LE CONCEPT AQUAMATER D` une mère à l`autre… mémoire d`eau

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LE CONCEPT AQUAMATER
D’ une mère à l’autre… mémoire d’eau
© Copyright 2007 Anne Marie Vermeulen - Saurel
Anne Marie Vermeulen - Saurel
42, ter Bd du Jardin Exotique « Les mandariniers »
MC 98000 Monaco
Tel : 00377 97 98 11 56
1
Dédicace
A mes très chers qui vivent dans l’au-delà.
A Alexia, Anthony et Marc, fervents supporters de la
« mission Aquamater » de leur maman et mamie.
2
Remerciements
Aux enfants qui m’ont offert leur renaissance avec des
sourires, et à leurs parents, aux yeux scintillants de rosée.
A tous les êtres qui m’ont guidée, puis aidée à renaître
pour créer.
3
Citations
« La Résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents. »
« Si la souffrance contraint à la créativité, cela ne signifie
pas qu’il faille être contraint à la souffrance pour devenir
créatif. »
Boris Cyrulnik
« L’avenir se tourne vers une prévention de la douleur .
L’être humain a une mémoire des douleurs subies depuis
sa naissance. Plus on y est confronté, plus on y est
sensible,
aussi
bien
physiologiquement
que
psychologiquement. Il est donc impératif de préserver le
patient même si le degré zéro n’existe pas. »
Dr Bernard Ghiglione, algologue, spécialisé dans l’évaluation
et le traitement de la douleur au centre hospitalier Princesse
Grâce (CHPG) de Monaco. (Interview de Anne Claire Hillion.,
Nice Matin, édition Monaco du 6 avril 2007, article intitulé La
culture anti-douleur s’installe à l’hôpital)
"La première fois est un élément essentiel dans le
développement de l’enfant : la première fois que l’on a
dormi hors de chez soi, la première fois que le petit garçon
marche, la première fois qu’il récite quelque chose, la
première fois qu’il manque de respect. Ce sont toutes ces
premières fois qui aident à la construction de la
personnalité, qui font l’individu, parfois brutalement. La
4
première fois n’est pas toujours idéale, mais, à force de
premières fois, on finit par être soi-même. Je crois que
ceux qui collectionnent sont justement ceux qui ont des
difficultés avec la première fois. Collectionner, c’est
toujours rechercher la première fois. Tant que l’on a des
premières fois, on est vivant. On est vieux lorsqu’on ne
croit plus à la première fois… La première fois, c’est la
découverte, le contraire du quotidien. C’est la liberté,
l’énergie vitale… La première fois nous soutient dans
notre capacité de croire en l’avenir… Il n’y a qu’une
première fois qui est irréductible : la première fois que je
suis mort."
Marcel Ruffo, pédopsychiatre
5
Préface
Cela s’est passé en juillet 1983. Thomas Verny, le
psychiatre auteur de The Secret Life of the Unborn Child
avait alors organisé dans son fief de Toronto la première
conférence de l’Association Américaine de psychologie
pré- et périnatale. C’est ainsi qu’un petit noyau
international de praticiens et chercheurs issus d’horizons
divers s’est constitué. La raison d’être de cet évènement
historique était l’émergence d’une prise de conscience:
nous étions tous là pour renforcer en la partageant notre
conviction que la santé (au sens large) de l’être humain
prend forme pendant les périodes pré- et périnatales.
C’est dans ce contexte que la toute jeune et audacieuse
Anne-Marie a fasciné son auditoire en présentant un
prototype de cabine de maternage. Bien entendu, à
l’époque, Anne-Marie s’est adressée à un public spécial
particulièrement réceptif. Bien entendu, Anne-Marie ne
pouvait pas alors s’appuyer sur une longue expérience
personnelle. De plus, à l’époque, on ne disposait pas
encore de données solides permettant de soutenir des
connaissances qui étaient en grande partie du domaine de
l’intuition ou qui reposaient sur des interprétations
suggérées par un petit noyau de thérapeutes.
Aujourd’hui le contexte est différent. D’une part AnneMarie est devenue une thérapeute expérimentée en mesure
de présenter d’innombrables cas cliniques. D’autres part
les apports de plusieurs disciplines scientifiques en plein
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développement confirment éloquemment que notre santé
se développe en grande partie pendant la vie foetale. Pour
s’en convaincre il suffit d’explorer la banque de données
de
« Recherche
en
santé
primale »
(www.birthworks.org/primalhealth). Notre banque de
données est spécialisée dans les études qui explorent des
corrélations entre des états de santé et ce qui s’est passé au
début de la vie. Le début de la vie se définit comme la
‘période primale’, qui inclut la vie foetale, la période qui
entoure la naissance, et l’année qui suit la naissance.
Toutes les études inclues dans notre banque de données
ont été publiées dans des journaux scientifiques ou
médicaux qui font autorité; il est difficile de les détecter
parce qu’il n’y a pas de relations entre elles selon les
critères habituels: elles sont dispersées dans des journaux
spécialisés. L’un des avantages d’une telle banque de
données est de permettre une vue d’ensemble. Une telle
vue d’ensemble révèle l’abondance d’un sous-groupe
d’études: ce sont celles qui ont décelé des corrélations
entre une maladie d’adulte et ce qui s’est passé lorsque la
mère était enceinte. Le fait important est que l’on trouve
de telles études dans tous les domaines de la santé et dans
toutes les branches de la médecine, ce qui permet
d’affirmer aujourd’hui que la santé prend forme dans une
grande mesure pendant la vie intra-utérine.
La recherche en santé primale n’est pas la seule discipline
qui conduit à de telles conclusions. Jusqu’à une date
récente, lorsqu’on étudiait des états de santé ou des traits
de personnalité, il était habituel d’opposer les facteurs
génétiques et les facteurs d’environnement: dans l’esprit
de beaucoup, tout se passait comme si les facteurs
d’environnement ne pouvaient avoir d’effets qu’après la
naissance. Aujourd’hui on ne peut plus opposer ces deux
groupes de facteurs. Nous sommes en train d’apprendre
que l’expression de nos gènes est dans une grande mesure
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influencée par l’environnement intra-utérin : à ce stade de
formation de l’être humain certains gènes peuvent rester
actifs, alors que d’autres s’éteignent, c’est à dire ne
s’expriment pas.
Non seulement le contexte scientifique actuel permet de
réaliser que l’écologie prénatale est la forme la plus vitale
d’écologie humaine (voir www.wombecology.com), mais
de plus il aide à prendre conscience des relations
particulières entre le primate humain et le milieu
aquatique. On admet aujourd’hui que nos ancêtres se sont
séparés des autres membres de la famille chimpanzé il y a
six ou sept millions d’années. Alors que les autres
chimpanzés ont continué à vivre dans les arbres, nos
ancêtres se sont adaptés à d’autres environnements.
Pendant longtemps, c’est la théorie « de la savane » qui a
dominé, c’est à dire la théorie selon laquelle c’est dans de
larges plaines, au milieu d’herbivores, que nous avons
développé les caractéristiques spécifiquement humaines
qui nous distinguent des autres chimpanzés. En fait cette
théorie est devenue difficilement acceptable depuis que
l’on connaît mieux les besoins nutritionnels spécifiques du
cerveau en développement. Les éléments nutritifs
susceptibles d’avoir rendu possible le développement
explosif d’un gigantesque cerveau ne sont abondants que
dans la chaîne alimentaire côtière, qu’il s’agisse d’acides
gras poly-insaturés à très longue chaîne de la famille
oméga 3, ou qu’il s’agisse d’iode et autres minéraux. Il est
d’ailleurs difficile d’imaginer que nos ancêtres – des
primates intelligents, curieux et explorateurs – n’aient pas
découvert l’extraordinaire richesse de la chaîne
alimentaire côtière.
Aujourd’hui « the aquatic ape theory » repose sur le fait
que les dizaines de caractéristiques qui séparent Homo
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Sapiens des autres chimpanzés peuvent être interprétées
comme adaptation à l’interface terre-mer. Une nouvelle
compréhension de la nature humaine est en train de
s’imposer. On peut même se demander comment, pendant
des milliers d’années, d’innombrables philosophes ont
disserté sur la nature humaine sans soupçonner que
l’homme pouvait être avant tout un primate aquatique.
Ainsi commencent à émerger des interprétations
théoriques nouvelles du pouvoir thérapeutique de l’eau.
Que de chemin parcouru depuis 1983! Que de chemin
parcouru depuis l’introduction du concept de cabine de
maternage! Que de raisons nouvelles de nous intéresser à
l’oeuvre d’Anne-Marie!
Dr Michel Odent
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LE CONCEPT AQUAMATER
D’ une mère à l’autre… mémoire d’eau
La difficulté d’être est liée, on ne peut plus en douter, à la
difficulté de naître. Entendons par naître : porter les
bagages de nos ancêtres, être porté par une mère, venir au
monde et y être accueilli. De nombreuses études
démontrent que tous ces facteurs déterminent notre
comportement dans la vie, notre état de santé physique et
psychique, et donc notre bien-être et notre « bien vivre »,
ce que nous appelons notre bonheur.
Un ovule et un spermatozoïde se rencontrent, et voilà que
naît la première cellule d’un être humain. Dans cette
cellule pourtant invisible, se tient son patrimoine
génétique. Ce qu’il s’y cache encore, nul ne le sait. Cellule
après cellule se forme le fœtus, et si nous ne savons pas
encore avec certitude à quel moment celui-ci est capable
de ressenti, il semble que la vie soit déjà présente dans
toute sa dimension psychique et spirituelle, même si cela
ne se voit pas, ne se mesure pas … mais la vie se mesure telle ? La science est loin d’avoir encore toutes les
réponses, d’autant plus qu’elle les cherche dans la matière
parce qu’elle est à juste titre « mesurable » ! Mais
n’oublions pas que nos chercheurs ont découvert que la
matière est énergie.
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Pendant sa période d’élaboration, le fœtus est
complètement dépendant de sa mère, mais cela ne veut pas
dire qu’il soit insensible. Nous savons aujourd’hui qu’il a
une vie propre : il voit, entend, goûte, touche, apprend, et
ses perceptions et sentiments commencent à modeler son
caractère, son comportement, ses pulsions, ses désirs, son
être tout entier. Toutes ces sensations et émotions
conditionnent son mode de vie future, tracent les grandes
lignes de sa vie, déterminent sa façon de penser, de voir le
monde, et d’agir.
Thomas Verny, psychanalyste canadien, écrit dans son
livre La vie secrète de l’enfant avant sa naissance 1: « La
mère va bercer de ses propres pensées et sentiments, de
ses propres peurs, joies, émotions et conflits, cet être en
formation dans son ventre. Le vécu de la mère, c’est
évident, va le plus influencer le bébé. Par le rythme des
battements de son cœur, le don de son sang porteur des
décharges de diverses hormones, selon ce qu’elle mange,
ce qu’elle boit, fume ou écoute. Si nous diffusons la Petite
musique de nuit de W. A. Mozart ou la Symphonie des
jouets de L. Mozart dans une nursery, les nouveaux nés se
développent mieux que des nourrissons qui restent sans
stimulation auditive autre que les bruits journaliers
habituels. Leur tonus, leur éveil, leur sérénité sont une
telle preuve de bien-être que nous n’avons plus de preuves
à apporter aux expérimentations réalisées en ce sens. »
Le père et le monde environnant ont aussi une
influence sur le fœtus, moindre, certes, mais ils
conditionnent à leur tour le monde de la mère. Suivant des
études réalisées sur des mères schizophrènes - qui sont
incapables de communiquer avec leur enfant, il apparaît
que cette absence de communication ressentie par le fœtus
Thomas Verny, La vie secrète de l’enfant avant sa naissance, Ed.
Grasset, 1982
1
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durant la vie intra-utérine, soit le facteur déclenchant de
problèmes physiques et psychologiques plus nombreux et
plus importants que chez un fœtus de mère dite
« normale ». La communication du fœtus avec la mère ne
fait plus de doute : elle est l’élément nécessaire au
développement harmonieux de l’enfant. La mère va
transmettre, en plus qu’un bagage physique et affectif, un
bagage inconscient chargé de l’histoire de ses propres
aïeux, à travers sa propre manière de traverser la vie : ellemême à évolué sous l’influence passée et présente des
conditionnements subis au travers du vécu de ses parents,
de sa naissance, de son milieu et de ses relations
affectives.
Les influences prénatales sont d’ailleurs citées dans des
textes anciens tels ceux d’Hippocrate, de la Bible, des
Cahiers de Léonard de Vinci, alors que notre science
commence peureusement à les reconnaître.
Les artistes actuels aussi parlent de ces influences dans
leurs œuvres. Liane Foly est arrivée en France dans le
ventre de sa mère rapatriée d’Algérie. L’une de ses
chansons, titrée Déracinée, narre le déchirement et
l’angoisse vécus in utero, mémorisés à jamais dans tout
son être. Françoise Hardy, interviewée par Michel Drucker
lors d’une émission Vivement Dimanche sur TF1, a
évoqué les problèmes vécus par sa sœur, enfant non
désirée qui s’est sentie rejetée et qui a été diagnostiquée
psychotique. La chanteuse a conclu en disant : « Ma
sœur n’a eu que la peur de sa mère. »
La naissance, et donc la séparation d’avec la mère, est le
traumatisme le plus important qui soit. Cette expérience
primordiale engendre toute les peurs : peur du manque
d’oxygène, de la séparation, de l’abandon, du manque de
sécurité, celle de l’inconnu… Toutes ces peurs jalonnent
la vie de tout être sur cette planète. L’adulte ne verra
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jamais le monde qu’à travers ses yeux d’embryon et de
fœtus. Sa vie sera marquée du sceau de sa vie intra-utérine
et de sa naissance : ces « passages » déterminent les
comportements qui seront les siens tout au long de son
existence. Il portera toujours en lui le bébé qu’il a été.
Le vécu prénatal est l’ébauche sur laquelle se dessine la
personnalité et la façon de réagir au monde extérieur. Il en
résulte des attitudes comportementales spécifiques à toutes
les situations, à tous les événements de la vie, comme la
façon de vivre sa sexualité ou encore son rapport avec la
nourriture.2Les impacts dus aux peurs et aux besoins qui
s’inscrivent en nous feront nos conflits, nos névroses et
nos maladies. Ils se manifesteront sous la forme de
problèmes physiques ou psychologiques au cours de notre
existence, par hasard, croirons-nous. Nous chercherons à
les faire taire à l’aide de médicaments ou essaierons de les
mettre à jour à travers des psychothérapies qui seront
souvent abordées tardivement, lorsque la souffrance sera
telle que nous crierons à l’aide.
Dans le domaine des psychothérapies, pour comprendre
l’enfant - et donc l’adolescent et l’adulte -, les thérapeutes
ont ouvert des voies nouvelles, après s’être intéressés aux
parents : ils se sont penchés sur le berceau du bébé, sur la
table d’accouchement, sur le ventre de la mère et sont allés
jusqu’à questionner nos aïeux ! Diverses méthodes se sont
développées : le Dr Frédérick Leboyer a jeté les bases
d’une naissance sans violence ; le Pr. Tomatis celles de
l’accouchement sonique ; Thomas Verny a mis en lumière
la sensibilité de l’embryon à son environnement physique
et émotionnel ; le rebirth nous a proposé de revivre notre
venue au monde à travers la respiration ; les psychologues
ont fait remonter nos traumatismes à la période
Dr Claude Imbert, L’avenir se joue avant la naissance, Ed.
Visualisation Holistique, 1982 et1991
2
13
prénatale… Le bébé nous a-t-on dit, « est une personne »,
et il ne fait plus de doute pour les esprits curieux que le
fœtus en soit une pareillement. La psycho-généalogie, de
son côté, remonte à présent les branches de notre arbre
généalogique …
Le concept Aquamater est une psychothérapie d’une
efficacité exceptionnelle qui synthétise bon nombre de
méthodes, et en réunit les principes en un ensemble
cohérent et pratique.
La cabine de maternage Aquamater est, en effet, capable
de re-créer l’univers intra-utérin le plus sécurisant et le
plus harmonieux possible. La méthode Aquamater conduit
les enfants, en douceur et sans risque d’erreur, vers une
nouvelle venue au monde presque idéale, une véritable renaissance, en sollicitant tous leurs sens : l’écoute, mais
aussi la vue, l’odorat, le goût et le toucher. La méthode
permet également à l’enfant de s’exprimer, de pouvoir
formuler ses traumatismes, et de les corriger par un effet
de catharsis à travers un mode d’expression de son choix :
travaux manuels, dessin, peinture ou jeux de rôles. Elle est
complète : un moyen de comprendre les traumatismes de
l’enfant et de les soigner en agissant à leur origine même.
L’audio-psycho-phonologie (APP), technique qui est
utilisée en cabine de maternage Aquamater, est basée sur
l’écoute. Elle accompagne la re-naissance du sujet, au
niveau sonore. Les sons diffusés sont filtrés aux
fréquences qui re-mémorisent les sons entendus lors de la
vie intra utérine et au moment clé de la naissance.
L’enregistrement de la voix de la mère, notamment,
confère au traitement APP des vertus d’apaisement et de
cicatrisation. Parfois, nous ne pouvons obtenir cet
enregistrement, mais j’ai pu faire renaître avec beaucoup
de bonheur mes jeunes patients orphelins de mère, avec
une programmation sonique uniquement composée de
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morceaux choisis de W.A Mozart et d’Antonio Vivaldi.
Ces concerti sont également programmés entre les écoutes
de la voix maternelle. Cette technique douce et sans
danger, offre à l’enfant une possibilité de compenser la
frustration ressentie suite à une vie intra-utérine
interrompue trop tôt, ou de réduire les impacts négatifs
enregistrés lors d’événements douloureux qui peuvent
jalonner la vie de la future maman. La programmation
sonique peut et doit être adaptée à chaque besoin : elle a la
particularité d’être individualisée, puisqu’elle est étudiée
en fonction du test d’écoute passé par le patient, et de la
pathologie plus ou moins lourde qu’il présente. Par
exemple, dans le cas de l’épilepsie, les hautes fréquences
ne sont pas employées.
La méthode Aquamater s’adresse aussi aux adolescents et
aux adultes. Dans ce cas, la méthode et la cabine de
maternage connaissent quelques variantes. Elles sont en
effet adaptables, mais la décision devra être prise par
l’ensemble des praticiens qui auront accepté de prendre le
patient en charge, après une vigilante étude de son dossier.
La méthode Aquamater permet de traiter les états
dépressifs non psychiatriques et non chroniques, et
s’intègre idéalement dans le cadre des cures thermales
correspondant aux pathologies psychosomatiques que
nous rencontrons, en particulier en dermatologie et en otorhino-laryngologie (ORL). Dans les cas fréquents du
« baby blues », elle permet d’aider les mamans en leur
proposant, dans un premier temps, une prise en charge
personnelle puis, dès qu’elles retrouvent leur joie de vivre,
de partager des moments privilégiés avec leur bébé dans le
cadre de la cabine de maternage. Cette pratique
thérapeutique peut être intégrée et adaptée dans le
processus de soins d’une cure de remise en forme
physique et psychologique, après l’accouchement.
15
En ce qui concerne les handicapés moteurs et mentaux, la
cabine de maternage Aquamater peut devenir un outil très
appréciable en centre de rééducation dans le cadre d’une
thérapie de confort et de soutien, puisque son utilisation
permet de tonifier le moral, de redynamiser le système
nerveux dans le but de combattre les premiers signes d’un
état dépressif, et de remédier à un état mélancolique
passager non chronique. La cabine conçue pour les centres
de rééducation est accessible en fauteuil roulant.
En Hongrie, la directrice d’un établissement pour
adolescents et adultes handicapés m’a demandé, après
concertation avec le médecin et la psychologue, d’adapter
ma méthode à ses pensionnaires qui, je la cite : « … sont
des adultes qui ne sont en définitive que des enfants en
mal d’amour et de reconnaissance, grandis au travers des
difficultés à vivre engrangées depuis le ventre de leur
mère, qui comprendront soudain bien des choses, et
pourront se faire aider ».
Nous organisons des sessions de formation professionnelle
pour les personnes désirant intégrer ce concept dans leur
pratique. Chez le jeune enfant, la méthode peut être
utilisée par tout thérapeute ayant une formation
paramédicale ou médicale dans les secteurs tels que la
néonatalogie, la puériculture, la petite enfance ou
l’éducation spécialisée. Cette thérapie a le mérite d’être de
courte durée : chez le très jeune enfant de 2 mois à 2 ans
½, elle s’effectue en cures de 10 jours ; pour les plus
grands, en cures de 15 jours ; ou en cures trimestrielles à
programmation évolutive, selon la pathologie à traiter.
Elle n’est fastidieuse ni pour l’enfant, ni pour la mère, qui
vont même y trouver beaucoup de plaisir.
Un large champ d’application et de recherche est ouvert,
quand on pense au travail d’analyse régressive qu’il est
possible de réaliser - qui peut aller jusqu’à l’aube de la
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conception. Ce travail d’analyse à partir du réveil de la
mémoire ancestrale permet d’aider le patient à panser des
blessures liées à sa vie intra-utérine et/ou à
l’accouchement. Pensons à ces éminents hommes
d'affaires qui partent en Afrique suivre une thérapie de
maternage avec une « mama » guérisseuse qui les prend en
charge dans sa case, en les maternant si bien qu'ils
parviennent à régresser à l'état de nouveau-né ! On peut
aussi réfléchir au fantasme masculin de la maternité.
Nombreux sont les hommes qui m’ont confié combien la
frustration de ne jamais connaître cet état de grâce qu’est
la maternité est importante. D’autres hommes, toujours à
la recherche du « paradis perdu », disent combien l’acte
sexuel est important pour eux car, outre la jouissance
physique et affective, ils revivent ainsi, plus ou moins
consciemment, « le retour dans l’utérus maternel ».
La méthode Aquamater rejoint également le même courant
de
pensée
que le principe de
la méthode
kangourou adoptée dans de plus en plus d’unités de soins
périnataux. Ce courant reconnaît l’importance des besoins
sensoriels du nouveau-né et de sa maman. La méthode
kangourou nous vient de Colombie où le bébé prématuré
est porté contre la peau de la mère en permanence pour
que les échanges de chaleur et d’affection puissent avoir
lieu, méthode qui ne coûte rien, évite les dangers de la
médicalisation, et permet au bébé de survivre, entre autre
grâce au contact avec sa mère. Selon un article de Valéry
Tardy3, la méthode kangourou rejoint aussi les
préoccupations de nombreux professionnels de services de
néonatalogie qui reconnaissent que le taux de mortalité
périnatale et maternelle est encore élevé en France,
proportionnellement à d’autres pays (au huitième rang des
pays Européens). La prématurité augmente avec l’âge de
3
Valéry Tardy, article Nice Matin- 24/09/06
17
la maternité, la procréation assistée et la médicalisation
toujours plus croissante de la naissance (césariennes,
forceps, médicaments). Ces professionnels préconisent
une prise en charge pluridisciplinaire de la période pré et
post-natale, et de la naissance. Rappelons que 50 % des
handicaps sont d’origine périnatale.
