1. Qu`est-ce qu`une plante à fleur ? 1.1 Le cycle de vie des

publicité
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.1 Quelques cycles haplo-diplophasiques
Quelques cycles haplo-diplophasiques
Sporophyte (2N) porte les spores
●
Gamétophyte (N) porte les gamètes
●
sporophyte
Les deux phases sont équilibrées
ex. Ulva lactuca
2N
fécondation
méiose
N
gamétophyte
La phase haploïde prédomine
ex. charophytes, mousses, hépatiques
La phase diploïde prédomine
ex. embryophytes
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.1 Quelques cycles haplo-diplophasiques
Cycle de vie d'une mousse
La partie la plus visible des mousses est haploïde. C'est donc
le gamétophyte, mâle ou femelle. Les gamètes, mâles et
femelles, sont formés à partir de structure spécialisées
(anthéridies et archegonium).
Après fécondation, un œuf diploïde est produit qui germera
pour donner un sporophyte diploïde réduit. Ce sporophyte
produit des spores haploides qui germent pour donner un
nouveau gamétophyte.
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.1 Quelques cycles haplo-diplophasiques
Cycle de vie d'une fougère
Le sporophyte produit des spores haploïdes.
Ceux-ci germent pour donner un prothalle (haploïde, donc). Ce
prothalle produit des gamètes mâles et femelles. Il constitue
donc un gamétophyte bisexué.
Après fécondation, un œuf diploïde est formé qui germera pour
donner à nouveau un sporophyte diploïde.
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
Le gamétophyte femelle
stigmate
style
L’ovule des angiospermes
micropyle
tég.
externe
ovaire
sac embryon.
tég. interne
nucelle
chalaze
hile
orthotrope
campylotrope
anatrope
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
Le gamétophyte femelle
La cellule archésporiale (2N) subit la
méiose pour donner 4 mégaspores (N)
dont une seule est fonctionnelle.
La mégaspore fonctionnelle subit trois
mitoses sans cytodiérèse. Elle forme
ainsi un ensemble cænocytique
comprenant 8 noyaux haploïdes.
Les parois se mettent en place pour
former 7 cellules dont une est binucléée.
antipodes
cellule centrale
synergides
oosphère
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
Le gamétophyte femelle
stigmate
style
L’ovule des angiospermes
micropyle
sac embryon. =
gamétophyte
tég.
externe
ovaire
tég. interne
nucelle
= mégasporange
chalaze
hile
orthotrope
campylotrope
anatrope
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
Le gamétophyte mâle
Les microsporocystes du tissu
sporogène subiront la méiose pour
donner des microspores. Ceux-ci se
différencieront ensuite en grains de
pollen.
●Le tapis joue un rôle sécrétoire
fondamental dans la fabrication de la
paroi des grain de pollen.
●L’assise mécanique joue un rôle
important dans le processus de
déhiscence.
●
anthère non mature
(sacs polliniques avant la
méiose)
filet anthère
étamine
anthère déhiscente
assise mécanique
tissu sporogène
tapis
grains de
pollen
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
Le gamétophyte mâle
Les cellules du tissu sporogène
(sporocyste, 2N) subisse les deux
divisions de méïose pour former des
tétrades de microspores (N).
La microspore
1. subit une première
division pollinique pour
former une cellule
générative.
cellule
végétative
noyau de la
cellule
végétative
cellule
générative
2. qui s’individualise…
3. se décolle de la
paroi…
4. et finit par s’internaliser dans la cellule végétative.
A ce stade elle est donc entourée de deux
membranes plasmiques.
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
La germination du grain de pollen
Le grain de pollen, arrivant sur le stigmate,
se réhydrate et émet un tube pollinique par
l’une de ses apertures.
Le tube pollinique croît à l’intérieur du style
jusqu’à atteindre l’ovule au niveau du
micropyle.
La cellule générative se divise pour former deux
gamètes mâles. Ces deux gamètes progressent dans
le tube pollinique, accrochés au noyau de la cellule
végétative.
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
La double fécondation des angiospermes
(vue synthétique)
A
B
C
D
E
F
G
H
I
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
La double fécondation des angiospermes
Le tube pollinique arrive au micropyle. Une synergide éclate, le
tube pollinique y pénètre, puis libère les deux gamètes.
