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Diplôme Inter-Universitaire des Services
de Santé et de Secours Médical des
Services Départementaux d’Incendie et de
Secours
Santé Publique – Santé Travail
Travail d’Application Tutoré – année 2014
EAD 8ème PROMOTION
INDICATEURS DE STRESS LORS D’UNE
MANŒUVRE DE SAUVETAGE-DEBLAIEMENT
Madame Laure MAYAUD
Service Départemental d’Incendie et de Secours
De la Loire
Tuteur universitaire : Lieutenant Colonel JM STEVE
Référents sapeurs-pompiers :
Médecin première classe Philippe PROUST
Capitaine Ferdinand CHAPELLE
REMERCIEMENTS :
Je tiens à remercier tous ceux, et ils sont nombreux, qui m’ont permis de mener à
bien ce travail d’application tutoré :
- David CHARIER, Médecin-commandant (SDIS 42), pour son implication
sans faille, son enthousiasme, ses connaissances sur le sujet, sa patience.
- Philippe PROUST, Médecin Première classe, Médecin-chef adjoint du SDIS
42, mon référent officier SSSM local.
- Le Capitaine Ferdinand CHAPELLE (SDIS 42), mon référent officier SP local,
qui a eu la gentillesse et la patience de supporter mon intrusion au sein de son
équipe de sauvetage-déblaiement.
- Le Médecin-Colonel Frédéric FREY, Médecin-chef du SDIS 42, pour sa
bienveillance et ses encouragements.
- Sylvain GOUJARD, Psychologue SDIS 42, président de l’Association
Européenne des Psychologues Sapeurs-Pompiers pour ses « lumières » en matière
de tests psychologiques et son autorisation à l’utilisation de son support BFP.
- Au Lieutenant colonel Jean-Marie STEVE, mon tuteur universitaire, pour sa
patience et son aide précieuse.
Enfin, je remercie tout particulièrement les SP participant à la manœuvre sauvetagedéblaiement servant de support à cette étude pour leur gentillesse, leur patience et
leur bonne humeur, qui ont fait de cette étude une expérience inoubliable.
SOMMAIRE
RESUME
Page 1
INTRODUCTION
Pages 2 et 3
METHODE
- La manœuvre Sauvetage-déblaiement
Page 4
- La population étudiée
Pages 4 et 5
- Les tests utilisés
Pages 5 à 10
RESULTATS
Pages 11 à 16
ANALYSE ET DISCUSSION
Pages 17 et 18
CONCLUSION
Page19
BIBLIOGRAPHIE
Page 20
RESUME
Médecin urgentiste, je suis quotidiennement confrontée à des situations génératrices
de stress. Sensibilisée à ce sentiment et à ses répercussions négatives sur notre
pratique professionnelle quotidienne, il m’a semblé opportun de vouloir en étudier
l’impact sur ces Sapeurs-pompiers dont la devise « courage et dévouement » laisse
peu de place aux sentiments.
De très nombreux travaux d’application tutoré ont traité de ce sujet, le plus souvent
sous forme de questionnaire visant à cerner l’influence, la prévalence du stress, ses
causes et les solutions pour y faire face en insistant sur l’intérêt des débriefings
réguliers.
Ce mémoire aborde le sujet d’une façon différente. En effet, notre but était de mettre
en
évidence
des
tests
cliniques,
physiologiques,
psychologiques
et
psychotechniques fiables, reproductibles, déportables et non invasifs, nous
permettant
de
mettre
en
évidence
un
épuisement
psychologique
ou
un
« stress dépassé » chez un Sapeur-pompier engagé dans un exercice Sauvetagedéblaiement de longue durée. La finalité de ce travail étant de pouvoir le soustraire
temporairement afin de le préserver, puis de pouvoir éventuellement le ré-engager
rapidement à l’issue d’une période de récupération.
Après une revue de l’abondante littérature nous permettant de cerner ce sujet, il
nous a semblé opportun de faire, en préambule, un rappel physiologique succinct sur
le Système Nerveux Autonome et ses branches sympathique et para-sympathique,
Nous aborderons la méthode employée dans cette étude, exposerons les résultats
obtenus, avant de pouvoir conclure sur la pertinence de deux tests le Bilan Flash
Psychologique et la pupillométrie.
