LE CONCEPT AQUAMATER D’ une mère à l’autre… mémoire d’eau © Copyright 2007 Anne Marie Vermeulen - Saurel Anne Marie Vermeulen - Saurel 42, ter Bd du Jardin Exotique « Les mandariniers » MC 98000 Monaco Tel : 00377 97 98 11 56 1 Dédicace A mes très chers qui vivent dans l’au-delà. A Alexia, Anthony et Marc, fervents supporters de la « mission Aquamater » de leur maman et mamie. 2 Remerciements Aux enfants qui m’ont offert leur renaissance avec des sourires, et à leurs parents, aux yeux scintillants de rosée. A tous les êtres qui m’ont guidée, puis aidée à renaître pour créer. 3 Citations « La Résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents. » « Si la souffrance contraint à la créativité, cela ne signifie pas qu’il faille être contraint à la souffrance pour devenir créatif. » Boris Cyrulnik « L’avenir se tourne vers une prévention de la douleur . L’être humain a une mémoire des douleurs subies depuis sa naissance. Plus on y est confronté, plus on y est sensible, aussi bien physiologiquement que psychologiquement. Il est donc impératif de préserver le patient même si le degré zéro n’existe pas. » Dr Bernard Ghiglione, algologue, spécialisé dans l’évaluation et le traitement de la douleur au centre hospitalier Princesse Grâce (CHPG) de Monaco. (Interview de Anne Claire Hillion., Nice Matin, édition Monaco du 6 avril 2007, article intitulé La culture anti-douleur s’installe à l’hôpital) "La première fois est un élément essentiel dans le développement de l’enfant : la première fois que l’on a dormi hors de chez soi, la première fois que le petit garçon marche, la première fois qu’il récite quelque chose, la première fois qu’il manque de respect. Ce sont toutes ces premières fois qui aident à la construction de la personnalité, qui font l’individu, parfois brutalement. La 4 première fois n’est pas toujours idéale, mais, à force de premières fois, on finit par être soi-même. Je crois que ceux qui collectionnent sont justement ceux qui ont des difficultés avec la première fois. Collectionner, c’est toujours rechercher la première fois. Tant que l’on a des premières fois, on est vivant. On est vieux lorsqu’on ne croit plus à la première fois… La première fois, c’est la découverte, le contraire du quotidien. C’est la liberté, l’énergie vitale… La première fois nous soutient dans notre capacité de croire en l’avenir… Il n’y a qu’une première fois qui est irréductible : la première fois que je suis mort." Marcel Ruffo, pédopsychiatre 5 Préface Cela s’est passé en juillet 1983. Thomas Verny, le psychiatre auteur de The Secret Life of the Unborn Child avait alors organisé dans son fief de Toronto la première conférence de l’Association Américaine de psychologie pré- et périnatale. C’est ainsi qu’un petit noyau international de praticiens et chercheurs issus d’horizons divers s’est constitué. La raison d’être de cet évènement historique était l’émergence d’une prise de conscience: nous étions tous là pour renforcer en la partageant notre conviction que la santé (au sens large) de l’être humain prend forme pendant les périodes pré- et périnatales. C’est dans ce contexte que la toute jeune et audacieuse Anne-Marie a fasciné son auditoire en présentant un prototype de cabine de maternage. Bien entendu, à l’époque, Anne-Marie s’est adressée à un public spécial particulièrement réceptif. Bien entendu, Anne-Marie ne pouvait pas alors s’appuyer sur une longue expérience personnelle. De plus, à l’époque, on ne disposait pas encore de données solides permettant de soutenir des connaissances qui étaient en grande partie du domaine de l’intuition ou qui reposaient sur des interprétations suggérées par un petit noyau de thérapeutes. Aujourd’hui le contexte est différent. D’une part AnneMarie est devenue une thérapeute expérimentée en mesure de présenter d’innombrables cas cliniques. D’autres part les apports de plusieurs disciplines scientifiques en plein 6 développement confirment éloquemment que notre santé se développe en grande partie pendant la vie foetale. Pour s’en convaincre il suffit d’explorer la banque de données de « Recherche en santé primale » (www.birthworks.org/primalhealth). Notre banque de données est spécialisée dans les études qui explorent des corrélations entre des états de santé et ce qui s’est passé au début de la vie. Le début de la vie se définit comme la ‘période primale’, qui inclut la vie foetale, la période qui entoure la naissance, et l’année qui suit la naissance. Toutes les études inclues dans notre banque de données ont été publiées dans des journaux scientifiques ou médicaux qui font autorité; il est difficile de les détecter parce qu’il n’y a pas de relations entre elles selon les critères habituels: elles sont dispersées dans des journaux spécialisés. L’un des avantages d’une telle banque de données est de permettre une vue d’ensemble. Une telle vue d’ensemble révèle l’abondance d’un sous-groupe d’études: ce sont celles qui ont décelé des corrélations entre une maladie d’adulte et ce qui s’est passé lorsque la mère était enceinte. Le fait important est que l’on trouve de telles études dans tous les domaines de la santé et dans toutes les branches de la médecine, ce qui permet d’affirmer aujourd’hui que la santé prend forme dans une grande mesure pendant la vie intra-utérine. La recherche en santé primale n’est pas la seule discipline qui conduit à de telles conclusions. Jusqu’à une date récente, lorsqu’on étudiait des états de santé ou des traits de personnalité, il était habituel d’opposer les facteurs génétiques et les facteurs d’environnement: dans l’esprit de beaucoup, tout se passait comme si les facteurs d’environnement ne pouvaient avoir d’effets qu’après la naissance. Aujourd’hui on ne peut plus opposer ces deux groupes de facteurs. Nous sommes en train d’apprendre que l’expression de nos gènes est dans une grande mesure 7 influencée par l’environnement intra-utérin : à ce stade de formation de l’être humain certains gènes peuvent rester actifs, alors que d’autres s’éteignent, c’est à dire ne s’expriment pas. Non seulement le contexte scientifique actuel permet de réaliser que l’écologie prénatale est la forme la plus vitale d’écologie humaine (voir www.wombecology.com), mais de plus il aide à prendre conscience des relations particulières entre le primate humain et le milieu aquatique. On admet aujourd’hui que nos ancêtres se sont séparés des autres membres de la famille chimpanzé il y a six ou sept millions d’années. Alors que les autres chimpanzés ont continué à vivre dans les arbres, nos ancêtres se sont adaptés à d’autres environnements. Pendant longtemps, c’est la théorie « de la savane » qui a dominé, c’est à dire la théorie selon laquelle c’est dans de larges plaines, au milieu d’herbivores, que nous avons développé les caractéristiques spécifiquement humaines qui nous distinguent des autres chimpanzés. En fait cette théorie est devenue difficilement acceptable depuis que l’on connaît mieux les besoins nutritionnels spécifiques du cerveau en développement. Les éléments nutritifs susceptibles d’avoir rendu possible le développement explosif d’un gigantesque cerveau ne sont abondants que dans la chaîne alimentaire côtière, qu’il s’agisse d’acides gras poly-insaturés à très longue chaîne de la famille oméga 3, ou qu’il s’agisse d’iode et autres minéraux. Il est d’ailleurs difficile d’imaginer que nos ancêtres – des primates intelligents, curieux et explorateurs – n’aient pas découvert l’extraordinaire richesse de la chaîne alimentaire côtière. Aujourd’hui « the aquatic ape theory » repose sur le fait que les dizaines de caractéristiques qui séparent Homo 8 Sapiens des autres chimpanzés peuvent être interprétées comme adaptation à l’interface terre-mer. Une nouvelle compréhension de la nature humaine est en train de s’imposer. On peut même se demander comment, pendant des milliers d’années, d’innombrables philosophes ont disserté sur la nature humaine sans soupçonner que l’homme pouvait être avant tout un primate aquatique. Ainsi commencent à émerger des interprétations théoriques nouvelles du pouvoir thérapeutique de l’eau. Que de chemin parcouru depuis 1983! Que de chemin parcouru depuis l’introduction du concept de cabine de maternage! Que de raisons nouvelles de nous intéresser à l’oeuvre d’Anne-Marie! Dr Michel Odent 9 LE CONCEPT AQUAMATER D’ une mère à l’autre… mémoire d’eau La difficulté d’être est liée, on ne peut plus en douter, à la difficulté de naître. Entendons par naître : porter les bagages de nos ancêtres, être porté par une mère, venir au monde et y être accueilli. De nombreuses études démontrent que tous ces facteurs déterminent notre comportement dans la vie, notre état de santé physique et psychique, et donc notre bien-être et notre « bien vivre », ce que nous appelons notre bonheur. Un ovule et un spermatozoïde se rencontrent, et voilà que naît la première cellule d’un être humain. Dans cette cellule pourtant invisible, se tient son patrimoine génétique. Ce qu’il s’y cache encore, nul ne le sait. Cellule après cellule se forme le fœtus, et si nous ne savons pas encore avec certitude à quel moment celui-ci est capable de ressenti, il semble que la vie soit déjà présente dans toute sa dimension psychique et spirituelle, même si cela ne se voit pas, ne se mesure pas … mais la vie se mesure telle ? La science est loin d’avoir encore toutes les réponses, d’autant plus qu’elle les cherche dans la matière parce qu’elle est à juste titre « mesurable » ! Mais n’oublions pas que nos chercheurs ont découvert que la matière est énergie. 10 Pendant sa période d’élaboration, le fœtus est complètement dépendant de sa mère, mais cela ne veut pas dire qu’il soit insensible. Nous savons aujourd’hui qu’il a une vie propre : il voit, entend, goûte, touche, apprend, et ses perceptions et sentiments commencent à modeler son caractère, son comportement, ses pulsions, ses désirs, son être tout entier. Toutes ces sensations et émotions conditionnent son mode de vie future, tracent les grandes lignes de sa vie, déterminent sa façon de penser, de voir le monde, et d’agir. Thomas Verny, psychanalyste canadien, écrit dans son livre La vie secrète de l’enfant avant sa naissance 1: « La mère va bercer de ses propres pensées et sentiments, de ses propres peurs, joies, émotions et conflits, cet être en formation dans son ventre. Le vécu de la mère, c’est évident, va le plus influencer le bébé. Par le rythme des battements de son cœur, le don de son sang porteur des décharges de diverses hormones, selon ce qu’elle mange, ce qu’elle boit, fume ou écoute. Si nous diffusons la Petite musique de nuit de W. A. Mozart ou la Symphonie des jouets de L. Mozart dans une nursery, les nouveaux nés se développent mieux que des nourrissons qui restent sans stimulation auditive autre que les bruits journaliers habituels. Leur tonus, leur éveil, leur sérénité sont une telle preuve de bien-être que nous n’avons plus de preuves à apporter aux expérimentations réalisées en ce sens. » Le père et le monde environnant ont aussi une influence sur le fœtus, moindre, certes, mais ils conditionnent à leur tour le monde de la mère. Suivant des études réalisées sur des mères schizophrènes - qui sont incapables de communiquer avec leur enfant, il apparaît que cette absence de communication ressentie par le fœtus Thomas Verny, La vie secrète de l’enfant avant sa naissance, Ed. Grasset, 1982 1 11 durant la vie intra-utérine, soit le facteur déclenchant de problèmes physiques et psychologiques plus nombreux et plus importants que chez un fœtus de mère dite « normale ». La communication du fœtus avec la mère ne fait plus de doute : elle est l’élément nécessaire au développement harmonieux de l’enfant. La mère va transmettre, en plus qu’un bagage physique et affectif, un bagage inconscient chargé de l’histoire de ses propres aïeux, à travers sa propre manière de traverser la vie : ellemême à évolué sous l’influence passée et présente des conditionnements subis au travers du vécu de ses parents, de sa naissance, de son milieu et de ses relations affectives. Les influences prénatales sont d’ailleurs citées dans des textes anciens tels ceux d’Hippocrate, de la Bible, des Cahiers de Léonard de Vinci, alors que notre science commence peureusement à les reconnaître. Les artistes actuels aussi parlent de ces influences dans leurs œuvres. Liane Foly est arrivée en France dans le ventre de sa mère rapatriée d’Algérie. L’une de ses chansons, titrée Déracinée, narre le déchirement et l’angoisse vécus in utero, mémorisés à jamais dans tout son être. Françoise Hardy, interviewée par Michel Drucker lors d’une émission Vivement Dimanche sur TF1, a évoqué les problèmes vécus par sa sœur, enfant non désirée qui s’est sentie rejetée et qui a été diagnostiquée psychotique. La chanteuse a conclu en disant : « Ma sœur n’a eu que la peur de sa mère. » La naissance, et donc la séparation d’avec la mère, est le traumatisme le plus important qui soit. Cette expérience primordiale engendre toute les peurs : peur du manque d’oxygène, de la séparation, de l’abandon, du manque de sécurité, celle de l’inconnu… Toutes ces peurs jalonnent la vie de tout être sur cette planète. L’adulte ne verra 12 jamais le monde qu’à travers ses yeux d’embryon et de fœtus. Sa vie sera marquée du sceau de sa vie intra-utérine et de sa naissance : ces « passages » déterminent les comportements qui seront les siens tout au long de son existence. Il portera toujours en lui le bébé qu’il a été. Le vécu prénatal est l’ébauche sur laquelle se dessine la personnalité et la façon de réagir au monde extérieur. Il en résulte des attitudes comportementales spécifiques à toutes les situations, à tous les événements de la vie, comme la façon de vivre sa sexualité ou encore son rapport avec la nourriture.2Les impacts dus aux peurs et aux besoins qui s’inscrivent en nous feront nos conflits, nos névroses et nos maladies. Ils se manifesteront sous la forme de problèmes physiques ou psychologiques au cours de notre existence, par hasard, croirons-nous. Nous chercherons à les faire taire à l’aide de médicaments ou essaierons de les mettre à jour à travers des psychothérapies qui seront souvent abordées tardivement, lorsque la souffrance sera telle que nous crierons à l’aide. Dans le domaine des psychothérapies, pour comprendre l’enfant - et donc l’adolescent et l’adulte -, les thérapeutes ont ouvert des voies nouvelles, après s’être intéressés aux parents : ils se sont penchés sur le berceau du bébé, sur la table d’accouchement, sur le ventre de la mère et sont allés jusqu’à questionner nos aïeux ! Diverses méthodes se sont développées : le Dr Frédérick Leboyer a jeté les bases d’une naissance sans violence ; le Pr. Tomatis celles de l’accouchement sonique ; Thomas Verny a mis en lumière la sensibilité de l’embryon à son environnement physique et émotionnel ; le rebirth nous a proposé de revivre notre venue au monde à travers la respiration ; les psychologues ont fait remonter nos traumatismes à la période Dr Claude Imbert, L’avenir se joue avant la naissance, Ed. Visualisation Holistique, 1982 et1991 2 13 prénatale… Le bébé nous a-t-on dit, « est une personne », et il ne fait plus de doute pour les esprits curieux que le fœtus en soit une pareillement. La psycho-généalogie, de son côté, remonte à présent les branches de notre arbre généalogique … Le concept Aquamater est une psychothérapie d’une efficacité exceptionnelle qui synthétise bon nombre de méthodes, et en réunit les principes en un ensemble cohérent et pratique. La cabine de maternage Aquamater est, en effet, capable de re-créer l’univers intra-utérin le plus sécurisant et le plus harmonieux possible. La méthode Aquamater conduit les enfants, en douceur et sans risque d’erreur, vers une nouvelle venue au monde presque idéale, une véritable renaissance, en sollicitant tous leurs sens : l’écoute, mais aussi la vue, l’odorat, le goût et le toucher. La méthode permet également à l’enfant de s’exprimer, de pouvoir formuler ses traumatismes, et de les corriger par un effet de catharsis à travers un mode d’expression de son choix : travaux manuels, dessin, peinture ou jeux de rôles. Elle est complète : un moyen de comprendre les traumatismes de l’enfant et de les soigner en agissant à leur origine même. L’audio-psycho-phonologie (APP), technique qui est utilisée en cabine de maternage Aquamater, est basée sur l’écoute. Elle accompagne la re-naissance du sujet, au niveau sonore. Les sons diffusés sont filtrés aux fréquences qui re-mémorisent les sons entendus lors de la vie intra utérine et au moment clé de la naissance. L’enregistrement de la voix de la mère, notamment, confère au traitement APP des vertus d’apaisement et de cicatrisation. Parfois, nous ne pouvons obtenir cet enregistrement, mais j’ai pu faire renaître avec beaucoup de bonheur mes jeunes patients orphelins de mère, avec une programmation sonique uniquement composée de 14 morceaux choisis de W.A Mozart et d’Antonio Vivaldi. Ces concerti sont également programmés entre les écoutes de la voix maternelle. Cette technique douce et sans danger, offre à l’enfant une possibilité de compenser la frustration ressentie suite à une vie intra-utérine interrompue trop tôt, ou de réduire les impacts négatifs enregistrés lors d’événements douloureux qui peuvent jalonner la vie de la future maman. La programmation sonique peut et doit être adaptée à chaque besoin : elle a la particularité d’être individualisée, puisqu’elle est étudiée en fonction du test d’écoute passé par le patient, et de la pathologie plus ou moins lourde qu’il présente. Par exemple, dans le cas de l’épilepsie, les hautes fréquences ne sont pas employées. La méthode Aquamater s’adresse aussi aux adolescents et aux adultes. Dans ce cas, la méthode et la cabine de maternage connaissent quelques variantes. Elles sont en effet adaptables, mais la décision devra être prise par l’ensemble des praticiens qui auront accepté de prendre le patient en charge, après une vigilante étude de son dossier. La méthode Aquamater permet de traiter les états dépressifs non psychiatriques et non chroniques, et s’intègre idéalement dans le cadre des cures thermales correspondant aux pathologies psychosomatiques que nous rencontrons, en particulier en dermatologie et en otorhino-laryngologie (ORL). Dans les cas fréquents du « baby blues », elle permet d’aider les mamans en leur proposant, dans un premier temps, une prise en charge personnelle puis, dès qu’elles retrouvent leur joie de vivre, de partager des moments privilégiés avec leur bébé dans le cadre de la cabine de maternage. Cette pratique thérapeutique peut être intégrée et adaptée dans le processus de soins d’une cure de remise en forme physique et psychologique, après l’accouchement. 15 En ce qui concerne les handicapés moteurs et mentaux, la cabine de maternage Aquamater peut devenir un outil très appréciable en centre de rééducation dans le cadre d’une thérapie de confort et de soutien, puisque son utilisation permet de tonifier le moral, de redynamiser le système nerveux dans le but de combattre les premiers signes d’un état dépressif, et de remédier à un état mélancolique passager non chronique. La cabine conçue pour les centres de rééducation est accessible en fauteuil roulant. En Hongrie, la directrice d’un établissement pour adolescents et adultes handicapés m’a demandé, après concertation avec le médecin et la psychologue, d’adapter ma méthode à ses pensionnaires qui, je la cite : « … sont des adultes qui ne sont en définitive que des enfants en mal d’amour et de reconnaissance, grandis au travers des difficultés à vivre engrangées depuis le ventre de leur mère, qui comprendront soudain bien des choses, et pourront se faire aider ». Nous organisons des sessions de formation professionnelle pour les personnes désirant intégrer ce concept dans leur pratique. Chez le jeune enfant, la méthode peut être utilisée par tout thérapeute ayant une formation paramédicale ou médicale dans les secteurs tels que la néonatalogie, la puériculture, la petite enfance ou l’éducation spécialisée. Cette thérapie a le mérite d’être de courte durée : chez le très jeune enfant de 2 mois à 2 ans ½, elle s’effectue en cures de 10 jours ; pour les plus grands, en cures de 15 jours ; ou en cures trimestrielles à programmation évolutive, selon la pathologie à traiter. Elle n’est fastidieuse ni pour l’enfant, ni pour la mère, qui vont même y trouver beaucoup de plaisir. Un large champ d’application et de recherche est ouvert, quand on pense au travail d’analyse régressive qu’il est possible de réaliser - qui peut aller jusqu’à l’aube de la 16 conception. Ce travail d’analyse à partir du réveil de la mémoire ancestrale permet d’aider le patient à panser des blessures liées à sa vie intra-utérine et/ou à l’accouchement. Pensons à ces éminents hommes d'affaires qui partent en Afrique suivre une thérapie de maternage avec une « mama » guérisseuse qui les prend en charge dans sa case, en les maternant si bien qu'ils parviennent à régresser à l'état de nouveau-né ! On peut aussi réfléchir au fantasme masculin de la maternité. Nombreux sont les hommes qui m’ont confié combien la frustration de ne jamais connaître cet état de grâce qu’est la maternité est importante. D’autres hommes, toujours à la recherche du « paradis perdu », disent combien l’acte sexuel est important pour eux car, outre la jouissance physique et affective, ils revivent ainsi, plus ou moins consciemment, « le retour dans l’utérus maternel ». La méthode Aquamater rejoint également le même courant de pensée que le principe de la méthode kangourou adoptée dans de plus en plus d’unités de soins périnataux. Ce courant reconnaît l’importance des besoins sensoriels du nouveau-né et de sa maman. La méthode kangourou nous vient de Colombie où le bébé prématuré est porté contre la peau de la mère en permanence pour que les échanges de chaleur et d’affection puissent avoir lieu, méthode qui ne coûte rien, évite les dangers de la médicalisation, et permet au bébé de survivre, entre autre grâce au contact avec sa mère. Selon un article de Valéry Tardy3, la méthode kangourou rejoint aussi les préoccupations de nombreux professionnels de services de néonatalogie qui reconnaissent que le taux de mortalité périnatale et maternelle est encore élevé en France, proportionnellement à d’autres pays (au huitième rang des pays Européens). La prématurité augmente avec l’âge de 3 Valéry Tardy, article Nice Matin- 24/09/06 17 la maternité, la procréation assistée et la médicalisation toujours plus croissante de la naissance (césariennes, forceps, médicaments). Ces professionnels préconisent une prise en charge pluridisciplinaire de la période pré et post-natale, et de la naissance. Rappelons que 50 % des handicaps sont d’origine périnatale. Des résultats rapidement contrôlables font de la méthode Aquamater une thérapie qui obtient l’assentiment de professionnels de santé et de familles de tous horizons. Le ou les parents qui accompagnent l’enfant, sont partie prenante de la thérapie, et leur rôle particulièrement actif les aide à dépasser tout sentiment de culpabilité, leur permettant ainsi de reprendre confiance en leur capacité à être de bons parents. Ils sont les assistants aimants d’un nouveau départ dans la vie de leur enfant et s’en trouvent valorisés. Les résultats que j’ai obtenus donnent toute la dimension de cette découverte, certains de ces cas cliniques étant décrits en fin d’ouvrage. Ce livre a pour objet de présenter le concept Aquamater au plus large nombre : aux parents d’enfants en difficulté et aux professionnels soucieux d’élargir leur panel thérapeutique. La mise au point de la cabine Aquamater et l’élaboration du savoir-faire qui avalise cette méthode sont devenues l’œuvre de toute ma vie. Je l’ai expérimentée pendant 23 ans. Je peux dire qu’exposer cette méthode dans ce livre représente pour moi-même un véritable accouchement. Cette méthode nous a offert des résultats si exceptionnels que je me dois d’en faire bénéficier tous ceux qui souffrent d’un départ fœtal difficile ou d’une arrivée problématique dans la vie. 18 De nombreux pays s’intéressent à la cabine Aquamater et attendent avec impatience la parution de cet ouvrage et la présentation du dernier prototype de la cabine de maternage Aquamater, pour enfin promouvoir la méthode et la proposer dans leurs institutions médicales et paramédicales. Je les remercie de me soutenir dans mon travail et de me donner une raison de plus de faire partager ma passion pour la victoire de la vie. La compréhension de l’efficacité de cette méthode et l’étendue de son champ d’action passent par l’acceptation et la reconnaissance du concept Aquamater lié à toute la symbolique de la maternité et de la venue au monde. 19 PARTIE 1 LA CABINE DE MATERNAGE AQUAMATER : LA REPONSE A UN BESOIN Naître et être Il y a peu de temps encore, l’enfant n’était pas considéré comme une personne sensible. Les femmes non plus d’ailleurs, quelques dizaines d’années plus tôt. Que dire du bébé, qui a attendu encore de nombreux printemps avant d’être considéré comme une personne, du fœtus et de l’embryon dont certains contestent encore toute la sensibilité ? Il a fallu attendre de lire le Dr Frédérick Leboyer, obstétricien, et les années 80, pour voir poser la question de la souffrance de l’enfant à la naissance. Un nouveau-né était censé ne rien sentir, ne rien entendre, ne rien voir, et, forcément, ne rien ressentir. Evidemment il ne pouvait pas affirmer le contraire… mais il suffisait peut-être de le regarder ! C’est ce qu’a fait cet obstétricien qui n’a pas manqué de nous émouvoir en nous faisant prendre conscience de la façon barbare dont était accueilli l’enfant et traitée la mère, dans son ouvrage de référence Pour une naissance sans violence4. 4 Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Ed. du Seuil, 2000 20 Seulement quelques dizaines d’années plus tôt, Freud situait l’âge auquel l’enfant pouvait être considéré comme un être sensible, à 2 ou 3 ans, alors que la science, qui en était à ses débuts, considérait l’homme comme une machine et la maladie comme un simple dérèglement des divers appareils qui la composent. Aujourd’hui un grand pas a été réalisé dans le domaine des psychothérapies qui, pour certaines, prennent en considération l’impact de la vie intra-utérine et de la naissance sur la vie de l’individu. Cependant, dans la pratique, il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne les conditions qui entourent la naissance. Dans de nombreux pays, le bébé hurle toujours autant en venant au monde, et on se soucie toujours assez peu de lui et de sa mère au niveau émotionnel, durant grossesse et accouchement. La médicalisation de cet événement, pourtant si naturel, s’est encore accrue au détriment de l’intimité des participants et du travail de la grande sagefemme qu’est la nature. Selon certaines jeunes accouchées qui se sont exprimées en groupes de parole, la mère est ni plus ni moins considérée comme une machine à enfanter. Sporadiquement, diverses méthodes apparaissent pourtant comme celle que le Dr Michel Odent avait prôné à l’hôpital de Pithiviers. Une relaxation en piscine aidait à la progression de la dilatation du col de l’utérus, et l’accouchement avait lieu dans une pièce aménagée tout spécialement au service du confort physique et moral de la future mère. Dans ce climat de cocooning, les futurs parents bénéficiaient à la fois d’intimité et d’une vigilante prise en charge par des professionnels à leur écoute. Aujourd’hui, quelques initiatives ont vu le jour, comme à Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg en Allemagne, où les futures mamans sont accueillies dans une merveilleuse maison de naissance, la Frauenklinik Sankt Elisabeth. Les 21 futurs parents ont à leur disposition une salle douillettement aménagée pour se préparer physiquement et mentalement à l’arrivée de l’enfant, ainsi qu’une pièce de balnéothérapie où la future maman peut effectuer des mouvements d’étirements et de relaxation dans une baignoire. Les méthodes anti-douleurs proposées sont en priorité naturelles : acupuncture, fleurs de Bach, sels de Schussler, homéopathie, ostéopathie. La parturiente choisit la position d’accouchement qui lui sied le mieux. Le père donne son premier bain à son enfant après que le couple ait pu vivre un moment d’intimité dans une atmosphère musicale spécialement étudiée pour ce moment béni qu’est l’accueil du nouveau-né. Le pédiatre effectue les tests seulement après la première tétée du bébé, sous les conseils d’une puéricultrice si la maman est inexpérimentée. Françoise Dolto, quant à elle, a créé les Maisons Vertes, où sont accueillis enfants et parents en demande d’aide, de conseils et de soutien psychologique, pour éviter certains écueils dans le cursus éducatif et relationnel familial. En amont, il serait tellement souhaitable que nous assistions à l’éclosion de maisons de naissance, en France et dans d’autres pays, en suivant l’exemple de nos amis d’Outre-rhin ! Si la sophrologie, ainsi que d’autres méthodes douces, ont fait leur entrée dans le cadre de la préparation à l’accouchement, encore faut-il trouver des établissements qui s’adaptent à ces demandes particulières, et encore fautil que la mère soit bien informée. Quelles que soient les méthodes, ce qui semble important, c’est d’accueillir l’enfant dans la douceur, de prolonger le contact avec la mère à la naissance, par la peau et les caresses, car l’amour est essentiel, cet amour qui justement ne peut se mettre en place, se tisser, qu’à travers une gestation, une naissance et un accueil bien compris, c’està-dire en redonnant toute leur place à la mère et à l’enfant. 22 Au XIXe siècle, une affection, nommée « marasme » 5, a tué la moitié des nouveaux-nés abandonnés dans les hospices d’enfants trouvés. Les études et recherches des précurseurs de la psychologie enfantine ont prouvé que, non seulement ces enfants souffraient de dénutrition grave, mais surtout d’une pathologie d’abandon aggravée par l’absence d’amour d’un substitut parental. Ces enfants se laissaient tout simplement mourir. Les services de soins intensifs ont compris que les enfants laissés dans les couveuses, sans la présence et l’amour de leur mère, se développaient plus lentement et dans de moins bonnes conditions physiques que les autres enfants. Par ailleurs, une expérience a démontré que, quand les infirmières caressaient les bébés ne serait-ce que 5 minutes par jour, ceux-ci se montraient plus vigoureux que ceux restés sans contact aimant. Catherine Druon, psychanalyste à la maternité de PortRoyal, à Paris, dans le service de médecine néo-natale que dirige le Pr. Jean-Pierre Relier, écrit dans son livre A l’écoute du bébé prématuré6 : « Près de 500 bébés prématurés sont admis chaque année sur les 900 qu’accueille le service. Plus de la moitié proviennent de la maternité de Port-Royal. En réanimation (selon le petit Robert réanimer signifie faire revivre), sont admis des nouveaux-nés en détresse vitale ; à peine sortis du ventre maternel, ces bébés se trouvent pratiquement entre la vie et la mort. Il est délicat d’affirmer que l’enfant garde des traces des diverses expériences corporelles vécues durant son hospitalisation. On ne peut que constater que chaque bébé réagit de manière différente. Pourtant on doit s’interroger sur d’éventuelles réactions réflexes aux contentions. Ainsi, il pourrait y avoir un lien entre une 5 6 Marasme : dénutrition grave par insuffisance des apports énergétiques. Pr. Jean-Pierre Relier, A l’écoute du bébé prématuré, Ed. aubier 23 sensation de démembrement lorsqu’un enfant tire fortement sur son bras attaché et un hyper serrage interne qui provoquerait ces constipations rebelles, par la suite ». Les enfants nés prématurément qui ont été traités en cabine de maternage Aquamater ont projeté leurs anciennes souffrances sur divers supports, de façon telle, qu’il m’est possible de dire : oui, les diverses expériences corporelles vécues durant leur hospitalisation ont été mémorisées et ont laissé des traces. Les études montrent qu’un bébé laissé seul après sa naissance a tendance à se développer plus lentement et à être moins éveillé que la normale, et que le lien d’attachement avec sa mère se trouve également compromis. Selon des données fournies par des chercheurs soviétiques dans les années 1980, le nombre d’enfants abandonnés et maltraités est plus important chez les prématurés. En général, il est reconnu que dans les centres de soins ouverts aux parents, l’état de santé du bébé et de la maman, s’améliore plus vite. Marie-Josèphe Wolff-Quenot, embryologiste à la faculté de médecine de Strasbourg, auteur de plusieurs ouvrages traitant d’embryologie clinique, d’histoire de l’art et de symbolisme, dans son livre In utero, mythes, croyances et cultures7, dit que nous savons aujourd’hui que l’enfant est un être conscient et sensible. A 30 jours, le fœtus mesure 5mm. A 5 semaines, il mesure 12mm. A 9 ou 10 semaines le fœtus peut ouvrir et fermer la bouche. A 12 semaines, il fait des grimaces, fronce les sourcils, serre les lèvres, peut faire la moue, alors qu’ il ne pèse pas plus lourd qu’un œuf de poule. A la 11ème semaine, il s’étire, bras et jambes peuvent bouger même si sa maman ne peut le sentir. Le 7 Marie-Josèphe Wolff-Quenot, In utero, mythes, croyances et cultures, Ed. Masson,2001 24 liquide amniotique se renouvelle complètement toutes les 6 heures en restant à la même température. Le bébé aspire le liquide amniotique comme s’il tétait et s’exerce ainsi aux mouvements de succion de la tétée. Au 5ème mois sa maman ressent de légers coups de pied, alors qu’il mesure 25cm, peut replier les doigts et fermer la main, faire des cabrioles ou avoir le hoquet. A 5 mois ½, il entend la voix de sa mère par la médiation de sa colonne vertébrale, peut ressentir sa colère et y réagir en bougeant son corps. Il est sensible aux bruits et à l’état émotif de sa maman. A 6 mois de gestation, il mesure 30cm. Au 7ème mois il ouvre les yeux. La bulle dans laquelle il vit est toute illuminée de rouge dès qu’une lumière vive brille près du ventre de sa maman. Au 8ème mois, il se retourne en appuyant ses pieds sur l’utérus élastique… D’autres recherches permettent de savoir qu’entre la 7ème et la 20ème semaine, les liaisons nerveuses qui transmettent la douleur physique et psychique sont pratiquement constituées : il a été prouvé qu’elles empruntent les mêmes canaux. Le stress de la mère altère ses circuits cérébraux alors que les impacts émotionnels sont enregistrés au niveau des cellules immunitaires. L’enfant se défend de la douleur par le refoulement, de façon à se protéger et à anesthésier des sensations trop violentes. Les avis divergent en ce qui concerne le moment où on peut considérer que l’enfant, dans le ventre de sa mère, est doté d’une conscience. Nous savons aujourd’hui qu’ il est, avant sa naissance, un être humain conscient et capable de réactions, qui a une vie affective active dès le 6ème mois de gestation. Certains chercheurs pensent que cette conscience existe dès les premiers instants de la conception. De la conception à 7 ans, le petit d’homme porte en lui très présentes, une mémoire préverbale, corporelle et 25 généalogique. La philosophie bouddhiste explique cette capacité mémorielle en disant que, jusqu’à l’age de 7 ans, l’enfant et la mère partagent le même corps astral. Notre culture occidentale, quant à elle, annonce que 7 ans est l’âge de raison - l’enfant peut alors accéder à son entière identité. Ma propre expérience, à travers l’analyse des dessins effectués par des enfants et des adultes en cure, me porte à penser que dès le stade appelé morula (premier stade du développement de l’embryon, qui se présente sous la forme d’une sphère dont la surface à l’aspect d’une mûre), la mémoire dite archaïque existe déjà. Pour étayer mes dires, je vais vous faire part de l’époustouflante déclaration du jeune Julien de 4 ans et 10 mois. Le début de son histoire m’est confié par sa mère lors de l’anamnèse. Julien est conçu par fécondation in vitro et l’insémination a lieu en présence de son père. Le prélèvement de l’ovule de la maman s’effectue sous anesthésie générale. La fécondation a lieu en éprouvette, suite à l’échec de douze tentatives d’insémination directe, bien que la mère n’ait pas, à priori, de problème physiologique. Le médecin traitant pratique une échographie de 3 minutes, chacun des 5 premiers mois de grossesse, et de 45 minutes, le 6ème mois. Le bébé reste en position transversale jusqu’au 9ème mois ; la quantité de liquide amniotique est peu importante. Julien naît à terme, sous péridurale. Une épisiotomie est nécessaire pour faciliter l’expulsion. Julien fait un ictère et reste 3 jours sous la lampe bleue. Quand je le rencontre, Julien souffre de troubles comportementaux sévères, et a un débit verbal tellement rapide qu’il est quasiment incompréhensible. Son traitement APP en cabine de maternage se déroule en trois périodes de 2 semaines et 3 jours. Entre chacune de ces périodes, il y a une pause de 5 semaines pendant laquelle a lieu l’effet retard, toujours bénéfique à l’évolution de l’enfant. L’accouchement 26 sonique de Julien se passe merveilleusement bien. Dix jours après, sa mère me téléphone, toute heureuse, en m’expliquant avec quelque excitation, qu’à la sortie de l’école, Julien lui a dit spontanément, avec une grande assurance et beaucoup de naturel : « Tu sais, avant d’être petit dans ton ventre, un monsieur m’a mis dans un verre ! ». Nous pouvons assurer que Julien ne connaissait pas le secret de famille qui a entouré sa procréation. L’accouchement sonique a réveillé sa mémoire archaïque, et le secret cellulaire qui sommeillait dans son inconscient s’est révélé à l’état conscient. Si les sens de l’enfant sont en activité avant la naissance, cela implique que les perceptions commencent obligatoirement à le modeler à travers les messages qu’il reçoit à son propre sujet, principalement par la mère, mais aussi par le père et le monde environnant. Les émotions positives et heureuses contribuent à un développement sain, les émotions négatives le perturbent : quelle que soit leur nature, elles modèlent sa personnalité future et dessinent les grandes lignes de son caractère. Se posent alors de nombreuses questions. Quels sont les moyens de corriger les influences négatives ? Ces programmes sont-ils réversibles ? Peut-on agir pour corriger les mauvaises informations ? Pourrait-on éviter les traumatismes et programmer au mieux l’enfant pour lui éviter de souffrir une fois adulte ? En d’autres termes, existerait-il un moyen de recréer une gestation, une naissance et un accueil en ce monde se rapprochant de l’idéal ? Y a-t-il une façon d’aider l’adulte en devenir à dépasser les problématiques ou handicaps liés à un mauvais premier pas dans la vie, un moyen de prévenir un traumatisme qui relèvera plus tard de la psychothérapie, de la psychiatrie, ou de la maladie physique elle-même, puisque l’on connaît l’impact du psychisme sur le corps ? Aujourd’hui, la science ne reconnaît-elle pas que les 27 maladies psychosomatiques sont l’expression d’un traumatisme ? - La somatisation traduit un conflit psychique en affection somatique. Cette définition de la somatisation est officialisée dans Le Petit Larousse Illustré. Les résultats extraordinaires, obtenus au fil des années avec la méthode Aquamater, concept du courant dit « holistique » qui est basée sur cette interdépendance corps esprit, me portent à répondre qu’il existe effectivement un moyen de recréer une gestation, une naissance et un accueil en ce monde se rapprochant de l’idéal, pour offrir à un enfant et à sa mère la possibilité de vivre une expérience de symbiose dans l’amour qui permettra de transmuer un vécu de souffrance en une nouvelle empreinte de bien-être. La méthode Aquamater est simple, logique, on pourrait dire « naturelle ». Comme tout ce qui est simple, elle parle à tous et son efficacité paraît évidente. 28 Naissance du concept Aquamater En 1982, une journaliste m’a posé cette question : « Est-ce votre propre vécu d’enfance qui vous a amenée à créer cette carrière de sage-femme des âmes ? ». Je dois dire que ma vie fœtale n’a pas été de toute tranquillité ; ma naissance a été difficile, j’ai oscillé entre la vie et la mort plusieurs jours et ma venue au monde n’a pas été des plus opportune car trop prématurée. En effet, mon père, rescapé des camps de la mort, fut submergé par une bouffée d’angoisse de grande intensité à l’annonce de la grossesse, n’étant pas prêt à endosser le statut de père. Ma mère en a ressenti une grande culpabilité pendant les 5 premiers mois de ma gestation, puis, m’a-t-elle dit : « J’ai laissé entrer la joie de l’attente d’un bébé dans mon cœur ». De plus, mon père espérait, contre mauvaise fortune bon cœur, la naissance d’un fils et ce fut une fille ! Alors, de là à répondre oui, à la question de cette journaliste, il n’y avait qu’un pas ! Pluridisciplinaire, éducatrice de jeunes enfants, diplômée d’état du centre de formation de Strasbourg, j’ai débuté ma carrière professionnelle aux écoles de l’Alliance Française à San-Sebastian en Espagne. Puis j'ai effectué deux années de spécialisation à l’institut Supérieur de rééducation psychomotrice et de relaxation psycho-syntonique de Nice, dont les directeurs étaient Madame Gisèle Soubiran, l’épouse du médiatique Docteur André Soubiran (Prix Théophraste Renaudot 1943, pour son livre J'étais médecin avec les chars et Monsieur Jean-Claude Coste, devenu Jean-Claude Jitrois, le styliste du cuir qui habille tous les grands de ce monde. J'ai eu le privilège d'être son assistante à l'hôpital psychiatrique Sainte Marie de Nice, et, le 23 Avril 1976, à la sortie de son livre Les 50 mots clés de la Psychomotricité (Editions Privat), il m'offrit cette belle dédicace : « A Anne-Marie Saurel, en souvenir 29 de notre heureuse collaboration. Son efficacité et sa fidélité feront le succès de toutes ses entreprises thérapeutiques ». Nous voici 30 ans plus tard, JeanClaude, chacun animé par la fougue de la créativité et le désir d'adoucir la vie des autres. En 1976, à Paris, lors d’une cession de formation à la technique d’éducation psychomotrice le Bon Départ de Théa Bugnet, j’ai eu l’opportunité de rencontrer une personne qui m’a fait découvrir les travaux du Pr. Tomatis. En 1977, enthousiasmée par ce nouvel univers de recherches et de découvertes, j’ai effectué la formation d’audio-psycho-phonologue. En 1978, j’ai rencontré Alla Destandau, thérapeute du couple et de la famille, formée par Virginia Satir, professeur au Mental Research Institute de Palo Alto en Californie. Celle-ci invita Virginia Satir à diriger une unité de formation à Monaco, ce qui me permit de découvrir la psychologie systémique, magnifique approche active et dynamique qui se propose de résoudre les conflits familiaux par le biais d’une méthode thérapeutique tout à fait complémentaire de mes acquis précédents. Pour mieux remonter aux sources, en 2000, j’ai étudié les fondements de la psycho-bio-généalogie à Nice avec Gilles Placet, très inspiré par le courrant lacanien et les travaux de Anne Ancelin Schützenberger, professeur émérite ayant enseigné à l’université de Nice et auteur de nombreux ouvrages, notamment de celui intitulé Aïe , mes aïeux !8 Je me dois de rendre un hommage particulier à l’ homme de génie qu’était le Pr. Alfred Tomatis. Ce chercheur - qui lui aussi avait eu une naissance difficile - était Docteur en médecine de la faculté de Paris, oto-rhino laryngologiste (ORL) et spécialiste des troubles de l’audition et du langage. Il a effectué des recherches dans les domaines de 8 Anne Ancelin Schützenberger, Aïe , mes aïeux !, Ed. La Méridienne 30 l’audiologie et de la phonologie et a formulé un certain nombre de lois qui portent aujourd’hui le nom d’ effet Tomatis. Il a crée l’audio-psycho-phonologie (APP) et a mis au point tout un ensemble de techniques d’éducation et de rééducation qui sont appliquées de part le monde. Ses recherches l’ont conduit à s’intéresser au fœtus et à son aptitude à entendre, et il a mis au point l’accouchement sonique - qui accompagne la renaissance de l’enfant en cabine de maternage Aquamater. C’est en 1977 que j’ai découvert, à Pau, les travaux du Dr Uberschlag. Ce médecin est décédé prématurément alors que le premier prototype d’une cabine de maternage venait d’être terminé sous sa houlette, dans une dépendance de l’hôpital où il travaillait. Pour moi, ce fut une révélation, et depuis, je n’ai eu de cesse de mettre au point une cabine de maternage et la méthode de soins adéquate. En effet, pour remédier au fait que, certains troubles du comportement pouvant se manifester très tôt, il était difficile de faire bénéficier les très jeunes enfants d’une cure APP, il fit construire une structure reproduisant l’appareil génital de la femme. Les trompes utérines étaient représentées par deux couloirs cylindriques tapissés de moquette rouge carmin qui conduisaient à une baignoire symbolisant l’utérus, intégrée à un ensemble pareillement moquetté. L’enfant pourrait ainsi suivre son traitement APP dans un bain, les enregistrements de la programmation sonique élaborée par le Pr. Tomatis étant diffusés dans la pièce, au lieu de l’être dans des écouteurs. Dans mon centre de Cagnes-sur-Mer, je fis aménager dans une salle de bain totalement restructurée, un utérus maternel artificiel, concrétisation symbolique du milieu intra-utérin. L’idée de base était de recréer un univers où tous les sens du jeune patient pourraient être stimulés de la même façon qu’ils le sont durant la vie utérine. Cette 31 cabine de maternage, que je baptisais Aquamater, devait recréer toutes les conditions de la vie in utero. Tout au long des années qui ont suivi, j’ai amélioré la cabine et mis au point la méthode qui l’accompagne, persuadée que mon étoile me poussait à redonner une nouvelle vie à ce concept abandonné, ce moyen simple et révolutionnaire de venir en aide aux enfants et à leur famille. Dans les années 80, la comédienne et actrice Chantal Lauby animait une station de radio à proximité d'Antibes, et pendant une année, une matinée par semaine, nous présentions une émission « questions-réponses » concernant la psychologie de l'enfant. Tous mes remerciements à Chantal pour son talentueux soutien lors de séquences fortes en émotion, et toute ma reconnaissance pour le tremplin médiatique que fut cette émission ! Je rends hommage également à tous ceux qui ont permis de faire avancer la connaissance de l’être humain. Parmi eux, le Dr Frédérick Leboyer, qui a fait connaître le massage Shantala, utilisé dans le cadre de la cabine de maternage, et le Dr Michel Odent, qui a introduit la balnéothérapie à la maternité, tous deux ayant compris l’importance de ces passages vers la vie que sont grossesse et mise au monde, et ayant contribué à faire reconnaître le fœtus et le nouveau-né comme des êtres sensibles ; les pionniers de la psycho-bio-généalogie, qui ont apporté un éclairage nouveau sur le fonctionnement de l’être humain ; Jacques Benveniste pour ses travaux sur la mémoire de l’eau, et Masaru Emoto pour ses recherches sur le pouvoir caché de l’eau, découvertes qui, même si elles sont parfois controversées, n’en ouvrent pas moins des voies nouvelles intéressantes. 32 Je souhaite partager avec vous une expérience acquise pendant 23 ans auprès de merveilleux patients. J’ai accompagné certains d’entre eux dès la période de gestation, d'autres en phase de petite enfance, d'enfance, de préadolescence, d'adolescence ou de maturité plus ou moins avancée, présentant des pathologies plus ou moins lourdes. 