Préambule e guide traite de l'entretien des cours d'eau et des berges, dont l'absence de gestion ou une gestion sans connaissance de cause peut être préjudiciable. Ce guide a été réalisé grâce aux financements de l'Europe pour l'animation du site Natura 2000 de la vallée de l'Arve, désigné au titre de son intérêt européen pour les oiseaux et au titre de certains habitats et espèces présents. Ce guide vous éclairera sur vos droits et devoirs en tant que riverains et vous donnera quelques conseils pratiques pour une gestion adaptée des cours d'eau et des berges dont vous avez la jouissance. Il faut savoir que même si l'Arve appartient au domaine public fluvial (DPF jusqu'à St Gervais), de nombreux particuliers ou exploitants privés occupent néanmoins les berges et en sont même souvent propriétaires pour diverses raisons (DPF restreint à la rivière stricto sensu, évolution du lit…). Ce guide traite donc de l'entretien de l'ensemble des cours d'eau du bassin-versant. Les recommandations données ici sont applicables quelques soit la nature du propriétaire. L'Arve, comme la majeure partie des rivières françaises, a été domestiquée aux siècles derniers, et son équilibre a été profondément bouleversé. De nombreux aménagements ont été réalisés pour répondre aux besoins de la société (autoroute, protection des biens et des personnes…), mais révèlent aujourd'hui un certain nombre de conséquences néfastes (risque accru de pollution des nappes, processus érosifs accrus, substitution des milieux naturels bordant la rivière…), mais parfois aussi plus fastes. Valeur hectare (€/an) Valeur mondiale 0 (€/an) En effet, la remise 17 300 3 169 milliards en eau des carrières Estuaire de granulats après Plaine inondable 15 134 2 497 milliards exploitation a 6 568 1 314 milliards Lac/cours d’eau permis l'accueil de nombreuses espèces d'oiseaux particulièrement emblématiques et/ou menacées. La gestion des cours d'eau et des berges ne signifie pas leur artificialisation mais, au contraire, tendre autant que faire se peut, en fonction des enjeux, vers un fonctionnement le plus naturel possible. On connaît et reconnaît aujourd'hui les multiples fonctions des milieux alluviaux (prairies inondables, forêts riveraines…) et des zones humides en général. Leur maintien en bon état, est indispensable à la survie de plus de 40% des espèces de la planète, et en France ce sont 1/3 des espèces menacées, 2/3 des poissons et la moitié des oiseaux qui en dépendent. C'est aussi notre propre qualité de vie qui en dépend, au-delà des économies considérables que représente leur conservation au travers des nombreux services rendus gratuitement: épuration des eaux, prévention des inondations, recharge des nappes, protection contre l'érosion, zone tampon contre des épisodes climatiques violents, etc. Par exemple, une zone humide alluviale (ripisylve, prairie inondable…) correctement constituée peut diminuer la teneur en nitrates des eaux de plus de 50 %, et retenir plus de 90 % des phosphates et des matières en suspension issues de ruissellement. Ainsi, on évalue la valeur mondiale des écosystèmes naturels à 26 000 milliards € par an, dont 11 500 milliards € pour les zones humides. RIVIERES ET BERGES : UN PATRIMOINE À PROTÉGER LE BASSIN-VERSANT DE L'ARVE LE SAVIEZ-VOUS ? Le bassin versant est une portion de territoire, délimité par des crêtes, sur lequel l’ensemble des eaux convergent toutes vers le même exutoire (fossé, cours d'eau, confluence, fleuve, mer) “L’eau fait partie du patrimoine commun de la Nation. Sa protection est d’intérêt général” (Code de l'Environnement art. L210-1) Le bassin-versant de l'Arve, et en particulier sa vallée, possède un patrimoine naturel et paysager marqué par la présence d'écosystèmes alluviaux emblématiques, de milieux aquatiques et de zones humides diversifiées. Traversé par la rivière Arve, celle-ci collecte à son passage un dense chevelu de cours d'eau puissants tels que Giffre, Creuse, Arveyron de la mer de glace et autres affluents glaciaires, Borne, Menoge, etc. tous alimentés par de nombreux petits ruisseaux et nants. Les rivières, leurs berges, et les milieux aquatiques qui s’y rattachent, recèlent de nombreuses espèces animales et végétales remarquables. Malgré sa richesse, ce patrimoine fragile a souvent été dégradé par les activités humaines, par ignorance des conséquences et par manque de connaissances. 1 Le régime des eaux est particulier: l'alimentation de l'Arve est sous l'influence prédominante des fontes de glace en amont puis de neige, alors qu'elle est plutôt due aux pluies en aval. Le cumul de ces facteurs peut donner lieu à des crues abondantes sur tout le parcours, d'où les moyens de protection importants déployés sur tout le bassinversant pour réduire les risques de dommages aux biens et personnes. En étiage, c’est-à-dire lorsque les eaux sont les plus basses (en hiver pour les rivières à régime glaciaire comme l'Arve), le débit aux Houches est d'une dizaine de m3/s et passe à plus de 250 m3/s en crue centennale (1000 m3/s à Genève). L'eau est une ressource rare, vitale, qui doit être protégée et partagée. La préservation de la qualité de l'eau passe par la préservation de la qualité de l'environnement dans son ensemble. Annemasse Cluses l'Arve Chamonix Statut : domanial (le lit appartient à l'Etat) Source : col de Balme Longueur : 108 km dont 9 km en Suisse Surface du bassin-versant : 2060 km² Confluence : le Rhône, 1 km en aval du Léman RIVIERES ET BERGES : UN PATRIMOINE À PROTÉGER LA GESTION DE L'EAU EN FRANCE LE SAVIEZ-VOUS ? Auprès des collectivités, des populations et des territoires, le SM3A mène des actions de réhabilitation des milieux naturels dégradés, lutte contre les espèces exotiques envahissantes, engage des opérations de travaux en rivières Les missions du SM3A s'exercent dans les domaines de l'eau, l'air et la biodiversité afin d'en préserver la qualité, et d'en assurer une gestion équilibrée et durable QUELQUES ENGAGEMENTS "DCE"… Réduire les pollutions diffuses, (phytosanitaires et nitrates), Reconquérir les rivières: effacer les obstacles à la libre circulation des poissons, renaturer les berges, Acquérir 20 000 ha de zones humides en 5 ans, empêcher le drainage… En France, la gestion de la ressource en eau est strictement encadrée. La gestion des inondations se fait au niveau intercommunal, notamment, à travers les plans de prévention des risques d'inondation (PPRI), les programmes d'actions de prévention des inondations (PAPI), les plans communaux de sauvegarde (PCS). ATTEINDRE LE BON ETAT ECOLOGIQUE de 2/3 des "masses d’eau" (cours d’eau, plans d’eau et eaux souterraines) en 2015 : l'objectif ambitieux du 2 LE SYNDICAT MIXTE D'AMENAGEMENT DE L'ARVE ET DE SES ABORDS Depuis le 3 novembre 1994, le SM3A apporte une assistance aux collectivités, et propriétaires sous conditions, pour l’entretien et la protection des milieux. Il est doté du statut d'Etablissement Public Territorial de Bassin (EPTB) par arrêté préfectoral du 10 janvier 2012 ce qui étend son rayon d'intervention. Les problématiques environnementales sont étroitement liées, le SM3A intervient donc sur la qualité de l'environnement en général et a pour objet la gestion: De l'Arve et de ses annexes (zones humides, forêt alluviale…), Des eaux du bassin versant du Giffre et du Risse, Des eaux du bassin versant du Borne, Des cours d'eau et des milieux aquatiques du Pays du Mont-Blanc, Des rivières et milieux aquatiques de la vallée de Chamonix, IL EST INDISPENSABLE DE NE PAS LAISSER NOS RIVIERES A L’ABANDON, PARTICIPEZ AVEC NOUS A LEUR PRESERVATION ! Grenelle de l’Environnement et de la DCE. La Directive cadre sur l’eau (DCE) est le cadre de référence pour la politique de l’eau en France. Elle exige des résultats. La France doit atteindre le bon état écologique de 66% de ses masses d’eau d’ici 2015. La tendance actuelle indique qu'1/3 des eaux de surface, et beaucoup moins pour les eaux souterraines, atteindront le bon état 2015. 