MOTS CLEFS :
Stress, manœuvre sauvetage-déblaiement, pupillométrie, Bilan Flash Psychologique.
Systèmes sympathique et para- sympathique
1
INTRODUCTION
Le stress est un fidèle compagnon du Sapeur-pompier en intervention mais aussi au
cours des différentes manœuvres.
Louis Crocq définit le stress comme « la réaction immédiate, biologique,
physiologique et psychologique d’alarme, de mobilisation des ressources et de
défense de l’individu face à une agression ou une menace ».
C’est un sentiment ambivalent :
Parfois « positif », « bénéfique », « adapté », ou « eustress » chez nos confrères
anglo-saxons, il correspond alors physiologiquement à une décharge d’adrénaline et
de cortisol lors d’un stimulus nociceptif. Il entraine ainsi une augmentation de
vigilance, une hyperactivité cérébrale, une augmentation de la concentration, des
capacités d’évaluation, du tonus musculaire et de l’acuité sensorielle.
Malheureusement, en fonction de l’intensité de ce stimulus mais aussi de sa
récurrence et de l’état d’esprit du sujet qui le subit, il peut être délétère, induisant
alors une évaluation erronée de la situation, une sensation « d’être totalement
dépassé » et ainsi une mise en danger du sujet et de son équipe par un
comportement inadapté à la situation.
On parle alors de « stress dépassé », « pathologique », « négatif » de « distress ».
Le stress est un terme anglo saxon couramment utilisé dans la littérature depuis le
début du XXème siècle.
Hans SELYE, endocrinologue et physiologiste canadien, fut l’un des premiers
chercheurs à s’y être intéressé. Il décrit ce qu’il nomme « le mécanisme du
syndrome d’adaptation », c’est à dire l’ensemble des réactions de l’organisme
soumis à une agression brutale de la part de son environnement.
C’est une réaction normale face à tout événement soudain et brutal.
2
Dès la confrontation à une situation évaluée comme « stressante », il y a activation
de l’axe hormonal hypophyse-hypothalamus-glandes surrénales et libération par la
glande médullo-surrénale de catécholamines (Adrénaline et Noradrénaline). Ces
hormones mobilisent le système SYMPATHIQUE dont le rôle est de mettre
l’organisme en état d’alerte et de le préparer à l’action grâce à une cascade de
modifications cliniques :
- accélération du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire.
- augmentation de la température corporelle.
- augmentation des chiffres tensionnels.
- augmentation de la vigilance.
Au repos, au contraire, le système parasympathique s’active. Son rôle est de ralentir
les fonctions de l’organisme, de conserver l’énergie.
Ces deux branches du Système Nerveux Autonome (SNA) agissent de façon
antagoniste.
L’adaptabilité du SNA face au stress permet à l’organisme de maintenir l’équilibre.
Pour mener à bien cette étude il nous fallait donc définir un protocole expérimental
basé sur des tests objectifs, fiables, pertinents et reproductibles.
Nous aborderons dans un premier temps la méthode employée, analyserons les
résultats obtenus puis nous mettrons en évidence les résultats prometteurs
concernant deux de nos tests, sans oublier de souligner les limites de notre travail.
3
METHODE
DESCRIPTION DE LA MANŒUVRE SAUVETAGE DEBLAIEMENT :
Cette manœuvre départementale, organisée par le capitaine CHAPELLE pour la
Formation Opérationnelle Spécialisée Sauvetage Déblaiement (FOS SDE), s’est
déroulée sur deux sites rhônalpins distincts, dans les départements de la Loire et de
l’Ain.
Une section SDE composée de deux unités a été engagée, accompagnée par deux
binômes de soutien sanitaire opérationnel (SSO) et une unité cynotechnique.
L’objectif de cet exercice était d’entrainer les sauveteurs-déblayeurs à manœuvrer
en section pendant 24 heures et de les confronter à des problématiques de
manœuvre de force et de risques bâtimentaires.