33 Présentation de la Cabine de Maternage Aquamater La cabine de maternage Aquamater propose un ensemble cohérent de moyens générateurs de chaleur, de lumière, de sons et de sensations proprioceptives. Elle s’oppose ainsi au caisson d’isolation sensorielle, dans lequel il y a coupure et isolation des sens. En vogue dans les années 80, le principe du caisson d’isolation sensorielle a dû être abandonné en raison des nombreux accidents de décompensation psychologique possible, notamment dans le cas de névroses comme la claustrophobie. Il s’agissait d’un caisson géant dans lequel les patients s’allongeaient dans une eau tiède saturée de sels d'Epsom, dans le noir et le silence absolus. Je tiens à souligner que la cabine de maternage Aquamater, lieu d’éveil et de stimulation des sens, est un concept totalement opposé à celui du caisson d'isolation sensorielle. Concrètement, la cabine de maternage Aquamater se présente sous la forme d’une pièce ovoïde dans laquelle la température est agréable et homogène. L’entrée de la cabine est en forme d’arche, symbole de demeure protégée. Juste avant le passage de l’arche, sur le côté, une table à langer est installée pour le déshabillage du bébé. Celle-ci est surmontée d’un miroir assez grand pour que l’enfant puisse s’y voir entièrement. La présence de ce miroir n’est pas anodine. En psychologie, l’étape du stade du miroir a une grande valeur symbolique dans l'évolution psychique du bébé. En effet, à la naissance, le bébé, vivant dans une relation symbiotique avec sa mère, n'a pas conscience de son corps ; aux environs de 4 mois, il réagit à son image reflétée par le miroir, mais il réagit de la même façon qu'il réagirait à l'image reflétée d'un autre enfant (il est d'ailleurs plus intrigué par le reflet de sa mère qu'il 34 reconnaît dans le miroir sans pour autant comprendre qu'il s'agit d'une image) ; aux environs de 7 ou 8 mois, survient une évolution psychique que le psychanalyste Jacques Lacan nomme « le stade du miroir ». Devant le miroir, le bébé va progressivement identifier son corps et prendre ainsi conscience de lui-même et de sa différence d’avec « l’autre ». Il attend une réaction de son reflet dans le miroir, il comprend par ailleurs que son reflet n'est qu'une image, et non un être réel. Il découvre, en outre, les parties de son corps qui lui sont encore inconnues, ce qui va l’aider à construire son schéma corporel ; en le déshabillant sa maman va mettre un nom sur chaque partie de son corps. Les enfants qui n’apprécient pas toujours d’être dévêtus, acceptent plus volontiers cette contrainte face au miroir où leur maman les dénude de façon ludique. Les plus grands s’admirent ou font des grimaces. La structure de la cabine de maternage est mobile car elle doit pouvoir permettre le montage sur un châssis de camion ou sur une remorque, aussi bien que dans une pièce. Elle est modulable, de façon proposer l’accueil d’adultes handicapés et de jeunes enfants accompagnés. Les matériaux choisis sont isolants, afin que le corps puisse conserver une sensation de chaleur la plus confortable et la plus agréable possible. Le cœur de la cabine est constitué d’une « vasque utérine » dont la première particularité est de distribuer en permanence de l’eau tout le long de ses parois, afin de maintenir une atmosphère liquidienne et une température constante. Cette douce chute d’eau enveloppante favorise l’effet d’apaisement. Dans cette vasque utérine, l'enfant, de moins de 2 ans, évolue dans un bain chaud à température égale à celle du liquide amniotique. Passé cet 35 âge, nous adaptons la température de l’eau en tenant compte du désir de confort de l’enfant. Pendant la séance, l’enfant aime tapoter les parois de la cabine et est très sensible à la sensation que lui procurent les gouttes d'eau qui perlent entre ses doigts. Un coussin d'eau lui rappelle les sensations placentaires sécurisantes. Le sens du toucher est également stimulé par les caresses de la maman. Il est encore invité à manipuler des objets symboliques, des « jouets », sur lesquels il projettera ses conflits intérieurs. Le goût et l'odorat sont sollicités quant à eux par l'eau du bain, parfumée de quelques gouttes d’huile essentielle de fleur d'oranger aux effets apaisants. L'enfant retrouve le goût et l'odeur de sa maman en l'embrassant et en tétant, s’il est encore allaité, ou en suçant le sein, s’il ne l’est plus. La vue est stimulée par une lumière indirecte diffuse de couleur variable, dont la gamme varie du bleu violine à la lumière du jour, suivant la phase du traitement. Différentes teintes sont utilisées en fonction de l'évolution de la cure APP. L’installation électrique est particulièrement étudiée pour ne présenter absolument aucun danger. Le matériel thérapeutique, à la pointe de la recherche, utilise des composants très pointus en matière de propagation du son. Celui-ci est transmis par voie acoustique aérienne, ainsi que par vibrations contre les parois de la cabine, pour permettre à l’enfant de retrouver absolument toutes les sensations intra-utérines. Tous les bruits parasites sont éliminés par une isolation particulièrement étudiée : doubles parois, revêtements souples et confortables. Nous avons veillé à réaliser un concept le plus proche possible d'un utérus maternel en 36 recherchant les matériaux et les techniques les plus appropriés et les plus avancés. La vasque utérine est calculée pour être assez rigide, idéale pour une bonne transmission du son. L’ouïe est également stimulée par la programmation sonique, par le ruissellement de l'eau contre la paroi inférieure de la cabine et par la voix de la personne qui accompagne l'enfant. La programmation sonique diffusée dans la cabine est le fil conducteur qui relie les expériences des passages successifs qui font entrer en résonance avec le vécu de la vie intra-utérine, expériences dont le souvenir est engrangé dans la mémoire archaïque. Nous savons que l’enfant qui doit être traité dans l’univers de la cabine de maternage n'a pas connu une période de gestation paradisiaque. A travers la sollicitation de ses sens, cette cure a pour but de lui permettre d'accéder à la première substance affective qui va peu à peu générer en lui un sentiment de sécurité intérieure. 37 Indications thérapeutiques de la méthode Aquamater Par rapport aux thérapeutiques traditionnelles, la cabine de maternage Aquamater est une des rares formes de traitements utilisant des méthodes non verbales, capable de venir en aide à des enfants souffrant de problèmes psychologiques. Les pathologies que présentent les enfants traités en cabine de maternage sont majoritairement des troubles neurologiques, tels que : insomnies, cauchemars, frayeurs nocturnes, apathie ou nervosité excessive, anorexie au sein ou au biberon, vomissements fréquents, coliques du premier trimestre, perturbations respiratoires, asthme, spasme du sanglot, troubles cutanés (eczémas et affections à répétition…). D'autres enfants souffrent de troubles du comportement ou encore de maladies psychosomatiques telles que les otites ou les angines à répétition, les maladies de peau (prurit, eczéma), les douleurs de ventre… Le Pr. Léon Kreisler explique, qu’aux premiers stades du développement, l'expression du mal-être ressenti par le petit être en formation s'exprime par tout un éventail de troubles physiques, pouvant aller du plus bénin à celui mettant en cause le pronostic vital. Les troubles psychosomatiques du tout petit, estiment le Dr Kreisler et de nombreux spécialistes de la petite enfance, peuvent relever de trois origines : soit de « l'insuffisance chronique de l'attachement », pathologie psychosomatique du vide affectif, la plus grave (au début des années 50 sous le titre Soins Maternels et Santé mentale, Bowlby décrivait 1'attachement, comme un élément crucial du développement somatique et psychique du nouveau-né, mécanisme essentiel, structurant, fondé sur le lien du nourrisson avec sa mère) ; soit de 1'excès de stimulation 38 (fait souvent observé dans les foyers d'intellectuels) ; soit enfin de l'incohérence (due par exemple à des ruptures dans les modes de garde ou à des irrégularités dans le comportement des adultes), les séparations étant des facteurs majeurs de dépression parfois sans manifestation extérieure de souffrance, repérable par un comportement de chute dans 1'indifférence. Les mères ne sont pas assez averties de 1'importance de la période sensible qui s'étend du 7ème au 9ème mois inclus. Il s'agit d'une phase organisatrice cruciale, celle de 1'émergence de la pensée réflexive et celle de 1'angoisse, l'angoisse inimaginable dont parlait Donald Winnicott, que seul l'objet d'attachement peut combler, période vulnérable intense à laquelle il convient d’être particulièrement attentif. Spitz disait : « L'approche d'un étranger détruit l'espoir du retour de la mère et réactive 1'angoisse ressentie quand l'enfant a été abandonné ». Grâce à un traitement en cabine de maternage Aquamater, de jeunes patients ayant vécu une dépression anaclitique lors de cette période sensible, ont pu renouer ce lien mèreenfant qui avait été rompu pendant plusieurs années (10 ans, dans le cas de Séverine – dont le cas est étudié dans la dernière partie du livre). L'une des caractéristiques des troubles psychosomatiques de l'enfant est leur réversibilité. Rien n'est définitif avant l'adolescence, souligne le Dr Kreisler, à la condition que soit entreprise une intervention thérapeutique adaptée. Mon expérience de thérapeute auprès de jeunes enfants m'en a apporté la preuve. Je ne peux qu’espérer qu'une intervention thérapeutique ait lieu dès l'apparition des premiers symptômes de malaise chez l'enfant. Le succès repose beaucoup sur la précocité de la mise en œuvre d'une aide thérapeutique (dans le cadre d'une thérapie 39 familiale, l'enfant étant le « symptôme » du malaise régnant au sein de la cellule familiale). Dès qu'il est question de psychologie, on ne peut plus parler de maladie individuelle. L'individu est malade avec, et surtout, par les autres. D'une certaine manière, on peut dire qu'il est malade de la société. Le thérapeute est donc placé devant une tâche infinie, qui, de plus, lui vaut 1'hostilité d'une collectivité peu pressée de reconnaître ses torts. Doit-il pour autant se laisser aller au découragement ? Certes non, et l'aventure du Pr. Tomatis est là pour en témoigner. Petit à petit, il a prolongé son rayon d'action, étendu son influence et assuré la pénétration de son bistouri d'idées neuves dans le corps social. Souvent, les troubles de l’enfant sont dus à des doubles messages reçus in utero, ou à des dilemmes, comme par exemple lorsqu'un jumeau est expulsé du sein maternel tel un corps étranger ; l'agression de manœuvres abortives ; le rejet de l'un des parents ; le fait d’avoir été porté dans le sein maternel sans que la mère ne se rende compte quelle était enceinte, d’avoir été conçu hors de l'utérus, d’avoir connu l'angoisse suite à un danger qui menaçait sa mère ou d’avoir été conçu à la suite d'un viol … Dans tous ces cas, le bébé a vécu le sentiment de rejet, de violence ou d'indifférence, et sa réponse est le refus de la vie. Plus tard, il se battra, sera en opposition, exalté, véhément contre Dieu, contre ses parents, contre le prochain, ou contre le monde entier. D'autres enfants encore ont vécu, in utero ou très jeunes, des évènements tels qu'une avalanche, un accident de voiture ou un début de noyade. La majorité de mes jeunes patients traités en cabine de maternage avaient entre 3 et 6 ans mais, dès la cicatrisation de l'ombilic, le bébé peut commencer une cure. Le plus âgé fut un autiste de 14 ans. 40 Dans le large éventail de cas que m’ont permis de constituer 23 années de pratique, je n'ai vécu que deux échecs cuisants concernant deux thérapies de jumeaux. Dans le premier cas, la maman qui élevait seule ses deux fils, est partie sans me prévenir après avoir confié ses fils à sa mère, au moment crucial de 1'accouchement sonique. Dans le second cas, la maman, comptable de profession, avait planifié sa vie de famille en ne voulant qu'une fille et un fils. L'aînée des enfants était bien une fille mais deux garçons se sont annoncés lors de la seconde grossesse. L'accouchement a été très difficile dans ce contexte : 1'aîné des jumeaux a eu le crâne déformé, le second a eu une naissance facilitée. La mère avait choisi le plus beau et confié le plus traumatisé à sa belle-mère. Elle n’est pas allée jusqu’au bout de la cure. La cabine de maternage Aquamater a été tout de suite adoptée par mes jeunes patients. Peu à peu, l’expérience aidant, le concept s’est développé. Les résultats étaient au rendez-vous. Les jeunes patients venaient parfois d’autres continents, après de nombreuses démarches thérapeutiques insatisfaisantes, et trouvaient une solution à leurs problèmes de façon parfois spectaculaire. Je vous livre dans cet ouvrage, le récit de cas, particulièrement parlants, d’enfants que j’ai pu assister pendant toutes les étapes de leur cure APP. 41 Déroulement d’une séance type Avant de commencer les séances, un bilan préalable de la situation familiale est établi. Il permet de cerner les problèmes de l’enfant, d’examiner les symptômes, de chercher le fil conducteur de l’élaboration de la somatisation dont l’enfant souffre et de remonter à l’origine du traumatisme. L’entretien avec le couple parental ou le parent accompagnant est important. Notre but premier est de prendre en charge psychologiquement la maman, ellemême traumatisée et culpabilisée par l'expression du malvivre de son enfant et par les pressions extérieures qu'elle subit, pour lui permettre d’intégrer le sentiment d'être comprise et celui de pouvoir aider son enfant. En premier lieu, la maman est donc invitée à passer un test d’écoute (psycho-earing-test), à partir de la lecture et de l’interprétation duquel l’audio-psycho-phonologue établit une programmation sonique personnalisée, qui a pour but de recharger, de redynamiser et de revaloriser la maman pour qu’elle puisse enregistrer un beau texte ou des comptines pour son enfant, d’une voix assurée et pleine d’amour. Cette cure APP lui apporte l'énergie nécessaire pour entrer en communication réelle avec son enfant et lui transmettre l'envie d'aller à la rencontre des autres et de vivre joyeusement. Pour éviter que cette épreuve ne devienne une cause d'angoisse supplémentaire pour la mère, nous devons trouver les mots qui lui feront prendre conscience des ressources infinies du cœur et du corps d'une maman. Nous lui expliquons ce que nous attendons d'elle. Nous l’informons du fait que nous devons enregistrer sa voix, expression sonore de son amour maternel, ajouté au don 42 de la tendresse gestuelle : quelle plus belle et grandiose offrande pourrait-elle faire à son enfant ? Déculpabilisée par ce grand pouvoir d'amour dont elle prend conscience, elle va enfin pouvoir se sentir en harmonie, en syntonie avec son enfant. La cure de renaissance de son enfant pourra alors être entreprise. Porté par cette dynamique de vie, l'enfant va intégrer le sentiment d'être aimé par cette maman à l'écoute de ses besoins. Ainsi vont pouvoir se lever les blocages qui enfermaient cet enfant dans une espèce de carapace psychologique. Pour élaborer la programmation de la cure, nous déterminons le nombre de séances, leur durée, leur horaire (dans le domaine du possible, il est souhaitable que ce soit toujours le même). Il est possible que des interventions extérieures soient préconisées, comme par exemple des séances d’ostéopathie ou un traitement prescrit par le médecin de famille. La méthode Aquamater se voulant dans la lignée des thérapies familiales, le père est cordialement invité à participer à cette dynamique de soins. Sa participation est importante et l’enfant a besoin d’être entouré des deux parents quand la cellule familiale le permet. La collaboration entre la mère et la thérapeute, quant à elle, devient rapidement très cordiale durant l'initiation au massage, qui est un excellent moyen de communication. Le dialogue est plus aisé et la mère se sent soutenue, aidée par de chaleureux encouragements qui lui permettent chaque jour d’acquérir plus d'assurance. Son enfant bénéficie directement de ses élans d'affection de plus en plus nombreux et spontanés. Pour répondre à la demande d'implication des mères auprès de leur enfant, celles-ci sont initiées au massage 43 des bébés présenté par le Dr Frédérick Leboyer dans son magnifique ouvrage intitulé Shantala9. Instinctivement, pendant ce moment privilégié, elles adoptent une voix plus aiguë pour parler à leur petit, comme si elles s'adaptaient au registre optimal de sensibilité de l'enfant. Ce mode relationnel permet à la mère et à l'enfant de retrouver un état d'intimité symbiotique qui les amène tout naturellement à entrer en cabine de maternage dans le meilleur des contextes. L’enfant est ensuite installé dans la vasque utérine, avec ou sans sa mère, selon le cas traité, l’âge de l’enfant et l’état de santé de la maman. Si celle-ci n’accompagne pas l’enfant dans le bain, elle reste à étroite proximité de l’enfant, comme le fait l’éducatrice si l’enfant est orphelin de mère. Dans cet univers de douceur, ouaté et protégé, qui recrée l’univers intra-utérin, les conditions idéales sont réunies pour que se rejoue le moment de l’accouchement, en faisant ainsi appel à tous les sens de l’enfant. Le déroulement de la programmation sonique d’une cure APP type, sera explicitée dans le chapitre « audio-psychophonologie : la renaissance sonique ». A titre d’information première, il convient de savoir que la programmation se déroule en trois phases : la première, celle du retour sonique musical, est une phase de transition qui permet de passer progressivement de l’écoute aérienne, à l’écoute liquidienne qui était celle du fœtus pendant sa vie intra-utérine. La seconde phase est celle de l’écoute fœtale. La troisième phase, celle de l’ accouchement sonique, amène le patient à renaître par les sons, en quittant progressivement les sensations de 9 Dr Frédérick Leboyer, Shantala, Ed. du Seuil, 2004 (dernière édition) 44 l’écoute liquidienne pour accueillir celles de l’écoute aérienne. En fait, l’enregistrement de la voix de la mère est d’abord diffusé filtré, de façon à reproduire la voix telle qu’elle est perçue par le fœtus baignant dans le liquide amniotique dans l’utérus ; puis elle est dé-filtrèe progressivement, jusqu’à ce que, retrouvant peu à peu toute l’étendue de son spectre sonore, elle soit reconnaissable par l’enfant. Toute rigidité est exclue de ma pratique : j’adapte la programmation sonique à chaque cas, restant en permanence à l’écoute de chaque enfant. La programmation est toujours très personnalisée. Si l’enfant a moins de 4 ans, elle est établie suivant les observations que la maman livre, et suivant la propre observation et intuition du thérapeute. A partir de 4 ans, l’enfant est invité à la passation d’un test d’écoute, et suivant les résultats, associés aux autres données telles que dessins et peintures exécutées en fin de séances dans la salle de jeux, le programme de l’accouchement sonique est établi. Il est difficile de dire combien de séances il faut envisager dans une cure. Cela varie selon l’âge, le vécu du patient et la pathologie présentée. De prime abord, on ne sait pas comment l’enfant va réagir : certains n’acceptent pas d’écouter certaines fréquences de filtrage si le thérapeute est trop pressé de franchir les étapes. Il faut être avant tout à l’écoute du besoin de l’enfant. C’est lui qui impose le rythme d’évolution (surtout s’il a vécu un accouchement provoqué pour répondre aux besoins d’adultes non respectueux de son désir et de son rythme). Très souvent, dès la première diffusion de l'accouchement sonique en voix maternelle, l'enfant paraît être guidé dans son comportement par une mémoire ancestrale ou archaïque, et il nous fait revivre l'histoire de sa naissance : il se meut comme le fœtus qu’il a été. Si sa naissance a été 45 rapide, dès la fin du premier quart d'heure d'écoute, il sort de l’eau comme propulsé par une force invisible et se réfugie contre la poitrine de sa mère. Si l'accouchement a été difficile, s'il a souffert pour une raison ou pour une autre, il demande à sortir de la cabine avant la fin de la séance. Dans ce cas, la maman prend son enfant dans ses bras et tous deux se rendent dans une petite pièce très douillette attenante à la cabine, appelée « chambre de naissance », pour écouter la fin de l’enregistrement. L’enfant est lové en position fœtale sur le corps de sa maman, allongée sur un matelas. Et tous deux, enveloppés dans une couverture blanche très douce, vivent les minutes qui, souvent, leur ont été volées : celles qui précèdent la section du cordon ombilical. Dans les autres cas, l’enfant écoute avec attention cette voix qui semble se rapprocher de plus en plus de lui, et souvent, il embrasse sa mère ou lui sourit avec une émotion extraordinaire. Certains enfants introvertis ou plus secrets attendent un laps de temps plus ou moins long, avant ou après le départ du cabinet, pour verbaliser ou manifester par d'heureuses effusions, leur découverte sonore. Certains enfants font éclater leur joie de la découverte, de la reconnaissance et de la naissance en criant : « C’est maman, hein ? C’est toi maman qui me raconte l’histoire ! » ; les plus grands ajoutent : « Comment t’as fait ? Où as-tu enregistré ? », la pudeur se servant de l’aspect technique pour cacher la forte émotion qu’un « grand » n’ose montrer ! Au fil des séances de l’ accouchement sonique , une seconde naissance est rendue possible, pendant laquelle s'opère une véritable régénération psychique : l’enfant parvient à une nouvelle phase du développement de son être, assimilée à une résurrection comme le dit si bien René Guenon. Cette nouvelle naissance aide l’enfant à retrouver, ou à trouver, une place à part entière dans la 46 cellule familiale. Elle permet en outre la restructuration de cette cellule grâce à la prise en charge thérapeutique de toute la famille. Après cette période de maternage intensif nous allons aider l’enfant à s’affirmer, à grandir en lui offrant un nouvel horizon avec une continuité sonore et une programmation évolutive. Symboliquement, il s’agit de donner à l’enfant son autonomie en lui permettant de quitter le nid. Pendant la première partie du traitement, dite « retour sonique », la lumière d'ambiance est bleu violine. Ce dégradé de couleurs modifiant le tonus postural par l’intermédiaire de la sensibilité proprioceptive, l’enfant et la mère se détendent et se relaxent. Puis, lors de la phase de l' accouchement sonique, la lumière d'ambiance devient couleur de soleil levant : un orangé de plus en plus veiné de rouge, teinte stimulante pour aider l’enfant dans son effort de renaissance et encourager la mère à persévérer jusqu’à le délivrance. En fin d'accouchement sonique, l’éventail des couleurs se déploie du rouge carmin au rouge vermillon ; puis au moment où le père accueille son enfant, un halo jaune d'or enveloppe le cellule familiale. Après la séance effectuée en cabine de maternage ou achevée en chambre de naissance, l’enfant entre dans la salle de jeux où divers ateliers d’expression et de création lui sont offerts. Celui de la peinture est souvent le premier vers lequel il se dirige et, promptement, mu par sa mémoire ancestrale, il projette le souvenir de son vécu intra-utérin sur la feuille blanche. Lorsqu'il repose son pinceau, sa physionomie n'est plus la même, la tension est évacuée, les traits de son visage se détendent. 47 L’accueil de l'enfant par son père, quant à lui, a lieu à la sortie de la cabine de maternage, le jour de la fin de l’accouchement sonique, le jour de sa renaissance auditive, celui de la re-connaissance de la voix maternelle, lorsque l’enfant a pu enfin retrouver la sensation ressentie quand le liquide amniotique s’est écoulé de son conduit auditif et que peu à peu s’est révélée la voix de sa maman à son ouïe, au moment de sa naissance. Au cours des précédents rendez-vous, le père a pu assister la mère pendant le massage Shantala de leur enfant et a pu partager un jeu ou une activité manuelle avec celui-ci, si toutefois ce dernier a accepté son concours dans la salle de jeux. Il est très rare qu’un enfant soit réticent à la participation de son père à une activité en salle de jeux. Pour beaucoup, ce moment d’échanges est vécu avec enthousiasme car, dans ce contexte, la relation revêt un caractère très privilégié. Nous allons à présent développer l’action et expliciter l’efficacité, du concept Aquamater, élément novateur et complémentaire des thérapies aquatiques, soniques, et des psychothérapies de re-naissance. 48 PARTIE 2 LE CONCEPT AQUAMATER PSYCHOTHERAPIE PAR LA RE-NAISSANCE (RE-NAIT-SENS) Les sens et le ressenti in -utero Si les sens nous semblent familiers, il n’en reste pas moins qu’ils demeurent une énigme pour la science, sous certains de leurs aspects. Ce qui nous semble connu est, en effet, beaucoup plus extraordinaire que ce que nous le pensons en général. Nous allons commencer par reprendre certaines évidences, avant de nous aventurer dans le mode complexe des sens. Le son, l’image, l’odeur, le message tactile sont des informations venant de notre monde extérieur. Nos sens nous permettent de capter ces informations. Elles sont traduites au niveau du cerveau. Une bonne transmission dépend donc en premier lieu d’une bonne réceptivité de notre cerveau. Notre ressenti à la réception de ces messages est notre « sensation ». Notre sensation nous renseigne sur notre émotion. Elle provoque une réaction physique. Notre émotion dépend entre autres de notre mode d’enregistrement. Certaines personnes enregistrent de 49 préférence les informations au niveau visuel, d’autres au niveau tactile, d’autres au niveau auditif. La programmation-neuro-linguistique (PNL) explique de façon très précise ce phénomène. Chacun voit le monde à travers des filtres différents. L’interprétation de la réalité est aussi la résultante subjective dépendante de nos connaissances antérieures, de notre propre vécu, de la mémorisation des évènements, de nos sentiments et de nos croyances : autant de filtres déformants. Le cerveau met les émotions en mémoire à un niveau plus ou moins profond de conscience suivant leur impact, c’està-dire en fonction de la charge émotionnelle que déclenche la réception du message. Une situation vécue de façon très douloureuse a un impact profond et sera traitée de façon à ne pas rester dans la mémoire superficielle, afin d’éviter une trop grande souffrance. Le sentiment quant à lui est un état affectif qui persiste en dehors du ressenti initial. C’est une croyance. D’autre part, le cerveau ne fait pas la différence entre le réel et l’imaginaire. Ce fait est bien connu des professionnels de l’hypnose, de la PNL, de la psychobiologie, des psychothérapies en général, et de la publicité. Pour prendre un exemple, à la peur sont associées des émotions qui mènent à la somatisation sous des formes diverses telles l’accroissement du rythme cardiaque, la sensation de chaleur ou la paralysie. La peur peut surgir suite à un fait avéré (une attaque) ou naître de notre imagination (vision d’un film d’horreur). Dans les deux cas, les réactions physiologiques liées à cette émotion sont identiques. De la même manière, si, par exemple, l’enfant croit que sa mère ne l’aime pas alors qu’elle a le sentiment de l’aimer, la vérité pour l’enfant sera son ressenti d’absence d’amour de la part de sa mère. 50 Pour gérer nos émotions nous pouvons agir sur nos pensées, nos ressentis ou encore sur notre corps. Au niveau de notre mental, il s’agit de prendre conscience du fait que nos schémas de pensées et nos comportements, proviennent de nos croyances et de notre passé ; au niveau de nos sens, nous pouvons agir par le biais du toucher (massages), des odeurs (aromathérapie), des couleurs (colorthérapie), de la musique et des sons (musicothérapie, mantras, chants), ou directement sur l’émotion avec les élixirs floraux ; au niveau de notre corps, nous pouvons prendre soin de notre alimentation et de notre hygiène de vie. Agir sur le corps pour soigner le psychisme est une démarche peu familière, car nous avons appris à soigner le psychisme par la psychothérapie et le corps par le médicament. Or l’être est un ensemble, un tout, et agir à un niveau de l’être, c’est agir également sur l’ensemble. C’est ainsi que, s’il devient de plus en plus évident que la maladie a une origine psychique, il devient tout aussi certain que la base d’une bonne santé psychologique passe par la bonne santé du terrain. Il est admis que la relaxation musculaire, par exemple, permet une relaxation mentale et rend possible un travail sur les émotions et les pensées. Pour le naturopathe, agir sur le corps par le biais de l’alimentation (détoxication, nutrition) est le gage d’un terrain humoral sain et d’une pensée saine. Ainsi, une alimentation vivante, non toxique, non chimique, prise dans de bonnes conditions et sans stress, est la clé de voûte de la santé physique et psychique de l’être. Le cerveau, tous les organes du corps, tous les systèmes, sont liés et fonctionnent en synergie. Leur bon fonctionnement dépend évidemment du bain humoral dans lequel ils sont immergés. Sang, lymphe, cellules sont les composants de nos organes et conditionnent toutes leurs fonctions, 51 jusqu’à celles du cerveau qui gèrent la pensée et l’émotion. D’autre part, le bon fonctionnement de notre appareil digestif (lié lui-même aux autres systèmes) est le garant direct de la juste stimulation des sécrétions, telle la production de sérotonine, par exemple, qui est un neuromédiateur essentiel du cerveau et de l’humeur, fabriqué à quasi 85 % au niveau de l’estomac. C’est au niveau du corps qu’ont lieu tous les échanges d’informations, à travers diverses sécrétions et hormones. Si ces échanges se déroulent harmonieusement, le travail et la communication se font bien, l’énergie psychique est accrue, le moral est meilleur... Nous savons que le cerveau d’un corps malade ou affaibli, sous l’effet de drogue, d’alcool, ou d’une alimentation trop copieuse, a des difficultés à générer des pensées positives, claires, et constructives. Des conditions de vie saines augmentent le potentiel physique et énergétique nécessaire à une pensée claire et créatrice : des études très nombreuses viennent appuyer ce qui semble pourtant une évidence. Ainsi le sucre blanc, les colorants, les produits chimiques, véritables poisons pour l’organisme, sont retenus comme cause de l’hyperactivité, chez l’enfant (entre autres d’après les découvertes du Pr. Feingold dès 1937). La suppression de ces substances entraîne une amélioration indéniable du comportement. Les découvertes du Pr. Karl L. Reichelt, entre autres, démontrent que le gluten et la caséine du lait peuvent, sous certaines conditions, perturber les cellules nerveuses et que ces substances sont étroitement liés à la violence ou à l’autisme, aux troubles scolaires, aux troubles de l’humeur et du sommeil, aux troubles psychologiques et psychiatriques. Le mercure (plombages dentaires, produits de beauté, piles, ordinateurs et composants des vaccins et de nombreux médicaments…), mais aussi le plomb (dans 52 certaines tuyauteries, peintures, porcelaines, encres, essence…), et l’aluminium (casseroles, papier, barquettes, canettes…) seraient aussi à l’origine de l’hyperactivité et de l’autisme, en inhibant les processus enzymatiques nécessaires au bon fonctionnement des neurones. Le fœtus est, quant à lui, dix fois plus sensible au mercure que l’adulte. L’autisme a augmenté de 700 % depuis 1990, selon l’épidémiologiste Bob Halley, qui dénonce le protectionnisme des producteurs de vaccins et des industries chimiques par les gouvernements et l’organisation mondiale de la santé (OMS). On accuse actuellement l’aluminium d’être à l’origine de la maladie d’Alzheimer. Il est reconnu que certains pesticides sont les principaux facteurs des malformations du fœtus pendant la grossesse (notamment des malformations de l’appareil urogénital). Le mercure et certaines mycotoxines auraient aussi des effets tératogènes10. Selon Marie Langre et le Dr Maurice Rabache, le plomb contamine le fœtus, et peut être responsable des troubles de l’audition et de la vision, ainsi que d’une altération difficilement réversible des facultés cognitives comme l’apprentissage. La relation a été établie entre retard scolaire, niveau intellectuel et degré d’exposition au plomb : « Les petites filles entre 2 et 4 ans y seraient d’ailleurs plus sensibles que les garçons du même âge. Pour le fœtus, le nouveau-né et l’enfant jusqu’à 2 ans, le seuil sanguin critique est fixé à 100 μg/l. A partir de 200 μg/l , les études ont mis en évidence une baisse de 3 points du quotient intellectuel. » Une étude allemande (menée pour le compte du Ministère de la santé), affirme que les aliments pour bébé contiennent cinq fois plus de métaux lourds cancérigènes 10 Marie Langre et Dr Maurice Rabache, Toxiques alimentaires, Ed. Librio 53 que le lait maternel11. Les nitrates peuvent provoquer, en particulier chez le nourrisson, des asphyxies pouvant être mortelles si elles ne sont pas traitées rapidement. Il est évident que les femmes enceintes, les fœtus et les enfants, les plus fragiles, sont les plus atteints par cette intoxication quotidienne que nous subissons tous, à travers l’alimentation, l’air et l’eau. Dioxines, pesticides, et autres produits chimiques, se fixent sur le lait maternel. Le lait industriel contient toutefois davantage encore de toxiques. L’alimentation de la maman revêt donc une importance capitale pour la santé de l’enfant ! A titre indicatif12, nous devons prendre conscience que la terre de notre pays absorbe chaque année 100 000 tonnes de pesticides et autres produits phytosanitaires. Une soixantaine seulement ont été évalués ; certains sont reconnus dangereux mais encore utilisés car il faut bien finir les stocks ; d’autres sont connus pour leurs effets toxiques, voire cancérigènes et sont tolérés à certaines doses. Mais c’est sans tenir compte ni du danger que représente le cumul dans le temps de petites doses, ni de l’effet à des doses homéopathiques, ni du risque potentiel du mélange détonnant qui peut naître de plusieurs substances dites sans danger. Nous devons prendre conscience du risque que représentent nos assiettes, nos maisons, notre environnement, pour pouvoir agir et, autant que possible, prévenir. Cette prévention commence dans l’assiette des parents, se continue dans celle de la future maman, puis dans celle de l’enfant, et dans la maison qui peut être l’endroit le plus pollué qui soit (produits d’entretien et de nettoyage, de beauté et d’hygiène). Il convient de se battre contre la société de consommation et la publicité qui poussent nos 11 12 H. Wingert, La maison polluée, Ed. Terre vivante. Marie Langre et Dr Maurice Rabache, Toxiques alimentaires, Ed. Librio 54 enfants à consommer de plus en plus de produits industriels saturés de colorants (belles couleurs des bonbons, des gâteaux, des boissons sucrées pour les rendre attrayants) ; de conservateurs, d’émulsifiants et d’antioxydants que l’on trouve partout. D’autant plus que les additifs les plus nuisibles sont en principe concentrés dans les aliments les plus sucrés, les plus demandés par les enfants. Il faut aussi se méfier des organismes génétiquement modifiés (OGM) qui échappent à l’étiquetage et qui font le forcing auprès de nos dirigeants pour pouvoir envahir notre assiette ! Car ceux-ci y sont déjà invités, à notre insu. Les contrôles ne sont pas assez rigoureux, affirment les agriculteurs respectueux de la terre, de la nature et des êtres vivants, les OGM sont dans le lait et tous ses dérivés alléchants, dans la viande, les charcuteries, les œufs, mais aussi dans certains additifs eux-mêmes, les rendant encore plus dangereux. Mais heureusement, la sonnette d’alarme a retenti, et les scientifiques, les pédagogues, et en particulier toute notre jeunesse au sein des divers établissements scolaires, s’investissent pour sauver notre planète en disant halte à la pollution. Faisons leur confiance, ils sont plus sages et responsables que nos aînés et que nous-mêmes : rejoignons leurs rangs. En respectant notre Terre, nous agissons pour la santé de nos enfants. D’autre part, notre état émotif agit sur notre état physique et intervient dans la digestion, le métabolisme, la respiration et toutes nos autres fonctions. Il peut les perturber et les affaiblir encore, ou bien, lorsque nous sommes positifs, les renforcer. Nous sommes un Tout inséparable. 55 En ce qui concerne le ressenti, personne n’ayant le même vécu, on ne peut que se demander s’il est deux personnes qui ont la même vision du monde - il n’en faut pas plus pour faire la guerre ! Les filtres sont parfois si déformants qu’ils créent véritablement un autre univers (déformations qui peuvent aller jusqu’à certaines maladies mentales). Combien de débats, de livres et de recherches sur les sens et sur notre façon de fonctionner ! Car tout part de là : ce que nous comprenons de la vie, ce que nous pensons et ce que nous sommes, n’est que la traduction que nous nous faisons de la réalité par le biais de ces sens si peu rationnels, si peu fiables ! Le monde est-il bien réel ? Où est donc la vérité, si elle n’est la même pour personne ? Jusqu’à quel point nos sens nous trompent-ils ? Ne vivrions-nous pas dans l’illusion la plus complète ? Nos sages l’affirment pourtant sous toutes les latitudes et en tous les temps : le monde est illusion. Dans son livre Un grain de sagesse13, Arnaud Desjardins dit : « L’émotion est une perturbation intérieure… elle naît du refus de ce qui est. Vous projetez alors vos peurs et vos désirs sur la réalité, vous déformez les faits, vous interprétez en fonction de l’émotion la situation dans laquelle vous êtes insérés. Vous ne vivez plus dans le monde réel mais dans votre monde entièrement subjectif. » Dans La voie et ses pièges14, il dit aussi : « La pensée précède l’émotion… si je ne pensais plus, il n’y aurait plus d’émotion. » Que sommes-nous ? Comment avons-nous l’impression d’exister ? A travers nos pensées. Nous sommes « pensée ». Notre pensée, elle, est alimentée par nos sens. Notre monde est celui de nos sens. C’est dire toute 13 14 Arnaud Desjardins, Un grain de sagesse, Ed. La table ronde Arnaud Desjardins, La voie des pièges, Ed. La table ronde 56 l’importance des premiers impacts émotionnels : depuis la vie intra-utérine où nos outils « sens » se forment pour se préparer à un autre monde, en passant par la naissance et l’accueil sur cette terre. Quel chemin déjà parcouru, quelle merveille de biologie ! Notre cerveau est comme une puce vierge d’informations terrestres sur laquelle les sens, dès les premiers instants sans doute et certainement avant, gravent des sensations, c’est-à-dire du vécu, de la mémoire, de l’expérience : des données. C’est à partir de ces données que se construisent les autres données, de l’embryon au fœtus jusqu’à l’adulte : des données qui s’inscrivent en fonction de toutes les autres données, depuis la première cellule au moins… Sur un plan concret, sachant que rien n’est moins concret que les sens et la vie, les recherches en neurologie prouvent que la conscience existe in utero. Certains chercheurs situent son apparition entre la 28ème et la 32ème semaine. Les circuits nerveux du cerveau sont aussi développés que ceux du nouveau-né. Le cortex cérébral, quant à lui, atteint un stade de développement suffisant pour étayer la conscience. Certains affirment que l’enfant est capable d’avoir des souvenirs à partir du 6ème mois. Sur un plan biologique, les émotions engendrent toute une série de réactions physiologiques et de secrétions hormonales spécifiques. Ces substances se répandent aussi dans le sang de la mère et modifient celui de l’enfant. C’est ainsi, entre autres, que les émotions de la mère influencent l’enfant qu’elle porte et permettent au fœtus de ressentir plaisir ou souffrance, à un niveau cellulaire dit « rudimentaire ». Il réagit, par exemple, au fait de ne pas avoir été désiré. Selon le Dr Michel Odent, le système d’adaptation primale du fœtus (ensemble des systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire qui sont 57 interdépendants), s’ajuste en tenant compte des émotions de la mère. Il illustre ses propos en prenant le cas d’ une femme soumise à l’autorité de son mari, qui se trouve dans une situation d’inhibition de l’action : les glandes surrénales de cette femme malheureuse secrètent des taux élevés de cortisol, cortisol qui traverse le placenta et atteint le fœtus. Le système émotionnel du bébé ne s’ajustera pas de la même façon que chez un bébé dont la mère est heureuse et dont les glandes, de ce fait, secrètent un taux moins élevé de cortisol15. Le Dr Michel Odent, qui a écrit de nombreux ouvrages, a créé récemment le centre Primal Health Research qui étudie les conséquences à long terme des expériences précoces (de la conception à 1 an). La communication mère enfant passe aussi par des voies qui échappent encore à la science, alors qu’elles semblent évidente à la mère. Les souvenirs emmagasinés avant la naissance restent à un niveau inconscient, toujours gravés dans la mémoire. Ne perdons pas de vue que les faits comptent peu : c’est la façon dont le fœtus les perçoit qui est importante, et c’est sa sensibilité et celle de sa mère qui font sa réalité. Si le monde de la maman est un cocon où l’enfant expérimente paix et confiance, l’enfant sera confiant et paisible. Il sera timide et agité dans le cas contraire. Nous passerons en revue les différents cas de figures possibles dans le chapitre suivant. Selon Thomas Verny, des études faites sur des adolescents ont démontré de telles correspondances révélatrices. Une étude effectuée en Grande-Bretagne au niveau national, sous le patronage du gouvernement, a démontré que les enfants pesant à la naissance un poids inférieur à la normale progressaient moins vite que les autres dans l’apprentissage de la 15 Banque de données du Dr Michel Odent : www.birthwork.org/primalhealth 58 lecture, et qu’ils devenaient, pour beaucoup, des enfants difficiles, avec des problèmes de dépression, des problèmes sexuels ou alimentaires. Or, une autre enquête démontre que ce type d’enfants est lui-même porté par des mères dites à problème. Pour le Dr Michel Odent, d’après un ensemble d’études (qui sont rapportées dans sa banque de données), les caractéristiques du système émotionnel des schizophrènes s’établissent pendant la vie prénatale. Les études concernant l’autisme révèlent que les déclenchements d’accouchement et les interventions obstétricales semblent être les principaux facteurs de risque. Dans les syndromes de déficit d’attention avec hyperactivité, les facteurs incriminés sont entre autres le tabagisme et l’anxiété pendant la grossesse, ou encore les déficiences en iode entre la 12ème et la 22ème semaine de grossesse. Les carences alimentaires pendant la grossesse augmentent, semble-t-il, les possibilités de mettre au monde des enfants sociopathes ou psychopathes. A un degré ou à un autre, nous sommes tous névrosés, nous avons tous des problèmes, des blocages qui viennent de notre passé, passé qui conditionne notre présent. Telle est la base du travail de la psychothérapie en général, qui consiste à proposer des méthodes pour dépasser les blocages, défaire les traumatismes, retrouver et faire remonter à la conscience ce passé qui nous conditionne. Les procédés sont divers, reconnus officiellement ou non, de Freud aux sorciers qui chassent le mauvais œil ou les esprits… Dans nos sociétés modernes, l’individu est coupé de ses racines, de sa famille et de ses émotions. Le clan dans lequel l’homme a toujours évolué a disparu, et l’individu se retrouve isolé, sans soutien ni sécurité. Nous parlons de 59 société individualiste. Or, dans les sociétés traditionnelles africaines où le clan est toujours vivace et où danses et rituels servent à exorciser les émotions et les tensions, l’émotion n’étant pas réprimée, on peut noter que les enfants pleurent peu, qu’ils sont peu sujet aux maladies mentales et que le lien d’attachement avec la mère est solide. En Asie, si l’individu ne doit pas manifester l’émotion, il la traite à travers la méditation et un travail sur lui-même. Il semblerait qu’au plus l’individu se sent isolé, au moins il peut s’exprimer émotionnellement, au plus il développe toutes sortes de maux. Les psychologues sont sans doute les nouveaux sorciers de notre ère, mais si notre société reste individualiste et anti-naturelle peut-elle, pourra t-elle, engendrer des individus sains et heureux ? Quant à nos gènes, qui semblent si déterminants, ils seraient pourtant en grande partie influencés par l’environnement prénatal. Comme le dit le Dr Michel Odent : « L’écologie prénatale est la branche primordiale de l’écologie humaine. La vie fœtale est la période de vulnérabilité et d’adaptabilité maximales de l’être humain». 