles doivent continue est relativement aux dispositifs d’enseigneverser la somme non investie au Fonds ment de la formation continue est celui de développement et de reconnais- celui de de leur rigidité. Conçus dans nombre sance des compétences de la main- leur rigidité de cas pour une fréquentation à temps d’œuvre, lequel sert à subventionner plein, ils s’avèrent souvent trop rigides des projets liés à la formation de la main-d’œuvre. à plusieurs égards. Aussi, les individus désireux d’étudier à temps partiel, selon des horaires atyDiverses lacunes piques pour compléter une formation manquante, Bien qu’elle soit tout à fait pour la formation se butent bien souvent à ces rigidités. « Par exemple, pensons à une mère de famille continue, Mme Nathalie Morel, vice-présidente de la vie professionnelle de la FAE, constate plu- qui désire suivre une formation. Dans bien des sieurs lacunes dans les façons de la gérer et de cas, il n’est pas rare qu’elle doive continuer à la dispenser au Québec. Elle signale notamment travailler en même temps, mais que l’entreprise l’implication croissante du MESS au détriment qui l’emploie n’of fre aucune plage de travail qui lui permette de concilier ses études et sa vie de celle du MELS. « Ce qu’on observe, dit-elle, c’est que le MESS familiale. Si on était dans une dynamique de prend beaucoup de place sur le plan de la forma- réponse aux besoins des personnes, on s’ajustetion continue. D’après nous, puisqu’on parle rait à leurs conditions de vie, pas le contraire. » Si elle considère que la formation continue ded’éducation, le MELS devrait en être le principal maître d’œuvre. Or, il n’est pas rare que le MESS vrait davantage répondre aux aspirations personprenne toute la place. C’est quelque chose qui nelles des individus et leur permettre d’assurer une progression constante de leurs acquis, la nous trouble beaucoup. » Si la FAE s’inquiète de l’implication du MESS FAE ne juge pas pour autant qu’elle devrait être dans l’orchestration de l’of fre de formation dissociée des impératifs du marché du travail. « C’est impor tant de faire la nuance, note continue, c’est surtout qu’elle remarque que celle-ci s’articule de plus en plus autour de be- Mme Morel. On ne dit pas que la formation contisoins spécifiques d’entreprises données. nue ne devrait pas être liée à l’emploi, ce serait « L’objectif de la formation continue, c’est le re- une aberration. Il faut prendre en considération haussement des compétences après l’obtention les transformations qui s’opèrent aujourd’hui sur d’une solide formation de base. Elle devrait per- le marché du travail. Il est certain que la formamettre à une personne de combler certaines aspi- tion initiale, même si elle est de grande qualité, rations personnelles, de se mettre à jour et d’assu- ne peut assurer à elle seule la capacité d’une perrer sa mobilité sur le marché du travail. Or, elle sonne à répondre aux exigences du marché du répond de plus en plus à des besoins utilitaires. travail tout au long de sa vie active. Mais on aiPour nous, le problème, c’est que le besoin utili- merait que la formation continue commence par taire est celui de l’entreprise et pas celui de la per- répondre aux besoins des individus avant de résonne. Dans certains cas, les employés n’ont droit pondre à ceux de l’entreprise ! qu’à des formations à l’acte. On fait fi de la mobilité des travailleurs et de leur besoin de dévelopCollaboratrice per leurs capacités. On ne fait que former des Le Devoir nées 90 que le gouvernement du Québec soit le seul maître d’œuvre sur son territoire de la formation des travailleurs, ce que nous avons obtenu », souligne Denise Boucher, 3e viceprésidente à la CSN. Et c’est la raison pour laquelle la CSN voit d’un mauvais œil la récente intention du gouvernement Harper de vouloir modifier les règles du jeu. « Nous avons mis en place ici un modèle québécois qui fonctionne et qui répond bien à nos besoins. Le gouvernement fédéral n’a pas à s’en mêler, poursuitelle. Nous pouvons compter sur la Commission des partenaires du marché du travail, à laquelle siègent les syndicats, les organismes communautaires, les commissions scolaires, le patronat ; bref, tous les acteurs sont présents pour bien connaître nos besoins et cibler nos actions. De plus, nous travaillons en étroite collaboration avec Emploi-Québec, ce qui nous permet de rejoindre l’ensemble des travailleurs, syndiqués ou non, sur le marché du travail ou en chômage.» Une culture à développer L’idée de confier davantage aux entreprises la formation des travailleurs, comme le propose le gouvernement conservateur, ne trouve évidemment pas grâce à ses yeux. « Si ce sont les entreprises qui sont responsables, qui va en profiter ? Ce sont les grandes entreprises, car ce sont elles qui ont des