1995 2009 2012 1970 Création des Signature du contrat premiers de rivière Arve. syndicats de PORTAGE SM3A rivière (lutte 33 communes, 6 contre les intercommunalités. crues et La Suisse est un stabilisation partenaire financier des torrents) Lancement de Mise en œuvre l’élaboration du du Contrat de SAGE du bassinrivière Giffreversant de l’Arve. Risse PORTAGE SM3A PORTAGE SM3A 106 communes. Contrat de La Suisse rivière du Borne participe à l'étude ENTRETIEN DES COURS D'EAU: LIEN AVEC LES INONDATIONS ! DES INONDATIONS, POURQUOI ? Les crues, un phénomène naturel indispensable à la dynamique des cours d'eau et à la biodiversité des milieux associés La valeur du service rendu naturellement par les zones humides alluviales est évaluée entre 500 et 1000 €/ha au seul titre de l'expansion des crues… Des précipitations intenses, auxquelles s'ajoutent la fonte de neige et de glace, peuvent se concentrer brutalement vers les cours d'eau, provoquant des crues torrentielles. Lorsque les crues dépassent la capacité du lit mineur, l'eau déborde dans le lit majeur de la rivière, appelée encore zone d’expansion des crues. Les limites de ce lit majeur sont déterminées par les plus grandes crues. Les eaux s'étalent et stagnent dans la plaine alluviale, ralentissant ainsi le débit du cours d'eau en aval. Les crues façonnent la morphologie de la rivière en érodant son lit, en transportant matériaux et sédiments, reconstituant ainsi de nouveaux milieux. Des bancs se forment puis sont emportés par les crues, des bras sont abandonnés, les méandres se déplacent…Cette évolution régulière traduit sa bonne santé et cette Lit mineur dynamique explique la nécessité de maintenir un espace de mobilité dédié au fonctionnement du cours d'eau. 3 Les crues participent au bon fonctionnement des écosystèmes de la plaine alluviale. Elles contribuent à l'alimentation en eau des annexes hydrauliques et des zones humides, à la reconstitution des réserves et à l'autoépuration de l'eau (infiltration et recharge de nappe), à l'apport de matériaux fertiles dans la plaine. Beaucoup de parcelles agricoles sont situées dans ces zones d'expansion des crues et sont soumises naturellement au phénomène d'inondation. Taille sédiments Pente cours d'eau LE TRANSPORT SOLIDE Le transport des matériaux solides (blocs, galets, graviers, sables et Erosion Dépôt fines) depuis les sommets permet à la rivière de dissiper son énergie acquise avec le dénivelé. Le transport solide freine le flux liquide. L'extraction de granulats, les curages et dragages excessifs, perturbent ces mécanismes de freinage de l'eau et d'équilibre Principe de l'équilibre dynamique sédimentaire. Ces perturbations (d'après JR Malavoi modifié) peuvent accélérer les phénomènes d'érosion du fond et des berges des cours d'eau. ENTRETIEN DES COURS D'EAU: LIEN AVEC LES INONDATIONS LE SAVIEZ-VOUS ? Premier risque naturel en France en termes de dommages occasionnés, les inondations sont aggravées depuis des décennies du fait de l'aménagement du territoire. Les dégâts causés par les inondations en France s’élèvent à 265 millions d’€ par an (source: MEDDE). POURQUOI DES DEGATS DUS AUX CRUES ? LA QUESTION DES EXTRACTIONS DE MATERIAUX ALLUVIONNAIRES En zone inondable, les dégâts sont aggravés depuis des décennies par l'aménagement du territoire et l'urbanisation: L'assèchement de millions d'hectares de zones humides pour l'agriculture a favorisé avec leur drainage le transfert de l'eau en aval, Avec la disparition des haies, l'eau arrive plus vite aux rivières qui débordent de plus en plus violemment, Endiguement et enrochements accélèrent la vitesse d'écoulement, Nombreuses infrastructures de Des excès ont conduit à l’enfoncement du lit (jusqu’à 11 mètres sur l’Arve). Pour mettre fin à ces excès, un arrêté ministériel du 22 septembre 1994 interdit les extractions de matériaux dans le lit mineur des cours d'eau et dans les plans d'eau traversés par des cours d'eau. Il réserve néanmoins la possibilité de curages strictement nécessaires à l’entretien, à bien distinguer de l'extraction de granulats. transport, entreprises, habitations et constructions en zone inondable, En ville, l'imperméabilisation des sols bloque l'absorption de l'eau et accélère l'écoulement vers les rivières, Confluence Giffre-Arve 1935 En vallée étroite, les risques sont accrus du fait de la concentration des populations dans ces zones. 4 Confluence Giffre-Arve 2004 Les dragages ou curages nécessaires au rétablissement du libre cours d’eau peuvent être nécessaires, mais il suffit parfois de déplacer les matériaux alluvionnaires ou de scarifier les atterrissements, permettant ainsi leur mobilisation à la prochaine crue. La recharge du lit à l'aval par les matériaux extraits plus à l'amont constitue une alternative pouvant répondre aux exigences de sécurité des zones à enjeux, et de rétablissement de la continuité sédimentaire. Les politiques actuelles tendent à mieux prendre en compte le rôle des crues et intègrent davantage l'aspect "dynamique' du cours d'eau. Elles considèrent le bassin versant dans son ensemble pour ne pas aggraver le risque: des actions isolées, telles que la construction d'une digue, peuvent être contre productives en déplaçant en aval les conséquences des inondations. Chenalisation de l'Arve ENTRETIEN DES COURS D'EAU: QUELLES REGLES ? LE SAVIEZ-VOUS ? Le droit d’utiliser l’eau de la rivière n’est autorisé qu’à des fins domestiques. Ce pompage peut être soumis à déclaration ou à autorisation préfectorale. Un débit minimum, appelé “débit réservé”, doit toujours être laissé à la rivière. L’eau appartient à tous, dite "res nullius", c'est un bien inaliénable. ESSENTIEL ET OBLIGATOIRE Il convient de distinguer les cours d’eau domaniaux appartenant à l’Etat (domaine public fluvial), des cours d’eau ”non domaniaux" appartenant aux propriétaires riverains. Sur les cours d'eau non domaniaux, l’entretien du lit et des berges incombe aux riverains. Sur les cours d'eau domaniaux, l'entretien incombe à l'Etat, mais les replats de berges, occupées par des propriétaires riverains, restent de la responsabilité du propriétaire. L'entretien régulier du cours d'eau est essentiel et obligatoire pour garantir la libre circulation des eaux. Encadré par la loi, il est à distinguer des travaux en rivières, strictement réglementés. La loi sur l'eau (2006) distingue clairement les deux. Les travaux correspondent à une intervention lourde nécessitant une déclaration ou une autorisation et pouvant avoir un impact sur le milieu. 5 Les syndicats de bassin peuvent se substituer aux riverains. La loi leur confie notamment une compétence obligatoire de prévention des inondations. INTERVENTION DES COLLECTIVITES EN CAS D’INSUFFISANCE D’ENTRETIEN En cas d’insuffisance d’entretien des cours d’eau de la part des propriétaires riverains, une collectivité (syndicats de rivières notamment) peut alors légalement se substituer aux riverains et prendre en charge l’entretien des cours d’eau d’un secteur, dont le coût peut leur être répercuté, dans le cadre d’une procédure administrative appelée Déclaration d’Intérêt Général (DIG), définie à l’art L.211-7 du Code de l’environnement et aux art. L.151-36 à L.151-40 du Code Rural. Lorsqu’il existe un arrêté préfectoral de déclaration d’intérêt général de travaux d’entretien ou une servitude de passage, le riverain est obligé de faciliter le passage des engins dans la limite d’une largeur de six mètres lors de l’intervention. PROTECTION DES POPULATIONS ET PRESERVATION DE LA BIODIVERSITE Il est important que l'incidence des travaux nécessaires pour la protection des populations soit évaluée le plus à l’amont possible pour éviter de reporter les inondations sur l’autre rive ou plus à l’aval. Ces travaux peuvent être conciliés avec la préservation de la biodiversité. Les enjeux doivent être identifiés le plus à l’amont possible dès la conception du projet. Il est souvent possible d’adapter les modalités d’exécution des travaux pour éviter, réduire ou compenser les impacts sur la biodiversité. Des actions isolées ou mal réfléchies en amont peuvent avoir des conséquences désastreuses en aval ENTRETIEN DES COURS D'EAU: QUELLES REGLES ? LE SAVIEZ-VOUS ? Un défaut d'entretien des cours d'eau est couramment observé: bois morts et sédiments s'accumulent, formant des barrages naturels appelés "embâcles". L'intervention dans le lit d’un cours d’eau ne doit pas être systématique ! Agir seulement lorsque le fonctionnement naturel du cours d’eau subit de trop fortes perturbations. A RETENIR ! Sont soumis à autorisation ou déclaration: certains travaux en zones humides, certains remblais en zone inondable, certains travaux en rivière…Il est capital de préserver les nombreuses fonctions essentielles de ces milieux menacés. Avant toute opération renseignez-vous ! Contacts utiles en 4e de couverture 1 Recépage: couper l'arbre près du sol pour dynamiser sa croissance (rejets de nouvelles branches). DROIT ET DEVOIR DU PROPRIETAIRE LIMITE DE PROPRIETE Sur les cours d’eau non domaniaux, le lit du cours d’eau appartient aux propriétaires des deux rives. Chacun d'eux a la propriété de la moitié du lit, suivant une ligne que l'on suppose tracée au milieu du cours d'eau, sauf prescription contraire (Art. L.215-2 du Code de l’environnement). LES OBLIGATIONS D'ENTRETIEN Le propriétaire riverain est tenu à l'entretien régulier du cours d'eau: élagage et recépage1 de la végétation arborée, ainsi que l’enlèvement des débris flottants, afin d’assurer l’écoulement des eaux et la bonne tenue des berges, tout comme préserver la faune, la flore et le bon fonctionnement des écosystèmes (art. L.215-14 du C.E). 