60 Psychologie prénatale En 1950, le pédiatre Ted Berry Brazelton16 notait l’état d’anxiété de la femme enceinte, parallèlement à son adaptation à la situation et aux besoins de l’enfant à sa naissance. En 1956, Donald Winnicott17 parlait de l’hypersensibilité de la femme pendant la grossesse et après la naissance. C’est le psychiatre Paul-Claude Racamier, en 1979, qui le premier décrivit les processus psychiques en œuvre chez la future mère.18 En effet, la mère doit établir une relation particulière avec son bébé et ceci semble rendu possible par la transformation psychique qu’elle traverse et la transformation de sa propre identité19. La psychologie prénatale en est à ses balbutiements, mais pour le psychanalyste, il paraît de plus en plus certain que les circonstances dans lesquelles est conçu un enfant ont des répercussions sur la façon dont la mère anticipe les caractéristiques de son enfant et sur sa relation future avec lui. Elles conditionnent également, de ce fait, la qualité du lien d’attachement et le développement futur de l’enfant. Le psychanalyste conseille d’accorder une grande 16 Berry Brazelton et H. Als, Quatre stades précoces au cours du développement de la relation mère nourrisson, en psychiatrie de l’enfant, 1981 17 Donald Winnicott, De la pédiatrie à la psychanalyse, Ed. Payot et Rivages, 1969 18 Paul Claude Racamier, De la psychanalyse en psychiatrie, Payot et Rivages, 1998 19 Benoît Bayle, Maternité et traumatismes sexuels de l’enfance, Ed. L’Harmattan, 2006 et Benoît Bayle, L’embryon sur le divan, Ed. Masson, 2003 Benoît Bayle, Modifications psychiques de la grossesse, Actualités innovations médecine (AIM) N°122, 2007 61 importance à l’aspect psychologique de la grossesse et de consulter un spécialiste en cas de mal-être pendant cette période Le lien d’attachement est le lien affectif qui incite la mère à s’occuper de son bébé et à lui fournir les soins et nourritures matérielles et psychiques qui le maintiennent en vie. De la qualité de ce lien dépendra la qualité de la vie de l’enfant sur un plan matériel, affectif et relationnel (lien avec le monde). Sa formation prend racine in utero, par le biais des émotions de la mère et du ressenti de l’enfant, eux-mêmes étroitement liées aux messages du monde extérieur environnant. Lors de la naissance, ce lien se consolide ou se détériore. Il se construit à travers la communication affective (émotions et sens) et une communication plus subtile que la science n’explique pas, qui fait que maman et bébé se comprennent parfois même à travers les rêves : nous sommes en face de la magie de l’amour20. La mère, qui est à l’écoute de son futur bébé, connaît déjà son caractère, et l’image de l’enfant prend forme progressivement dans son psychisme, comme le démontre une étude menée par le psychanalyste Massimo Ammaniti21. La femme anticipe la façon dont elle va être mère, et sa relation future avec son enfant se dessine. Cette gestation psychique est aussi fonction de son identité conceptuelle, c’est-à-dire de l’histoire de la conception parentale. La façon dont la mère perçoit l’enfant, la maternité et l’accouchement - émotions positives ou négatives, joie et confiance en soi ou anxiété et crainte - engendre un stress Dr Christophe Massin, Le bébé et l’amour, Ed. Aubier Massimo Ammaniti, Représentations maternelles pendant la grossesse et interactions précoces mère enfant, en psychiatrie de l’enfant, 1991 20 21 62 qui conditionne le lien d’attachement. Sa trace marquera la vie entière de l’enfant. L’enfant dont la mère se réjouit de sa grossesse est plus vigoureux que celui qui s’est senti rejeté, nous dit une étude du Dr Monika Lukech, psychologue de l’université Constantine de Standford. D’après certaines études, si la mère se sent incapable de mener à bien une grossesse par crainte de ne pas pouvoir assumer financièrement ou affectivement, ou par peur d’un enfant anormal, le risque d’avortement augmente. Un tiers des avortements spontanés est en effet médicalement inexplicable. La mère qui ne veut pas de l’enfant et ne crée pas de lien, envoie un message qui semble si fort que le foetus peut aller jusqu’à se laisser mourir. Donald Winnicott dit avec justesse : « Je suis regardé donc, je regarde. Si la relation à la mère est une relation de confiance, c’est-à-dire si la mère est indépendante de son enfant et qu’elle répond à ses besoins, il sera plus facile, une fois adulte, de comprendre que l’on n’est pas tout pour l’autre, on sera moins dépendant de lui et moins dans la désillusion. Dans le cas contraire, on aura peur que l’autre ne s’éloigne et on fera tout pour le tenir sous son emprise, pour le rendre dépendant. » Selon lui, la sexualité est le domaine où se rejoue la relation mère enfant. Il est intéressant de savoir que dans certaines sociétés primitives, la relation entre la mère et l’enfant était perturbée intentionnellement pour endurcir les bébés qui étaient destinés à devenir guerriers ! Cela n’est pas sans rappeler les régimes politiques durs qui plaçaient les nouveau-nés dans des nursery d’un type très spécial, afin de les soustraire à l’attachement à leur mère et de former ses prochains soldats, ni ce qui se passerait dans certains programmes de recherche top secret, qui formeraient des esclaves au berceau pour les missions de leurs services. Des enfants isolés de leur famille et de leur milieu, soumis à des traitements psychologiquement traumatisants, 63 peuvent être rendus agressifs, insensibles, obéissants, qualités très recherchées dans le monde de la guerre. Pour la pycho-généalogie22 le fœtus hérite de bien plus que des gènes de ses ancêtres : il hérite de leurs histoires inachevées. De génération en génération une loyauté invisible conditionne l’individu à reproduire les histoires du passé familial : ses choix de vie, les personnes qu’il rencontre, ses maladies, ses accidents et même les problèmes de naissance et la façon dont les femmes de la même lignée familiale accouchent ne tiennent pas du hasard. Une fée, plus ou moins bonne, s’est bien penchée sur son berceau… L’enfant est, de plus, chargé du « projet de vie » des parents, autrement dit, de l’attente que ses parents ont eu de lui, sous l’influence de leurs propres peurs et désirs, conscients ou non. Ces conflits construisent la structure même du lien d’attachement puisqu’ils conditionnent les schémas affectifs de la mère et de l’enfant. Le ressenti du fœtus dépend de la qualité de ce lien que la mère met en place, mais aussi de sa propre sensibilité. Ne perdons pas de vue que le ressenti de l’enfant, lié à un conflit réel ou imaginaire, façonne sa personnalité de manière évidente. Nous allons parcourir les exemples les plus communs qui sont enseignés en psycho-généalogie. L’enfant qui se sent rejeté peut être mythomane, réagir par la fuite (corps petit mince, étroit), avoir l’impression de toujours déranger, acheter l’amour en faisant des cadeaux ou en adoptant des attitudes serviles ; au final, il s’attire des situations de rejet. La mère a pu vivre une situation difficile comme celle d’être victime d’un tremblement de 22 Elisabeth Horowitz, Se libérer du destin familial, Chemins de l’harmonie, Ed. Dervy, 2000 64 terre, d’une avalanche, d’une maladie, d’une opération, ou encore celle d’entendre son mari lui reprocher de ne pas avoir pris un traitement anticonceptionnel ; elle peut ne pas avoir eu le sentiment de rejeter l’enfant. Si le rejet ressenti par l’enfant concerne son sexe, il est possible que l’enfant rencontre un problème d’homosexualité, d’angoisse viscérale, d’insécurité, un complexe d’infériorité ou une peur de ne pas correspondre à l’attente des parents. Un enfant peut se sentir ainsi rejeté, dès la conception. L’enfant qui ne se sent pas désiré se sent coupable d’exister : il peut avoir un sentiment d’insécurité, être paranoïaque, avoir des difficultés à se lever et à affronter sa journée. Il peut ne pas se sentir le droit d’exister, manquer de confiance en lui, avoir tendance à rêver sa vie, se penser seul et toujours de trop, toujours être en recherche d’amour et de reconnaissance. Il se crée parfois une pseudo personnalité. Il peut choisir la mort dés le premier instant de sa conception, avoir une tendance suicidaire, tomber dans la dépression ou l’anorexie, avoir des risques de stérilité. A l’âge de 2 ou 3 ans, s’il se sent agressé par l’arrivée d’un autre enfant, il peut développer des sentiments d’infériorité, de timidité, et se replier sur lui-même. Nous souffrons tous de ne pas être restés le « centre du monde de maman ». En période de préadolescence, nombre d’entre nous avons le sentiment de ne pas avoir été désirés pour nous-mêmes, et nous souffrons tous d’un manque de reconnaissance, à un niveau ou un autre… L’enfant de parents névrosés ne se sent pas conçu pour luimême mais pour ses parents, comblant leur propre besoin inconscient. Il leur appartient et il doit les rendre fiers de lui. Il a le devoir de les aimer, de se faire aimer selon leurs critères… 65 Si l’enfant est conçu pour consolider un mariage chancelant, il peut avoir le sentiment de porter toute la responsabilité de la viabilité du couple… Si la mère a été agressée durant la grossesse, l’enfant peut avoir des réactions d’angoisse et de peur… Si l’enfant a été conçu en remplacement d’un enfant mort, il peut porter la tristesse laissée par cet événement. Il peut se sentir en révolte et en colère pour avoir été conçu trop vite après le décès d’un bébé. Il n’a pas été accueilli par une mère heureuse et peut développer un sentiment de vengeance. De plus, l’angoisse de la mère est réactivée pendant la grossesse et la naissance, ce qui mène parfois à des comportements de surprotection de sa part, non sans conséquences sur le développement de l’enfant. L’enfant de remplacement est un bon exemple de l’importance et des conséquences de la conception et de la gestation psychique dans le développement psychologique de l’enfant. Il est parfois doté du même prénom que l’enfant décédé qu’il vient remplacer. Chateaubriand écrit ainsi : « …il n’y a pas un jour où, rêvant à ce que j’ai été, je ne revois pas en pensée, le frère infortuné qui me donna un nom que j’ai presque toujours traîné dans le malheur ». L’écrivain refusa d’ailleurs de porter le nom de René et occultait son nom. Quant à Salvador Dali, il disait que sa mère ne s’était jamais remise de la mort de son frère, que le désespoir de ses parents ne fut apaisé que par sa naissance, mais que : « …leur malheur continuait à pénétrer chaque cellule de son corps. Dans les entrailles de ma mère, je pouvais déjà ressentir leur angst (angoisse en allemand). Mon fœtus nageait dans un placenta infernal. Leur angoisse ne me quitta jamais… » Il dit aussi : « Grâce à ce jeu constant de tuer par mes excentricités la mémoire de ce frère mort, j’ai réussi le mythe sublime de Castor et Pollux, un frère mort et un autre immortel. » Pour le psychiatre Maurice Porot, l’enfant de 66 remplacement est condamné à souffrir de ne pas avoir été conçu pour lui- même car il est confondu avec l’autre par ses parents. Il a donc de la peine à se construire une personnalité et il se sent coupable de vivre parce que l’autre est mort… Si une tentative d’avortement a été effectuée, l’enfant peut se sentir fortement dévalorisé, refuser le sein, souffrir d’anorexie, se sentir coupable d’être en vie, pleurer beaucoup et être incapable d’aimer ou de recevoir de l’amour auquel il ne sait répondre que par l’agressivité, persuadé que le bonheur n’est pas pour lui… L’enfant qui a une croyance d’abandon, ou qui a été effectivement abandonné, peut tomber sous dépendance affective ou chimique, avoir besoin de quelqu’un d’autre pour agir, et avoir de grandes difficultés à se séparer. Victime, il a des difficultés à se battre et doit apprendre à manipuler les autres. Etant donné qu’il lui est important d’être vu, il peut avoir des problèmes de poids… L’enfant qui ne se sent pas considéré se croit indigne d’intérêt, dévalorisé, et a tendance à faire ce qu’on attend de lui. En recherche de fusion pour se sécuriser, il attire les êtres qui le contrôlent (ou de forte corpulence)… L’enfant qui se sent trahi est toujours persuadé de l’être et crée des conflits de jalousie. Il doit contrôler, surveiller, honorer sa parole et doit se montrer fort et agressif… L’enfant qui ressent un sentiment d’injustice se coupe de son émotionnel et de son corps. Il peut privilégier l’intellect et être froid ou insensible, avoir toujours besoin de se justifier et être susceptible et jaloux… L’enfant angoissé, conçu dans l’indifférence, suite à un viol, par devoir conjugal, ou sans que la mère ne s’en rende compte, peut souffrir d’un blocage au niveau sexuel 67 qui va se répercuter au niveau de ses capacités créatives et de sa liberté d’expression… L’enfant peut ressentir un conflit de dilemme qui entraîne un processus d’autodestruction dans le sexe, l’alcool ou la drogue. Luttant pour ne pas exister, il peut souffrir d’une profonde blessure existentielle, cause d’une grande solitude. Ce type de conflit se construit dans le cas où les parents n’ont pas pensé que le fait de le mettre au monde impliquait des conséquences dans leur vie, si l’enfant a été conçu après une erreur de contraception, s’il a eu un jumeau qui a été éliminé, s’il a été agressé par des manœuvres abortives, s’il a été conçu hors de l’utérus, s’il a été conçu dans l’angoisse ou à la suite du refus de pratiquer un avortement thérapeutique, ou encore s’il est né prématurément… L’enfant prématuré a l’impression de se battre contre le monde entier et se sent seul. Il se sent pressé, harcelé et bousculé en permanence… Si la vie de l’enfant a été mise en danger à la naissance, par une circulaire du cordon ou un retard d’expulsion dû à une autre cause entraînant l’asphyxie, les conséquences suivant la durée de l’anoxie peuvent être plus ou moins graves. Il peut en résulter des pathologies comportementales telles des conduites anti-sociales et criminelles, des psychoses, ou encore des lésions cérébrales invalidantes. Dans une étude concernant de jeunes schizophrènes, il a été démontré que dans 40 % des cas, il y avait eu une complication à la naissance… L’enfant qui ressent un manque d’amour va rechercher cet amour toute sa vie. L’amour est le sentiment le plus important que la mère peut offrir à l’enfant. Quand elle donne de l’amour, il y a accroissement de la production de la sérotonine - qui l’aide à se préserver du stress et de la dépression. Il permet un développement harmonieux. Le 68 manque d’amour modifie le cortex, le cerveau limbique, le système nerveux immunitaire et hormonal. L’amour se transmet par les mots, les gestes, le contact de la peau, le sourire, le regard, la douceur, par une voie qui a trait au divin. L’amour guérit. Tous ces conflits ne peuvent pas être déprogrammés au niveau du mental : les idées ne changent pas les sentiments et le ressenti. Par exemple, l’idée d’amour ne suffit pas à combler le manque d’amour. En revanche, les sentiments eux-mêmes et les actes le peuvent, parce qu’ils sont élaborés dans la même zone du cerveau que les conflits. De là toute l’efficacité de la cabine de maternage Aquamater, au sein de laquelle les bonnes informations émotionnelles peuvent s’inscrire en juste place. Au vu de l’importance de l’impact de la naissance sur la mère et l’enfant, et sur le lien d’attachement qui les réunit, on peut penser que, progrès médicaux aidant, cet évènement est devenu un pur moment de bonheur et de mise en confiance. On imagine aisément que, si le passage entre le monde utérin et le monde extérieur était brutal, cet événement pourrait en revanche devenir un pur moment d’angoisse et de terreur ! La naissance est le passage du monde de la mère au monde extérieur, du lien physique au lien affectif qui va continuer à nourrir l’enfant, à le rassurer, à le maintenir en vie, lui permettant de créer à son tour un lien sain avec le monde. Le lien affectif se crée de façon continuelle et douce dans le monde utérin. Symbole de ce lien, le cordon ombilical ne devrait pas être rompu brutalement après la sortie de l’enfant. Il serait sage d’offrir un espace-temps permettant une nouvelle conception, celle de l’acceptation et de la reconnaissance réciproque de la mère et de l’enfant. Présentement, de plus en plus d’obstétriciens 69 admettent qu’il est logique d’attendre la fin du dernier battement, car il est reconnu que le cordon continue à oxygéner le bébé, assurant un passage en douceur au nouveau mode respiratoire qui se met en place. Le Dr Frédérick Leboyer, fervent défenseur de l’accouchement sans violence23, dès 1974, écrivait qu’une section prématurée du cordon impose au bébé de prendre une respiration violente qui entraîne un état de panique et de souffrance. En outre, le maintien prolongé du lien ombilical assure à l’enfant la garantie d’un contact rapproché avec sa mère, quand il est encore trop tôt pour la séparation physique. L’enfant, déposé sur le ventre de sa mère, est rassuré grâce à la continuation du contact peau à peau, à la sensation de douceur et de chaleur. Les mains maternelles enveloppant l’enfant, font office de « sas transitionnel » d’adaptation à son nouveau monde. Cet accueil le rend confiant et hardi, et si sa mère écarte légèrement ses mains et le laisse faire, ce petit d’homme rampe sur elle à la recherche du sein nourricier. Tous ses sens sont en éveil : après l’ouie, le toucher et l’odorat sont excités par ce premier exercice de reconnaissance, et l’instant magique va pouvoir avoir lieu : la première rencontre de son regard avec celui de sa maman. Cette communion est un point fort de l’élaboration du lien de l’attachement. D’autres facteurs vont compléter et solidifier ce processus : la mère va parler au nouveau-né, parfois chantonner, le caresser, et celui-ci va pouvoir s’abandonner au son de cette voix dont la mélodie est déjà imprimée dans son cerveau. Il va se nourrir de l’odeur et du lait du sein maternel. Ces facteurs sensoriels sont les constituants d’une saine et belle dyade mère enfant. Au niveau émotionnel, le tout-petit ainsi accueilli échappe au 23 Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Ed. du Seuil, 2000 70 sentiment d’abandon : le seul lien connu avec le monde qu’il vient de quitter pouvant le rassurer, est sa mère. Comme le dit si bien le Dr Grantly Dick-Read : « L’enfant nouveau-né n’a que trois exigences : la chaleur des bras de sa mère, le lait de ses seins, et la sécurité dans la certitude de sa présence. L’allaitement maternel les satisfait toutes les trois ». Il est important que les infirmières et sages-femmes guident la jeune accouchée lors des premières tétées, pour l’aspect psychologique du partage de sentiments, et pour que l’enfant bénéficie de la valeur considérable du colostrum, liquide qui est sécrété avant l’arrivée du lait proprement dit. En effet, le colostrum contient cinq ou six fois plus de protéines que le lait qui vient ultérieurement, et deux fois moins de graisses et d’hydrates de carbone qui ne sont pas facilement assimilés par le nouveau-né et le prématuré. D’après le Pr. Montagner, le code d’amour entre la mère et son enfant se met en place dès les premières secondes de sa vie. Si la maman a eu connaissance d’un contact peau à peau de 30 à 40 minutes avec son bébé, elle saura reconnaître l’odeur de ce dernier, dès le second jour et dans des proportions beaucoup plus élevées que si elle n’a eu avec lui qu’un contact de seulement 5 minutes. Il serait tout simplement logique, après l’aventure qu’ils ont traversé tous les deux, de les laisser se réjouir et faire connaissance, mais malheureusement nous verrons que ce n’est pas ce qui se passe, le plus souvent, dans les hôpitaux, où la surmédicalisation de l’accouchement a oublié la mère, l’enfant et la nature, bien que des progrès en la matière soient réalisés tous les jours sur la demande des mères ou de certains membres du personnel hospitalier. Bien sûr il existe des accouchements à risques naturels et la science, dans ces cas, doit intervenir 71 justement avec toute sa rigueur, mais ces cas restent relativement exceptionnels si tout est fait pour respecter le travail de la nature. C’est une des raisons pour laquelle la cabine de maternage est si utile. Elle offre le moyen de combler les manques affectifs et physiques, ainsi que les besoins non satisfaits de l’enfant au cours de la vie intra-utérine, de l’accouchement et du début de sa vie. La mère va pouvoir directement réparer le lien affectif en procurant à l’enfant cette nourriture émotionnelle qui lui a manqué. Elle va pouvoir créer un lien d’amour et de reconnaissance, un lien de sécurité et de confiance. Ce lien doit être fort pour que l’enfant puisse se sentir accueilli dans ce monde et s’y réaliser de la façon la plus équilibrée et la plus satisfaisante possible. Nous avons vu que la qualité de ce lien conditionne toute la vie de l’enfant du fait qu’à son tour, son lien avec les autres et le monde sera à son image : ce cordon là ne sera pas coupé, il formera le premier chaînon de la structure moléculaire de l’intelligence du cœur qui permet d’accéder à l’acceptation des différences au sein de la famille, élargie à l’humanité. Une question se pose maintenant : comment accouchent les femmes ? 72 Aquamater : pour une nouvelle mémoire Toute société devrait veiller à ce que la mère mette son enfant au monde dans les meilleures conditions. N’est-ce pas le point de départ du respect de la nature que de commencer par respecter la naissance ? Nous avons vu que les sens du nouveau-né ne s’éveillent pas par magie le jour J - pas plus que celui-ci ne commence à vivre à cet instant, et que ses sens ne mettent pas « un certain temps » avant d’être efficients et de percevoir la souffrance. Les bouddhistes considèrent, d’ailleurs, dans leur grande sagesse, que l’enfant a déjà 9 mois quand il voit le jour. Dans son nid, l’enfant a préparé son corps et aiguisé ses sens. Il a engrangé des perceptions, des expériences, et il est prêt à enregistrer les sensations du nouveau monde. Le moment de la venue au monde est très douloureux et on imagine combien il doit être effrayant ! Le vécu de l’accouchement laisse une trace profonde qui semble conditionner au niveau inconscient la personnalité et la perception du monde. Freud parlait « d’émotions primales », et disait que le plaisir et la douleur qui accompagnent la naissance en font le premier grand choc physique et affectif prolongé. Selon Blandine Poitel dans son livre Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement24, dans notre civilisation, jusqu’à ce que la science des hommes s’en mêle, les femmes confiaient leur corps aux mains des femmes. Les problèmes de mortalité, en ce temps là, étaient surtout dus Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Ed. Dangles, 2006 24 73 à un manque d’hygiène, à un niveau de vie peu élevé, à une alimentation insuffisante, à la pénibilité des travaux et du mode de vie, et au manque de contraception qui faisait que la femme devait soutenir un accouchement après l’autre ou subir des avortements dangereux. Malgré les progrès réalisés ensuite dans le domaine de la science, et la prise en charge de l’accouchement par les hommes médecins, la mortalité des femmes restait encore très élevée, jusqu’à ce qu’un médecin ait compris que la fièvre puerpérale qui provoquait la mort de tant de mères, était due aux accoucheurs qui ne se lavaient pas les mains après avoir disséqué les cadavres qu’ils étudiaient. Pasteur découvrit plus tard les microbes, dont le staphylocoque et le streptocoque, entre 1870 et 1886, et il institua par la suite les bases des règles d’hygiène dans les salles d’accouchement. Nous devons remercier la science pour ses découvertes, son intervention efficace dans les cas d’urgence et au niveau des soins, l’amélioration de l’hygiène, l’amélioration du niveau de vie. Cependant, les accouchements d’aujourd’hui se dérouleraient mieux si nous acceptions de conjuguer ces avancées scientifiques avec le génie de la nature, nature qui restera le plus grand savant de tous les temps. Car, petit à petit, la femme a fini par accoucher dans des hôpitaux de plus en plus grands et impersonnels, aux ordres des médecins, et par subir de plus en plus de tests et d’interventions traumatisantes. Il semble maintenant qu’un excès de médicalisation, imposé au nom de la prévention du risque, fasse courir aux femmes et aux enfants des traumatismes physiques et psychiques qui pourraient être évités. Cette intervention abusive se lit dans l’analyse de ses effets secondaires et dans les taux de mortalité fœto-maternelle qui restent anormalement élevés dans certains pays, dont la France, alors qu’en 74 comparaison, dans des pays où les recommandations de l’OMS sont suivies et où la science intervient dans l’urgence et avec plus de parcimonie, les taux de mortalité sont bien plus bas. Selon Claude-suzanne et Didierjean-Jouveau dans leur livre Pour une naissance à visage humain,25 le mouvement pour la naissance naturelle reste marginal face à cette peur semée autour de l’accouchement, alors que les Pays-Bas annoncent qu’un tiers de ses naissances a lieu à domicile, et que l’OMS clame que la naissance à domicile devrait être le modèle à suivre pour évaluer les programmes de santé périnatale. Selon une étude rapportée par Marjorie Tew26, ces pays affichent en outre un taux de mortalité infantile inférieur à 10/1 000, un taux de mortalité maternelle inférieure à 1/10 000, et un taux de césarienne de l’ordre de 6 %, ce qui est peu par rapport à la moyenne des pays occidentaux. Pour sa venue au monde, l’enfant est préparé avant tout par l’état émotionnel de sa mère face à l’accouchement. Au plus son état de peur (peur physique, celle de devenir mère, de la mort…) est intense, au plus il y a risque de complications. Chaque enfant vit sa venue au monde à sa façon, en fonction de son acquis dans le monde utérin et de ce qu’il a pressenti de l’autre monde à travers sa mère. L’enfant a déjà une histoire et un caractère ! Comme le dit le Dr Michel Odent dans ses ouvrages, du fait que la science considère l’accouchement comme un risque médical et la mère comme une malade, une quantité impressionnante toujours croissante de tests sont effectués 25 Claude-suzanne et Didierjean-Jouveau, Pour une naissance à visage humain, Ed. jouvence, 2004 26 Marjorie Tew, Safer childbirth - A critical history of maternity care, Ed. Chapmanand Hall, 1995 75 sur la mère comme sur l’enfant. La technologie, alors même qu’elle n’est pas nécessaire, est systématiquement employée. Pour la science, il s’agit de faire sortir bébé le plus rapidement possible. Il est pourtant prouvé que si on laisse faire la nature en se contentant d’intervenir si besoin est - ce qui représente environ 10 % des cas, il y a moins de risque, en terme de mortalité, que si on se mêle de la contrarier. En effet, une action en amenant une autre, on a plutôt tendance à augmenter les interventions et donc les risques. Par exemple,27la perfusion d’ocytocine posée pour provoquer le travail, fait naître d’un coup des contractions fortes, rapprochées et donc très douloureuses, qui vont mener à la péridurale. Pour apprécier l’effet des divers traumatismes physiques lors d’un accouchement, sur la tendance comportementale future de l’individu, il suffit de se reporter à ce qu’enseigne la psychobiologie. A chaque traumatisme correspond la tendance générale future de l’individu. Un accouchement provoqué donne en général un individu qui n’accepte pas facilement l’autorité et qui fait souvent le contraire de ce qui est demandé. Forcé de naître, il ne se sent pas respecté et peut être colérique. Il peut rejeter son père si, par exemple, pour attendre celui-ci, on a dû retarder le travail. Sur le plan physique, le produit injecté à la mère peut provoquer des contractions tétaniques qui risquent d’endommager le cerveau du bébé et de le tuer. Le travail est plus douloureux et plus long, et de ce fait, il est souvent aidé par ventouses et forceps. Sur un plan psychologique, le travail étant provoqué alors qu’enfant et mère ne sont pas prêts, l’absence d’harmonie durant la 27 Claude-Suzanne et DidierJean Jouveau, Pour une naissance à visage humain, Ed Jouvence, 2004 76 mise au monde peut nuire à l’élaboration du lien d’attachement. Si l’accouchement a été retardé, l’individu a tendance à se faire toujours attendre, ce qui n’est pas grave en soi. Par contre, j’ai reçu des confidences d’adultes qui ont vécu cet « empêchement de naître » comme un rejet de leur personne, et leur discours me prouvent qu’ils ont enregistré la croyance selon laquelle le monde ne les accepte pas tels qu’ils sont. L’un d’eux me disait se sentir toujours indigne des compliments et des honneurs qui lui étaient rendus. J’ai analysé les principes de base de son éducation et de son vécu pour trouver d’autres facteurs qui pourraient expliquer ce mal être et ce déni de soi, mais j’ai du me rendre à l’évidence : le problème s’est noué avant sa naissance. Les somatisations qu’il exprimait empêchaient le doute, d’autant plus qu’il disait avoir des problèmes respiratoires de type asthmatiforme, rêver souvent qu’il mourrait étouffé et avoir horreur de l’eau. D’autres patients, qui avaient été ainsi « retenus » avant de voir le jour, étaient hypocondriaques à des degrés plus ou moins sévères. Dans le cas de circulaire du cordon, l’individu a du mal à accepter la vie. Il peut souffrir de troubles liés à la gorge : difficulté à avaler, défaut d’élocution, angines à répétition, ou ne pas supporter le port de col roulé ou d’écharpe, dans son besoin de libérer son cou de toute pression. Le cordon ombilical, tuyau gélatineux qui contient des artères et des vaisseaux, est adopté et manipulé parfois comme un jouet par le fœtus. Si le cordon est trop long, il peut mettre sa vie en danger par étranglement et déclencher ses premières peurs et angoisses. Dans le cas d’un accouchement violent, l’agressivité de l’individu est développée par la croyance que le monde est violent. Les coups du sort et les difficultés forment 77 certainement le caractère mais en déformant la perception que l’individu a du monde ! Heureusement, rien n’hypothèque à jamais l’avenir d’un enfant, des évènements positifs se chargeant de réécrire son histoire. Anna Freud disait : « La vie est comme une partie d’échec. Les premiers coups sont importants parce qu’ils donnent la direction. Tant que la partie n’est pas terminée, il reste de jolis coups à faire ». La césarienne est perçue comme une agression contre la personne, une trahison dans le territoire d’où on a été extirpé soudainement. Cette séparation mère enfant, entrée trop directe dans un monde inconnu, engendre une grande colère chez l’enfant. J’ai pu observer la projection de cette colère lors des accouchements soniques. En effet, l’enfant attribue toujours l’origine de ses maux à sa mère, d’abord inconsciemment, en associant une gestuelle agressive, et dés qu’il sait parler, ne dit-il pas souvent à sa maman : « C’est ta faute ! » ? Au plus profond de lui-même, l’enfant sait que l’amour de sa maman est inconditionnel et qu’elle lui pardonnera toujours l’agressivité qu’il a besoin de déverser. Lors de la naissance par césarienne, le massage des os crâniens n’a pas pu s’effectuer comme c’est le cas lors d’une naissance par voie basse. Ce manque de stimulation corticale peut être comblé grâce à une intervention en ostéopathie crânienne. J’ai pu constater, effectivement, qu’après une seule séance, effectuée 4 jours après leur naissance, des nouveaux-nés ont enfin cessé de pleurer et ont retrouvé un sommeil normal. L’enfant né par césarienne est souvent privé des bienfaits de l’allaitement, et sa mère doit combler au mieux ce manque en lui prodiguant le plus de douceur et de chaleur possible quand elle lui donne le biberon - magie des regards empreints de tendresse qu’ils échangent en ces instants complices. Vingt trois ans de pratique du massage Shantala m’ont 78 permis de constater que les bébés nés par césarienne ont besoin d’être allongés sur le dos, leur regard plongé dans celui de la personne qui les masse, pour apprécier le contact des doigts et des mains qui doivent l’envelopper d’un sentiment de confiance - la perte du contact visuel faisant ressurgir le sentiment d’insécurité. Il peut, cependant, comme en toute règle, y avoir des exceptions. Durant les accouchements soniques effectués en cabine de maternage, les enfants nés par césarienne parlent de ciseaux et miment l’acte chirurgical, soit sur le ventre de leur maman, soit sur celui de la poupée ou du poupon qui les accompagne lors de chaque séance. Les enfants nés à l’aide de ventouses ou forceps projettent ce vécu avec une incroyable violence, écrasant des deux mains la tête de leur poupon de caoutchouc souple. Cette réaction étonne les mères, car ces enfants font souvent preuve d’un manque de confiance en soi et n’osent pas agir en force, car les obstacles leur semblent insurmontables sans leur aide ou leur présence. Nous observons combien le traumatisme est inscrit sous forme de blocage du type : « Je ne peux pas passer tout seul, il faut m’aider ». Nous évaluons aussi combien, dans ce cas, il est important que l’enfant évacue sa charge d’angoisse, car grâce à cette projection salvatrice sur le poupon, il se libère, et ainsi se défend tout seul ! Lors de l’intervention des forceps et des ventouses, le crâne est souvent déformé. Combien de fois ai-je entendu une grand-mère dire en souriant : « Oh ! Il a le crâne en pain de sucre, mais ça reviendra tout seul ! » ? Soyons vigilants : le crâne du nouveau-né a subi une pression et une traction qui peuvent entraîner des maux de tête ou de la tension, et dans ce cas également, un contrôle en ostéopathie crânienne est vivement conseillé. Un confrère thérapeute, accompagnant d’adultes présentant des séquelles de naissance difficile, m’a 79 rapporté que certains de ses patients se déplacent nerveusement, comme de peur, sans doute, d’être rattrapé par les instruments qu’il ont intégrés comme fort menaçants au moment de leur expulsion dirigée. D’autres, m’a-t-il dit, développent un mécanisme qui conduit au perfectionnisme, s’imaginant pouvoir diriger et former leur entourage dans le sillon qu’ils ont décrété être le bon. En cas de perte de contrôle de leur entourage professionnel ou familial, ces personnes ont tendance à devenir insomniaques et sombrent très souvent dans la dépression. Dans certains cas, la naissance effectuée sous anesthésie prédispose l’individu à un certain lymphatisme et à un manque d’enthousiasme : il semble subir sa présence sur terre. Une adolescente que je suivais me disait souffrir de sa lenteur ; les résultats des examens hormonaux demandés par son médecin étaient pourtant normaux. Elle me dit aussi, que depuis son plus jeune âge, elle avait des difficultés de coordination motrice des membres inférieurs, qu’elle faisait de la natation, mais était vite épuisée. Lors d’un congrès à San Diego, plusieurs pédopsychiatres ont avancé le fait que les bébés nés sous anesthésie ont, une fois atteinte la phase critique de l’adolescence, plus souvent que d’autres jeunes, une attirance pour les substances psychotropes nuisibles à la santé et susceptibles de provoquer une toxicomanie. Ces drogues engendrent rapidement un état de dépendance physique, état que le fœtus a connu et mémorisé. L’adolescent cherchera à retrouver inconsciemment ce faux état de nirvana. Le nouveau-né placé en couveuse, sans contact régulier et fréquent avec ses parents ou une puéricultrice dont il reconnaît la musicalité de la voix et le toucher protecteur, 80 risque de vivre un conflit d’abandon. J’ai accompagné le plus précautionneusement possible, dans sa cure de renaissance, le petit Julien âgé de 3 ans, né prématurément au 7èm mois de grossesse - son père m’ayant fait un récit des manipulations de survie en couveuse des plus cauchemardesques. D’entrée, Julien s’est présenté ainsi : « Il y a des bébés ici ; moi, je suis grand et fort ! », nous montrant sa force de caractère à travers un discours d’une maturité étonnante. Sa mère nous a fait remarquer que Julien était le portrait de son propre père. Pendant la cure, Julien a fait preuve d’une volonté de continuer à grandir : il serrait les dents quand le souvenir devenait présent ; il posait des questions à ses parents et à moi-même ; et quand nous expliquions au mieux les raisons de son douloureux ressenti, il acquiesçait, pensif, puis adoptait une attitude de battant, en se redressant : nous avons compris qu’il avait fait le choix de ne compter plus que sur lui-même pour vivre et qu’il entendait diriger sa vie comme il le souhaitait. Ses parents m’ont remercié de les avoir préparé au dialogue, vu la forte personnalité de leur fils, et se sont promis d’être fermes, francs et sans tabou, face à cet enfant avide de tout comprendre. Quant au grand père vénéré par l’enfant, la maman me dit : « Il est d’un grand soutien, car tous deux sont, face à l’adversité, comme deux rocs ! ». On ne peut que s’étonner des dommages qui résultent de la manière dont nos bébés sont accueillis dans le monde. Nous allons suivre le chemin parcouru par la mère et par l’enfant afin de prendre conscience des péripéties qu’ils sont amenés à traverser et des traumatismes potentiels correspondants. Le but n’est pas de brosser une critique des différents acteurs professionnels qui entourent la naissance, car ils ne sont que les rouages d’un système qui est basé sur la prévention du risque. 81 Arriver à l’hôpital peut demander beaucoup de temps à la femme sur le point d’accoucher, car les structures de proximité disparaissent les unes après les autres, depuis qu’une loi en ce sens a été votée : la future mère doit rejoindre une grande ville. La date de l’accouchement ayant du, de ce fait, être déterminée à l’avance par les données de l’échographie, le déclenchement du travail est en principe effectué à son arrivée. Dès sa prise en charge par le personnel soignant, la femme enceinte est traitée comme une malade : habillée d’une blouse, rasée, perfusée, elle est installée en décubitus dorsal, jambes écartées, exposée au regard d’une équipe de soin mixte ; elle subit des touchers vaginaux et est immobilisée par le monitoring ; les décisions sont prises en fonction des besoins du service, de l’élaboration du planning, des horaires de présence des sages-femmes ou des médecins accoucheurs, ou du nombre de parturientes enregistrées au bureau des entrées. Ce sont des mères de jeunes enfants, souvent primipares, qui m’ont brossé ce triste tableau, insistant sur la description du stress qui les envahissait, dans cette atmosphère bruyante et surmédicalisée. Que penser de ces récits, alors que le bon déroulement de la naissance dépend du calme de la mère, de la symbiose mère enfant et d’une atmosphère de confiance ? Ne pourrions-nous pas réunir ces critères, conjuguer nos connaissances, pour installer un tel climat de sérénité? Depuis des années, le Dr Michel Odent ne se lasse pas de répéter que, pour accoucher, il faut au contraire réduire l’activité de l’intellect et du stress. Celui-ci explique que durant un accouchement non perturbé, les femmes changent d’état de conscience et se laissent aller à un comportement inhabituel : elles adoptent des positions instinctives, poussent des cris et lancent parfois de jurons, parce que le contrôle du néocortex s’est réduit. Elles 82 doivent donc, dans l’idéal, se sentir en sécurité dans un espace et une atmosphère intimes, pour pouvoir laisser la nature s’exprimer à travers elles, et trouver le comportement et la position qui leur seront les plus favorables pour mener à bien leur accouchement - avec le moins de douleur et de risques possibles pour l’enfant et pour elles-mêmes. Quand les femmes se sentent observées, leur néocortex est stimulé et elles corrigent leurs attitudes. Elles réagissent de même si elle se sentent sous le contrôle du monitoring ou si elles se trouvent dans un espace où les instruments médicaux semblent les attendre. C’est l’enfant qui semble décider du moment de naître : l’hormone responsable du déclenchement de l’accouchement a été trouvée dans son corps. Si les contractions sont déclenchées, elles deviennent plus soudaines, plus rapprochées et plus douloureuses que la normale. Le travail ne se faisant pas en phase avec celui de l’enfant, celui-ci peut se retrouver en souffrance. Cette moindre efficacité exige à son tour l’emploi de techniques plus risquées, telles que forceps, ventouses ou césarienne, avec leur cohorte de dommages physiques et psychologiques. Pour reprendre les chiffres cités dans le livre Pour une naissance à visage humain, en France, en 1998, 20,3 % des accouchements étaient déclenchés artificiellement, 8,5 % en 1972, 10,4 % en 1981, et 15,5 % en 1991 ; ceci sans tenir compte des perfusions d’ocytocine posées systématiquement pour accélérer le travail (le protocole prévoyant une durée maximale pour les besoins de l’organisation du service), malgré les recommandations du collège national des gynécologues et obstétriciens, suite à une conférence en 1995, qui mettaient en garde contre cet abus et le décrivaient comme dangereux. De plus, selon le comité d’experts en charge des études sur la mortalité 83 maternelle en couches, le déclenchement artificiel augmente les risques d’hémorragie mortelle du postpartum alors que, paradoxalement, les grands centres d’accouchement ont été crées pour faire chuter le taux de mortalité des femmes, les petites structures avec leur « manque de moyens et d’expérience » ayant été tenues pour responsables de ce taux trop élevé. Depuis plus de 10 ans, la France compte un taux d’hémorragies de plus du double que n’importe quel pays d’Europe de même niveau sanitaire28. Une autre façon courante d’accélérer le travail consiste à rompre la poche des eaux, ce qui augmente les risques de souffrance fœtale sans pour autant raccourcir beaucoup le temps de travail (d’une demi-heure environ), ou encore le geste invasif du toucher vaginal à l’occasion duquel le praticien décolle les membranes. Geste douloureux, inutile et pénible, qui, en France, est pratiqué une fois par heure pendant le travail, alors que l’OMS préconise de ne l’effectuer qu’une à deux fois en totalité. La France est aussi le seul pays où cet examen est pratiqué systématiquement lors des contrôles de grossesses normales. Les échographies sont prescrites de plus en plus souvent, alors que le caractère inoffensif des ondes émises ne fait pas l’unanimité : elles pourraient avoir des conséquences sur la santé du fœtus. Chaque grossesse semble avoir ses propres règles, et le fait de mettre en doute trop précocement la viabilité du fœtus n’est pas sans conséquences sur le lien d’attachement. En outre, beaucoup d’accouchements sont déclenchés parce que l’échographie a défini, avec erreur, la date du terme. Enfin, tous ces tests inquiètent la future mère sans pour Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Ed. Dangles, 2006 28 84 autant améliorer le pronostic, et nous savons que le stress influe sur le bon déroulement de la grossesse et de l’accouchement. Dans les années 70, la préparation à l’accouchement utilisait des méthodes qui permettaient à la femme de se préparer à ce moment exceptionnel, de le comprendre et d’en être l’actrice. Avec l’arrivée de la péridurale, la future mère ne cherche souvent plus à se renseigner sur la préparation à l’accouchement, qu’elle associe à la douleur seulement. Elle pense souvent qu’elle n’a plus rien à prendre en charge et que, la science lui évitant la douleur, la nature va se charger du reste. La souffrance étant devenue évitable et inutile, la future mère obéit à l’interdiction morale de crier, si elle choisit de ne pas accepter l’anesthésie. Elle est culpabilisée par le monde médical et le personnel soignant si elle manifeste sa douleur trop bruyamment. Le Dr Frédérick Leboyer dans son livre Si l’enfantement m’était conté29, confirme que le cri, si naturel à la douleur, est un moyen de mieux vivre les contractions : les sons aident le corps à produire des endorphines - dont la production est aussi facilitée par la pénombre, le silence ou les chuchotements, et le contact de l’eau. Source d’énergie, comme en arts martiaux, le cri aurait sa raison d’être. La douleur, de plus, est accrue par la position allongée, l’état émotionnel, le stress et le sentiment d’impuissance inhérent à l’hospitalisation. La douleur est également dépendante des croyances personnelles de la femme en couches, qui résultent de celles de la société, des femmes de la famille, de la propre mère de l’accouchée, et de sa propre naissance, autant de DrFrédérick Leboyer, Si l’enfantement m’était conté, Ed. du seuil, 1996 29 85 facteurs subjectifs qui font une douleur pourtant bien réelle. La femme n’a pas le droit de crier non plus quand le chirurgien coupe son périnée pour faciliter le passage du bébé ou quand il le recoud à vif. Cet acte chirurgical semble faire partie de la souffrance de l’accouchement et servir à éviter le risque d’une déchirure naturelle soi-disant plus dommageable qu’une entaille au scalpel. Le taux d’épisiotomies conseillé par l’OMS est de 10 %, or il est de 13 % au Royaume-Uni, et atteint des records avec 65 à 70% en France de nos jours.30Les traumatismes conséquents sont d’ordre physique, comme la difficulté de cicatrisation, mais aussi psychologique et non quantifiable, comme le sentiment d’amertume envers le mari et l’enfant, le refus de relations sexuelles, ou la crainte d’une nouvelle grossesse entraînant un autre accouchement. La péridurale rend souvent la femme passive et la prive de ses sensations corporelles. Certaines femmes refusent cette anesthésie partielle et pensent que la douleur leur permet de participer plus activement à l’accouchement ; elles peuvent accueillir leur enfant, l’être devenu le plus précieux de leur vie, comme « leur victoire ». D’autres m’ont confié qu’elles refusaient la péridurale, car leurs amies avaient eu des soucis au moment de l’expulsion, leur accoucheur ayant eu recours aux forceps ou aux ventouses. Une jeune accouchée sous péridurale est venue me présenter son bébé peu de temps après sa sortie de maternité. Elle me confia que son médecin venait de diagnostiquer une réaction au produit injecté : elle souffrait de démangeaisons jour et nuit, avait des plaques rouges sur les bras et le haut du corps. Un traitement à la cortisone l’obligeait à cesser d’allaiter son bébé. Une Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Ed. Dangles, 2006 30 86 puéricultrice m’a dit avoir constaté auprès de nombreux bébés nés sous péridurale un manque de tonus, une diminution de leur capacité de succion, de déglutition et de respiration ; de ce fait, l’allaitement était souvent abandonné, car il demandait un tel effort supplémentaire au nourrisson, que ce dernier, épuisé, s’endormait. L’emploi du monitoring cardiaque sert à contrôler le cœur et la respiration du fœtus afin de déceler des pathologies plus rapidement, mais il inquiète la mère et la gêne dans son travail puisqu’elle doit rester en position allongée, alors qu’aucun chiffre ne vient prouver le bien-fondé de son emploi systématique. Il est pourtant peu fiable, car faussement alarmiste - fausses alertes dans 99,8 % des cas suivant une étude parue en 1996 dans le New-England Journal of Medecine, fait admis par la fédération internationale des gynécologues- obstétriciens. La position allongée (décubitus dorsal) imposée aux femmes pour faciliter le travail des accoucheurs, n’est pas la plus apte à faciliter l’accouchement. De nombreuses mères m’ont dit avoir ressenti de la gêne, dans cette position, et de jeunes primipares m’ont expliqué qu’elles auraient préféré accoucher accroupie, la position adoptée par les femmes dans les sociétés traditionnelles. Il est reconnu depuis une trentaine d’années, que celles-ci ne connaissent pas les complications urinaires et scrotales qui sont le lot des femmes de notre société, mais qu’en revanche, quand elles accouchent comme les occidentales, elles présentent les mêmes complications obstétricales que ces dernières. Cette position rend aussi la douleur plus forte. Pour l’enfant, elle complique le travail : il est obligé de remonter jusqu’à l’ouverture vaginale, le travail est ralenti et il souffre. Cette souffrance est trop souvent attribuée à son poids ou à sa position, et non aux efforts considérables que lui demande cette ascension ! Pour 87 éviter les complications, l’intervention de ventouses ou de forceps sont alors mises en œuvre pour hâter l’expulsion. Malgré tous ces témoignages, mon expérience me ramène toujours à l’écoute de chaque personne et je milite pour que chacune puisse choisir en fonction de son histoire et de son ressenti. L’une de mes patientes m’a dit un jour : « Anne Marie, vous savez combien j’ai souffert de la naissance de Sacha. Cette souffrance a été telle que je l’ai rejeté à la naissance et que je lui en ai voulu, ainsi qu’à mon mari ! Pour mon second enfant, il est hors de question de me passer de péridurale ! ». Aucun soignant ou thérapeute ne veut que les femmes souffrent. Nous désirons tous le bien-être des parturientes, et nous souhaiterions que leur soient proposées plus souvent des techniques douces d’accompagnement à l’accouchement, telles que des séances de préparation par le yoga, de sophrologie, d’écoute sous oreille électronique ou encore de relaxation en piscine chauffée. La césarienne a connu une très forte progression : en 1980, les chiffres démontraient que sa fréquence avait subi une augmentation de 20 % au cours des 20 années précédentes. Cela a continué, car l’intervention est ellemême conséquence de toutes les méthodes employées au cours d’un accouchement trop médicalisé. Des chiffres : 10,9 % des accouchements en 1981 finissaient par une césarienne, 15,9 % en 1995, 17,5 % en 1998 selon trois enquêtes différentes. La Hollande, pays ou il y a moins de césariennes (6 %), affiche un taux plus bas de mortalité infantile et maternelle. Elle est pratiquée sur deux femmes sur dix, aujourd’hui, en France, ce qui est considérable. J’ai souvent entendu le Dr Michel Odent dire qu’il faisait naître les jumeaux naturellement, patiemment, sans aucun problème, alors que nombre de ses confrères les mettaient au monde uniquement par césarienne. En 2005, lors d’un 88 congrès à Athènes, le Dr Michel Odent posait cette question : « La sécurité de la césarienne est-elle compatible avec la survie de l’humanité ? … Quelle sera la conséquence à long terme de ce qui se passe au début de la vie, car cela peut altérer la faculté d’aimer : s’aimer soimême, aimer les autres. Pour donner naissance, la femme doit libérer un cocktail d’hormones d’amour, et celles-ci sont perturbées lors de césarienne ou d’accouchement provoqué. La priorité devrait être donnée à cet attachement de l’enfant à sa mère au moment de la naissance, et vice-versa. C’est une ignorance des lois de la nature qui entoure pour le moment la venue au monde de nombre de bébés. Les besoins de base de la femme qui accouche sont méconnus : se sentir en sécurité, non observée, se débarrasser de toutes les croyances et rituels du monde entier, retrouver le silence et la pénombre ». Le prématuré, qui représente 9 % des naissances en 1998, subit, quant à lui, les soins agressifs et sophistiqués que l’on sait, souvent isolé de tout contact humain. Les services de néo-natalogie où les parents sont conseillés et guidés pour communiquer avec leur bébé en couveuse, sont encore peu nombreux. Cependant, le programme bébé kangourou fait petit à petit son chemin dans les services : le contact avec la mère met le nouveau-né davantage à l’abri des infections que les mesures d’hygiène les plus pointues, et la chaleur de maman réchauffe le corps et le cœur de bébé mieux que la plus perfectionnée des couveuses. Cette hausse de l’intervention systématique de la médecine au cours d’un acte si naturel s’est fait, il faut le préciser, malgré les recommandations de l’OMS, qui dans un rapport effectué en 1985, déclarait que, pour que les futures mères puissent choisir, elles doivent être informées en matière de soins liés à l’accouchement, et de position la position allongée n’étant pas idéale ; que la séparation 89 de la mère et de l’enfant afin d’examens est déconseillée, s’ils se portent bien ; que l’emploi du monitoring, la pratique de la rupture de la poche des eaux, de l’épisiotomie, de la césarienne, de l’accouchement provoqué, les anesthésies et analgésiques ne devaient être décidés qu’en cas de complication médicale avérée. Entre une surmédicalisation et un accouchement dans des conditions sanitaires déplorables qui étaient le lot de nos aïeules, et qui est encore celui de tant de femmes de par le monde actuellement, il y a sûrement un juste milieu : celui qui réconcilie la science et la nature. Comme le dit le Dr Michel Odent, nous sommes à l’ère de la pratique de deux sortes d’obstétrique : l’une médicalisée, l’autre alternative. Cette dernière n’utilise plus le monitoring fœtal, se sert de l’échographie si nécessaire, et tient compte des données scientifiques publiées qui démontrent les dangers de l’hyper médicalisation. Ce tour d’horizon des conditions dans lesquelles bébé vient au monde, nous permet de prendre conscience des possibles traumatismes et souffrances qui l’ accompagneront tout au long de sa vie. La cabine de maternage Aquamater se propose de palier à ce mauvais départ, de la façon la plus naturelle qui soit. 90 Aquamater : pour une re-naissance sans violence Le Dr Frédérick Leboyer s’est fait observateur de la grande peur de l’enfant qui est accueilli en ce monde comme le résultat d’une prouesse médicale, dans son livre Une naissance sans violence31. Nous lui devons la plus touchante histoire de la naissance qui n’ait jamais été contée, et nous allons suivre ses pas sur le chemin de cette extraordinaire aventure, témoins à notre tour de la façon si peu respectueuse dont est traité bébé dans certaines contrées, lors de ce terrible et beau passage - entendons ce mot sur un plan physique et symbolique. Ce constat n’a pas d’autre but que de faire prendre conscience des traumatismes que nous rencontrerons ensuite chez l’enfant puis l’adulte, traumatismes entraînant des blocages que nous pouvons prendre en charge en cabine de maternage. Respirer est la première chose que fait l’enfant en pointant son petit nez à l’air libre. Or, cette première respiration détermine son mode respiratoire à venir et, sa vie durant, il va oxygéner son corps et porter son dos et sa poitrine en conséquence, plus ou moins librement et amplement, énergisant plus ou moins son corps. Dans son livre Participer à l’univers32, Claudia Rainville, psychothérapeute en méta médecine au Canada, note que les poumons représentent la vie, le besoin d’espace et d’autonomie. Si l’air qui s’engouffre dans les poumons du nouveau-né provoque une douleur qui rend légitime ce fameux premier cri si attendu, car témoin de la mise en place du processus de respiration, les cris qui s’ensuivent ne seraient-ils pas une manifestation de sa peur ? Il crie et pleure pendant que les membres de sa famille, les amis, se 31 32 Dr Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Ed. du Seuil Claudia Rainville, Participer à l’univers, Les éditions FRJ.inc 91 congratulent, rient, parlent fort autour du berceau ; pour ces adultes, il est naturel qu’un bébé pleure, et ils ignorent combien ce petit être est sensible, combien tout ce vacarme l’effraie. Après avoir été poussé, compressé, pressé, mal aidé, tiré contrarié dans son travail, après avoir échappé à l’étouffement ou la strangulation, suivant le cas, il se voit attrapé comme un objet par des mains étrangères, parfois porté sans ménagement, séparé de sa mère, déplié étiré avec insistance pour être mesuré (comme j’ai pu l’observer lors de reportages télévisés retransmis de pays défavorisés), mis en contact avec le froid et la dureté de la balance pour être pesé, alors que plus rien ne le sécurise. Blandine Poitel décrit en détails, dans son livre Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement33, les tests que subit le bébé, en guise de « bienvenue au monde». Le style de sa description donne froid dans le dos, car toute l’indignation de l’auteur transpire à la lecture de chaque mot : nous en donnons ici un aperçu, car dans ma pratique, lors des anamnèses, j’ai été amenée à écouter des récits tout aussi poignants. En effet, on palpe le nouveau-né, on le secoue, on l’aspire pour dégager la bouche et l’estomac (une sonde est enfilée dans l’œsophage), manoeuvre qui compromet dans deux cas sur trois la capacité de bébé à téter le sein. On sonde ses orifices pour voir s’ils sont bien ouverts, on lui injecte de la vitamine K (piqûre très douloureuse au talon), à moins qu’on ne la lui fasse boire (goût atroce) ; on lui fait passer des tests réflexes, dont le test de Moro qui a pour but de voir s’il répond bien au stress ( !) ; on lui permet très peu le contact de sa mère car il faut le laver, le sécher et l’envelopper dans des tissus plus ou moins doux, à moins qu’on ne le réchauffe en couveuse quelques petites heures… et on le laisse seul. Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Ed. Dangles, 2004 33 92 Pour effectuer cette batterie de tests on a coupé le cordon le plus rapidement possible. Au dire des professionnels, tous les tests ne sont pas si urgents, et les anomalies seraient très vite décelables par l’observation au cours des premières heures ou des premiers jours de vie. Le bébé entend et passe du bruit feutré filtré amorti par les eaux, aux voix de stentors du personnel hospitalier. Il voit, et passe de la lumière tamisée de la grotte maternelle aux spots éblouissants de la salle d’accouchement. Lui qui ouvre grand ses yeux si fragiles en naissant, mettra peut être du temps à les rouvrir d’autant plus qu’ils reçoivent des gouttes de nitrate d’argent ou de la pommade à la tétracycline, nous dit le Dr Frédérick Leboyer. Le stress et la souffrance sont évidents mais ne sont pas reconnus dans tous les lieux de naissance. « Ce n’est qu’un mauvais moment à passer… tout le monde passe par là… hurler c’est normal… il naît, quand on naît on crie » : autant de lieux communs tristement révélateurs du manque de prise en considération de la réalité du nouveau venu. Parfois, la conséquence de cette succession d’épreuves, peut même provoquer un stress cardiaque et le nouveau-né doit être réanimé. Le stress peut aussi perturber son taux de glycémie, ce qui entraîne alors un complément d’examens, pour constater le rééquilibrage du taux. Pendant les 2 heures qui suivent l’accouchement, tous les sens du bébé sont en hyperactivité et les premiers liens se tissent à travers eux. C’est à travers eux aussi que mère et enfant se reconnaissent. Ils cherchent à capter leur regard respectif, et cet échange n’est possible que si les yeux de bébé sont en état de s’ouvrir, malgré les gouttes, les projecteurs et la peur. Le besoin d’amour étant un besoin biologique indispensable, la simulation affective par le toucher et la chaleur étant aussi importante que celle du langage pour le développement des différentes structures 93 du cerveau, pourquoi tout n’est-il pas mis en œuvre pour que l’allaitement se mette en place avec les meilleures chances possible ? Des travaux confirment même que la protection maximale contre les excès de gras dans l’alimentation de l’adulte est acquise dés le premier mois de la mise au sein. Quel stress, à la seule évocation de cette aventure ! Quels traumatismes vont donc marquer bébé après cette attristante arrivée chez nous ? A l’image de la mondialisation (formatage du goût, des biens, des marchés…) ne formate t-on pas bébé en uniformisant la naissance ? Les mêmes traumatismes, de plus en plus violents, ne finissent-ils pas par engendrer un même individu agressif, angoissé… ? Serions-nous retournés malgré notre technologie – ou à cause d’elle, à l’époque de ces sociétés primitives qui conditionnaient leurs enfants à devenir guerriers, ou serions-nous en marche vers une société nouvelle qui formate ses enfants à l’agressivité ? ce qui revient au même. Il semble que l’être humain ait besoin d’expérimenter des voies extrêmes pour trouver l’équilibre. Le chemin de retour vers cet équilibre passe par des chemins expérimentaux parallèles. C’est ainsi que dans ce domaine, les psychothérapies posent les jalons d’une prise de conscience toujours plus large de l’essence de l’être humain, et que les sages-femmes défendent et militent pour un retour… à plus de sagesse. Fort heureusement certaines initiatives réintroduisent l’humain au cœur des préoccupations des centres hospitaliers. Ainsi la fondation des hôpitaux de France, présidée par Mme Chirac, a entre autres pour vocation depuis sa création en 1989, d’améliorer la vie des enfants dans les hôpitaux français. Les maisons des parents ainsi créées permettent aux parents de rester près de leurs enfants nouveaux-nés en cas de problème, ce qui représente un progrès extraordinaire quand on connaît l’impact de la présence de la mère pour 94 l’enfant prématuré ou l’enfant malade. Depuis sa création, plus de 550 projets en faveur du rapprochement des familles ont vu le jour dont la création de nombreuses maisons de parents et de chambres mère enfant. Les projets sont conçus et réalisés par les équipes soignantes et médicales des services de pédiatrie et de néo-natalité. Il faut aussi rendre hommage à des initiatives allant dans le sens de plus d’humanité, telle que l’introduction de l’art au sein de l’hôpital (modelage, musique, clown, décoration et couleurs) ! Le CHU de Nice travaille actuellement sur de tels projets. De nombreux hôpitaux prennent conscience du besoin d’amour de leurs jeunes patients, et admettent que la présence parentale est nécessaire aux enfants. Il est reconnu que ce climat sécurisant les aide à guérir plus vite, tant est réduite la paralysante angoisse. Il suffirait pourtant de presque rien, pour que les enfants se sentent accueillis… le monde serait peut-être plus doux, peuplé d’enfants bien nés, donc bien grandis et plus paisibles. Il suffirait pourtant de presque rien… d’une ambiance musicale douce et fluide telle la mélodie d’une harpe ou un silence propice aux chuchotements, de l’intimité d’un espace confortable baigné d’une douce lumière, et de patience. Il suffirait tout simplement d’un accouchement rendu aux parents, de les laisser accueillir l’enfant avec tendresse pour le rassurer et lui souhaiter la bienvenue en ce monde. C’est ce « presque rien » que se propose de recréer la cabine de maternage Aquamater. Ce petit quelque chose qu’on a oublié de prendre en considération ou qui n’a pas pu être donné de vivre à bébé : le respect, l’amour, la douceur. On comprend mieux pourquoi, redonner à 95 l’enfant des sensations du passé utérin, comme il est proposé en cabine de maternage Aquamater, permet de l’apaiser, de le sécuriser, de l’aider à accepter ce monde en douceur, et de réparer le lien qu’il lui a parfois été impossible de tisser avec sa maman. Toutes les expériences qui entourent la naissance, plus ou moins traumatisantes, mais toujours marquantes, représentent les premières cartes du jeu de la vie de tout être. Même cachées, ce sont elles qui mèneront le jeu : nous agirons de ce fait d’une façon que nous ne comprenons pas toujours nous-mêmes, nous croyant libres, nous croyant aux commandes. Freud parlait de notre inconscient et de ses programmes négatifs ou positifs, qui une fois créés, se rejouent sans cesse, s’autovalidant, s’auto entretenant en quelque sorte. Les faits sont mis en mémoire et sont classés dans l’inconscient tels les éléments d’un fichier. Ils conservent une résonance émotionnelle propre et si, dans certaines circonstances, des sensations identiques sont ressenties, le souvenir de l’événement peut refaire surface, un peu comme si nous appuyions sur la touche « recherche » de notre ordinateur : tous les fichiers liés à un mot clé remontent des archives. Rappelons-nous les fameuses madeleines de Proust ! L’odeur (sensation) des madeleines que l’écrivain avait humée, sentie dans son enfance, faisait resurgir les souvenirs de son passé à sa conscience avec sa cohorte d’émotions. De la même façon, si certains analgésiques sont administrés lors de l’accouchement, lors de la prise postérieure de médicaments proches chimiquement, le souvenir de l’accouchement peut se déclencher. Psychiatres et psychologues ont toujours effectué des recherches de remontées dans la vie passée et dans la vie fœtale, à l’aide de médicaments ou de techniques spécifiques, comme la relaxation, l’hypnose ou la 96 sophrologie, qui permettent de mettre le sujet dans un état de conscience modifié dans lequel la suggestion peut être acceptée pleinement. Il est alors possible d’explorer les différentes périodes de la vie telles que les premiers instants de la conception, la vie intra-utérine, la naissance, et l’accueil dans le nouveau monde, en amenant le sujet à remonter dans le temps. C’est ainsi que le concept Aquamater, avec sa cabine de maternage, véritable reproduction symbolique de l’utérus maternel, reconnecte l’enfant avec des sensations similaires à celles vécues lors de sa vie intra utérine et de sa naissance. Ce concept lui permet de revivre, d’exprimer et de projeter, les traumatismes liés à son émotion d’alors. La mère, et parfois le père, pouvant témoigner de la manière dont la naissance s’est déroulée, et l’ostéopathe pouvant estimer les traumatismes osseux qui ont été subis, j’ai pu observer au cours de ma longue pratique, la véracité du témoignage parental et du diagnostic ostéopathique, ainsi que la fidélité de la mémorisation fœtale du nouveau né. La cabine de maternage n’est-elle pas une formidable « machine à remonter le temps » ? 97 La méthode Aquamater, une nouvelle psychothérapie La psychothérapie, en règle générale, se propose d’améliorer le présent en résolvant les traumatismes du passé mis en place principalement pendant la vie utérine, la naissance ou la petite enfance. D’après Saint Thomas D’Aquin : « Toute idée conçue dans l’âme est un ordre auquel obéit l’organisme : ainsi la représentation de l’esprit produit dans le corps ou une vive chaleur, ou le froid ; elle peut engendrer ou guérir la maladie ». Par la suite, de nombreux chercheurs ont démontré les liens entre le physique et le psychisme, jusqu’au Dr Ryke Geerd Hamer, chercheur contemporain, dont les concepts exposés dans son livre Vermächtnis einer neuen medizin rencontrent une forte opposition de la part des scientifiques. Il est admis en général que, la nature de l’émotion étant de s’exprimer, c’est-à-dire de « bouger hors », si cela n’a pas été réalisé par le passé, l’émotion s’est imprimée sous la pression du stress - tension en réaction à l’émotion, créant un blocage psychique, voire une maladie (mal-dit, mal-àdire). Autrement dit, quand un évènement entraîne une réaction émotionnelle, cette émotion est soit exprimée, soit peu marquante et elle reste nichée dans le mental, soit marquante et elle descend alors s’inscrire dans le corps pour y être traitée, le symptôme devenant le langage de l’émotion. Le stress présent - le mal-être, a pour racines les conflits non résolus et inconscients du passé. Ces conflits sont induits par les besoins insatisfaits, dits vitaux tels que boire, manger, dormir, et les besoins dits fondamentaux qui sont à la base de la personnalité, tels que le besoin de sécurité, de territoire, d’appartenance, de différenciation, 98 de reconnaissance, d’autoréalisation et d’amour - amour sans lequel la confiance en soi, l’amour de soi, des autres, et la réalisation de soi sont irréalisables. En réaction au conflit, un programme s’est mis en place. Le stress conscient présent déclenche le stress inconscient sousjacent avec toute sa charge émotionnelle, et l’individu réagit suivant le programme mis en place dans le passé, réaction qui en fait n’est plus adaptée à la situation et à la réalité présentes. Ces besoins non satisfaits posent les problèmes auxquels sera confronté le futur adulte. Si par exemple, le besoin de sécurité n’a pas été satisfait dans son enfance, l’adulte souffrira d’un sentiment d’insécurité, que même la fortune ne pourra pas combler : il se sentira toujours en manque d’argent ou éprouvera la crainte de perdre son acquis. Ces blocages psychologiques sont des croyances qui, au final, déterminent ce qu’il estime être et donc ses limites. Ses capacités sont bien plus importantes qu’il ne le pense et peuvent ne jamais être exploitées. Nous avons vu que le cerveau ne fait pas la différence entre la réalité et la fiction, et que notre sensibilité fait notre réalité : l’émotion, le manque et le conflit ne sont que des croyances. En revanche, quand ses besoins sont satisfaits, ou si un blocage est levé, l’individu peut vivre autrement, mettre en place d’autres comportements, et aller de l’avant au lieu de reproduire les histoires du passé sans pouvoir « passer » à autre chose. Il est enfin capable de vivre différemment qu’au travers de ses programmes de souffrance et il peut attirer à lui d’autres histoires et d’autres personnes. Le stress du fœtus, quant à lui, provient directement de celui de la mère. Le stress de celle-ci peut provenir d’une source extérieure, ou de ses propres antagonismes. En 99 effet, la façon de vivre et d’être de la mère détermine le caractère de la maternité - et celui de l’enfant. Les émotions du père et l’accueil qu’il fait à cette maternité sont donc d’une importance fondamentale. Une belle relation d’amour est un plus pour la vie à naître et fera le lit d’un enfant plus tranquille, plus confiant et mieux armé contre les difficultés qu’il ne manquera pas de trouver sur son chemin. Un bébé non désiré, par exemple, sera le type même du bébé irritable avec des problèmes de digestion et de sommeil qui le rendront effectivement exécrable ; ou au contraire il sera le type de bébé qui se nourrira peu et dormira beaucoup, essayant sans doute de se faire oublier… ou de fuir en douceur la difficulté de vivre. Quelle que soit la méthode thérapeutique employée, il s’agit, en définitive, de guérir le fœtus, et l’état du « moienfant »34 (schéma structurel de la personnalité selon l’Analyse transactionnelle) en soi, permettant ainsi de guérir le ressenti d’alors et de combler le manque qui s’est installé - et qui est toujours présent. Soigner « son enfant » en soi, c’est aussi soigner son amour de soi et dépasser ses blocages. Si l’amour de la mère a manqué, par exemple et que l’enfant présente des troubles de comportement liés à ce besoin d’amour, le fait de lui donner de l’amour - qu’il va ressentir à travers ses sens et encore plus efficacement à travers le revécu de sa naissance, va conduire l’enfant à lâcher son comportement négatif, c’est-à-dire sa croyance. Il va pouvoir adopter un autre comportement et guérir ses troubles présents. Guérir revient à se libérer de son ressenti du passé. Qu’estce que le passé, sinon le souvenir que nous en avons, c’est-à-dire un stock de données que nous transportons 34 Gysa Jaoui, Le triple moi, Ed. Robert Laffont – Coll. Réponses 100 dans notre mémoire et qui nous sert de référence ? Le passé n’existe plus, par définition : c’est sa programmation que nous traînons derrière nous comme un boulet. Or les données du passé peuvent être mises à jour, de façon à ne plus peser sur notre présent. Ce travail est rendu possible par la prise en charge effectuée en cabine de maternage Aquamater. Henri Laborit, biologiste et pharmacologue très célèbre pour ses travaux sur le stress, écrit qu’ il y a trois façons de répondre à l’attaque émotionnelle qu’est le stress : la lutte, la fuite, l’inhibition. Le malade, par définition, serait donc un être inhibé : s’il est dans la fuite ou dans la lutte il ne somatise pas, puisqu’il fait se mouvoir l’émotion hors de son corps. Si mettre des mots sur les maux permet aux mots de ne pas passer par le corps pour se dire, on voit toute l’importance de tenter dès que possible de satisfaire les besoins fondamentaux du bébé, pour sa santé psychique et physique future. Si rien n’est fait, ses comportements inadaptés, en fonction de la nature et de la durée des émotions véhiculées, conduiront à la pathologie à plus ou moins long terme. La thérapie associée à la cabine de maternage Aquamater est complémentaire à toute autre thérapie. Elle trouve sa place entre les méthodes de soins, et les prises en charge préventives qui agissent pour minimiser les chances de voir se produire un traumatisme. La cabine de maternage Aquamater permet d’agir sur la cause première du conflit, de revenir à sa source même, sans difficulté, sans risque d’erreur, de mauvaise interprétation, ou de se perdre dans les méandres du mental et des mots, ce qui explique que les résultats sont toujours au rendez-vous. 101 Il est intéressant de rapprocher la méthode Aquamater de quelques thérapies bien connues, car elles permettent de mieux situer sa propre action. La psycho-généalogie explique qu’un ressenti stimule une zone précise du cerveau ; ce ressenti, modifié ou amplifié par un stress, doit trouver une solution pour évacuer cette tension, faute de quoi il va devoir trouver une autre solution : une maladie qui peut être organique, psychologique, comportementale ou événementielle, et qui n’est en fait que la transposition symbolique de ce ressenti. Le thérapeute décode les messages donnés au corps avec l’aide du sujet. Le décodage se fait entre autres en analysant l’origine du choix du prénom et de la profession, les dates importantes de sa vie et de celles de sa famille, les propres caractéristiques des ascendants et descendants de l’arbre généalogique ; ce qui permet de prendre conscience des liens, des répétitions et des histoires communes au sein de la famille, rien n’étant dû au hasard mais tout étant une suite logique d’événements. Il s’agit ensuite de « réparer » grâce à un acte symbolique, c'est-àdire d’introduire de nouvelles données. Le manque, une fois comblé au niveau émotionnel, le stress présent n’a plus sa raison d’être. La guérison libère également les autres membres de la famille, effaçant ainsi la mémoire trans-générationnelle. La méthode Aquamater, nous l’avons vu, permet justement de combler les besoins non satisfaits, générateurs de conflits, de « réparer ». La programmation neuro linguistique (PNL), a été mise au point par Jonh Grinder et Richard Bandler, dans les années 70. Ils ont observé le travail des thérapeutes tels que Virginia Satir, Fritz Perls (fondateur de la Gestalt thérapie), Milton Erickson (père des thérapies brèves). Leur méthode, très pratique, basée sur une nouvelle 102 approche du psychisme et du comportement humain, se situe au carrefour de plusieurs sciences. Elle part de l’idée que l’homme agit en fonction de la représentation qu’il se fait de son environnement. Si l’homme est programmé, cela veut dire qu’il est capable du meilleur, puisqu’il suffit d’agir sur le fonctionnement de son système nerveux qui perçoit, interprète, code et transmet les messages de tout ordre. Quant au langage, il est le véhicule de nos expériences, de nos perceptions et de notre représentation du monde. La PNL, qui peut être utilisée dans tous les domaines, apprend à l’individu à se servir de son cerveau et lui permet de modifier sa vision du monde. Elle propose par exemple, en se projetant dans le passé, d’évacuer un traumatisme en « remplaçant » le ressenti émotionnel lié à ce traumatisme par un ressenti positif. La méthode Aquamater, permet de « transformer » le passé en allant à la source du conflit et en donnant les bonnes informations aux sens. Le fonctionnement du cerveau est également bien compris à travers l’hypnose, technique très ancienne basée sur la suggestibilité accrue de l’homme dans un état de conscience entre la veille et le sommeil. Divers procédés sont utilisés pour renforcer cette suggestibilité. Sous hypnose en effet, le thérapeute s’adresse directement à l’inconscient du sujet qui ne fait pas la différence entre le réel et l’imaginaire (dissociation de l’esprit). Il va être possible de faire remonter à la conscience les traumatismes du passé et de reprogrammer les ressentis. Cette technique permet entre autre de faire revivre la vie fœtale et la naissance, et peut être utilisée pour préparer à l’accouchement et pour en soulager la douleur. Plus ou moins controversé car effectivement puissant et trop directif, le principe de l’hypnose est cependant reconnu et aide à comprendre comment le cerveau peut être programmé. 103 En cabine de maternage, il n’y a pas intrusion et directives d’un tiers, puisque le sujet est, au contraire, acteur de sa re-naissance. Tout est mis en œuvre pour lui permettre une entière liberté d’être et d’agir, pour que se manifeste l’intelligence de sa nature. Quant au rebirth, pratique utilisée en psychothérapie, que nous devons à l’américain Leonard d’Orr, il utilise l’art de la respiration des yogis pour modifier l’état de conscience et rendre possible la libération des émotions négatives non exprimées liées à des traumatismes, en permettant au sujet de les revivre. Le rebirth se propose ainsi de faire « renaître » le sujet : de lui faire revivre le cheminement de sa naissance, principal traumatisme. Si ce procédé invite à une renaissance, il ne relève pas du tout de la méthode proposée en cabine de maternage et ne doit pas être confondu avec celle-ci. Ces diverses thérapies, parmi tant d’autres, s’adressent à l’individu désireux d’effectuer un travail sur les programmes mis en place dans le passé. Schématiquement, ces méthodes partent des symptômes présents pour découvrir les causes déterminantes de la pathologie vécue. En cabine de maternage, le travail sensoriel nous permet de remonter à la source même de la création de l’être et de l’aider à redescendre le cours du fil de sa vie, tout en lui offrant un mode de cicatrisation cathartique des blessures qui ont jalonné son parcours matriciel, son passage du milieu liquidien au milieu aérien, puis les étapes d’adaptation à ce nouvel univers terrien. En ce qui concerne l’accompagnement à une grossesse heureuse, les méthodes existantes ont pour but de sensibiliser la mère à l’adoption d’un mode de 104 communication personnel avec son enfant, de dé-stresser la future maman pendant la grossesse et l’accouchement, de rendre ce dernier moins traumatisant, de respecter la nature, d’être à l’écoute de son instinct et de favoriser ainsi un développement harmonieux du fœtus - et donc de l’enfant. La méthode la plus connue est la relaxation, base commune à beaucoup d’autres méthodes recherchant un changement d’état de conscience propice aux suggestions verbales et à la visualisation. La relaxation, synonyme de relâchement musculaire et mental, aide à gérer le stress, l’angoisse, les émotions. En effet, les expériences menées sur le sujet démontrent que, quand les muscles se détendent profondément, il est impossible de ressentir de l’anxiété ; à l’inverse, l’anxiété provoque la contraction musculaire. A travers la prise de conscience de son corps et un travail sur la respiration, le sujet est amené vers un état de conscience profond. L’état de relaxation est favorisé par les sons graves dont le rythme est régulier, et par une douce lumière bleue indigo. Une atmosphère propice facilite la régression, et le sujet accède naturellement à ses propres ressources. L’état de relaxation est induit naturellement dans le sein de la cabine de maternage, son ambiance étant étudiée pour éveiller les sens, dans un halo de quiétude. Relaxation, sophrologie - méthode qui s’inscrit entre la relaxation et la méditation orientale, et hatha yoga permettent à la mère un bon contrôle respiratoire et musculaire l’aidant à maîtriser au mieux la douleur et l’angoisse. Ces techniques aident, en outre, à la création du lien d’attachement et à la communication entre la mère et le fœtus, comme le proposent aussi l’haptonomie ou le chant prénatal. L’haptonomie, créé par Frans Veldmann, est une 105 méthode proposée pour la préparation à l’accouchement, Les thérapeutes qui ont assuré les séances de cette préparation font un accompagnement familial lors des premiers mois du nouveau-né. Cette méthode exige la présence des parents et privilégie le contact affectif avec le bébé, en établissant un contact par le toucher. La mère apprend à obtenir un tonus musculaire spécifique, à travers la relation affective mise en place durant la grossesse, qui lui permet de stimuler son bébé pendant toutes les phases de travail de l’accouchement. Le chant prénatal, méthode élaborée par Marie Louise Aucher, invite la mère à chanter des comptines et des berceuses, ces belles vibrations d’amour nourrissant le fœtus de tendresse. Elles le rassureront, quand, une fois né, sa maman les chantonnera, par exemple, avant l’endormissement. Toutes ces méthodes font la démonstration de l’importance de la sollicitation des sens du fœtus et d’une bonne communication avec sa mère. Mais permettez-moi d’ajouter un bémol : sollicitation, communication, nous approuvons, mais toujours dans les limites du raisonnable ; le petit être en formation est heureux de se sentir aimé et attendu, mais il nous demande de respecter sa tranquillité, son sommeil, son désir d’intimité. Il reste que… le bébé parle peut-être, lui aussi, in utero ? Ne souffle-t-il pas son propre choix de prénom à sa maman ? Parfois, les mamans me l’ont dit… Cette croyance n’est peut-être pas si erronée : une dépêche de l’AFP du 26 octobre 2007, nous apprend que des biologistes, au terme d’une étude réalisée à la ferme aux crocodiles de Pierrelatte, ont découvert que les bébés crocodiles appellent leur mère avant même de sortir de l’œuf ! 106 Toutes les mamans et leurs enfants n’ont pas eu la chance de bénéficier de l’accompagnement de telles méthodes pendant 9 mois et au-delà. Notre méthode de renaissance en cabine de maternage Aquamater se propose d’intervenir après la naissance pour atténuer, et si possible évincer, la douleur des traumatismes inhérents à la période de gestation et à une naissance difficile, parfois à risque. La méthode Aquamater éveille le souvenir du traumatisme vécu pendant la vie intra-utérine ou lors de l’accouchement, traumatisme imprimé dans sa mémoire archaïque. La thérapie aide l’enfant à libérer son psychisme des émotions négatives : il va pouvoir projeter son ressenti et son vécu, les émotions qui se sont accumulées et sont restées bloquées, sur les objets symboliques mis à sa disposition lors de chaque séance, en étant l’acteur de sa délivrance. Cet effet catharsis, libérateur de peurs et d'angoisses, offre à l'enfant un mécanisme de défense : la sublimation. Grâce à ce mécanisme psychanalytique, la thérapie d’harmonisation que nous allons effectuer permettra la mémorisation d' informations positives. C’est ainsi que, pendant l’accouchement sonique, il lui arrive de démembrer le poupon malléable, ou la poupée, qui le représente, de lui enfoncer la tête avec toute la force de ses mains, projetant ainsi le traumatisme qu’il a vécu lors de son arrivée au monde ; il joue beaucoup avec le tuyau rouge souple, symbole du cordon ombilical (tous les enfants nés avec une circulaire du cordon ne manquent pas d’entourer ce tuyau autour de leur cou, de leur corps, ou autour de ceux du poupon). L’enfant peut aussi projeter ses émotions en direction de sa mère : nous observons des passages à l'acte tels que des gestes empreints d'agressivité, parfois de rejet, ou des paroles éclatantes de vérité mais peu agréables à entendre. Ce comportement étant prévisible à partir de l’anamnèse de l’enfant, de la 107 lecture des tests, ou de l’observation clinique, un travail d’accompagnement thérapeutique de dédramatisation aura été réalisé au préalable, lors d’entretiens entre la mère et le thérapeute. Ces projections ont également lieu dans les ateliers d'expression mis à la disposition de l’enfant, dans la salle de jeux, à sa sortie de la cabine de maternage. Il peut ainsi exprimer son ressenti à travers le dessin, la peinture, le modelage ou autres travaux manuels et jeux appropriés. Le discours des enfants étant parfois sujet à des interprétations plus ou moins justes de la part des adultes, nous évitons cet écueil en observant et en analysant, de concert avec l'enfant, les dessins qu'il effectue pendant la cure APP. Ces dessins nous inspirent le plus grand respect car ils sont l’expression de la vérité. Selon la gravité de la pathologie traitée, la levée des blocages est obtenue plus ou moins rapidement. Ce mode de prise en charge thérapeutique ne reposant pas sur la verbalisation, nous pouvons accueillir toutes les personnes qui n'ont pas accès au langage ou qui rencontrent des difficultés d'expression verbale. En résumé, la cabine de maternage est un moyen de guérir le passé, en agissant à la fois sur le corps et les sensations, les émotions et le psychisme. Une cure permet de combler les besoins fondamentaux de l’être, la levée des blocages se réalisant alors naturellement. Le travail en cabine de maternage Aquamater est souvent associé à une prise en charge en ostéopathie. L'ostéopathie s'intéresse au corps dans son ensemble et dénoue en douceur les blocages mécaniques. C'est une méthode particulièrement adaptée à la femme enceinte et à l'enfant. Les traumatismes plus ou moins subtils, 108 enregistrés au niveau crânien en particulier, mais aussi en d'autres parties corporelles, nous donnent des informations relatives aux difficultés rencontrées par le tout petit lors du passage des voies naturelles et de l’expulsion. Les tensions vécues nécessitent souvent des ajustements osseux ou des équilibrations énergétiques La thérapie familiale fait partie intrinsèque de l’accompagnement de la famille de notre jeune patient, pour aider et consolider le travail en cabine de maternage. Elle aborde le patient en opérant au moyen d’une logique qui vise à invalider le cercle vicieux des communications aliénantes et aliénées. Son but est de supprimer le symptôme afin de réconcilier le sujet avec sa réalité environnante. L’approche analytique, quant à elle, permet au patient et à sa famille de découvrir les motivations de certains comportements, en s’exerçant sur les rêves, les oublis, les lapsus et les attitudes dont l’analyse fait apparaître les significations cachées. Le symptôme est considéré comme porteur d’une vérité ignorée par le patient. C’est cette vérité qu’il s’agit d’accueillir par l’entremise du discours familial : une nouvelle chance sera saisissable par le patient en quête de désir. Comme le formule le Dr Bernard Jothy, qu’elles soient d’origine systémique ou psychanalytique, les thérapies familiales trouvent leurs indications dans les cas où un traitement individuel ne peut être engagé, ou bien lorsqu’il existe un climat de crise dans la famille.35 Virginia Satir a été la première à parler du concept de maturation : « Pendant trop longtemps, nous nous sommes enlisés dans la pathologie et nous avons oublié que la maturation est possible à tout âge, si le contexte approprié s’y trouve ». 35 A. Ruffiotet, Thérapies familiales psychanalytiques, Coll. Paris, Ed. Dunot. 109 Le comportement familial résulte d’expériences interactionnelles qui s’ajoutent aux forces intrapsychiques. Les familles transmettent au moins deux messages au thérapeute : l’un sur la souffrance et le trouble que la famille observe sur le patient qu’elle désire voir être pris en charge, l’autre sur la souffrance et le trouble qu’elle ressent elle-même. A partir de ces messages, Virginia Satir a élaboré sa méthode pour répondre à la demande d’aide pour le patient (symptôme du malaise familial) et apporter assistance aux proches. Il n’était plus possible de méconnaître qu’il y ait une relation essentielle entre le patient et sa famille. Les élixirs floraux – fleurs de Bach, traitent les états émotionnels et peuvent être utiles à la mère et à l’enfant à partir du moment où il pourra les utiliser. Pour Edward Bach, docteur homéopathe, il y a sept émotions principales qui sont la peur, l’hypersensibilité aux influences des autres, la solitude, le doute, le souci excessif du bien-être d’autrui, le désintérêt, l’abattement et le désespoir. Les fleurs seraient en accord avec nos émotions et les élixirs transformeraient les émotions et sentiments négatifs en sentiments positifs. A chaque fleur correspond un profil psychologique. Ce médecin a mis au point trente-huit élixirs floraux, le plus connu étant Rescue remedy, conseillé pour un emploi immédiat ou d’urgence suite à une forte frayeur, lors d’un accident non gravissime, par exemple. Un traitement homéopathique peut aussi aider la mère et l’enfant. Malgré la très haute dilution de substance active au-delà des limites connues de la matière et sa disparition physique, l’effet thérapeutique est indéniable. L’action de l’homéopathie n’est pas scientifiquement prouvée, mais plusieurs explications possibles n’en existent pas moins et ses utilisateurs sont de plus en plus nombreux. 110 Agir le plus rapidement possible dans la vie de l’enfant permet certes de mettre des mots sur la souffrance mais aussi des mots et des gestes d’amour sur les maux, pour le guérir de ses manques et éviter une vie de souffrance. Le travail en cabine de Aquamater complète l’éventail des autres méthodes et reste la seule à s’adresser aux enfants en bas âge (à partir de la cicatrisation complète du nombril, après la perte du cordon ombilical). En aucun cas, le travail en cabine de maternage ne veut se considérer comme une panacée, en ce sens qu’aucune méthode ne l’est. Chaque sujet est unique et exceptionnel dans son histoire, et les méthodes de soins sont toutes complémentaires les unes des autres. C’est cette complémentarité qui fait la force de tout thérapeute qui se préoccupe de ses patients plus que de défendre une seule technique : celle qu’il utilise. La capacité du thérapeute à s’aider de cet éventail de méthodes, fait la force de sa propre thérapie. 111 PARTIE 3 AQUAMATER : MEMOIRE D’EAU L’eau est l’élément essentiel de la méthode Aquamater, méthode qui porte en elle son nom : Aquamater, l’eau mère, la mer mère… l’eau, élément mystérieux qui accompagne l’homme tout au long de sa vie, de sa mère nourricière aux sources terrestres, et qui viendra symboliquement le toucher à travers toutes sortes de rites religieux. L’eau, symbole de maternité, un des quatre éléments de la création, avec la terre, le feu, et l’air, dans la tradition, énergie négative, féminine, yin. L’eau, mémoire de nos émotions. Chez les Sumériens, le mot « mar » signifie mer et matrice. L’eau représente la matière originelle, l’élément primordial où est apparue la vie. Elle est aussi l’élément de la fin, avec le déluge, évoqué dans de nombreuses cosmogonies. L’Eau, tout à la fois purificatrice et génératrice de vie est symbole de mouvement, de bénédiction, de circulation de l’énergie ; le support du miracle et de la guérison.36 L’ovule fertilisée est constitué à 96 % d’eau, le nouveauné à 80 % et l’adulte à 70 %. Le fœtus se développe dans Jacques Collins, L’insoutenable vérité de l’eau, Ed. GuyTrédaniel, 2004 36 112 « la mer de sa mère », le liquide amniotique, qui a la même composition que l’eau de mer, que le sang et que les liquides intracellulaires. L’homme est resté, dans sa nature profonde, un animal aquatique, et cet élément liquide est une porte ouverte sur des états de conscience différents. De nombreuses thérapies sont basées sur le pouvoir de l’eau, sur son pouvoir physique, magique, énergétique et spirituel. L’hydrothérapie, un des piliers des médecines naturelles, utilise le pouvoir curatif de l’eau. Le plus célèbre des guérisseurs est Kneipp, au IXe siècle, qui s’est heurté à l’époque à la médecine naissante. Le pouvoir de l’eau, en tant qu’élément physique, est maintenant reconnu de tous. Il s’agit de traiter la personne et non le symptôme, et de provoquer une réponse de l’organisme : l’eau froide dynamise, l’eau chaude relaxe, l’alternance des deux a une action sur la circulation, et donc sur la détoxication et la nutrition des cellules. Nous connaissons aussi les bienfaits des cures thermales et des baignoires à jets et à bulles. Nous utilisons un autre des facultés de l’eau en nous lavant (dilution et transport des éléments). Par voie interne, nous savons aussi les bienfaits des eaux minérales qui remportent un vif succès. L’eau détend, donne de l’énergie, nettoie aussi au niveau énergétique et psychique. Une bonne douche remet en forme, un bain chaud relaxe. L’eau est un support pour l’effet de chaleur, et un transporteur qui rajoute à son pouvoir celui des substances qui lui sont ajoutées : une odeur, une couleur, une autre substance (par exemple des sels de bain, des huiles essentielles). Elle se charge également de vibrations colorées et sonores. Nous avons vu que le liquide amniotique a la même composition que l’eau de mer et que l’eau dont le corps 113 humain est en grande partie constitué, comme si celui-ci l’avait intégrée sous forme de lymphe et de sang, au fur et à mesure de sa formation. Le plasma de Quinton, eau de mer très pure conditionnée en ampoules - proposé en tant que minéralisant se prenant par voie buccale ou en nébuliseur pour traiter les sinusites (les autorités ne lui permettant plus, malheureusement, d’être utilisé dans tout son potentiel), a permis de sauver de nombreuses vies de nouveaux-nés, dont la mienne, à une époque où son utilisation était encore permise à plus large échelle. L’expérience de Quinton vaut mieux qu’un grand discours : en soustrayant 425g du sang d’un chien de 10kg et l’avoir plongé ainsi dans un coma profond, ce savant démontra ensuite, qu’en remplaçant le sang par de l’eau de mer diluée, le chien retrouvait très rapidement toute sa vitalité. En psychiatrie, l’eau est utilisée sous forme d’enveloppements humides et de bains. Elle est aussi sensée favoriser la socialisation des jeunes psychotiques. Elle a un effet favorable sur les jeunes autistes, et des thérapeutes réapprennent à l’enfant à communiquer avec la mère par l’intermédiaire de l’eau. Une équipe de scientifiques de Miami, chercheurs en communication, travaillait avec des plongeurs dans un grand bassin où s’ébattaient des dauphins. Ils ont demandé à une femme enceinte de 8 mois de bien vouloir participer à leurs travaux de recherche, en acceptant de nager en compagnie des animaux. Les dauphins entourèrent la femme enceinte avec allégresse comme s'ils retrouvaient l'un de leurs congénères. Ils en conclurent que le sonar du dauphin lui permettait de deviner la présence du bébé à l’intérieur du ventre de sa mère, comme le sonar dont sont équipés les bateaux permet de « voir » les fonds marins par le biais des ultrasons qui les balaient. Certains thérapeutes affirment que le dauphin peut communiquer 114 avec le bébé, et travaillent avec ces animaux, travail surtout reconnu auprès des enfants autistes. Un domaine d’exploration est ouvert. Le chanteur et acteur Patrick Bruel raconte volontiers l’histoire vécue par son épouse Amanda Sthers. Celle-ci lui a téléphoné un jour d'Eilat, où elle avait l'habitude de nager avec les dauphins, en lui confiant son étonnement et sa déception : « Les dauphins ne m'ont pas approchée aujourd'hui ! ». Patrick la consola alors en lui demandant d'effectuer un test de grossesse : « Je savais, avant qu'Amanda ne me rappelle, qu'elle était enceinte », dit-il. Les dauphins savent-ils qu'en début de grossesse, l'embryon et la future maman sont particulièrement fragiles et qu'il vaut mieux attendre la maturité du fœtus pour jouer avec lui ? Il est encore difficile d’expliquer exactement ce qui se passe. Après 9 mois passés à baigner dans de liquide amniotique, tous les nourrissons possèdent le réflexe natatoire (ou d'apnée) : immergés, ils ferment la bouche, bloquent automatiquement leur respiration et agitent les bras et les jambes. Aussi à l'aise dans l'eau que dans le ventre maternel, ils semblent apprécier de retrouver les sensations du passé. Leur donner les moyens de retrouver leur élément est une façon de leur apporter bien-être et sécurité. De là est née l’idée des bébés nageurs. L'objectif des séances en piscine, est de permettre un développement sensoriel et moteur dans un climat d'amusement. Une fois en confiance dans l'eau, bébé joue et apprend par le jeu : tapis flottants, frites géantes, planches et autres objets colorés sont mis à sa disposition par le personnel encadrant qui lui propose différents exercices. Lorsque la thérapie en cabine de maternage est terminée, la fréquentation d'un club de bébés nageurs, ou d'un club de natation pour les plus grands, est une transition pédagogique très positive. Cette activité ludique et 115 sportive aide les enfants à acquérir leur autonomie, tout en découvrant les joies que procure la liberté d'action. Le bain classique est également un moment ludique et pédagogique important. Apprendre les bases de l'hygiène et de la propreté, dans un cadre de détente et de bien-être riche en apports sensoriels, est un élément éducatif dont les enfants de tous pays et de toute classe sociale devraient pouvoir bénéficier. Les jeux, le contact et la complicité avec sa maman, sa nudité, vont aider l’enfant à prendre conscience de son schéma corporel, de sa différence et de son autonomie. Le bain est un moment privilégié et un rite qui va accompagner et apaiser l’enfant - puis l’adulte qu’il deviendra, tout au long de sa vie. L’eau est encore pleine de mystères et de pouvoir… Il est prouvé que la cellule a une mémoire et qu’elle enregistre des informations, dont les émotions. La première expérience connue a été faite par Cleve Backster sur un marin traumatisé pendant la dernière guerre mondiale lors d’une bataille. Des cellules ont été prélevées sur son corps. Quand le marin repensait à l’événement qui l’avait traumatisé, les cellules qui avaient été séparées de son corps (dont on transcrivait les réactions de manière scientifique) enregistraient et réagissaient aux émotions de la même façon que lui. L’émotion était bien enregistrée au niveau cellulaire ! Or la cellule, nous l’avons vu, est composée en grande partie d’eau qui sert de véhicule à des particules plus concrètes. Il n’y a qu’un pas à franchir vers la découverte sur « la mémoire de l’eau » et sur ses pouvoirs cachés. Les expériences du chercheur Jacques Benveniste, controversées parce que tellement novatrices, démontreraient que l’eau a une mémoire. Selon le 116 chercheur, elle enregistre les informations chimiques en l’absence de toute molécule. L’eau n’est pas seulement un transporteur physique de molécules chimiques - sans eau, les particules ne pourraient ni se mélanger, ni circuler mais aussi un transporteur d’informations. C’est cette information qui est importante : elle modifie l’organisation et la structure de la matière. L’eau, transporteur des énergies tirées de l’aliment, mémorise aussi les émotions et peut les reproduire. Elle peut donc être influencée par notre psychisme. Une telle découverte bouleverse radicalement notre conception du monde, de la vie, de la chimie, de la médecine elle-même, ce qui explique peut-être la guerre impitoyable qui a été menée contre ce chercheur par beaucoup de ses confrères, comme cela se passe lors de toute découverte majeure. La matière est en effet remise en question dans son fondement même : pour Jacques Benveniste, c’est bel et bien l’information qui permet à la matière de se construire37. La matière n’engendre pas la vie mais la vie engendre la matière. L’inverse de ce qui fait nos croyances actuelles dans tous les domaines. La science rejoindrait-elle enfin l’idée de Dieu… ? Ces découvertes ont, en tout cas, ouvert la voie à d’autres chercheurs. Les mystères de l’homéopathie, des fleurs de Bach, de la guérison par la prière, de l’imposition des mains et tant d’autres, jusqu’à celui de l’incantation des sorciers, restés encore sans explication scientifique, trouveraient-ils là une explication ? Toute thérapie pourrait être re-visitée à partir de ce principe de la mémoire de l’eau. Faute de consensus sur le sujet, l’important n’est-il pas de se poser la question : et si c’était vrai ? Jacques Benveniste, Ma vérité sur la mémoire de l’eau, Ed. Albin Michel, 2005 37 117 L’eau est vraisemblablement ce transmetteur entre la matière et l’esprit, ce support physique qui permet aux informations de circuler. Nous retiendrons, en ce qui nous concerne, que l’eau est sans doute le transmetteur, entre la mère et le fœtus, d’une certaine mémoire maternelle, ellemême héritée de la propre mère de la mère, qui elle-même l’a héritée de… D’autres travaux, controversés par certains et acclamés par d’autres, démontrent de façon concrète que l’eau est effectivement influencée par nos pensées et qu’elle garde la mémoire de nos émotions. L’eau cellulaire semble être un relais en contact avec l’univers, elle en capte les informations et, sans doute, capte-t-elle la vie. Un chercheur japonais, Masaru Emoto, diplômé de l’université de Yokohama, qui a obtenu son doctorat en médecine alternative à l’Open International University, a réussi à geler l’eau de façon à pouvoir en photographier les cristaux38. Ces cristaux sont différents suivant l’information qui leur est donnée. Il a ainsi photographié toutes sortes d’eaux : des eaux de source qui donnent chacune des cristaux différents de toute beauté, et des eaux du robinet ou des eaux polluées qui rendent compte justement de leur degré de pollution, à travers des images de cristaux mal formés. Il a fait entendre de la musique à l’eau, des paroles, des sons, il lui a fait « lire » des mots, il l’a placée dans le champ des ondes de télévision, de téléphone portable et autre ondes négatives, il lui a fait écouter des prières... Les cristaux témoignent sur un plan Masaru Emoto, Les messages cachés de l’eau, Guy Trédaniel Ed., 2004 Masaru Emoto, L’eau, mémoire de nos émotions, Guy Trédaniel Ed., 2006 Masaru Emoto et Jurgen Fliege, Le pouvoir guérisseur de l’eau, Guy Trédaniel Ed., 2005 38 118 physique de la mémoire de l’eau et les résultats sont stupéfiants. Quand l’eau « enregistre » une belle musique, des mots tels qu’amour et pardon, des prières, elle donne des cristaux magnifiques, bien formés, symétriques et brillants. Les informations négatives, comme des mots de haine, des ondes nocives, des musiques agressives ou des pensées négatives, donnent naissance, par contre, à des cristaux sales, gris ou noirs, informes. Posons-nous à nouveau la question : et si c’était vrai ? Enfin, seraient rendues visibles la puissance de destruction des émotions négatives, le pouvoir de l’amour et du pardon, les effets de la pensée, de la musique, des sons et des ondes, sur l’être humain. En tout cas la seule vue de ces cristaux nous met en relation avec le message qu’ils portent : les beaux cristaux chargés de bonnes informations, emplissent l’âme de celui qui les regarde de belles émotions, alors que les cristaux chargés d’informations négatives lui transmettent une certaine inquiétude… Masaru Emoto nous propose une expérience qui nous donne, en tout cas, la preuve que rien n’est pire que d’être ignoré (autrement dit, que donner de l’attention aux autres c’est leur donner de l’énergie), expérience qu’il est facile de reproduire : il s’agit de préparer 3 bols de riz cuit et, chaque fois que possible, de dire des mots gentils au riz du bol 1, des mots négatifs au bol 2, et d’ignorer le bol 3. Le constat est probant : en peu de temps on peut noter que le riz du bol 1 se porte au mieux (il peut même germer !), le riz du bol 3 pourrit… avant que celui du bol 2 ne pourrisse à son tour. N’expérimentons nous pas, chaque jour, sans nous en rendre compte, dans notre quotidien, le principe de la mémoire de l’eau ? Les plats sont meilleurs s’ils sont cuisinés ou mangés avec amour (la recette ne suffit jamais en soi), les plantes sont belles si on leur parle (la main verte), les gens sont beaux et se sentent bien si on leur dit 119 des mots d’amour (nous les détruisons dans le cas contraire)… Que dire du fœtus ? A chacun d’étendre sa réflexion… Sachant que nous sommes composées de 70 à 80 % d’eau suivant notre âge, les déductions qui s’imposent sont bouleversantes. Non seulement nous enregistrerions au niveau cellulaire les informations négatives ou positives qui nous entourent, mais nous influencerions notre propre corps et notre environnement par nos pensées. Cela expliquerait concrètement bien des concepts, dans le domaine de la psychologie et de la spiritualité. Et en ce qui concerne l’hérédité, que de pistes nouvelles ! En outre ,si l’eau s’améliore quand on lui donne de bonnes informations, comme le démontre Masaru Emoto, nous avons donc le pouvoir que nous confère notre pensée, celui de donner de bonnes informations et de corriger les mauvaises… L’amour guérirait bel et bien ! Il est d’ailleurs souvent question de l’eau, dans la Bible, L’Évangile (Jean 4, 13 et 14) nous rapporte la scène suivante : Jésus, fatigué par la route, s’était assis près d’un puits. Une samaritaine vint y puiser de l’eau et Jésus lui avait demandé à boire. Comme elle s’en étonnait, il lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle». C’est aussi par l’intercession de l’eau, que les miracles ont lieu à Lourdes ; l'eau de la source qui est sortie de terre sous les doigt de Bernadette Soubirous, en 1858, à l'endroit que la Dame lui a indiqué, en lui disant d’aller y boire et s’y laver. L’eau participe très souvent aux rites religieux et magiques. 