Des résultats rapidement contrôlables font de la méthode
Aquamater une thérapie qui obtient l’assentiment de
professionnels de santé et de familles de tous horizons. Le
ou les parents qui accompagnent l’enfant, sont partie
prenante de la thérapie, et leur rôle particulièrement actif
les aide à dépasser tout sentiment de culpabilité, leur
permettant ainsi de reprendre confiance en leur capacité à
être de bons parents. Ils sont les assistants aimants d’un
nouveau départ dans la vie de leur enfant et s’en trouvent
valorisés.
Les résultats que j’ai obtenus donnent toute la dimension
de cette découverte, certains de ces cas cliniques étant
décrits en fin d’ouvrage. Ce livre a pour objet de présenter
le concept Aquamater au plus large nombre : aux parents
d’enfants en difficulté et aux professionnels soucieux
d’élargir leur panel thérapeutique.
La mise au point de la cabine Aquamater et l’élaboration
du savoir-faire qui avalise cette méthode sont devenues
l’œuvre de toute ma vie. Je l’ai expérimentée pendant 23
ans. Je peux dire qu’exposer cette méthode dans ce livre
représente pour moi-même un véritable accouchement.
Cette méthode nous a offert des résultats si exceptionnels
que je me dois d’en faire bénéficier tous ceux qui souffrent
d’un départ fœtal difficile ou d’une arrivée problématique
dans la vie.
18
De nombreux pays s’intéressent à la cabine Aquamater et
attendent avec impatience la parution de cet ouvrage et la
présentation du dernier prototype de la cabine de
maternage Aquamater, pour enfin promouvoir la méthode
et la proposer dans leurs institutions médicales et
paramédicales. Je les remercie de me soutenir dans mon
travail et de me donner une raison de plus de faire partager
ma passion pour la victoire de la vie.
La compréhension de l’efficacité de cette méthode et
l’étendue de son champ d’action passent par l’acceptation
et la reconnaissance du concept Aquamater lié à toute la
symbolique de la maternité et de la venue au monde.
19
PARTIE 1
LA CABINE DE MATERNAGE AQUAMATER :
LA REPONSE A UN BESOIN
Naître et être
Il y a peu de temps encore, l’enfant n’était pas considéré
comme une personne sensible. Les femmes non plus
d’ailleurs, quelques dizaines d’années plus tôt. Que dire du
bébé, qui a attendu encore de nombreux printemps avant
d’être considéré comme une personne, du fœtus et de
l’embryon dont certains contestent encore toute la
sensibilité ?
Il a fallu attendre de lire le Dr Frédérick Leboyer,
obstétricien, et les années 80, pour voir poser la question
de la souffrance de l’enfant à la naissance. Un nouveau-né
était censé ne rien sentir, ne rien entendre, ne rien voir, et,
forcément, ne rien ressentir. Evidemment il ne pouvait pas
affirmer le contraire… mais il suffisait peut-être de le
regarder ! C’est ce qu’a fait cet obstétricien qui n’a pas
manqué de nous émouvoir en nous faisant prendre
conscience de la façon barbare dont était accueilli l’enfant
et traitée la mère, dans son ouvrage de référence Pour une
naissance sans violence4.
4
Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Ed. du Seuil,
2000
20
Seulement quelques dizaines d’années plus tôt, Freud
situait l’âge auquel l’enfant pouvait être considéré comme
un être sensible, à 2 ou 3 ans, alors que la science, qui en
était à ses débuts, considérait l’homme comme une
machine et la maladie comme un simple dérèglement des
divers appareils qui la composent.
Aujourd’hui un grand pas a été réalisé dans le domaine des
psychothérapies qui, pour certaines, prennent en
considération l’impact de la vie intra-utérine et de la
naissance sur la vie de l’individu. Cependant, dans la
pratique, il reste encore beaucoup à faire en ce qui
concerne les conditions qui entourent la naissance. Dans
de nombreux pays, le bébé hurle toujours autant en venant
au monde, et on se soucie toujours assez peu de lui et de sa
mère au niveau émotionnel, durant grossesse et
accouchement. La médicalisation de cet événement,
pourtant si naturel, s’est encore accrue au détriment de
l’intimité des participants et du travail de la grande sagefemme qu’est la nature. Selon certaines jeunes accouchées
qui se sont exprimées en groupes de parole, la mère est ni
plus ni moins considérée comme une machine à enfanter.
Sporadiquement, diverses méthodes apparaissent pourtant
comme celle que le Dr Michel Odent avait prôné à
l’hôpital de Pithiviers. Une relaxation en piscine aidait à la
progression de la dilatation du col de l’utérus, et
l’accouchement avait lieu dans une pièce aménagée tout
spécialement au service du confort physique et moral de la
future mère. Dans ce climat de cocooning, les futurs
parents bénéficiaient à la fois d’intimité et d’une vigilante
prise en charge par des professionnels à leur écoute.
Aujourd’hui, quelques initiatives ont vu le jour, comme à
Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg en Allemagne, où
les futures mamans sont accueillies dans une merveilleuse
maison de naissance, la Frauenklinik Sankt Elisabeth. Les
21
futurs parents ont à leur disposition une salle
douillettement aménagée pour se préparer physiquement et
mentalement à l’arrivée de l’enfant, ainsi qu’une pièce de
balnéothérapie où la future maman peut effectuer des
mouvements d’étirements et de relaxation dans une
baignoire. Les méthodes anti-douleurs proposées sont en
priorité naturelles : acupuncture, fleurs de Bach, sels de
Schussler, homéopathie, ostéopathie. La parturiente choisit
la position d’accouchement qui lui sied le mieux. Le père
donne son premier bain à son enfant après que le couple
ait pu vivre un moment d’intimité dans une atmosphère
musicale spécialement étudiée pour ce moment béni
qu’est l’accueil du nouveau-né. Le pédiatre effectue les
tests seulement après la première tétée du bébé, sous les
conseils d’une puéricultrice si la maman est
inexpérimentée. Françoise Dolto, quant à elle, a créé les
Maisons Vertes, où sont accueillis enfants et parents en
demande d’aide, de conseils et de soutien psychologique,
pour éviter certains écueils dans le cursus éducatif et
relationnel familial. En amont, il serait tellement
souhaitable que nous assistions à l’éclosion de maisons de
naissance, en France et dans d’autres pays, en suivant
l’exemple de nos amis d’Outre-rhin !
Si la sophrologie, ainsi que d’autres méthodes douces, ont
fait leur entrée dans le cadre de la préparation à
l’accouchement, encore faut-il trouver des établissements
qui s’adaptent à ces demandes particulières, et encore fautil que la mère soit bien informée.
Quelles que soient les méthodes, ce qui semble important,
c’est d’accueillir l’enfant dans la douceur, de prolonger le
contact avec la mère à la naissance, par la peau et les
caresses, car l’amour est essentiel, cet amour qui justement
ne peut se mettre en place, se tisser, qu’à travers une
gestation, une naissance et un accueil bien compris, c’està-dire en redonnant toute leur place à la mère et à l’enfant.
22
Au XIXe siècle, une affection, nommée « marasme » 5, a
tué la moitié des nouveaux-nés abandonnés dans les
hospices d’enfants trouvés. Les études et recherches des
précurseurs de la psychologie enfantine ont prouvé que,
non seulement ces enfants souffraient de dénutrition grave,
mais surtout d’une pathologie d’abandon aggravée par
l’absence d’amour d’un substitut parental. Ces enfants se
laissaient tout simplement mourir.
Les services de soins intensifs ont compris que les enfants
laissés dans les couveuses, sans la présence et l’amour de
leur mère, se développaient plus lentement et dans de
moins bonnes conditions physiques que les autres enfants.
Par ailleurs, une expérience a démontré que, quand les
infirmières caressaient les bébés ne serait-ce que 5 minutes
par jour, ceux-ci se montraient plus vigoureux que ceux
restés sans contact aimant.
Catherine Druon, psychanalyste à la maternité de PortRoyal, à Paris, dans le service de médecine néo-natale que
dirige le Pr. Jean-Pierre Relier, écrit dans son livre A
l’écoute du bébé prématuré6 : « Près de 500 bébés
prématurés sont admis chaque année sur les 900
qu’accueille le service. Plus de la moitié proviennent de la
maternité de Port-Royal. En réanimation (selon le petit
Robert réanimer signifie faire revivre), sont admis des
nouveaux-nés en détresse vitale ; à peine sortis du ventre
maternel, ces bébés se trouvent pratiquement entre la vie
et la mort. Il est délicat d’affirmer que l’enfant garde des
traces des diverses expériences corporelles vécues durant
son hospitalisation. On ne peut que constater que chaque
bébé réagit de manière différente. Pourtant on doit
s’interroger sur d’éventuelles réactions réflexes aux
contentions. Ainsi, il pourrait y avoir un lien entre une
5
6
Marasme : dénutrition grave par insuffisance des apports énergétiques.
Pr. Jean-Pierre Relier, A l’écoute du bébé prématuré, Ed. aubier
23
sensation de démembrement lorsqu’un enfant tire
fortement sur son bras attaché et un hyper serrage interne
qui provoquerait ces constipations rebelles, par la suite ».
Les enfants nés prématurément qui ont été traités en
cabine de maternage Aquamater ont projeté leurs
anciennes souffrances sur divers supports, de façon telle,
qu’il m’est possible de dire : oui, les diverses expériences
corporelles vécues durant leur hospitalisation ont été
mémorisées et ont laissé des traces.
Les études montrent qu’un bébé laissé seul après sa
naissance a tendance à se développer plus lentement et à
être moins éveillé que la normale, et que le lien
d’attachement avec sa mère se trouve également
compromis. Selon des données fournies par des chercheurs
soviétiques dans les années 1980, le nombre d’enfants
abandonnés et maltraités est plus important chez les
prématurés. En général, il est reconnu que dans les centres
de soins ouverts aux parents, l’état de santé du bébé et de
la maman, s’améliore plus vite.
Marie-Josèphe Wolff-Quenot, embryologiste à la faculté
de médecine de Strasbourg, auteur de plusieurs ouvrages
traitant d’embryologie clinique, d’histoire de l’art et de
symbolisme, dans son livre In utero, mythes, croyances et
cultures7, dit que nous savons aujourd’hui que l’enfant est
un être conscient et sensible. A 30 jours, le fœtus mesure
5mm. A 5 semaines, il mesure 12mm. A 9 ou 10 semaines
le fœtus peut ouvrir et fermer la bouche. A 12 semaines, il
fait des grimaces, fronce les sourcils, serre les lèvres, peut
faire la moue, alors qu’ il ne pèse pas plus lourd qu’un œuf
de poule. A la 11ème semaine, il s’étire, bras et jambes
peuvent bouger même si sa maman ne peut le sentir. Le
7
Marie-Josèphe Wolff-Quenot, In utero, mythes, croyances et cultures,
Ed. Masson,2001
24
liquide amniotique se renouvelle complètement toutes les
6 heures en restant à la même température. Le bébé aspire
le liquide amniotique comme s’il tétait et s’exerce ainsi
aux mouvements de succion de la tétée. Au 5ème mois sa
maman ressent de légers coups de pied, alors qu’il mesure
25cm, peut replier les doigts et fermer la main, faire des
cabrioles ou avoir le hoquet. A 5 mois ½, il entend la voix
de sa mère par la médiation de sa colonne vertébrale, peut
ressentir sa colère et y réagir en bougeant son corps. Il est
sensible aux bruits et à l’état émotif de sa maman. A 6
mois de gestation, il mesure 30cm. Au 7ème mois il ouvre
les yeux. La bulle dans laquelle il vit est toute illuminée de
rouge dès qu’une lumière vive brille près du ventre de sa
maman. Au 8ème mois, il se retourne en appuyant ses pieds
sur l’utérus élastique…
D’autres recherches permettent de savoir qu’entre la 7ème
et la 20ème semaine, les liaisons nerveuses qui transmettent
la douleur physique et psychique sont pratiquement
constituées : il a été prouvé qu’elles empruntent les mêmes
canaux. Le stress de la mère altère ses circuits cérébraux
alors que les impacts émotionnels sont enregistrés au
niveau des cellules immunitaires. L’enfant se défend de la
douleur par le refoulement, de façon à se protéger et à
anesthésier des sensations trop violentes.
Les avis divergent en ce qui concerne le moment où on
peut considérer que l’enfant, dans le ventre de sa mère, est
doté d’une conscience. Nous savons aujourd’hui qu’ il est,
avant sa naissance, un être humain conscient et capable de
réactions, qui a une vie affective active dès le 6ème mois
de gestation. Certains chercheurs pensent que cette
conscience existe dès les premiers instants de la
conception.
De la conception à 7 ans, le petit d’homme porte en lui
très présentes, une mémoire préverbale, corporelle et
25
généalogique. La philosophie bouddhiste explique cette
capacité mémorielle en disant que, jusqu’à l’age de 7 ans,
l’enfant et la mère partagent le même corps astral. Notre
culture occidentale, quant à elle, annonce que 7 ans est
l’âge de raison - l’enfant peut alors accéder à son entière
identité. Ma propre expérience, à travers l’analyse des
dessins effectués par des enfants et des adultes en cure, me
porte à penser que dès le stade appelé morula (premier
stade du développement de l’embryon, qui se présente
sous la forme d’une sphère dont la surface à l’aspect d’une
mûre), la mémoire dite archaïque existe déjà.
Pour étayer mes dires, je vais vous faire part de
l’époustouflante déclaration du jeune Julien de 4 ans et 10
mois. Le début de son histoire m’est confié par sa mère
lors de l’anamnèse. Julien est conçu par fécondation in
vitro et l’insémination a lieu en présence de son père. Le
prélèvement de l’ovule de la maman s’effectue sous
anesthésie générale. La fécondation a lieu en éprouvette,
suite à l’échec de douze tentatives d’insémination directe,
bien que la mère n’ait pas, à priori, de problème
physiologique. Le médecin traitant pratique une
échographie de 3 minutes, chacun des 5 premiers mois de
grossesse, et de 45 minutes, le 6ème mois. Le bébé reste en
position transversale jusqu’au 9ème mois ; la quantité de
liquide amniotique est peu importante. Julien naît à terme,
sous péridurale. Une épisiotomie est nécessaire pour
faciliter l’expulsion. Julien fait un ictère et reste 3 jours
sous la lampe bleue. Quand je le rencontre, Julien
souffre de troubles comportementaux sévères, et a un débit
verbal
tellement
rapide
qu’il
est
quasiment
incompréhensible. Son traitement APP en cabine de
maternage se déroule en trois périodes de 2 semaines et 3
jours. Entre chacune de ces périodes, il y a une pause de 5
semaines pendant laquelle a lieu l’effet retard, toujours
bénéfique à l’évolution de l’enfant. L’accouchement
26
sonique de Julien se passe merveilleusement bien. Dix
jours après, sa mère me téléphone, toute heureuse, en
m’expliquant avec quelque excitation, qu’à la sortie de
l’école, Julien lui a dit spontanément, avec une grande
assurance et beaucoup de naturel : « Tu sais, avant d’être
petit dans ton ventre, un monsieur m’a mis dans un
verre ! ». Nous pouvons assurer que Julien ne connaissait
pas le secret de famille qui a entouré sa procréation.
L’accouchement sonique a réveillé sa mémoire archaïque,
et le secret cellulaire qui sommeillait dans son inconscient
s’est révélé à l’état conscient.
Si les sens de l’enfant sont en activité avant la naissance,
cela implique que les perceptions commencent
obligatoirement à le modeler à travers les messages qu’il
reçoit à son propre sujet, principalement par la mère, mais
aussi par le père et le monde environnant. Les émotions
positives et heureuses contribuent à un développement
sain, les émotions négatives le perturbent : quelle que soit
leur nature, elles modèlent sa personnalité future et
dessinent les grandes lignes de son caractère.
Se posent alors de nombreuses questions. Quels sont les
moyens de corriger les influences négatives ? Ces
programmes sont-ils réversibles ? Peut-on agir pour
corriger les mauvaises informations ? Pourrait-on éviter
les traumatismes et programmer au mieux l’enfant pour lui
éviter de souffrir une fois adulte ? En d’autres termes,
existerait-il un moyen de recréer une gestation, une
naissance et un accueil en ce monde se rapprochant de
l’idéal ? Y a-t-il une façon d’aider l’adulte en devenir à
dépasser les problématiques ou handicaps liés à un
mauvais premier pas dans la vie, un moyen de prévenir un
traumatisme qui relèvera plus tard de la psychothérapie, de
la psychiatrie, ou de la maladie physique elle-même,
puisque l’on connaît l’impact du psychisme sur le corps ?
Aujourd’hui, la science ne reconnaît-elle pas que les
27
maladies psychosomatiques sont l’expression d’un
traumatisme ? - La somatisation traduit un conflit
psychique en affection somatique. Cette définition de la
somatisation est officialisée dans Le Petit Larousse
Illustré.
Les résultats extraordinaires, obtenus au fil des années
avec la méthode Aquamater, concept du courant dit
« holistique » qui est basée sur cette interdépendance
corps esprit, me portent à répondre qu’il existe
effectivement un moyen de recréer une gestation, une
naissance et un accueil en ce monde se rapprochant de
l’idéal, pour offrir à un enfant et à sa mère la possibilité de
vivre une expérience de symbiose dans l’amour qui
permettra de transmuer un vécu de souffrance en une
nouvelle empreinte de bien-être. La méthode Aquamater
est simple, logique, on pourrait dire « naturelle ». Comme
tout ce qui est simple, elle parle à tous et son efficacité
paraît évidente.
28
Naissance du concept Aquamater
En 1982, une journaliste m’a posé cette question : « Est-ce
votre propre vécu d’enfance qui vous a amenée à créer
cette carrière de sage-femme des âmes ? ». Je dois dire que
ma vie fœtale n’a pas été de toute tranquillité ; ma
naissance a été difficile, j’ai oscillé entre la vie et la mort
plusieurs jours et ma venue au monde n’a pas été des plus
opportune car trop prématurée. En effet, mon père, rescapé
des camps de la mort, fut submergé par une bouffée
d’angoisse de grande intensité à l’annonce de la grossesse,
n’étant pas prêt à endosser le statut de père. Ma mère en a
ressenti une grande culpabilité pendant les 5 premiers
mois de ma gestation, puis, m’a-t-elle dit : « J’ai laissé
entrer la joie de l’attente d’un bébé dans mon cœur ». De
plus, mon père espérait, contre mauvaise fortune bon
cœur, la naissance d’un fils et ce fut une fille ! Alors, de là
à répondre oui, à la question de cette journaliste, il n’y
avait qu’un pas !
Pluridisciplinaire, éducatrice de jeunes enfants, diplômée
d’état du centre de formation de Strasbourg, j’ai débuté ma
carrière professionnelle aux écoles de l’Alliance Française
à San-Sebastian en Espagne. Puis j'ai effectué deux années
de spécialisation à l’institut Supérieur de rééducation
psychomotrice et de relaxation psycho-syntonique de
Nice, dont les directeurs étaient Madame Gisèle Soubiran,
l’épouse du médiatique Docteur André Soubiran (Prix
Théophraste Renaudot 1943, pour son livre J'étais
médecin avec les chars et Monsieur Jean-Claude Coste,
devenu Jean-Claude Jitrois, le styliste du cuir qui habille
tous les grands de ce monde. J'ai eu le privilège d'être son
assistante à l'hôpital psychiatrique Sainte Marie de Nice,
et, le 23 Avril 1976, à la sortie de son livre Les 50 mots
clés de la Psychomotricité (Editions Privat), il m'offrit
cette belle dédicace : « A Anne-Marie Saurel, en souvenir
29
de notre heureuse collaboration. Son efficacité et sa
fidélité feront le succès de toutes ses entreprises
thérapeutiques ». Nous voici 30 ans plus tard, JeanClaude, chacun animé par la fougue de la créativité et le
désir d'adoucir la vie des autres.
En 1976, à Paris, lors d’une cession de formation à la
technique d’éducation psychomotrice le Bon Départ de
Théa Bugnet, j’ai eu l’opportunité de rencontrer une
personne qui m’a fait découvrir les travaux du Pr.
Tomatis. En 1977, enthousiasmée par ce nouvel univers de
recherches et de découvertes, j’ai effectué la formation
d’audio-psycho-phonologue. En 1978, j’ai rencontré Alla
Destandau, thérapeute du couple et de la famille, formée
par Virginia Satir, professeur au Mental Research Institute
de Palo Alto en Californie. Celle-ci invita Virginia Satir à
diriger une unité de formation à Monaco, ce qui me permit
de découvrir la psychologie systémique, magnifique
approche active et dynamique qui se propose de résoudre
les conflits familiaux par le biais d’une méthode
thérapeutique tout à fait complémentaire de mes acquis
précédents. Pour mieux remonter aux sources, en 2000,
j’ai étudié les fondements de la psycho-bio-généalogie à
Nice avec Gilles Placet, très inspiré par le courrant
lacanien et les travaux de Anne Ancelin Schützenberger,
professeur émérite ayant enseigné à l’université de Nice et
auteur de nombreux ouvrages, notamment de celui intitulé
Aïe , mes aïeux !8
Je me dois de rendre un hommage particulier à l’ homme
de génie qu’était le Pr. Alfred Tomatis. Ce chercheur - qui
lui aussi avait eu une naissance difficile - était Docteur en
médecine de la faculté de Paris, oto-rhino laryngologiste
(ORL) et spécialiste des troubles de l’audition et du
langage. Il a effectué des recherches dans les domaines de
8
Anne Ancelin Schützenberger, Aïe , mes aïeux !, Ed. La Méridienne
30
l’audiologie et de la phonologie et a formulé un certain
nombre de lois qui portent aujourd’hui le nom d’ effet
Tomatis. Il a crée l’audio-psycho-phonologie (APP) et a
mis au point tout un ensemble de techniques d’éducation
et de rééducation qui sont appliquées de part le monde.
Ses recherches l’ont conduit à s’intéresser au fœtus et à
son aptitude à entendre, et il a mis au point
l’accouchement sonique - qui accompagne la renaissance
de l’enfant en cabine de maternage Aquamater.