Cette manœuvre de 48 heures en autonomie s’est déroulée du mardi 5/11/2013 à
15h au mercredi 6/11/2013 à 15h.
Nous avons eu à subir une météo déplorable avec de fortes précipitations et des
vents violents.
Les transferts inter-sites, de longue durée, furent particulièrement éprouvants pour
les conducteurs manoeuvrants (transferts nocturnes sans période de repos
préalable).
LA POPULATION ETUDIEE :
Cette manœuvre engageait 23 participants : tous Sapeurs-pompiers professionnels,
appartenant au SDIS 42, portés volontaires pour cette mission :
- 3 Officiers et Sous-officiers organisateurs
- 2 Officiers chefs de sections
- 2 chefs d’unités et 1 adjoint de chef d’unité
- 15 SPP manoeuvrants
- l’unité SSSM se composait de 3 ISPV et un MSPV.
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- Concernant les 15 SPP manoeuvrants :
- Age max=45 ans, âge min=28 ans, âge moyen=36 ans
- population exclusivement masculine
- nombre d’années d’engagement : moyenne = 11,5 ans
- expérience antérieure en SD pour 40 % des participants.
DEROULEMENT DES TESTS :
Les tests préalablement retenus à l’issue des réunions préparatoires ont été réalisés
par l’équipe SSSM, dès l’arrivée des participants au point de regroupement : SDIS 42
(H0).
Ils ont été réitérés en fin de première manœuvre (FM1), après une heure de
récupération (FM1+1h) et en fin de deuxième manœuvre (FM2).
Les tests de récupération après la deuxième manœuvre, initialement programmés,
n’ont pas pu être réalisés faute de temps.
Les tests retenus à l’issue des réunions de préparation avec le Médecincommandant David CHARIER et le Médecin commandant Philippe PROUST étaient
les suivants :
- un test clinique : mesure de la fréquence cardiaque et enregistrement Holter ECG
- un test psychologique : Bilan Flash Psychologique (BFP)
- un test psycho technique : de type « STROOP »
- un test physiologique : pupillométrie.
1°) Mesure de la fréquence cardiaque :
Afin d’éviter tout écueil de passation, nous avons opté pour une mesure automatisée
par appareil électronique de type WELCH ALLYN – Pro BP 3400. Sujet debout,
brassard mis en place au niveau du membre supérieur droit.
Trois Holters ECG de type VISTA de NOVACOR, ont été posés de manière aléatoire
sur trois sujets dès leur arrivée au SDIS 42 puis déposés par notre équipe SSSM à
l’issue de la dernière manœuvre.
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2°) Le Bilan Flash Psychologique (BFP) :
Ce bilan de l’urgence psychologique permet d’obtenir en quelques minutes une
analyse quantitative de l’état d’une personne confrontée à une situation critique.
C’est un test basé sur le principe de l’Echelle Visuelle Analogique utilisée en
algologie.
C’est un test d’auto-évaluation, fiable, reproductible, déportable, non invasif.
Pratiqué à l’aide de trois réglettes, mises au point par Sylvain GOUJARD,
Psychologue au sein du SDIS 42 et Président de l’AEPSP (Association Européenne
des Psychologues SP) (Cf. Figure n° 1).
Il étudie trois composantes :
- le niveau de stress = Impact TRAUMATOGENE
- le niveau de moral = Impact DEPRESSOGENE
- le niveau d’épuisement = Impact EPUISOGENE
Chaque échelle étant graduée de :
- 1 = Relaxation complète
Moral au maximum
Niveau de forme maximum
- à 10 = Stress extrême, intolérable
Moral au plus bas, déprime extrême
Epuisement extrême, effondrement.
En moins d’une minute, nous obtenons ainsi une intensité subjective de l’événement
sur les versants traumatogène, dépressogène et épuisogène.
L’intérêt de ce test est le « Bilan BFP » correspondant à la somme de ces trois
échelles :
- score cumulé entre 3 et 10 et aucun score supérieur à 7 sur chacune des
échelles = bilan « vert », satisfaisant.