120 Une eau n’est-elle pas dite « vivante », quand elle est en mouvement ? Une eau en bouteille, l’eau des tuyauteries, toutes les eaux privées de mouvement sont dites « mortes ». La vie de l’eau est accrue par le mouvement, la turbulence et une température idéale de 4 degrés - liée à l’augmentation de densité et de résistivité. Il existe des appareils qui permettent de restructurer l’eau, de la dynamiser, tels les générateurs de tourbillons qui reproduisent le modèle cinétique naturel auquel obéit l’eau des ruisseaux et des rivières, par ailleurs identique à celui de notre propre sang. En effet, les tourbillons formés par l’écoulement de l’eau dans la nature lui confèrent de grandes qualités dynamisantes. Dans le ciel ou sur terre, l’eau se contracte, se relâche et obéit à des rythmes naturels. Sa tendance naturelle est de serpenter et de tourbillonner. Dans les années 60, au cours de ses recherches sur la dynamique des fluides, Teodor Schwenk découvre que l’eau peut se mouvoir et créer des chaînes tourbillonnaires quand on la laisse libre. Le sculpteur Jonh Wilks est chargé d’étudier des formes en résonance avec la dynamique de l’eau, pour relever son potentiel rythmique. Les flux et reflux harmonieux de l’eau ont une influence directe sur la régénération de l’eau, la formation et la vie de ses organismes vivants. Ces études mènent à la naissance de la méthode Flowform39. Les vasques vives sont alors élaborées pour recréer ces mouvements. Elles sont utilisées pour le traitement des eaux en complément des stations d’épuration, en agriculture et dans d’autres domaines, pour réduire l’usage des produits chimiques dans les piscines, pour dynamiser l’eau afin de la rendre plus diurétique ou pour augmenter l’efficacité d’un médicament. L’eau capte les informations cosmiques et 39 A.J. Wilkes, Flowforms,, Ed. Floris Books 121 garde en mémoire les rythmes qui l’ont animée. L’eau est considérée comme le siège des forces formatrices de vie. Théodor Schwenk, dans son livre Le chaos sensible, écrit : « L’eau est le corps de forces qui lui est supérieur et qui intervient par elle dans le domaine matériel, y faisant office de médiateur pour la formation des organismes ». Dans les années 60, Jeanne Rousseau poursuit l’étude de la bio-électronique initiée par Louis - Claude Vincent et apporte la preuve expérimentale de la sensibilité de l’eau. L’eau en mouvement est compartimentée par un réseau subtil d’énergie qui disparaît quand l’eau est au repos 40. D’autre part, le bruit des eaux de ruissellement a un effet d’apaisement et permet le ressourcement. Dans la cabine de maternage, il est tenu compte de toutes ces connaissances sur l’eau. L’eau, dynamisée et filtrée, est maintenue en mouvement et ruisselle agréablement. De plus, dans le cadre de l’installation de la cabine Aquamater au sein de structures utilisant le pouvoir thérapeutique des eaux thermales, les propriétés bienfaisantes de ces eaux sont doublement bénéfiques puisqu’elles correspondent en général aux pathologies que nous rencontrons, comme l’asthme, l’eczéma, les troubles de l’appareil digestif, les pathologies ORL et autres. Cette complémentarité biologique renforce les chances de soulager durablement les enfants que nous aidons, au niveau psychologique, pour vaincre ces maladies psychosomatiques. L’eau est aussi chargée de la chaleur, qui apaise, rassure et rappelle celle du liquide amniotique. Beaucoup de Jeanne Rousseau, L’eau, récepteur biologique des phénomènes cosmiques, Effervesciences. 40 122 personnes aiment prendre des bains chauds : la détente ressentie les transporte dans un état de conscience atteint en relaxation ; les muscles se dénouent, la respiration s’apaise et la pesanteur s’oublie. L’eau se charge encore de transporter l’odeur à l’enfant. La fleur d’oranger a été choisie pour ses qualités apaisantes et sa douceur propre, ainsi que pour son goût, car l’eau va atteindre les papilles de l’enfant au cours des séances de cure. L’eau s’approprie la couleur du halo enveloppant de la vasque utérine, se charge de sa vibration énergétique, et en transmet ses bienfaits. Pour éviter les inconvénients du chlore, l’eau est filtrée à son arrivée pour lui enlever toute trace de produit chimique. En effet, le chlore est dangereux pour les poumons, les yeux et son odeur est exécrable. Même en quantité autorisée dans nos maisons, le chlore reste nocif et désagréable, et la chaleur augmente sa diffusion dans l’air. En outre, le goût, sens en période cruciale d’éveil, revêt une grande importance en cette période de développement de l’enfant, et doit être formé au contact des bonnes saveurs. Enfin, si l’eau est capable de se charger d’émotions, on peut alors penser qu’elle sert de transmetteur entre la mère et l’enfant. Nous trouverions là une explication à bien des mystères. Masaru Emoto a fait des recherches sur le hado de l’individu, c’est-à-dire sur les informations qu’un individu émet. Il a développé une thérapie qui permet de corriger les informations négatives du malade en lui donnant des informations positives annulant ces dernières. Les informations positives sont transmises à l’eau qui est ensuite offerte à boire au malade. Si en Orient le concept du hado fait partie de la culture, en occident, il est plus difficile à comprendre. Mais ce qui est important à savoir 123 est, que, dans ce même esprit, le Dr Shibuya a adapté la thérapie du hado au son : la voix du patient est enregistrée et on fait écouter au patient le son corrigé de sa voix. Un ingénieur canadien travaille actuellement au développement de cette découverte. Mais ne rejoignons nous pas les travaux de nos chercheurs occidentaux, tels ceux du Pr. Tomatis ? En cabine de maternage, de la même façon, lorsque le test d’écoute de la maman nous indique que son spectre sonore est pauvre en aigus, lésé dans certaines fréquences, nous lui proposons une rééducation auditive avant d’enregistrer sa voix dans sa plus belle amplitude, pour pouvoir la programmer pour son enfant. Ceci n’est pas sans rappeler les thérapies basées sur le principe de la bio résonance (issue de la biophysique quantique). Pour résumer, en physique, un champ est engendré par une particule chargée et agit à distance sur une particule de même charge ou de charge opposée, alors qu’en physique quantique, il est besoin de l’échange d’une autre particule (un quantum de champs) pour qu’il y ait interaction. Est née la médecine quantique, holistique, basée sur cette différente explication des mécanismes de la vie. Une des bases de cette nouvelle physique est que l’expérimentateur ne peut plus être dissocié de l’expérience : il agit sur les résultats ! Autrement dit, la réalité est relative. La médecine quantique est une médecine « informative ». Les méthodes thérapeutiques informatives n’en existent pas moins depuis la nuit des temps. Plus prés de nous, en 1920, le physicien Lakhovsky a découvert que les cellules sont formées de minuscules circuits oscillants qui émettent et reçoivent des signaux électromagnétiques. Ce physicien est connu pour son ouvrage L’oscillation 124 cellulaire41. Nous lui devons les bracelets en cuivre et autres métaux, connus pour soulager les douleurs rhumatismales. Mais le champ d’action de sa méthode de soins est bien plus vaste. L’organisme est en communication permanente avec l’environnement et l’univers.42 Moins connu, C.W. Smith, professeur de technologies électriques et électroniques à l’Université de Salford, démontre qu’un signal électromagnétique, en l’occurrence une certaine longueur d’onde, modulée et déterminée avec un générateur de fréquence, est capable de déclencher une crise aigűe chez un allergique. En bref, un signal peut déclencher un allergène. Cette découverte rejoint celle de Jacques Benveniste qui a démontré aussi que des signaux peuvent leurrer l’organisme et même être mémorisés par l’eau. Firtz Albert Popp43, biophysicien, directeur d’un centre de recherche en Allemagne, a démontré que les cellules émettent de la lumière, ondes électromagnétiques d’une puissance infime, et qu’elles sont capables de différencier des signaux aussi faibles noyés dans le brouillard électromagnétique - les cellules peuvent émettre des corpuscules de lumière, mais aussi les emmagasiner. Ces ondes sont mesurables grâce à un appareil spécialement conçu. Ilya Prigogine44 a reçu un prix Nobel de Chimie en 1977 pour ses découvertes sur les structures dissipatives. Nous retiendrons qu’une onde électromagnétique et une onde sonore peuvent transporter de l’information. Par exemple, en reliant une plaque métallique couverte de sable fin à un Georges Lakhovsky, L’oscillation cellulaire, Ed. Gauthier-Villard Georges Lakhovsky, L’origine de la vie, Ed. gauthier-Villard 43 Dr Fritz-Albert Popp, La biologie de la lumière, Ed. Marco Pietteur 44 Ilya Prigogine, La fin des certitudes, Ed. de Poches, Odile Jacob 41 42 125 générateur de fréquences sonores, et en activant le générateur, on obtient pour chaque fréquence bien précise, une structure géométrique45. Chaque individu étant unique et émettant des informations qui lui sont propres, les appareils de bio résonance mis au point dans le cadre de diverses méthodes thérapeutiques, sont de conception toute spéciale. La bio résonance endogène traite les propres oscillations du sujet (morathérapie), alors que la bio résonance exogène traite le sujet avec des ondes électromagnétiques produites par des générateurs qui corrigent les ondes du sujet (champs magnétiques pulsés, mil thérapie…). On est capable d’évaluer l’état de santé d’un sujet, de détecter et de corriger les ondes erronées provenant de l’organisme (les ondes de l’individu étant parasitées par les ondes dans lesquelles notre technologie nous fait baigner : télévision, téléphones portables, micro-ondes, et tant d’autres, ainsi que par certaines ondes naturelles telles que radiations terrestres…) Pour en revenir à la mora-thérapie, Frantz Morel, Docteur en médecine, et E. Rasche mettent au point une machine, en 1977, qui s’inspire des médecines traditionnelles telles que l’acupuncture et l’homéopathie. Le sujet est relié à un appareil qui est à même de sélectionner ses ondes perturbées et de les éliminer : le corps peut alors s’autoréguler. Il est capable aussi de déterminer les remèdes nécessaires et de donner les bonnes informations, comme des lumières colorées, rejoignant ainsi la colorthérapie. Il s’agit de convertir la lumière en basse fréquence et d’y exposer un méridien en état de « vide énergétique », pour le revitaliser. Les blocages 45 Alexander Lauterwasser, www.alternature.com vidéos Résonance 126 et Création, émotionnels sont déverrouillés dans des bandes passantes élevées (supérieures à 10 000 Hz) alors que les informations biologiques sont de basse fréquence. Le traitement permet ainsi la levée de la mémoire cellulaire. Les blocages énergétiques au niveau des points d’acupuncture disparaissent et la circulation dans les méridiens se rétablit, ainsi que l’état biologique correspondant. (Notons qu’en APP, les programmations soniques sont filtrées de 125 Hz à 12 000 Hz.) La mil-thérapie, de son côté, technique développée en Russie, propose l’envoi d’ondes lumineuses pulsées très faibles à travers un tunnel magnétique, afin d’envoyer des informations spécifiques suivant les besoins, aidant au rééquilibrage du fonctionnement de l’organisme (exemple de bio résonance exogène : les informations proviennent d’une source extérieure). L’eau est enfin un milieu propagateur et vecteur d’ondes sonores. Certaines thérapies se sont développées à partir de cette constatation. La thérapie vibratoire consiste à rendre à l’organisme la fréquence vibratoire qui lui convient. La méthode Aquasonics de Peter Guy Manners, propose de charger l’eau d’ondes sonores. Elle permet de traiter directement les zones corporelles affectées. L’eau devient ainsi thérapeutique. Dans la cabine de maternage Aquamater, l’eau agit en tant que vecteur des ondes sonores diffusées par vibrations. Le test d’écoute (psycho-earing-test), mis au point par le Pr. Tomatis, nous permet d’effectuer un diagnostic et d’enregistrer les effets de ces ondes au niveau des différentes parties du corps, lors de la lecture de la courbe osseuse. Mais il serait intéressant que les thérapeutes de la nouvelle génération se penchent sur l'action du phénomène 127 physique de la transmission des ondes sonores au niveau du corps, par le truchement de l'eau. Toute la technologie relative aux diverses méthodes de soins qui se sont développées ou qui se développent, ne doit pas faire oublier une chose : si une onde électromagnétique, un son, une couleur, peuvent être des agents qui aident la cellule à se rééquilibrer, alors que dire de la puissance d’une pensée ou d’une parole ? Que dire de la puissance de notre pensée sur nos cellules, composantes de notre corps ? L’effet placebo, à présent reconnu, n’opère que par son effet psychologique, mais son efficacité est réelle, lit-on dans les dictionnaires scientifiques. N’est-ce pas une première reconnaissance de la force de la pensée ? Que dire de la puissance de la pensée sur un autre corps, puisque notre pensée est une onde ? Que dire de la résultante du pouvoir de la pensée, de l’ampleur de l’émotion, sur le fœtus, puis sur l’enfant ; pensons au pouvoir de nos mots sur notre corps et sur celui des autres. Que dire du pouvoir du Verbe dont parle la Bible, vibration qui aurait été à l’origine du monde ? Nous rejoignons encore une fois le Pr. Tomatis qui, dans son livre Ecouter l’univers46, avance que le son (le fameux Big Bang) serait à l’origine du Cosmos et qu’il animerait tout ce qui est. 46 Alfred Tomatis, Ecouter l’univers, Ed. Robert Laffont, 1996 128 PARTIE 4 METTRE EN MEMOIRE DES SENSATIONS POSITIVES Les découvertes sur le son du Pr. Tomatis, publiées en 1957 à l'Académie des Sciences sous le nom d’effet Tomatis, mettent en évidence la relation entre l'oreille et la voix, et donc le langage, la lecture, la vue et la peau. L’oreille centralise, au niveau du vestibule, les informations venant de tout le corps (peau, muscles, articulations et os), par les effecteurs sensitifs dérivés des cellules génératrices de l’oreille, celles de l’organe de Corti en particulier. Le nerf auditif va enregistrer et transmettre toutes les vibrations sonores, toutes les informations parvenues, non seulement à l’oreille, mais au corps tout entier. Pour le Pr. Tomatis, la peau est une extension de l’oreille, qui reçoit les informations sonores directement : les mots ou bruits divers, c’est-à-dire les vibrations qui atteignent le corps, peuvent provoquer un stress ou un état de détente. Si toucher à l’oreille, revient à toucher l’être dans sa globalité, l’audition et les émotions étant situées dans la même zone du cerveau, toucher au corps, revient aussi à toucher l’oreille. L’oreille d’autre part a un rôle de dynamo : avec le vestibule et la cochlée, elle assure la charge corticale en potentiel nerveux, une partie de cette charge étant assurée par le métabolisme (un fait connu en zoologie). La méthode Tomatis consiste, quant à elle, à soigner l’écoute d’un individu en effectuant une correction 129 auditive pour agir sur son psychisme. La voix dépend du corps dans son ensemble, de sa posture, du plan émotionnel (la voix change en fonction de l’émotion) et du mental (un blocage est lié à la croyance que l’on ne sait pas chanter, par exemple). La voix reflète ce que l’on est. Un bon thérapeute peut déceler la nature des blocages émotionnels, à l’écoute de la voix de son interlocuteur, selon son registre. Ce dernier peut être dépourvu d’aigus ou de graves, par exemple ; l’aspect disharmonieux de sa voix donne une direction d’analyse des blocages qui le handicapent. L’entretien psychothérapeutique et le résultat de la passation du test d’écoute conforteront le premier sentiment du thérapeute, en lui permettant de pouvoir annoncer un diagnostic. Le travail sur la voix va aider le patient à dépasser ses blocages émotionnels. Si, avec l’aide d’une rééducation de l’écoute nous obtenons un élargissement de la tessiture de la voix, en dépassant les notes limitatives, nous obtenons la libération de blocages émotionnels. Ce dépassement peut provoquer du rire ou des larmes, expression de la libération de l’émotion qui a été si longtemps bloquée et enfouie au plus profond de l’être. Plus récemment, dans ses ouvrages, Masaru Emoto nous rapporte des travaux intéressants sur les ondes sonores, effectués au Japon. De la même façon qu’il explique pouvoir charger l’eau d’ondes contraires à celles d’un sujet malade pour le guérir (sa médecine du hado), les ondes sonores peuvent être annulées par la diffusion d’ondes sonores contraires. Cette technique s’appliquera bientôt concrètement à la lutte contre les nuisances sonores. Par exemple, dans un bar bruyant, si on désire que la cabine téléphonique soit au calme, il suffira de diffuser les ondes sonores contraires au bruit ambiant, pour que la zone voulue devienne silencieuse. Le physicien Emmanuel Friot, du laboratoire de mécanique et 130 d’acoustique de Marseille, qui étudie aussi cette technique, dit : « Un bruit correspond à une vibration de l’air propagée d’une source jusqu’à l’oreille… en produisant des vibrations exactement opposées, on supprime le bruit indésirable ». Un constructeur célèbre présente un nouveau modèle de walkman avec neutralisateur de bruit ambiant qui semble s’inspirer de ce type de technologie (déjà employée pour des casques audio haut de gamme). En effet, quand nous produisons un son, nous faisons vibrer l’air autour de nous. Si nous sommes à l’écoute d’une personne, nous entrons dans la vibration de l’autre, en relation avec elle. L’eau, excellent conducteur, comme le prouve l’observation de la communication entre les mammifères marins, véhicule cette vibration sonique. Cette énergie est capable d’atteindre directement les zones à problème de notre corps et de les dégager, en débloquant l’émotion qui y est liée. Une douleur par exemple, peut être soulagée directement par un son, ce qui explique l’efficacité des thérapies par le chant, ou encore l’action du bol tibétain. La pratique ancestrale du bol tibétain47, vise à équilibrer les vibrations propres du corps, en le débarrassant de ses tensions et de ses blocages, tout en induisant un état de relaxation très profond : les vibrations exceptionnellement puissantes et harmonieuses émises par le bol chantant, d’une forme et d’un alliage de métaux particuliers, « massent » les vibrations du corps du sujet sur lequel il est promené. Le Pr. Tomatis lui-même s’est inspiré des auteurs orientaux, avec toute la rigueur scientifique qui le caractérise. En effet, un parallèle intéressant peut être fait avec les chakras, centres transformateurs de l’énergie liés au système cérébraux spinal, qui se positionnent de la base 47 Anieke Hyusser, Le bol chantant : Auto transformation - Thérapie , Ed. Binkey Kok, 1996 131 de la colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête. Au nombre de sept, pour les plus essentiels, ces centres d’énergie sont des intermédiaires entre notre conscience et notre corps physique. La tradition rapporte que chacun d’eux possède une fréquence vibratoire, une couleur, et correspond à un besoin, une fonction, une émotion, un niveau de conscience, une voyelle et une note de musique. Selon la tradition orientale, les cellules du corps, elles aussi, absorbent les vibrations sonores, ainsi que les vibrations des couleurs. Ces vibrations passent dans le cordon médullaire à travers les chakras et sont absorbées par les vertèbres qui résonnent vers les différentes parties du corps par le biais du système nerveux. Il est intéressant de rappeler les correspondances traditionnelles des chakras, ainsi nous pourrons mesurer tout l’intérêt de ce rapprochement entre science et tradition : - le 1er chakra correspond à la note do, au rouge, aux glandes surrénales, au son « ou », à la terre mère. Cette fréquence correspond aux parties les plus dures du corps (sa structure) et aux organes sexuels. Psychologiquement, cette fréquence symbolise le sentiment de confiance en soi et en la vie, la sécurité… - le 2 em chakra correspond à la note ré, à l’orange, aux glandes génitales, au son « o » fermé, aux organes génitaux, au bassin, à la vessie, au système lymphatique. Il est lié au passé, à la famille, à la force vitale, à la joie, à l’énergie sexuelle, à la créativité, au désir d’aller de l’avant… - le 3ème chakra correspond à la note mi, au jaune, au son « o » ouvert, à la peau, aux muscles, aux yeux, aux systèmes digestif et nerveux, au lâcher prise, à l’identification, à la liberté d’être soi-même… 132 - le 4ème chakra correspond à la note fa, à la voyelle « a », au vert, au thymus, à la respiration, à l’immunité, à l’amour, au pardon, à l’acceptation, au sentiment de sécurité... - le 5ème chakra correspond à la note sol, au son « é » , au bleu, à la thyroïde, à la gorge, au cou, à la mâchoire, au larynx, aux cervicales, à l’audition, à l’écoute, à l’expression de soi et à la communication… - le 6ème chakra correspond à la note la, au son « i », à l’indigo, à l’hypophyse, au cervelet, au système optique et auditif, à l’intuition, à la spiritualité… - le 7ème chakra correspond à la note si, au son « m » chanté bouche fermée, au violet, à la glande pinéale, au père, au ciel, au cerveau et au crâne, à l’autorité et à la guidance, à l’ouverture à l’état divin, à la réalisation de soi et à l’illumination… Ces centres énergétiques sont rechargés par les vibrations qui leur correspondent, la respiration, et par toute activité qui va dans le sens de la relaxation et du bien-être. Le son, comme les couleurs, perçus directement au niveau des centres énergétiques, influe sur l’état physique, mental, et émotionnel de l’être. Le Dr Bernard Auriol, psychiatre et psychanalyste, dans son livre La clef ses sons48, cite le musicien Yehudi Menuhin: « Le son pénètre directement notre corps. Ce que l’oreille peut accomplir à l’intérieur de notre cerveau, à l’intérieur de nos vies, rien d’autre ne peut le faire » … « L’emploi de hautes fréquences nous ouvre tout un nouveau monde. La thérapie sonique a un effet spécifique qui semble avoir des implications étendues et des résultats Bernard Auriol, La clef des sons, 2em édition, chez l’auteur : [email protected] 48 133 étonnants. Je crois que cela constitue une percée de plus grande efficacité pour la musique et la santé ». Les effets de la musique sur l’individu ont également été un sujet d’étude pour le Pr. Tomatis. La musique agit, ditil, sur le développement du pré-langage, du langage, de la motricité, et de la maturation personnelle : l'enfant éduqué musicalement ne fermera pas sa sélectivité auditive. Il restera à l'écoute de ses parents et de ses enseignants. Il est reconnu que la musique touche l’âme ! La musique a aussi une fonction importante dans l'élaboration du système nerveux. Nous savons que l'oreille est l'organe qui précède la maturation neuronale. Le Pr. Tomatis avait pour coutume de dire que l'homme est un système nerveux. L'enfant est donc un système nerveux en puissance qui ne demande qu'à croître et grandir, avec une très haute destination : l'écoute. Mettre l’enfant en contact avec la musique, cela signifie le mettre en contact avec 1'harmonie qui le conduira vers l'esthétique holistique dans tous les domaines de la vie, et lui permettra de vivre dans la continuité de 1' écoute du chant d’amour de sa mère, la berceuse qu'il écoutait tout ouïe, cette sonorité chargée d’affects qui représente symboliquement la grande porte d’accès à la communication universelle. La musique est un élément important pour la maturation, il faut que l'enfant puisse et sache en percevoir toute l’amplitude de sa substance. L'oreille doit savoir écouter dans le sens neuro-psycho-physiologique du terme. L’enfant doté d’un vestibule opérant bénéfice d'un accès au rythme, à la cadence ; avec une bonne cochlée il a une bonne analyse des sons et devient « le réceptacle d'une bénéfique dynamisation pour accéder à tous les apprentissages ». Le Pr. Tomatis dit que 134 ces deux modes de stimulation agissent ensemble sur la communication, qui est l'accès au langage. La musique procure un apport supplémentaire d'énergie, et aide également à la détente et à l’obtention d’un état de sérénité car elle parle au cœur. Selon une information de l’Agence France Presse (AFP) du16 août 2005, à l’hôpital de Kosice - Saca, dans l’état de la Slovaquie, les nourrissons écoutent des morceaux choisis de W.A. Mozart dès les premières heures de leur vie, pour apaiser les traumatismes de la naissance : « La musique est diffusée par un tout petit casque stéréo, posé sur leur toute petite tête, et leurs petites mains bougent au rythme de la musique». Quant au Pr. Clayton, ses recherches sur le comportement musical des jeunes rossignols dont les parents sont séparés, semblent démontrer que la privation de l’image du père peut causer de très graves difficultés, car ils chantent faux ! La musicothérapie est une discipline de l’art thérapie. La musique ouvre à l’autre et, en atteignant l’émotionnel, elle permet de diminuer le seuil de la douleur et du stress de soigner, d’apaiser, d’améliorer, les troubles physiques ou psychologiques. Cette thérapie peut être employée dans de nombreux domaines : par exemple lors d’un traitement dentaire exécuté sur un patient pris en charge en sophrologie, pendant des séances de préparation à l’accouchement, lors de cours d’éducation musicale pour personnes autistes, ou en milieu hospitalier dans les services de neuropsychiatrie. La musique est en effet capable de détendre ou de dynamiser, suivant son rythme, sa tonalité, son volume. En chirurgie infantile, selon le Dr Gruel de Rennes, la musique peut permettre de diminuer d’au moins un tiers 1'injection de drogues anesthésiques. Une intervention chirurgicale provoque la production d’hormones dite « du 135 stress », le cortisol. L'expérience démontre qu'un préalable musical tel La petite musique de nuit de W. A. Mozart, induit un état d'apaisement, confirmé par les analyses sanguines : il n’y a pratiquement pas production d’hormones. Pour le réveil, Les quatre saisons de Vivaldi sont préconisées pour les adultes, et pour les enfants La symphonie des jouets de Léopold Mozart - le père de Wolfgang Amadeus Mozart. Pour aider les patients à sortir du coma, il convient de leur faire écouter leurs musiques préférées ou un texte lu par la ou les personnes qui leur sont les plus chères. A noter que l’équipe de chercheurs du Dr G. Brainard (de l’université T. Jefferson de Pennsylvanie) a mené des études qui démontrent qu’après une séance de yoga, le taux de cortisol diminue. Dans le cas de l’enfant autiste, la musique sert de lien, de communication non verbale ; elle permet d’atteindre le monde intérieur de l’enfant, lui apporte du bien-être, diminue son stress et son agressivité, et améliore son comportement socio affectif. J’ai connu un garçonnet de 5 ans diagnostiqué autiste, qui appréciait les airs d’opéra et en particulier Carmen. Il chantait les passages les plus célèbres divinement bien et avec un plaisir qui illuminait sa physionomie. Tout en chantant, il dessinait à la craie sur un tableau noir, un diaphragme parfaitement en corrélation avec les fréquences des sons qu’il émettait ! Pendant la grossesse, la musique nourrit l’âme de la future maman. Dans le Li Ki (le livre de la coutume, ou mémorial des rites), nous lisons : « Toute la musique est née dans le cœur de l’homme. Ce qui émeut le cœur se répand dans les sons. De même, ce qui tinte comme un son à l’extérieur, va de son côté influer sur le cœur à l’intérieur ». Dès le deuxième mois, le fœtus engramme des informations au niveau des noyaux vestibulo-cochléaires, 136 et cette mémoire primordiale sera ultérieurement diffusée dans le système nerveux au fur et à mesure de son évolution. Le Pr. Tomatis dérangeait, à son époque, allant à l’encontre du fait établi que l’embryon n’était qu’un morceau de chair insensible, qui pouvait donc être utilisé à des fins expérimentales ou mercantiles (expérimentations scientifiques diverses sur les embryons eux-mêmes, extractions de principes actifs pour soins aux nouveauxnés, crèmes de beauté, injection de cellules embryonnaires rajeunissantes…) - le trafic d’embryons alimente toujours, périodiquement, nos quotidiens. A son tour, la mère nourrit l’enfant qui se trouve en elle, de toutes les manières, et notamment de sons. Elle se révèle au fœtus par tous ses bruits organiques et surtout pas sa voix, d’où l’importance des choix musicaux de la maman, soit en mélomane écoutante, soit en expression chantée. Par expérience, nous savons que bébé appréciera Mozart49 et Vivaldi de préférence à Brahms, Beethoven ou au Hard Rock ! Le chant prénatal, fait partie des préparations à l’accouchement. Comme nous l’avons entrevu, la femme enceinte est invitée à faire des vocalises et à chanter un répertoire de chansons enfantines dans le but d'habituer son bébé à sa voix mélodieuse, pour l’apaiser, le rassurer, lui envoyer de bonnes vibrations. C’est ainsi qu'un chant entendu par le fœtus aura un effet calmant sur le futur bébé qu’il deviendra. Selon les observations de Madame Strauss, en pouponnière, le bébé saisit très tôt le contenu affectif du message de l'adulte. Il ne reproduit pas la mélodie de la boîte à musique, mais en revanche, il entonne par mimétisme la mélodie chantée par un adulte qu'il aime. D’autre part, pendant la période de travail préparatoire à l’accouchement, en chantant, la future 49 Alfred Tomatis, Pourquoi Mozart,Ed. Fixot, 1991 137 maman adopte spontanément une bonne rythmique respiratoire. Pendant cet exercice vocal, elle oxygène au mieux son utérus, et de ce fait, le rend plus fonctionnel ; elle sera plus détendue, son col s’ouvrira avec plus de facilité et la douleur sera diminuée. L’importance du nerf vague a été soulignée par le P r. Tomatis, qui disait, en le définissant comme le nerf du « vague à 1'âme » : « Nous lui devons les réactions psychosomatiques que nous connaissons tous, tels que 1'angine (angor : angoisse), la sensation de boule qui monte et qui descend manifestant l'anxiété, le souffle bloqué par la peur, les palpitations allant jusqu'à l'angine de poitrine (angor pectoris), l’anorexie, la boulimie, les troubles vésiculaires (se faire de la bile), les contreréactions rénales, digestives colitiques et autres… Il y a là une boucle psychosomatique et somato-psychique qui sert de soupape en contre-réaction à la première excitation vagale, celle du tympan. C'est pourquoi le son, le mot, la voix ont une telle importance sur le retentissement de la réponse interne ». L’auriculothérapie, méthode traditionnelle de soins en Egypte et en Chine, utilisée par Hippocrate, et redécouverte par le médecin français Paul Nogier, agit sur l’oreille, qui, étrangement, représente un fœtus, tête en bas. Stimuler un point de l’oreille permet d’agir, par voie réflexe, sur l’organe ou la fonction correspondante. Cette méthode réflexe est expliquée par son action sur le nerf vague, et par là sur tout le système neurovégétatif. 138 Audio-psycho-phonologie : la re-naissance sonique Après avoir été controversés, comme toute nouvelle découverte, les travaux du Pr. Tomatis ont été confirmés avec le temps. En 1962, les travaux du chercheur américain L. Salk démontrent que le fœtus perçoit les bruits du coeur maternel malgré le non achèvement de l'oreille et le non établissement des synapses, ce qui laisse à penser qu’il peut aussi entendre autre chose. Des travaux d'embryologie ont aussi prouvé que 1'oreille du fœtus est pratiquement opérationnelle dès 4 mois et demi. Des recherches convergent pour reconnaître 1'antériorité de 1'oreille humaine par rapport à 1'ensemble du corps, et le fait que l'oreille interne représente l'organe subissant les transformations les plus rapides et les plus étonnantes de la croissance embryo-foetale. Les chercheurs s’accordent aussi sur le fait que le vestibule a une action sur la dynamique corporelle et la mise en place de l’image du corps ; et le fait que la maturation du système nerveux annexé à 1'appareil vestibulo-cochléaire est entièrement élaborée à la naissance, quand l'ensemble de toutes les connexions neuroniques n'est, quant à lui, réellement fonctionnel qu'à 1'âge de 42 ans ! Dès 1994, lors de la troisième conférence internationale pour la perception et la cognition musicale à l’université de Liège, il a été spécifié que les sons graves de la contrebasse traversent la paroi abdominale sans déformation spectaculaire, comme le prouve la comparaison des tracés enregistrés par un hydrophone placé, par anesthésie, sur la tempe du fœtus, et ceux enregistrés par un microphone placé à proximité de l’instrument. Au début de la 7ème semaine de grossesse, le fœtus peut percevoir la vibration des sons avant même la formation de l’appareil auditif, grâce aux os de son crâne, 139 le bassin de la maman servant de résonateur. Ensuite, durant toute la grossesse, les hautes fréquences sont filtrées par les muscles et le liquide amniotique. Seules les basses fréquences viennent vibrer contre les corpuscules tactiles de la bouche et des mains du fœtus ; elles viennent les caresser, comme une ficelle à laquelle on impulserait de lentes et fortes ondulations ; ces vibrations sont renforcées par la caisse de résonance utérine. L’émotion est si forte que le cœur du foetus s’accélère, qu’il s’étire, suce son pouce, ou « gambade ». C’est en prenant connaissance d’une expérience rapportée dans un ouvrage scientifique anglais menée par un grand spécialiste mondial du larynx du début du siècle, que le Pr. Tomatis approfondit ses recherches sur le fœtus. Negus démontrait, en effet, que des oeufs d'oiseaux chanteurs, couvés par des oiseaux non chanteurs, donnaient des oisillons muets ou chantant un autre registre que les vrais parents : le Pr Tomatis en conclut que, comme 1' oiseau dans l’œuf subit l’influence du chant de sa mère, l'enfant dans le ventre de sa mère subit l'influence de sa voix. 50 La propagation de sons, nous dit-il, et en particulier de la voix de la mère, se fait essentiellement par conduction osseuse le long de la colonne vertébrale maternelle. Au huitième mois, l’enfant bascule et vient appuyer sa tête contre la couronne iliaque, recherchant sans doute à capter par là le maximum d’informations soniques de la mère. Cette communication sonore, la plus importante de tous les contacts que la mère entretient avec le fœtus, est garante de son sentiment de sécurité et de sa croissance harmonieuse. A noter que le fœtus n'entend pas de la même manière qu’au moment de sa naissance car 1'oreille, adaptée à cette fin, fonctionne en milieu liquidien. Les troubles de l’audition reflètent ainsi les blocages 50 Alfred Tomatis, L’oreille et la vie, Ed. de Seuil, 1963 140 émotionnels engendrés par des traumatismes vécus in utero ou lors de la naissance. En effet, lorsque la relation ne s’est pas réalisée entre la mère et l’enfant in utero, le langage risque de ne pas être enclenché. Si certains sons provoquent des troubles du comportement, une normalisation de l'écoute peut redonner à un sujet le désir de communiquer avec 1'environnement51. Le Pr. Tomatis fait alors le lien entre l'engendrement d'un enfant schizophrène et le refus ou rejet de l'enfant. (Attention, tous les enfants non voulus ne naissent pas schizophrènes : cela dépend de différents facteurs dont nombreux sont à l’étude). Selon sa thèse, le fœtus se sent exclu du monde dans lequel il naît, en refusant à son tour d’exister, et - suivant ma propre observation - il fait parfois le choix d’une vie dite marginale. Le Pr. Tomatis travaille alors à la reconstitution des sons entendus par le fœtus à travers le liquide amniotique, en s’aidant d’enregistrements réalisés sous l'eau, des bruits internes du corps et de la voix de la mère ; l’ambiance acoustique obtenue rappelle un peu, dit-il, l’ambiance de la brousse africaine au crépuscule.52 Un psychanalyste, qui a eu connaissance de ses travaux, lui demande de soigner un adolescent, incapable de s'exprimer ni de coordonner un seul geste, qui refuse tout contact avec sa mère et fait preuve d’une agitation extrême. Il lui fait écouter un enregistrement qu’il prépare avec la voix filtrée de sa mère ; les résultats sont spectaculaires puisque cet adolescent va tranquillement éteindre la lumière, aller s'installer sur les genoux de sa mère dans la position de foetus, entourer son bras gauche autour d’elle, et sucer son pouce droit comme un enfant. A 51 Alfred Tomatis, De la communication utérine au langage humain, Ed. ESF,1972 52 Alfred Tomatis, La nuit utérine, Ed. Stock, 1981 141 la fin de l’écoute, avec tout autant de tranquillité, il prend sa mère par la main et l'entraîne vers la sortie ! Le Pr. Tomatis met alors au point des programmations soniques qui vont permettre d’appliquer ses découvertes dans le domaine de la thérapie. Sa méthode, l’APP, part du principe que la posture d'écoute de 1'individu est liée à ses attitudes psychologiques et phonatoires. Cette méthode permet de modifier les facultés auditives d'un sujet pour arriver à transformer son comportement et son langage. 53 Ayant découvert que l’écoute des bruits de la vie intrautérine peut faire revivre les conditions de la naissance, le Pr. Tomatis fait le lien entre la naissance, certains troubles psychopathologiques, et leur possible guérison. Il conçoit alors l’accouchement sonique. Il s’agit de faire revivre au sujet, grâce au conditionnement de l'oreille électronique, le déroulement sonique idéal qu’il n’a pas pu suivre alors. Il dit de cet accouchement sonique, qu’il éveille des potentialités qui ne se sont pas encore exprimées, et, que, d'une certaine façon, on ne cesse de naître, car, en définitive, le milieu maternel prend sans cesse d'autres dimensions : des parois utérines au berceau, à la chambre, à l'univers familial, au monde. La vie du fœtus, puis du nouveau-né, ne peut bien sûr pas être parfaite, mais fort heureusement, si les traumatismes sont légers, l'écoute et le langage finissent par s'établir correctement d’eux-mêmes. Cependant, dans certains cas, lorsqu’un symptôme relevant d’une pathologie liée aux troubles du langage persiste, nous proposons des exercices de rééducation complémentaires. La façon d’entendre change lors du passage du milieu aquatique au milieu aérien. Lorsque l'oreille moyenne s'est vidée du liquide amniotique, l'enfant entre dans une période d'ombre sonore, de transition pendant laquelle il 53 Alfred Tomatis, Nous sommes tous nés polyglottes, Ed. Ergo Press 142 perd alors le tonus que lui procurait, pendant sa vie fœtale, l'écoute de fréquences élevées. Cet apprentissage de 1'écoute aérienne va durer de plusieurs jours à plusieurs semaines, selon son histoire, jusqu’à ce qu’il reconnaisse cette voix maternelle qui le sécurisait tant54. Mais si cette étape est mal vécue, le lien de la communication engagée avec la mère est coupé. Les sons filtrés permettent de plonger dans un passé assez lointain, dit-il, pour être vierge de toute expérience négative et de réamorcer le désir d'écoute (notons que le mot latin « desirium » signifie : recherche du déjà vécu). En revanche, quand cette communication s’est établie, l’enfant a le désir de la prolonger après la naissance puis celui d’entrer en communication avec le père, ce premier étranger, afin de pouvoir s’ouvrir à la relation avec les autres et donc de s’intégrer socialement. C’est la qualité de cette communication à travers ce cheminement sonique idéal, qui conditionne la manière d'entendre, de parler, de lire. Si des problèmes sont survenus à une étape ou une autre, des troubles apparaissent chez l’enfant à un niveau ou un autre55. L'évolution acoustique la plus favorable à l'épanouissement de la personnalité une fois déterminée, le Pr. Tomatis recrée en laboratoire les différentes étapes qui jalonnent le parcours idéal. L’apprentissage à travers l’écoute de bandes sonores appropriées va durer jusqu'à ce que soit renoué le contact avec la voix maternelle d’avant la naissance. Le Pr. Tomatis explique : « Le diaphragme auditif va s'ouvrir peu à peu au monde sonore, autour d'un axe qui se situe entre 300 Hz et 800 Hz. Retrouvant progressivement la tension tympanique indispensable, le sujet peut alors revivre les perceptions enregistrées au 54 55 Alfred Tomatis, Neuf mois au Paradis, Ergo Press, 1991 Alfred Tomatis, L’oreille et la voix, Ed. Laffont, 1987 143 cours de la vie fœtale ». L’enfant va re-connaître cette voix qui 1’accompagnait, le berçait, le sécurisait et le préparait à la communication. J’ai adapté cette technique au concept Aquamater en fonction de la pédagogie du jeune enfant, confortée par ma formation initiale d’éducatrice de jeunes enfants, et j’ai veillé à ne pas hésiter à apporter une souplesse d’adaptation à chaque cas qui m’était confié. De plus, dans le cadre de la cabine de maternage Aquamater, le test d'écoute préliminaire, suivi des tests de contrôle, détermine les possibilités d'écoute, d’auto écoute et d’écoute de 1'autre, du sujet. La passation est proposée aux parents et aux enfants à partir de 4 ans. Nous avons vu que si le test de la maman fait apparaître une problématique, des séances de rééducation auditive sous casque lui sont prescrites. Dès que le test de contrôle est satisfaisant, nous pouvons procéder à l’enregistrement de la voix maternelle. L’enregistrement consiste en la lecture d’un texte le plus neutre possible. Le Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry est souvent proposé, mais certaines mamans qui chantaient ou racontaient des histoires à leur tout-petit sont heureuses d’enregistrer ce florilège pendant les 30 minutes que dure une séance. En concertation avec le père de l’enfant, nous évaluons si une rééducation auditive du père est souhaitable - dans le cas de problème important lié à celui-ci. Le père est symboliquement associé au verbe, à l’ouverture au monde, à la communication. Il est donc important qu’il soit lui-même délivré d’anciens blocages pour qu’il puisse prendre son enfant par la main afin de le conduire vers la connaissance de « l’autre », et vers la découverte de l’univers. Cependant, quand la voix du père est utilisée, elle n’est jamais filtrée au-delà de 4 000 Hz. 144 Puis nous établissons une programmation sonique personnalisée. Ce traitement audio-psycho-phonologique rééduque l’écoute en réduisant les distorsions des courbes d’écoute. Les sons agissent sur le labyrinthe osseux et sur la membrane basilaire de l’oreille interne. Le plus grand nombre de cellules de Corti se trouve sur la membrane basilaire située derrière le tympan. Les cellules de Corti, stimulées par les sons aigus, assurent une recharge corticale ; cette chaîne synaptique va se révéler être une véritable dynamo du cerveau. En cabine de maternage, l’ensemble des stimulations sensorielles éveillent la curiosité et invitent à « tendre l’oreille ». Lorsque l’enfant est plus âgé, nous l’installons dans la salle de jeux, muni d’un casque d’écoute, et nous lui proposons un jeu pédagogique ou un atelier d’expression manuelle de son choix, activités qui permettent d’assouplir ses résistances inconscientes Pendant la première phase d’écoute, le retour sonique musical, l’oreille du patient va peu à peu s’adapter aux sons de l’écoute aquatique, conditions sonores qui étaient celles du fœtus, grâce au filtrage progressif de l’enregistrement musical ; ensuite nous introduisons la voix maternelle : le filtrage s’échelonne de 125 Hz à 8000 Hz ou12 000 Hz (selon la richesse de son spectre sonore). Cette perception a pour but d’amorcer le désir de relation et de communication avec sa mère. A l’écoute, cette voix filtrée n'est qu'une suite de sifflements entrecoupés de silences, que les enfants interprètent spontanément comme étant, disent-ils, « le bruit des abeilles ». L’accouchement sonique est ensuite programmé, lorsque l’observation des réactions et du comportement de l’enfant en cabine de maternage, dans la salle de jeux, puis dans son foyer, à la fois par la mère, le père, et le thérapeute, 145 laissent supposer que l’enfant est prêt. La voix maternelle va être progressivement dé filtrée de 8 000 Hz ou 12 000 Hz, à 125 Hz, procurant à l’enfant le souvenir de la sensation qu’il a vécue lorsque, après l’accouchement, ses deux conduits auditifs se sont vidés progressivement du liquide amniotique, et qu’ainsi s’est opérée la transition de l’écoute aquatique à l’écoute aérienne. Au fur et à mesure que le dé-filtrage a lieu, le sens des mots, puis des phrases, devient de plus en plus compréhensible. L’accouchement sonique permet de « naître à la communication ». Cette phase s’effectue en seize séances de 30mn chacune. Parfois, un nombre moins important de séances est suffisant : nous nous adaptons au besoin de l’enfant. Les variations de fréquences, au fil de l’accouchement sonique, doivent être très progressives pour soutenir l’enfant dans son effort psychique de renaissance, et pour l’aider à accéder au processus de sublimation des souvenirs douloureux de sa première naissance. Lorsque l'enfant reconnaît la voix de sa mère en exprimant une joie réelle, en fin d’accouchement sonique, nous savons que la thérapie a été bien menée, bien maîtrisée, et que le lien mère enfant est reconstitué pour accéder aux apprentissages tissant l’évolution de toute vie. La phase du pré-langage est nécessaire si l’enfant montre encore un peu d’hésitation pour s’exprimer, ou s’il présente des troubles du langage à 4 ans révolus. Les enfants apprécient beaucoup la programmation sonique non filtrée de cette période qui accompagne leur renaissance. Ils prennent beaucoup de plaisir à écouter les chansons et les comptines d’Anne Sylvestre ou celles d’Henri Dès, en alternance avec des morceaux de musique classique et de courtes histoires ou contes, ceci aidant à faire naître le désir de communiquer avec cet « étranger » qu’est le père et, de là, avec le monde. L'audition de l'enfant va être progressivement conduite vers une écoute 146 du langage dont le contrôle doit être effectué préférentiellement par l'oreille directrice, la droite. La dernière phase est celle de la structuration du langage. Elle permet enfin au sujet de se rencontrer lui-même, de se prendre en charge, de s'accepter et de mettre définitivement en place les bases psycholinguistiques d'une expression verbale adaptée aux nécessités de la relation avec le milieu. Pour équilibrer son comportement et garantir une bonne adaptabilité, une phase active lui est proposée à partir de 5 ans, vécue comme une récompense, car c’est lui qui va agir et s’exprimer au micro en répétant des sons et des phrases. La cabine de maternage n’est pas une « machine à renaître ». Elle est le support et le complément d’une méthode mise au point pas à pas, au fil des ans, et qui demande une formation appropriée du thérapeute. C’est le savoir faire du thérapeute et cette méthode patiemment construite qui animent « la magie » de la cabine de maternage Aquamater. A la fin du traitement, on peut noter l’amélioration très nette, et souvent la disparition, des symptômes initiaux tels que les troubles du sommeil ou de l’appétit. Une attitude teintée d’assurance a remplacé le comportement agressif, les rires ont remplacé les cris et les trépignements, la joie de vivre se lit sur un visage lisse et épanoui. Une telle transformation, visible de tous, prouve bien que la voix maternelle reste la perception la plus fondamentale de la vie fœtale. Le corollaire de ces observations me conduit à poser cette question : « Pourquoi les couveuses ne sontelles pas équipées pour diffuser les doux messages de maman - une maman ainsi valorisée, déculpabilisée, heureuse d’enregistrer pour aider son bébé en lui offrant sa présence vocale ? ». 