C’est en 1977 que j’ai découvert, à Pau, les travaux du Dr
Uberschlag. Ce médecin est décédé prématurément alors
que le premier prototype d’une cabine de maternage venait
d’être terminé sous sa houlette, dans une dépendance de
l’hôpital où il travaillait. Pour moi, ce fut une révélation,
et depuis, je n’ai eu de cesse de mettre au point une cabine
de maternage et la méthode de soins adéquate.
En effet, pour remédier au fait que, certains troubles du
comportement pouvant se manifester très tôt, il était
difficile de faire bénéficier les très jeunes enfants d’une
cure APP, il fit construire une structure reproduisant
l’appareil génital de la femme. Les trompes utérines
étaient représentées par deux couloirs cylindriques tapissés
de moquette rouge carmin qui conduisaient à une
baignoire symbolisant l’utérus, intégrée à un ensemble
pareillement moquetté. L’enfant pourrait ainsi suivre son
traitement APP dans un bain, les enregistrements de la
programmation sonique élaborée par le Pr. Tomatis étant
diffusés dans la pièce, au lieu de l’être dans des écouteurs.
Dans mon centre de Cagnes-sur-Mer, je fis aménager dans
une salle de bain totalement restructurée, un utérus
maternel artificiel, concrétisation symbolique du milieu
intra-utérin. L’idée de base était de recréer un univers où
tous les sens du jeune patient pourraient être stimulés de la
même façon qu’ils le sont durant la vie utérine. Cette
31
cabine de maternage, que je baptisais Aquamater, devait
recréer toutes les conditions de la vie in utero.
Tout au long des années qui ont suivi, j’ai amélioré la
cabine et mis au point la méthode qui l’accompagne,
persuadée que mon étoile me poussait à redonner une
nouvelle vie à ce concept abandonné, ce moyen simple et
révolutionnaire de venir en aide aux enfants et à leur
famille.
Dans les années 80, la comédienne et actrice Chantal
Lauby animait une station de radio à proximité d'Antibes,
et pendant une année, une matinée par semaine, nous
présentions
une
émission
« questions-réponses »
concernant la psychologie de l'enfant. Tous mes
remerciements à Chantal pour son talentueux soutien lors
de séquences fortes en émotion, et toute ma
reconnaissance pour le tremplin médiatique que fut cette
émission !
Je rends hommage également à tous ceux qui ont permis
de faire avancer la connaissance de l’être humain. Parmi
eux, le Dr Frédérick Leboyer, qui a fait connaître le
massage Shantala, utilisé dans le cadre de la cabine de
maternage, et le Dr Michel Odent, qui a introduit la
balnéothérapie à la maternité, tous deux ayant compris
l’importance de ces passages vers la vie que sont grossesse
et mise au monde, et ayant contribué à faire reconnaître le
fœtus et le nouveau-né comme des êtres sensibles ; les
pionniers de la psycho-bio-généalogie, qui ont apporté un
éclairage nouveau sur le fonctionnement de l’être humain ;
Jacques Benveniste pour ses travaux sur la mémoire de
l’eau, et Masaru Emoto pour ses recherches sur le pouvoir
caché de l’eau, découvertes qui, même si elles sont parfois
controversées, n’en ouvrent pas moins des voies nouvelles
intéressantes.
32
Je souhaite partager avec vous une expérience acquise
pendant 23 ans auprès de merveilleux patients. J’ai
accompagné certains d’entre eux dès la période de
gestation, d'autres en phase de petite enfance, d'enfance,
de préadolescence, d'adolescence ou de maturité plus ou
moins avancée, présentant des pathologies plus ou moins
lourdes.
33
Présentation de la Cabine de Maternage Aquamater
La cabine de maternage Aquamater propose un ensemble
cohérent de moyens générateurs de chaleur, de lumière, de
sons et de sensations proprioceptives.
Elle s’oppose ainsi au caisson d’isolation sensorielle, dans
lequel il y a coupure et isolation des sens. En vogue dans
les années 80, le principe du caisson d’isolation sensorielle
a dû être abandonné en raison des nombreux accidents de
décompensation psychologique possible, notamment dans
le cas de névroses comme la claustrophobie. Il s’agissait
d’un caisson géant dans lequel les patients s’allongeaient
dans une eau tiède saturée de sels d'Epsom, dans le noir et
le silence absolus. Je tiens à souligner que la cabine de
maternage Aquamater, lieu d’éveil et de stimulation des
sens, est un concept totalement opposé à celui du caisson
d'isolation sensorielle.
Concrètement, la cabine de maternage Aquamater se
présente sous la forme d’une pièce ovoïde dans laquelle la
température est agréable et homogène. L’entrée de la
cabine est en forme d’arche, symbole de demeure
protégée. Juste avant le passage de l’arche, sur le côté, une
table à langer est installée pour le déshabillage du bébé.
Celle-ci est surmontée d’un miroir assez grand pour que
l’enfant puisse s’y voir entièrement.
La présence de ce miroir n’est pas anodine. En
psychologie, l’étape du stade du miroir a une grande
valeur symbolique dans l'évolution psychique du bébé. En
effet, à la naissance, le bébé, vivant dans une relation
symbiotique avec sa mère, n'a pas conscience de son
corps ; aux environs de 4 mois, il réagit à son image
reflétée par le miroir, mais il réagit de la même façon qu'il
réagirait à l'image reflétée d'un autre enfant (il est
d'ailleurs plus intrigué par le reflet de sa mère qu'il
34
reconnaît dans le miroir sans pour autant comprendre qu'il
s'agit d'une image) ; aux environs de 7 ou 8 mois, survient
une évolution psychique que le psychanalyste Jacques
Lacan nomme « le stade du miroir ». Devant le miroir, le
bébé va progressivement identifier son corps et prendre
ainsi conscience de lui-même et de sa différence d’avec
« l’autre ». Il attend une réaction de son reflet dans le
miroir, il comprend par ailleurs que son reflet n'est qu'une
image, et non un être réel. Il découvre, en outre, les parties
de son corps qui lui sont encore inconnues, ce qui va
l’aider à construire son schéma corporel ; en le
déshabillant sa maman va mettre un nom sur chaque partie
de son corps. Les enfants qui n’apprécient pas toujours
d’être dévêtus, acceptent plus volontiers cette contrainte
face au miroir où leur maman les dénude de façon ludique.
Les plus grands s’admirent ou font des grimaces.
La structure de la cabine de maternage est mobile car elle
doit pouvoir permettre le montage sur un châssis de
camion ou sur une remorque, aussi bien que dans une
pièce. Elle est modulable, de façon proposer l’accueil
d’adultes handicapés et de jeunes enfants accompagnés.
Les matériaux choisis sont isolants, afin que le corps
puisse conserver une sensation de chaleur la plus
confortable et la plus agréable possible.
Le cœur de la cabine est constitué d’une « vasque
utérine » dont la première particularité est de distribuer en
permanence de l’eau tout le long de ses parois, afin de
maintenir une atmosphère liquidienne et une température
constante. Cette douce chute d’eau enveloppante favorise
l’effet d’apaisement. Dans cette vasque utérine, l'enfant,
de moins de 2 ans, évolue dans un bain chaud à
température égale à celle du liquide amniotique. Passé cet
35
âge, nous adaptons la température de l’eau en tenant
compte du désir de confort de l’enfant.
Pendant la séance, l’enfant aime tapoter les parois de la
cabine et est très sensible à la sensation que lui procurent
les gouttes d'eau qui perlent entre ses doigts. Un coussin
d'eau lui rappelle les sensations placentaires sécurisantes.
Le sens du toucher est également stimulé par les caresses
de la maman. Il est encore invité à manipuler des objets
symboliques, des « jouets », sur lesquels il projettera ses
conflits intérieurs.
Le goût et l'odorat sont sollicités quant à eux par l'eau du
bain, parfumée de quelques gouttes d’huile essentielle de
fleur d'oranger aux effets apaisants. L'enfant retrouve le
goût et l'odeur de sa maman en l'embrassant et en tétant,
s’il est encore allaité, ou en suçant le sein, s’il ne l’est
plus.
La vue est stimulée par une lumière indirecte diffuse de
couleur variable, dont la gamme varie du bleu violine à la
lumière du jour, suivant la phase du traitement. Différentes
teintes sont utilisées en fonction de l'évolution de la cure
APP. L’installation électrique est particulièrement étudiée
pour ne présenter absolument aucun danger.
Le matériel thérapeutique, à la pointe de la recherche,
utilise des composants très pointus en matière de
propagation du son. Celui-ci est transmis par voie
acoustique aérienne, ainsi que par vibrations contre les
parois de la cabine, pour permettre à l’enfant de retrouver
absolument toutes les sensations intra-utérines. Tous les
bruits parasites sont éliminés par une isolation
particulièrement étudiée : doubles parois, revêtements
souples et confortables. Nous avons veillé à réaliser un
concept le plus proche possible d'un utérus maternel en
36
recherchant les matériaux et les techniques les plus
appropriés et les plus avancés. La vasque utérine est
calculée pour être assez rigide, idéale pour une bonne
transmission du son. L’ouïe est également stimulée par la
programmation sonique, par le ruissellement de l'eau
contre la paroi inférieure de la cabine et par la voix de la
personne qui accompagne l'enfant. La programmation
sonique diffusée dans la cabine est le fil conducteur qui
relie les expériences des passages successifs qui font
entrer en résonance avec le vécu de la vie intra-utérine,
expériences dont le souvenir est engrangé dans la mémoire
archaïque.
Nous savons que l’enfant qui doit être traité dans l’univers
de la cabine de maternage n'a pas connu une période de
gestation paradisiaque. A travers la sollicitation de ses
sens, cette cure a pour but de lui permettre d'accéder à la
première substance affective qui va peu à peu générer en
lui un sentiment de sécurité intérieure.
37
Indications thérapeutiques de la méthode Aquamater
Par rapport aux thérapeutiques traditionnelles, la cabine de
maternage Aquamater est une des rares formes de
traitements utilisant des méthodes non verbales, capable
de venir en aide à des enfants souffrant de problèmes
psychologiques.
Les pathologies que présentent les enfants traités en cabine
de maternage sont majoritairement des troubles
neurologiques, tels que : insomnies, cauchemars, frayeurs
nocturnes, apathie ou nervosité excessive, anorexie au sein
ou au biberon, vomissements fréquents, coliques du
premier trimestre, perturbations respiratoires, asthme,
spasme du sanglot, troubles cutanés (eczémas et affections
à répétition…). D'autres enfants souffrent de troubles du
comportement ou encore de maladies psychosomatiques
telles que les otites ou les angines à répétition, les
maladies de peau (prurit, eczéma), les douleurs de
ventre…
Le Pr. Léon Kreisler explique, qu’aux premiers stades du
développement, l'expression du mal-être ressenti par le
petit être en formation s'exprime par tout un éventail de
troubles physiques, pouvant aller du plus bénin à celui
mettant en cause le pronostic vital. Les troubles
psychosomatiques du tout petit, estiment le Dr Kreisler et
de nombreux spécialistes de la petite enfance, peuvent
relever de trois origines : soit de « l'insuffisance chronique
de l'attachement », pathologie psychosomatique du vide
affectif, la plus grave (au début des années 50 sous le titre
Soins Maternels et Santé mentale, Bowlby décrivait
1'attachement, comme un élément crucial du
développement somatique et psychique du nouveau-né,
mécanisme essentiel, structurant, fondé sur le lien du
nourrisson avec sa mère) ; soit de 1'excès de stimulation
38
(fait souvent observé dans les foyers d'intellectuels) ; soit
enfin de l'incohérence (due par exemple à des ruptures
dans les modes de garde ou à des irrégularités dans le
comportement des adultes), les séparations étant des
facteurs majeurs de dépression parfois sans manifestation
extérieure de souffrance, repérable par un comportement
de chute dans 1'indifférence. Les mères ne sont pas assez
averties de 1'importance de la période sensible qui s'étend
du 7ème au 9ème mois inclus. Il s'agit d'une phase
organisatrice cruciale, celle de 1'émergence de la pensée
réflexive et celle de 1'angoisse, l'angoisse inimaginable
dont parlait Donald Winnicott, que seul l'objet
d'attachement peut combler, période vulnérable intense à
laquelle il convient d’être particulièrement attentif. Spitz
disait : « L'approche d'un étranger détruit l'espoir du retour
de la mère et réactive 1'angoisse ressentie quand l'enfant a
été abandonné ».
Grâce à un traitement en cabine de maternage Aquamater,
de jeunes patients ayant vécu une dépression anaclitique
lors de cette période sensible, ont pu renouer ce lien mèreenfant qui avait été rompu pendant plusieurs années (10
ans, dans le cas de Séverine – dont le cas est étudié dans la
dernière partie du livre). L'une des caractéristiques des
troubles psychosomatiques de l'enfant est leur
réversibilité. Rien n'est définitif avant l'adolescence,
souligne le Dr Kreisler, à la condition que soit entreprise
une intervention thérapeutique adaptée.
Mon expérience de thérapeute auprès de jeunes enfants
m'en a apporté la preuve. Je ne peux qu’espérer qu'une
intervention thérapeutique ait lieu dès l'apparition des
premiers symptômes de malaise chez l'enfant. Le succès
repose beaucoup sur la précocité de la mise en œuvre
d'une aide thérapeutique (dans le cadre d'une thérapie
39
familiale, l'enfant étant le « symptôme » du malaise
régnant au sein de la cellule familiale). Dès qu'il est
question de psychologie, on ne peut plus parler de maladie
individuelle. L'individu est malade avec, et surtout, par les
autres. D'une certaine manière, on peut dire qu'il est
malade de la société. Le thérapeute est donc placé devant
une tâche infinie, qui, de plus, lui vaut 1'hostilité d'une
collectivité peu pressée de reconnaître ses torts. Doit-il
pour autant se laisser aller au découragement ? Certes non,
et l'aventure du Pr. Tomatis est là pour en témoigner. Petit
à petit, il a prolongé son rayon d'action, étendu son
influence et assuré la pénétration de son bistouri d'idées
neuves dans le corps social.
Souvent, les troubles de l’enfant sont dus à des doubles
messages reçus in utero, ou à des dilemmes, comme par
exemple lorsqu'un jumeau est expulsé du sein maternel tel
un corps étranger ; l'agression de manœuvres abortives ; le
rejet de l'un des parents ; le fait d’avoir été porté dans le
sein maternel sans que la mère ne se rende compte quelle
était enceinte, d’avoir été conçu hors de l'utérus, d’avoir
connu l'angoisse suite à un danger qui menaçait sa mère
ou d’avoir été conçu à la suite d'un viol … Dans tous ces
cas, le bébé a vécu le sentiment de rejet, de violence ou
d'indifférence, et sa réponse est le refus de la vie. Plus
tard, il se battra, sera en opposition, exalté, véhément
contre Dieu, contre ses parents, contre le prochain, ou
contre le monde entier. D'autres enfants encore ont vécu,
in utero ou très jeunes, des évènements tels qu'une
avalanche, un accident de voiture ou un début de noyade.
La majorité de mes jeunes patients traités en cabine de
maternage avaient entre 3 et 6 ans mais, dès la
cicatrisation de l'ombilic, le bébé peut commencer une
cure. Le plus âgé fut un autiste de 14 ans.
40
Dans le large éventail de cas que m’ont permis de
constituer 23 années de pratique, je n'ai vécu que deux
échecs cuisants concernant deux thérapies de jumeaux.
Dans le premier cas, la maman qui élevait seule ses deux
fils, est partie sans me prévenir après avoir confié ses fils à
sa mère, au moment crucial de 1'accouchement sonique.
Dans le second cas, la maman, comptable de profession,
avait planifié sa vie de famille en ne voulant qu'une fille et
un fils. L'aînée des enfants était bien une fille mais deux
garçons se sont annoncés lors de la seconde grossesse.
L'accouchement a été très difficile dans ce contexte :
1'aîné des jumeaux a eu le crâne déformé, le second a eu
une naissance facilitée. La mère avait choisi le plus beau
et confié le plus traumatisé à sa belle-mère. Elle n’est pas
allée jusqu’au bout de la cure.
La cabine de maternage Aquamater a été tout de suite
adoptée par mes jeunes patients. Peu à peu, l’expérience
aidant, le concept s’est développé. Les résultats étaient au
rendez-vous. Les jeunes patients venaient parfois d’autres
continents, après de nombreuses démarches thérapeutiques
insatisfaisantes, et trouvaient une solution à leurs
problèmes de façon parfois spectaculaire. Je vous livre
dans cet ouvrage, le récit de cas, particulièrement
parlants, d’enfants que j’ai pu assister pendant toutes les
étapes de leur cure APP.
41
Déroulement d’une séance type
Avant de commencer les séances, un bilan préalable de la
situation familiale est établi. Il permet de cerner les
problèmes de l’enfant, d’examiner les symptômes, de
chercher le fil conducteur de l’élaboration de la
somatisation dont l’enfant souffre et de remonter à
l’origine du traumatisme.
L’entretien avec le couple parental ou le parent
accompagnant est important. Notre but premier est de
prendre en charge psychologiquement la maman, ellemême traumatisée et culpabilisée par l'expression du malvivre de son enfant et par les pressions extérieures qu'elle
subit, pour lui permettre d’intégrer le sentiment d'être
comprise et celui de pouvoir aider son enfant. En premier
lieu, la maman est donc invitée à passer un test d’écoute
(psycho-earing-test), à partir de la lecture et de
l’interprétation duquel l’audio-psycho-phonologue établit
une programmation sonique personnalisée, qui a pour but
de recharger, de redynamiser et de revaloriser la maman
pour qu’elle puisse enregistrer un beau texte ou des
comptines pour son enfant, d’une voix assurée et pleine
d’amour. Cette cure APP lui apporte l'énergie nécessaire
pour entrer en communication réelle avec son enfant et lui
transmettre l'envie d'aller à la rencontre des autres et de
vivre joyeusement.
Pour éviter que cette épreuve ne devienne une cause
d'angoisse supplémentaire pour la mère, nous devons
trouver les mots qui lui feront prendre conscience des
ressources infinies du cœur et du corps d'une maman.
Nous lui expliquons ce que nous attendons d'elle. Nous
l’informons du fait que nous devons enregistrer sa voix,
expression sonore de son amour maternel, ajouté au don
42
de la tendresse gestuelle : quelle plus belle et grandiose
offrande pourrait-elle faire à son enfant ? Déculpabilisée
par ce grand pouvoir d'amour dont elle prend conscience,
elle va enfin pouvoir se sentir en harmonie, en syntonie
avec son enfant. La cure de renaissance de son enfant
pourra alors être entreprise. Porté par cette dynamique de
vie, l'enfant va intégrer le sentiment d'être aimé par cette
maman à l'écoute de ses besoins. Ainsi vont pouvoir se
lever les blocages qui enfermaient cet enfant dans une
espèce de carapace psychologique.
Pour élaborer la programmation de la cure, nous
déterminons le nombre de séances, leur durée, leur horaire
(dans le domaine du possible, il est souhaitable que ce soit
toujours le même). Il est possible que des interventions
extérieures soient préconisées, comme par exemple des
séances d’ostéopathie ou un traitement prescrit par le
médecin de famille.
La méthode Aquamater se voulant dans la lignée des
thérapies familiales, le père est cordialement invité à
participer à cette dynamique de soins. Sa participation est
importante et l’enfant a besoin d’être entouré des deux
parents quand la cellule familiale le permet.
La collaboration entre la mère et la thérapeute, quant à
elle, devient rapidement très cordiale durant l'initiation au
massage, qui est un excellent moyen de communication.
Le dialogue est plus aisé et la mère se sent soutenue, aidée
par de chaleureux encouragements qui lui permettent
chaque jour d’acquérir plus d'assurance. Son enfant
bénéficie directement de ses élans d'affection de plus en
plus nombreux et spontanés.
Pour répondre à la demande d'implication des mères
auprès de leur enfant, celles-ci sont initiées au massage
43
des bébés présenté par le Dr Frédérick Leboyer dans son
magnifique ouvrage intitulé Shantala9. Instinctivement,
pendant ce moment privilégié, elles adoptent une voix plus
aiguë pour parler à leur petit, comme si elles s'adaptaient
au registre optimal de sensibilité de l'enfant. Ce mode
relationnel permet à la mère et à l'enfant de retrouver un
état d'intimité symbiotique qui les amène tout
naturellement à entrer en cabine de maternage dans le
meilleur des contextes.
L’enfant est ensuite installé dans la vasque utérine, avec
ou sans sa mère, selon le cas traité, l’âge de l’enfant et
l’état de santé de la maman. Si celle-ci n’accompagne pas
l’enfant dans le bain, elle reste à étroite proximité de
l’enfant, comme le fait l’éducatrice si l’enfant est orphelin
de mère.
Dans cet univers de douceur, ouaté et protégé, qui recrée
l’univers intra-utérin, les conditions idéales sont réunies
pour que se rejoue le moment de l’accouchement, en
faisant ainsi appel à tous les sens de l’enfant.
Le déroulement de la programmation sonique d’une cure
APP type, sera explicitée dans le chapitre « audio-psychophonologie : la renaissance sonique ». A titre
d’information première, il convient de savoir que la
programmation se déroule en trois phases : la première,
celle du retour sonique musical, est une phase de
transition qui permet de passer progressivement de
l’écoute aérienne, à l’écoute liquidienne qui était celle du
fœtus pendant sa vie intra-utérine. La seconde phase est
celle de l’écoute fœtale. La troisième phase, celle de l’
accouchement sonique, amène le patient à renaître par les
sons, en quittant progressivement les sensations de
9
Dr Frédérick Leboyer, Shantala, Ed. du Seuil, 2004 (dernière édition)
44
l’écoute liquidienne pour accueillir celles de l’écoute
aérienne. En fait, l’enregistrement de la voix de la mère est
d’abord diffusé filtré, de façon à reproduire la voix telle
qu’elle est perçue par le fœtus baignant dans le liquide
amniotique dans l’utérus ;
puis elle est dé-filtrèe
progressivement, jusqu’à ce que, retrouvant peu à peu
toute l’étendue de son spectre sonore,
elle soit
reconnaissable par l’enfant.
Toute rigidité est exclue de ma pratique : j’adapte la
programmation sonique à chaque cas, restant en
permanence à l’écoute de chaque enfant.