●Un gamète mâle s’accroche à l’oosphère et l’autre à la cellule
centrale.
●Le noyau du premier gamète mâle pénètre dans l’oosphère ; les
deux noyaux des gamètes mâle et femelle fusionnent pour former
un œuf diploïde.
●Le noyau du second gamète mâle pénètre dans la cellule
centrale et fusionne avec les noyaux polaires pour former une
cellule triploïde.
●
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.2 Gamétophyte et sporophyte chez les plantes à fleur
La double fécondation des angiospermes
Après la double fécondation, l’ovule va se devenir une graine.
Deux structures de réserve peuvent être mises en place :
●L’albumen, qui se développe a partir de la cellule centrale,
●Le périsperme qui se développe à partir du nucelle.
nucelle
téguments
sac
embryonnaire
Toutes les graines ne possèdent pas de
périsperme, ni même d’albumen…
a) gr. à périsperme
b) gr. Sans périsperme
c) graine à embryon très développé (ricin)
d) graine exalbuminée (haricot).
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.1 Le cycle de vie des angiospermes
1.1.3 Récapitulons-nous...
Chez les angiospermes, le gamétophyte mâle c’est le grain
de pollen ; le gamétophyte femelle c’est le sac
embryonnaire.
Le gamétophyte des angiospermes est donc unisexué,
extrêmement réduit, et vit en parasite sur le sporophyte.
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.1 La diversité de lignée verte
Chlorophytes
Charophycées
Hépatiques
bryophytes
(grp. paraphyl.)
Mousses
embryophytes
Lycopodiacées
ptéridophytes
(grp. paraphyl.)
Selaginacées
Isoétacées
Équisétacées
trachéophytes
Fougères eusoprangiées
Cycas sp.
Fougères leptoprangiées
Cycadales
Gynkgoales
Gnétales
Pinacées
spermaphytes
Ginkgo biloba
Ephedra viridis
Autres coniférales
Angiospermes
gymnospermes
Pinus silvestris
Origanum vulgare
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.2 L' « abominable mystère » de la radiation des
angiospermes
Millions
d'années
gymnospermes
prêles
fougères
Carbonifère
angiospermes
mousses
Quaternaire
Néocène
Paléocène
Crétacé
Jurassique
Trias
Permien
0
1.64
23.3
65.0
146
208
245
290
363
Devonien
409
Silurien
439
Ordovicien
510
Les données fossiles montrent une augmentation
extrêmement rapide de la quantité de pollen d'angiospermes à
partir de leur apparition il y a 146 millions d'années.
Aujourd'hui, il y a 233885 espèces d'angiospermes recensées.
Pour mémoire, l'ensemble des embryophytes comprend
269902 espèces et on dénombre seulement 822 espèces de
gymnospermes.
Les angiospermes ont colonisé tous les milieux, y compris le
milieu marin où elles sont les seules, parmi les plantes
terrestres, à être retourné.
Comment expliquer une telle explosion de diversité ? C'est
ce que Darwin considérait comme l'un des plus abominables
mystères de l'évolution de la vie sur terre.
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.2 L' « abominable mystère » de la radiation des
angiospermes
Chlorophytes
Charophycées
Hépatiques
Mousses
Lycopodiacées
Selaginacées
Isoétacées
Équisétacées
Fougères eusoprangiées
Fougères leptoprangiées
Cycadales
Gynkgoales
Gnétales
2F
Pinacées
Autres coniférales
Angiospermes
2F
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.2 L' « abominable mystère » de la radiation des
angiospermes
Évolution du sporophyte
Évolution du gamétophyte
Au cours de l'évolution des plantes terrestres, on a le
sentiment d'une tendance à la réduction du gamétophyte.
Cette réduction n'est en fait pas propre aux angiospermes
mais aux spermaphytes (plantes à graine).
Quels sont les caractéristiques vraiment propres aux
angiospermes ?
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.2 L' « abominable mystère » de la radiation des
angiospermes
Les vaisseaux conducteurs des angiospermes
Le bois (xylème secondaire) des angiospermes
comprend des vaisseaux conducteurs. Le bois des
gymnospermes ne comprend que des trachéides. La
différenciation entre cellules de soutien et cellules
conductrices semble plus accusée chez les
angiospermes que chez les gymnospermes.