- score cumulé entre 11 et 18 = bilan « orange » nécessitant une prise en
charge psychologique et une évaluation de la réaction urgente à mettre en place.
- score cumulé entre 19 et 30 et pour tout score supérieur à 7 sur une des échelle =
bilan « rouge » nécessitant une prise en charge psychologique immédiate.
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Figure n° 1 : Test Bilan Flash Psychologique.
3°) Test Psycho-technique de type « STROOP » :
Le test de STROOP en passation orale est couramment utilisé pour l’évaluation de
l’attention sélective. Celle-ci peut se définir comme la capacité à maintenir l’attention
sur une cible même en présence d’une distraction ou comme l’aptitude à ne tenir
compte que d’une dimension d’un stimulus tout en ignorant les autres.
L’effet Stroop fut rapporté par John Ridley Stroop lors d’une publication parue dans
le « Journal of Expérimental Psychology » en 1935. L’auteur présentait à ses sujets
visuellement des mots de couleurs, écrits avec des encres de différentes couleurs.
Le test « COLOR TEXT » sur tablette numérique se rapproche du test de STROOP.
Ce test est composé de quatre carrés de couleur ROUGE, BLEU, VERT et JAUNE,
au centre de chacun, est écrit le mot : ROUGE, BLEU, VERT et JAUNE sans aucune
corrélation avec la couleur du fond.
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Il est demandé alternativement et de façon aléatoire au sujet de valider soit le carré
de couleur (ROUGE, BLEU, VERT ou JAUNE), soit le mot (ROUGE, BLEU, VERT ou
JAUNE).
Chaque bonne réponse permet de continuer le test, et d’obtenir ainsi un score en un
temps imparti.
4°) Pupillométrie :
La pupillométrie est la mesure du diamètre de la pupille, et de ses variations, à l’aide
d’un pupillomètre. C’est un procédé utilisé en médecine depuis le XIXe siècle. Depuis
quelques années, son champ d’utilisation s’est élargi à l’évaluation de la douleur
chez un sujet sous anesthésie générale. Le réflexe de dilatation pupillaire a montré
sa spécificité et sa pertinence dans la mesure du niveau d’analgésie des patients
tant au bloc opératoire qu’en réanimation.
Principe du monitorage :
La surface de la pupille reflète les interactions au niveau de l’iris entre les systèmes
sympathique et parasympathique. Ces systèmes se distribuent aux deux muscles,
avec une prédominance du parasympathique pour le muscle constricteur (à partir du
noyau pupilloconstricteur situé dans le tronc cérébral) et du sympathique pour le
muscle dilatateur (d’origine médullaire thoracique). Le SNA s’organise en deux pôles
à la fois opposés et complémentaires. Chacun de ses deux systèmes a son
organisation fonctionnelle, ses centres régulateurs, ses neurotransmetteurs et ses
récepteurs propres. Cependant, malgré leurs différences, il existe en permanence
des interactions complexes entre ces deux pôles, faisant intervenir une intégration au
sein des aires thalamiques et hypothalamiques, interactions responsables de
l’équilibre sympatho-vagal au niveau du sphincter de l’iris. Chez le sujet conscient, la
dilatation pupillaire lors d’une stimulation nociceptive ou d’un stress est liée à
l’activation du noyau sympathique pupillodilatateur.
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Diminution du diamètre pupillaire en réponse à une stimulation lumineuse
(réflexe photomoteur) :
Le diamètre de la pupille diminue en réponse à un flash lumineux, de manière
réflexe, appelé réflexe photomoteur, médié par le système parasympathique.
Si l’on soumet un sujet à un stimulus douloureux ou à un stress, la diminution réflexe
du diamètre de la pupille induite par la lumière est inhibée, et cet effet inhibiteur sur
le réflexe photomoteur est bloqué par les morphiniques. Le blocage du réflexe
photomoteur au pic de la stimulation nociceptive a été proposé comme moyens
d’évaluation de la douleur ou du stress : il pourrait constituer une mesure objective
de l’efficacité de l’analgésie chez les patients non communicants.
latence
pente
variation du réflexe pupillaire
flash
lumineux
Figure n°2 : Evaluation du diamètre pupillaire lors d’une stimulation lumineuse
Monitorage de la pupille :
Des vidéopupillomètres portables sont aujourd’hui disponibles sur le marché,
permettant l’enregistrement de la variation du diamètre pupillaire de manière simple.