La programmation est toujours très personnalisée. Si
l’enfant a moins de 4 ans, elle est établie suivant les
observations que la maman livre, et suivant la propre
observation et intuition du thérapeute. A partir de 4 ans,
l’enfant est invité à la passation d’un test d’écoute, et
suivant les résultats, associés aux autres données telles que
dessins et peintures exécutées en fin de séances dans la
salle de jeux, le programme de l’accouchement sonique est
établi. Il est difficile de dire combien de séances il faut
envisager dans une cure. Cela varie selon l’âge, le vécu du
patient et la pathologie présentée. De prime abord, on ne
sait pas comment l’enfant va réagir : certains n’acceptent
pas d’écouter certaines fréquences de filtrage si le
thérapeute est trop pressé de franchir les étapes. Il faut être
avant tout à l’écoute du besoin de l’enfant. C’est lui qui
impose le rythme d’évolution (surtout s’il a vécu un
accouchement provoqué pour répondre aux besoins
d’adultes non respectueux de son désir et de son rythme).
Très souvent, dès la première diffusion de l'accouchement
sonique en voix maternelle, l'enfant paraît être guidé dans
son comportement par une mémoire ancestrale ou
archaïque, et il nous fait revivre l'histoire de sa naissance :
il se meut comme le fœtus qu’il a été. Si sa naissance a été
45
rapide, dès la fin du premier quart d'heure d'écoute, il sort
de l’eau comme propulsé par une force invisible et se
réfugie contre la poitrine de sa mère. Si l'accouchement a
été difficile, s'il a souffert pour une raison ou pour une
autre, il demande à sortir de la cabine avant la fin de la
séance. Dans ce cas, la maman prend son enfant dans ses
bras et tous deux se rendent dans une petite pièce très
douillette attenante à la cabine, appelée « chambre de
naissance », pour écouter la fin de l’enregistrement.
L’enfant est lové en position fœtale sur le corps de sa
maman, allongée sur un matelas. Et tous deux, enveloppés
dans une couverture blanche très douce, vivent les
minutes qui, souvent, leur ont été volées : celles qui
précèdent la section du cordon ombilical.
Dans les autres cas, l’enfant écoute avec attention cette
voix qui semble se rapprocher de plus en plus de lui, et
souvent, il embrasse sa mère ou lui sourit avec une
émotion extraordinaire. Certains enfants introvertis ou
plus secrets attendent un laps de temps plus ou moins
long, avant ou après le départ du cabinet, pour verbaliser
ou manifester par d'heureuses effusions, leur découverte
sonore. Certains enfants font éclater leur joie de la
découverte, de la reconnaissance et de la naissance en
criant : « C’est maman, hein ? C’est toi maman qui me
raconte l’histoire ! » ; les plus grands ajoutent :
« Comment t’as fait ? Où as-tu enregistré ? », la pudeur se
servant de l’aspect technique pour cacher la forte émotion
qu’un « grand » n’ose montrer !
Au fil des séances de l’ accouchement sonique , une
seconde naissance est rendue possible, pendant laquelle
s'opère une véritable régénération psychique : l’enfant
parvient à une nouvelle phase du développement de son
être, assimilée à une résurrection comme le dit si bien
René Guenon. Cette nouvelle naissance aide l’enfant à
retrouver, ou à trouver, une place à part entière dans la
46
cellule familiale. Elle permet en outre la restructuration de
cette cellule grâce à la prise en charge thérapeutique de
toute la famille. Après cette période de maternage intensif
nous allons aider l’enfant à s’affirmer, à grandir en lui
offrant un nouvel horizon avec une continuité sonore et
une programmation évolutive. Symboliquement, il s’agit
de donner à l’enfant son autonomie en lui permettant de
quitter le nid.
Pendant la première partie du traitement, dite « retour
sonique », la lumière d'ambiance est bleu violine. Ce
dégradé de couleurs modifiant le tonus postural par
l’intermédiaire de la sensibilité proprioceptive, l’enfant et
la mère se détendent et se relaxent. Puis, lors de la phase
de l' accouchement sonique, la lumière d'ambiance devient
couleur de soleil levant : un orangé de plus en plus veiné
de rouge, teinte stimulante pour aider l’enfant dans son
effort de renaissance et encourager la mère à persévérer
jusqu’à le délivrance. En fin d'accouchement sonique,
l’éventail des couleurs se déploie du rouge carmin au
rouge vermillon ; puis au moment où le père accueille son
enfant, un halo jaune d'or enveloppe le cellule familiale.
Après la séance effectuée en cabine de maternage ou
achevée en chambre de naissance, l’enfant entre dans la
salle de jeux où divers ateliers d’expression et de création
lui sont offerts. Celui de la peinture est souvent le premier
vers lequel il se dirige et, promptement, mu par sa
mémoire ancestrale, il projette le souvenir de son vécu
intra-utérin sur la feuille blanche. Lorsqu'il repose son
pinceau, sa physionomie n'est plus la même, la tension est
évacuée, les traits de son visage se détendent.
47
L’accueil de l'enfant par son père, quant à lui, a lieu à la
sortie de la cabine de maternage, le jour de la fin de
l’accouchement sonique, le jour de sa renaissance
auditive, celui de la re-connaissance de la voix
maternelle, lorsque l’enfant a pu enfin retrouver la
sensation ressentie quand le liquide amniotique s’est
écoulé de son conduit auditif et que peu à peu s’est révélée
la voix de sa maman à son ouïe, au moment de sa
naissance.
Au cours des précédents rendez-vous, le père a pu assister
la mère pendant le massage Shantala de leur enfant et a pu
partager un jeu ou une activité manuelle avec celui-ci, si
toutefois ce dernier a accepté son concours dans la salle de
jeux. Il est très rare qu’un enfant soit réticent à la
participation de son père à une activité en salle de jeux.
Pour beaucoup, ce moment d’échanges est vécu avec
enthousiasme car, dans ce contexte, la relation revêt un
caractère très privilégié.
Nous allons à présent développer l’action et expliciter
l’efficacité, du concept Aquamater, élément novateur et
complémentaire des thérapies aquatiques, soniques, et des
psychothérapies de re-naissance.
48
PARTIE 2
LE CONCEPT AQUAMATER
PSYCHOTHERAPIE PAR LA RE-NAISSANCE
(RE-NAIT-SENS)
Les sens et le ressenti in -utero
Si les sens nous semblent familiers, il n’en reste pas moins
qu’ils demeurent une énigme pour la science, sous certains
de leurs aspects. Ce qui nous semble connu est, en effet,
beaucoup plus extraordinaire que ce que nous le pensons
en général. Nous allons commencer par reprendre
certaines évidences, avant de nous aventurer dans le mode
complexe des sens.
Le son, l’image, l’odeur, le message tactile sont des
informations venant de notre monde extérieur. Nos sens
nous permettent de capter ces informations. Elles sont
traduites au niveau du cerveau. Une bonne transmission
dépend donc en premier lieu d’une bonne réceptivité de
notre cerveau.
Notre ressenti à la réception de ces messages est notre
« sensation ». Notre sensation nous renseigne sur notre
émotion. Elle provoque une réaction physique. Notre
émotion dépend entre autres de notre mode
d’enregistrement. Certaines personnes enregistrent de
49
préférence les informations au niveau visuel, d’autres au
niveau tactile, d’autres au niveau auditif. La
programmation-neuro-linguistique (PNL) explique de
façon très précise ce phénomène. Chacun voit le monde à
travers des filtres différents. L’interprétation de la réalité
est aussi la résultante subjective dépendante de nos
connaissances antérieures, de notre propre vécu, de la
mémorisation des évènements, de nos sentiments et de nos
croyances : autant de filtres déformants.
Le cerveau met les émotions en mémoire à un niveau plus
ou moins profond de conscience suivant leur impact, c’està-dire en fonction de la charge émotionnelle que déclenche
la réception du message. Une situation vécue de façon très
douloureuse a un impact profond et sera traitée de façon à
ne pas rester dans la mémoire superficielle, afin d’éviter
une trop grande souffrance. Le sentiment quant à lui est un
état affectif qui persiste en dehors du ressenti initial. C’est
une croyance.
D’autre part, le cerveau ne fait pas la différence entre le
réel et l’imaginaire. Ce fait est bien connu des
professionnels de l’hypnose, de la PNL, de la
psychobiologie, des psychothérapies en général, et de la
publicité. Pour prendre un exemple, à la peur sont
associées des émotions qui mènent à la somatisation sous
des formes diverses telles l’accroissement du rythme
cardiaque, la sensation de chaleur ou la paralysie. La peur
peut surgir suite à un fait avéré (une attaque) ou naître de
notre imagination (vision d’un film d’horreur). Dans les
deux cas, les réactions physiologiques liées à cette
émotion sont identiques. De la même manière, si, par
exemple, l’enfant croit que sa mère ne l’aime pas alors
qu’elle a le sentiment de l’aimer, la vérité pour l’enfant
sera son ressenti d’absence d’amour de la part de sa mère.
50
Pour gérer nos émotions nous pouvons agir sur nos
pensées, nos ressentis ou encore sur notre corps. Au
niveau de notre mental, il s’agit de prendre conscience du
fait que nos schémas de pensées et nos comportements,
proviennent de nos croyances et de notre passé ; au niveau
de nos sens, nous pouvons agir par le biais du toucher
(massages), des odeurs (aromathérapie), des couleurs
(colorthérapie), de la musique et des sons (musicothérapie,
mantras, chants), ou directement sur l’émotion avec les
élixirs floraux ; au niveau de notre corps, nous pouvons
prendre soin de notre alimentation et de notre hygiène de
vie.
Agir sur le corps pour soigner le psychisme est une
démarche peu familière, car nous avons appris à soigner le
psychisme par la psychothérapie et le corps par le
médicament. Or l’être est un ensemble, un tout, et agir à
un niveau de l’être, c’est agir également sur l’ensemble.
C’est ainsi que, s’il devient de plus en plus évident que la
maladie a une origine psychique, il devient tout aussi
certain que la base d’une bonne santé psychologique passe
par la bonne santé du terrain. Il est admis que la relaxation
musculaire, par exemple, permet une relaxation mentale et
rend possible un travail sur les émotions et les pensées.
Pour le naturopathe, agir sur le corps par le biais de
l’alimentation (détoxication, nutrition) est le gage d’un
terrain humoral sain et d’une pensée saine. Ainsi, une
alimentation vivante, non toxique, non chimique, prise
dans de bonnes conditions et sans stress, est la clé de voûte
de la santé physique et psychique de l’être. Le cerveau,
tous les organes du corps, tous les systèmes, sont liés et
fonctionnent en synergie. Leur bon fonctionnement
dépend évidemment du bain humoral dans lequel ils sont
immergés. Sang, lymphe, cellules sont les composants de
nos organes et conditionnent toutes leurs fonctions,
51
jusqu’à celles du cerveau qui gèrent la pensée et
l’émotion.
D’autre part, le bon fonctionnement de notre appareil
digestif (lié lui-même aux autres systèmes) est le garant
direct de la juste stimulation des sécrétions, telle la
production de sérotonine, par exemple, qui est un
neuromédiateur essentiel du cerveau et de l’humeur,
fabriqué à quasi 85 % au niveau de l’estomac. C’est au
niveau du corps qu’ont lieu tous les échanges
d’informations, à travers diverses sécrétions et hormones.
Si ces échanges se déroulent harmonieusement, le travail
et la communication se font bien, l’énergie psychique est
accrue, le moral est meilleur... Nous savons que le cerveau
d’un corps malade ou affaibli, sous l’effet de drogue,
d’alcool, ou d’une alimentation trop copieuse, a des
difficultés à générer des pensées positives, claires, et
constructives.
Des conditions de vie saines augmentent le potentiel
physique et énergétique nécessaire à une pensée claire et
créatrice : des études très nombreuses viennent appuyer ce
qui semble pourtant une évidence. Ainsi le sucre blanc, les
colorants, les produits chimiques, véritables poisons pour
l’organisme, sont retenus comme cause de l’hyperactivité,
chez l’enfant (entre autres d’après les découvertes du Pr.
Feingold dès 1937). La suppression de ces substances
entraîne une amélioration indéniable du comportement.
Les découvertes du Pr. Karl L. Reichelt, entre autres,
démontrent que le gluten et la caséine du lait peuvent, sous
certaines conditions, perturber les cellules nerveuses et
que ces substances sont étroitement liés à la violence ou à
l’autisme, aux troubles scolaires, aux troubles de l’humeur
et du sommeil, aux troubles psychologiques et
psychiatriques. Le mercure (plombages dentaires, produits
de beauté, piles, ordinateurs et composants des vaccins et
de nombreux médicaments…), mais aussi le plomb (dans
52
certaines tuyauteries, peintures, porcelaines, encres,
essence…), et l’aluminium (casseroles, papier, barquettes,
canettes…) seraient aussi à l’origine de l’hyperactivité et
de l’autisme, en inhibant les processus enzymatiques
nécessaires au bon fonctionnement des neurones. Le fœtus
est, quant à lui, dix fois plus sensible au mercure que
l’adulte. L’autisme a augmenté de 700 % depuis 1990,
selon l’épidémiologiste Bob Halley, qui dénonce le
protectionnisme des producteurs de vaccins et des
industries chimiques par les gouvernements et
l’organisation mondiale de la santé (OMS). On accuse
actuellement l’aluminium d’être à l’origine de la maladie
d’Alzheimer.
Il est reconnu que certains pesticides sont les principaux
facteurs des malformations du fœtus pendant la grossesse
(notamment des malformations de l’appareil urogénital).
Le mercure et certaines mycotoxines auraient aussi des
effets tératogènes10. Selon Marie Langre et le Dr Maurice
Rabache, le plomb contamine le fœtus, et peut être
responsable des troubles de l’audition et de la vision, ainsi
que d’une altération difficilement réversible des facultés
cognitives comme l’apprentissage. La relation a été établie
entre retard scolaire, niveau intellectuel et degré
d’exposition au plomb : « Les petites filles entre 2 et 4
ans y seraient d’ailleurs plus sensibles que les garçons du
même âge. Pour le fœtus, le nouveau-né et l’enfant jusqu’à
2 ans, le seuil sanguin critique est fixé à 100 μg/l. A partir
de 200 μg/l , les études ont mis en évidence une baisse de
3 points du quotient intellectuel. »
Une étude allemande (menée pour le compte du Ministère
de la santé), affirme que les aliments pour bébé
contiennent cinq fois plus de métaux lourds cancérigènes
10
Marie Langre et Dr Maurice Rabache, Toxiques alimentaires, Ed.
Librio
53
que le lait maternel11. Les nitrates peuvent provoquer, en
particulier chez le nourrisson, des asphyxies pouvant être
mortelles si elles ne sont pas traitées rapidement.
Il est évident que les femmes enceintes, les fœtus et les
enfants, les plus fragiles, sont les plus atteints par cette
intoxication quotidienne que nous subissons tous, à travers
l’alimentation, l’air et l’eau. Dioxines, pesticides, et autres
produits chimiques, se fixent sur le lait maternel. Le lait
industriel contient toutefois davantage encore de toxiques.
L’alimentation de la maman revêt donc une importance
capitale pour la santé de l’enfant !
A titre indicatif12, nous devons prendre conscience que la
terre de notre pays absorbe chaque année 100 000 tonnes
de pesticides et autres produits phytosanitaires. Une
soixantaine seulement ont été évalués ; certains sont
reconnus dangereux mais encore utilisés car il faut bien
finir les stocks ; d’autres sont connus pour leurs effets
toxiques, voire cancérigènes et sont tolérés à certaines
doses. Mais c’est sans tenir compte ni du danger que
représente le cumul dans le temps de petites doses, ni de
l’effet à des doses homéopathiques, ni du risque potentiel
du mélange détonnant qui peut naître de plusieurs
substances dites sans danger. Nous devons prendre
conscience du risque que représentent nos assiettes, nos
maisons, notre environnement, pour pouvoir agir et, autant
que possible, prévenir.
Cette prévention commence dans l’assiette des parents, se
continue dans celle de la future maman, puis dans celle de
l’enfant, et dans la maison qui peut être l’endroit le plus
pollué qui soit (produits d’entretien et de nettoyage, de
beauté et d’hygiène). Il convient de se battre contre la
société de consommation et la publicité qui poussent nos
11
12
H. Wingert, La maison polluée, Ed. Terre vivante.
Marie Langre et Dr Maurice Rabache, Toxiques alimentaires, Ed. Librio
54
enfants à consommer de plus en plus de produits
industriels saturés de colorants (belles couleurs des
bonbons, des gâteaux, des boissons sucrées pour les rendre
attrayants) ; de conservateurs, d’émulsifiants et
d’antioxydants que l’on trouve partout. D’autant plus que
les additifs les plus nuisibles sont en principe concentrés
dans les aliments les plus sucrés, les plus demandés par les
enfants.
Il faut aussi se méfier des organismes génétiquement
modifiés (OGM) qui échappent à l’étiquetage et qui font le
forcing auprès de nos dirigeants pour pouvoir envahir
notre assiette ! Car ceux-ci y sont déjà invités, à notre
insu. Les contrôles ne sont pas assez rigoureux, affirment
les agriculteurs respectueux de la terre, de la nature et des
êtres vivants, les OGM sont dans le lait et tous ses dérivés
alléchants, dans la viande, les charcuteries, les œufs, mais
aussi dans certains additifs eux-mêmes, les rendant encore
plus dangereux.
Mais heureusement, la sonnette d’alarme a retenti, et les
scientifiques, les pédagogues, et en particulier toute notre
jeunesse au sein des divers établissements scolaires,
s’investissent pour sauver notre planète en disant halte à la
pollution. Faisons leur confiance, ils sont plus sages et
responsables que nos aînés et que nous-mêmes :
rejoignons leurs rangs. En respectant notre Terre, nous
agissons pour la santé de nos enfants.
D’autre part, notre état émotif agit sur notre état physique
et intervient dans la digestion, le métabolisme, la
respiration et toutes nos autres fonctions. Il peut les
perturber et les affaiblir encore, ou bien, lorsque nous
sommes positifs, les renforcer. Nous sommes un Tout
inséparable.
55
En ce qui concerne le ressenti, personne n’ayant le même
vécu, on ne peut que se demander s’il est deux personnes
qui ont la même vision du monde - il n’en faut pas plus
pour faire la guerre ! Les filtres sont parfois si déformants
qu’ils créent véritablement un autre univers (déformations
qui peuvent aller jusqu’à certaines maladies mentales).
Combien de débats, de livres et de recherches sur les sens
et sur notre façon de fonctionner ! Car tout part de là : ce
que nous comprenons de la vie, ce que nous pensons et ce
que nous sommes, n’est que la traduction que nous nous
faisons de la réalité par le biais de ces sens si peu
rationnels, si peu fiables ! Le monde est-il bien réel ? Où
est donc la vérité, si elle n’est la même pour personne ?
Jusqu’à quel point nos sens nous trompent-ils ? Ne
vivrions-nous pas dans l’illusion la plus complète ? Nos
sages l’affirment pourtant sous toutes les latitudes et en
tous les temps : le monde est illusion.
Dans son livre Un grain de sagesse13, Arnaud Desjardins
dit : « L’émotion est une perturbation intérieure… elle naît
du refus de ce qui est. Vous projetez alors vos peurs et vos
désirs sur la réalité, vous déformez les faits, vous
interprétez en fonction de l’émotion la situation dans
laquelle vous êtes insérés. Vous ne vivez plus dans le
monde réel mais dans votre monde entièrement
subjectif. » Dans La voie et ses pièges14, il dit aussi : « La
pensée précède l’émotion… si je ne pensais plus, il n’y
aurait plus d’émotion. »
Que sommes-nous ? Comment avons-nous l’impression
d’exister ? A travers nos pensées. Nous sommes
« pensée ». Notre pensée, elle, est alimentée par nos sens.
Notre monde est celui de nos sens. C’est dire toute
13
14
Arnaud Desjardins, Un grain de sagesse, Ed. La table ronde
Arnaud Desjardins, La voie des pièges, Ed. La table ronde
56
l’importance des premiers impacts émotionnels : depuis la
vie intra-utérine où nos outils « sens » se forment pour se
préparer à un autre monde, en passant par la naissance et
l’accueil sur cette terre. Quel chemin déjà parcouru, quelle
merveille de biologie ! Notre cerveau est comme une puce
vierge d’informations terrestres sur laquelle les sens, dès
les premiers instants sans doute et certainement avant,
gravent des sensations, c’est-à-dire du vécu, de la
mémoire, de l’expérience : des données. C’est à partir de
ces données que se construisent les autres données, de
l’embryon au fœtus jusqu’à l’adulte : des données qui
s’inscrivent en fonction de toutes les autres données,
depuis la première cellule au moins…
Sur un plan concret, sachant que rien n’est moins concret
que les sens et la vie, les recherches en neurologie
prouvent que la conscience existe in utero. Certains
chercheurs situent son apparition entre la 28ème et la 32ème
semaine. Les circuits nerveux du cerveau sont aussi
développés que ceux du nouveau-né. Le cortex cérébral,
quant à lui, atteint un stade de développement suffisant
pour étayer la conscience. Certains affirment que l’enfant
est capable d’avoir des souvenirs à partir du 6ème mois.
Sur un plan biologique, les émotions engendrent toute une
série de réactions physiologiques et de secrétions
hormonales spécifiques. Ces substances se répandent aussi
dans le sang de la mère et modifient celui de l’enfant.
C’est ainsi, entre autres, que les émotions de la mère
influencent l’enfant qu’elle porte et permettent au fœtus de
ressentir plaisir ou souffrance, à un niveau cellulaire dit
« rudimentaire ». Il réagit, par exemple, au fait de ne pas
avoir été désiré. Selon le Dr Michel Odent, le système
d’adaptation primale du fœtus (ensemble des systèmes
nerveux, endocrinien et immunitaire qui sont
57
interdépendants), s’ajuste en tenant compte des émotions
de la mère. Il illustre ses propos en prenant le cas d’ une
femme soumise à l’autorité de son mari, qui se trouve dans
une situation d’inhibition de l’action : les glandes
surrénales de cette femme malheureuse secrètent des taux
élevés de cortisol, cortisol qui traverse le placenta et
atteint le fœtus. Le système émotionnel du bébé ne
s’ajustera pas de la même façon que chez un bébé dont la
mère est heureuse et dont les glandes, de ce fait, secrètent
un taux moins élevé de cortisol15. Le Dr Michel Odent, qui
a écrit de nombreux ouvrages, a créé récemment le centre
Primal Health Research qui étudie les conséquences à long
terme des expériences précoces (de la conception à 1 an).
La communication mère enfant passe aussi par des voies
qui échappent encore à la science, alors qu’elles semblent
évidente à la mère. Les souvenirs emmagasinés avant la
naissance restent à un niveau inconscient, toujours gravés
dans la mémoire. Ne perdons pas de vue que les faits
comptent peu : c’est la façon dont le fœtus les perçoit qui
est importante, et c’est sa sensibilité et celle de sa mère qui
font sa réalité.