6 En aucun cas des matériaux susceptibles de polluer la rivière ne doivent être utilisés (laitance de ciment, huiles de moteur, emballages…) ! LE DROIT DE CLORE SA PARCELLE Le riverain peut clore sa propriété en limite de la rivière si cela ne gêne pas l’écoulement ni ne provoque la rétention des débris flottants. LE DROIT DE PECHE Les propriétaires riverains ont, chacun de leur côté, le droit de pêche jusqu'au milieu du cours d'eau, sauf exception (article L.235-4 du Code Rural).En contrepartie, ils sont tenus d’assurer la protection des ressources piscicoles et des milieux aquatiques (article L.432-1 du Code de l’Environnement) et doivent effectuer les travaux d'entretien des berges et du lit, nécessaires à la vie aquatique. Le droit de pêche peut être cédé par bail à une association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA), sur laquelle pèse alors l’obligation d’entretien. Les riverains pêcheurs qui exercent leur droit de pêche doivent être munis, au même titre que les autres pêcheurs, d’un permis. LE DROIT ET L'INTERDICTION D'EXTRACTION DE MATERIAUX Le riverain peut, théoriquement, prélever des matériaux dans le lit du cours d’eau (vase, sable…). Ces travaux peuvent engendrer de graves conséquences sur la rivière et la faune aquatique. Ils doivent donc être réalisés en conformité avec la règlementation en vigueur. Un accord préalable de la police de l’eau est indispensable avant toute intervention ! Sur ces questions complexes, rapprochezvous de l'ONEMA (Office national de l’eau et des milieux aquatiques) ou de la Direction départementale des territoires (DDT): contacts au dos de la couverture. ENTRETENIR LA RIPISYLVE DES COURS D'EAU LA RIPISYLVE LE SAVIEZ-VOUS ? Préférer une ligne de ronces à une absence totale de végétation. Favoriser les sous-étages et les premières classes d'âge, en dégageant les jeunes brins ligneux quand ils sont présents. ! Les interventions devront favoriser un couvert continu sur les rives, dense, sain, composé de plusieurs strates et étages (arbustif, herbacé…) et de hauts arbres OBJECTIF 2015 DE LA DIRECTIVE européenne SUR L'EAU Limiter les transferts de polluants en implantant ou en maintenant des bandes végétalisées permanentes et pérennes le long de tous les cours d’eau sur une largeur de 5 mètres minimum. QU'EST-CE QUE C'EST ? La ripisylve est l’ensemble de la végétation boisée qui borde un cours d’eau. Elle peut correspondre à un liseré étroit en pied de berge ou à une véritable forêt. La fréquence des inondations détermine les espèces qui la composent. La ripisylve est essentielle à l’équilibre de la rivière. LES PROBLEMES RENCONTRES L’ABSENCE D’ENTRETIEN Autrefois, ces formations étaient régulièrement maintenues et utilisées par les agriculteurs qui exploitaient les terres en bordure des cours d’eau. Aujourd’hui, le manque d’entretien des ripisylves engendre un développement excessif de la végétation qui appauvrit le milieu aquatique: encombrement du lit, embâcles, baisse de la luminosité, etc. L’ABSENCE DE VEGETATION Elle entraîne une érosion importante des berges qui se creusent. Le lit de la rivière se déplace. L’érosion peut être due à la réalisation de travaux lourds sur le cours d’eau (recalibrage), à l’absence de système racinaire développé de par certaines pratiques systématiques: 7 Broyage total, désherbage chimique, surpâturage. Les coupes à blanc occasionnent un réchauffement des eaux trop important, et sont à l’origine de ripisylves uniformes et pauvres floristiquement. LA PLANTATION D’ESPECES INADAPTEES Certaines essences d’arbres comme les résineux, les Robiniers faux acacias et les peupliers cultivars sont inadaptées en bordure des cours d’eau : ces plantations menées de manière uniforme peuvent générer des problèmes de maintien de berges - racines superficielles - et de toxicité dans l’eau lors de la dégradation de leurs feuilles. LES PRINCIPAUX ROLES DE LA RIPISYLVE Maintien des berges par des végétaux adaptés, Autoépuration des eaux ruisselant sur le bassin versant et s’écoulant dans les rivières (filtration des polluants tels que phosphates, nitrates…), Réduction de l’amplitude des inondations et de leur impact (ralentissement des écoulements, dissipation de l’énergie des crues, limitation de l’érosion…), Ombrage limitant le réchauffement et l’eutrophisation de l’eau Corridor écologique abritant une flore et une faune terrestres et aquatiques très riches (lieu de: nourriture, reproduction, abri, déplacement…), Participation à la qualité paysagère en soulignant la présence du cours d’eau. 8 ENTRETENIR LA RIPISYLVE DES COURS D'EAU ! RECOMMANDATIONS DE GESTION LE SAVIEZ-VOUS ? EN HAUT DE BERGE Toute opération sur le lit ou les berges d’un cours d’eau peut être soumise à une procédure de déclaration ou d’autorisation Ne procédez pas aux travaux sans accord préalable de la police de l’eau ! Maintenez la présence d’arbres morts ou dépérissant pour préserver certaines espèces et leur habitat. Les souches doivent être laissées en place pour ne pas déstabiliser les berges. Si les bois coupés ne peuvent pas être extraits, ils doivent être laissés hors zone de crues (zone mouillable) Conservez de jeunes arbres d'essences variées pour favoriser la qualité paysagère et la biodiversité. Supprimez les arbres dans le lit du cours d’eau (arbres vivants et morts ou dépérissant et les gros arbres âgés qui peuvent casser facilement pour éviter la formation d’embâcles. Évitez la plantation d’arbres inadaptés en bords de berge (peupliers de culture, Robiniers…). Favorisez les arbres de haute taille en haut et en arrière de berge, A RETENIR Il est important de préserver au maximum l’aspect naturel de la berge et respecter le milieu de vie de la faune et de la flore. La gestion des broussailles se devra d'éviter tout systématisme aussi inutile que préjudiciable pour les habitats, la faune et la flore EN PIED DE BERGE Entretenez régulièrement la végétation par des coupes sélectives. Favorisez les essences de petite taille, souples, en pied de berge, Gardez les arbres sains en élaguant les branches basses qui penchent sur la rivière pour éviter le risque d’embâcle. Coupez-les au ras du tronc sans blesser l’écorce. Ce recépage permet une meilleure stabilisation des berges. La rivière a besoin d’alterner zone d’ombre et de lumière. Il convient de privilégier l’ombre sur les zones à courant lent, et l’éclairage sur les secteurs au courant plus rapide. Respectez si possible les périodes d’intervention sur la végétation. N'éliminez pas systématiquement les brins baignant dans l'eau, lesquels constituent des caches à poissons tout en ralentissant la vitesse d'écoulement. Sur le bassin versant de l'Arve, comme partout ailleurs en France, des espèces végétales envahissantes se développent et provoquent des perturbations importantes sur les berges ce qui complique l'entretien. Parmi les plus problématiques, la Renouée du Japon, l'Impatience (ou Balsamine) de l'Himalaya, le Solidage du Canada, le Buddleia de David, la Berce du Caucase contaminent la quasi-totalité des cours d’eau. On ne vise plus aujourd'hui leur éradication devenue impossible, on cherche désormais à limiter leur expansion. LUTTER CONTRE LES ESPECES EXOTIQUES ENVAHISSANTES LES RENOUÉES DU JAPON LE SAVIEZ-VOUS ? La Renouée du Japon se propage surtout par multiplication végétative. Le rhizome peut s'accroître de 1 à 3 m par an, jusqu'à 20 m autour du pied et peut atteindre 7 m de profondeur. Un fragment de moins de 1 mm de long peut suffire à coloniser une rivière. LA PRÉVENTION AVANT TOUT Evitez de laisser des terrains nus, (défrichement, remblais…) car ils favorisent la propagation de nouvelles racines. Seule une végétation de bord de rivière limite l’installation des espèces invasives Originaires, d’Asie, les renouées du Japon ont été introduites en France comme plantes ornementales et pour le fourrage dès la fin du 19e siècle. Elles forment des buissons denses pouvant atteindre plus de trois mètres de haut. Ces plantes exotiques colonisent les milieux où elles se développent grâce à de grandes facultés d’adaptation et de propagation. Les buissons peuvent s’étendre de plusieurs mètres par an. 9 Intervention 1ere année d'avril à septembre Fauche des parties aériennes en période hivernale plantation arbres/arbustes 6 années suivantes Toutes les 3 semaines+1 coupe Coupes sélectives au max. de la biomasse1 (juin- +arrachage manuel des juillet) + 1 coupe avant pousses de renouées au fur descente