Comment se fait-il qu'il n'y ait pas d'herbacées chez les
gymnospermes ?
la plaque scalariforme
disparaît ; les
vaisseaux
conducteurs
deviennent des tuyaux
complètement ouverts
plaque scalariforme
éléments de
vaisseau
trachéides
fibres
ligneuses
phloème
cambium
xylème
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.2 L' « abominable mystère » de la radiation des
angiospermes
Comparaison entre l'ovule des angiospermes et celui
des gymnospermes
B
C
A
tégument
archégone
nucelle
gamétophyte
Le gamétophyte femelle (sac embryonnaire) des
gymnospermes est beaucoup développé que celui des
angiospermes. Il comprend une (des) archégone(s).
L'ovule des gymnospermes n'est entouré que d'un seul
tégument. Le micropyle est directement accessible.
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.2 L' « abominable mystère » de la radiation des
angiospermes
La fleur des angiospermes
B
A
C
D
E
eudicotylédone
duplication de c/d
apparition de A
s p e c o
B
A
C
D
E
liliales
t t e c o
B
A
C
D
E
poales
l/p lo e c o
B
C
D
pipérales
E
e c o
B
A
C
D
E
nymphéales
t t e c o
B
C/D
C/D
mâle
femelle
gymnospermes
1. Qu'est-ce qu'une plante à fleur ?
1.2 Les angiospermes dans la lignée verte
1.2.2 L' « abominable mystère » de la radiation des
angiospermes
La fleur des angiospermes
L'histoire évolutive et le succès des angiospermes
semblent donc liés à l'invention de la fleur...
Mais on trouve chez les gnétales des structures qui
commencent à ressembler à une fleur. Ci-dessous une
« fleur » d'Ephedra viridis.
Alors, finalement, peut-on résoudre l'abominable
mystère ? Quelle rôle peut jouer dans l'évolution des
angiospermes l'invention d'une structure qui détermine
les régimes de reproduction ?
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.1 Le pollen, structure de dispersion
La paroi d'exine
manteau pollinique
exine
intine
Au moment de la mise en place des tétrades, formation
de la primexine (matrice de microfibrilles cellulosiques).
Dans cette matrice est ensuite mise en place l’exine, par
polymérisation de sporopollénine. La sporopollénine est
produite par le tapis. C’est l’un des constituants les plus
résistant aux dégradations microbiennes que l’on
connaisse.
●
L’exine est ensuite recouverte du manteau pollinique,
substance visqueuse dont les constituants sont aussi
synthétisés par les cellules du tapis.
●
La dernière couche mise en place est l’intine, qui elle est
fabriquée par le gamétophyte mâle.
●
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.1 Le pollen, structure de dispersion
Les apertures
Le pollen possède une paroi qui lui
permet de résister au milieu
extérieur, mais il faut aussi qu’il
puisse germer…
La paroi d’exine est perforée par des apertures,
amincissement soit en forme de pore, soit en forme de sillon.
Au niveau de l’aperture, seule l’intine est présente. Elle y est
plus épaisse et plus complexe.
●
La position des apertures est déterminée très tôt dans la
formation du grain de pollen : les zones de contact entre
microspores dans les tétrades sont les points privilégiés de
formation des apertures.
●
Le nombre d’apertures varie entre espèces, entre individus
au sein d’une espèce (polymorphisme) et parfois même au
sein d’un même individu (hétéromorphisme).
●
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.1 Le pollen, structure de dispersion
La physiologie du grain de pollen
Avant d’être disséminé, le grain de pollen se déshydrate (il
contient de 6 à 60% d’eau) et entre en vie ralentie… Sa durée
de vie, selon les espèces et les conditions du milieu, va de un
jour à un mois.
Le grain de pollen ne reprendra une activité physiologique
normale que lorsqu’il sera tombé sur le stigmate et se sera
réhydraté.
La pénétration d’eau dans le grain de pollen résulte
simplement d’une différence de pression osmotique. Il ne s’agit
cependant pas d’un mécanisme passif : certains composés
dans manteau pollinique stimulent la sécrétion d’eau par le
stigmate.