Si le monde de la maman est un cocon où l’enfant
expérimente paix et confiance, l’enfant sera confiant et
paisible. Il sera timide et agité dans le cas contraire. Nous
passerons en revue les différents cas de figures possibles
dans le chapitre suivant. Selon Thomas Verny, des études
faites sur des adolescents ont démontré de telles
correspondances révélatrices. Une étude effectuée en
Grande-Bretagne au niveau national, sous le patronage du
gouvernement, a démontré que les enfants pesant à la
naissance un poids inférieur à la normale progressaient
moins vite que les autres dans l’apprentissage de la
15
Banque de données du Dr Michel Odent :
www.birthwork.org/primalhealth
58
lecture, et qu’ils devenaient, pour beaucoup, des enfants
difficiles, avec des problèmes de dépression, des
problèmes sexuels ou alimentaires. Or, une autre enquête
démontre que ce type d’enfants est lui-même porté par des
mères dites à problème.
Pour le Dr Michel Odent, d’après un ensemble d’études
(qui sont rapportées dans sa banque de données), les
caractéristiques du système émotionnel des schizophrènes
s’établissent pendant la vie prénatale. Les études
concernant l’autisme révèlent que les déclenchements
d’accouchement et les interventions obstétricales semblent
être les principaux facteurs de risque. Dans les syndromes
de déficit d’attention avec hyperactivité, les facteurs
incriminés sont entre autres le tabagisme et l’anxiété
pendant la grossesse, ou encore les déficiences en iode
entre la 12ème et la 22ème semaine de grossesse. Les
carences alimentaires pendant la grossesse augmentent,
semble-t-il, les possibilités de mettre au monde des enfants
sociopathes ou psychopathes.
A un degré ou à un autre, nous sommes tous névrosés,
nous avons tous des problèmes, des blocages qui viennent
de notre passé, passé qui conditionne notre présent. Telle
est la base du travail de la psychothérapie en général, qui
consiste à proposer des méthodes pour dépasser les
blocages, défaire les traumatismes, retrouver et faire
remonter à la conscience ce passé qui nous conditionne.
Les procédés sont divers, reconnus officiellement ou non,
de Freud aux sorciers qui chassent le mauvais œil ou les
esprits…
Dans nos sociétés modernes, l’individu est coupé de ses
racines, de sa famille et de ses émotions. Le clan dans
lequel l’homme a toujours évolué a disparu, et l’individu
se retrouve isolé, sans soutien ni sécurité. Nous parlons de
59
société individualiste. Or, dans les sociétés traditionnelles
africaines où le clan est toujours vivace et où danses et
rituels servent à exorciser les émotions et les tensions,
l’émotion n’étant pas réprimée, on peut noter que les
enfants pleurent peu, qu’ils sont peu sujet aux maladies
mentales et que le lien d’attachement avec la mère est
solide. En Asie, si l’individu ne doit pas manifester
l’émotion, il la traite à travers la méditation et un travail
sur lui-même. Il semblerait qu’au plus l’individu se sent
isolé, au moins il peut s’exprimer émotionnellement, au
plus il développe toutes sortes de maux. Les psychologues
sont sans doute les nouveaux sorciers de notre ère, mais si
notre société reste individualiste et anti-naturelle peut-elle,
pourra t-elle, engendrer des individus sains et heureux ?
Quant à nos gènes, qui semblent si déterminants, ils
seraient pourtant en grande partie influencés par
l’environnement prénatal. Comme le dit le Dr Michel
Odent : « L’écologie prénatale est la branche primordiale
de l’écologie humaine. La vie fœtale est la période de
vulnérabilité et d’adaptabilité maximales de l’être
humain».
60
Psychologie prénatale
En 1950, le pédiatre Ted Berry Brazelton16 notait l’état
d’anxiété de la femme enceinte, parallèlement à son
adaptation à la situation et aux besoins de l’enfant à sa
naissance. En 1956, Donald Winnicott17 parlait de
l’hypersensibilité de la femme pendant la grossesse et
après la naissance. C’est le psychiatre Paul-Claude
Racamier, en 1979, qui le premier décrivit les processus
psychiques en œuvre chez la future mère.18 En effet, la
mère doit établir une relation particulière avec son bébé et
ceci semble rendu possible par la transformation
psychique qu’elle traverse et la transformation de sa
propre identité19.
La psychologie prénatale en est à ses balbutiements, mais
pour le psychanalyste, il paraît de plus en plus certain que
les circonstances dans lesquelles est conçu un enfant ont
des répercussions sur la façon dont la mère anticipe les
caractéristiques de son enfant et sur sa relation future avec
lui. Elles conditionnent également, de ce fait, la qualité du
lien d’attachement et le développement futur de l’enfant.
Le psychanalyste conseille d’accorder une grande
16
Berry Brazelton et H. Als, Quatre stades précoces au cours du
développement de la relation mère nourrisson, en psychiatrie de
l’enfant, 1981
17
Donald Winnicott, De la pédiatrie à la psychanalyse, Ed. Payot et
Rivages, 1969
18
Paul Claude Racamier, De la psychanalyse en psychiatrie, Payot et
Rivages, 1998
19
Benoît Bayle, Maternité et traumatismes sexuels de l’enfance, Ed.
L’Harmattan, 2006 et
Benoît Bayle, L’embryon sur le divan, Ed. Masson, 2003
Benoît Bayle, Modifications psychiques de la grossesse, Actualités
innovations médecine (AIM) N°122, 2007
61
importance à l’aspect psychologique de la grossesse et de
consulter un spécialiste en cas de mal-être pendant cette
période
Le lien d’attachement est le lien affectif qui incite la mère
à s’occuper de son bébé et à lui fournir les soins et
nourritures matérielles et psychiques qui le maintiennent
en vie. De la qualité de ce lien dépendra la qualité de la vie
de l’enfant sur un plan matériel, affectif et relationnel (lien
avec le monde). Sa formation prend racine in utero, par le
biais des émotions de la mère et du ressenti de l’enfant,
eux-mêmes étroitement liées aux messages du monde
extérieur environnant. Lors de la naissance, ce lien se
consolide ou se détériore. Il se construit à travers la
communication affective (émotions et sens) et une
communication plus subtile que la science n’explique pas,
qui fait que maman et bébé se comprennent parfois même
à travers les rêves : nous sommes en face de la magie de
l’amour20.
La mère, qui est à l’écoute de son futur bébé, connaît déjà
son caractère, et l’image de l’enfant prend forme
progressivement dans son psychisme, comme le démontre
une étude menée par le psychanalyste Massimo
Ammaniti21. La femme anticipe la façon dont elle va être
mère, et sa relation future avec son enfant se dessine. Cette
gestation psychique est aussi fonction de son identité
conceptuelle, c’est-à-dire de l’histoire de la conception
parentale.
La façon dont la mère perçoit l’enfant, la maternité et
l’accouchement - émotions positives ou négatives, joie et
confiance en soi ou anxiété et crainte - engendre un stress
Dr Christophe Massin, Le bébé et l’amour, Ed. Aubier
Massimo Ammaniti, Représentations maternelles pendant la
grossesse et interactions précoces mère enfant, en psychiatrie de
l’enfant, 1991
20
21
62
qui conditionne le lien d’attachement. Sa trace marquera la
vie entière de l’enfant. L’enfant dont la mère se réjouit de
sa grossesse est plus vigoureux que celui qui s’est senti
rejeté, nous dit une étude du Dr Monika Lukech,
psychologue de l’université Constantine de Standford.
D’après certaines études, si la mère se sent incapable de
mener à bien une grossesse par crainte de ne pas pouvoir
assumer financièrement ou affectivement, ou par peur
d’un enfant anormal, le risque d’avortement augmente. Un
tiers des avortements spontanés est en effet médicalement
inexplicable. La mère qui ne veut pas de l’enfant et ne crée
pas de lien, envoie un message qui semble si fort que le
foetus peut aller jusqu’à se laisser mourir.
Donald Winnicott dit avec justesse : « Je suis regardé
donc, je regarde. Si la relation à la mère est une relation de
confiance, c’est-à-dire si la mère est indépendante de son
enfant et qu’elle répond à ses besoins, il sera plus facile,
une fois adulte, de comprendre que l’on n’est pas tout pour
l’autre, on sera moins dépendant de lui et moins dans la
désillusion. Dans le cas contraire, on aura peur que l’autre
ne s’éloigne et on fera tout pour le tenir sous son emprise,
pour le rendre dépendant. » Selon lui, la sexualité est le
domaine où se rejoue la relation mère enfant.
Il est intéressant de savoir que dans certaines sociétés
primitives, la relation entre la mère et l’enfant était
perturbée intentionnellement pour endurcir les bébés qui
étaient destinés à devenir guerriers ! Cela n’est pas sans
rappeler les régimes politiques durs qui plaçaient les
nouveau-nés dans des nursery d’un type très spécial, afin
de les soustraire à l’attachement à leur mère et de former
ses prochains soldats, ni ce qui se passerait dans certains
programmes de recherche top secret, qui formeraient des
esclaves au berceau pour les missions de leurs services.
Des enfants isolés de leur famille et de leur milieu, soumis
à des traitements psychologiquement traumatisants,
63
peuvent être rendus agressifs, insensibles, obéissants,
qualités très recherchées dans le monde de la guerre.
Pour la pycho-généalogie22 le fœtus hérite de bien plus
que des gènes de ses ancêtres : il hérite de leurs histoires
inachevées. De génération en génération une loyauté
invisible conditionne l’individu à reproduire les histoires
du passé familial : ses choix de vie, les personnes qu’il
rencontre, ses maladies, ses accidents et même les
problèmes de naissance et la façon dont les femmes de la
même lignée familiale accouchent ne tiennent pas du
hasard. Une fée, plus ou moins bonne, s’est bien penchée
sur son berceau… L’enfant est, de plus, chargé du « projet
de vie » des parents, autrement dit, de l’attente que ses
parents ont eu de lui, sous l’influence de leurs propres
peurs et désirs, conscients ou non. Ces conflits
construisent la structure même du lien d’attachement
puisqu’ils conditionnent les schémas affectifs de la mère et
de l’enfant. Le ressenti du fœtus dépend de la qualité de ce
lien que la mère met en place, mais aussi de sa propre
sensibilité.
Ne perdons pas de vue que le ressenti de l’enfant, lié à un
conflit réel ou imaginaire, façonne sa personnalité de
manière évidente. Nous allons parcourir les exemples les
plus communs qui sont enseignés en psycho-généalogie.
L’enfant qui se sent rejeté peut être mythomane, réagir par
la fuite (corps petit mince, étroit), avoir l’impression de
toujours déranger, acheter l’amour en faisant des cadeaux
ou en adoptant des attitudes serviles ; au final, il s’attire
des situations de rejet. La mère a pu vivre une situation
difficile comme celle d’être victime d’un tremblement de
22
Elisabeth Horowitz, Se libérer du destin familial, Chemins de
l’harmonie, Ed. Dervy, 2000
64
terre, d’une avalanche, d’une maladie, d’une opération, ou
encore celle d’entendre son mari lui reprocher de ne pas
avoir pris un traitement anticonceptionnel ; elle peut ne
pas avoir eu le sentiment de rejeter l’enfant. Si le rejet
ressenti par l’enfant concerne son sexe, il est possible que
l’enfant rencontre un problème d’homosexualité,
d’angoisse viscérale, d’insécurité, un complexe
d’infériorité ou une peur de ne pas correspondre à l’attente
des parents. Un enfant peut se sentir ainsi rejeté, dès la
conception.
L’enfant qui ne se sent pas désiré se sent coupable
d’exister : il peut avoir un sentiment d’insécurité, être
paranoïaque, avoir des difficultés à se lever et à affronter
sa journée. Il peut ne pas se sentir le droit d’exister,
manquer de confiance en lui, avoir tendance à rêver sa vie,
se penser seul et toujours de trop, toujours être en
recherche d’amour et de reconnaissance. Il se crée parfois
une pseudo personnalité. Il peut choisir la mort dés le
premier instant de sa conception, avoir une tendance
suicidaire, tomber dans la dépression ou l’anorexie, avoir
des risques de stérilité. A l’âge de 2 ou 3 ans, s’il se sent
agressé par l’arrivée d’un autre enfant, il peut développer
des sentiments d’infériorité, de timidité, et se replier sur
lui-même. Nous souffrons tous de ne pas être restés le
« centre du monde de maman ». En période de
préadolescence, nombre d’entre nous avons le sentiment
de ne pas avoir été désirés pour nous-mêmes, et nous
souffrons tous d’un manque de reconnaissance, à un
niveau ou un autre…
L’enfant de parents névrosés ne se sent pas conçu pour luimême mais pour ses parents, comblant leur propre besoin
inconscient. Il leur appartient et il doit les rendre fiers de
lui. Il a le devoir de les aimer, de se faire aimer selon leurs
critères…
65
Si l’enfant est conçu pour consolider un mariage
chancelant, il peut avoir le sentiment de porter toute la
responsabilité de la viabilité du couple…
Si la mère a été agressée durant la grossesse, l’enfant peut
avoir des réactions d’angoisse et de peur…
Si l’enfant a été conçu en remplacement d’un enfant mort,
il peut porter la tristesse laissée par cet événement. Il peut
se sentir en révolte et en colère pour avoir été conçu trop
vite après le décès d’un bébé. Il n’a pas été accueilli par
une mère heureuse et peut développer un sentiment de
vengeance. De plus, l’angoisse de la mère est réactivée
pendant la grossesse et la naissance, ce qui mène parfois à
des comportements de surprotection de sa part, non sans
conséquences sur le développement de l’enfant. L’enfant
de remplacement est un bon exemple de l’importance et
des conséquences de la conception et de la gestation
psychique dans le développement psychologique de
l’enfant. Il est parfois doté du même prénom que l’enfant
décédé qu’il vient remplacer. Chateaubriand écrit ainsi :
« …il n’y a pas un jour où, rêvant à ce que j’ai été, je ne
revois pas en pensée, le frère infortuné qui me donna un
nom que j’ai presque toujours traîné dans le malheur ».
L’écrivain refusa d’ailleurs de porter le nom de René et
occultait son nom. Quant à Salvador Dali, il disait que sa
mère ne s’était jamais remise de la mort de son frère, que
le désespoir de ses parents ne fut apaisé que par sa
naissance, mais que : « …leur malheur continuait à
pénétrer chaque cellule de son corps. Dans les entrailles de
ma mère, je pouvais déjà ressentir leur angst (angoisse en
allemand). Mon fœtus nageait dans un placenta infernal.
Leur angoisse ne me quitta jamais… » Il dit aussi :
« Grâce à ce jeu constant de tuer par mes excentricités la
mémoire de ce frère mort, j’ai réussi le mythe sublime de
Castor et Pollux, un frère mort et un autre immortel. »
Pour le psychiatre Maurice Porot, l’enfant de
66
remplacement est condamné à souffrir de ne pas avoir été
conçu pour lui- même car il est confondu avec l’autre par
ses parents. Il a donc de la peine à se construire une
personnalité et il se sent coupable de vivre parce que
l’autre est mort…
Si une tentative d’avortement a été effectuée, l’enfant peut
se sentir fortement dévalorisé, refuser le sein, souffrir
d’anorexie, se sentir coupable d’être en vie, pleurer
beaucoup et être incapable d’aimer ou de recevoir de
l’amour auquel il ne sait répondre que par l’agressivité,
persuadé que le bonheur n’est pas pour lui…
L’enfant qui a une croyance d’abandon, ou qui a été
effectivement abandonné, peut tomber sous dépendance
affective ou chimique, avoir besoin de quelqu’un d’autre
pour agir, et avoir de grandes difficultés à se séparer.
Victime, il a des difficultés à se battre et doit apprendre à
manipuler les autres. Etant donné qu’il lui est important
d’être vu, il peut avoir des problèmes de poids…
L’enfant qui ne se sent pas considéré se croit indigne
d’intérêt, dévalorisé, et a tendance à faire ce qu’on attend
de lui. En recherche de fusion pour se sécuriser, il attire
les êtres qui le contrôlent (ou de forte corpulence)…
L’enfant qui se sent trahi est toujours persuadé de l’être et
crée des conflits de jalousie. Il doit contrôler, surveiller,
honorer sa parole et doit se montrer fort et agressif…
L’enfant qui ressent un sentiment d’injustice se coupe de
son émotionnel et de son corps. Il peut privilégier
l’intellect et être froid ou insensible, avoir toujours besoin
de se justifier et être susceptible et jaloux…
L’enfant angoissé, conçu dans l’indifférence, suite à un
viol, par devoir conjugal, ou sans que la mère ne s’en
rende compte, peut souffrir d’un blocage au niveau sexuel
67
qui va se répercuter au niveau de ses capacités créatives et
de sa liberté d’expression…
L’enfant peut ressentir un conflit de dilemme qui entraîne
un processus d’autodestruction dans le sexe, l’alcool ou la
drogue. Luttant pour ne pas exister, il peut souffrir d’une
profonde blessure existentielle, cause d’une grande
solitude. Ce type de conflit se construit dans le cas où les
parents n’ont pas pensé que le fait de le mettre au monde
impliquait des conséquences dans leur vie, si l’enfant a été
conçu après une erreur de contraception, s’il a eu un
jumeau qui a été éliminé, s’il a été agressé par des
manœuvres abortives, s’il a été conçu hors de l’utérus, s’il
a été conçu dans l’angoisse ou à la suite du refus de
pratiquer un avortement thérapeutique, ou encore s’il est
né prématurément…
L’enfant prématuré a l’impression de se battre contre le
monde entier et se sent seul. Il se sent pressé, harcelé et
bousculé en permanence…
Si la vie de l’enfant a été mise en danger à la naissance,
par une circulaire du cordon ou un retard d’expulsion dû à
une autre cause entraînant l’asphyxie, les conséquences
suivant la durée de l’anoxie peuvent être plus ou moins
graves. Il peut en résulter des pathologies
comportementales telles des conduites anti-sociales et
criminelles, des psychoses, ou encore des lésions
cérébrales invalidantes. Dans une étude concernant de
jeunes schizophrènes, il a été démontré que dans 40 % des
cas, il y avait eu une complication à la naissance…
L’enfant qui ressent un manque d’amour va rechercher cet
amour toute sa vie. L’amour est le sentiment le plus
important que la mère peut offrir à l’enfant. Quand elle
donne de l’amour, il y a accroissement de la production de
la sérotonine - qui l’aide à se préserver du stress et de la
dépression. Il permet un développement harmonieux. Le
68
manque d’amour modifie le cortex, le cerveau limbique, le
système nerveux immunitaire et hormonal. L’amour se
transmet par les mots, les gestes, le contact de la peau, le
sourire, le regard, la douceur, par une voie qui a trait au
divin. L’amour guérit.
Tous ces conflits ne peuvent pas être déprogrammés au
niveau du mental : les idées ne changent pas les sentiments
et le ressenti. Par exemple, l’idée d’amour ne suffit pas à
combler le manque d’amour. En revanche, les sentiments
eux-mêmes et les actes le peuvent, parce qu’ils sont
élaborés dans la même zone du cerveau que les conflits.
De là toute l’efficacité de la cabine de maternage
Aquamater, au sein de laquelle les bonnes informations
émotionnelles peuvent s’inscrire en juste place.
Au vu de l’importance de l’impact de la naissance sur la
mère et l’enfant, et sur le lien d’attachement qui les réunit,
on peut penser que, progrès médicaux aidant, cet
évènement est devenu un pur moment de bonheur et de
mise en confiance. On imagine aisément que, si le passage
entre le monde utérin et le monde extérieur était brutal, cet
événement pourrait en revanche devenir un pur moment
d’angoisse et de terreur !
La naissance est le passage du monde de la mère au
monde extérieur, du lien physique au lien affectif qui va
continuer à nourrir l’enfant, à le rassurer, à le maintenir en
vie, lui permettant de créer à son tour un lien sain avec le
monde. Le lien affectif se crée de façon continuelle et
douce dans le monde utérin. Symbole de ce lien, le cordon
ombilical ne devrait pas être rompu brutalement après la
sortie de l’enfant. Il serait sage d’offrir un espace-temps
permettant une nouvelle conception, celle de l’acceptation
et de la reconnaissance réciproque de la mère et de
l’enfant. Présentement, de plus en plus d’obstétriciens
69
admettent qu’il est logique d’attendre la fin du dernier
battement, car il est reconnu que le cordon continue à
oxygéner le bébé, assurant un passage en douceur au
nouveau mode respiratoire qui se met en place. Le Dr
Frédérick Leboyer, fervent défenseur de l’accouchement
sans violence23, dès 1974, écrivait qu’une section
prématurée du cordon impose au bébé de prendre une
respiration violente qui entraîne un état de panique et de
souffrance. En outre, le maintien prolongé du lien
ombilical assure à l’enfant la garantie d’un contact
rapproché avec sa mère, quand il est encore trop tôt pour
la séparation physique. L’enfant, déposé sur le ventre de
sa mère, est rassuré grâce à la continuation du contact
peau à peau, à la sensation de douceur et de chaleur. Les
mains maternelles enveloppant l’enfant, font office
de « sas transitionnel » d’adaptation à son nouveau monde.
Cet accueil le rend confiant et hardi, et si sa mère écarte
légèrement ses mains et le laisse faire, ce petit d’homme
rampe sur elle à la recherche du sein nourricier. Tous ses
sens sont en éveil : après l’ouie, le toucher et l’odorat sont
excités par ce premier exercice de reconnaissance, et
l’instant magique va pouvoir avoir lieu : la première
rencontre de son regard avec celui de sa maman. Cette
communion est un point fort de l’élaboration du lien de
l’attachement.
D’autres facteurs vont compléter et solidifier ce
processus : la mère va parler au nouveau-né, parfois
chantonner, le caresser, et celui-ci va pouvoir
s’abandonner au son de cette voix dont la mélodie est déjà
imprimée dans son cerveau. Il va se nourrir de l’odeur et
du lait du sein maternel. Ces facteurs sensoriels sont les
constituants d’une saine et belle dyade mère enfant. Au
niveau émotionnel, le tout-petit ainsi accueilli échappe au
23
Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Ed. du Seuil,
2000
70
sentiment d’abandon : le seul lien connu avec le monde
qu’il vient de quitter pouvant le rassurer, est sa mère.
Comme le dit si bien le Dr Grantly Dick-Read : «
L’enfant nouveau-né n’a que trois exigences : la chaleur
des bras de sa mère, le lait de ses seins, et la sécurité dans
la certitude de sa présence. L’allaitement maternel les
satisfait toutes les trois ».