147 Dans la vasque utérine du concept Aquamater, le traitement APP est vraiment dispensé avec douceur et en prenant des précautions de tous ordres. Cet environnement inhabituel, le milieu liquidien, intrigue l’enfant, éveille sa curiosité, et la complicité de maman ou de l’éducatrice qui l’accompagne le ravit. Son corps libéré en partie de la pesanteur et du port des vêtements, le jeune enfant apprécie davantage cette liberté d’être, plutôt que de devoir se soumettre à l’obligation d’un casque d’écoute. En outre, la mère, participante active à l’accompagnement de cette écoute est, elle aussi, mise en condition par le truchement de ces enregistrements qui ne sont pas sans lui rappeler, inconsciemment, son propre passé utérin et sa propre naissance. Jouer sous écoute avec les objets symboliques, permet à l’enfant de projeter ses tensions et de libérer ses blocages (rappelons que le tuyau de plastique rouge, symbole du cordon ombilical et le poupon, symbole du nouveau-né, sont les jouets sur lesquels il va projeter son ressenti relatif au déroulement de l’accouchement). Le concept Aquamater, lieu d’éveil sensoriel liquidien, participe à l’efficacité du traitement APP. Mère et enfant sont réunis dans une atmosphère qui les incite à se révéler et à abandonner leurs réflexes de défense, pour accueillir de belles énergies. 148 Aquamater et la mémoire de la peau La peau est l’organe le plus important de notre corps, le plus visible, sans doute le plus mystérieux. La peau, est l’organe du toucher, le prolongement de l’oreille comme le dit le Pr. Tomatis. Organe de communication, la peau nous informe des caractéristiques du milieu où nous évoluons, à travers des sensations thermiques, le ressenti de compression, de force d’étreinte et de serrement, dans la douleur ou le plaisir. Paul Valéry a écrit à son sujet : « Rien n’est plus profond que la peau ». La peau créée la première, à l’origine du premier sens, est, en effet, la première mémoire qui a enregistré toutes les informations, depuis le commencement. La peau se nourrit d’air, de lumière, de chaleur, d’eau, et de produits divers qui peuvent lui être appliqués. Miroir de nos émotions, la peau est détendue ou stressée, lisse ou tourmentée, épanouie ou rétractée, douce ou revêche. La peau, ce livre ouvert aux autres, objet de toutes les attentions. Sur un plan physique, toucher, masser, c’est pénétrer dans l’intimité de l’autre, c’est agir sur l’intérieur, sur les blocages musculaires et nerveux, sur les organes et la circulation des liquides internes, sur les points d’acupuncture et les méridiens, sur l’ énergie. La peau, récepteur/émetteur de chaleur, d’énergies, d’émotions, reçoit la plus vitale des nourritures : l’amour. Elle est le lieu où les émotions se touchent du doigt car elle s’y inscrivent très précisément. Les cellules vibrent et communiquent leurs messages. Si une émotion, un choc physique ou psychique, un environnement pollué, une hygiène de vie inappropriée 149 (toxique pour l’organisme et le mental) viennent perturber cette savante harmonie et empêcher une saine communication, un état de malaise s’installe. Si cet état perdure et si les situations stressantes se cumulent, la maladie peut s’installer, passagère puis chronique, et enfin dégénérative. La cellule ne vibre plus en harmonie, les messages ne sont plus sains. Les ressentis en face de ces situations stressantes, selon les principes de la médecine chinoise, touchent certains organes et fonctions correspondant au caractère du stress. Par le toucher, la vibration cellulaire est à nouveau rétablie, et ce rétablissement va atteindre progressivement les autres cellules et tout le corps. En quelque sorte, les émotions, les toxines, et les énergies bloquées, peuvent de nouveau circuler et être évacuées. Différentes techniques de massage existent, mais toutes visent à rétablir le bon fonctionnement des cellules, des organes et des systèmes entre eux, en permettant une meilleure circulation des énergies, des fluides et des informations. Grâce au magnétisme des mains, aux manœuvres de mobilisation des muscles et de la peau, aux pressions sur les points énergétiques, le massage induit chez le sujet le relâchement du corps et du mental. Cet état est propice aux messages positifs donnés par les couleurs, les odeurs, les sons ou les mots. Dans ce contexte, le toucher est magique. Il ouvre la porte sur le monde de la sublimation, il libère le corps en lui offrant un espace de relaxation complété par un état passager d’apesanteur, une douce régression dans le giron maternel. Le toucher et le massage sont indispensables à l’image de son propre corps. Ils aident à prendre conscience de ses formes, de sa consistance, de son volume, de son existence. Ils aident sans doute à s’incarner un peu plus. 150 Chez le fœtus la peau qui est en contact constant avec la mère, connaît lors de la naissance le vide, l’air, le « rien ». Nous avons vu l’importance, lors de l’accueil de la naissance, du mode de prise en charge du corps du toutpetit sans défense et du soin tout particulier que nous devons apporter à son enveloppe si fragile. Il est en effet vital pour le bébé d’être tenu, touché, caressé, massé, car s’il est nourri d’aliments, il doit aussi l’être de la chaleur, de l’odeur de sa mère, de l’amour de ses mains, et s’il ne l’est pas, il peut se laisser mourir. Il en est de même pour les mammifères qui lèchent leurs petits à peine nés ; ceux-ci, privés de ce massage, peuvent périr. L’alimentation fournit de l’énergie au corps, le toucher est l’énergie salvatrice de notre moi profond. En cabine de maternage, la peau de l’enfant est nourrie de chaleur, d’eau, de couleurs, d’odeurs, de sons aériens et de sons vibratoires portés par le milieu liquidien de la vasque utérine. Elle est alimentée d’amour à travers les mains de la mère, par le biais du jeu, du soutien, des câlins et des massages. Le massage permet de nouer ou de renouer le contact mère enfant, et d’établir un mode relationnel subtil en créant un courant puissant entre eux, l’un et l’autre y trouvant du plaisir et s’ouvrant alors à l’autre. Il est, pour la mère et l’enfant, une prodigieuse façon de s’accueillir réciproquement et de se souhaiter la bienvenue. Par le toucher, la maman communique avec l’enfant et fait passer des messages et des émotions selon l’intensité de la pression et le degré de chaleur et de douceur de sa main. Elle entre dans l’intimité de son enfant, dans son corps énergétique, dans son monde émotionnel. Ses mains transmettent son magnétisme, ses mains détendent, apaisent, rassurent. Toucher, est aussi complexe que cela, et bien plus encore, car c’est la conscience ajoutée au geste, qui fait la 151 différence. Cette conscience, c’est le don d’amour. C’est cette conscience que la mère va transmettre le long de ses doigts jusqu’au petit corps assoiffé d’amour, conscience qui va créer les voies de communication qui n’ont pas pu se dessiner in utero, ou libérer les voies de handicaps qui gênaient la transmission des sentiments. Le thérapeute va initier la maman au toucher, puis au massage de son bébé, suivant la technique décrite si joliment dans son livre par le Dr Frédérick Leboyer, Shantala56, dans lequel il rapporte une méthode de massage traditionnelle indienne. Le massage des bébés est, en effet, un art très ancien. La technique une fois acquise, la maman peut laisser place à l’intuition. Les mains sont l’instrument de passage de l’énergie maternelle sublimée par la force du don d’amour. La mère choisit une position confortable pour son enfant et elle-même : elle a le choix entre l’adoption de la position traditionnelle au sol, et la position debout en installant son bébé sur la table à langer, ou si l’enfant est plus grand, sur une table de massage. Nous préconisons la position assise sur un sol confortable, le bébé installé sur les jambes allongées, cette position permettant une symbiose corporelle au niveau du toucher, et visuelle dans la proximité. Le massage est très doux. Au début, il est une caresse, puis devient plus complexe, plus soutenu. L’important est d’accompagner la maman dans l’observation du type d’activité et de réactivité de son enfant. Celui-ci peut être actif ou apathique, tolérant ou irritable, pouvant disposer d’un seuil de réactivité très variable. C’est ce seuil de réactivité qui guidera les fréquences et la durée du massage. 56 Dr Frédérick Leboyer, Shantala, Ed. du seuil 152 Avant un mois, la face et le ventre ne sont pas touchés. Le massage a lieu dans une pièce chauffée, en prenant bien soin que l’heure choisie soit éloignée des tétées et des repas. Le choix de l’huile naturelle est déterminé en fonction de la personnalité de l’enfant, de son état de santé ou de la pathologie qu’il présente. Cinq minutes avant le massage, nous conseillons de faire tiédir l’huile au bainmarie. Les cures Aquamater terminées, de nombreuses mamans d’enfants de moins de 2 ans continuent ce rituel dans leur foyer. Certaines m’ont confié qu’elles n’avaient pas vécu la complicité de l’allaitement, et que, grâce au massage Shantala, elles avaient enfin pu connaître ce merveilleux sentiment de symbiose corps à corps ! 153 Aquamater et la couleur des émotions La couleur est une sensation produite par la lumière ou sa réflexion sur un objet. Elle n’est pas liée à l’objet même. C’est le cerveau qui interprète une sensation de l’œil, sous forme de couleur. S’il n’y a pas de lumière, il n’y a pas de couleur : la couleur est une vibration ayant une vitesse et une longueur d’ondes propres. Nos yeux les absorbent et les transmettent au cerveau qui les interprète. La couleur d’un objet est en fait la longueur d’onde que cet objet n’absorbe pas, et réfléchit. Un objet rouge, par exemple, absorbe toutes les vibrations qu’il reçoit, sauf le rouge. Le blanc est rendu par un objet qui absorbe toutes les couleurs. Le noir, par un objet qui n’en absorbe aucune. Personne ne sait de manière scientifique comment cela fonctionne exactement. Les ondes agiraient au niveau des cellules, selon les scientifiques, qui espèrent que la physique quantique donne un jour une réponse. La couleur est un outil de communication, un moyen d’expression que nous utilisons de façon consciente ou inconsciente, en permanence. C’est aussi un symbole qui se retrouve dans tous les domaines, de la naissance à la mort, sur tous les drapeaux, dans toutes les religions. La couleur est aussi un outil thérapeutique. Elle exerce une influence sur le physique, le psychisme et les émotions. Elle permet de rééquilibrer les énergies de l’être. En thérapie, la lumière colorée est le meilleur moyen d’utiliser les bienfaits de la couleur, la technologie d’aujourd’hui permettant une utilisation pointue des émissions colorées. La lumière du jour, elle-même, est un outil thérapeutique reconnu : le manque de lumière induit un état dépressif, et pour y remédier, les sujets sensibles sont soignés en séances d'exposition à la lumière blanche, celle qui se rapproche le plus de la lumière naturelle du 154 jour. On reconnaît aussi l’influence de la couleur des murs des chambres des hôpitaux sur les malades. Avant leur commercialisation, la couleur des médicaments est étudiée en fonction des effets que l’on souhaite obtenir, et il en est de même pour tout produit, à tel point que la chimie abuse des colorants alimentaires pour rendre plus appétissant un jambon, ou plus attrayant un bonbon. Les emballages, aussi, tiennent compte du symbolisme des couleurs pour nous donner envie d’acheter. En ce qui concerne les vêtements, nous savons que certaines couleurs nous flattent et d’autres nous font paraître plus âgé, ou moins en forme. Le relooking enseigne à chacun comment déterminer la bonne palette de couleurs en accord avec la couleur de ses cheveux, de sa peau, et de ses yeux. Mais intuitivement nous nous sentons bien avec certains tons, et mal avec d’autres. En effet, ces couleurs étant des vibrations, elles viennent se marier harmonieusement avec les nôtres, ou alors, à l’inverse, elles contrarient cette harmonie. Les couleurs que nous portons influencent notre entourage et nous sommes à notre tour influencés par les personnes que nous croisons. En fait, tout support est un moyen de transmettre cette information : vêtements, décoration, objets, liquides… et lumière. Les civilisations les plus brillantes ont largement utilisé la colorthérapie, dite encore chromothérapie, méthode d’harmonisation et d’aide à la guérison par les couleurs. La colorthérapie57 est fondée sur la vision de l’homme sous son aspect énergétique. Les vibrations des couleurs sont des informations qui sont utilisées par le corps énergétique. Des maladies sérieuses ont été traitées, par exemple par le Dr Dinshah Gadhiali, savant indien, père de la chromothérapie contemporaine aux USA en 1933, qui 57 Maurice Chavelli, B.a-ba Colorthérapie, Ed. Pardes, 2003 155 relate ses soins dans une publication détaillée The spectrochromometry encyclopedia. Les couleurs permettent une transformation des énergies qui produisent des changements positifs sur les plans psychiques et physiologiques, et rendent la guérison possible. Schématiquement, le rouge stimule la circulation du sang, et est perçu comme énergisant ; il a des pouvoirs antiseptiques et cicatrisants et soigne anémie et lymphatisme. L’orange stimule la digestion. Anti-fatigue, il tonifie et donne le moral. Le jaune donne de l’énergie, est en relation avec le système digestif et combat mélancolie et fatigue mentale ; c’est la couleur de l’empathie et elle facilite une bonne communication. Le vert repose et fortifie la vue, diminue la tension sanguine, calme la nervosité, et met en confiance. L’indigo a un pouvoir anesthésique, stimule l’intuition et ouvre l’accès à des niveaux de conscience supérieurs. Le bleu détend, est antiseptique, fébrifuge ; couleur de la paix, il ouvre l’esprit. Le violet agit sur l’épilepsie, les crampes, l’insomnie, et diminue l’angoisse, la peur, la violence. Le blanc a des pouvoirs bactéricides et tonifiants, et augmente la productivité au travail. Dans le même esprit que le Pr. Tomatis, le Dr G. Quertant,58 qui est d’ailleurs l’un des précurseurs de la musicothérapie, est le concepteur de la culture psychosensorielle (CPS) ou neuro-pédagogie, méthode basée cette fois sur la sensorialité visuelle. Georges Quertant a mis en évidence le lien qu’il existe entre les troubles de la vision et les troubles psychiques et neurovégétatifs (liés à la qualité de fonctionnement du système nerveux central). Il s’agit de « rééduquer » les centres de la vue, ce qui permettra d’agir sur les troubles correspondants. Pour cela, des test permettant de détecter 58 www.quertant.org 156 les erreurs de débit nerveux déterminent les exercices visuels que le sujet doit exécuter, à l’aide d’appareils spéciaux. Ces mouvements oculaires, répétés, véritable micro gymnastique des yeux, rétablissent un débit d’énergie nerveuse adapté. Une fois la vision rééquilibrée, le débit d’énergie nerveuse revient à la normale et les troubles liés au système nerveux central disparaissent. Les couleurs donnent le ton à notre moral. Leurs vibrations nous plongent littéralement dans la bonne ou la mauvaise humeur. Ainsi, une couleur qui nous sied peut nous mettre mal à l’aise ou nous plonger dans un état émotionnel identique à celui que nous avons connu et associé à cette couleur, par le passé. Une couleur ou un ensemble de couleurs peuvent nous plaire parce qu’elles font remonter le souvenir d’une belle émotion : elles réactivent le souvenir et l’émotion du moment. C’est ainsi qu’un beau coucher de soleil ou l’harmonie des teintes d’une toile peuvent nous transporter dans un état de paix indicible. Dès la sixième semaine, le fœtus démontre une sensibilité à la lumière. Il réagit aux faisceaux de lumière projetés sur le ventre de sa mère, il perçoit les couleurs. A sa naissance, le nouveau-né voit peu de loin, mais distingue bien les contrastes de près, et il est particulièrement sensible aux peluches de couleur blanche et noire. Le contraste de ces deux couleurs donne une impression de relief qui attire son attention. Rappelons que les premières observations visuelles du fœtus sont celles de l'arborescence placentaire, images perçues en relief elles aussi. Ainsi que nous l’avons précédemment décrit, au sein de la cabine de maternage Aquamater, un dispositif diffuse un panel de couleurs d’ambiance très étudié en fonction de la 157 base du traitement, et en adéquation avec les perceptions visuelles fœtales. Le bleu, harmonie d’accueil et de détente, va se teinter progressivement de violine pour accéder à la nuit utérine en toute quiétude. L’heure de l’éveil sonnant, le violine va se fondre dans un bel orangé qui va se veiner de rouge pour stimuler l’action nécessaire à la renaissance. Ne sommes nous pas en train de donner le jour ? Le rouge va s’estomper, le jaune, symbole de l’empathie entoure d’un doux halo l’instant de la rencontre avec le père. Ce papa qui figurera sur tous les dessins de son petit, symbolisé par un beau soleil jaune d’or. 158 Aquamater et la mémoire olfactive La respiration est étroitement liée aux émotions. Nous savons tous qu’une grande peur fait battre le cœur plus vite et active la respiration, alors qu’un état de détente s’accompagne d’une respiration douce et lente. Nous avons vu qu’à la naissance notre mode respiratoire se détermine en fonction des traumatismes éventuels liés à la pression sur la cage thoracique, à l’asphyxie, au cordon enserrant le cou ou le corps, ou à d’autres manœuvres angoissantes. Ces traumatismes s’inscrivent au niveau du corps, à travers la structure de la respiration, en mettant en place les tensions physiques, et par là mentales, de l’individu. A l’endormissement la respiration se calme, au réveil, elle devient plus rapide : en fait, elle varie suivant nos besoins en oxygène. Notre façon de respirer donne de l’énergie à notre organisme ou le dévitalise, selon les conditions d’oxygénation du sang. La respiration se développe en deux phases que sont inspiration et expiration, deux phases dont les rythmes sont inconscients. Ce mouvement brasse la masse abdominale et régule les fonctions de digestion, d’assimilation, d’élimination, ainsi que nos émotions. Les mouvements des poumons sont aussi liés à ceux des côtes, du plexus, de la colonne vertébrale : une respiration équilibrée et complète va dans le sens de l’équilibre. Une respiration incomplète ou bloquée à un niveau ou à un autre, installe déséquilibre et tension. Le stress et les émotions, à leur tour, entravent la respiration. Comme le démontre Jacques Dropsy, dans son livre Le corps bien 159 accordé59 : « La peur du père ou la peur plus générale d’être frappé, par exemple, peut amener un enfant à retenir son souffle, dans le désir instinctif de passer inaperçu. Devenu adulte, cet enfant conservera la crainte des autres, plus particulièrement des autorités, et il aura l’habitude de retenir son souffle à tout propos. Au niveau psychologique, il étouffera dans sa vie. C’est ainsi que l’individu est conditionné toute sa vie par ses blocages corporels. D’autre part la respiration est aussi entravée par les émotions qui vont induire des tensions qui bloqueront le mouvement respiratoire, et ceci chaque fois davantage, au fur et à mesure que les émotions viendront se rejouer ». Partant de ce constat, il est aisé de comprendre, qu’en jouant sur la respiration, seule fonction inconsciente de notre corps que nous pouvons rendre consciente, nous avons la possibilité de prendre le contrôle de notre système neurovégétatif et avons accès à des changements physiologiques et psychologiques. C’est ainsi que par la respiration consciente, l’individu peut agir sur ses tensions originelles ou sur ses émotions présentes. La respiration est une porte d’entrée sur le monde intérieur et inconscient, sur le monde des énergies et de l’esprit. Il est possible de recréer l’état émotionnel souhaité en respirant sur le rythme lui correspondant. L’inspiration est plus longue que l’expiration en état d’éveil tandis qu’en état de sommeil, c’est le contraire. Nous pouvons à volonté calmer ou réveiller l’organisme, en adoptant un ou l’autre de ces rythmes. De même que la respiration ventrale calme, la respiration haute, au niveau de la poitrine, réveille. De ce fait, et en étudiant les divers rythmes de respiration en fonction de l’état émotionnel qui les conditionne, Francis Lefébure a mis au point une 59 Jacques Dropsy, Le corps bien accordé : un exercice invisible, Ed. Desclée de Brouwer, 1992 160 méthode exposée dans son livre La respiration rythmée60, nous offrant là un moyen d’intervenir sur notre énergie et de contrôler nos émotions. En cabine de maternage, une respiration lente et superficielle est induite automatiquement par l’état de lâcher prise qui s’installe. Les odeurs diffusées par les huiles essentielles ont une action thérapeutique reconnue. Les substances florales volatiles sont transportées par voie respiratoire jusqu’au sang. Ainsi, certaines huiles essentielles sont calmantes ou excitantes et d’autres agissent comme désinfectantes de l’air et des voies respiratoires. La lavande, par exemple, calme, alors que la menthe excite. L’essence de fleur d’oranger, grâce à ses propriétés lénifiantes, contribue à l’obtention de l’état de relaxation et d’apaisement nécessaire à la bonne évolution du traitement. De plus, la fleur d’oranger est odorante et savoureuse - l’enfant va en effet goûter l’eau du bain. L’odeur est un sens très développé chez l’animal. Chez l’homme, il est toujours présent, mais notre civilisation cache les odeurs naturelles et nous asphyxie d’odeurs industrielles. Déodorants, désodorisants, parfums dans tous le produits de beauté jusque dans les lessives, parfums malheureusement synthétiques la plupart du temps et, de ce fait, dangereux pour la santé. Sur un plan intime, les odeurs naturelles sont bien vivaces : la mère peut reconnaître son bébé à son odeur, et 60 Françis Lefébure, La respiration rythmée et la concentration mentale : en éducation physique,en thérapeutique et en psychiatrie, Ed. Courrier du Livre (3ème édition) 161 le bébé connaît bien celle de sa mère. L’odeur est un peu comme une empreinte : il n’y en a pas deux qui soient exactement les mêmes. L’odeur fait d’ailleurs partie de l’attraction sexuelle et est une composante du désir. L’odeur d’une personne, inconsciemment, nous incommode ou nous attire : ne dit-on pas de quelqu’un qu’ on « le sent bien », qu’ on « ne peut pas le sentir », ou qu’on l’a « dans le nez ». Il est aussi courant de ne plus supporter l’odeur de celui qu’on a cessé d’aimer, alors qu’on avait plaisir à respirer l’odeur de sa peau ou celle laissée sur une écharpe, du temps du grand amour. L’odeur est enfin un vecteur de l’émotion. Comme Proust faisant référence aux effluves des madeleines, nous avons des odeurs en mémoire, et la mémoire olfactive est sans doute la plus précise, la plus puissante qui existe : elle ne nous trompe pas. Une odeur peut ainsi faire remonter en mémoire des souvenirs bons ou mauvais : elle fait remonter l’émotion avec le souvenir ; ou alors l’émotion seulement, agréable ou non, même si nous ne savons plus à quelle réalité passée elle se rattache. La fleur d’oranger, utilisée dans l’eau de la vasque utérine, est douce comme un gâteau : elle ne recouvre pas l’odeur de la mère, elle la rappelle. L’odeur et le goût feront remonter par la suite des émotions agréables liées à la douceur de la mère. L’odeur de la mère est mise ou remise en mémoire, liée à la détente, à la tiédeur de l’eau, à la douceur de la fleur d’oranger, à la chaleur bienfaisante, à la tendresse de sa peau, aux couleurs, à la sensation d’amour. Les sens sont des supports, des codes d’enregistrement qui permettent de retrouver des données classées dans le grand disque dur de l’inconscient. 162 PARTIE 5 LA CURE AQUAMATER ÉTUDE DE CAS Au vu de toutes nos connaissances relatives à la vie utérine et la naissance, en terme de facteurs déterminants pour l’avenir de l’individu, la cabine de maternage Aquamater est aujourd’hui le seul concept d’accueil thérapeutique que l’on puisse proposer aux enfants nés prématurément, pour combler la frustration et les manques relatifs à la privation de semaines ou de mois de plénitude en milieu utérin. D’après les écrits du Dr Stéphane Auvin, (Linnet KM et coll. Arch. Dis Child, 2006, 91 ; 655-660), article paru dans le N°118 de AIM 2006, il est bien établi qu’une naissance prématurée avant 28 semaines est un facteur de risque, celui de présenter des troubles d’hyper activité : « Les enfants nés entre 34 et 36 semaines ont une augmentation de risque de 70 %. Pour les enfants nés avant la 34ème semaine ce risque est encore plus important. Les enfants nés à terme, mais dont le poids de naissance était seulement de 1 500 à 2 499g, présentent un accroissement du risque de trouble hyperactif de 90 %. Il 163 semble que ces résultats ne dépendent pas du niveau socio-économique, ni des antécédents psychiatriques, ni des co-morbidités ou du tabagisme maternel pendant la grossesse. Cette étude de cas témoins a inclus 834 patients et 20 100 contrôles. En pratique, cette augmentation de risque devra être recherchée lors du suivi de ces enfants ». Cet article démontre, que la médecine officielle, face à un nombre croissant d'enfants hyperactifs, pense dorénavant à accorder une priorité à la psychopédagogie et à la diététique, le plus précocement possible. Le concept Aquamater s’avère être le moyen le plus adapté pour la prise en charge des enfants en bas âge présentant cette pathologie, mais aussi pour apporter une résolution aux séquelles de toutes les problématiques qui peuvent advenir lors d’une grossesse et/ou lors d’un accouchement. Histoires de… A présent, je vous invite à partager l’histoire et la mémoire d’eau de certains de mes jeunes patients. Ce fut un choix difficile car tous les enfants que j’ai accueillis dans ma « maternité de renaissance » ont chacun une place dans mon cœur, et chacun a une histoire enrichissante à vous livrer, une histoire très représentative de l’efficacité du concept Aquamater. Dans quelques années, nous aurons peut être le plaisir de lire Ludovic. J’ai gardé toute discrétion au sujet de Ludovic, 5 ans, un garçonnet d’une grande intelligence et d’une maturité époustouflante, qui m’a dit, le jour de son départ : « Madame Vermeulen, quand je serai grand, j’écrirai un livre et je parlerai de vous ! ». Ludovic, j’ai comme une certitude que tu le feras : je te lirai avec une joie indicible. 164 Les jumelles Karine et Sandra, 3 ans, 1 mois, 18 jours Avant leur conception, le premier enfant des parents des jumelles Karine et Sandra, un garçon, décède à 3 mois d’un arrêt respiratoire et cardiaque dit syndrome de la mort subite du nourrisson. Au 3ème mois de grossesse, l’un des trois frères de la maman se suicide. Karine et Sandra naissent 4 semaines avant terme, après un accouchement long, les contractions ayant commencé 3 jours plus tôt. L’expulsion des jumelles dizygotes se passe bien, sans intervention ni médication. Karine pèse 2 k 200 et Sandra 1 k 900. Le papa, médecin, nous explique que le placenta de Karine était plus petit que celui de sa sœur et que les placentas étaient mêlés. Un confrère pédiatre consulté 8 mois plus tard, lui avait révélé qu’il s’agissait d’un infarctus du placenta et avait décelé une lésion cérébrale chez Karine. Les enfants sont placées en couveuse. Dès le lendemain, Karine fait une crise de convulsion : le retentissement possible du bruit du moteur des couveuses sur le système nerveux des prématurés était alors ignoré. De plus, elle reçoit pendant 3 jours des injections de cortisone pour favoriser son développement pulmonaire, et pendant 8 jours elle est soignée aux barbituriques pour ses convulsions. Les deux enfants sont allaitées une fois par jour. Puis elles sont placées 4 semaines en chambre chauffée. Elles sortent de l’hôpital à 5 semaines, le pédiatre rassure les parents et leur dit qu’elles sont en excellente santé. « Pendant les 5 premiers mois, Karine a beaucoup crié, ses réflexes primaires ne disparaissaient pas, elle demeurait spastique mais mon regard de père a empêché le médecin 165 de déceler vraiment ce qu’il pouvait y avoir d’anormal dans l’évolution de Karine, malgré l’exemple tout proche de sa sœur Sandra qui ne souffrait d’aucun retard » dit le papa. Il rajoute : « Lors du premier anniversaire de nos filles, nous avons consulté un pédiatre de grand renom qui ne nous laisse que peu d’espoir au sujet de Karine : les quatre membres sont paralysés, elle n’y voit presque pas, elle ne parle pas… ». Le papa raconte : « A 20 mois, Karine ne savait pas marcher à quatre pattes, nous lui avons appris les mouvements en chantant, en marquant les rythmes, tout en éloignant d’elle une guitare dont elle appréciait manifestement le son et en l’attirant de nouveau vers l’instrument… Après des exercices ainsi répétés patiemment pendant des heures, au bout d’1 mois, tout d’un coup, elle fait ses premiers essais de marche à quatre pattes ». Stimulés par ce premier succès, les parents se documentent et lisent deux ouvrages : Les guérir est un devoir de Glenn Doman, et La vie secrète de l’enfant avant sa naissance du psychanalyste Thomas Verny. Ils s’engagent à respecter le programme préconisé par Glenn Doman pendant 1 mois : Karine fait des progrès en rampant seule, en manifestant de l’intérêt pour de grandes illustrations aux teintes vives et aux traits simples et en répétant les mots prononcés par sa sœur qui joue à ses côtés. Encouragés par ces progrès, ils sont déterminés à continuer à tout mettre en œuvre pour parvenir à rayer le pronostic pessimiste du handicap de la fillette. Dans son livre, Thomas Verny relate sa visite dans le centre APP de Cagnes sur Mer, et la guérison de Claude, mon jeune patient de 16 mois, qui présentait un blocage de la tête, suite à une amniocentèse - dont le cas sera abordé ci-après. Les parents de Karine prennent rapidement la décision de tenter l’expérience. 166 Le jour où nous commençons la thérapie, Karine et Sandra ont 3 ans 1 mois et 18 jours. Les deux sœurs effectuent dix séances de 30 minutes de retour sonique progressif. A partir de la 11ème séance, Karine est assez agitée. Gênée, Sandra demande à aller écouter les sons avec un casque, en compagnie de son papa, dans la salle de jeux, ravie de partager ce moment de complicité ludique avec lui, car pour une fois, il lui consacre tout son temps et toute son attention. Pendant la diffusion de la musique de Mozart filtrée, Karine chante, joue et parle très fort avec sa maman. Puis dès que la voix maternelle est diffusée à 8 000 Hz, Karine devient très calme et écoute avec curiosité ces nouveaux sons. A la 16ème séance, Karine pénètre dans la cabine tout en disant : « La cabine est pour moi toute seule ! ». Elle entre dans la vasque utérine, touche les parois ovoïdes de la cabine, les embrasse, puis, debout, s’embrasse elle-même sur tout le corps. Sa maman est déjà allongée dans le bain, la fillette s’allonge à ses côtés. Elle habite entièrement « l’utérus maternel » car se sachant acceptée à part entière, elle s’accepte et commence à s’aimer. Le lendemain, Karine veut écouter la voix maternelle sur la table à langer, installée en position fœtale, caressée par sa maman pendant toute la première demi-heure. Ensuite, elle décide de rejoindre le milieu aquatique. A l’issue de 2 semaines de traitement, les progrès psychomoteurs de Karine sont indéniables. Nous constatons une verticalisation de la colonne vertébrale, une meilleure position de ses pieds, bien à plat, en contact avec le sol, la démarche plus assurée, et une amélioration au niveau de la maîtrise de ses mouvements. En parallèle, Sandra apprécie les moments privilégiés qu’elle vit en toute complicité avec son père. Les jumelles 167 étaient en concurrence dans le ventre de leur mère et il semble que Karine ait eu du mal à défendre sa place. A la fin de l’accouchement sonique, Karine demande à rejoindre sa sœur dans la salle de jeux. Son papa l’accueille dans ses bras ; elle lui sourit et dit : « Maintenant, je peux marcher ! ». Plus tard, quand son papa veut l’aider à peindre, elle le rabroue en lui disant : « Laisse-moi, je veux faire toute seule ! ». Dubitatif, son papa traduit : « Laisse-moi entrer dans la vie ». Depuis elle manifeste une évidente volonté d’indépendance. Un an plus tard, des nouvelles nous parviennent : « Karine se tient mieux debout, est moins spastique, désire tout le temps marcher en se tenant souvent à des objets. Elle fait du tricycle, ce qui est très difficile pour elle, mais ce qu’elle parvient à faire lui donne confiance en elle. Sandra va à l’école et est très indépendante : un système de vie a été mis en place pour un partage d’attention équitable entre les deux sœurs… faute de quoi, en essayant de lutter contre le handicap de l’une, nous risquions de créer le handicap de l’autre. Finalement, c’est l’attitude de l’amour sans condition qui est le plus important ; pour nous les parents, tous les jours sont des défis nouveaux, et il y a tant de choses à apprendre ». Claude, 16 mois A la fin du 9ème mois de grossesse de la maman de Claude, le gynécologue accoucheur décide de pratiquer une amnioscopie. Le col étant fermé, cet examen est impossible à effectuer et le praticien opte pour une amniocentèse ; malheureusement, pendant l’intervention, 168 Claude est piqué derrière l’oreille gauche, sous le sphénoïde. Une césarienne est immédiatement réalisée. A la naissance, Claude a le bras gauche inerte et la tête toujours penchée sur le côté droit, suivant le mouvement réflexe d’évitement que l’enfant a effectué pour se protéger de l’aiguille. La cause évoquée par les parents pour solliciter un rendezvous, est que Claude se réveille toutes les nuits vers 1 h 30 - 4 h du matin, depuis 20 jours. La maman est épuisée : « Claude réclame maintes fois à téter alors qu’il prend une nourriture solide trois à quatre fois par jour - il devient boulimique ». Une première cure de 2 semaines est effectuée, soit 15 heures de traitement. Le lendemain matin suivant de la première séance en cabine, les jeunes parents arrivent tout souriants car pour la première fois depuis 6 mois, Claude a pu déféquer sans l’aide de solution rectale. A partir de la 8ème séance, Claude s’intéresse aux reflets du miroir placé au dessus de la table à langer et il fait des mimiques qui le font beaucoup rire. Dans le bain, il est de plus en plus actif, il joue avec les ruissellements de l’eau de sa main droite, puis de sa main gauche, en s’aidant de la main droite pour soutenir son poignet gauche. Le matin de la 9ème séance, la maman est radieuse : « Claude a effectué sa première nuit de sommeil complet, réparateur pour toute la famille ! » (à partir de la 4ème séance, les réveils étaient de moins en moins fréquents). Pendant les 6 jours qui complètent cette première cure, les progrès se maintiennent et Claude accepte peu à peu que sa maman approche une main dans la direction de son cou, en faisant ruisseler tout doucement des gouttelettes d’eau sur ses épaules et ses bras. Nous préférons dans ce cas privilégier le contact léger et éphémère de l’eau sur la 169 région du traumatisme, et envisager éventuellement le massage indien Shantala lors de la seconde cure. La 2ème cure est entreprise après un arrêt de 3 semaines (période d’effet retard), pour une durée de 2 semaines ½, soit 15 heures de traitement. Pendant la période d’arrêt, Claude fait ses nuits complètes. Sa maman nous dit avec émotion : « Avant, Claude manifestait une nette préférence pour son papa. Même l’allaitement ne le rapprochait pas vraiment de moi, comme s’il me reprochait d’être responsable du traumatisme qu’il a subi. A présent, il vient volontiers se faire câliner et il est beaucoup plus joyeux et dynamique. » Trois jours plus tard, les parents nous disent : « Nous n’osions pas croire que Claude continuerait à tenir sa tête droite comme nous l’avons observé à la fin de la première semaine de repos, mais à présent, nous en sommes sûrs, il ne penche plus du tout sa tête à droite. » Le 5ème jour, la maman m’annonce : « Depuis 2 jours, Claude ne demande plus à téter en cabine et à la maison il ne tête plus que deux fois. L’une avant la sieste et une au coucher ». A présent, la stimulation du bras gauche devient une priorité. Claude accepte avec plaisir le massage Shantala, sur toutes les parties de son corps. En sortant de la cabine de maternage, Claude se dirige vers la salle de jeux et saisit tour à tour les petits meubles de la maison de poupées, vivement intéressé ; il se sert de sa main gauche et tend son bras pour les disposer selon sa volonté. Médicalement, aucun facteur de paralysie n’a été diagnostiqué, et vu l’évolution psychologique et motrice de Claude, notre pronostic pour l’avenir est optimiste. Nous conseillons, dès lors, de prendre contact avec un ostéopathe. 170 Pour le massage Shantala, nous avons utilisé l’huile énergétique thérapeutique de bouleau pour sa douceur : elle aide à apaiser les douleurs physiques ou morales et développe l’estime de soi ; l’huile énergétique thérapeutique de sapin pour sa fluidité, utilisée pour aider à laisser circuler ce qui est bloqué et développer le lâcher prise ; et l’huile énergétique thérapeutique de pin, énergétique et vitalisante, qui aide à dépasser la problématique. Ces huiles énergétiques thérapeutiques, étudiées pour le massage, ne doivent pas être confondues avec les « huiles essentielles ».61 Suzy, 4 ans ½ Suzy naît par césarienne. Elle présente un retard psychomoteur important. Elle tient sa tête à 5 mois, se tient assise à 9 mois et marche à 18 mois. Quand elle vient consulter, elle ne sait pas s’asseoir seule depuis la station debout mais s’assoit de la position couchée, comme elle le fait depuis qu’elle a 18 mois. Suzy est gardée par sa mère jusqu’à 3 mois et 2 semaines, puis par une gardienne jusqu’à 18 mois. La gardienne est rejetée par l’enfant, et le comportement de Suzy change : elle devient inhibée, présente une attitude d’inertie, de solitude, et un manque d’intérêt pour le monde extérieur. Depuis les travaux de R. Spitz, nous savons qu’en cas de privation partielle des affects, un retard moteur avec rigidité de l’expression faciale apparaît à partir du 3ème mois ; dans les cas de privation totale, les troubles moteurs sont considérables et les enfants complètement passifs. Patrice Bouchardon, L’énergie des arbres, Le courrier du Livre, Ed. Trédaniel 61 171 A l’âge de 2 ans ½, le pédiatre diagnostique une dépression anaclitique. Suzy présente cette passivité et nous retrouvons aussi en elle l’hypertension musculaire décrite par Ribble dans ses études sur les états de tension anxieuse du nourrisson. Ces états tensoriels se retrouvent chez les enfants dont la mère s’est épuisée au cours des derniers mois de grossesse (ce qui a été le cas de la maman de Suzy qui nous confie que, portée par la joie de cette grossesse, elle en oubliait la fatigue). L’hypertonie musculaire est secondaire à une tension interne dont les bases sont physiologiques et seraient en rapport avec l’asphyxie et la faim. Selon la description que donne Ribble, il est démontré que la sédation de l’hyper tonus peut être amenée et obtenue par une série de manœuvres ; à l’heure actuelle, ces mouvements et manœuvres, tels que bains tièdes, caresses de la face et de la tête, diminution de la lumière et balancement rythmique, sont exécutés en cabine de maternage. Comme l’indique A. Hadjy-Dim, il est évident que ces manœuvres n’ont aucun rapport avec la nutrition et la respiration mais les deux dernières manœuvres notamment ne peuvent agir qu’en modifiant le tonus postural par l’intermédiaire du labyrinthe et de la sensibilité proprioceptive. Nous avons aussi constaté que Suzy est hyperthyroïdienne. J.I. Baswell trouve chez ses jeunes patients atteints de ce dysfonctionnement, des signes frappants de privation maternelle avec manque de stimulation affective et physique. Ces enfants étaient dans l’ensemble placides jusqu’à l’apparition de leur maladie, époque à laquelle ils devenaient irritables, coléreux et exigeants, ce qui s’est effectivement passé lorsque Suzy a eu 3 ans ½ Les résultats de la cure sont très positifs sur le plan psychomoteur. La marche est plus assurée, Suzy s’élance seule sur un chemin caillouteux. Elle est capable de plier 172 les genoux pour effectuer sur un saut, alors que ses jambes étaient toujours rigides et en hypertonie. Nous observons un gain d’autonomie, elle est moins dépendante de sa mère. Nous pouvons noter des progrès en psychomotricité fine (comme l’enfilage de grosses perles). Cette maîtrise du geste fait, qu’à présent, Suzy tend un objet face à la main de la personne qui demande à saisir cet objet, alors qu’auparavant elle le jetait n’importe où. Autre avancée marquante, Suzy ouvre sa main droite et s’en sert, alors qu’avant son arrivée, elle maintenait son poing fermé et était uniquement gauchère. Suzy s’exprime maintenant en émettant de nouveaux sons, jeux vocaux qui lui procurent un sentiment de gaieté qui la comble d’un bonheur difficilement contenu dans le temps. Elle est plus attentive, plus observatrice, et atteint le stade du concept existentiel de soi. Elle développe une conscience de soi évidente, a un très haut degré de perception et teste constamment les autres, recueillant et mémorisant des informations sur tout ce qui se présente à elle, en toutes situations. Elle exerce un pouvoir sur tout son environnement familial sans avoir besoin de s’exprimer verbalement. Notre travail va se poursuivre dans le cadre d’une thérapie familiale ; les entretiens seront axés autour de la mise en place d’une pédagogie adaptée à la stimulation verbale de Suzy dans le cercle familial ; en complément, nous aborderons la phase du pré-langage en APP. Marie, 5 ans 173 Marie est adressée par son médecin généraliste, suite à d’importants problèmes scolaires associés à des troubles caractériels. Sa maman souffre de troubles du métabolisme et d’une pathologie psychiatrique. Enceinte de 3 mois, elle est victime d’un accident. Il en résulte un traumatisme crânien et une fracture de la cheville. Le père est inconnu. Marie est élevée par sa mère et sa grand-mère. Marie est hospitalisée au 3ème mois pour convulsions à froid. Le 4ème mois sa maman disparaît et ne sera pas retrouvée. C’est le frère de celle-ci qui est nommé juridiquement tuteur de la fillette. Les seules informations que nous possédons concernant l’anamnèse sont : une naissance rapide, un sommeil toujours perturbé par des frayeurs nocturnes, et le fait qu’elle ait beaucoup pleuré pendant les 6 premiers mois de sa vie. Le jour anniversaire de ses 15 mois, des voisins lui offrent un berger allemand. Stimulée par le chiot, Marie commence à marcher et ose affirmer sa volonté, mais ce chien qui lui a été un temps bénéfique, devient trop agressif envers les personnes qui approchent la fillette, et la famille doit s’en séparer. Immédiatement, Marie somatise la perte de son meilleur ami en se réfugiant dans un état de mutisme, pendant 3 ans, et en devenant onychophage, l’anxiété vécue étant tellement prégnante que l’extrémité de ses doigts saignait parfois. L’enfant parle tard, à 4 ans passés. Son premier mot est « Oeuf », le nom de son chien, puis tout de suite après vient le mot « vers »… « vers œuf… » ; le troisième mot est « mman ». A cette époque, Marie se lève sept ou huit fois par nuit, et sa grand- mère lui donne de la Pacitine pour dormir, jusqu’à ce jour où elle vient me consulter. 174 Depuis la dramatisation de ses mauvais résultats scolaires, Marie fait de nombreux cauchemars et depuis 10 jours, elle repousse son ours, ce qui ne s’est jamais produit. Lors de la 3ème séance, Marie commence à appeler sa tante : « maman ». Nous intervenons en ayant un entretien thérapeutique avec l’enfant dans le climat agréable de la salle de jeux, en organisant un jeu de rôle avec les personnages de la maison de poupées. Les jours suivants, Marie accepte d’appeler sa tante « tata ». Autre observation : Marie ne désigne par son nom que la couleur noire. Avant d’avancer une raison psychologique sans diagnostic physiologique, je demande à ce que Marie soit présentée à la consultation d’un ophtalmologiste. Ce médecin spécialiste s’avère être un excellent psychologue : il trouve les mots qui guérissent et qui aident la libération d’un blocage : les jours suivants, Marie accepte de nommer plusieurs couleurs alors qu’elle s’applique à colorier l’un de ses découpages. A partir de la 11ème séance, Marie est bien plus calme. Pendant les 15ème et 16ème séance Marie demande à être arrosée doucement, énumère toutes les parties de son corps puis continue ce jeu en miroir sur moi-même, nous prouvant ainsi qu’elle intègre bien son schéma corporel. Lorsque l’enfant est orphelin de mère biologique, c’est la thérapeute qui le materne - elle reste à genoux tout contre l’extérieur de la vasque utérine pour permettre la prise en charge de l’enfant, sans dérive symbolique d’usurpation de le fonction et de l’identité. Lors de la 17ème séance, Marie projette un souvenir d’agression physique sur le poupon en cabine de maternage et l’effet de catharsis libératrice est observable. 175 A la fin de la première session, le sommeil de Marie est calme et réparateur, et ses résultats scolaires sont en net progrès. La seconde session de cure permet de consolider les acquis et d’effectuer un travail de valorisation et d’estime de soi pour que Marie ait dorénavant confiance en la vie et en l’avenir. Cédric, 5 ans et 3 mois Des difficultés se présentent au 8ème mois de grossesse car des contractions fréquentes perturbent la nuit utérine des jumeaux bivitellins Cédric et Frédéric. La naissance gémellaire est prématurée et survient 8 jours avant la fin du 8ème mois. L’écart avec leur sœur aînée est de 23 mois. Cédric naît le premier, il pèse 2 k 600. En cours d’accouchement, il subit une torsion des deux parties du sphénoïde (pré et post-sphénoïde) avec une hyper compression liquidienne dans la partie supérieure du cerveau. Dès sa naissance, Cédric est rejeté par sa mère qui ne désirait qu’un seul garçon. Frédéric, n’ayant pas souffert à la naissance, présente un physique plus attirant et devient le centre d’attention de sa mère, qui le préfère. Pendant ses 7 premiers mois Cédric est élevé par l’une de ses tantes, la sœur cadette de sa mère, puis par son père et sa grand-mère paternelle lors de l’absence de ce dernier. Lors de son arrivée en consultation, accompagné de ses parents, Cédric se présente comme un enfant très timide, recherchant la protection de son père. Son corps est frêle, la partie supérieure de son crâne est impressionnante. Son regard, deux petits yeux ronds couleur myosotis, 176 expriment tous ses ressentis ; il parle très peu et sa prononciation présente une dysarthrie telle, que nous comprenons le repli de Cédric dans le silence. A l’issue de la passation d’un test d’écoute, la maman accepte d’effectuer trente quatre séances d’écoute sous casque, avant de procéder à l’enregistrement de sa voix. En entretien, elle se trouve très bien, très à l’aise et refuse toute remise en question de son comportement. Chez elle la notion d’abnégation est presque absente et, malgré son statut d’épouse et de mère, elle n’accepte pas que ses vacances soient dérangées. Elle a donc inscrit les trois enfants en colonie de vacances. Le papa est en adoration devant son épouse. En entretien, nous parlons de son rôle de père de famille, de l’importance de chaque enfant né au sein d’un couple, du respect mutuel que chacun doit porter à l’autre et de l’acceptation des différences, mais son attitude demeure inchangée. En cabine de maternage, Cédric mime vraiment le vécu de l’état fœtal. En fin de séance, il s’appuie très fort contre sa mère, l’air triste. A la sortie des dix premières séances, la maman fait part de son étonnement : « Il est tout chose, vers la fin… ! » Lors du premier accouchement sonique, Cédric est très agressif envers sa mère. Lors du second, il se plaint du ventre au niveau de l’ombilic et n’a toujours pas reconnu la voix maternelle. Au 3ème accouchement sonique, il se rebelle contre sa mère et réclame ma venue. C’est lors du 4ème accouchement sonique qu’il a pour la première fois bien écouté ; il demande une seconde séance pendant laquelle il reconnaît la voix maternelle, et commence à chanter les comptines entendues, en duo avec sa maman. Tout en écoutant l’enregistrement de la voix de sa maman, il déclare : « Je suis bien installé sur les genoux de MA 177 maman », et il l’embrasse de temps en temps jusqu’à la fin de la séance. Il y aura encore trois séances hors du milieu aquatique, face à l’arche qui symbolise l’entrée et la sortie du vagin. La maman est assise à côté de la table à langer, son enfant ayant le choix entre se faire bercer sur ses genoux ou se faire câliner sur la table à langer. Pendant ces séances, Cédric adoptera un rite, celui de se pelotonner sur les genoux de sa maman. La dernière séance d’écoute de la voix maternelle non filtrée est restée un souvenir inoubliable pour la mère et l’enfant. Tous deux sont restés silencieux, se souriant, se retrouvant, s’acceptant avec amour, et malgré toutes ces manifestations de sentiments, Cédric a été confié à une colonie sanitaire. Le rapport psychologique du psychologue scolaire (maternelle grande section), note, au retour de vacances, après les deux mois d’effet retard de la cure APP effectuée en juillet, que les résultats des différents tests sont remarquables, au vu de ceux qui apparaissaient dans le dossier médical qui lui avait été confié : - échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants : Q I verbal : 7 Q I performance : 90 Q I global : 83 - épreuve graphoperceptive de Bender : H.H.R niveau 5 ans - Bonhomme de Goodnough : niveau 5 ans 3 mois - PM 47 de Raven : niveau 7 ans. Ces résultats de tests sont ceux de la dernière passation. Malheureusement, les résultats obtenus lors de l’année scolaire précédente ne nous ont pas été communiqués. 