L’entrée d’eau entraîne une augmentation de volume et donc
une extrusion au niveau des apertures : c’est le début de la
formation du tube pollinique.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.2 Éviter l'autofécondation
2.2.1 Pourquoi éviter l'autofécondation ?
Les régimes de reproduction consanguins
consanguin
AA
panmixie
Soit un locus bi-allélique...
p2
f p +(1-f) p2
Aa
2pq
(1-f) 2pq
aa
q2
f q +(1-f) q2
A:p
a : q = 1-p
Si une fraction s des graines est
produite par autofécondation, on
peut montrer que f=s/(2-s)
DONC plus le taux
d'autofécondation est élevé, plus
les homozygotes sont, en
proportion, abondants.
DONC plus le risque de révéler
des mutations délétères
récessives est grand !
s=0
s = 0,5
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.2 Éviter l'autofécondation
2.2.2 Comment éviter l'autofécondation ?
La séparation des sexes
Une première façon de mettre une barrière physique entre pollen et
stigmate d'une même fleur pour empêcher l'autofécondation, c’est
de séparer les sexes.
Soit on les met dans des fleurs différentes (sur la même plante, c’est
la monécie, sur deux plantes distinctes c’est la dioécie).
Soit on s’arrange pour qu’organes males et femelles ne soient pas à
maturité en même temps (c’est la dichogamie, soit protandrie, les
fleurs mâles sont prêtes avant les femelles, soit protogynie, les fleurs
femelles sont prêtes avant les mâles).
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.2 Éviter l'autofécondation
2.2.2 Comment éviter l'autofécondation ?
L'incompatibilité
Le tube pollinique doit traverser tout
le style pour venir féconder l'ovule.
La plante « femelle » peut controller
cette germination.
Un tube pollinique en
train de croître
Pour éviter l’autofécondation, elle peut marquer son pollen de
façon à le reconnaître et ne laisser germer que les grains de
pollen différents. Le déterminisme de ce marquage peut être
gamétophytique (chaque grain de pollen porte un des deux allèles
parentaux, voir ci-dessous) ou sporophytique (chaque grain de
pollen porte un marqueur correspondant au génotype paternel).
a
b
a
AB
b
a
BC
b
CD
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.2 Éviter l'autofécondation
2.2.2 Comment éviter l'autofécondation ?
L'hétérostylie
Chez Lithrum salicaria, les étamines et le
stigmate peuvent être placés sur trois
niveaux différents.
Trois types de fleurs peuvent donc exister :
●celles dont le style est long,
●celles dont le style est intermédiaire,
●celles dont le style est court.
Une fleur d’un type ne peut recevoir du
pollen que d’un type différent.
L
(ssmm)
S
M
(ssM-)
(S---)
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.2 Éviter l'autofécondation
2.2.2 Comment éviter l'autofécondation ?
L'hétérostylie
Les incompatibilités entre morphes chez une
espèce tristyle donne un avantage au morphe le
plus rare : il est en proportion compatible avec
plus de partenaires que les autres morphes.
Cet avantage au rare maintient les fréquences
des trois morphes autour de 1/3. Bien
évidement, l'équilibre établi par la sélection peut
être perturbé par la dérive.
France
S
Ontario
L
S
L
M
Les populations canadiennes, dont
l'origine est européenne, ont des
fréquences qui s 'éloignent de
l'équilibre 1/3, 1/3 ,1/3. Certaines
d'entre elles ont perdu un morphe.
La sélection ramène alors les
fréquences des morphes restant
autour de 1/2, 1/2.
M
sélection
S
dérive
fondation
M
L
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.1 Pourquoi et comment assurer l'autofécondation ?
Le syndrome d'autofécondation
Ci-dessous, quatre sous-espèces de Gilia splendens des
montagnes de Californie et leur pollinisateur. La dernière,
dont la corolle est largement réduite, pousse dans un désert.
Quel est son pollinisateur ?
?
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.1 Pourquoi et comment assurer l'autofécondation ?
Évolution vers l'autofécondation
Phylogénie du genre Amsinckia indiquant l’évolution à
de multiples reprises de l’autofécondation.
Les espèces allogames sont distyles et ont une corolle
de grande taille (par exemple A. furcata à gauche sur la
photo) ; les espèces autogames sont homostyle et à
petite corolle (comme par exemple A. vernicosa à droite
sur la photo).
*
*
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.2 Les vecteurs du pollen
Les syndromes de pollinisation
Un syndrome de pollinisation, c'est un ensemble de caractères
morphologiques qui sont associés à un mode de polliniation
particulier...