directions des ressources humaines capables de mettre en place des programmes de formation. D’ailleurs, la plupar t le font déjà. Le problème, ce ne sont pas les grandes entreprises, ce sont les PME. Auront-elles les moyens et les outils pour mettre en place ces formations ? Je n’en suis pas convaincue. pétences parce qu’il perd son emploi et n’a pas en poche le diplôme requis pour trouver un autre travail. Il faut mettre en place une formation pour ce travailleur qui reconnaîtra ses acquis et l’amènera à se qualifier. » La formation continue des travailleurs n’a pas uniquement pour mission la mise à jour des connaissances et des compétences des travailleurs. « Nous avons au Québec un problème de littératie, et la formation continue doit aussi se préoccuper d’alphabétisation. À cela s’ajoute, surtout dans la grande région de Montréal, la question de la francisation des travailleurs immigrés. Ça aussi, ça fait partie de la formation continue. D’ailleurs, c’est l’approche que nous avons à la Commission des partenaires du marché du travail.» Tandis que présentement, elles le peuvent. » Bien qu’il se soit fait des progrès notables en matière de formation des travailleurs depuis une quinzaine d’années, cela demeure toujours un défi, croit Denise Boucher, surtout en ce a trait à la création d’une véritable culture de la formation continue au sein des entreprises québécoises. « Trop souvent, dans les entreprises, sur tout les PME, tant que le travail est bien fait et que les profits sont aux rendezvous, la question de la formation continue ne se pose pas beaucoup. C’est lorsqu’il y a un changement dans la façon de Le fameux 1 % faire, par exemple, l’arrivée Actuellement, au Québec, d’une nouvelle machine ou de toute entreprise ayant une l’informatique dans l’entreprise, masse salariale d’un million de que le problème surgit et que dollars ou plus doit investir 1 % l’on doit alors agir. » de cette masse salariale dans Ainsi, les entreprises agissent des projets de formation contisouvent sur le tard. «Elles font les nue pour ses employés. Ces changements nécessaires afin entreprises sont donc assujetd’éviter la fermeture et n’ont d’au- ties à ce que l’on appelle comtre choix que d’offrir une forma- munément la loi du 1 %. C’est le gouvernement Chation à leurs employés. Il faudrait être en mesure d’agir beaucoup rest qui a modifié cette loi en plus tôt.» C’est la raison pour la- 2003; auparavant, la masse salaquelle elle croit que la formation riale assujettie était de 250000$. continue des travailleurs devrait Devrions-nous y r evenir ? faire partie des négociations me- « Toutes les entreprises québénant à la signature d’une conven- coises, peu importe leur masse sation collective. Et la même règle lariale, devraient être assujetties devrait s’appliquer aux entre- à la loi du 1 %. Même si l’entreprises non syndiquées. «La for- prise a une petite masse salamation continue ne doit pas être riale, et qu’elle ne peut par conséuniquement dictée par l’em- quent que consacrer une petite ployeur. Là où il y a un partena- somme à la formation continue, riat entre l’employeur et les em- l’obligation de le faire constitue ployés, il y a une meilleure adhé- un début et favorise ainsi la créasion au projet de formation conti- tion d’une culture de la formanue et, par conséquent, plus de tion continue au sein de cette entreprise. Et les employeurs qui aschances de réussite.» Dans certains cas, la ferme- similent ce 1 % à une taxe se ture d’une entreprise est inévi- trompent et envoient un bien table, et la formation continue mauvais message quant à l’imde travailleurs sert ici à les re- portance de la formation contiqualifier pour le marché du tra- nue des travailleurs. Parce qu’en vail. « C’est pourquoi la recon- fin de compte, des travailleurs naissance des acquis est si im- bien formés sont toujours un béportante. Il n’est pas vrai qu’un néfice pour une entreprise.» travailleur qui occupe le même emploi depuis plusieurs années Collaborateur devient soudainement sans comLe Devoir Faculté de l’éducation permanente La formation continue, votre levier professionnel Pour développer vos compétences ou celles de vos employés, nous offrons des formations publiques ou sur mesure. CRIMINALITÉ ÉCONOMIQUE ■ Enjeux stratégiques de la cybercriminalité ■ Protocole d'enquête du crime économique ■ Stratagèmes de fraude financière GESTION PHILANTHROPIQUE – Formations en ligne ■ Dons majeurs et planifiés I et II ■ Dons majeurs et planifiés pour planificateurs financiers GESTION ET CONFORMITÉ DOUANIÈRE LEAN SIGMA ■ Ceinture verte + Ceinture noire GÉRER ET SUPERVISER EFFICACEMENT COMMUNICATION ÉCRITE PROFESSIONNELLE – Formations en ligne ■ Français et Anglais fc Formation continue 514 343.5873 1 800 363.8876 www.fep.umontreal.ca/formationcontinue