lecon n°15 les accents i accent grave, accent aigu

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2010-2011
LECON N°15
LES ACCENTS
En bonne typographie, tout d’abord, il convient de placer les accents sur les majuscules. Ils
ont en effet pleine valeur orthographique, ce que n’ignorent pas les ouvrages de qualité. Voici
les codes clavier des majuscules accentuées les plus courantes :
È = alt + 212
É = alt + 144
 = alt + 182
À = alt + 183
Les réformes de l’orthographe de 1990 préconisent bon nombre de régularisation quant aux
accents. Comme enseignant, il vous appartient cependant de discerner l’orthographe que
consacre l’usage, afin de ne pas enseigner la version qui paraîtrait fautive.
Les accents, en français, ne se mettent que sur des voyelles. On en distingue trois : l’accent
grave, l’accent aigu et le circonflexe. Si l’accent aigu est réservé au e, l’accent grave et le
circonflexe sont aussi dévolus à d’autres voyelles.
I ACCENT GRAVE, ACCENT AIGU
A MODIFICATION DE LA PRONONCIATION
Quand un accent aigu est placé sur le e, celui-ci est dit fermé : été, défilé, variété, ce qui
correspond à la notation [e] dans l’alphabet phonétique international. Quand un accent grave
est placé sur le e, celui-ci est dit ouvert : règle, père, amère, ce qui correspond à la notation
[ǫ] dans l’alphabet phonétique international.
En principe donc, l’accent modifie la prononciation de la lettre qu’il accompagne. En
pratique, en raison de l’évolution de la langue ou de spécificités régionales il arrive que la
prononciation ne corresponde plus à l’accent.
B RÈGLES
•
Devant un –s final, le e prend un accent grave : abcès, excès.
•
Le e ne porte d’accent, grave ou aigu, que s’il est à la fin d’une syllabe.
Voilà pourquoi pelle, lettre, enterrer, chez, pied… ne pourront prendre d’accent.
Alors que bonté, réguler, fièvre, siècle, piètre, aérer, pourront en prendre un.
*Revoir la leçon 13 sur le découpage des syllabes, notamment le principe de ne pas
séparer deux consonnes dont la deuxième est r ou l.
•
En principe, le e porte un accent grave lorsque la syllabe qui le suit comporte un e
muet : fidèle, fidèlement, chère, cède, cèdent, adhère, célèbrent
Cet accent grave devient un accent aigu dans les mots dérivés de la même famille si la
syllabe qui suit ne comporte plus de e muet : artère/artériel, plèbe/plébiscite,
mètre/métronome, système/systématique.
Notez les réformes orthographiques suivantes, qui visent à conformer des exceptions à
la règle énoncée ci-dessus :
- évènement au lieu de événement
- allègement au lieu de allégement
- allègrement au lieu de allégrement
- assèchement au lieu de asséchement
- cèleri
- crèmerie
- empiètement
- règlementaire
- règlementer
- sècheresse
•
La règle, jusqu’à présent, proscrivait l’accent sur les locutions latines : a priori,
referendum, media, artefact, placebo, ou étrangères : revolver, tremolo, pedigree,
sequoia. Les réformes préconisent maintenant de franciser, notamment par les
accents, les mots d’origine latine ou étrangère ; il faudrait donc désormais écrire les
mots déjà cités accentués, de même que : critérium, délirium trémens, désidérata,
facsimilé, média, mémento, satisfécit, sénior, vadémécum, véto et allégro, braséro,
condottière, décrescendo, diésel, édelweiss, trémolo.
•
Enfin, certains verbes changent leur accent aigu pour un accent grave, ou prennent
simplement un accent grave, lorsqu’ils sont conjugués à certains temps : verbes en –
eler, -eter, -ener par exemple. Acheter donne j’achète, amener donne j’amène ; régner
donne je règne etc.
•
Notez enfin la nouvelle orthographe des mots suivants : bésicles, recéler, démiurge,
sénestre
C DISTINCTION DES HOMOPHONES
L’accent permet aussi dans certains cas de distinguer certains homophones. Exemples les
plus courants :
•
a (verbe avoir à la 3e personne du sing.) et à (préposition)
•
ou (conjonction de coordination = ou bien) et où (adverbe)
•
ça (pronom démonstratif = cela) et çà (adverbe subsistant dans l’expression çà et là çà désignant un lieu proche et là, un lieu plus lointain ; ajoutons que çà peut aussi être
une interjection : Ah çà ! je n’y crois pas !)
•
La (article ou pronom) et là (adverbe)
•
Des (article indéfini) et dès (préposition)
II ACCENT CIRCONFLEXE
A AMUÏSSEMENT DU S
L’accent circonflexe remplace souvent un s présent à l’origine, s que l’on retrouve dans les
mots de la même famille - on dit qu’il indique l’amuïssement de cette lettre : fête, festin,
festoyer / fenêtre, défenestrer / côte, accoster…
B MODIFICATION DE LA PRONONCIATION
Il peut aussi préciser la prononciation des e, des o et des a : ê comme è en plus long, â long
ouvert, et ô long fermé. En pratique, notez que ces indications phonétiques sont de moins en
moins observées.
B DISTINCTION DE FORMES VERBALES ET D’HOMOPHONES
L’accent circonflexe marque certaines formes verbales, servant ainsi d’indicateur utile pour
les différencier :
•
L’accent s’applique à la troisième personne du singulier au présent des verbes en –
aître et –oître, ainsi que du verbe plaire et de ses dérivés : il croît ( ≠ il croit, de
croire), il naît, il plaît.
•
L’accent s’applique à la troisième personne du singulier du subjonctif
imparfait (sauf pour haïr, qui garde son tréma) : je ne croyais pas qu’il en fût capable,
et non au passé simple : il s’en fut répéter ce qu’on lui avait dit. Il s’applique
cependant aux deux premières personnes du pluriel au passé simple : nous chantâmes,
vous chantâtes.
•
Dans le cas des participes passés masculin singulier, l’accent circonflexe se retrouve
pour les verbes croître, devoir, mouvoir : crû, dû, mû. Ceci permet de distinguer : du
(article partitif) et dû (p.passé de devoir), crû (p.passé de croître) et cru (p.passé de
croire, ou contraire de cuit).
Attention : pas d’accent circonflexe en revanche pour : accru, indu, ému.
Le suffixe -âtre, souvent péjoratif, qui exprime un amoindrissement, un affadissement, se
distingue du suffixe –atre employé en médecine : bleuâtre, pédiatre.
Citons enfin quelques homophones que seul l’accent circonflexe – en dehors du contexte permet de distinguer : pêcheur/pécheur, tâche/tache, hâler/haler, rôder/roder, rôt/rot , mat/mât,
ainsi que les adjectifs possessifs notre/votre et les pronoms nôtre/vôtre.
III POUR FAIRE PROGRESSER VOS ÉLÈVES
Présentez aux élèves les modifications de prononciation que dictent les accents : cela donne
un sens à ces signes.
Ensuite, les accents se travaillent selon trois axes :
•
•
•
les règles syllabiques pour les accents grave et aigu
en conjugaison, les variations d’accents grave et aigu (régner-je règne etc.…) et les
trois occasions d’apparition de l’accent circonflexe (il naît, nous courûmes, qu’il prît)
la distinction d’homophones
Vous n’échapperez pas à l’effet des réformes, et aurez parfois à choisir entre l’ancienne
graphie et la nouvelle ; en cas d’hésitation, préférez l’ancienne, qui ne peut être tenue pour
fautive.
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