Certains intègrent un dispositif de réalisation d’un flash lumineux.
Deux appareils sont actuellement commercialisés en France : le Vidéoalgésigraphe®
de la société Synapsys (Marseille), et le NeuroLight® de la société iDMed (Marseille).
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Le NeuroLight® est un appareil autonome qui comprend un système de mesure par
caméra vidéo et un processeur de traitement embarqué. L’éclairage se situe dans les
fréquences visibles et infrarouges. Le logiciel de détection morphographique permet
une mesure de la taille de la pupille dans une gamme comprise entre 0,5 et 10 mm
avec une précision de 0,05 mm et une résolution de 0,01 mm. Cet appareil permet la
mesure et l’enregistrement du diamètre pupillaire durant 30 secondes lors de
différentes stimulations et les paramètres du réflexe photomoteur (temps de latence,
pente de décroissance, pourcentage de variation).
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RESULTATS
Très rapidement, nous nous sommes aperçus des limites de notre étude et avons dû
mettre de côté trois tests qui, a postériori, ne nous ont pas paru pertinents :
- la fréquence cardiaque dont la méthode de passation peu rigoureuse pouvait être
soumise à controverse et dont la variabilité présentait des limites liées non seulement
à la technique de recueil mais aussi au type d’effort enregistré.
- le Holter ECG car seuls 3 appareils sur les 10 prévus initialement ont pu être mis en
place pour des raisons techniques. Ce faible échantillon ne nous permettait pas d’en
tirer des conclusions fiables pour une telle étude. Ceci est dommageable car ce test
avait suscité la curiosité et l’intérêt de nos Sapeurs-pompiers.
- le test de STROOP : le test officiel nécessitant un temps de passation important,
c’est sa version simplifiée sur tablette numérique qui avait été retenue. Ce test
ludique avait retenu l’attention des participants mais sa méthode de passation peu
rigoureuse nous a conduit à l’exclure du protocole.
Notre étude s’est donc reportée sur le Bilan Flash Psychologique et les résultats
de la pupillométrie.
1°Score BFP :
Partant du principe qu’une manœuvre Sauvetage-Déblaiement est particulièrement
éprouvante pour l’organisme, mais aussi pour le psychisme des participants, nous
devions retrouver des résultats du BFP en fin de manœuvre majorés par rapport à
ceux recueillis initialement.
Nous avons étudié la variation des trois composantes du score BFP avant le début
de la manœuvre (H0) et à la fin de la première manœuvre (FM1), après une période
de récupération d’une heure (FM1+1H) et enfin à l’issue de la deuxième manœuvre
(FM2).
Les tests initiaux n’ont pu être réalisés que sur 12 sujets (sur les 15 manoeuvrants),
faute de temps.
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Figure n° 3 : Résultats du BFP
Le score cumulé était plutôt bas avec seuls 2 sujets accusant un score de 10.
On retrouvait effectivement un niveau de stress et d’épuisement bas en début de
manœuvre, avec une corrélation entre le stress et le niveau d’épuisement.
A l’issue de la première manœuvre, les 15 participants ont pu être testés, et nous
avons noté l’absence de chiffres extrêmes (supérieurs à 6) sur chacune des trois
échelles (manœuvre peu soutenue?, charge physique et émotionnelle inférieure à
celle demandée habituellement ou sous-évaluation du stress et de la fatigue ?)
Les chiffres obtenus sont plus élevés en ce qui concerne l’impact physique
(épuisogène) que l’impact sur le stress (traumatogène).
L’augmentation du niveau de stress est corrélée au niveau d’épuisement physique.
On obtient un niveau de stress et d’épuisement extrêmes chez les manoeuvrants
également conducteurs et un niveau de stress particulièrement élevé chez un
manoeuvrant qui occupait la fonction de chef d’unité.