178 Nous n’avons pour référence et preuve de la part de l’Education nationale, que la confirmation verbale du psychologue scolaire au sujet « des résultats remarquables » de Cédric. Toutefois, son institutrice nous a fait part régulièrement de ses progrès en diverses disciplines, par le truchement de sa grand-mère paternelle. Séverine, 9 ans et 6 mois La future maman, Doris, vit chez sa belle-mère, dans un climat de tension extrême car elle n’est pas acceptée par cette dernière. De nombreux malaises psychosomatiques jalonnent sa grossesse. Sept jours avant la naissance de son enfant, Doris est témoin d’une importante avalanche, un véritable drame qui coûte la vie à plusieurs personnes. Son accouchement est très rapide. Séverine naît les doigts dans la bouche et les jambes repliées, disproportionnées par rapport au reste du corps. La fillette est élevée par des jeunes filles anglaises au pair qui changent tous les deux mois. Elle est souvent abandonnée dans son parc pendant des heures. Elle se tient debout à 1 an et marche à 2 ans passés. Son premier mot est « papa », à 2 ans. Elle n’a structuré ses phrases qu’à 3 ans révolus. Lorsque Séverine est présentée à notre consultation par ses grands-parents maternels, elle présente des difficultés de langage, des troubles du rythme verbal, elle mange ses mots, et évite de prononcer tous les mots commençant pas « do » (le diminutif du nom de sa mère) et le mot « nu » (Séverine est très pudique). Elle bute sur la lettre N, car pour la lui faire différencier du M, les enseignants ont 179 appuyé sur le fait que le N a deux jambes, or ses jambes extrêmement longues l’ont toujours complexée. Ses yeux se révulsent quand elle s’énerve. Elle est droitière mais une certaine raideur est constante à la main droite, même en relaxation. Elle reconnaît difficilement sa droite de sa gauche, a des difficultés de coordination et tombe fréquemment sur ses genoux. Elle est scolarisée en CE1 à 9 ans ½ et souffre beaucoup d’être séparée de son frère. Elle est plus attachée à son père qu’à sa mère, qui l’a frappée toute petite et face à laquelle elle a conservé des réactions d’autodéfense. Séverine est en période d’opposition face à ses grandsparents chez lesquels elle est vit. En classe, c’est une bonne camarade qui est très appréciée. Sa grand-mère définit la personnalité de sa petite fille ainsi : « Elle est réservée, timide, lente, patiente, susceptible, peureuse, déteste la neige et par contre, aime l’eau. » Je m’adresse aux grands-parents en ces termes : « Etant donné son manque d’autonomie, il faut surtout qu’elle puisse affirmer sa personnalité. Pour cela, il est nécessaire qu’elle reste en relation avec ses deux parents même s’ils se séparent. Il serait judicieux de l’inscrire dans des ateliers d’expression corporelle et des ateliers de créativité manuelle. Elle apprécierait ainsi l’émulation du groupe et donnerait libre cours à sa spontanéité. » (Peu de temps après cet entretien, nous avons appris que la séparation du couple parental s’est effectuée en bons termes.) Lors de vacances de la Toussaint, je rencontre Doris pour pouvoir définir une programmation sonique concernant Séverine, en fonction de son degré de volonté d’aider la renaissance psychologique de sa fille. Doris accepte de s’investir pendant une semaine en l’accompagnant en cure intensive en cabine de maternage, et sous casque dans la 180 petite chambre de repos où elles peuvent continuer à se retrouver en toute intimité. Elles effectuent une cure de 36 séances. Grâce à ce maternage intensif, la relation mère fille s’élabore sur de nouvelles bases d’amour, de tendresse, de disponibilité, et de communication verbale et non verbale. Très rapidement nous avons vu Séverine se détendre, s’épanouir, sourire, s’exprimer avec un regard malicieux que personne n’avait jamais observé auparavant. La cure est tout aussi bénéfique à la maman, que ce soit pendant l’écoute ou lors des massages Shantala. En massant sa fille chaque jour, Doris a remodelé, retrouvé, mieux accepté son « bébé ». Son attitude, chaque jour plus détendue, plus confiante, plus spontanée, plus communicative, a été le baume de la cicatrisation des maux du passé. Lors de l’avant-dernière séance de cette cure intensive, Séverine reconnaît la voix de sa mère. Elle dit toujours ne pas se souvenir de ses rêves, mais le lendemain de sa renaissance psychologique, à son réveil, rayonnante, elle dit à sa grand-mère : « J’ai rêvé de la voix de maman ! ». Après la période d’effet retard de cette cure, nous recevons Séverine 1h 30, deux fois par semaine, pendant 7 mois. Cette prise en charge psycho-pédagogique donne d’excellents résultats au niveau de l’intégration du schéma corporel, de la revalorisation de son image et de ses résultats scolaires qui sont en progression régulière. Lors des vacances de Noël, pendant une semaine, le papa de Séverine l’accompagne. Il la stimule avec beaucoup d’affection et de sollicitude, pendant ses séances actives de lecture à haute voix et de répétition de mots de vocabulaire filtrés sous oreille électronique. Quand son frère vient en vacances chez les grands-parents, Séverine 181 est très heureuse de lui faire découvrir son « espace privilégié » et de l’initier à un jeu pédagogique. Aujourd’hui, Séverine est une belle jeune femme épanouie, titulaire d’un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) de vente en cosmétique. Mélissa, 4 ans Anna, la maman, et Laure, la grand-mère paternelle accompagnent Mélissa pendant la cure. Le papa de Mélissa, Frédéric, est resté au Québec pour s’occuper du frère de celle-ci, Alexandre, âgé de 2 ans. Au début des séances en cabine de maternage, Anna, la mère de Mélissa, est figée et silencieuse, les traits de son visage sont tendus. L’anamnèse de celle-ci explique son attitude d’autodéfense : en effet, Céline, sa propre mère, avait été hospitalisée pour un risque de fausse couche alors qu’elle était enceinte d’elle. De retour à son domicile, elle était restée alitée jusqu’à la fin de sa grossesse. L’accouchement n’avait duré que 20 minutes, puis Anna avait été placée en couveuse pour ictère. A 1 an ½, elle était hospitalisée pour soigner une coqueluche. Lors de sa conception, son père avait une maîtresse (qu’il épousa 3 ans plus tard). Quand ses parents s’étaient séparés, elle avait 4 ans. Pendant 13 ans, sa mère, Céline, avait connu plusieurs amis et Anna n’acceptait pas qu’ils franchissent le seuil du foyer maternel. A l’âge de 10 ans, elle avait vécu un deuil très traumatisant, le décès de son parrain, substitut de l’image paternelle. 182 Trois ans plus tard, sa mère finit pas rencontrer son alter ego. La stabilité de cet engagement revalorisa l’image maternelle et Anna accepta pleinement ce nouveau papa. Depuis sa petite enfance, Anna se réveille souvent la nuit. Nous verrons que des événements similaires se sont reproduits dans l’anamnèse de Mélissa, aggravés par d’autres facteurs. Anna, très émotive, préfère écrire les raisons qui l’ont amenée à présenter sa fille, Mélissa, en consultation : « J’ai eu la joie d’apprendre que j’étais enceinte après le 2ème mois d’essai de procréation. J’ai été malade du 3ème mois à la fin de ma grossesse. Au 3ème mois, j’ai eu des saignements ; le médecin m’a prescrit des médicaments à absorber jusqu’à la fin de ma grossesse. Je souffrais de crampes d’estomac et de sueurs froides. J’ai consulté une voyante qui m’a dit que j’attendais un garçon ; comme je désirais une fille, je me suis raisonnée pour ne pas rejeter ce bébé. J’ai aussi vécu une grosse frayeur : mon mari conduisait, il a évité un accident de justesse et j’ai crié : « Non, pas mon bébé ! ». A la même période, mon père, qui venait de se séparer de sa seconde épouse, a provoqué, en état d’ébriété un accident de la circulation : une femme enceinte, deux enfants et le chauffeur ont été en état de choc. Mon père a été grièvement blessé à la colonne vertébrale ; dès sa sortie de l’hôpital il est venu habiter chez nous. J’étais enceinte de 3 mois et ce traumatisme a déclenché des pertes sanguines (peut-être était-ce l’expulsion d’un embryon de jumeau ou jumelle, à la vue des dessins de Mélissa ?) ». La naissance de Mélissa est provoquée à la 37ème semaine, au lieu de la 40ème, car elle présente une double circulaire du cordon. L’accouchement dure 9 heures et 30 minutes sous péridurale par crainte d’une césarienne car le bébé ne 183 sort pas. L’expulsion se fait finalement en utilisant forceps et ventouses. A sa naissance Mélissa souffre d’hypothermie, fait un ictère, et est placée en couveuse une journée entière, au désespoir de sa maman. Paradoxalement, Anna refuse d’allaiter sa fille et explique son choix en disant qu’elle veut préserver la qualité de la relation sexuelle de son couple. Son époux donne le biberon et fait la toilette de l’ombilic de sa fille, car Anna trouve cet acte d’hygiène repoussant. Mélissa dort 3 semaines dans le lit parental car Anna craint un arrêt respiratoire. L’enfant fait une intolérance au lactose, du 3ème au 8ème mois. Elle a 1 mois ½ quand son grand-père est jugé et incarcéré. Anna rend visite à son père en prison avec Mélissa, qui pleure à chaque visite et se frotte les yeux avec vigueur. Son grand-père ne se souvient jamais de son prénom. Pendant toute cette période, Mélissa fait des infections oculaires et des poussées de fièvre : elle reste en observation à l’hôpital mais les tests médicaux ne révèlent aucune pathologie. Elle somatise le ressenti de cet univers carcéral, la fausseté des sentiments de son grand-père qui se sert d’elle pour s’attirer la sympathie des gardiens et le poids de la peine de sa maman. A 2 mois, Mélissa veut toujours dormir dans les bras de ses parents et se réveille souvent la nuit. Elle a 2 ans quand sa mère tombe enceinte d’Alexandre, et elle assiste à l’échographie. Lors de sa première visite à la maternité pour faire la connaissance de son petit frère, elle est effrayée à la vue des cathéters posés sur le corps de sa maman. Trois mois après la naissance d’Alexandre, Mélissa ressent l’angoisse de sa maman qui apprend qu’elle doit déménager en raison d’une mutation professionnelle de 184 son époux : Mélissa exprime cette souffrance réprimée par sa mère en faisant d’énormes colères. Elle demande à aller vivre chez sa grand-mère paternelle. A son retour au foyer, Mélissa ne supporte pas que son frère touche à ses jouets. Alexandre, précoce, commence à parler : en réaction elle ne prononce que les mots concernant ses besoins majeurs. De 2 à 4 ans, elle vit trois déménagements, et somatise son mal-être par des otites à répétition, des bronchites, des allergies alimentaires et des réveils fréquents. A l’école maternelle, l’institutrice constate un retard de langage et Mélissa consulte une orthophoniste. Les progrès sont lents, Mélissa est souvent en opposition. Conseillés par une des tantes de Frédéric, les jeunes parents prennent la décision de tenter une cure en cabine de maternage, sur le « vieux continent ». Cette prise en charge trans-générationnelle, de la fille, de la mère et de la grand-mère paternelle, en 4 semaines seulement, pour répondre à leur demande, est un vrai challenge ! Mélissa, dès le 3ème jour de cure ressent instinctivement l’effet bienfaisant des séances en cabine et sous casque. Son adaptation et son adhésion à ce nouvel univers sont telles qu’elle devient aussi le coach de sa maman, plus inhibée et plus réticente face à l’inconnu de cette situation pourtant désirée mais que son imaginaire avait différemment élaborée. Pour inciter Anna à accorder sa confiance, pour l’aider à parvenir au lâcher prise, je l’invite à participer à des séances individuelles de relaxation psycho-syntonique. A la fin de la séance, Anna peut verbaliser : « Cette prise en charge m’aide à accepter l’éloignement de mon mari ». Ainsi se libère-t-elle de ses frustrations qui étaient à l’origine de son comportement toujours teinté de méfiance et d’agressivité. 185 L’accouchement sonique de Mélissa s’est merveilleusement bien passé. Lentement guidée par sa mémoire ancestrale ou archaïque, cette enfant s’est libérée de la double circulaire de son cordon ombilical, d’une façon calme, dédramatisée. Tout en appuyant fortement sa tête sur le bassin de sa maman, en position fœtale, dans l’eau, Mélissa trouve aussitôt la parade pour calmer l’anxiété de sa mère qui craint que sa fille ne se noie. Elle dit : « Maman, je fais des bulles et après, je respire ». Discrètement, j’encourage Anna à faire confiance à son bébé. Elle se love ensuite contre la poitrine de sa maman et, à la fin de la séance, lui dit à l’oreille : « C’est toi maman qui raconte l’histoire de Marmouset». et tout heureuse, elle entoure le cou de sa maman de ses bras, alors qu’Anna, les yeux au ciel, offre un visage épanoui de gratitude envers la vie. Dès la fin de l’accouchement sonique, Mélissa marque un intérêt pour le jeu pédagogique Diamino (lettres de l’alphabet inscrites sur un petit carré de bois) : elle dispose les lettres sur le tapis de la salle de jeux pour écrire son nom puis celui des membres de sa famille, tout en lisant les lettres à voix haute et en s’applaudissant pour sa réussite. Les progrès en psychomotricité fine sont très visibles au niveau de la précision des traits et de la maîtrise du geste acquises dans le maniement des crayons, feutres et pinceaux mis au service de sa créativité. Nous pouvons aussi noter des progrès au niveau du langage, qui devient plus fluide, et au niveau de la diction. La grand-mère paternelle, qui effectue sa cure sous casque tout en dessinant, sait être un soutien discret et attentif pour Mélissa et sa belle-fille. Anna effectue sa cure sans l’apport de l’enregistrement de sa mère car elle ne le souhaitait pas, mais sa renaissance est belle, et voici ce qu’elle me confie le jour du départ, à 186 l’aéroport : « J’ai demandé à notre logeuse de pouvoir emporter les draps, qu’est ce que ce désir veut dire ? » Je lui ai répondu : « Vous emportez ” les langes ” de votre renaissance, Anna ! » En ce qui concerne la renaissance de Mélissa, le fait d’avoir pu obtenir un effet de catharsis libérateur, en effectuant sa propre délivrance de la double circulaire du cordon (en la mimant sous l’eau avec le cordon rouge en plastique souple), entraîne la disparition de manifestations psychosomatiques au niveau ORL : le souffle en voie haute est libéré, la gorge est délivrée de toute agora (angoisse), l’enfant ne souffre plus d’angines à répétition, le langage devient plus fluide et spontané, le sommeil de ce fait s’améliore. Cet effet de catharsis libère Mélissa de toute entrave à son épanouissement. Elle a gagné en assurance au niveau de l’agir et de l’expression orale, et de nombreux blocages ont cédé. Elle qui ne voulait pas arriver et partir du centre autrement qu’en poussette en début de cure, fait de grands progrès au niveau de la marche et finit par courir, une fois effectué son accouchement sonique ! Oscar, 6ans La maman d’Oscar, pendant sa grossesse, est dans la crainte d’une fausse-couche, suite à une première grossesse interrompue à 5 mois. Il en résulte un blocage et Oscar naît avec 8 jours de retard. Un cerclage a été effectué au 3ème mois de gestation pour cause de bassin trop étroit. Elle imagine attendre une fille. Lors de l’accouchement, le bébé se présente par le siège et l’obstétricien utilise les forceps. La boite crânienne du bébé est déformée par une forte pression exercée sur les os 187 du bassin de la mère lors de l’expulsion : l’occipital gauche est enfoncé. Pour imager cette déformation, l’ostéopathe consulté explique que le crâne a été malaxé comme lorsqu’on froisse un paquet de cigarettes dans sa main. Dans ce cas, il s’agit d’effectuer une ostéopathie réparatrice, et non de confort, précise celui-ci. Les conséquences de ce traumatisme crânien sont : un retard psychomoteur (Oscar fait ses premiers pas à 15 mois), un strabisme qui s’accentue à l’age de 2 ans, et un léger zézaiement qui s’accentue lors de son entrée au jardin d’enfant, à l’âge de 2 ans ½. Oscar est sevré au bout de 3 semaines car sa mère se remet à fumer. D’après elle, il n’en est pas contrarié. Autre retard énoncé, la propreté nocturne, qui n’est acquise qu’à 5 ans. Au moment de la cure, le sommeil est normal, l’alimentation est lente, Oscar grignote entre les repas, et il souffre d’une prédisposition à des troubles diarrhéiques. Il appelle ses parents par leurs prénoms depuis plus d’un an (à la fin de la cure, il recommencera à dire « papa », « maman »). Il suce le majeur et l’annuaire de sa main droite et caresse son nez avec les autres doigts. Oscar entre plus facilement en relation avec des adultes qu’avec des enfants, il est communicatif, gai, susceptible et craintif. Après s’être bien entendu avec sa mère et avec son père avec lequel il aime jouer, il s’oppose maintenant constamment à eux, ce qui motive leur venue en consultation.. Le traitement en cabine s’articule en trente-neuf séances. La cure se déroule sans difficulté, Oscar est détendu et demande une grande participation à sa mère en inventant des jeux d’eau. Lors des deux premiers accouchements soniques, il manifeste un certain malaise et exprime de l’agressivité. Au début de la 3ème séance, il refuse d’entrer dans la 188 cabine seul avec sa mère. Il pose une condition : la présence de sa compagne d’école, fille de la thérapeute. (Alexia est consentante, le feeling thérapeutique s’avère juste). Oscar, sécurisé par la présence de son amie, saisit le poupon, lui arrache avec violence les deux jambes et les deux bras, pousse un cri de victoire puis sort radieux de la cabine. Cette projection libératrice permet une merveilleuse renaissance. Oscar réalise une série de peintures explicitant tout le ressenti de ce cheminement mémorisé et projeté sur la feuille blanche ; les titres donnés aux peintures sont ceux énoncés spontanément par Oscar : - « Une femme enceinte » (après l’écoute du premier retour sonique). - « Une porte d’armoire très légèrement entr’ouverte » (symbolique du ressenti de l’étroitesse du bassin ; après l’écoute du 6em retour sonique). - « Un monsieur qui s’est décoré en fleurs » (symbole d’un fœtus qui vit sereinement son 5ème mois de vie utérine ; après l’écoute de la voix maternelle à 8 000 Hz). - « Le réveil » (le réveil a sonné mais ce n’était pas l’heure, symbolique du vécu de la période de contractions qu’Oscar a ressenti au 6ème mois de sa gestation ; après l’écoute de la voix maternelle à 12 000 Hz). - « La mer » (le calme est revenu, Oscar est serein dans son univers aquatique). - « La maison d’Oscar » - les fenêtres sont grandes ouvertes et la porte entr’ouverte (après la 1er écoute de l’accouchement sonique en voix maternelle à 6 000 Hz). 189 - « C’est un landau coincé entre deux marches d’escalier ; il veut passer d’un côté mais il ne peut pas » (ce landau représente symboliquement et rétrospectivement, les efforts de notre petit Oscar pour sortir de le nuit utérine, coincé dans le passage de ce bassin trop étroit ; après l’écoute de la voix maternelle à 4 000 Hz) - le génie des enfants mérite toute notre attention, et quelle leçon d’humilité pour l’adulte thérapeute. - « Il faut passer au-dessus de la barrière comme les lettres » (Oscar représente son difficile cheminement dans le vagin, en dessinant des lettres en ribambelle qui s’élancent au-dessus d’une barrière ; après l’écoute de la voix maternelle à 2 000 Hz). - « Il a sauté la barrière, il va passer devant l’arbre et monter la côte » (l’arbre est la représentation symbolique du placenta). Une fois la peinture sèche, Oscar découpe un petit triangle dans une feuille blanche, colle ce découpage, telle une jupe, sur le petit personnage qui a sauté la barrière, puis la peint en rose. Oscar ne fait aucun commentaire, mais souvenons-nous que sa maman imaginait attendre une fille. Cette peinture est réalisée après l’écoute de la voix maternelle à 1 000 Hz. - « La porte est ouverte, mais il faut la franchir pour passer de l’autre côté » (après l’écoute de la voix maternelle à 500 Hz). - « Oscar est sur la mer » (symboliquement sur sa mère ; après l’écoute de la voix maternelle à 250 Hz). - « L’arbre est scié avec son feuillage d’automne » (symbolique d’une belle délivrance d’un bébé né en octobre ; après l’écoute de la voix maternelle non filtrée). 190 Après cette cure de « renaissance », Oscar affiche un visage lumineux, ses yeux sont rieurs, plus expressifs et la totalité de son être s’affirme dans une attitude de présence, de volonté d’action, d’expression verbale tellement plus fluide, que ses parents me font part de leur étonnement. La maman me dit : « Je ne me doutais absolument pas que mon bébé avait vécu une telle épreuve pendant mon accouchement. L’éveil d’Oscar pendant la cure, les questions qu’il nous a posées, nous ont permis de réfléchir, de faire des prises de conscience personnelles, du couple et de la triade familiale. Quelle aventure ! ». Le papa quant à lui, me dit : « En effet, chaque jour, nous découvrons un Oscar qui grandit et qui s’épanouit à la vitesse V . La collaboration de l’ostéopathie et de l’APP donne des résultats très positifs. Sur le plan relationnel, les échanges sont souples, les événements ne sont plus dramatisés, Oscar devient gentiment farceur, c’est un bonheur. » Séances après séances… Pour illustrer le comportement des enfants au sein de la cabine de maternage Aquamater, nous allons suivre plus en détail certaines séances. Ce qui se passe en cabine m’a été rapporté par les mamans. J’ai ajouté mes commentaires au fur et à mesure. Sylvain, 5 ans Sylvain est un garçonnet qui rencontre beaucoup de difficultés à trouver sa place dans sa famille, et son état de santé général en pâti. Il est l’enfant « symptôme » du malaise ambiant régnant au sein de la famille. Cadet de 191 trois garçons, il n’accepte pas ce statut et revendique la place de Pierre, le benjamin, celui qui, selon son ressenti, bénéficie de toute l’attention de sa maman. Physiquement, Sylvain, très menu, présente un teint pâle et la morphologie de son visage est de type rétracté, ce qui nous indique que sa sensibilité de vigilance se développera aisément au fil des années. Ce type d’enfant, réfléchi et prudent, doit expérimenter de lui-même les moindre dangers. Pierre, qui a 3 ans, est son opposé : de type dilaté, il semble absorber le milieu afin de s’accroître. C’est l’image de la vitalité, de l’instinct, de l’expansion.62 Lors de la première séance, en phase de retour sonique, Sylvain est tendu et paradoxalement content. Il joue puis se détend, saisit un tuyau, en met un des bouts dans sa bouche et l’autre dans le nombril de sa maman et le dialogue s’engage du style : « Je bois, je chante, je joue, je te fais des guilis, je vois papa, maman, Didier (frère ainé) et pas de Pierre. Je l’ai tué. » Puis Sylvain prend le tuyau, en fait un cercle, l’enroule autour de son cou et le mord. (Comme nous l’avons vu, ce tuyau, représentation du cordon ombilical, en plastique rouge très souple, flotte déjà dans la vasque utérine quand la maman et l’enfant s’y glissent. Tous les enfants nés avec une circulaire du cordon miment ainsi leur vécu.) Pensif, il évoque Mamie, Mémé et sa cocotte, puis dit tout à coup : « Je viens du facteur ». La maman, en sortant de la cabine me confie : « C’est incroyable, cette phrase a été dite à mon grand désespoir, par mon mari, tout le temps de ma grossesse. Face à ma contrariété, il me disait que c’était pour plaisanter ! » 62 L Corman, Nouveau manuel de morphopsychologie, Ed. stock, 1991 192 Ensuite, Sylvain met plusieurs fois un jouet sur son sexe en disant : « Je n’en ai pas, je n’en ai pas. » Second enfant de la famille, Sylvain a bien ressenti le désir parental au sujet du sexe de l’enfant en gestation : une petite fille habitait déjà l’imaginaire de sa maman. Il est rare que les enfants reflètent une empreinte psychique sur leur propre corps de la façon dont le fait Sylvain, en cachant son sexe avec un jouet comme pour le rendre inexistant; en revanche, il projette son ressenti sur un baigneur sexué ( baigneur fille ou garçon en identification avec le sexe de l’enfant en cure), baigneur en plastique souple mis à sa disposition, auquel il est possible « d’arracher la tête et chacun de ses membres » ou de « malaxer la tête » sans dommage de culpabilité puisque l’on peut le restituer à l’identique. Suivant la programmation sonique qui est diffusée, nous pouvons déterminer à quelle période de la gestation l’enfant a vécu la douleur ou le traumatisme qu’il projette sur ce « second moi ». Ce que nous observons est parfois terrifiant ! Pendant l’écoute intra-utérine, l’enfant nous gratifie souvent de paroles ou révélations spontanées qui délivrent son psychisme, comme le fait ici Sylvain en parlant du facteur. Le père de Sylvain est un chef d’entreprise qui travaille énormément. L’un des premiers fruits de ce travail est la réalisation d’une très belle maison. Nous entendons Sylvain affirmer avec véhémence : « Je n’ai pas de papa, je n’ai pas de maison ». Sylvain souffre de l’absence de son père et rejette cette maison qui l’a accaparé ! Les doléances affectives de ce si jeune enfant continuent à s’égrener : « Didier (l’aîné) veut remplacer papa à la maison et Pierre est toujours avec maman ! » D’où le rejet de ce rival auprès de maman lorsque Sylvain dit : « Je ne vois pas Pierre car je l’ai tué ». Le lendemain, Sylvain joue d'emblée avec le « cordon ombilical » et manifeste beaucoup de tendresse envers sa 193 maman, quand, soudain, il lui jette de l'eau violemment, en disant : « J'ai été perdu chez Mamie. » En fin de séance, sa mère me dit : « Pendant la grossesse de Pierre, lors de sa naissance et de temps en temps après, je confiais Sylvain à Mamie. Je suis stupéfaite par les termes de cette verbalisation, par la violence et la colère de cette souffrance que je viens d’entendre et de ressentir ; la réminiscence de ces moments associée au fait d’être perdu, presque abandonné ! Je comprend pourquoi il en veut tant à son petit frère ! » J’apaise la maman en lui expliquant que, grâce aux révélations spontanées de ce vécu, nous allons pouvoir aider Sylvain en lui faisant comprendre qu’il n’était ni perdu ni oublié chez Mamie. Je lui explique que, lors des prochaines séances en cabine, elle va pouvoir prouver son amour à son fils de diverses façons, que tous deux vont pouvoir établir une belle relation et qu’il est très réconfortant de pouvoir accomplir ce travail de réparation plusieurs années avant la période si sensible de l’adolescence. Le jour suivant, Sylvain reprend la manipulation du « cordon ombilical », le porte de son nombril à la bouche de sa maman, puis, pensif, il interrompt son jeu en disant : « Il existe Didier, papa, maman, Pierre et Sylvain … Bébé pied veut voir maman pied mais le bébé ne veut pas encore sortir ». Sa maman lui demande : « Qui sort en premier ? » Il répond : « En premier, c'est Didier, après c'est Pierre et en dernier Sylvain et maman.» Sylvain refuse sa place de cadet et aimerait être le benjamin pour retrouver toute l’attention de maman. Pierre est un benjamin doté d’une forte personnalité qui s’affirme en tant que dominant par rapport à Sylvain et qui a une tendance protectrice envers ce frère qui est si doux et parfois craintif, comme nous avons pu l’observer de temps en temps. 194 Sylvain vient avec plaisir à la séance suivante (en écoute intra utérine). Nous constatons qu’il s’exprime en langage « bébé » ; cette petite régression langagière sera de courte durée. En cabine, il demande : « Maman, bébé j’ai fait quoi ? Comment ? Dis moi ? » Il se couche en position fœtale sur le ventre de sa maman et rajoute : « J’étais comme ça dans ton ventre ? » Il parle du bébé qui va sortir du ventre de sa maman et mime l’extraction du bébé tout en faisant des gestes assez tendus, puis il va pour téter un sein et le repousse subitement en disant : « Non, il est salé ! », et se tourne vers l’autre sein avant de le repousser en disant : « Il n’est pas bon ! ». Sylvain a été nourri au biberon et aujourd’hui, c’est lui qui repousse ce qui ne lui a pas été offert. Il se met à mimer un bébé qui boit le biberon. Ce jeu de rôle spontané nous indique que nous allons pouvoir aborder la phase dite de l’accouchement sonique, c'est-à-dire programmer le dé-filtrage progressif de la voix maternelle pour que l’enfant passe doucement de la phase liquidienne, aquatique, à l’écoute aérienne (rappelons que c’est ce qui se passe au moment des premières heures de la naissance quand le liquide amniotique s’écoule peu à peu du conduit auditif et que le nouveau-né s’adapte progressivement à la nouvelle tessiture de la voix maternelle). La maman parle toujours « du » ou « des » seins , car elle n’aime pas cette partie de son corps et la nie. Comment pourrait-elle offrir le sein à son enfant dans cette attitude de non-acceptation de cet attribut sexuel et maternel ? Sylvain ressent bien ce barrage psychique comme le prouve son refus d’accéder à la succion du sein maternel. Puis, pour la première fois, il parle de ses frères et de luimême dans le bon ordre chronologique de leurs naissances et sans transition, tout naturellement, il évoque le souvenir de son grand-père maternel décédé voici 2 ans : « Je vois pépé au ciel, il est content de toi car c'est ton papa ; il a des 195 amis, il est heureux. » (il n’est pas rare que mes jeunes patients fassent preuve de capacités médiumniques). La maman a vécu une très belle émotion qui restera à jamais gravée dans sa mémoire. Au cours d’une autre séance, nous abordons la phase de l’accouchement sonique avec la diffusion de la voix maternelle légèrement dé-filtrée. Sylvain rompt le silence et l’écoute pour dire : « Je suis bébé-papa et toi bébémaman dans l'eau, le bébé-papa vient faire des bisous à bébé-maman et ils ont un bébé-papa. » Une projection joliment imagée de la scène œdipienne type ! Sylvain vient de laisser libre cours au désir de tout petit garçon, celui de remplacer papa auprès de sa maman. Le lendemain, la maman me dit : « Ce matin, Sylvain m’a encore parlé du facteur ! » Nous avons choisi un poupon noir dans la salle de jeu (la couleur de peau dudit facteur), et la maman, Danièle, préparée à l’exercice de la démonstration des lois de transmission des caractères héréditaires de G. Mendel, est entrée confiante dans la salle de jeux, prête à convaincre son fils de sa réelle filiation. Après lui avoir donné les explications nécessaires, elle rajoute : « Le facteur est le monsieur qui distribue le courrier. Celui qui venait chez nous était noir de peau : c’est pour cela que papa plaisantait lorsqu’il disait que Sylvain était le fils du facteur ». Sylvain change de sujet pour fuir un sentiment de gêne, avant de dire : « Dans ton ventre, j’allais tomber et le docteur il disait que non. Moi, je voulais rester, j’avais peur de tomber dans la mer. » Effectivement, la maman a eu des contractions pendant la grossesse ; le médecin suivait l’évolution très régulièrement et rassurait sa patiente qui craignait une fausse-couche ou une naissance prématurée. Pendant cette période, la propre mère de Danièle avait du faire face à de gros soucis de santé ; sans doute Sylvain at-il dû ressentir les angoisses de sa maman qui craignait de 196 perdre sa mère : il avait peur lui aussi « de tomber dans la mer ». Lors de l’avant-dernière séance, Sylvain demande à sa maman de rester à proximité de lui, mais hors de la vasque utérine : « Je veux être tout seul dans le bain, pour bouger dans le ventre de maman. » Sylvain mime le fœtus qui tourne, bouge, respire, mange, dans le ventre de maman. Ensuite, il décide de jouer « au grand garçon » qui a quitté le ventre de sa mère (il se met debout dans la vasque utérine) pour pouvoir jouer avec le poupon noir, le baigneur blanc, le canard du bain, le seau et le biberon, mais aussi pour faire des pâtés, manger, respirer sans tuyau. Puis il dit : « Je reviens dans le bain d’un bébé garçon ». Quand sa maman lui propose de sortir du ventre, il répond : « Je te vois, maman. J’ai un peu mal aux deux doigts de la main.» (souvent les enfants nés par césarienne revivent certains maux ou douleurs en différents endroits, le plus souvent au bras, à l’épaule, à la cheville ou au pied.) « Je veux sortir et je sors avant toi de la clinique » (voulant dire : du bloc opératoire). En effet, étant né par césarienne, il a été immédiatement transféré à la pouponnière alors que sa maman était encore en soin dans le bloc chirurgical. Il dit encore : « Maman, je veux que tu dises à papa de venir la prochaine fois pour me sortir avec toi ! » Lors de la dernière séance de l’accouchement sonique, Danièle demande à Sylvain s’il veut aller seul dans la vasque utérine, mais ce dernier l’invite à y entrer avec lui. Il tourne et se retourne en position fœtale, les jambes pliées et sa tête bouge comme si son poids entraînait le fœtus au fond de l’eau. Sylvain nage en immersion. Sa maman entre dans son jeu et lui dit : « Tu m'as donné un petit coup de pied, je le sens ; oh ! Je sens ta tête, ton dos, tes petites fesses…tu bouges bien dans mon ventre. Sylvain répond : « Oui, et je fais des bulles », puis il se 197 détend, se glisse doucement sur le corps de maman et plonge son regard dans ses yeux. Ils se contemplent longuement. L’histoire du Petit Prince est de plus en plus reconnaissable, ainsi que la voix de sa maman. Sylvain écoute en manipulant le tuyau : il en met les deux extrémités dans son nez en criant : « Je RESPIRE ! Encore, encore, je veux ! » Avec le tuyau, Sylvain a mimé la réminiscence de la désobstruction des voies aériennes du nourrisson, acte médical réalisé presque systématiquement par les sages-femmes lors d’une naissance. En entendant la phrase « …c’est un jardin fleuri de roses… », Sylvain fixe tout à coup sa maman d’un air entendu et dit : « C’est toi, maman, qui parle des roses… » Sa maman, ravie, l’embrasse longuement. Ils ont tous les deux un petit rire complice et vivent enfin ce moment de reconnaissance que la césarienne leur avait volé. Le papa attendait derrière la porte de la cabine, les larmes aux yeux. Quand la porte s’entrouvre, son épouse lui tends son fils, enveloppé dans un drap de bain doux et tiède, et père et fils s’étreignent. Sylvain, heureux, répète : « papa, papa… » Trois mois plus tard, nous recevons le couple parental pour connaître l’évolution des résultats et les réactions de l’effet retard de la cure. Le père confie : « Les pensées de Sylvain s’ordonnent, alors qu’auparavant il donnait l’impression de vivre dans un épais brouillard, ne comprenant pas tout ce qui se passait sur terre, ne s’adaptant pas au rythme de vie comme s’il avait été parachuté d’un siècle à l’autre sans aucune préparation. La mère rajoute : « Il est plus calme, il a retrouvé l’appétit, il est plus gai et il s’autorise à être plus agressif lorsque Pierre l’attaque. Il comprend mieux les raisonnements. De temps en temps, il adopte un comportement de bébé, mais différemment que pendant la cure : à présent, il sourit 198 lorsque je le surprends, alors qu’auparavant, il semblait inconscient de cette attitude régressive. » La thérapie permet à l’enfant de combler les manques du passé, certains de ces enfants ayant été « poussés » à grandir plus vite qu'ils ne l'auraient désiré eux-mêmes. Grâce à cette prise en charge, les frustrations vécues sont comblées par d'agréables moments où l'enfant peut être naturellement lui-même. Le père ajoute : « Il semble s’intégrer dans la famille et est très sensible au sujet des handicaps liés à telle ou telle maladie, à l’évolution de la vie et de ses différentes étapes. Il a demandé à Danièle de vous emmener sa mémé. » La mère approuve et me dit que Sylvain, dans la voiture lors du retour de leur dernière visite, a dit : « Il faut que mémé discute avec Anne-Marie demain ; tu l’emmèneras. » Quand elle lui a demandé pourquoi, il a répondu : « Pour parler, c'est tout… après elle part toute seule. » Sylvain a bien analysé la situation : sa mémé, en effet, ne parvient pas à accomplir le travail de deuil de son époux et s'accroche littéralement à sa fille Danièle. Sylvain les voit toutes deux pleurer très souvent. Il a compris que je pourrais écouter et consoler sa mémé, de façon à ce que sa maman soit plus disponible pour lui. Nous terminons l’entretien en invitant les parents à organiser de temps en temps une table ronde en famille pour enrichir le dialogue parents enfants, améliorer la communication et réduire peu à peu les rapports de force. Cela permettrait à Sylvain de se sentir autorisé à émettre un avis, à la discussion de s’ouvrir, à l’ambiance relationnelle d’être beaucoup plus agréable et joyeuse, plus particulièrement entre les trois frères. 199 Lucie, 9 mois Symptôme motivant la consultation : un eczéma résistant à tous les traitements. Lors de la 1er Séance, après les 30 premières minutes, la maman nous demande de bien vouloir programmer une seconde demi-heure d’écoute tant sa petite fille et ellemême se sentent bien. La maman, Agnès, est médecin homéopathe ; sachant qu’elle connaît bien la méthode, nous accédons à son désir de rester 1h ½ dans le bain. Nous diffusons une programmation sonore particulièrement adaptée au très jeune âge de l’enfant et à la durée de la séance. Pendant tout ce temps, Lucie se blottit « en grenouille » sur sa maman tout en lui tétant le sein droit : ainsi c’est son oreille droite qui travaille pendant toute la séance, l’autre était plaquée contre la poitrine maternelle. Il est difficile de la décrocher du sein à la fin de la séance. Quand sa maman l’installe sur la table à langer, Lucie est heureuse de se voir dans le miroir ; elle est rayonnante, très calme et a l’œil vif. Les deux nuits suivantes, Lucie se réveille trois fois en pleurant, pour téter. Les deux jours suivants, son eczéma n’est plus aussi rouge et s’assèche légèrement. Cette maman ne pouvant venir que tous les trois jours, nous adoptons un rythme plus intensif en durée, tenant compte du fait que la mère et l’enfant le supportent très bien. Pendant la 2ème séance, Lucie part en exploration, très intéressée par l’environnement ovoïde ; elle caresse les murs sur lesquels perlent des gouttes le long des filets d’eau. A plusieurs reprises elle met son majeur droit dans l’une ou l’autre oreille. Pendant la seconde demi-heure d’écoute, elle se met debout tout contre sa maman et, très exubérante, déclame des tas de choses d’un air triomphant. 200 A la fin de la séance, elle tète un peu mais sans se blottir contre sa mère. La seconde nuit, Lucie se réveille 2 fois pour téter mais sans pleurer ; elle met son majeur gauche dans son oreille gauche. L’eczéma est stationnaire. Chez les très jeunes enfants, la stimulation auditive est effective dès la 4ème demi-heure. Lucie en mettant son doigt dans ses oreilles, sent qu’il se passe quelque chose, comme si on la délivrait d’un bouchon de cérumen. La stimulation de l’oreille moyenne et de l’oreille interne donne à Lucie l’envie de s’exprimer verbalement ; elle est en phase d’écholalie et s’en donne à cœur joie. Lors de la 3ème séance, Lucie explore de nouveau son environnement ; elle ne se lasse pas d’observer les filets d’eau et de ressentir le fluide tiède ruisseler entre ses doigts. Pendant la dernière demi-heure, elle tète longuement le sein gauche de sa mère, et cette fois-ci, c’est son oreille gauche qui est stimulée par l’écoute. Ensuite, elle s’allonge sur sa maman en suçant son pouce. De temps en temps, elle se frotte les yeux. Dans la cabine, le son est diffusé dans son ensemble et les deux oreilles de Lucie sont stimulées, mais l’oreille qui ne s’appuie pas contre le sein maternel capte mieux la programmation. La maman est surmenée par son travail. La maison du couple, en cours de finition, manque du confort nécessaire. Le couple (Jean et Agnès) vit une crise conjugale difficile à gérer et accepte de commencer une thérapie conjugale. Cette démarche est devenue nécessaire pour que l’eczéma de Lucie, symptôme de ce malaise journalier de l’incommunication parentale, ne récidive en poussées plus aiguës et purulentes, malgré tout notre travail par ailleurs : notre action est en effet apaisante dans un premier temps mais pour obtenir la rémission de cet eczéma nous devons intervenir sur toutes ses causes. L’instabilité familiale est 201 une telle source d’angoisse pour Lucie que seuls les bras de sa maman sont un refuge sûr. Les 4ème, 5ème, 6ème et 7ème séances se déroulent très agréablement, la mère et l’enfant découvrent un nouveau mode relationnel. Elles vont à la rencontre de leurs sentiments et de leurs émotions et les partagent dans un univers d’harmonie sensorielle. Ce bébé de 9 mois est tout amour : une affection inconditionnelle émane de ses sourires et de ses rires. Lucie dispense des caresses et des tapotements bienveillants sur le ventre et la poitrine de sa maman, avant de faire la même chose sur son propre corps. Agnès se félicite car elle réussit à ne pas se culpabiliser de devoir quitter son travail plus tôt pour suivre la cure, ce qui lui permet de vivre intensément les heures consacrées à son bébé dans une disponibilité d’esprit totale. Avant la 8ème séance, elle nous confie que Lucie est plus calme mais que l’eczéma la démange toujours. Son appétit est variable, elle commence à moins téter mais en revanche elle boit davantage d’eau. Pour soulager Lucie de ses démangeaisons, pendant la première demi-heure d’écoute en cabine, Agnès choisit de la masser avec une huile énergétique de bouleau dont la qualité essentielle est l’apaisement des douleurs physiques ou morales. L’heure suivante se déroule dans le bain et Lucie s’endort peu à peu, blottie contre sa maman. De la 9ème à la 14ème séance d’écoute intra-utérine de la voix maternelle, Agnès continue le rituel du massage et à partir de la 11ème séance un dialogue s’instaure entre elle et sa fille : « Tu étais comme ça dans mon ventre, tu t’en souviens ? » Le regard de Lucie approuve et semble dire : « Bien sûr que je m’en souviens ! ». Agnès ajoute : « Je voulais que tu te retournes, tu t’en souviens ? Et tous les jours j’appuyais sur mon ventre pour voir si tu 202 avais bougé ; qu’est-ce que ça te faisait à toi ? » Lucie répond à sa maman en appuyant sur le côté gauche de sa tête, avec ses deux mains. Tout en la regardant dans les yeux, Agnès lui chantonne la mélodie si souvent fredonnée pendant les dernières semaines de grossesse : « Lucie, Lucie, ma Lucie chérie, lumière de ma vie, retourne-toi…. ». Sans connaître le sexe de son bébé, Agnès pressentait si fortement qu’elle attendait une fille, que, déjà, elle s’adressait à « elle ». A l’écoute de : « Lucie, Lucie, ma Lucie chérie… », Lucie sourit et gazouille, se souvenant, et invariablement, à chaque fois que sa maman lui demande ce que cela lui faisait lorsqu’elle appuyait sur son ventre, Lucie appuie sur sa tête avec ses deux mains. A la fin de la séance, aucune des deux n’a envie de rompre le charme de ces instants privilégiés de communication. La veille de la 15ème séance, drôle de coïncidence, Agnès a son retour de couche, alors que nous abordons l’accouchement sonique de Lucie. Agnès me confie avant la séance : « J’étais un peu inquiète, Lucie se présentait en siège décomplété c’est-àdire les deux jambes dépliées. Il était question de pratiquer une césarienne mais finalement la naissance a eu lieu par voix basse, le travail a été très long et Lucie a beaucoup souffert le dernier quart d’heure. J’ai tendance à penser que l’eczéma est l’expression de cette souffrance, une souffrance qu’elle retourne contre elle alors que certains jeunes enfants repoussent leur mère, lui attribuant la responsabilité de leurs maux, comme dans le cas de Claude, qui en est l’illustration, dont j’ai pu lire l’histoire dans l’ouvrage de Thomas Verny. » A cette naissance difficile s’ajoutent les problèmes conjugaux de ses parents, la vie trépidante de sa mère, le manque de confort dans la maison en restauration que cette dernière vit très mal…. 