de sève2 (fin et à mesure de l'installation septembre) des essences indigènes Pose d'une bâche agricole biodégradable sur sol nu, puis plantation d'espèces locales adaptées aux cours d'eau pour remplacer la renouée Les coupes sont évacuées en incinérateur, en centre d'enfouissement technique ou en composteur professionnel thermophile. Jamais en déchetterie ou circuit classique 1 2 Le rhizome a libéré un maximum de réserves Lorsque le rhizome stocke ses réserves LES PROBLEMES POSES QUE FAUT-IL FAIRE ? déstabilisation des berges en raison d'un système racinaire très superficiel, L'idéal est de prévenir tout départ en veillant à végétaliser les terrains nus en bord de rivière, nettoyer outils et engins entre les chantiers, arracher les jeunes plants chute de la biodiversité de par la forte densité qui étouffe le développement d’autres espèces, bosquets monotones banalisant le milieu et le paysage, feuilles peu dégradables, accentuant l’envasement du fond des cours d’eau, l’accumulation des cannes de dès leur apparition. Il convient de répéter les fauches à l'aide d'outil à lames exclusivement, afin d'éviter de fractionner la plante et la multiplier, mais une renouées favorise les embâcles; action mal préparée peut parfois avoir des effets plus graves que ne rien faire. D’autres techniques de lutte contre cette plante sont testées sur les différents cours d'eau du bassin versant de l'Arve. L'écopâturage à l'aide de races rustiques (Chèvre des fossés, mouton Thônes et Martod, ânes…) est également efficace sur le long terme. La population de renouée diminue au profit d’espèces locales et est maîtrisée après 10 ans. DEMANDEZ CONSEIL POUR MENER VOTRE LUTTE EFFICACEMENT N'AGISSEZ JAMAIS EN SOLITAIRE! LUTTER CONTRE LES ESPECES EXOTIQUES ENVAHISSANTES LE SAVIEZ-VOUS ? Photo Alvéole La Berce du Caucase fleurit de juin à juillet, une fois dans sa vie, au bout de 2 à 5 ans. Cette espèce peut produire plus de 10 000 graines par pied et atteindre plusieurs mètres de hauteur. La confusion est aisée avec sa cousine indigène, la Berce, inoffensive. LA SECURITE AVANT TOUT Pour votre sécurité, des précautions drastiques (équipement de protection individuelle et protocole) sont à prendre avant de s'attaquer à cette espèce ! N'INTERVENEZ JAMAIS SEUL, DEMANDEZ CONSEIL ! 10 LA BERCE DU CAUCASE QUE FAUT-IL FAIRE ? Introduite en 1938 car impressionnante par sa taille et esthétiquement attractive, la Berce du Caucase forme aujourd'hui de grandes populations denses, préjudiciables à la flore indigène et présentant un risque de santé publique. La gestion de la Berce du Caucase doit être réalisée lorsque l'ombelle est en fleurs mais avant la fructification (fin juin-début juillet). Cette période minimise le risque de repousse, de floraisons secondaires suite à l'épuisement des ressources nutritives dans la racine nécessaires à la floraison. Cette période permet également de détecter les individus dans le paysage. Il est indispensable de vérifier les sites 3 semaines après la première gestion afin d'éliminer tout individu oublié ou à floraison différée. 2 mois après la gestion, l'ouverture du milieu entraîne souvent l'apparition d'un tapis de plantule qu'il est efficace de gérer de manière adaptée, des expérimentations sont encore à l'étude. En tout état de cause, une gestion répétée et suivie sur plusieurs années est inévitable en raison des milliers de graines produits par cette espèce et de la réserve en dormance dans le sol, potentiellement importante. LES PROBLEMES POSES Son feuillage dense gêne la germination des autres espèces. La plante monopolise aussi les ressources nutritives laissant peu de nutriments au reste de la flore. L'invasion par la Berce du Caucase entraîne donc une homogénéisation de la flore et des paysages qui n'est pas sans effets sur la faune associée. La Berce du Caucase est également dangereuse pour la santé. Sa sève contient des substances photosensibles réagissant aux rayons ultraviolets. Entrer en contact avec la sève de la plante puis s'exposer à la lumière du jour dans les heures suivantes, entraînera des brûlures pouvant être très e conséquentes (jusqu'au 3 degré) et persistantes. La seule méthode réellement efficace et sécurisé pour l'intervenant reste la coupe de la Berce sous le collet. Une fois les tiges gérées, il est impératif de couper les ombelles au sol pour stopper leur maturation. Les ombelles doivent ensuite être exportées ou incinérées de manière adaptée (centre d'enfouissement technique ou incinérateur), les tiges peuvent être séchées sur place. Coût indicatif HT de la gestion: Houe à vigne/pioche du cantonnier = 33-41 € ; Rasette du bûcheron = 66-124 € ; équipement de protection individuelle = 64 € ; main d'œuvre = 36 €/heure LUTTER CONTRE LES ESPECES EXOTIQUES ENVAHISSANTES LE SAVIEZ-VOUS ? Un pied de Balsamine oublié peut donner 800 graines et autant de pieds potentiels l'année suivante. Les graines présentes dans le sol peuvent germer dès que les conditions extérieures deviennent favorables. Une population peut donc s'installer rapidement suite à la coupe à blanc d'une peupleraie ou à l'ouverture d'un milieu Dissémination des graines par explosion des capsules (jusqu'à 7 m) Système racinaire et racines adventives LA BALSAMINE DE L'HIMALAYA LES PROBLEMES POSES Introduite en 1938 comme plante ornementale, cette espèce annuelle se reproduit en disséminant ses graines, lesquelles peuvent rester viables plusieurs jours dans l'eau et 2 à 3 années dans le 11 Coût (€/100m²) Coût min.max. 100 % 221 101-378 87 % 60 45-108 Technique Efficacité Arrachage Fauche (outil à lames) La réalisation d'un deuxième passage représente un surcoût de 25 % par rapport à la première gestion mais est indispensable. 3 passages à réaliser pour une pleine efficacité sol. Des racines adventives se développent au niveau de ses tiges ce qui lui permet de se reproduire également par bouturage. Les massifs constitués par la Balsamine, très compétitive, deviennent rapidement envahissants et empêchent le développement de la flore indigène accélérant ainsi l'érosion des berges. QUE FAUT-IL FAIRE ? LA PRÉVENTION AVANT TOUT Gérer la Balsamine dès son apparition: plus les populations sont petites, plus la gestion sera rapide et peu coûteuse N'INTERVENEZ JAMAIS SEUL, DEMANDEZ CONSEIL ! Arracher la plante entièrement ou faucher en-dessous du premier nœud, Arracher tout plant mal fauché, Enlever la terre des racines avant rassemblement (accélération du séchage), Rassembler les balsamines coupées hors zone inondable, Faucher net, à l'aide d'outil à lames (évite de fractionner la plante et de la multiplier). Intervention Arrachage ou fauche Modalités de suivi 1ere année 3 années suivantes (min.) 3 opérations de gestion à 3 semaines d'intervalles, Répéter la gestion. Pour les après floraison mais avant sites très infestés, répéter la formation de graines toutes les deux semaines (fin juin/début juillet) A chaque nouvelle intervention, couper toutes les nouvelles tiges florifères, extraire les tiges reprenant au sein des amas et s'assurer du séchage complet des résidus des interventions antérieures Coût HT indicatif du matériel nécessaire: Débroussailleuse = 2€/heure ; Camion = 50€/heure ; Main d'œuvre = 36 €/heure LUTTER CONTRE LES ESPECES INDESIRABLES LES PEUPLIERS CULTIVARS LE SAVIEZ-VOUS ? Des centaines de milliers d’hectares de zones humides ont été asséchées durant des décennies. Aujourd’hui, la culture de peupliers prend mieux en compte ces milieux sensibles. En France, 240 000 ha de peupleraies, dont la plus grande d’Europe, sont plantés en zones humides. C’est une variété d’arbre obtenue en culture par sélection de caractéristiques réputées uniques. Or, les “cultivars” ne sont pas adaptés aux berges, ces arbres à croissance rapide implantés par l’homme en zones humides, présentent un système racinaire non adapté pouvant déstabiliser les berges. En outre ils peuvent contribuer à l’assèchement des zones humides. QUE FAUT-IL FAIRE ? Les peupliers inclinés, morts ou dépérissants qui menaçant de tomber dans le lit ou former des embâcles doivent être Ne pas confondre peuplier cultivé et peuplier noir ! Le Peuplier noir est un arbre typique des plaines inondables, en raréfaction aujourd'hui. supprimés. La coupe doit être effectuée de façon légèrement oblique et la plus proche possible de la souche. L’arbre abattu et ébranché peut être exploité (scierie) mais les déchets verts issus de l’abattage ne peuvent pas toujours être brûlés en raison de la règlementation locale (feux Peuplier noir de déchets verts interdits en vallée de l'Arve, hors invasives). 