Il est important que les infirmières et sages-femmes
guident la jeune accouchée lors des premières tétées, pour
l’aspect psychologique du partage de sentiments, et pour
que l’enfant bénéficie de la valeur considérable du
colostrum, liquide qui est sécrété avant l’arrivée du lait
proprement dit. En effet, le colostrum contient cinq ou six
fois plus de protéines que le lait qui vient ultérieurement,
et deux fois moins de graisses et d’hydrates de carbone qui ne sont pas facilement assimilés par le nouveau-né et
le prématuré.
D’après le Pr. Montagner, le code d’amour entre la mère et
son enfant se met en place dès les premières secondes de
sa vie. Si la maman a eu connaissance d’un contact peau à
peau de 30 à 40 minutes avec son bébé, elle saura
reconnaître l’odeur de ce dernier, dès le second jour et
dans des proportions beaucoup plus élevées que si elle n’a
eu avec lui qu’un contact de seulement 5 minutes.
Il serait tout simplement logique, après l’aventure qu’ils
ont traversé tous les deux, de les laisser se réjouir et faire
connaissance, mais malheureusement nous verrons que ce
n’est pas ce qui se passe, le plus souvent, dans les
hôpitaux, où la surmédicalisation de l’accouchement a
oublié la mère, l’enfant et la nature, bien que des progrès
en la matière soient réalisés tous les jours sur la demande
des mères ou de certains membres du personnel
hospitalier. Bien sûr il existe des accouchements à risques
naturels et la science, dans ces cas, doit intervenir
71
justement avec toute sa rigueur, mais ces cas restent
relativement exceptionnels si tout est fait pour respecter le
travail de la nature.
C’est une des raisons pour laquelle la cabine de maternage
est si utile. Elle offre le moyen de combler les manques
affectifs et physiques, ainsi que les besoins non satisfaits
de l’enfant au cours de la vie intra-utérine, de
l’accouchement et du début de sa vie. La mère va pouvoir
directement réparer le lien affectif en procurant à l’enfant
cette nourriture émotionnelle qui lui a manqué. Elle va
pouvoir créer un lien d’amour et de reconnaissance, un
lien de sécurité et de confiance. Ce lien doit être fort pour
que l’enfant puisse se sentir accueilli dans ce monde et s’y
réaliser de la façon la plus équilibrée et la plus
satisfaisante possible.
Nous avons vu que la qualité de ce lien conditionne toute
la vie de l’enfant du fait qu’à son tour, son lien avec les
autres et le monde sera à son image : ce cordon là ne sera
pas coupé, il formera le premier chaînon de la structure
moléculaire de l’intelligence du cœur qui permet
d’accéder à l’acceptation des différences au sein de la
famille, élargie à l’humanité.
Une question se pose maintenant : comment accouchent
les femmes ?
72
Aquamater : pour une nouvelle mémoire
Toute société devrait veiller à ce que la mère mette son
enfant au monde dans les meilleures conditions. N’est-ce
pas le point de départ du respect de la nature que de
commencer par respecter la naissance ?
Nous avons vu que les sens du nouveau-né ne s’éveillent
pas par magie le jour J - pas plus que celui-ci ne
commence à vivre à cet instant, et que ses sens ne mettent
pas « un certain temps » avant d’être efficients et de
percevoir la souffrance. Les bouddhistes considèrent,
d’ailleurs, dans leur grande sagesse, que l’enfant a déjà 9
mois quand il voit le jour.
Dans son nid, l’enfant a préparé son corps et aiguisé ses
sens. Il a engrangé des perceptions, des expériences, et il
est prêt à enregistrer les sensations du nouveau monde. Le
moment de la venue au monde est très douloureux et on
imagine combien il doit être effrayant ! Le vécu de
l’accouchement laisse une trace profonde qui semble
conditionner au niveau inconscient la personnalité et la
perception du monde. Freud parlait « d’émotions
primales », et disait que le plaisir et la douleur qui
accompagnent la naissance en font le premier grand choc
physique et affectif prolongé.
Selon Blandine Poitel dans son livre Les 10 plus gros
mensonges sur l’accouchement24, dans notre civilisation,
jusqu’à ce que la science des hommes s’en mêle, les
femmes confiaient leur corps aux mains des femmes. Les
problèmes de mortalité, en ce temps là, étaient surtout dus
Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement,
Ed. Dangles, 2006
24
73
à un manque d’hygiène, à un niveau de vie peu élevé, à
une alimentation insuffisante, à la pénibilité des travaux et
du mode de vie, et au manque de contraception qui faisait
que la femme devait soutenir un accouchement après
l’autre ou subir des avortements dangereux. Malgré les
progrès réalisés ensuite dans le domaine de la science, et
la prise en charge de l’accouchement par les hommes
médecins, la mortalité des femmes restait encore très
élevée, jusqu’à ce qu’un médecin ait compris que la fièvre
puerpérale qui provoquait la mort de tant de mères, était
due aux accoucheurs qui ne se lavaient pas les mains après
avoir disséqué les cadavres qu’ils étudiaient. Pasteur
découvrit plus tard les microbes, dont le staphylocoque et
le streptocoque, entre 1870 et 1886, et il institua par la
suite les bases des règles d’hygiène dans les salles
d’accouchement.
Nous devons remercier la science pour ses découvertes,
son intervention efficace dans les cas d’urgence et au
niveau des soins, l’amélioration de l’hygiène,
l’amélioration du niveau de vie. Cependant, les
accouchements d’aujourd’hui se dérouleraient mieux si
nous acceptions de conjuguer ces avancées scientifiques
avec le génie de la nature, nature qui restera le plus grand
savant de tous les temps.
Car, petit à petit, la femme a fini par accoucher dans des
hôpitaux de plus en plus grands et impersonnels, aux
ordres des médecins, et par subir de plus en plus de tests
et d’interventions traumatisantes. Il semble maintenant
qu’un excès de médicalisation, imposé au nom de la
prévention du risque, fasse courir aux femmes et aux
enfants des traumatismes physiques et psychiques qui
pourraient être évités. Cette intervention abusive se lit
dans l’analyse de ses effets secondaires et dans les taux de
mortalité fœto-maternelle qui restent anormalement élevés
dans certains pays, dont la France, alors qu’en
74
comparaison, dans des pays où les recommandations de
l’OMS sont suivies et où la science intervient dans
l’urgence et avec plus de parcimonie, les taux de mortalité
sont bien plus bas.
Selon Claude-suzanne et Didierjean-Jouveau dans leur
livre Pour une naissance à visage humain,25 le
mouvement pour la naissance naturelle reste marginal face
à cette peur semée autour de l’accouchement, alors que les
Pays-Bas annoncent qu’un tiers de ses naissances a lieu à
domicile, et que l’OMS clame que la naissance à domicile
devrait être le modèle à suivre pour évaluer les
programmes de santé périnatale. Selon une étude rapportée
par Marjorie Tew26, ces pays affichent en outre un taux de
mortalité infantile inférieur à 10/1 000, un taux de
mortalité maternelle inférieure à 1/10 000, et un taux de
césarienne de l’ordre de 6 %, ce qui est peu par rapport à
la moyenne des pays occidentaux.
Pour sa venue au monde, l’enfant est préparé avant tout
par l’état émotionnel de sa mère face à l’accouchement.
Au plus son état de peur (peur physique, celle de devenir
mère, de la mort…) est intense, au plus il y a risque de
complications. Chaque enfant vit sa venue au monde à sa
façon, en fonction de son acquis dans le monde utérin et
de ce qu’il a pressenti de l’autre monde à travers sa mère.
L’enfant a déjà une histoire et un caractère !
Comme le dit le Dr Michel Odent dans ses ouvrages, du
fait que la science considère l’accouchement comme un
risque médical et la mère comme une malade, une quantité
impressionnante toujours croissante de tests sont effectués
25
Claude-suzanne et Didierjean-Jouveau, Pour une naissance à visage
humain, Ed. jouvence, 2004
26
Marjorie Tew, Safer childbirth - A critical history of maternity care,
Ed. Chapmanand Hall, 1995
75
sur la mère comme sur l’enfant. La technologie, alors
même qu’elle n’est pas nécessaire, est systématiquement
employée. Pour la science, il s’agit de faire sortir bébé le
plus rapidement possible. Il est pourtant prouvé que si on
laisse faire la nature en se contentant d’intervenir si besoin
est - ce qui représente environ 10 % des cas, il y a moins
de risque, en terme de mortalité, que si on se mêle de la
contrarier. En effet, une action en amenant une autre, on a
plutôt tendance à augmenter les interventions et donc les
risques. Par exemple,27la perfusion d’ocytocine posée pour
provoquer le travail, fait naître d’un coup des contractions
fortes, rapprochées et donc très douloureuses, qui vont
mener à la péridurale.
Pour apprécier l’effet des divers traumatismes physiques
lors d’un accouchement, sur la tendance comportementale
future de l’individu, il suffit de se reporter à ce
qu’enseigne la psychobiologie. A chaque traumatisme
correspond la tendance générale future de l’individu.
Un accouchement provoqué donne en général un individu
qui n’accepte pas facilement l’autorité et qui fait souvent
le contraire de ce qui est demandé. Forcé de naître, il ne se
sent pas respecté et peut être colérique. Il peut rejeter son
père si, par exemple, pour attendre celui-ci, on a dû
retarder le travail. Sur le plan physique, le produit injecté à
la mère peut provoquer des contractions tétaniques qui
risquent d’endommager le cerveau du bébé et de le tuer.
Le travail est plus douloureux et plus long, et de ce fait, il
est souvent aidé par ventouses et forceps. Sur un plan
psychologique, le travail étant provoqué alors qu’enfant et
mère ne sont pas prêts, l’absence d’harmonie durant la
27
Claude-Suzanne et DidierJean Jouveau, Pour une naissance à visage
humain, Ed Jouvence, 2004
76
mise au monde peut nuire à l’élaboration du lien
d’attachement.
Si l’accouchement a été retardé, l’individu a tendance à se
faire toujours attendre, ce qui n’est pas grave en soi. Par
contre, j’ai reçu des confidences d’adultes qui ont vécu cet
« empêchement de naître » comme un rejet de leur
personne, et leur discours me prouvent qu’ils ont
enregistré la croyance selon laquelle le monde ne les
accepte pas tels qu’ils sont. L’un d’eux me disait se sentir
toujours indigne des compliments et des honneurs qui lui
étaient rendus. J’ai analysé les principes de base de son
éducation et de son vécu pour trouver d’autres facteurs qui
pourraient expliquer ce mal être et ce déni de soi, mais j’ai
du me rendre à l’évidence : le problème s’est noué avant
sa naissance.
Les somatisations qu’il exprimait
empêchaient le doute, d’autant plus qu’il disait avoir des
problèmes respiratoires de type asthmatiforme, rêver
souvent qu’il mourrait étouffé et avoir horreur de l’eau.
D’autres patients, qui avaient été ainsi « retenus » avant de
voir le jour, étaient hypocondriaques à des degrés plus ou
moins sévères.
Dans le cas de circulaire du cordon, l’individu a du mal à
accepter la vie. Il peut souffrir de troubles liés à la gorge :
difficulté à avaler, défaut d’élocution, angines à répétition,
ou ne pas supporter le port de col roulé ou d’écharpe, dans
son besoin de libérer son cou de toute pression. Le cordon
ombilical, tuyau gélatineux qui contient des artères et des
vaisseaux, est adopté et manipulé parfois comme un jouet
par le fœtus. Si le cordon est trop long, il peut mettre sa
vie en danger par étranglement et déclencher ses premières
peurs et angoisses.
Dans le cas d’un accouchement violent, l’agressivité de
l’individu est développée par la croyance que le monde est
violent. Les coups du sort et les difficultés forment
77
certainement le caractère mais en déformant la perception
que l’individu a du monde ! Heureusement, rien
n’hypothèque à jamais l’avenir d’un enfant, des
évènements positifs se chargeant de réécrire son histoire.
Anna Freud disait : « La vie est comme une partie d’échec.
Les premiers coups sont importants parce qu’ils donnent la
direction. Tant que la partie n’est pas terminée, il reste de
jolis coups à faire ».
La césarienne est perçue comme une agression contre la
personne, une trahison dans le territoire d’où on a été
extirpé soudainement. Cette séparation mère enfant, entrée
trop directe dans un monde inconnu, engendre une grande
colère chez l’enfant. J’ai pu observer la projection de cette
colère lors des accouchements soniques. En effet, l’enfant
attribue toujours l’origine de ses maux à sa mère, d’abord
inconsciemment, en associant une gestuelle agressive, et
dés qu’il sait parler, ne dit-il pas souvent à sa maman :
« C’est ta faute ! » ?
Au plus profond de lui-même,
l’enfant sait que l’amour de sa maman est inconditionnel
et qu’elle lui pardonnera toujours l’agressivité qu’il a
besoin de déverser.
Lors de la naissance par césarienne, le massage des os
crâniens n’a pas pu s’effectuer comme c’est le cas lors
d’une naissance par voie basse. Ce manque de stimulation
corticale peut être comblé grâce à une intervention en
ostéopathie crânienne. J’ai pu constater, effectivement,
qu’après une seule séance, effectuée 4 jours après leur
naissance, des nouveaux-nés ont enfin cessé de pleurer et
ont retrouvé un sommeil normal. L’enfant né par
césarienne est souvent privé des bienfaits de l’allaitement,
et sa mère doit combler au mieux ce manque en lui
prodiguant le plus de douceur et de chaleur possible quand
elle lui donne le biberon - magie des regards empreints de
tendresse qu’ils échangent en ces instants complices.
Vingt trois ans de pratique du massage Shantala m’ont
78
permis de constater que les bébés nés par césarienne ont
besoin d’être allongés sur le dos, leur regard plongé dans
celui de la personne qui les masse, pour apprécier le
contact des doigts et des mains qui doivent l’envelopper
d’un sentiment de confiance - la perte du contact visuel
faisant ressurgir le sentiment d’insécurité. Il peut,
cependant, comme en toute règle, y avoir des exceptions.
Durant les accouchements soniques effectués en cabine de
maternage, les enfants nés par césarienne parlent de
ciseaux et miment l’acte chirurgical, soit sur le ventre de
leur maman, soit sur celui de la poupée ou du poupon qui
les accompagne lors de chaque séance.
Les enfants nés à l’aide de ventouses ou forceps projettent
ce vécu avec une incroyable violence, écrasant des deux
mains la tête de leur poupon de caoutchouc souple. Cette
réaction étonne les mères, car ces enfants font souvent
preuve d’un manque de confiance en soi et n’osent pas
agir en force, car les obstacles leur semblent
insurmontables sans leur aide ou leur présence. Nous
observons combien le traumatisme est inscrit sous forme
de blocage du type : « Je ne peux pas passer tout seul, il
faut m’aider ». Nous évaluons aussi combien, dans ce cas,
il est important que l’enfant évacue sa charge d’angoisse,
car grâce à cette projection salvatrice sur le poupon, il se
libère, et ainsi se défend tout seul ! Lors de l’intervention
des forceps et des ventouses, le crâne est souvent déformé.
Combien de fois ai-je entendu une grand-mère dire en
souriant : « Oh ! Il a le crâne en pain de sucre, mais ça
reviendra tout seul ! » ? Soyons vigilants : le crâne du
nouveau-né a subi une pression et une traction qui peuvent
entraîner des maux de tête ou de la tension, et dans ce cas
également, un contrôle en ostéopathie crânienne est
vivement conseillé.
Un confrère thérapeute, accompagnant d’adultes
présentant des séquelles de naissance difficile, m’a
79
rapporté que certains de ses patients se déplacent
nerveusement, comme de peur, sans doute, d’être rattrapé
par les instruments qu’il ont intégrés comme fort
menaçants au moment de leur expulsion dirigée. D’autres,
m’a-t-il dit, développent un mécanisme qui conduit au
perfectionnisme, s’imaginant pouvoir diriger et former
leur entourage dans le sillon qu’ils ont décrété être le bon.
En cas de perte de contrôle de leur entourage
professionnel ou familial, ces personnes ont tendance à
devenir insomniaques et sombrent très souvent dans la
dépression.
Dans certains cas, la naissance effectuée sous
anesthésie prédispose l’individu à un certain lymphatisme
et à un manque d’enthousiasme : il semble subir sa
présence sur terre. Une adolescente que je suivais me
disait souffrir de sa lenteur ; les résultats des examens
hormonaux demandés par son médecin étaient pourtant
normaux. Elle me dit aussi, que depuis son plus jeune âge,
elle avait des difficultés de coordination motrice des
membres inférieurs, qu’elle faisait de la natation, mais
était vite épuisée.
Lors d’un congrès à San Diego, plusieurs pédopsychiatres
ont avancé le fait que les bébés nés sous anesthésie ont,
une fois atteinte la phase critique de l’adolescence, plus
souvent que d’autres jeunes, une attirance pour les
substances psychotropes nuisibles à la santé et
susceptibles de provoquer une toxicomanie. Ces drogues
engendrent rapidement un état de dépendance physique,
état que le fœtus a connu et mémorisé. L’adolescent
cherchera à retrouver inconsciemment ce faux état de
nirvana.
Le nouveau-né placé en couveuse, sans contact régulier et
fréquent avec ses parents ou une puéricultrice dont il
reconnaît la musicalité de la voix et le toucher protecteur,
80
risque de vivre un conflit d’abandon. J’ai accompagné le
plus précautionneusement possible, dans sa cure de
renaissance, le petit Julien âgé de 3 ans, né prématurément
au 7èm mois de grossesse - son père m’ayant fait un récit
des manipulations de survie en couveuse des plus
cauchemardesques. D’entrée, Julien s’est présenté ainsi :
« Il y a des bébés ici ; moi, je suis grand et fort ! », nous
montrant sa force de caractère à travers un discours d’une
maturité étonnante. Sa mère nous a fait remarquer que
Julien était le portrait de son propre père. Pendant la cure,
Julien a fait preuve d’une volonté de continuer à grandir :
il serrait les dents quand le souvenir devenait présent ; il
posait des questions à ses parents et à moi-même ; et
quand nous expliquions au mieux les raisons de son
douloureux ressenti, il acquiesçait, pensif, puis adoptait
une attitude de battant, en se redressant : nous avons
compris qu’il avait fait le choix de ne compter plus que sur
lui-même pour vivre et qu’il entendait diriger sa vie
comme il le souhaitait. Ses parents m’ont remercié de les
avoir préparé au dialogue, vu la forte personnalité de leur
fils, et se sont promis d’être fermes, francs et sans tabou,
face à cet enfant avide de tout comprendre. Quant au
grand père vénéré par l’enfant, la maman me dit : « Il est
d’un grand soutien, car tous deux sont, face à l’adversité,
comme deux rocs ! ».
On ne peut que s’étonner des dommages qui résultent de la
manière dont nos bébés sont accueillis dans le monde.
Nous allons suivre le chemin parcouru par la mère et par
l’enfant afin de prendre conscience des péripéties qu’ils
sont amenés à traverser et des traumatismes potentiels
correspondants. Le but n’est pas de brosser une critique
des différents acteurs professionnels qui entourent la
naissance, car ils ne sont que les rouages d’un système qui
est basé sur la prévention du risque.
81
Arriver à l’hôpital peut demander beaucoup de temps à la
femme sur le point d’accoucher, car les structures de
proximité disparaissent les unes après les autres, depuis
qu’une loi en ce sens a été votée : la future mère doit
rejoindre une grande ville. La date de l’accouchement
ayant du, de ce fait, être déterminée à l’avance par les
données de l’échographie, le déclenchement du travail est
en principe effectué à son arrivée. Dès sa prise en charge
par le personnel soignant, la femme enceinte est traitée
comme une malade : habillée d’une blouse, rasée,
perfusée, elle est installée en décubitus dorsal, jambes
écartées, exposée au regard d’une équipe de soin mixte ;
elle subit des touchers vaginaux et est immobilisée par le
monitoring ; les décisions sont prises en fonction des
besoins du service, de l’élaboration du planning, des
horaires de présence des sages-femmes ou des médecins
accoucheurs, ou du nombre de parturientes enregistrées au
bureau des entrées.
Ce sont des mères de jeunes enfants, souvent primipares,
qui m’ont brossé ce triste tableau, insistant sur la
description du stress qui les envahissait, dans cette
atmosphère bruyante et surmédicalisée. Que penser de ces
récits, alors que le bon déroulement de la naissance
dépend du calme de la mère, de la symbiose mère enfant
et d’une atmosphère de confiance ? Ne pourrions-nous pas
réunir ces critères, conjuguer nos connaissances, pour
installer un tel climat de sérénité?
Depuis des années, le Dr Michel Odent ne se lasse pas de
répéter que, pour accoucher, il faut au contraire réduire
l’activité de l’intellect et du stress. Celui-ci explique que
durant un accouchement non perturbé, les femmes
changent d’état de conscience et se laissent aller à un
comportement inhabituel : elles adoptent des positions
instinctives, poussent des cris et lancent parfois de jurons,
parce que le contrôle du néocortex s’est réduit. Elles
82
doivent donc, dans l’idéal, se sentir en sécurité dans un
espace et une atmosphère intimes, pour pouvoir laisser la
nature s’exprimer à travers elles, et trouver le
comportement et la position qui leur seront les plus
favorables pour mener à bien leur accouchement - avec le
moins de douleur et de risques possibles pour l’enfant et
pour elles-mêmes. Quand les femmes se sentent
observées, leur néocortex est stimulé et elles corrigent
leurs attitudes. Elles réagissent de même si elle se sentent
sous le contrôle du monitoring ou si elles se trouvent dans
un espace où les instruments médicaux semblent les
attendre.
C’est l’enfant qui semble décider du moment de naître :
l’hormone
responsable
du
déclenchement
de
l’accouchement a été trouvée dans son corps. Si les
contractions sont déclenchées, elles deviennent plus
soudaines, plus rapprochées et plus douloureuses que la
normale. Le travail ne se faisant pas en phase avec celui de
l’enfant, celui-ci peut se retrouver en souffrance. Cette
moindre efficacité exige à son tour l’emploi de techniques
plus risquées, telles que forceps, ventouses ou césarienne,
avec leur cohorte de dommages physiques et
psychologiques.
Pour reprendre les chiffres cités dans le livre Pour une
naissance à visage humain, en France, en 1998, 20,3 %
des accouchements étaient déclenchés artificiellement, 8,5
% en 1972, 10,4 % en 1981, et 15,5 % en 1991 ; ceci sans
tenir compte des perfusions d’ocytocine posées
systématiquement pour accélérer le travail (le protocole
prévoyant une durée maximale pour les besoins de
l’organisation du service), malgré les recommandations du
collège national des gynécologues et obstétriciens, suite à
une conférence en 1995, qui mettaient en garde contre cet
abus et le décrivaient comme dangereux. De plus, selon le
comité d’experts en charge des études sur la mortalité
83
maternelle en couches, le déclenchement artificiel
augmente les risques d’hémorragie mortelle du postpartum alors que, paradoxalement, les grands centres
d’accouchement ont été crées pour faire chuter le taux de
mortalité des femmes, les petites structures avec leur
« manque de moyens et d’expérience » ayant été tenues
pour responsables de ce taux trop élevé. Depuis plus de 10
ans, la France compte un taux d’hémorragies de plus du
double que n’importe quel pays d’Europe de même niveau
sanitaire28.