L'anémogamie On confie son
pollen au vent (d'où les
anthères qui se balance au
bout du filet chez les
poacées, voir ci-contre). Tout
le problème c'est de l'attraper
au vol (d'où les stigmates
plumeux de la paocée cicontre)
L'entomogamie Il s’agit de
loin du mode de pollinisation
le plus courant chez les
angiospermes. Les insectes
impliqués sont principalement
des hyménoptères, des
lépidoptères et des diptères.
Le problème ici, c'est de
signaler qu'on existe. La
plante doit attirer les insectes,
soit en étant voyante, soit en
sentant fort.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.2 Les vecteurs du pollen
Signaler qu'on existe
Les sépales et/ ou pétales brillamment colorés permettent
d’attirer le pollinisateur. L’effet peut être renforcé quand de
nombreuses fleurs sont rassemblées sur une même
inflorescence.
Anthocyanes (rouge à bleu) et
anthoxanthines (jaune) sont contenus
dans la vacuole ; caroténoides et
xanthophylles sont contenus dans les
chromoplastes.
Des marques pigmentées peuvent de
plus guider le pollinisateurs vers les
pièces reproductrice.
Évidemment ce qui compte c'est
d'émettre des signaux
perceptibles par les
pollinisateurs. Par exemple dans
les ultra-violets comme ici chez
une potentille.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.2 Les vecteurs du pollen
Signaler qu'on existe
Les signaux visuels peuvent avoir deux rôles distincts :
✔
À longue distance, attirer les pollinisateurs vers la
plante.
✔
À courte distance, orienter le pollinisateur qui a déjà
été attiré par la plante vers le lieu où il doit aller pour se
charger en pollen.
Ces deux types de signaux peuvent
être en partie découplés. Chez de
nombreuses espèces, par exemple, les
fleurs fécondées restent colorées mais
leur couleur change (ici une vipérine).
Interprétation ?
Dans la même veine : chez certaines espèces l’inflorescence
comprend des fleurs qui sont stériles et qui servent seulement à
signaler. Les fleurs fertiles sont évidemment à proximité.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.2 Les vecteurs du pollen
Signaler qu'on existe
Deux catégories de composés odorants interviennent
principalement dans le signalement de la fleur :
●les terpènes
●les benzenoïdes
Les odeurs sont généralement produites de façon diffuse sur toute
la corolle, et non pas sur un territoire spécialisé.
Il n’empêche qu’au sein d’une fleur différentes régions peuvent
produire des composés odorants légèrement différents.
Une fleur peut de même posséder certains territoires où la
production de molécules odorantes est particulièrement forte. Chez
certaines espèces, cette zone est en plus marquée par des guides
nectarifères réfléchissant les ultra-violets (cf. avant).
(d’autres molécules odorantes, beaucoup plus spécifiques, peuvent
être produites ; ex. chez les Ophrys et les Aracées, voir plus loin)
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.2 Les vecteurs du pollen
Le pourboire au vecteur
Une façon simple de récompenser le vecteur
pour s’assurer de sa fidélité, c’est de lui donner
à manger à chaque visite. Ici encore deux
options :
● la plante sacrifie une partie de son pollen en
laissant les pollinisateurs en consommer à
chaque visite ;
● la plante produit une solution sucrée, le
nectar.
Le nectar est beaucoup moins coûteux à produire pour la plante que
le pollen. Il s’agit essentiellement d’une solution de sucre (la
concentration en sucre variant de 15 à 75%) avec quelques acides
aminés.
La sécrétion du nectar est
réalisée par les nectaires, qui
peuvent être une partie d’un
sépale, d’un pétale ou du
réceptacle.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.3 Les syndromes de pollinisation
2.3.2 Les vecteurs du pollen
Un peu d'histoire
Christian Konrad Sprengel (1793)
« Das entdeckte Geheimniss der Natur
im Bau und in der Befrüchtung der
Blumen »
La découverte des secrets de la nature
des fleurs et de leur fécondation
Certaines plantes sécrètent une liqueur sucrée, apparemment dans le
but d'éliminer de leur sève quelque substance nuisible. […] Les
insectes recherchent avec avidité cette liqueur, bien qu'elle se trouve
toujours en petite quantité. Or, supposons qu'un certain nombre de
plantes d'une espèce quelconque sécrètent cette liqueur ou ce nectar
à l'intérieur de leurs fleurs. Les insectes en quête de ce nectar se
couvriraient de pollen et le transporteraient d'une fleur à l'autre.