12 Ils peuvent être évacués en déchetterie ou stockés hors zone inondable. En complément de ces coupes sélectives, des plantations d’espèces adaptées (ex : aulnes, frênes…) doivent être réalisées afin de Aulnes et saules reconstituer une ripisylve diversifiée et protéger physiquement les berges. Un entretien régulier doit être effectué les années qui suivent l’abattage car le peuplier cultivar fait facilement des rejets. LES PROBLEMES POSES Peuplier cultivé déstabilisation des berges, alignements monotones qui banalisent le milieu et empêchent l’aménagement naturel des bords de cours d’eau, fonction épuratrice moins efficace que celle d’une ripisylve diversifiée, création d’embâcles qui peuvent présenter un risque d’obstruction au niveau des ouvrages de la rivière (ponts, buses). Dans le cas de l’exploitation d’une peupleraie, demandez conseil pour établir la liste des plants à privilégier en remplacement de cette essence. Respecter une distance de recul minimal (>5m) vis-à-vis du cours d’eau en cas de plantation. LES PLANTATIONS DE RESINEUX (EPICEAS…) Peu stables, au système racinaire superficiel, leurs aiguilles acidifient l'eau et les sols. Ils empêchent le développement des espèces herbacées et arbustives en sousbois, en raison du peu de lumière traversant leur couvert. Enfin, peu adaptée aux bords de cours d'eau et aux plaines inondables, ils peuvent devenir rapidement dépérissants. En bord d'Arve, l'épicéa est actuellement fortement touché par le Bostryche (coléoptère ravageur causant le dessèchement de l'arbre sur pied). ENTRETIEN DES COURS D'EAU : LA GESTION DES EMBACLES EMBACLES, CONSERVER OU RETIRER A RETENIR L’entretien des berges diffère selon l'enjeu (inondations ou biodiversité): à proximité d’ouvrages: les arbres instables (penchés ou morts) doivent être abattus ou recépés, dans un secteur sans enjeu: les arbres instables peuvent être conservés (zone de refuge et d’alimentation pour la faune). ! AVANT TOUTE INTERVENTION, DEMANDEZ CONSEIL ! La conservation des arbres morts offre un habitat et des zones d’alimentation à de nombreuses espèces d'insectes et d’oiseaux. ? L’embâcle désigne un barrage qui obstrue le cours d’eau. Il comprend les troncs isolés, branches, chablis et accumulations de débris végétaux. La présence de bois mort est naturelle dans le lit de la rivière. Toutefois, sa quantité est liée à l’état sanitaire du boisement rivulaire. Ainsi, les zones d’embâcles correspondent en général aux portions de la rivière dont le boisement est vieillissant ou constitué d’essences mal adaptées à la stabilité des berges. Le bois mort est souvent considéré comme un facteur d’aggravation des phénomènes d’inondation, d’érosion, ou d’envasement. Il peut, au contraire, avoir un impact positif sur la gestion des crues, en freinant les écoulements, et sur le milieu naturel, en offrant des habitats potentiels à la faune. Pour savoir si vous devez conserver ou retirer les embâcles, vous devez au préalable en évaluer l’impact. 13 La conservation du bois mort sera préconisée dans les cas où : il ne présente pas de risque vis-à-vis de l'occupation des sols, il n’obstrue pas complètement le lit mineur du cours d’eau. Bois mort à conserver car libre circulation des écoulements La suppression du bois mort sera envisagée dans le cas où : les risques de débordements sont importants sur le site, notamment dans les zones urbanisées, lorsqu’il se situe à proximité d’ouvrages tels que les ponts, propices à la rétention des matériaux et à la création d’embâcles. Accumulation de bois mort à enlever car obstruction des écoulements COMMENT ? En zone sensible, supprimer les embâcles existants, les branchages susceptibles d’en créer et éliminer les arbres penchés sur le lit mineur, dont le système racinaire est apparent, ou morts sur pied. Ailleurs, lorsque les embâcles n’obstruent pas complètement l’écoulement des eaux, les chablis imposants seront stabilisés et conservés (risque de transport faible), les branchages de petits diamètres, les brindilles et les amas de feuilles seront retirés pour éviter qu’ils soient mobilisés à l’occasion d’une prochaine crue. LA GESTION DES EMBACLES : CAS DU CASTOR UNE PROBLEMATIQUE COMPLEXE Quasiment disparu au début du 19e le Castor est strictement protégé depuis 1981. Sa destruction, capture, transport, détention (…) sont interdits. Tout le milieu de vie de l’espèce est protégé (arr. ministériel 23 avril 2007) Il est également protégé au niveau Européen par la Convention de Berne et la Directive dite "Habitats" de 1992. LE SAVIEZ-VOUS ? De par son action favorable à la biodiversité et aux écosystèmes alluviaux et humides en général, le castor est une espèce dite "ingénieur" ! Si le barrage est nécessaire à la survie de l’animal, celui-ci le reconstruira autant de fois que nécessaire, ou en créera de nouveaux à proximité. Le code de l’environnement (art L.21514) prévoit un entretien régulier des cours d’eau par le propriétaire riverain, notamment par l’enlèvement des embâcles. Mais l’enlèvement du barrage correspond à une "destruction d'habitat vital d'une espèce protégée par la loi". Le Castor et son milieu étant protégés, la destruction d'un barrage n'est donc pas une solution pertinente, Seuls les services de l’Etat peuvent l’autoriser. 14 En cas de dégâts, les victimes sont tenues de prévenir l’administration pour qu’elle intervienne. Dans le cas où les mesures préconisées par les services de l'Etat échouent, l’Etat devra indemniser les victimes. L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL POSITIF DES BARRAGES DE CASTOR Les barrages de castors, par leur capacité de stockage des eaux, peuvent jouer un rôle significatif dans l'écrêtage des crues. Ils favorisent l’augmentation de la qualité de l'écosystème et de la diversité de ses habitats (variation de courant, de hauteur d’eau, de la granulométrie...). La construction de barrages par le castor peut aussi avoir une incidence positive sur la qualité de l’eau, en augmentant la rétention de sédiments et de matière organique. S’il n’existe aucune autre solution, une demande de dérogation à l’interdiction de destruction du milieu ou de déplacement d’une espèce protégée peut être réalisée. Le préfet saisit le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) pour avis puis rend sa décision. La jurisprudence a toujours considéré que lorsqu’une espèce est protégée, les citoyens doivent respecter les mesures de protection prises en application de la loi. UN BARRAGE A QUOI ÇA SERT ? En relevant le niveau de l'eau le barrage permet au castor : de noyer l’orifice du terrier/hutte, le protégeant de ce fait des prédateurs, de se déplacer plus facilement que par voie terrestre et tirer de lourds bois, d’offrir une voie en eau pour rejoindre ses abris, de conserver du bois pour constituer des réserves LA GESTION DES EMBACLES : CAS DU CASTOR 15 LES TECHNIQUES DE LUTTE Mesure LE SIPHON ! Plus le niveau d’eau est vital à la colonie, et plus les castors font preuve d’ingéniosité pour trouver une solution à la fuite d’eau. La pose de siphon à travers le barrage a pour objectif de baisser le niveau de l’eau, ce qui permet aux castors de rester sur place tout en évitant les conflits. Pour contrôler le niveau d’eau en amont d’un barrage, la technique consiste à utiliser des tuyaux qui évacuent le trop-plein jusqu’à une hauteur désirée. REGULATION DU BARRAGE PAR LA POSE D'UN SIPHON Régulation du barrage Distance la plus grande possible entre terres cultivées et cours d'eau Protection de parcelle cultivée Protection d’arbres isolés Description Efficacité Barrage limité à hauteur désirée par un fil électrique Aménagement d'un siphon dans le barrage du castor Elargissement des ripisylves, plantations saules près des berges Transformation de terres cultivées en prairies extensives Installation d’une clôture électrique (2 à 3 fils conducteurs) Pose de manchons grillagés (haut de 1,2m) Avantage Inconvénient Coût Faible durée L'inondation est stoppée Barrage reconstruit ailleurs Faible ~250 € Faible à moyenne durée L'inondation est stoppée Entretien. Peu durable Moyen ~1000 € Durable Long terme. Améliore la qualité de l’écosystème Besoin en surface et risque de conflit avec les activités Faible si contrat (leviers financiers) Durable Long terme. Forte valeur naturelle Cultures peu productives Perte compensé e si contrats Immédiat Long terme. Castors tenus à distance Entretien. Clôturer toute la parcelle Variable Durable Conflit supprimé Paysager Faible (7 à 15 €/arbre) Grillage: maille 10cm Ecrêtement du barrage Tuyau: ø20cm Circonférence 1,2m min. Fil électrique Piquet isolateur Prof. 1m min. Pieux d'amarrage Tuyau: 5 à 10m de long Tuyau flexible Poste électrique Vue en coupe ENTRETIEN DES COURS D'EAU : LA GESTION DES EROSIONS ! Le lit d’une rivière est en