Une autre façon courante d’accélérer le travail consiste à
rompre la poche des eaux, ce qui augmente les risques de
souffrance fœtale sans pour autant raccourcir beaucoup le
temps de travail (d’une demi-heure environ), ou encore le
geste invasif du toucher vaginal à l’occasion duquel le
praticien décolle les membranes. Geste douloureux, inutile
et pénible, qui, en France, est pratiqué une fois par heure
pendant le travail, alors que l’OMS préconise de ne
l’effectuer qu’une à deux fois en totalité. La France est
aussi le seul pays où cet examen est pratiqué
systématiquement lors des contrôles de grossesses
normales.
Les échographies sont prescrites de plus en plus souvent,
alors que le caractère inoffensif des ondes émises ne fait
pas l’unanimité : elles pourraient avoir des conséquences
sur la santé du fœtus. Chaque grossesse semble avoir ses
propres règles, et le fait de mettre en doute trop
précocement la viabilité du fœtus n’est pas sans
conséquences sur le lien d’attachement. En outre,
beaucoup d’accouchements sont déclenchés parce que
l’échographie a défini, avec erreur, la date du terme.
Enfin, tous ces tests inquiètent la future mère sans pour
Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Ed.
Dangles, 2006
28
84
autant améliorer le pronostic, et nous savons que le stress
influe sur le bon déroulement de la grossesse et de
l’accouchement.
Dans les années 70, la préparation à l’accouchement
utilisait des méthodes qui permettaient à la femme de se
préparer à ce moment exceptionnel, de le comprendre et
d’en être l’actrice. Avec l’arrivée de la péridurale, la
future mère ne cherche souvent plus à se renseigner sur la
préparation à l’accouchement, qu’elle associe à la douleur
seulement. Elle pense souvent qu’elle n’a plus rien à
prendre en charge et que, la science lui évitant la douleur,
la nature va se charger du reste.
La souffrance étant devenue évitable et inutile, la future
mère obéit à l’interdiction morale de crier, si elle choisit
de ne pas accepter l’anesthésie. Elle est culpabilisée par le
monde médical et le personnel soignant si elle manifeste
sa douleur trop bruyamment. Le Dr Frédérick Leboyer
dans son livre Si l’enfantement m’était conté29, confirme
que le cri, si naturel à la douleur, est un moyen de mieux
vivre les contractions : les sons aident le corps à produire
des endorphines - dont la production est aussi facilitée par
la pénombre, le silence ou les chuchotements, et le contact
de l’eau. Source d’énergie, comme en arts martiaux, le cri
aurait sa raison d’être. La douleur, de plus, est accrue par
la position allongée, l’état émotionnel, le stress et le
sentiment d’impuissance inhérent à l’hospitalisation. La
douleur est également dépendante des croyances
personnelles de la femme en couches, qui résultent de
celles de la société, des femmes de la famille, de la propre
mère de l’accouchée, et de sa propre naissance, autant de
DrFrédérick Leboyer, Si l’enfantement m’était conté, Ed. du seuil,
1996
29
85
facteurs subjectifs qui font une douleur pourtant bien
réelle.
La femme n’a pas le droit de crier non plus quand le
chirurgien coupe son périnée pour faciliter le passage du
bébé ou quand il le recoud à vif. Cet acte chirurgical
semble faire partie de la souffrance de l’accouchement et
servir à éviter le risque d’une déchirure naturelle soi-disant
plus dommageable qu’une entaille au scalpel. Le taux
d’épisiotomies conseillé par l’OMS est de 10 %, or il est
de 13 % au Royaume-Uni, et atteint des records avec 65 à
70% en France de nos jours.30Les traumatismes
conséquents sont d’ordre physique, comme la difficulté de
cicatrisation, mais aussi psychologique et non quantifiable,
comme le sentiment d’amertume envers le mari et
l’enfant, le refus de relations sexuelles, ou la crainte d’une
nouvelle grossesse entraînant un autre accouchement.
La péridurale rend souvent la femme passive et la prive de
ses sensations corporelles. Certaines femmes refusent cette
anesthésie partielle et pensent que la douleur leur permet
de participer plus activement à l’accouchement ; elles
peuvent accueillir leur enfant, l’être devenu le plus
précieux de leur vie, comme « leur victoire ». D’autres
m’ont confié qu’elles refusaient la péridurale, car leurs
amies avaient eu des soucis au moment de l’expulsion,
leur accoucheur ayant eu recours aux forceps ou aux
ventouses. Une jeune accouchée sous péridurale est venue
me présenter son bébé peu de temps après sa sortie de
maternité. Elle me confia que son médecin venait de
diagnostiquer une réaction au produit injecté : elle
souffrait de démangeaisons jour et nuit, avait des plaques
rouges sur les bras et le haut du corps. Un traitement à la
cortisone l’obligeait à cesser d’allaiter son bébé. Une
Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Ed.
Dangles, 2006
30
86
puéricultrice m’a dit avoir constaté auprès de nombreux
bébés nés sous péridurale un manque de tonus, une
diminution de leur capacité de succion, de déglutition et de
respiration ; de ce fait, l’allaitement était souvent
abandonné, car il demandait un tel effort supplémentaire
au nourrisson, que ce dernier, épuisé, s’endormait.
L’emploi du monitoring cardiaque sert à contrôler le cœur
et la respiration du fœtus afin de déceler des pathologies
plus rapidement, mais il inquiète la mère et la gêne dans
son travail puisqu’elle doit rester en position allongée,
alors qu’aucun chiffre ne vient prouver le bien-fondé de
son emploi systématique. Il est pourtant peu fiable, car
faussement alarmiste - fausses alertes dans 99,8 % des cas
suivant une étude parue en 1996 dans le New-England
Journal of Medecine, fait admis par la fédération
internationale des gynécologues- obstétriciens.
La position allongée (décubitus dorsal) imposée aux
femmes pour faciliter le travail des accoucheurs, n’est pas
la plus apte à faciliter l’accouchement. De nombreuses
mères m’ont dit avoir ressenti de la gêne, dans cette
position, et de jeunes primipares m’ont expliqué qu’elles
auraient préféré accoucher accroupie, la position adoptée
par les femmes dans les sociétés traditionnelles. Il est
reconnu depuis une trentaine d’années, que celles-ci ne
connaissent pas les complications urinaires et scrotales qui
sont le lot des femmes de notre société, mais qu’en
revanche, quand elles accouchent comme les occidentales,
elles présentent les mêmes complications obstétricales que
ces dernières. Cette position rend aussi la douleur plus
forte. Pour l’enfant, elle complique le travail : il est obligé
de remonter jusqu’à l’ouverture vaginale, le travail est
ralenti et il souffre. Cette souffrance est trop souvent
attribuée à son poids ou à sa position, et non aux efforts
considérables que lui demande cette ascension ! Pour
87
éviter les complications, l’intervention de ventouses ou de
forceps sont alors mises en œuvre pour hâter l’expulsion.
Malgré tous ces témoignages, mon expérience me ramène
toujours à l’écoute de chaque personne et je milite pour
que chacune puisse choisir en fonction de son histoire et
de son ressenti. L’une de mes patientes m’a dit un jour :
« Anne Marie, vous savez combien j’ai souffert de la
naissance de Sacha. Cette souffrance a été telle que je l’ai
rejeté à la naissance et que je lui en ai voulu, ainsi qu’à
mon mari ! Pour mon second enfant, il est hors de question
de me passer de péridurale ! ». Aucun soignant ou
thérapeute ne veut que les femmes souffrent. Nous
désirons tous le bien-être des parturientes, et nous
souhaiterions que leur soient proposées plus souvent des
techniques douces d’accompagnement à l’accouchement,
telles que des séances de préparation par le yoga, de
sophrologie, d’écoute sous oreille électronique ou encore
de relaxation en piscine chauffée.
La césarienne a connu une très forte progression : en
1980, les chiffres démontraient que sa fréquence avait subi
une augmentation de 20 % au cours des 20 années
précédentes. Cela a continué, car l’intervention est ellemême conséquence de toutes les méthodes employées au
cours d’un accouchement trop médicalisé. Des chiffres :
10,9 % des accouchements en 1981 finissaient par une
césarienne, 15,9 % en 1995, 17,5 % en 1998 selon trois
enquêtes différentes. La Hollande, pays ou il y a moins de
césariennes (6 %), affiche un taux plus bas de mortalité
infantile et maternelle. Elle est pratiquée sur deux femmes
sur dix, aujourd’hui, en France, ce qui est considérable.
J’ai souvent entendu le Dr Michel Odent dire qu’il faisait
naître les jumeaux naturellement, patiemment, sans aucun
problème, alors que nombre de ses confrères les mettaient
au monde uniquement par césarienne. En 2005, lors d’un
88
congrès à Athènes, le Dr Michel Odent posait cette
question : « La sécurité de la césarienne est-elle
compatible avec la survie de l’humanité ? … Quelle sera
la conséquence à long terme de ce qui se passe au début de
la vie, car cela peut altérer la faculté d’aimer : s’aimer soimême, aimer les autres. Pour donner naissance, la femme
doit libérer un cocktail d’hormones d’amour, et celles-ci
sont perturbées lors de césarienne ou d’accouchement
provoqué. La priorité devrait être donnée à cet
attachement de l’enfant à sa mère au moment de la
naissance, et vice-versa. C’est une ignorance des lois de la
nature qui entoure pour le moment la venue au monde de
nombre de bébés. Les besoins de base de la femme qui
accouche sont méconnus : se sentir en sécurité, non
observée, se débarrasser de toutes les croyances et rituels
du monde entier, retrouver le silence et la pénombre ».
Le prématuré, qui représente 9 % des naissances en 1998,
subit, quant à lui, les soins agressifs et sophistiqués que
l’on sait, souvent isolé de tout contact humain. Les
services de néo-natalogie où les parents sont conseillés et
guidés pour communiquer avec leur bébé en couveuse,
sont encore peu nombreux. Cependant, le programme bébé
kangourou fait petit à petit son chemin dans les services :
le contact avec la mère met le nouveau-né davantage à
l’abri des infections que les mesures d’hygiène les plus
pointues, et la chaleur de maman réchauffe le corps et le
cœur de bébé mieux que la plus perfectionnée des
couveuses.
Cette hausse de l’intervention systématique de la
médecine au cours d’un acte si naturel s’est fait, il faut le
préciser, malgré les recommandations de l’OMS, qui dans
un rapport effectué en 1985, déclarait que, pour que les
futures mères puissent choisir, elles doivent être informées
en matière de soins liés à l’accouchement, et de position la position allongée n’étant pas idéale ; que la séparation
89
de la mère et de l’enfant afin d’examens est déconseillée,
s’ils se portent bien ; que l’emploi du monitoring, la
pratique de la rupture de la poche des eaux, de
l’épisiotomie, de la césarienne, de l’accouchement
provoqué, les anesthésies et analgésiques ne devaient être
décidés qu’en cas de complication médicale avérée.
Entre une surmédicalisation et un accouchement dans des
conditions sanitaires déplorables qui étaient le lot de nos
aïeules, et qui est encore celui de tant de femmes de par le
monde actuellement, il y a sûrement un juste milieu : celui
qui réconcilie la science et la nature.
Comme le dit le Dr Michel Odent, nous sommes à l’ère de
la pratique de deux sortes d’obstétrique : l’une
médicalisée, l’autre alternative. Cette dernière n’utilise
plus le monitoring fœtal, se sert de l’échographie si
nécessaire, et tient compte des données scientifiques
publiées qui démontrent les dangers de l’hyper
médicalisation.
Ce tour d’horizon des conditions dans lesquelles bébé
vient au monde, nous permet de prendre conscience des
possibles traumatismes et souffrances qui l’
accompagneront tout au long de sa vie. La cabine de
maternage Aquamater se propose de palier à ce mauvais
départ, de la façon la plus naturelle qui soit.
90
Aquamater : pour une re-naissance sans violence
Le Dr Frédérick Leboyer s’est fait observateur de la
grande peur de l’enfant qui est accueilli en ce monde
comme le résultat d’une prouesse médicale, dans son livre
Une naissance sans violence31. Nous lui devons la plus
touchante histoire de la naissance qui n’ait jamais été
contée, et nous allons suivre ses pas sur le chemin de cette
extraordinaire aventure, témoins à notre tour de la façon si
peu respectueuse dont est traité bébé dans certaines
contrées, lors de ce terrible et beau passage - entendons ce
mot sur un plan physique et symbolique. Ce constat n’a
pas d’autre but que de faire prendre conscience des
traumatismes que nous rencontrerons ensuite chez l’enfant
puis l’adulte, traumatismes entraînant des blocages que
nous pouvons prendre en charge en cabine de maternage.
Respirer est la première chose que fait l’enfant en pointant
son petit nez à l’air libre. Or, cette première respiration
détermine son mode respiratoire à venir et, sa vie durant, il
va oxygéner son corps et porter son dos et sa poitrine en
conséquence, plus ou moins librement et amplement,
énergisant plus ou moins son corps. Dans son livre
Participer
à
l’univers32,
Claudia
Rainville,
psychothérapeute en méta médecine au Canada, note que
les poumons représentent la vie, le besoin d’espace et
d’autonomie. Si l’air qui s’engouffre dans les poumons du
nouveau-né provoque une douleur qui rend légitime ce
fameux premier cri si attendu, car témoin de la mise en
place du processus de respiration, les cris qui s’ensuivent
ne seraient-ils pas une manifestation de sa peur ? Il crie et
pleure pendant que les membres de sa famille, les amis, se
31
32
Dr Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Ed. du Seuil
Claudia Rainville, Participer à l’univers, Les éditions FRJ.inc
91
congratulent, rient, parlent fort autour du berceau ; pour
ces adultes, il est naturel qu’un bébé pleure, et ils ignorent
combien ce petit être est sensible, combien tout ce
vacarme l’effraie.
Après avoir été poussé, compressé, pressé, mal aidé, tiré
contrarié dans son travail, après avoir échappé à
l’étouffement ou la strangulation, suivant le cas, il se voit
attrapé comme un objet par des mains étrangères, parfois
porté sans ménagement, séparé de sa mère, déplié étiré
avec insistance pour être mesuré (comme j’ai pu
l’observer lors de reportages télévisés retransmis de pays
défavorisés), mis en contact avec le froid et la dureté de la
balance pour être pesé, alors que plus rien ne le sécurise.
Blandine Poitel décrit en détails, dans son livre Les 10
plus gros mensonges sur l’accouchement33, les tests que
subit le bébé, en guise de « bienvenue au monde». Le style
de sa description donne froid dans le dos, car toute
l’indignation de l’auteur transpire à la lecture de chaque
mot : nous en donnons ici un aperçu, car dans ma pratique,
lors des anamnèses, j’ai été amenée à écouter des récits
tout aussi poignants. En effet, on palpe le nouveau-né, on
le secoue, on l’aspire pour dégager la bouche et l’estomac
(une sonde est enfilée dans l’œsophage), manoeuvre qui
compromet dans deux cas sur trois la capacité de bébé à
téter le sein. On sonde ses orifices pour voir s’ils sont bien
ouverts, on lui injecte de la vitamine K (piqûre très
douloureuse au talon), à moins qu’on ne la lui fasse boire
(goût atroce) ; on lui fait passer des tests réflexes, dont le
test de Moro qui a pour but de voir s’il répond bien au
stress ( !) ; on lui permet très peu le contact de sa mère car
il faut le laver, le sécher et l’envelopper dans des tissus
plus ou moins doux, à moins qu’on ne le réchauffe en
couveuse quelques petites heures… et on le laisse seul.
Blandine Poitel, Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Ed.
Dangles, 2004
33
92
Pour effectuer cette batterie de tests on a coupé le cordon
le plus rapidement possible. Au dire des professionnels,
tous les tests ne sont pas si urgents, et les anomalies
seraient très vite décelables par l’observation au cours des
premières heures ou des premiers jours de vie.
Le bébé entend et passe du bruit feutré filtré amorti par les
eaux, aux voix de stentors du personnel hospitalier. Il voit,
et passe de la lumière tamisée de la grotte maternelle aux
spots éblouissants de la salle d’accouchement. Lui qui
ouvre grand ses yeux si fragiles en naissant, mettra peut
être du temps à les rouvrir d’autant plus qu’ils reçoivent
des gouttes de nitrate d’argent ou de la pommade à la
tétracycline, nous dit le Dr Frédérick Leboyer.
Le stress et la souffrance sont évidents mais ne sont pas
reconnus dans tous les lieux de naissance. « Ce n’est
qu’un mauvais moment à passer… tout le monde passe par
là… hurler c’est normal… il naît, quand on naît on crie » :
autant de lieux communs tristement révélateurs du manque
de prise en considération de la réalité du nouveau venu.
Parfois, la conséquence de cette succession d’épreuves,
peut même provoquer un stress cardiaque et le nouveau-né
doit être réanimé. Le stress peut aussi perturber son taux
de glycémie, ce qui entraîne alors un complément
d’examens, pour constater le rééquilibrage du taux.
Pendant les 2 heures qui suivent l’accouchement, tous les
sens du bébé sont en hyperactivité et les premiers liens se
tissent à travers eux. C’est à travers eux aussi que mère et
enfant se reconnaissent. Ils cherchent à capter leur regard
respectif, et cet échange n’est possible que si les yeux de
bébé sont en état de s’ouvrir, malgré les gouttes, les
projecteurs et la peur. Le besoin d’amour étant un besoin
biologique indispensable, la simulation affective par le
toucher et la chaleur étant aussi importante que celle du
langage pour le développement des différentes structures
93
du cerveau, pourquoi tout n’est-il pas mis en œuvre pour
que l’allaitement se mette en place avec les meilleures
chances possible ? Des travaux confirment même que la
protection maximale contre les excès de gras dans
l’alimentation de l’adulte est acquise dés le premier mois
de la mise au sein. Quel stress, à la seule évocation de
cette aventure ! Quels traumatismes vont donc marquer
bébé après cette attristante arrivée chez nous ?
A l’image de la mondialisation (formatage du goût, des
biens, des marchés…) ne formate t-on pas bébé en
uniformisant la naissance ? Les mêmes traumatismes, de
plus en plus violents, ne finissent-ils pas par engendrer un
même individu agressif, angoissé… ? Serions-nous
retournés malgré notre technologie – ou à cause d’elle, à
l’époque de ces sociétés primitives qui conditionnaient
leurs enfants à devenir guerriers, ou serions-nous en
marche vers une société nouvelle qui formate ses enfants à
l’agressivité ? ce qui revient au même.
Il semble que l’être humain ait besoin d’expérimenter des
voies extrêmes pour trouver l’équilibre. Le chemin de
retour vers cet équilibre passe par des chemins
expérimentaux parallèles. C’est ainsi que dans ce
domaine, les psychothérapies posent les jalons d’une prise
de conscience toujours plus large de l’essence de l’être
humain, et que les sages-femmes défendent et militent
pour un retour… à plus de sagesse. Fort heureusement
certaines initiatives réintroduisent l’humain au cœur des
préoccupations des centres hospitaliers. Ainsi la fondation
des hôpitaux de France, présidée par Mme Chirac, a entre
autres pour vocation depuis sa création en 1989,
d’améliorer la vie des enfants dans les hôpitaux français.
Les maisons des parents ainsi créées permettent aux
parents de rester près de leurs enfants nouveaux-nés en cas
de problème, ce qui représente un progrès extraordinaire
quand on connaît l’impact de la présence de la mère pour
94
l’enfant prématuré ou l’enfant malade. Depuis sa création,
plus de 550 projets en faveur du rapprochement des
familles ont vu le jour dont la création de
nombreuses maisons de parents et de chambres mère
enfant. Les projets sont conçus et réalisés par les équipes
soignantes et médicales des services de pédiatrie et de
néo-natalité.
Il faut aussi rendre hommage à des initiatives allant dans
le sens de plus d’humanité, telle que l’introduction de l’art
au sein de l’hôpital (modelage, musique, clown,
décoration et couleurs) ! Le CHU de Nice travaille
actuellement sur de tels projets. De nombreux hôpitaux
prennent conscience du besoin d’amour de leurs jeunes
patients, et admettent que la présence parentale est
nécessaire aux enfants. Il est reconnu que ce climat
sécurisant les aide à guérir plus vite, tant est réduite la
paralysante angoisse.
Il suffirait pourtant de presque rien, pour que les enfants se
sentent accueillis… le monde serait peut-être plus doux,
peuplé d’enfants bien nés, donc bien grandis et plus
paisibles. Il suffirait pourtant de presque rien… d’une
ambiance musicale douce et fluide telle la mélodie d’une
harpe ou un silence propice aux chuchotements, de
l’intimité d’un espace confortable baigné d’une douce
lumière, et de patience. Il suffirait tout simplement d’un
accouchement rendu aux parents, de les laisser accueillir
l’enfant avec tendresse pour le rassurer et lui souhaiter la
bienvenue en ce monde.
C’est ce « presque rien » que se propose de recréer la
cabine de maternage Aquamater. Ce petit quelque chose
qu’on a oublié de prendre en considération ou qui n’a pas
pu être donné de vivre à bébé : le respect, l’amour, la
douceur. On comprend mieux pourquoi, redonner à
95
l’enfant des sensations du passé utérin, comme il est
proposé en cabine de maternage Aquamater, permet de
l’apaiser, de le sécuriser, de l’aider à accepter ce monde en
douceur, et de réparer le lien qu’il lui a parfois été
impossible de tisser avec sa maman.
Toutes les expériences qui entourent la naissance, plus ou
moins traumatisantes, mais toujours marquantes,
représentent les premières cartes du jeu de la vie de tout
être. Même cachées, ce sont elles qui mèneront le jeu :
nous agirons de ce fait d’une façon que nous ne
comprenons pas toujours nous-mêmes, nous croyant
libres, nous croyant aux commandes. Freud parlait de
notre inconscient et de ses programmes négatifs ou
positifs, qui une fois créés, se rejouent sans cesse, s’autovalidant, s’auto entretenant en quelque sorte. Les faits sont
mis en mémoire et sont classés dans l’inconscient tels les
éléments d’un fichier. Ils conservent une résonance
émotionnelle propre et si, dans certaines circonstances,
des sensations identiques sont ressenties, le souvenir de
l’événement peut refaire surface, un peu comme si nous
appuyions sur la touche « recherche » de notre ordinateur :
tous les fichiers liés à un mot clé remontent des archives.