Après une heure de récupération, le test BFP a été renouvelé sur seulement une
unité, faute de temps, et les résultats obtenus ne sont donc pas exploitables, mais il
en résulte que le niveau de stress est resté stable par rapport à la fin de manœuvre
et le niveau d’épuisement est globalement superposable à celui de fin de manœuvre
témoin d’une médiocre récupération.
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A l’issue de la deuxième manœuvre, la totalité des 15 participants a de nouveau été
soumise à notre test BFP et l’on a obtenu des scores BFP cumulés très nettement
altérés chez 10 sujets (66%) avec des scores compris entre 11 et 14.
Les cotations les plus élevées concernent l’échelle d’épuisement physique.
Les manoeuvrants également conducteurs ou chef d’unité ont cumulé les scores les
plus élevés.
Nous avons étudié la variation des trois composantes du score BFP avant le début
de la manœuvre (H0) et à la fin de la première manœuvre.
Figure n° 4 : Comparaison score BFP à H0 et fin de première manoeuvre
La comparaison entre les valeurs de niveau de stress, de moral et d’épuisement
obtenues avant la manœuvre et en fin de première manœuvre a été réalisée à l’aide
du test des rangs de Wilcoxon (test non paramétrique). Ce test met en évidence une
différence significative entre les deux temps (p=0,012). Le seuil de significacité étant
à 0,05.
Nous avons étudié ensuite la variation des trois composantes du score BFP prises
séparément avant le début de la manœuvre (H0) et à la fin de la première
manœuvre.
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Figure n°5 : Comparaison des trois composantes du score BFP à H0 et fin de
première manœuvre
La comparaison entre les valeurs de niveau de stress, de moral et d’épuisement
obtenues avant la manœuvre et en fin de première manœuvre a été réalisée à l’aide
du test des rangs de Wilcoxon (test non paramétrique). Le tableau n°6 indique le
résultat de ce test.
Test de Wilcoxon
stress
moral
épuisement
p
0,161
0,059
0,016
Figure n°6 : Comparaison du niveau de stress, de moral et d’épuisement entre le
début de l’exercice et la fin de la manoeuvre
Seul le niveau d’épuisement physique est statistiquement différent entre le début de
l’exercice et la fin de la manœuvre (p = 0,016). Il n’existe pas de différence
significative sur le niveau de stress et sur le moral pour l’effectif enregistré dans notre
étude.
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2°Pupillométrie :
Nous avons étudié ensuite la variation du diamètre pupillaire lors d’un flash lumineux
de 320 Lux avant le début de la manœuvre (H0) et à la fin de la première manœuvre
(FM1) et à l’issue d’une période de récupération de 1 heure ( FM1+1H).
Figure n°7 : Résultats de la pupillométrie
Figure n°8 : Comparaison de la variation du diamètre pupillaire lors du reflexe
photomoteur à H0 et Fin de première manœuvre
15
La comparaison entre les valeurs du réflexe photomoteur obtenues avant la
manœuvre et en fin de première manœuvre a été réalisée à l’aide du test des rangs
de Wilcoxon (test non paramétrique). Ce test met en évidence une différence
significative entre les deux temps (p=0,042).
3° Corrélation entre le score BFP et les variations du diamètre pupillaire
lors du réflexe photomoteur :
Enfin, pour conclure notre étude, nous avons cherché la corrélation entre le score
BFP et la variation du diamètre pupillaire lors du réflexe photomoteur.
Figure n°9 : Corrélation entre le score BFP et la variation de la pupille
Le coefficient rho de Spearman (2) est de 0,166 avec p=0,045.
Il existe donc une corrélation statistiquement à la limite de la significativité mais
relativement faible entre le score BFP et la variation du diamètre pupillaire lors du
réflexe photomoteur.
Ceci est en partie lié au faible nombre de sujets inclus dans ce travail.
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ANALYSE ET DISCUSSION
Malgré nos efforts pour mener ce travail à bien et malgré l’aide précieuse du
commandant David CHARIER, nous avons fait face à de nombreux écueils.