constante évolution et peut se déplacer au fil du temps en érodant les berges. Les berges sont moins endommagées lorsqu’une végétation adaptée borde le cours d'eau CONSEQUENCES DES ENROCHEMENTS 16 L’EROSION DES BERGES LAISSER FAIRE OU INTERVENIR ? En fonction de la vitesse du courant, les sédiments sont arrachés du fond du lit, transportés vers l’aval. Ils peuvent être redéposés dans des zones plus calmes. Le transport de sédiments est essentiel car il permet à la rivière de dissiper son énergie. Avec le blocage des érosions par les enrochements, le cours d’eau ne peut plus divaguer. Pour dissiper son énergie, la rivière va creuser le fond du lit qui va progressivement s’enfoncer. C'est "l'incision". Le choix de restaurer ou non une portion de rive soumise à l’érosion dépendra fortement des enjeux liés à la protection des biens et des personnes. De plus, le coût des travaux à engager peut se révéler supérieur à la valeur marchande des terrains à protéger. Demandez conseil sur l’opportunité d’intervenir ainsi que sur la procédure à suivre (dossier de déclaration loi sur l’eau). LES PROBLEMES RENCONTRES Pour limiter l’impact des crues sur des secteurs déjà sensibles à l’érosion, il est important de conserver des emplacements en milieu naturel où la rivière peut dissiper son énergie et s'épandre lors de ses crues. Ainsi, les espaces de liberté et les zones d’expansion de crues assurent un rôle de prévention des inondations pour les parcelles situées plus en aval. LIMITER LA DESTABILISATION DES BERGES éviter le passage des engins en rivière et la gêne des écoulements, amplification du phénomène d’érosion lors d’aménagements, affaissement des berges en l’absence de végétation adaptée, perte de terre importante, déchaussement d’ouvrage (pont, enrochement, seuil…) enfoncement de la nappe déconnexion des milieux humides ESPACES DE LIBERTE ET ZONES D'EXPANSION DES CRUES et limiter l’accès au bétail: le piétinement altère la berge, favorise la mise en suspension de matière colmatant les fonds et les habitats, proscrire les enrochements en zones sans enjeux (prairies, forêts…), conserver les champs d’expansion de crues et les zones humides. ENTRETIEN DES COURS D'EAU : LA GESTION DES EROSIONS LE SAVIEZ-VOUS ? La gestion des cours d’eau est possible par le biais d’opérations simples de restauration et d’entretien visant l’amélioration du fonctionnement de nos rivières. Les techniques végétales sont à privilégier RECUPERATION DES BOUTURES La faculté du saule à bouturer est remarquable : il est donc absolument nécessaire de récupérer, lors des opérations de recépage de saules et d'aulnes, tous les rémanents afin qu'ils soient repiqués au niveau des tronçons les plus dégarnis. 17 QUELLE TECHNIQUE CHOISIR ? LA POSE DE CLOTURE ET D'ABREUVOIR LES PLANTATIONS Des clôtures peuvent être mises en place afin de protéger les berges pâturées du piétinement du bétail. Elles doivent être installées en retrait de la rivière pour ne pas gêner les écoulements. Cette action a pour but de favoriser l’implantation d’une végétation adaptée capable de se développer pour assurer les fonctions de maintien des berges et d’ombrage sur le cours d’eau. Les essences sélectionnées doivent être représentatives de la ripisylve locale, et choisies en fonction de leur affinité à l’humidité (aulne, saule, frêne..). Pensez à protéger vos plants (pose de tubes grillagés) des ongulés et des castors. L’implantation doit se faire sur une largeur importante. LES BOUTURES Elles sont à privilégier sur les zones mises à nues ou érodées. Elles sont à implanter en pied de berge pour que les pieds baignent dans l’eau. Pour ce faire de nombreuses techniques à réalisation relativement aisée sont à votre disposition: tressage, fascinage, clayonnage, lits de plants et plançons… Coupe à plat Coupe en biseau En complément, il est possible d’aménager des abreuvoirs pour canaliser l’accès du cheptel à la ressource en eau. Pour ces opérations, vous pouvez utiliser du barbelé et des pieux morts de Robinier faux acacia. Pensez à mettre des passages aménagés pour franchir les clôtures pour les pêcheurs, les chasseurs et autres usagers. LES AUTRES TECHNIQUES Il existe de nombreuses techniques pour protéger et stabiliser une berge en cas d’érosion importante et dommageable. Dans cette situation, le SM3A peut intervenir pour assurer un projet de restauration de plus grande ampleur faisant appel à des techniques professionnelles spécifiques. Celles-ci seront différentes selon les caractéristiques du milieu et les enjeux à préserver. Quelques exemples de génie végétal, alternative efficace à des aménagements lourds et moins respectueux de l’environnement: ENTRETIEN DES COURS D'EAU : LE CADRE D'INTERVENTION ! QUAND INTERVENIR ET LE SAVIEZ-VOUS ? "Les travaux ne doivent notamment pas être de nature à détruire les zones à frayères, les zones de croissance ou les zones d’alimentation ou de réserve de nourriture à la faune piscicole" (extrait de l'art. L.210-1 du Code de l'Environnement). Ainsi, d'octobre à mars les travaux sont incompatibles avec ces critères. POURQUOI ? En fonction de la nature des travaux envisagés, les périodes d’intervention ne seront pas les mêmes. La législation contraint le calendrier d’intervention en milieu aquatiques pour éviter les dommages causés par certaines actions (ex.: destruction de frayères lors d'un curage). Pour répondre aux critères du code de l’environnement, les travaux en rivière doivent donc être programmés entre les mois de juin et septembre. Toutefois, certaines actions ne peuvent être réalisées à cette période. Ainsi, toutes les interventions directes sur la ripisylve (abattages, plantations…) doivent être privilégiées pendant la période de repos végétatif, c’est-à-dire l’hiver. A RETENIR Ne pénétrez pas dans l’eau entre début octobre et fin mars, pour ne pas piétiner ni colmater les frayères des poissons, Intervenez sur les berges en période de repos de végétation, entre octobre et mars, vous ne dérangerez pas la nidification des oiseaux. 18 A l’inverse, la lutte contre les plantes envahissantes (Renouée du Japon…) doit être réalisée, pour être efficace, pendant la période de croissance de la plante, pour l’épuiser au maximum et diminuer les réserves contenues dans les rhizomes. Certaines opérations peuvent être réalisées tout le long de l’année comme l’enlèvement des déchets ou du bois mort, bien que l’été soit plus favorable avec un abaissement de la ligne d’eau. Dans tous les cas, toutes les mesures de préservation, notamment de la faune piscicole, doivent être prises avant d’entreprendre les travaux. Transposition obligatoire en DROIT NATIONAL Plan de gestion à l'échelle des 6 bassins hydrographiques français OPPOSABLE A L'ADMINISTRATION Plan de gestion à l'échelle d'un sous-bassin (ex.: SAGE de l'Arve) OPPOSABLE AUX TIERS ET A L'ADMINISTRATION Outils locaux de mise en œuvre opérationnelle ENTRETIEN DES COURS D'EAU : LES POLLUTIONS LA SURVEILLANCE LE SAVIEZ-VOUS ? Les dommages liés à la pollution de l’eau sont estimés à 3 milliards d’€/an (Lefeuvre 2005). QUELQUES BONNES PRATIQUES paillage, désherbage manuel ou thermique (eau bouillante) ne stockez pas de déchets aux abords des milieux naturels, ! éliminez et systématiquement les d'origine anthropique évacuez déchets L’usage des pesticides doit être conforme à l’article L.211-2 du Code de l'environnement et doit donc rester exceptionnel. La préservation de qualité des eaux passe par une surveillance de nos rivières. Tout rejet suspect (coloration, odeur) ou déchet (pneus, ferrailles, sacs,…) pouvant porter atteinte au milieu doit être signalé au Maire de la commune, à la Police de l ’Eau ou en gendarmerie. Eux-seuls pourront dresser un procèsverbal. Si vous le pouvez, prenez des photos. RESTREINDRE L’USAGE DES PESTICIDES Les produits phytosanitaires (ou pesticides) contiennent des substances actives destinées à détruire des parasites ou des organismes nuisibles (champignons, insectes, “mauvaises herbes”...). Même un faible dosage peut avoir de fortes répercussions sur la qualité de l'eau la faune et la flore. A RETENIR Il est formellement interdit de déverser ou laisser écouler dans un ruisseau des matières qui peuvent : porter atteinte au milieu aquatique, compromettre la salubrité publique, provoquer une modification des écoulements 19 Pour la santé des cours d’eau, il est essentiel: de régler son matériel pour limiter le surdosage, d'intervenir uniquement par temps sec et sans vent, de s'assurer que le produit est toujours autorisé ou le porter en déchetterie, de ne pas traiter les surfaces imperméables (risque de ruissellement jusqu’à la rivière), ni les zones à proximité des points d’eau, d'adapter