Darwin, l'Origine des Espèces 1859.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.1 L'entomogamie est-elle un mutualisme ?
Analyse des coûts et bénéfices
coût
bénéfice
On gaspille moins de pollen
✔ On peut un peu mieux
contrôler où on envoit son
pollen ?
plante
Il faut signaler sa présence
et récompenser l'insecte
insecte
✔
On dépend de la ressource
que la plante veut bien
concéder
La ressource est abondante
et facile à localiser
✔
Une analyse proposée actuellement par certains
auteurs et que dans ce type d'association le
mutualisme est stabilisé par le fait que les pollinisateurs
peuvent comparer l'offre faite par différentes plantes et
choisir en connaissance de cause.
On est dans un modèle de « marché biologique »
analogue à ceux théorisés par Adam Smith où la
poursuite de l'intérêt individuel va dans le sens du bien
commun...
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.1 L'entomogamie est-elle un mutualisme ?
Différents cas d'escroquerie
1 – les bourdons cambrioleurs
Certains bourdons, plutôt que de passer du temps à
manipuler une corolle complexe pour avoir accès au
nectar, perce un trou à la base de la corolle et aspirent le
contenu...
Au final le bourdon a eu ce qu'il cherchait mais la fleur n'a
pas été fécondée.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.1 L'entomogamie est-elle un mutualisme ?
Différents cas d'escroquerie
2 – la publicité mensongère
Les orchidées trompeuses font de grosses fleurs et de grandes
inflorescences... mais leurs fleurs ne contiennent pas de nectar
et leur pollen ne peut pas être collecté par les insectes.
●
Les signaux envoyés par la plante à l’insecte sont trompeurs :
ils laissent croire que la plante fabrique du nectar alors qu’il n’en
est rien.
●
La plante n’est pas mimétique,
l’insecte peut donc apprendre à
éviter les fleurs trompeuses.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.1 L'entomogamie est-elle un mutualisme ?
Différents cas d'escroquerie
3 – l'agression sexuelle
Drakaea glyptodon
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.1 L'entomogamie est-elle un mutualisme ?
Différents cas d'escroquerie
4 – la séquestration
A. maculatum
Les pollinisateurs des Arum sont eux aussi
manipulés, mais ici la plante fait croire à
l’insecte qu’il peut y pondre ses œufs en
sentant la chair en décomposition (ou la
bouse de vache).
La mouche, une fois entrée, ne peut plus
ressortir que le lendemain, après avoir
fécondé les fleurs femelles et pris du pollen
sur les fleurs mâles.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.1 L'entomogamie est-elle un mutualisme ?
Différents cas d'escroquerie
4 – la séquestration
Ce syndrome de pollinisation (la sapromyophilie) existe dans
trois familles, en plus des Araceae : les Orchidaceae, les
Asclepiadaceae (photo de droite ci-dessous) et les
Aristolochiaceae (photo de gauche ci-dessous). Ces quatre
familles sont très distantes phylogénétiquement.
Il s’agit donc là d’un bel exemple de convergence évolutive.
Les caractères associés à la sapromyophilie chez ces espèces
ne sont pas homologues.
Aristolochia littoralis
Ceropegia woodi
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.2 Entomogamie et isolement reproducteur
Isolement reproducteur et date de floraison
Deux individus appartiennent à deux espèces s'ils existe une
barrière qui les empêche d'échanger des gènes.
La mise en place de cet isolement reproducteur peut se faire
à un moment où les populations qui deviendront deux
espèces sont séparées par une barrière physique. Les
populations ainsi séparées vont diverger. Une fois remises
en contact, les individus qui les composent seront
incapables de se reproduire entre eux (spéciation
allopatrique).
Exemple de trait qui peut diverger et empêcher deux
espèces de se croiser : la date de floraison !
S. petiolaris
S. lucida
S. exigua
S. eriocephala
S. discolor
S. bebbiana
S. amygdaloides
22
26
avril
30
4
8
12
16
mai
20
24
28
juin
Divergence des dates de floraison chez le saule (Salix).
En clair les plantes mâles; en foncé les plantes femelle.