Les difficultés rencontrées se sont avérées surtout d’ordre organisationnel :
En effet, entre le choix de notre sujet et la manœuvre servant de support à notre
travail, nous avons disposé de seulement deux mois pour élaborer le protocole
d’étude, effectuer les tests préalables, informer les participants.
La communication auprès des manoeuvrants ayant été écourtée, certains ont eu
beaucoup de mal à comprendre les tests, leur déroulement et leur intérêt. La
multiplication des sites de manœuvre et donc des tests avec, pour chaque site, une
nouvelle mise en place a retardé la réalisation des tests. L’implication du SSSM à
part entière dans le déroulement des manœuvres et dans le SSO nous a rendu
moins disponibles pour mener à bien notre étude.
Le protocole lui-même suscite quelques critiques a postériori : les tests se sont
avérés trop nombreux, trop répétitifs pour pouvoir susciter l’intérêt et donc la parfaite
adhésion des participants. La méthode de passation de certains tests (fréquence
cardiaque et « STROOP ») peut être sujette à controverse. Les résultats du test BFP
sont fort probablement minimisés dans la mesure où les tests (nominatifs) étaient
réalisés en présence des autres participants.
Enfin, nous avons eu à déplorer la défection inopinée et prématurée du pupillomètre,
compromettant ainsi notre dernière batterie de tests.
Les résultats obtenus doivent être modulés car une manœuvre SauvetageDéblaiement n’a pas, aux dires de l’ensemble des participants, le même impact
émotionnel que le secours à personnes, ni la même charge physique qu’une maîtrise
de feu.
Le panel de 15 sujets, de surcroît tous de sexe masculin et tous SPP, ne peut être
représentatif des 248300 Sapeurs-pompiers de France, dont 78% de Sapeurspompiers volontaire et 13% de femmes.
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Malgré tout, nous avons pu mettre en évidence la pertinence de deux de nos tests :
Le Bilan Flash Psychologique et la variation instantanée de la pupille obtenue
grâce au pupillomètre.
Tests pertinents, fiables, reproductibles, non invasifs et déportables comme nous le
souhaitions et ont également prouvés leur bonne corrélation entre eux. Si le
pupillomètre reste encore un investissement onéreux pour certains centres et plus
dédié à la recherche aujourd’hui, l’utilisation des réglettes du BFP, dès validations
des résultats scientifiques en cours, semble être très prometteuse et facilement mise
en place.
Au-delà des résultats obtenus et malgré notre déception de n’avoir pu obtenir un
travail plus abouti, cette étude fut une expérience des plus enrichissantes sur le plan
professionnel mais aussi et surtout humain, et ceci grâce à l’implication à part entière
du capitaine CHAPELLE et du lieutenant MARION qui malgré les perturbations
engendrées par notre étude, nous ont apporté avec bienveillance tout leur soutien.
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CONCLUSIONS
Si lors d’un exercice de Sauvetage-Déblaiement ou lors d’une intervention, un
épuisement physique peut être rapidement mis en évidence chez un Sapeurpompier, il est plus délicat de détecter une souffrance psychologique dans une
population essentiellement masculine pour laquelle avouer une faiblesse est encore
synonyme d’échec et sujet tabou.
Sensibilisés au stress et son impact dans notre vie professionnelle, nous avons
tenté, en vain d’aborder le sujet avec les Sapeurs-pompiers de notre CIS lors des
visites d’aptitude.
Il nous a donc paru intéressant de rechercher des tests cliniques, physiologiques et
psychotechniques, fiables, reproductifs, non invasifs et déportables pouvant nous
permettre sur le terrain de mettre en évidence une souffrance psychologique ou un
stress dépassé, mettant le sujet en danger. La finalité de ce travail étant de pouvoir
alors soustraire temporairement le sujet afin de le préserver.
Cette modeste étude, point de départ certainement d’un travail ultérieur plus abouti,
nous a permis de mettre en valeur deux tests prometteurs que sont le Bilan Flash
Psychologique et la variation du diamètre pupillaire obtenue de manière simple
et en 10 secondes grâce au pupillomètre.
19
BIBLIOGRAPHIE :
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20
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