Cas clinique Segment antérieur Filariose oculaire Ocular filariasis: 2 case report P. Gohier1, A. Graffe1, D. Chabasse2 (1 Service d’ophtalmologie, CHU d’Angers ; 2 service de parasitologie, CHU d’Angers) Filariose oculaire à loa-loa • Dirofilariose oculaire. Loa loa ocular filariasis • Ocular dirofilariasis. Premier cas : examen Une jeune femme d’origine gabonaise consulte en urgence pour sensation de corps étranger mobile dans l’œil droit, avec photophobie et larmoiement. L’examen permet de révéler la présence d’un ver mobile sous-conjonctival (figure 1), réagissant à l’exposition lumineuse par des mouvements ondulants. Le reste de l’examen ophtalmologique est dans les limites de la normale. Après anesthésie topique, une petite boutonnière conjonctivo-ténonienne permet d’­extraire une filaire de 8 cm (figure 2). L’examen parasitologique permet d’authentifier la présence d’une filaire adulte femelle de loa-loa, confirmée par la sérologie ; en revanche, la recherche de microfilaires dans le sang est négative. Deuxième cas : examen Un homme, âgé de 75 ans et d’origine tunisienne, consulte pour baisse d’acuité visuelle bilatérale. À l’examen, yeux blancs et calmes. Cependant, présence, dans la chambre antérieure de l’œil gauche, d’une micro-filaire appendue à la cornée, avec une petite abrasion de l’endothélio-descemet ; aspect momifié et immobile du ver (figure 3). L’intervention de la cataracte est l’occasion de retirer la micro-filaire, dont l’état de décomposition ne permet pas son identification parasitologique. Discussion La filariose à loa-loa est une parasitose bénigne qui sévit à l’ouest de l’Afrique équatoriale dont le vecteur est un taon chrysops (1). Les filaires adultes ont un tropisme particulier pour l’œil : la localisation conjonctivale est la plus fréquente, mais les localisations palpébrale, orbitaire, endoculaire sont également possibles. La dirofilariose à Dirofilaria repens, quoique rare, constitue le principal diagnostic différentiel de la loase, nématode fréquemment observé chez le chien sur le pourtour de la Méditerranée (2). C’est la filaire que les parasitologues ont préférentiellement cherché à identifier pour notre seconde observation. L’onchocercose (ou cécité des rivières), filariose à Onchocerca volvulus, est beaucoup plus sévère du fait de la gravité des atteintes cornéennes et chorio-rétiniennes (seconde cause de cécité en Afrique de l’Ouest) et fait l’objet d’un programme de traitement de masse par ivermectine (3). Quelques cas sporadiques d’atteintes oculaires de loases concernent les voyageurs et les migrants en Europe et aux États-Unis. La dirofilariose a les mêmes manifestations cliniques qui doivent être reconnues par les ophtalmologistes. II Références bibliographiques 1. ANOFEL. “La filariose à Loa loa” in Parasitoses et Mycoses des régions tempérées et tropicales, Paris : Éd. Masson 2007, p. 141-3. 2. Aiello F, Palma S, Varesi C, Cerruli A, Valente R, Aiello L. A rare case report of Loa loa ocular filariasis. Eur J Ophthalmol 2010;20(1):237-9. 3. Padgett JJ, Jacobsen KH. Loiasis: African eye worm. Trans R Soc Trop Med Hyg 2008;102(10):983-9. 60 Images en Ophtalmologie • Vol. IV • n° 2 • avril-mai-juin 2010 Légendes Figure 1. Filaire loa-loa sous-conjonctivale (coll. Pr D. Richard-Lenoble, CHU de Tours). Figure 2. Extraction chirurgicale de la filaire de loa-loa après boutonnière conjonctivale. Figure 3. Larve de filaire en chambre antérieure, appendue à la cornée. Cas clinique Segment antérieur 1 2 3 Images en Ophtalmologie • Vol. IV • n° 2 • avril-mai-juin 2010 61