203 Tous ces facteurs influent au niveau des manifestations psychosomatiques. Après avoir écouté et réconforté Agnès, elle rentre en cabine avec son bébé. La dernière demi-heure, Lucie reconnaît la voix : « Lucie, Lucie ma Lucie chérie… », elle cesse de jouer avec un petit récipient qu’elle vide et remplit, pointe son doigt vers le haut-parleur et se met à chantonner. La stimulation corticale obtenue grâce aux sons filtrés permet d’être sensible à toutes sortes de ressentis anciens (mémorisés, mais très profondément enfouis) et récents. L’enfant est à l’écoute de l’univers, il n’est plus englué dans ses peurs, ses craintes, ses blocages : il est présent et participe à la vie sur terre, ne se réfugie plus dans un monde fantasmatique qu’il se crée pour échapper à un monde qu’il juge hostile dès sa venue au monde, quand il a eu le malheur de vivre une naissance traumatisante puis d’autres événements qui ont fait naître une angoisse. Entre les séances d’écoute de l’enregistrement de la voix maternelle et de musique classique, à partir de la 16ème séance, nous intégrons dans la programmation des séances d’écoute dites de repos, en diffusant des comptines. Nous observons une nette différence de comportement selon la nature de la cassette écoutée. Pendant l’écoute des comptines, Lucie ignore sa maman et joue avec des petits récipients, mais dès que la voix maternelle est diffusée, elle laisse tomber ses jeux et vient blottir son dos contre sa maman, sa tête dans le creux de son bras, tout en suçant son pouce et en jouant avec ses pieds. Pendant la 17ème séance Lucie commence à jouer avec le nez et les cheveux de sa maman puis se met debout, s’accroche aux mains de celle-ci, s’amuse à se laisser tomber dans l’eau en arrière, sur les fesses, ressort en riant, se relève et recommence plusieurs fois le même 204 scénario. Dans l’intervalle, la bande sonore s’est arrêtée mais Lucie poursuit son jeu de renaissance dans le bain. Il semble évident que Lucie vient de revivre corporellement tout le cheminement du passage par voie naturelle et la libération au moment de l’expulsion, mais cette fois-ci sans douleur et dans l’harmonie d’une belle relation mère fille. C’est Lucie qui tout à coup décide de sortir du bain, comme une grande : elle lève une jambe de façon à enjamber la vasque utérine, mais c’est encore trop haut et difficile, alors sa maman l’aide, dans la joie et la bonne humeur. Elle retrouve ensuite son lapin doudou, qu’elle emmène aujourd’hui avec elle, comme par hasard, pour la première fois. Cet objet transitionnel, symbolique, a pour le jeune enfant une valeur affective toute particulière et l’effet sécurisant d’un substitut maternel : il facilite la transition entre le lien d’attachement à la mère et la relation avec d’autres personnes et de nouveaux éléments environnementaux. Les jeunes enfants sont doués de facultés ignorées par beaucoup d’adultes, Lucie nous en donne la preuve. Son père n’a pas pu venir l’accueillir à sa sortie de la cabine, mais son lapin doudou a comblé cette absence involontaire, Lucie le sait au plus profond d’elle-même. Cette cure permet un sevrage en douceur et l’acceptation d’une nouvelle nourriture : le premier aliment accepté lors de cette transition est un petit gâteau sec. Grâce à la thérapie conjugale menée en parallèle, les crises de larmes et les accès de tristesse de Lucie, que ses parents qualifiaient d’inattendus, s’espacent pour disparaître au fil des semaines. Pendant l’effet retard de la cure - qui se prolonge plusieurs mois et, chez certains, une ou deux années -, les plaques d’eczéma se sont réduites, les démangeaisons sont beaucoup plus rares et moins irritantes. La mère de Lucie 205 a continué à aider la cicatrisation des plaies de son bébé en continuant les massages Shantala avec l’huile énergétique de genêt utilisée pour aider à la convalescence, au renouveau, à la renaissance – à un nouveau départ en quelque sorte. Mais : « rien n’est plus profond que la peau », comme le disait Paul Valéry, et il faut savoir que cette somatisation est l’une des plus difficile à juguler. Cette petite famille a choisi une dynamique familiale pour aider leur amour à dépasser les difficultés matérielles. Parfois, malheureusement, certaines mères agissent de telle sorte, qu’inconsciemment elles risquent de mettre la thérapie en échec. Je demande donc aux thérapeutes qui travailleront dans ce contexte, d’être particulièrement à l’écoute des mamans et de leur propre histoire qu’elles ont tendance à taire, puisqu’elles viennent nous consulter pour leur enfant ! Clément, 19 mois Le pédiatre homéopathe adresse Clément au centre APP car, depuis sa naissance, il présente des troubles de l’appareil digestif dont la cause est psychosomatique. Clément, benjamin d’une famille de trois garçons, est un enfant menu, sensible, particulièrement attaché à son papa. Au cours de la thérapie nous allons découvrir le vécu intra-utérin qui l’a amené à ne plus pouvoir digérer et à développer une certaine forme de révolte en guise d’appel au secours. En phase de retour sonique, Clément joue à transvaser l’eau du bain d’un pot dans un entonnoir, très concentré sur son expérience pendant plus de 5 minutes ; puis il lâche l’entonnoir pour jouer avec son sexe et, subitement, arrose tout doucement sa maman de la main droite tandis 206 que de la main gauche, tenant toujours le petit pot en plastique, il se met à la frapper violemment au visage. Sa maman l’arrête et il pleure, s’assoit sur elle, toujours en colère et cherche à verser des récipients d’eau hors de la vasque utérine. Il est clair que cette hostilité n’est pas la manifestation d’un caprice, car l’enfant a bien fixé sa maman dans les yeux pendant qu’il touchait son sexe. Sa maman pense alors que son benjamin sait qu’elle désirait une petite fille et qu’il a du ressentir sa profonde déception le jour où l’échographie a révélé l’existence d’un futur petit homme. Dans l’absolu, il est légitime de désirer donner naissance à des enfants de sexe différent mais malheureusement, dans ce cas de figure, l’enfant attendu souffre d’une « non attente», verbalisée ou non. Le mieux est de parler de ce vécu affectif avec l’enfant, le plus rapidement possible. Le lendemain, Clément est accompagné de ses parents ; nous allons dans la salle de jeux et nous approchons le thème de la famille par le biais de la maison de poupées et de ses différents personnages. Chacun de nous choisit le personnage qui le représente et un merveilleux jeu de rôles se met alors en place. Tout naturellement, les parents disent avec beaucoup d’amour et de délicatesse les mots que leur petit garçon a besoin d’entendre pour panser et guérir ses maux. Leur gestuelle de réconfort et de tendresse rassérènent le petit garçon qui a grand besoin de ressentir qu’il est le bienvenu sur la planète terre. Les séances suivantes se passent très bien : Clément reste sur sa maman, sur le dos puis sur le côté, l’oreille à l’écoute du cœur maternel, les jambes repliées à la hauteur de son thorax. Au retour à la maison, Clément saute toujours avec beaucoup de joie dans les bras de son père, il mange tout seul, bien et sagement, puis dort toute une longue nuit. 207 Avant de commencer la cure, il se réveillait trois fois par nuit et n’acceptait la nourriture que sous forme de bouillie à boire au biberon. Lors de la phase d’écoute intra-utérine, Clément entre en cabine très calme. Les « petites abeilles » (sons filtrés), comme il dit, l’intriguent et chatouillent son oreille gauche, qu’il touche de temps en temps. Il fait un câlin à sa maman en lui donnant son pouce à sucer. La seconde demi-heure Clément saisit le poupon, le tuyau rouge en plastique souple et un biberon. Il s’assied entre les jambes de sa maman en appuyant le dos contre son ventre puis, maintenant bien le poupon, il entoure le tuyau rouge autour du cou de ce dernier et lui donne le biberon. De temps en temps, allongé sur sa maman, il tète aussi ce biberon, le poupon retenu par son bras gauche. Clément est né avec une double circulaire du cordon ombilical, or, tous les enfants ayant vécu ce traumatisme le projettent de cette manière sur le poupon. A partir de la 15ème séance, Clément nous fait comprendre, en bougeant davantage dans la cabine et en envoyant plusieurs fois un petit pot contre les murs, qu’il est temps de passer à l’action et nous programmons alors l’accouchement sonique. Au début de la séance, Clément dit « papa », lui envoie virtuellement plusieurs bisous, répétant ce rituel quatre fois de suite, puis il respire comme un petit chien (au cours de préparation à la naissance, les parents ont appris la respiration haletante et rapide du « petit chien » ; Clément s’en souviendrait-il ?). Ensuite, à l’aide d’un petit récipient, il renverse de l’eau sur sa tête, sur ses yeux et rit de bon cœur. En écoutant le dé-filtrage progressif de la voix maternelle, Clément dit plusieurs fois « maman », chantonne en regardant dans la direction du son, puis se rapproche de sa 208 maman, dit « aïe », penche sa tête à droite et tend son cou à gauche pour quémander des caresses. On peut penser que pendant le passage dans la voie naturelle, le cordon a fait pression sur cette partie de son cou et l’a gêné au moment de l’expulsion. Caressé, réconforté, Clément commence un nouveau rituel : il se soulève du bain, prend appui sur les épaules de sa maman, se laisse tomber en arrière, s’assoit, immerge sa tête et boit l’eau du bain, les lèvres tendues comme les fœtus que Lennart Nilsson a pu photographier. A 10 minutes de la fin de la séance, il s’allonge sur sa maman, boit son biberon d’eau puis le lui tend, et inverse les rôles en le lui faisant boire, ce qui le réjouit au point que la séance se termine dans des éclats de rire. Le lendemain matin, Clément vit un mauvais réveil et il fait une selle diarrhéique de mauvaise odeur. Il ne veut pas qu’on le change. Il râle, pleure et respire comme s’il faisait des efforts. Il se fait câliner à plat ventre sur papa ou maman et se promène ensuite dans la maison, le regard dur. Dans l’après-midi, pendant les 15 premières minutes de la séance, Clément regarde sévèrement sa maman puis la frappe avec ses petits poings, de plus en plus fort, jusqu’à ce que son visage s’éclaire et qu’il se mette à rire très fort. En sortant Catherine s’exprime ainsi : « Je suis soulagée de savoir que Clément a pu se libérer du poids de cette souffrance le plus tôt possible. Tout le corps de Clément se libère de tout ce qu’il a retenu depuis plus de 9 mois, et ceci dans les meilleures conditions. Je sais que pendant la phase du pré-langage, nous pourrons l’éduquer à ne plus agir ainsi agressivement envers moi. Aujourd’hui, je l’ai laissé faire, je voulais tant qu’il se libère de cette colère enfouie depuis sa vie intra-utérine ! » 209 Lors de la dernière séance de l’accouchement sonique, Clément entre dans le bain avec son poupon, le met contre lui tout en restant lui-même au contact corporel de sa maman, et s’adresse ainsi au poupon : « dodo bébé » ; il lui montre la direction de la musique, sourit, appelle quatre fois son papa puis s’intéresse de nouveau à son « bébé » en lui suçant le pied et la main. Quand il reconnaît la voix de sa maman, il se blottit contre elle, puis s’écarte et la regarde d’un air interrogateur, avant de revenir se blottir contre sa poitrine en gémissant plusieurs fois « maman ». En arrivant chez lui, Clément est très heureux de retrouver son père, qui, n’ayant malheureusement pas pu venir l’accueillir au centre lors de sa renaissance, sait avec beaucoup d’affection combler ce retard de 2 heures. Le repas se passe très bien. Clément, heureux et apaisé, s’endort comme un petit ange. Cette cure a régulé l’appétit de l’enfant, et lui a permis d’accepter une nourriture plus consistante et plus variée ; ses fonctions digestives et ses fonctions d’élimination se sont régulées, et il ne fait plus de rétention des matières fécales. La thérapie lui a permis d’évoluer. Au niveau de la communication, les progrès sont nets : Clément répète beaucoup de mots et parvient à se faire comprendre ; il s’épanouit chaque jour davantage en jouant. Ses parents ont accepté de lui offrir un landau et un poupon ; en effet, au centre, ils ont pu observer combien ces deux jouets nous permettaient de mieux comprendre son vécu, et ont reconnu les bienfaits de ces deux éléments pédagogiques qui lui permettent de s’exprimer et de projeter les résonances intimes, introverties pendant la vie intrautérine et les 19 mois qui ont suivi sa naissance. Pendant les 5 premiers mois d’effet retard, Clément promène son poupon, le couvre, le découvre, le prend au bras, le berce, le montre à toutes les personnes du lotissement, puis, peu à peu, il s’intéresse aux jeux de ses 210 frères. Ceci pour dire aux parents que, parfois, les petits garçons peuvent avoir besoin de jouer avec un poupon et un landau, et les petites filles avec des voitures ou des trains. Toute la famille vit à présent en harmonie : Clément et sa maman se sont acceptés, les frères aînés ont accueilli ce petit frère (qui n’accapare plus leur papa) dans leur clan, et le papa est ravi de voir sa famille enfin réunifiée. Anne Lise, 5 ans La maman d’Anne Lise, professeur d’espagnol, vient au centre APP sur les conseils de la mère de l’un de ses élèves, que nous avions aidé à rattraper son retard scolaire, les mois précédents. Anne-Lise est la cadette d’une famille de trois filles. Son comportement n’est plus toléré en famille : « Anne-Lise est exigeante, elle n’est jamais satisfaite, elle impose sa volonté, elle est devenue trop tyrannique, nous n’en pouvons plus ! » Dès sa naissance Anne-Lise souffre de déshydratation et de problèmes dermatologiques. Sa maman se souvient : « Elle hurlait, son cou était à vif tant elle se grattait, chaque articulation a été aussi le siège d’un eczéma persistant jusqu’au 7ème mois. Pendant 4 mois, elle a eu un allaitement mixte, sein et biberon. J’ai vécu une période de baby blues, les 3 semaines suivant sa naissance. Au 8èmemois, elle a fait deux otites à 15 jours d’intervalle, à gauche puis à droite, et pour chacune l’ORL a effectué une paracentèse… » Le psychologue américain d’origine autrichienne, René Spitz (1887-1974), dès 1965, informait les parents, dans son livre La première année de la vie de l’enfant, de la nécessité d’être vigilent au sujet du choix de la période la 211 plus favorable pour confier leur enfant aux bons soins d’un tiers, sans craindre de séquelles psychologiques. Il a démontré expérimentalement l’importance des échanges émotionnels qui s’effectuent entre le bébé et sa mère, tout particulièrement au 8èmemois, période très sensible pendant laquelle il faut éviter tout changement de mode de garde pour l’enfant. Ce qui fut précisément et malheureusement le cas pour Anne-Lise ; les otites, les bronchites asthmatiforme, les crises d’asthme sont souvent, dans ce cas, la somatisation de l’angoisse de perte de repères. Ce rappel à la vigilance étant essentiel, cher lecteur, permettez-moi de redonner la parole à la maman d’AnneLise - qui aurait tant aimé être informée 5 ans auparavant : « … Dès ses 2 ans ½, Anne-Lise a bégayé. Le père de mon époux bégaie. Elle a effectué dix séances d’orthophonie, mais s’est opposée à la rééducation, et nous n’avons pas insisté car nous ne voulons pas de rapport de force en famille. » Dans sa 4ème année, Anne-Lise a fait une crise d’asthme alors que sa maman était enceinte de sa petite sœur. Dès la seconde séance de la phase du retour sonique, Anne-Lise organise instinctivement un jeu de rôle : avant d’entrer dans la cabine de maternage, elle choisit une cuvette et trois canards en plastique dans la salle de jeux. Elle remplit la cuvette avec l’eau du bain, suffisamment pour que les canards nagent tout en veillant à ce que la cuvette flotte sur l’eau. Le canard bleu est le papa, le rouge la maman et le jaune la grande sœur. Elle les observe et les fait boire puis, intriguée par la poitrine de sa maman, elle lui pose des questions sur l’utilité et le rôle des seins. Lors de la 4ème séance, elle pince les seins de sa maman et, ne voyant pas de lait sortir des mamelons, elle en pince la 212 peau, puis, déçue, croyant que sa mère lui a menti, elle devient agressive et la frappe. Cette dernière lui donne une tape en échange. Durant les séances suivantes Anne-Lise est plus calme. Sa mère a développé l’explication du rôle des seins et a répondu à toutes ses questions. Câline, la fillette reste contre elle en suçant son pouce, joue très peu mais pose de nouveau beaucoup de questions au sujet de la vie du bébé dans le ventre et de la préparation des seins à l’allaitement. A la suite de ces six premières séances, la maman nous fait part de ses observations : « Anne-Lise reprend son biberon au réveil, avant la sieste et au coucher, mais suce de moins en moins son pouce. Elle m’étonne car elle désire s’habiller seule, devient de plus en plus indépendante et prend des initiatives pour nous aider aux tâches ménagères. » Pendant la 7ème séance de la phase du retour sonique, Anne-Lise essaie de téter les seins de sa maman, calmement et plonge sous l’eau pour faire des bulles. A la fin de la 8ème séance de la phase de l’écoute intrautérine en voix maternelle filtrée à 12 000 Hz, Anne-Lise demande à sa maman à ce qu’on lui coupe les cheveux comme à un garçon (rappel : elle est la cadette de trois sœurs). Pendant la 9ème séance, Anne-Lise fait en sorte que les jambes de sa maman l’entourent puis elle s’amuse à les rouvrir. Ensuite elle griffe les parois de la cabine tout autour de la vasque utérine pour, dit-elle, « effacer les murs ». Juste avant de sortir de la cabine, pour la première fois, elle s’intéresse à la poupée qui l’accompagne depuis le début de la cure : elle la caresse affectueusement. Avant la 10ème séance, sa mère nous confie : « Hier aprèsmidi, pour la première fois depuis le début de la cure, 213 Anne-Lise n’a pas voulu faire la sieste ; elle m’a demandé d’aller à l’école. Il faut que je vous dise qu’au 5ème mois de cette seconde grossesse, j’ai eu des contractions en relation avec la grande peine que j’ai eu de perdre deux de mes grands-parents. » Pendant cette séance, Anne-Lise se plaint des jambes, parle beaucoup, et a hâte de sortir de la cabine pour aller faire manger sa poupée dans la cuisine de la salle de jeux. Avant la 11ème séance, sa maman nous confie : « AnneLise pleure pour un rien et, hier soir, elle a dessiné l’appareil génital féminin tout en noir ». Anne-Lise effectue un travail de deuil inconscient, deuil qu’elle a vécu au 5ème mois de sa gestation par le truchement du ressenti de sa maman. Pendant cette onzième séance, Anne-Lise emporte trois poupées en Cabine et les materne tendrement. En sortant, elle se dirige dans la salle de jeux et fait deux dessins entièrement noirs qui représentent un poisson noir dans des eaux troubles, et un 3ème dessin coloré qu’elle nous montre fièrement en disant : « Le papa avec le petit garçon » (désir parental d’attente d’un garçon projeté sur la feuille blanche). Puis vient la phase de l’accouchement sonique. Au cours de la 12ème séance, Anne-Lise demande plus de place dans la cabine ; elle joue, dit-elle, « avec le poisson qui veut sortir », et décrète : « Le poisson a des ciseaux ». Sa maman lui demande : « Pourquoi a t-il a des ciseaux ? ». Elle répond que c’est pour couper le papier. Puis, au bout de 10 minutes, elle reprend : « Non, les ciseaux c’est pour couper les murs ! ». Anne-Lise est née par césarienne, et sa maman nous confie que, dans la vie courante, l’enfant parle souvent de ciseaux. Pendant la 13ème séance, elle s’immerge le plus longtemps possible. Après la séance, elle dessine un bonhomme noir avec de longs cheveux noirs et un gros ventre. 214 Lors de la 14ème séance, Anne-Lise adopte la position fœtale et suce son pouce pendant 5 minutes silencieusement, puis demande à sa mère si elle sera toujours Anne-Lise, même une fois devenue grande, quand sa maman sera morte. La maman angoissée répond qu’elle ne va pas mourir, mais Anne-Lise s’empare du tuyau symbolisant le cordon ombilical, le manipule tranquillement et, tout aussi calmement, lui dit : « Je vais te tuer ». Quand nous abordons la 15ème séance, je ressens intuitivement que le travail de renaissance progresse bien. En entrant dans la cabine, Anne-Lise dit à sa maman : « Je ne suis pas née. Ma copine Sophie m’a dit que je suis un garçon parce qu’il y a des garçons qui portent des robes ». Pendant la séance, sa maman lui explique, qu’en effet, il y a très longtemps, les petits garçons portaient des robes jusqu’à l’âge de 3 ans dans les campagnes et, qu’à l’heure actuelle, en Ecosse, les garçons, et même les messieurs, portent des jupes plissées que l’on appelle des kilts. AnneLise écoute attentivement, car sa maman a l’habileté d’emprunter le cheminement de pensée de Sophie dont la parole n’est jamais mise en doute par sa fille. Avant la 16ème séance, Anne-Lise reprend les trois canards dans la salle de jeux. Pendant la séance, elle leur dit : « Je vais vous abriter de la tempête ! » Puis elle se tourne vers sa maman et lui demande : « Si on mange qu’un tout petit peu, est-ce qu’on peut avoir un gros ventre ? » Ce jour là, Anne-Lise veut sortir du bain toute seule et sa maman la laisse faire. Heureuse, elle sort de la cabine en chantant. Pendant la 17ème séance, Anne-Lise prend de plus en plus de place dans ce symbolique utérus maternel et elle demande à sa maman de sortir du bain et de rester assise sur le petit tabouret placé tout contre la vasque utérine. Dix minutes plus tard, elle dit qu’elle se sent mal dans sa 215 peau et demande à sortir pour aller dessiner dans la salle de jeux. La fillette fait en criant un dessin tout noir : il se produit une catharsis (libération de tensions). Elle s’empresse de plier plusieurs fois sa feuille pour que personne ne puisse le voir, s’empare des ciseaux et coupe avec détermination son pliage, dans tous les sens. En arrivant à la maison familiale, elle mange goulûment, plus que de coutume, et dans la nuit, elle vomit. Sa maman nous explique que ce vomissement n’a pas été vécu dans l’intensité dramatique habituelle qu’il revêt quand elle est malade : cette fois-ci, Anne-Lise a vomi en ressentant une libération, un soulagement, et s’est recouchée apaisée avant de s’endormir aussitôt. Lors de la 18ème séance, elle dit : « Aujourd’hui, je ne veux pas me mouiller les cheveux, je veux que maman reste sur le tabouret sinon je la mords ! » Anne-Lise se prélasse dans le bain, enlève la bonde et bouche partiellement la voie d’évacuation avec ses doigts - elle mime une naissance naturelle. Elle apprécie la caresse de l’eau sur son corps avant son écoulement ( il nous semble que cette fois-ci, elle veuille maîtriser sa naissance : c’est elle qui décide de la force du flux de la perte des eaux). Quand toute l’eau s’est échappée, elle se redresse doucement, sourit et chantonne la comptine de l’enregistrement maternel pendant que sa maman la berce contre elle, après l’avoir enveloppée dans un drap de bain tiède. Radieuse, elle vient à notre rencontre dans la salle de jeux et me dit spontanément: « Je suis contente d’être venue ». Je lui réponds : « Sois la bienvenue Anne-Lise, nous nous réjouissons avec toi. » Au cours de cette cure, nous avons en premier lieu aidé la mère et la fille à pouvoir s’écouter et dialoguer dans un climat de confiance réciproque. Nous notons que l’eczéma n’est pas réapparu. Le traitement homéopathique suivi à l’époque de cette pathologie l’a totalement enrayée 216 (parfois une pathologie réapparaît momentanément pendant la cure, signe d’un reliquat de l’expression d’une somatisation mémorisée par les cellules). En ce qui concerne les explications attendues par Anne-Lise sur le sujet sensible de l’allaitement au sein et au biberon, la cure lui a permis d’avoir accès aux deux sensations et de dialoguer ouvertement avec sa maman. Au retour de 5 semaines de vacances pendant lesquelles l’effet retard de la cure a commencé à s’effectuer, le papa d’Anne-Lise nous dit : « Nous avons apprécié les progrès comportementaux de notre fille, au sein de notre famille et en société. Anne-Lise n’est plus tyrannique ; c’est une enfant toujours très vive mais elle n’est plus entêtée et butée : à présent lorsque nous intervenons pour la freiner et la calmer, elle nous regarde au fond des yeux et écoute. Elle sait qu’elle pourra s’exprimer et que nous l’écouterons à notre tour. Il en résulte qu’elle n’est plus agressive, ni dans ses actes, ni dans ses paroles. Parfois, elle se défoule en étant ferme et catégorique avec ses poupées, mais il n’est plus jamais question de tuer ou de mordre. Elle est gaie et chante souvent. Son bégaiement n’est plus constant ; il apparaît seulement dans la précipitation ou l’enthousiasme de s’exprimer la première. Comme vous me l’aviez conseillé, chaque soir, nous lisons à haute voix pendant 15 minutes, chacun notre tour, un paragraphe d’une histoire. Cet exercice nous a rapproché et ainsi nous avons établi une belle complicité. Cette reconnaissance réciproque l’aide à devenir plus coquette ; je ne pensais pas que mon désir d’avoir un fils, en somme tout naturel, avait pu meurtrir le cœur de ma fille cadette à ce point ! » Nous revoyons Anne-Lise de temps en temps, en séances de thérapie des marionnettes, pour lui permettre de continuer à exprimer librement ses sentiments et à extérioriser les conflits qui surgissent fréquemment en 217 début d’année scolaire. Elle effectue aussi une série de vingt-cinq séances, de 30 minutes chacune, de répétition de mots difficiles et de phrases au micro (ces mots sont entendus à travers un casque branché à une oreille électronique). Cet exercice en APP est vivement conseillé dans son cas, pour l’aider à contrôler son débit verbal en toutes circonstances, et ainsi juguler totalement le bégaiement. L’enfant acquiert une belle confiance en soi et la maîtrise de ses émotions. A la fin du second trimestre de l’année scolaire, Anne-Lise vole de ses propres ailes… Il m’est impossible de mettre en page 25 ans de pratique. Pour terminer ce chapitre, je vous livre la réaction comportementale troublante, concernant la mémoire intrautérine, de Florian, 3 ans ½. Au retour des écoutes de la phase de l’accouchement sonique en voix maternelle, le petit garçon se précipite dans la salle de bain dès son arrivée chez lui, ouvre le placard, choisit toujours une serviette rose, en tapisse le bidet, se penche en s’arc boutant, et positionne sa tête au niveau de la bonde d’évacuation. Notons qu’au 8ème mois de grossesse, sa maman, Isabelle, a subi un début de décollement du placenta. « Florian choisit toujours une serviette rose, est-ce que cette serviette-éponge peut symboliser l’étalement de mon placenta ? » nous demande Isabelle. Nous pouvons le penser. Elle nous confie que ce jeu semble l’aider à retrouver son calme, car, depuis qu’il agit ainsi, son sommeil est régulier de 21 h à 6 h alors qu’auparavant il ne dormait que de 21 h à 23 h 30 puis s’assoupissait et se réveillait très fréquemment. 218 Le concept Aquamater en aide aux enfants épileptiques L’épilepsie infantile touche un cerveau en pleine maturation, donc, à la fois beaucoup plus fragile (d’où la gravité potentielle de certaines formes d’épilepsie) et plus plastique (d’où une capacité de récupération bien supérieure chez le jeune enfant). En France, quatre mille nouveaux cas d’épilepsie sont diagnostiqués chaque année chez l’enfant de moins de 10 ans. Pour près d’un enfant sur quatre, l’épilepsie est très difficile à contrôler. Le traitement d’une épilepsie infantile doit être suivi par une équipe de neuro-pédiatres spécialisés. Cependant, le médecin généraliste et le pédiatre sont aussi impliqués dans le suivi et l’encadrement de l’enfant et de sa famille. Les professionnels de santé et les enseignants, qui ont longtemps ignorées ou mésestimées les difficultés scolaires des enfants épileptiques, en ont maintenant pleinement conscience.63 Les troubles cognitifs et les difficultés d’apprentissage sont deux à trois fois plus fréquents chez les enfants épileptiques que dans la population générale. Un enfant épileptique sur deux ou trois est en échec scolaire. Seulement 43% des enfants épileptiques achèvent leur premier cycle scolaire, contre 73% dans la population normale. « Longtemps, l’épilepsie a été associée à un retard mental qui excluait un grand nombre d’enfants de l’école, les laissant démunis et faisant d’eux des handicapés », souligne Claire Cachera, secrétaire générale de la fondation française pour la recherche sur l’épilepsie (FFRE). Pr. Olivier Dulac, Mise au point clinique : épilepsies de l’enfant, les progrès de la prise en charge, Actualités, Innovations, Médecine (AIM) N° 128 63 219 Ces dernières années, les recherches sur les déficits cognitifs liés à l’épilepsie se sont développés, conduisant à une nouvelle discipline : la neuropsychologie. Le Pr. Isabelle Jambaqué, neuropsychologue à l’université Paris V, précise : « Les évaluations neuropsychologiques visent à mieux cerner les difficultés de développement et d’apprentissage qui sont propres à un enfant souffrant d’épilepsie. Le but est de mettre en route le plus tôt possible, un soutien pédagogique et une rééducation adéquates. » Un soutien psychologique associé au suivi neurologique est indispensable pour aider l’enfant à retrouver confiance en lui, pour l’encourager à accéder à l’autonomie et à se responsabiliser, ainsi que pour soulager les parents d’un fréquent sentiment de culpabilité et pour les aider à traverser cette période délicate de difficultés provisoires de leur enfant (épilepsies absences, épilepsies partielles bénignes). Une rééducation et des aménagements pédagogiques adaptés aux troubles de chaque enfant devraient pouvoir être proposés : orthophonie, psychomotricité, musicothérapie, art thérapie, etc. En l’occurrence, j’ai reçu des enfants âgés de 7 et 8 ans souffrant d’épilepsie et nous avons travaillé en coordination avec le personnel du corps médical, du corps enseignant et du corps associatif, qui œuvrent avec dévouement à la reconnaissance de ce handicap trop mal connu. Ces enfants n’ont pas effectué leur traitement APP en cabine de maternage car ils ont choisi d’aller dans la salle de jeux, prétendant qu’ils étaient trop grands. Leurs mères m’ont fait part de leur regret de ne pas avoir connu l’existence de la cabine de maternage plus tôt, lorsque leurs enfants ont eu leurs premières crises. Les neuropsychologues et neurologues déterminent quels sont les cas spécifiques qui peuvent être aidés par une 220 rééducation psycho auditive.64L’APP rééquilibre l’activité des deux oreilles dans leur fonction énergisante du cerveau. Ce travail ré-harmonise l’activité électrique du cerveau. Ainsi, les crises d’épilepsie qui sont liées à des différences de potentiel électrique entre les deux hémisphères, diminuent en fréquence d’intensité. Sur le plan émotionnel, les séances APP diminuent la charge affective des traumatismes passés et le niveau d’anxiété. Notons ici l’importance du nerf pneumogastrique, encore appelé nerf vague, qui tient sous sa coupe toute la commande de la vie affective. Il donne en premier lieu la sensibilité de l’oreille, puis innerve, entre autres, le larynx, les bronches, le cœur ; il plonge dans les viscères (rate, reins, foie), puis descend dans l’appareil digestif. Il est le lien entre nos émotions et leurs manifestations physiologiques, c’est à dire le champ de la psycho somatisation. Or, dans de nombreux cas d’épilepsie, le facteur émotionnel a une grande influence sur la fréquence des crises. En effet, elles sont souvent déclenchées après une augmentation du degré de tension interne (stress, fatigue, excitabilité etc.). La crise traduit alors la libération de cette tension, ce qui explique pourquoi la personne se sent souvent comme apaisée après une crise. Les progrès sont souvent considérables et permettent une diminution des crises, voire leur cessation dans certains cas. Dans le même temps, la démarche s’accompagne d’une amélioration des capacités d’apprentissage (concentration, mémoire etc.) et du bien être général (détente, créativité etc.), ainsi que d’une hausse du niveau d’énergie. Ces progrès sont régulièrement mis en évidence sur le tracé obtenu par Le centre d’écoute et du langage de Toulouse - application des principes d’APP du Dr Tomatis : http://www.tomatistoulouse.com/epi.htm 64 221 électroencéphalographie (EEG), après une période de prise en charge en cure audio-psycho-phonologique. Après une cure en cabine de maternage Aquamater, les résultats sont toujours au rendez-vous, dans tous les cas que j’ai pu traiter, et parfois même de façon spectaculaire. Compte tenu de la durée moyenne des différentes psychothérapies existantes, nous constatons que nous obtenons une amélioration des symptômes dans des délais relativement courts. Par la douceur qu’elle offre dans l’alcôve la plus rassurante qui soit, ainsi que par la prise en charge personnalisée de chaque patient et de sa famille, cette thérapie présente l’avantage d’être une méthode de soins naturelle très efficace. 222 EN CONCLUSION AQUAMATER ET L’ART THERAPIE Tout au long du traitement en cabine de maternage Aquamater, l’enfant est invité à s’exprimer à travers divers supports, comme les jeux ou le dessin. Nous avons vu comment nous pouvons comprendre ce que traverse l’enfant, à la façon dont il se sert des jouets « symboles » qui sont mis à sa disposition. Le dessin est un autre excellent moyen, pour l’enfant d’exprimer ses blocages, et pour le thérapeute de suivre l’évolution du traitement. L’enfant peut projeter ses émotions et son ressenti en déposant concrètement sa problématique sur la feuille vierge. Ainsi, il a accès au pouvoir de sublimation et de dépassement d’un vécu difficile. Le dessin permet un effet de catharsis et devient le réceptacle de la projection des maux psychiques. L’art thérapie, ou thérapie par l’art, moyen d’expression de l’être, est aujourd’hui reconnu et couramment employé sous plusieurs de ses formes. L’art thérapie utilise les moyens artistiques pour dire son mal-être, pour laisser s’exprimer les démons intérieurs qui habitent tout être : dessins, peinture, théâtre, danse, musique, écriture, permettent d’accéder à un état de libération en laissant s’exprimer l’inconscient, tout en nous reliant à notre être intérieur. 223 L’art fait appel à notre sensibilité, à nos émotions et à notre intuition. Ces données subtiles nous permettent d’atteindre une partie de notre moi profond qui échappe à notre contrôle, mais qui détient la clé qui va permettre la libération de nos blocages, de nos traumatismes et, en un mot, de nos souffrances. Il n’est pas utile d’être un grand artiste, de maîtriser un art ou un autre, et le but n’est pas académique. Il s’agit au contraire de laisser s’exprimer quelque chose de personnel et de particulier à notre histoire. Le thérapeute aide le patient à s’abandonner au geste créateur, au geste instinctif inconscient. Il convient de laisser aller sa main, ou de suivre l’élan de son corps, de façon intuitive. Le dessin par exemple, va parler de notre intérieur, de cette partie de nous qui a guidé le crayon. Au fur et à mesure, les dessins se transforment et le thérapeute peut suivre l’évolution du travail intérieur à travers leur interprétation. Le thérapeute n’est pas là pour juger l’œuvre du patient mais pour l’aider à trouver ses propres réponses. Cette thérapie s’adresse à tous, aux adultes et aux enfants, à tous ceux qui traversent des difficultés de quelque nature que ce soit. C’est au XXe siècle que l’enfant est enfin considéré comme un être à part entière, et que l’on commence à s’intéresser à sa vie intérieure. Dessiner est pour l’enfant un jeu, et les progrès de la psychologie de l’enfant permettent alors de comprendre toute la portée du jeu dans la construction de l’être. Nous devons à Mélanie Klein la mise au point de la technique de la psychanalyse par le jeu. Par la suite, en France, le psychodrame psychanalytique adapté aux enfants voit le jour. Anna Freud, la fille de Sigmund Freud, conçoit ce qu’elle définit comme quelque chose entre une crèche et un jardin d’enfants, afin de dispenser des soins physiques et psychopédagogiques aux enfants défavorisés. C’est d’ailleurs à partir de ce concept qu’elle 224 crée, en 1940, avec Dorothy Burlingham, les « crèches de guerre » de Londres, puis une fondation destinée à enseigner et à appliquer la psychanalyse des enfants. Les travaux du pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott, issus de ceux de Mélanie Klein, s’en éloignent au fil du temps. Pour lui, la mère est le premier miroir de l’enfant, et la représentation du vécu corporel de l’enfant passe par l’image du corps. Le jeu est le lieu de l’expérience de la réalité, un lieu de création. C’est la technique du jeu qui permet la cure des enfants. En fait, l’enfant prête aux objets sa propre agressivité, ses propres comportements. Le dessin est quant à lui le premier langage écrit, reflet de sa personnalité. Des années 60 à 80, on s’intéresse beaucoup à la valeur thérapeutique du dessin ; plusieurs écoles de pensée naissent et se rejoignent sur le fond, même si quelques divergences demeurent. Le dessin est agréé comme l’un des moyens qui permet à l’enfant de se projeter vers l’extérieur. Il est considéré comme très important à ce titre et non plus seulement comme un exercice d’habileté et l’expression d’un talent. L’analyse des dessins permet de cerner le caractère. James Sully écrit : « L’esquisse enfantine, quelque grossière et bizarre qu’elle soit, dévoile un processus de développement. » Ainsi, l’enfant ouvre son inconscient à l’initié qu’est le thérapeute. Le dessin d’enfant est universel. Il naît spontanément de la main de l’enfant. Celui-ci ne se soucie pas de ce qu’il crée, contrairement à l’adulte qui doit aussi lâcher la volonté d’un résultat esthétique. Ce type de dessin fait appel à l’imagination, à l’expression de ce qui anime l’enfant. Il est différent du dessin d’observation qui est issu de l’analyse et représente un objet extérieur. 225 Les dessins se ressemblent partout dans le monde. Ces dessins, nécessaires au développement du langage et à l’expression des concepts, sont symboliques des étapes de développement cognitif de l’individu. L’enfant s’implique beaucoup dans sa création et pour lui, il s’agit d’autre chose qu’un simple divertissement. La première traduction de soi de l’enfant, vers 3 ans, quel que soit le pays où il vit est le fameux « bonhomme têtard » comme le nomma James Sully. Progressivement, entre 3 et 7 ans, le bonhomme se complète. Dans le cadre du traitement en cabine de maternage, les enfants dessinent spontanément. Quand ils sortent de la cabine, ils vont jouer avec plaisir dans la salle de jeux, où divers ateliers sont mis à leur disposition, et quand ils en ressentent le besoin, ils expriment naturellement leurs angoisses, ce qui les dérange, les perturbe ou encore leurs joies, leurs désirs. Le dessin est étudié par le thérapeute qui va pouvoir l’interpréter par la médiation du symbole. Symbolisme des formes, des positionnements des éléments, mais aussi des couleurs dont nous avons parlé largement. Les dessins et les couleurs évoluent au fil du temps. Sous oreille électronique, les thématiques sont toujours les mêmes et le Pr. Tomatis les a regroupées suivant les différentes phases du traitement65. Pendant le retour sonique, il y a sept thèmes récurrents : les dessins représentent une face ou surtout l’œil, la maison dans un coin de la feuille, des images géométriques que nous appelons dessins « de repos » (qui dénotent un besoin de 65 A. Tomatis - Bendor, Son et symbolique du dessin, Ed. Centre du langage et de pédagogie de l’écoute - Méthode Tomatis, 21 place Alexandre Labadie, 13001 Marseille, 1984 226 sécurité et la crainte de se projeter tant l’angoisse est paralysante) ; la cavité ; le bateau se dirigeant vers la gauche de la feuille (l’entrée dans l’univers aquatique nous est ainsi indiqué) ; et enfin les deux arbres. Pendant la mémorisation intra-utérine, on retrouve dix grands thèmes. Tout d’abord des images de fœtus et de cavités avec des bords souvent rouges. Le second thème est celui du cordon ombilical, rouge la plupart du temps. Le 3ème thème est encore celui du bateau et surtout du sous-marin et du sujet dans l’eau. Puis vient celui de la maison symbole de la mère. La fermeture ou ouverture des portes et fenêtres de cette maison donnent des indications précieuses concernant l’évolution du traitement et le stade de la croissance intellectuelle et affective du patient. Ensuite, nous retrouvons l’arbre. L’arbre, représentation symbolique du placenta prolongé par le cordon ombilical, est le premier dessin que font les enfants sur toute la planète - même dans les pays sans arbres. Le tronc de l’arbre allant puiser sa nourriture dans le sol représente le cordon qui puise sa nourriture dans le placenta. Il est surmonté des branches et de feuilles, symboles de la vie et des sensations du fœtus. A partir du 9em mois, le fœtus voit l’arborescence placentaire. Le pommier est l’arbre des naissances, l’arbre de vie dans la Thora. Souvent, lorsque l’enfant dessine en écoutant les sons filtrés, il représente le placenta sous forme de pommier. Les pommes sont les marques des petits doigts en formation qui s’appuient en s’enfonçant légèrement dans le placenta. Certains enfants disent : « C’est des trous dans le ciel ! » Touchante mémoire des premières sensations du toucher. Nous observons que le blanc de la feuille va être de plus en plus occupé et la couleur de plus en plus soutenue. Un autre thème encore, est celui des visages. Ensuite, le sujet perd de son importance, ce sont les couleurs qui recouvrent de plus en plus la page blanche. Les couleurs 227 sont très représentatives du vécu : douces ou agressives, foncées ou lumineuses. Souvent, les dessins sont déchirés, même s’ils sont beaux. Il s’agit d’une attitude qui dénote une forte angoisse ; l’enfant a émis quelque chose de très douloureux et il se rétracte. Pendant l’accouchement sonique, dans la dynamique de la naissance, nous voyons apparaître les thèmes suivants. Le premier, le plus fort, est l’arc-en-ciel ; souvenons-nous que dans l’Ecriture, Noé sort à un moment avec son arc en ciel : c’est la sortie qui est, en fait, la diffraction de la lumière. Ensuite, il y a la maison ; les fenêtres sont ouvertes, on y voit le jour, et la route montre que la porte est ouverte. Après les batailles, les coups de canons, l’explosion du volcan, c’est le désir de sortie, symbolisé par le chemin qui monte ou descend, avec les arbres sur le côté qui montrent le sens de la montée ou de la descente. Un avant dernier thème apparaît très souvent chez l’enfant : deux collines, un soleil au fond ou au milieu, et un arbre ; en fait, c’est la poitrine de la mère, d’un corps vu à l’horizontale, le cordon ombilical et le fœtus. Une autre thématique s’ajoute, celle du pont : lorsque l’enfant veut entrer en dialogue avec l’autre que la mère, il emprunte le pont. On sort de la mère pour aller vers le père en passant par le pont. Pour terminer, apparaît le bateau se dirigeant vers la droite, symbolisant l’avenir, avec deux nuages et un soleil levant. Ces symboles ont pour fonction de faire admettre jusqu’à la conscience, sous une forme qui pourrait paraître anodine, certains contenus, qui, sans cela, n’y seraient pas parvenus à cause de la censure. 228 L’écriture, quant a elle, est un art thérapeutique, au même titre que le dessin. C’est un mode de transcription objectif de nos maux en mots. Ce puissant viatique se révèle être un exutoire essentiel à la sauvegarde de l’intégrité de la santé mentale des personnes qui vivent des atrocités ou qui les vivent par procuration trans-générationnelle. L’histoire nous apporte pour preuve que l’écriture a joué un rôle de confidente salvatrice pendant la Shoah ; Anne Frank, auteur d’un célèbre « journal », en est l’illustration en nous livrant un témoignage émouvant ; depuis la libération des camps, les rescapés, comme leur sœur de souffrance Geneviève de Gaulle – Anthonioz, ont confié leurs maux à la plume, et aujourd’hui, les enfants des rescapés de « Nuit et brouillard » ont besoin de coucher les lignes de leur résilience sur la feuille blanche. Boris Cyrulnik a écrit de nombreux ouvrages sur la mémoire des descendants de la Shoah66 et sur le besoin qu’on ses héritiers d’exprimer cette souffrance, par l’écriture, souvent, ou par toute autre forme de créativité. Le déporté, dit-il, transmet l’agonie psychique du revenant, de celui qui a échappé aux camps et qui a vu l’horreur. Chez ce revenant, vivent deux parties distinctes : la partie chaleureuse et la partie escarrifiée. La partie chaleureuse est exprimée socialement : l’ancien déporté a besoin de reconnaissance sociale, de réussite et il y accède plus facilement. Mais en famille, il est angoissé, il ne parle pas pour ne pas inquiéter ses enfants. Seule la créativité peu l’aider à dépasser son angoisse, à l’exprimer. Quand un combat héroïque devient mythe fondateur avec le 66 Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur, Ed. Odile Jacob, Boris Cyrulnik, Les vilains petits canards, Ed. Livre de Poche Boris Cyrulnik, Le murmure des fantômes, Ed. Livre de Poche 229 travail de la mémoire verbale, un traumatisme se transforme en épopée grâce à une victoire verbale. Il ajoute que l’enfant de déporté, après avoir été contraint au silence du parent rescapé, est forcé de choisir la voie de la socialisation pour effectuer le travail de résilience. Mais autrui n’est pas toujours capable d’entendre un tel mythe des origines, alors l’enfant apprend le langage des adultes et utilise les circuits que lui propose sa culture pour socialiser sa tragédie. Dès que leur est offerte la possibilité d’expression, on voit naître des marginaux créateurs. Tout créateur est forcement marginal puisqu’il met dans la culture quelque chose qui n’y était pas avant lui. Qu’il soit juif ou de toute autre race, ce qui compte c’est l’état de « revenant » : 2 796 tziganes ont aussi été exterminés à Auschwitz, sans compter les nombreux noirs. Dans le livre Noir dans les camps nazis, John William, de mère ivoirienne et de père français, déporté à Neuengamme où il a été emmené pour sabotage dans l’usine SAGEM de Montluçon, témoigne de cet état de fait. En tant qu’enfant de l’un de ces revenants de l’enfer, j’ai une pensée pleine d’admiration et de reconnaissance pour Madame Geneviève de Gaulle - Anthonioz, nièce du Général Charles de Gaulle, entrée en résistance dès juin 1940, déportée au camp de Ravensbrück le 2 février 1944. En 1958, elle travaille au cabinet d’André Malraux, quand elle rencontre le père Joseph Wresinski, alors aumônier du bidonville de Noisy-le-Grand. Dans les souffrances des familles qu’elle y rencontre, elle revoit celles qu’ellemême et d’autres déportés ont vécues. Alliée au mouvement ATD Quart Monde, puis volontaire permanente, elle est présidente de ce mouvement de 1964 à septembre 2001. Nommée en 1988, membre du conseil économique et social, elle se bat pendant 10 ans pour 230 l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande pauvreté. Reportée en 1997 pour cause de dissolution de l’assemblée nationale, sa loi est votée en 1998. La même année, parait son livre La traversée de la nuit aux éditions du Seuil, qui raconte sa vie en camp de concentration et l’entraide des femmes. Face à un tel exemple, porteur de toute la valeur morale et spirituelle de ce que nous pouvons faire dans notre vie, comment ne pas désirer apporter notre pierre à cet édifice de fraternité, pour le bonheur de nos enfants ? Nous tous, enfants des revenants des camps de la mort, avons leur vécu inscrit dans nos cellules. Daniel Vrbejtel, lors d’un témoignage à la télévision pour le soixantième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le 17 janvier 2005, dit : « J’ai un de mes enfants qui est handicapé. Et malgré son handicap, il a su exprimer avec ses dessins et ses mots, mon vécu à Auschwitz. ». Il a visité le camp lors d’un voyage des journées mondiales de la jeunesse. Il a arraché le micro à son groupe pour rendre hommage à son père, dépassant toutes ses difficultés orales, pour « le dire avec des mots ». Boris Cyrulnic, dans son livre Un merveilleux malheur67, écrit que notre histoire n’est pas une destinée. Nous pouvons vivre avec des substituts affectifs, si nous avons eu un départ difficile. Dans des groupes d’enfants ayant vécu de gros traumatismes, tels les enfants de déportés, on s’est en effet finalement aperçu du fait qu’un certain nombre s’en sortait bien. Le phénomène de résilience est observé auprès des enfants de la Shoah : ils voulaient s’occuper des autres avant de se protéger eux-mêmes. On a défini comme « résilients » ceux qui ont ainsi mis en 67 Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur, Ed. Odile Jacob 231 place des systèmes de protection comme le clivage qui offre le refuge du rêve, l’intellectualisation… La résilience est cette capacité à surmonter les traumatismes. Ce terme, qui vient de la physique signifie : le retour à l’état initial d’un élément déformé. Employé par les psychiatres américains, il a été popularisé par Boris Cyrulnik. Celui-ci incite à aborder le mode de l’écriture, qui donne un sens à la blessure. Les résilients développent des capacités autres que celles qui sont développées dans un contexte dit normal, comme la capacité de globalité, qui leur permettent de survivre et de vivre avec un feeling et une sensibilité exacerbée, plus fine que quiconque n’a pas reçu cet héritage de la prégnance. Nombreux sont devenus thérapeutes ! L’enfant traumatisé pendant la gestation ou la naissance, ou celui qui a eu un mauvais départ dans la vie, vont pouvoir trouver le substitut affectif de base, au sein de la cabine de maternage Aquamater. Ainsi, ils ne vivront pas l’angoisse de l’enfant insécure, mais ils aborderont leur avenir avec une telle dose d’amour en eux qu’ils n’auront plus peur, et communiqueront le dynamisme et la confiance en soi à toutes les rencontres qui jalonneront leur vie. Ils se réaliseront dans le partage de l’amour. Dieu ne pouvait être partout alors il créa la mère. Proverbe yiddish. FIN 232 BIBLIOGRAPHIE - en bas de page - Thomas Verny, La vie secrète de l’enfant avant sa naissance, Ed. Grasset, 1982 - Dr Claude Imbert, L’avenir se joue avant la naissance, Ed.Visualisation Holistique, 1982 et1991 - Valéry Tardy, article Nice Matin- 24/09/06 - Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Ed. du Seuil, 2000 - Pr. Jean-Pierre Relier, A l’écoute du bébé prématuré, Ed. aubier - Marie-Josèphe Wolff-Quenot, In utero, mythes, croyances et cultures, Ed. Masson, 2001 - Anne Ancelin Schützenberger, Aïe , mes aïeux !, Ed. La Méridienne - Frédérick Leboyer, Shantala, Ed. du Seuil, 2004 (dernière édition) - Marie Langre et Dr Maurice Rabache, Toxiques alimentaires, Ed Librio - H. Wingert, La maison polluée, Ed. Terre vivante. - Arnaud Desjardins, Un grain de sagesse, Ed. La table ronde - Arnaud Desjardins, La voie des pièges, Ed. 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Livre de Poche Et aussi : - Claudia Rainville, Participer à l’univers – sain de corps et d’esprit, Les Editons F.R.J. inc. - www.digibio.com (recherches du Dr Benveniste) - www. biophotonik.de (recherches du Dr Popp - www. mednat.fr (médecines naturelles) 236 LE CONCEPT AQUAMATER D’une mère à l’autre… mémoire d’eau Dédicace Remerciements Citations Préface du Dr Michel Odent PARTIE 1 LA CABINE DE MATERNAGE AQUAMATER : LA REPONSE A UN BESOIN - Naître et être - Naissance du concept Aquamater - Présentation de la cabine de maternage Aquamater - Indications thérapeutiques de la méthode Aquamater - Déroulement d’une séance type 237 PARTIE 2 LE CONCEPT AQUAMATER PSYCHOTHERAPIE PAR LA RE- NAISSANCE (RE-NAIT-SENS) - Les sens et le ressenti in –utero - Psychologie prénatale - Aquamater : pour une nouvelle mémoire - Aquamater : pour une re-naissance sans violence - La méthode Aquamater, une nouvelle psychothérapie PARTIE 3 AQUAMATER : MEMOIRE D’EAU PARTIE 4 238 METTRE EN MEMOIRE DES SENSATIONS POSITIVES - Audio-psycho-phonologie : la re-naissance sonique - Aquamater et la mémoire de la peau - Aquamater et la couleur des émotions - Aquamater et la mémoire olfactive PARTIE 5 LA CURE AQUAMATER ÉTUDE DE CAS - Histoires de… Les jumelles Karine et Sandra, 3 ans, 1 mois, 18 jours Claude, 16 mois Suzy, 4 ans ½ Marie, 5 ans Cédric, 5 ans et 3 mois Séverine, 9 ans et 6 mois Mélissa, 4 ans Oscar, 6 ans - Séances après séances… Sylvain, 5 ans Lucie, 9 mois Clément, 19 mois 239 Anne-Lise, 5 ans -Le concept Aquamater en aide aux enfants épileptiques EN CONCLUSION AQUAMATER ET L’ART THERAPIE Biographie 240