(les saules sont dioïques)
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.2 Entomogamie et isolement reproducteur
Isolement reproducteur et dépôt du pollen
Autre exemple de trait simple qui permet de faire de
l’isolement reproducteur : la position du pollen sur le
corps du pollinisateur.
Chez les orchidées, le pollen est aggloméré en
petites masses : les pollinies.
Exemple chez Angraecum :
Aa : Angraecum arachnites
Jt : Jumelia teretifolia
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.2 Entomogamie et isolement reproducteur
Isolement reproducteur et comportement du
pollinisateur
Fréquence des fleurs
jaunes parmi les visites
Encore un trait simple qui permet de faire de l’isolement
reproducteur : la couleur des fleurs. L’isolement est ici le
produit du comportement du pollinisateur. Il n'est pas
absolu.
Fréquence des fleurs jaunes
Un bourdon, lorsqu’on lui donne le choix entre deux couleurs de
fleur, choisit la plus fréquente ; il a de plus tendance à visiter les
fleurs en séquence (s’il visite une jaune, il y a plus de chance que
la visite suivante soit aussi à une jaune).
Le résultat de ce comportement, c’est que les flux de gène entre
jaune et rouge sont faibles.
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.3 Entomogamie et spéciation
Rythme de spéciation chez les Ophrys
Orchis Anacamptis
leurre nourricier
Ophrys
tromperie sexuelle
*
phylogénie moléculaire partielle des orchidées
européennes (d'après Bateman et al. 2003)
Sérapias *
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.3 Entomogamie et spéciation
Rythme de spéciation chez les ophrys
Une partie de l'isolement reproducteur entre Ophrys peut
s'expliquer par une différence d'emplacement du pollen
entre les ophrys du groupe pseudophrys et ceux du
groupe euophrys :
pseudophrys : pseudo-copulation abdominale
●
euophrys : pseudocopulation céphalique
●
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.3 Entomogamie et spéciation
Rythme de spéciation chez les ophrys
Ophrys sphegodes
Andrena sp.
Schiestl et al. étudient les composés volatils impliqués dans la
tromperie sexuelle d'Ophrys sphegodes. Première étape, on
compare la composition du bouquet émis par une femelle Andrena
à celui émis par le labelle d'un ophrys. Certains composés
communs sont émis en quantité très proche... Un électroantenogramme montre que ces composés sont actifs.
Composé
heneicosane
docosane
tricosane
tetracosane
(Z)-9-pentacosene
pentacosane
hexacosane
(Z)-12+(Z)-11-heptacosene
(Z)-9-heptacosene
heptacosane
(Z)-12+(Z)-11-nonacosene
(Z)-9-nonacosene
Andrena Ophrys
1.6±0.5 1.8±0.3
0.6±0.1 0.5±0.1
28.7±2.4 30.6±1.8
2.0±0.2 3.1±0.2
3.4±1.8 0.6±0.1
34.9±2.2 20.2±1.3
1.6±0.1 2.1±0.2
0.7±0.3 6.0±0.8
5.1±1.6 7.6±1.0
11.2±1.1 11.5±1.5
3.7±1.4 6.7±1.0
6.6±0.4 9.4±1.2
P-value
0.151
0.909
0.705
0.002
0.406
0.000
0.016
0.000
0.112
0.940
0.010
0.082
2. Reproduction et évolution des plantes à fleur
2.4 La coévolution plante-pollinisateur
2.4.3 Entomogamie et spéciation
Rythme de spéciation chez les ophrys
Deuxième étape, ils prennent un cadavre de femelle Andrena qu'il
désodorise puis reparfume. Ils testent alors la réaction des mâles
selon la nature du parfum utilisé...
approche du leurre
se pose sur le leurre
saute sur le leurre
copulation
Conclusion
La théorie de la reine rouge
Cette accélération de l’évolution, qui est due au fait qu’une
large partie des pressions de sélection sont exercées par des
espèces vivantes, qui elles-mêmes évoluent, est une
prédiction de la théorie de la Reine Rouge :
pour rester sur place (rester adapté à son environnement) il
faut déjà courir très vite…
L'évolution vers l'entomogamie peut-elle à elle seule expliquer
la radiation des angiospermes ? Pas de réponse simple à cette
question, même si la radiation des angiospermes coïncide
avec celle des insectes...
L'abominable mystère reste à peu près entier
Téléchargement