la quantité de produit à la surface à traiter, En cas de produit restant dans votre pulvérisateur, ne jetez pas les résidus dans la rivière, ni dans votre évier, ni dans les égouts (incapacité à traiter ces substances). Délayez-le dans un mélange de terre meuble, à distance des zones sensibles. En matière d'agriculture, les "zones non traitées" sont une obligation. L'arrêté ministériel du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et l’utilisation des pesticides, interdit leur utilisation à proximité immédiate des points d'eau. Cette interdiction correspond à une distance minimum à respecter, inscrite sur chaque étiquette et au minimum égale à 5m, à proximité de tout point d'eau. Tout épandage (lisier, fumier…) doit être éloigné d'au moins 35 m du cours d'eau. Le passage d'engins dans la rivière, ou de bétail (déjections, piétinement…), peut être une cause de pollution tout comme le déversement de remblais, d'eaux usées, de produits ménagers... Turbidité = matières en suspension (remblais, passages d'engins, de bétail… Forte augmentation de l'activité microbienne pour dégrader les matières Chute de l'oxygène dissous = mort de la faune et la flore aquatique GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER CONSERVATION ET RESTAURATION DES HABITATS FORESTIERS ALLUVIAUX 20 Cette partie porte sur la restauration ou renaturation écologique de la bande riveraine, appelée « ripisylve ou forêt alluviale » lorsqu’elle est boisée par une végétation naturelle adaptée aux berges et aux épisodes de crues. La bande riveraine peut être une simple bande enherbée bordant une culture, ou un cordon d’alignement d’arbres. Dans ce cas une opération de restauration écologique sera nécessaire pour permettre à la rivière et à ses milieux associés d’assurer leurs fonctions. On entend par restauration l’opération de gestion visant à remettre dans un état proche de son état d’origine un milieu naturel, altéré ou détruit, généralement, par l’action de l’homme, la renaturation pouvant se faire toute seule ou accompagnée par la main de l’homme (éclaircissage...). La ripisylve représente à la fois un habitat pour la faune et la flore terrestre, un écran face au réchauffement excessif de l’eau, des microhabitats pour la faune aquatique, un rempart contre les afflux de sédiments, une protection contre l’érosion des berges, un régulateur de l’eau, un filtre contre la pollution...C’est aussi un élément déterminant du paysage. Cette zone de transition entre milieux terrestre et aquatique subit des pressions, naturelles ou artificielles, qui peuvent mener à la perturbation des équilibres de la rivière. Le moyen le plus efficace d’assurer la stabilité de la rive et d’y maintenir ses fonctions, est de permettre le développement d’une ripisylve adaptée aux conditions exigeantes du milieu de vie. Il faut donc comprendre que le but ultime des interventions préconisées ici est de remettre dans un état proche de son état d’origine un espace naturel alluvial le long de l’Arve, l’importance écologique de ce geste ayant été démontrée. D’autre part, dans le cadre de Natura 2000, des contractualisations sont possibles, pour adhérer à des pratiques de gestion financées en faveur des milieux et des espèces, et bénéficier d’avantages fiscaux. GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER 21 Tous les grands principes décrits ici peuvent être appliqués partout, dans le but de tendre vers une qualité écologique des forêts riveraines qui soit la plus haute possible. Pour les propriétaires de forêts situées à l’intérieur du site Natura 2000, contactez le SM3A pour obtenir tous les avantages de la procédure ainsi que les nombreux types d’interventions financées. Le maintien d’une forêt alluviale adéquate est une des stratégies qui permet d’améliorer la qualité de l’eau et les habitats de la faune et la flore des milieux terrestres, aquatiques et humides. PRATIQUES SYLVICOLES ADAPTEES Pour permettre l’atteinte de l’objectif de maintien des vieilles forêts naturelle de bord de rivière, les pratiques sylvicoles adaptées devront permettre d'assurer : le refuge à plusieurs espèces indicatrices de la bonne conservation des habitats, de maintenir la complexité de la structure de végétation à l’intérieur du peuplement (plusieurs strates, plusieurs âges et essences diverses …) le déplacement et les échanges entre les espèces (corridors). Concrètement, il s’agit de conserver une proportion maximale du couvert forestier arborescent et arboré (arbres âgés et morts) afin de perturber au minimum le climat forestier et éviter de fragmenter les multiples habitats occupés. On devra ainsi assurer le maintien des éléments propres aux forêts mûres et âgées que sont : les chicots : arbres morts sur pied de plus de 10 cm de diamètre à hauteur de poitrine, les arbres à valeur faunique : arbres de fort diamètre, vivants ou présentant des parties mortes, qui possèdent des caractéristiques indispensables pour divers organismes (cavités, cime développée, écorçage, caries, etc.), les débris ligneux : tiges mortes au sol de plus de 10 cm de diamètre, une structure diversifiée du peuplement: il s’agit de l’arrangement des trois éléments précédents combiné à un étagement varié de la végétation (arbres et arbustes de différentes hauteurs), et à la présence de clairières (chablis ou coupes d'éclaircie) importantes pour l'alimentation de la faune (baisse des dégâts dans les cultures alentours), la régénération des arbres et pour la biodiversité en général. En rouge le périmètre Natura 2000 de la vallée de l’Arve en 2006, et en vert le périmètre étendu validé en 2014 GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER 22 fin de favoriser le maintien des espèces vivantes associées aux vieilles forêts (chauves-souris, mousses, lichens…), l’objectif à atteindre est de « contractualiser » avec les propriétaires, en les engageant sur une pratique sylvicole adaptée, mesure de gestion pouvant parfois être financée (Natura 2000 par exemple). Chênes, charmes, érables Ormes, frênes, peupliers Saules, aulnes Ce qu'il faut éviter ce sont de petits isolats déconnectés de forêts alluviales au sein de grands espaces urbanisés et anthropisés . GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER 23 Les conditions permettant le maintien des vieilles forêts et des espèces associées doivent également intégrer la nécessité de disposer d'une superficie suffisante. Leur conservation dépend aussi des interventions humaines qui seront faites ou non, et des orientations sylvicoles passées. Les travaux bénéfiques peuvent être pris en charge financièrement par Natura 2000, suivant la localisation et le type de forêt concernée. MODES D'EXPLOITATION DURABLE Pour la réalisation de pratiques sylvicoles respectueuses et durables, plusieurs types de gestion sont possibles, dès lors que sont respectés les objectifs de maintien d’une densité maximale du couvert forestier après intervention et de maintien des attributs essentiels des vieilles forêts: Dans ce cadre, la protection accrue de la régénération et des gaules des essences suivantes doit constituer un objectif à atteindre : Saules, aulnes Peuplier noir, Frêne, Ormes, tilleul, érables, Chênes, charmes, Gradient d'humidité (fonction des crues) En fonction de la position de votre parcelle forestière par rapport à la rivière (et donc à la fréquence des inondations), les essences à favoriser ne seront pas les mêmes, la composition floristique des habitats étant différente. REFUGES BIOLOGIQUES ET CORRIDORS ECOLOGIQUES Le concept de refuges et de corridors vise la conservation de la biodiversité associée aux vieilles forêts par l’élaboration d’un réseau de forêts connectées où la protection passe par une gestion écologiquement adaptée et assurée de façon permanente (ex.: un contrat « Natura 2000 » engage pour 5 ans des opérations financées de gestion écologique). L’implantation de plusieurs petits refuges interconnectés, adéquatement Conserver: sélectionnés et bien répartis, permet d’inclure une plus grande variété d’habitats, 10 à 15 gros arbres morts ou de même qu’un plus grand nombre d’espèces rares, tout en assurant les échanges dépérissants d’essences variées/hectare, génétiques indispensables entre les populations. Enfin, ces refuges forestiers et 5 à 10 grosses tiges vivantes/ha en les corridors pourraient à court terme servir à la recolonisation des forêts encore non destinant à leur rôle naturel d'habitat mâtures ou des sites après coupe. Ils permettraient aussi d’assurer une certaine d'espèce, et en les laissant vieillir; connectivité entre les grandes aires naturelles et les espaces protégés. 5 m³/ha de débris ligneux répartis sur les parterres de coupe, des peuplements présentant des structures verticale et horizontale développées, GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER 24 L’IMPORTANCE DU BOIS MORT ET DU BOIS VIEILLISSANT La raréfaction du bois mort dans les forêts aménagées est un phénomène problématique reconnu mondialement. L'aménagement forestier (coupe, plantation) a pour effet de réduire la quantité et la qualité du bois vivant en Un milieu naturel, biotope, ou "habitat" (d'espèces floristiques ou faunistiques) sont les termes employés pour désigner un écosystème. Ce milieu de vie peut abriter autant de microhabitats et de "niches"" écologiques qu'il y a d'espèces et de stratégies différentes plus de conduire à une raréfaction des chandelles, gros chicots et autre gros débris ligneux. Partout où cela est permis (sécurité…), privilégiez de : laisser debout et intact tout chicot ou arbre vivant sans valeur commerciale lors des opérations de récolte, laisser de gros arbres moribonds dans les forêts traitées par coupe de jardinage. LISIERES BOISEES RIVERAINES, RIPISYLVE, FORET ALLUVIALE… Permettre à des arbres de diverses essences d'atteindre de fortes dimensions et des stades âgés. La présence de ces attributs en forêt est des plus importantes puisque des espèces animales et végétales menacées en sont tributaires dans leur cycle de vie. Cela est particulièrement vrai dans les milieux riverains qui sont reconnus pour leur grande richesse spécifique. Le soutien de Natura 2000 pour la gestion écologique de certaines portions des lisières boisées riveraines constitue donc une mesure importante pour le maintien de la biodiversité puisque ces écosystèmes alluviaux sont devenus rares, et bien souvent perturbés. Indirectement, ces milieux apportent également une contribution importante à la préservation de la qualité de l’eau, ainsi qu’à la lutte contre les dégâts dus aux crues, lorsqu'ils sont correctement gérés. Leur superficie minimale doit permettre d’offrir aux principales espèces qui utilisent ces milieux un habitat convenable qui répond le plus possible à leurs besoins fondamentaux. Leurs rôles de tampon, de protection des berges, d’expansion des inondations et de ralentissement des eaux en sera d’autant renforcé. D’après les spécialistes du milieu riverain, on a établi à 200 m la longueur minimale et 20 m de largeur minimale, les tronçons de lisières boisées riveraines pour garantir le maintien d’une efficacité suffisante des fonctions écologiques. Les tronçons de lisières sélectionnés devront être le plus vaste et continus possible afin de maximiser leur valeur écologique et leurs services. Aussi, afin d'éviter toute forme de discontinuité l'habitat que représentent les lisières boisées riveraines, les tronçons de lisières manquant doivent être reconstitués. Demandez conseil, des opportunités s'offrent peut être à vous suivant l'implantation de votre parcelle rivulaire (contrat Natura 2000, contrat de rivière, contrat corridor, mesure agrienvironnement…). D'après Claudia Jakob-Burckel modifié GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER 25 GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER FORMATIONS RIVERAINES DE SAULES Forêts à bois tendre Habitat 26 Natura 2000 Saulaies arborée à grands Saules et peuplier noir Intérêt européen CARACTERISTIQUES Strate arborescente/arborée : Les formations riveraines de saules sont des formations arbustives (1 à 7 m) ou arborée (> 7 m) situées le long des cours d’eau des rivières de plaines et collines et soumises à des inondations régulières. Ces formations riveraines de saules peuvent être divisées en deux catégories : La saulaie arborescente à Saule blanc (6 à 20 m de haut), Saule fragile, avec éventuellement le Peuplier noir, soumises à un régime régulier d’inondations. Il s’agit généralement de formations élevées, et d’intérêt communautaire. Les saulaies arbustives avec le Saule des vanniers (max. 10 m), quelquefois le Saule à trois étamines et Saule pourpre. Il s’agit généralement de formations moins hautes : habitat non listé comme étant d'intérêt communautaire. 1: en orange les espèces sans affinité stricte pour les sols humides Indicateur : sols lourds riches en dépôts alluviaux, inondés périodiquement par les crues annuelles et la remontée de la nappe souterraine, mais bien drainés et aérés pendant les basses eaux. Ripisylve à bois tendre. Ces formations sont généralement en contact avec des prairies humides ou des forêts de ravins à tilleuls et érables. Saule blanc, fragile et Peuplier noir. Strate herbacée : Comprend généralement un grand nombre d’espèces, notamment printanières: Renoncule ficaire, Anémone des bois, Corydale solide... Intérêt : Flore diversifiée, habitat d’intérêt communautaire et patrimonial. Rôle fondamental dans la fixation des berges et l’aspect paysager, habitat résiduel du fait des activités socioéconomiques. ESPECES INDICATRICES Saule fragile (Salix fragilis), Saule blanc (Salix alba), Peuplier noir (Populus nigra), Saule des vanniers (Salix viminalis), Saule à trois étamines (Salix triandra) et Saule pourpre (Salix purpurea). GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER GALERIES D'AULNES BLANCS Habitat Forêts à bois tendre Natura 2000 Intérêt européen Les galeries submontagnardes d’aulnes blancs sont des formations linéaires arborescente (jusqu’à 20 m) situées le long des cours d’eau rapides des massifs montagneux. Ces formations dominées par l’Aulne blanc, sont limitées. Aulne blanc Indicateur : rivières à eaux vives, l’Aulne blanc est une espèce moins hygrophile que l’Aulne glutineux. Installées sur des matériaux alluviaux sablo-limoneux ou humo-sableux, l’activité biologique est très forte au niveau de l’humus (pas d’accumulation de matière organique). En dehors des crues, le niveau moyen de la nappe est assez profond (80 cm à 10 m). Prêle d’hiver Prêle d’hiver 27 CARACTERISTIQUES Morphologie : Strate arborescente à Aulne blanc. Strate herbacée diversifiée comprenant généralement un assez grand nombre d’espèces. Intérêt : Habitat d’intérêt communautaire pouvant héberger des espèces rares (Prêle d’hiver). Intérêt patrimonial élevé. Habitat extrêmement résiduel et menacé du fait des pratiques anthropiques et de sa répartition biogéographique limitée aux influences montagnardes ESPECES INDICATRICES Aulne blanc (Alnus incanae), Reine des prés (Filipendula ulmaria), laîches (Carex spp.), Prêle d’hiver (Equisetum hyemale). GUIDE DU PROPRIETAIRE RIVERAIN FORESTIER CHENAIES-CHARMAIES MIXTES AVEC ORMES, FRENES… Forêts à bois dur Habitat Intérêt européen Les grandes forêts alluviales conservées: très haute diversité, avec chênes1, frênes, ormes, tilleuls, érables, aulnes, peupliers, tremble, prunier à grappe, pommiers, saules, etc. Hautes et multistratifiées, elles s’installent le long des cours moyen et inférieur des grandes rivières. Complexes très structurés formés de huit strates et d’une cinquantaine d’espèces d’arbres, arbustes, herbacées et lianes (lierre, clématite). Les forêts alluviales résiduelles dont il ne reste que des fragments avec une richesse en espèces fortement réduite. en orange les espèces sans affinité stricte pour les sols humides Indicateur : ripisylve à bois dur, inondable lors de crues périodiques ou zones basses inondées par remontée de nappe. Installées sur alluvions, le sol peut être bien drainé en dehors des crues. Forment des mosaïques avec les forêts à bois tendre pionnières ou stables dans les parties basses du lit majeur. Souvent associées aux aulnaies-frênaies. Vigne des bois CARACTERISTIQUES Natura 2000 Les chênaies-charmaies à ormes et frênes sont des formations à haute diversité floristique, inondées seulement lors de grands épisodes de crues. Les strates sont très développées. 2 catégories: 1: 28 Morphologie Strate arborée très diversifiée avec Chêne pédonculé1, ormes, frênes, peupliers, aulnes, érables, saules, Cerisier à grappes, pommiers, tilleuls et aubépines en sous-strate. Strate herbacée comprenant toujours une très grande diversité d’espèces. Intérêt Habitat d’intérêt communautaire et patrimonial élevé, devenu rare en raison des activités anthropiques. Quelques fragments résiduels hautement vulnérables subsistent en France (principalement: Rhin, Rhône). Ecosystèmes les plus diversifiés de tous les écosystèmes européens, tant au niveau de la structure du peuplement, que de la flore et de la faune. ESPECES INDICATRICES Chêne pédonculé1 (Quercus robur), Orme lisse (Ulmus laevis), Frêne élevé (Fraxinus excelsior), Aulne glutineux (Alnus glutinosa), Peuplier noir (Populus nigra), Houblon (Humulus lupulus), Cerisier à grappes (Prunus padus), Vigne des bois (Vitis vinifera sylvestris), Gagée jaune (Gagea lutea).