Rappelons-nous les fameuses madeleines de Proust !
L’odeur (sensation) des madeleines que l’écrivain avait
humée, sentie dans son enfance, faisait resurgir les
souvenirs de son passé à sa conscience avec sa cohorte
d’émotions.
De la même façon, si certains analgésiques sont
administrés lors de l’accouchement, lors de la prise
postérieure de médicaments proches chimiquement, le
souvenir de l’accouchement peut se déclencher.
Psychiatres et psychologues ont toujours effectué des
recherches de remontées dans la vie passée et dans la vie
fœtale, à l’aide de médicaments ou de techniques
spécifiques, comme la relaxation, l’hypnose ou la
96
sophrologie, qui permettent de mettre le sujet dans un état
de conscience modifié dans lequel la suggestion peut être
acceptée pleinement. Il est alors possible d’explorer les
différentes périodes de la vie telles que les premiers
instants de la conception, la vie intra-utérine, la naissance,
et l’accueil dans le nouveau monde, en amenant le sujet à
remonter dans le temps.
C’est ainsi que le concept Aquamater, avec sa cabine de
maternage, véritable reproduction symbolique de l’utérus
maternel, reconnecte l’enfant avec des sensations
similaires à celles vécues lors de sa vie intra utérine et de
sa naissance. Ce concept lui permet de revivre, d’exprimer
et de projeter, les traumatismes liés à son émotion d’alors.
La mère, et parfois le père, pouvant témoigner de la
manière dont la naissance s’est déroulée, et l’ostéopathe
pouvant estimer les traumatismes osseux qui ont été subis,
j’ai pu observer au cours de ma longue pratique, la
véracité du témoignage parental et du diagnostic
ostéopathique, ainsi que la fidélité de la mémorisation
fœtale du nouveau né.
La cabine de maternage n’est-elle pas une formidable
« machine à remonter le temps » ?
97
La méthode Aquamater, une nouvelle psychothérapie
La psychothérapie, en règle générale, se propose
d’améliorer le présent en résolvant les traumatismes du
passé mis en place principalement pendant la vie utérine,
la naissance ou la petite enfance. D’après Saint Thomas
D’Aquin : « Toute idée conçue dans l’âme est un ordre
auquel obéit l’organisme : ainsi la représentation de
l’esprit produit dans le corps ou une vive chaleur, ou le
froid ; elle peut engendrer ou guérir la maladie ». Par la
suite, de nombreux chercheurs ont démontré les liens entre
le physique et le psychisme, jusqu’au Dr Ryke Geerd
Hamer, chercheur contemporain, dont les concepts
exposés dans son livre Vermächtnis einer neuen medizin
rencontrent une forte opposition de la part des
scientifiques.
Il est admis en général que, la nature de l’émotion étant de
s’exprimer, c’est-à-dire de « bouger hors », si cela n’a pas
été réalisé par le passé, l’émotion s’est imprimée sous la
pression du stress - tension en réaction à l’émotion, créant
un blocage psychique, voire une maladie (mal-dit, mal-àdire). Autrement dit, quand un évènement entraîne une
réaction émotionnelle, cette émotion est soit exprimée, soit
peu marquante et elle reste nichée dans le mental, soit
marquante et elle descend alors s’inscrire dans le corps
pour y être traitée, le symptôme devenant le langage de
l’émotion.
Le stress présent - le mal-être, a pour racines les conflits
non résolus et inconscients du passé. Ces conflits sont
induits par les besoins insatisfaits, dits vitaux tels que
boire, manger, dormir, et les besoins dits fondamentaux
qui sont à la base de la personnalité, tels que le besoin de
sécurité, de territoire, d’appartenance, de différenciation,
98
de reconnaissance, d’autoréalisation et d’amour - amour
sans lequel la confiance en soi, l’amour de soi, des autres,
et la réalisation de soi sont irréalisables. En réaction au
conflit, un programme s’est mis en place. Le stress
conscient présent déclenche le stress inconscient sousjacent avec toute sa charge émotionnelle, et l’individu
réagit suivant le programme mis en place dans le passé,
réaction qui en fait n’est plus adaptée à la situation et à la
réalité présentes.
Ces besoins non satisfaits posent les problèmes auxquels
sera confronté le futur adulte. Si par exemple, le besoin de
sécurité n’a pas été satisfait dans son enfance, l’adulte
souffrira d’un sentiment d’insécurité, que même la fortune
ne pourra pas combler : il se sentira toujours en manque
d’argent ou éprouvera la crainte de perdre son acquis. Ces
blocages psychologiques sont des croyances qui, au final,
déterminent ce qu’il estime être et donc ses limites. Ses
capacités sont bien plus importantes qu’il ne le pense et
peuvent ne jamais être exploitées. Nous avons vu que le
cerveau ne fait pas la différence entre la réalité et la
fiction, et que notre sensibilité fait notre réalité :
l’émotion, le manque et le conflit ne sont que des
croyances.
En revanche, quand ses besoins sont satisfaits, ou si un
blocage est levé, l’individu peut vivre autrement, mettre en
place d’autres comportements, et aller de l’avant au lieu de
reproduire les histoires du passé sans pouvoir « passer » à
autre chose. Il est enfin capable de vivre différemment
qu’au travers de ses programmes de souffrance et il peut
attirer à lui d’autres histoires et d’autres personnes.
Le stress du fœtus, quant à lui, provient directement de
celui de la mère. Le stress de celle-ci peut provenir d’une
source extérieure, ou de ses propres antagonismes. En
99
effet, la façon de vivre et d’être de la mère détermine le
caractère de la maternité - et celui de l’enfant. Les
émotions du père et l’accueil qu’il fait à cette maternité
sont donc d’une importance fondamentale. Une belle
relation d’amour est un plus pour la vie à naître et fera le
lit d’un enfant plus tranquille, plus confiant et mieux armé
contre les difficultés qu’il ne manquera pas de trouver sur
son chemin. Un bébé non désiré, par exemple, sera le type
même du bébé irritable avec des problèmes de digestion et
de sommeil qui le rendront effectivement exécrable ; ou au
contraire il sera le type de bébé qui se nourrira peu et
dormira beaucoup, essayant sans doute de se faire
oublier… ou de fuir en douceur la difficulté de vivre.
Quelle que soit la méthode thérapeutique employée, il
s’agit, en définitive, de guérir le fœtus, et l’état du « moienfant »34 (schéma structurel de la personnalité selon
l’Analyse transactionnelle) en soi, permettant ainsi de
guérir le ressenti d’alors et de combler le manque qui s’est
installé - et qui est toujours présent. Soigner « son enfant »
en soi, c’est aussi soigner son amour de soi et dépasser
ses blocages. Si l’amour de la mère a manqué, par
exemple et que l’enfant présente des troubles de
comportement liés à ce besoin d’amour, le fait de lui
donner de l’amour - qu’il va ressentir à travers ses sens et
encore plus efficacement à travers le revécu de sa
naissance, va conduire l’enfant à lâcher son comportement
négatif, c’est-à-dire sa croyance. Il va pouvoir adopter un
autre comportement et guérir ses troubles présents.
Guérir revient à se libérer de son ressenti du passé. Qu’estce que le passé, sinon le souvenir que nous en avons,
c’est-à-dire un stock de données que nous transportons
34
Gysa Jaoui, Le triple moi, Ed. Robert Laffont – Coll. Réponses
100
dans notre mémoire et qui nous sert de référence ? Le
passé n’existe plus, par définition : c’est sa programmation
que nous traînons derrière nous comme un boulet. Or les
données du passé peuvent être mises à jour, de façon à ne
plus peser sur notre présent. Ce travail est rendu possible
par la prise en charge effectuée en cabine de maternage
Aquamater.
Henri Laborit, biologiste et pharmacologue très célèbre
pour ses travaux sur le stress, écrit qu’ il y a trois façons
de répondre à l’attaque émotionnelle qu’est le stress : la
lutte, la fuite, l’inhibition. Le malade, par définition, serait
donc un être inhibé : s’il est dans la fuite ou dans la lutte il
ne somatise pas, puisqu’il fait se mouvoir l’émotion hors
de son corps.
Si mettre des mots sur les maux permet aux mots de ne pas
passer par le corps pour se dire, on voit toute l’importance
de tenter dès que possible de satisfaire les besoins
fondamentaux du bébé, pour sa santé psychique et
physique future. Si rien n’est fait, ses comportements
inadaptés, en fonction de la nature et de la durée des
émotions véhiculées, conduiront à la pathologie à plus ou
moins long terme.
La thérapie associée à la cabine de maternage Aquamater
est complémentaire à toute autre thérapie. Elle trouve sa
place entre les méthodes de soins, et les prises en charge
préventives qui agissent pour minimiser les chances de
voir se produire un traumatisme. La cabine de maternage
Aquamater permet d’agir sur la cause première du conflit,
de revenir à sa source même, sans difficulté, sans risque
d’erreur, de mauvaise interprétation, ou de se perdre dans
les méandres du mental et des mots, ce qui explique que
les résultats sont toujours au rendez-vous.
101
Il est intéressant de rapprocher la méthode Aquamater de
quelques thérapies bien connues, car elles permettent de
mieux situer sa propre action.
La psycho-généalogie explique qu’un ressenti stimule une
zone précise du cerveau ; ce ressenti, modifié ou amplifié
par un stress, doit trouver une solution pour évacuer cette
tension, faute de quoi il va devoir trouver une autre
solution : une maladie qui peut être organique,
psychologique, comportementale ou événementielle, et qui
n’est en fait que la transposition symbolique de ce ressenti.
Le thérapeute décode les messages donnés au corps avec
l’aide du sujet. Le décodage se fait entre autres en
analysant l’origine du choix du prénom et de la profession,
les dates importantes de sa vie et de celles de sa famille,
les propres caractéristiques des ascendants et descendants
de l’arbre généalogique ; ce qui permet de prendre
conscience des liens, des répétitions et des histoires
communes au sein de la famille, rien n’étant dû au hasard
mais tout étant une suite logique d’événements. Il s’agit
ensuite de « réparer » grâce à un acte symbolique, c'est-àdire d’introduire de nouvelles données. Le manque, une
fois comblé au niveau émotionnel, le stress présent n’a
plus sa raison d’être. La guérison libère également les
autres membres de la famille, effaçant ainsi la mémoire
trans-générationnelle.
La méthode Aquamater, nous l’avons vu, permet
justement de combler les besoins non satisfaits,
générateurs de conflits, de « réparer ».
La programmation neuro linguistique (PNL), a été mise
au point par Jonh Grinder et Richard Bandler, dans les
années 70. Ils ont observé le travail des thérapeutes tels
que Virginia Satir, Fritz Perls (fondateur de la Gestalt
thérapie), Milton Erickson (père des thérapies brèves).
Leur méthode, très pratique, basée sur une nouvelle
102
approche du psychisme et du comportement humain, se
situe au carrefour de plusieurs sciences. Elle part de l’idée
que l’homme agit en fonction de la représentation qu’il se
fait de son environnement. Si l’homme est programmé,
cela veut dire qu’il est capable du meilleur, puisqu’il suffit
d’agir sur le fonctionnement de son système nerveux qui
perçoit, interprète, code et transmet les messages de tout
ordre. Quant au langage, il est le véhicule de nos
expériences, de nos perceptions et de notre représentation
du monde. La PNL, qui peut être utilisée dans tous les
domaines, apprend à l’individu à se servir de son cerveau
et lui permet de modifier sa vision du monde. Elle propose
par exemple, en se projetant dans le passé, d’évacuer un
traumatisme en « remplaçant » le ressenti émotionnel lié à
ce traumatisme par un ressenti positif.
La méthode Aquamater, permet de « transformer » le
passé en allant à la source du conflit et en donnant les
bonnes informations aux sens.
Le fonctionnement du cerveau est également bien compris
à travers l’hypnose, technique très ancienne basée sur la
suggestibilité accrue de l’homme dans un état de
conscience entre la veille et le sommeil. Divers procédés
sont utilisés pour renforcer cette suggestibilité. Sous
hypnose en effet, le thérapeute s’adresse directement à
l’inconscient du sujet qui ne fait pas la différence entre le
réel et l’imaginaire (dissociation de l’esprit). Il va être
possible de faire remonter à la conscience les
traumatismes du passé et de reprogrammer les ressentis.
Cette technique permet entre autre de faire revivre la vie
fœtale et la naissance, et peut être utilisée pour préparer à
l’accouchement et pour en soulager la douleur. Plus ou
moins controversé car effectivement puissant et trop
directif, le principe de l’hypnose est cependant reconnu et
aide à comprendre comment le cerveau peut être
programmé.
103
En cabine de maternage, il n’y a pas intrusion et directives
d’un tiers, puisque le sujet est, au contraire, acteur de sa
re-naissance. Tout est mis en œuvre pour lui permettre une
entière liberté d’être et d’agir, pour que se manifeste
l’intelligence de sa nature.
Quant au rebirth, pratique utilisée en psychothérapie, que
nous devons à l’américain Leonard d’Orr, il utilise l’art de
la respiration des yogis pour modifier l’état de conscience
et rendre possible la libération des émotions négatives non
exprimées liées à des traumatismes, en permettant au sujet
de les revivre. Le rebirth se propose ainsi de faire
« renaître » le sujet : de lui faire revivre le cheminement
de sa naissance, principal traumatisme. Si ce procédé
invite à une renaissance, il ne relève pas du tout de la
méthode proposée en cabine de maternage et ne doit pas
être confondu avec celle-ci.
Ces diverses thérapies, parmi tant d’autres, s’adressent à
l’individu désireux d’effectuer un travail sur les
programmes
mis
en
place
dans
le
passé.
Schématiquement, ces méthodes partent des symptômes
présents pour découvrir les causes déterminantes de la
pathologie vécue.
En cabine de maternage, le travail sensoriel nous permet
de remonter à la source même de la création de l’être et de
l’aider à redescendre le cours du fil de sa vie, tout en lui
offrant un mode de cicatrisation cathartique des blessures
qui ont jalonné son parcours matriciel, son passage du
milieu liquidien au milieu aérien, puis les étapes
d’adaptation à ce nouvel univers terrien.
En ce qui concerne l’accompagnement à une grossesse
heureuse, les méthodes existantes ont pour but de
sensibiliser la mère à l’adoption d’un mode de
104
communication personnel avec son enfant, de dé-stresser
la future maman pendant la grossesse et l’accouchement,
de rendre ce dernier moins traumatisant, de respecter la
nature, d’être à l’écoute de son instinct et de favoriser
ainsi un développement harmonieux du fœtus - et donc de
l’enfant.
La méthode la plus connue est la relaxation, base
commune à beaucoup d’autres méthodes recherchant un
changement d’état de conscience propice aux suggestions
verbales et à la visualisation. La relaxation, synonyme de
relâchement musculaire et mental, aide à gérer le stress,
l’angoisse, les émotions. En effet, les expériences menées
sur le sujet démontrent que, quand les muscles se
détendent profondément, il est impossible de ressentir de
l’anxiété ; à l’inverse, l’anxiété provoque la contraction
musculaire. A travers la prise de conscience de son corps
et un travail sur la respiration, le sujet est amené vers un
état de conscience profond. L’état de relaxation est
favorisé par les sons graves dont le rythme est régulier, et
par une douce lumière bleue indigo. Une atmosphère
propice facilite la régression, et le sujet accède
naturellement à ses propres ressources.
L’état de relaxation est induit naturellement dans le sein
de la cabine de maternage, son ambiance étant étudiée
pour éveiller les sens, dans un halo de quiétude.
Relaxation, sophrologie - méthode qui s’inscrit entre la
relaxation et la méditation orientale, et hatha yoga
permettent à la mère un bon contrôle respiratoire et
musculaire l’aidant à maîtriser au mieux la douleur et
l’angoisse.
Ces techniques aident, en outre, à la création du lien
d’attachement et à la communication entre la mère et le
fœtus, comme le proposent aussi l’haptonomie ou le chant
prénatal. L’haptonomie, créé par Frans Veldmann, est une
105
méthode proposée pour la préparation à l’accouchement,
Les thérapeutes qui ont assuré les séances de cette
préparation font un accompagnement familial lors des
premiers mois du nouveau-né. Cette méthode exige la
présence des parents et privilégie le contact affectif avec le
bébé, en établissant un contact par le toucher. La mère
apprend à obtenir un tonus musculaire spécifique, à travers
la relation affective mise en place durant la grossesse, qui
lui permet de stimuler son bébé pendant toutes les phases
de travail de l’accouchement. Le chant prénatal, méthode
élaborée par Marie Louise Aucher, invite la mère à
chanter des comptines et des berceuses, ces belles
vibrations d’amour nourrissant le fœtus de tendresse.
Elles le rassureront, quand, une fois né, sa maman les
chantonnera, par exemple, avant l’endormissement. Toutes
ces méthodes font la démonstration de l’importance de la
sollicitation des sens du fœtus et d’une bonne
communication avec sa mère. Mais permettez-moi
d’ajouter un bémol : sollicitation, communication, nous
approuvons, mais toujours dans les limites du
raisonnable ; le petit être en formation est heureux de se
sentir aimé et attendu, mais il nous demande de respecter
sa tranquillité, son sommeil, son désir d’intimité.
Il reste que… le bébé parle peut-être, lui aussi, in utero ?
Ne souffle-t-il pas son propre choix de prénom à sa
maman ? Parfois, les mamans me l’ont dit…
Cette croyance n’est peut-être pas si erronée : une dépêche
de l’AFP du 26 octobre 2007, nous apprend que des
biologistes, au terme d’une étude réalisée à la ferme aux
crocodiles de Pierrelatte, ont découvert que les bébés
crocodiles appellent leur mère avant même de sortir de
l’œuf !
106
Toutes les mamans et leurs enfants n’ont pas eu la chance
de bénéficier de l’accompagnement de telles méthodes
pendant 9 mois et au-delà. Notre méthode de renaissance
en cabine de maternage Aquamater se propose d’intervenir
après la naissance pour atténuer, et si possible évincer, la
douleur des traumatismes inhérents à la période de
gestation et à une naissance difficile, parfois à risque.
La méthode Aquamater éveille le souvenir du traumatisme
vécu pendant la vie intra-utérine ou lors de
l’accouchement, traumatisme imprimé dans sa mémoire
archaïque.
La thérapie aide l’enfant à libérer son
psychisme des émotions négatives : il va pouvoir projeter
son ressenti et son vécu, les émotions qui se sont
accumulées et sont restées bloquées, sur les objets
symboliques mis à sa disposition lors de chaque séance, en
étant l’acteur de sa délivrance. Cet effet catharsis,
libérateur de peurs et d'angoisses, offre à l'enfant un
mécanisme de défense : la sublimation. Grâce à ce
mécanisme psychanalytique, la thérapie d’harmonisation
que nous allons effectuer permettra la mémorisation d'
informations positives.
C’est ainsi que, pendant l’accouchement sonique, il lui
arrive de démembrer le poupon malléable, ou la poupée,
qui le représente, de lui enfoncer la tête avec toute la force
de ses mains, projetant ainsi le traumatisme qu’il a vécu
lors de son arrivée au monde ; il joue beaucoup avec le
tuyau rouge souple, symbole du cordon ombilical (tous les
enfants nés avec une circulaire du cordon ne manquent pas
d’entourer ce tuyau autour de leur cou, de leur corps, ou
autour de ceux du poupon). L’enfant peut aussi projeter
ses émotions en direction de sa mère : nous observons des
passages à l'acte tels que des gestes empreints
d'agressivité, parfois de rejet, ou des paroles éclatantes de
vérité mais peu agréables à entendre. Ce comportement
étant prévisible à partir de l’anamnèse de l’enfant, de la
107
lecture des tests, ou de l’observation clinique, un travail
d’accompagnement thérapeutique de dédramatisation aura
été réalisé au préalable, lors d’entretiens entre la mère et le
thérapeute.
Ces projections ont également lieu dans les ateliers
d'expression mis à la disposition de l’enfant, dans la salle
de jeux, à sa sortie de la cabine de maternage. Il peut ainsi
exprimer son ressenti à travers le dessin, la peinture, le
modelage ou autres travaux manuels et jeux appropriés. Le
discours des enfants étant parfois sujet à des
interprétations plus ou moins justes de la part des adultes,
nous évitons cet écueil en observant et en analysant, de
concert avec l'enfant, les dessins qu'il effectue pendant la
cure APP. Ces dessins nous inspirent le plus grand respect
car ils sont l’expression de la vérité.
Selon la gravité de la pathologie traitée, la levée des
blocages est obtenue plus ou moins rapidement. Ce mode
de prise en charge thérapeutique ne reposant pas sur la
verbalisation, nous pouvons accueillir toutes les
personnes qui n'ont pas accès au langage ou qui
rencontrent des difficultés d'expression verbale.
En résumé, la cabine de maternage est un moyen de guérir
le passé, en agissant à la fois sur le corps et les sensations,
les émotions et le psychisme. Une cure permet de combler
les besoins fondamentaux de l’être, la levée des blocages
se réalisant alors naturellement.
Le travail en cabine de maternage Aquamater est souvent
associé à une prise en charge en ostéopathie.
L'ostéopathie s'intéresse au corps dans son ensemble et
dénoue en douceur les blocages mécaniques. C'est une
méthode particulièrement adaptée à la femme enceinte et à
l'enfant. Les traumatismes plus ou moins subtils,
108
enregistrés au niveau crânien en particulier, mais aussi en
d'autres parties corporelles, nous donnent des informations
relatives aux difficultés rencontrées par le tout petit lors
du passage des voies naturelles et de l’expulsion. Les
tensions vécues nécessitent souvent des ajustements
osseux ou des équilibrations énergétiques
La thérapie familiale fait partie intrinsèque de
l’accompagnement de la famille de notre jeune patient,
pour aider et consolider le travail en cabine de maternage.
Elle aborde le patient en opérant au moyen d’une logique
qui vise à invalider le cercle vicieux des communications
aliénantes et aliénées. Son but est de supprimer le
symptôme afin de réconcilier le sujet avec sa réalité
environnante. L’approche analytique, quant à elle, permet
au patient et à sa famille de découvrir les motivations de
certains comportements, en s’exerçant sur les rêves, les
oublis, les lapsus et les attitudes dont l’analyse fait
apparaître les significations cachées. Le symptôme est
considéré comme porteur d’une vérité ignorée par le
patient. C’est cette vérité qu’il s’agit d’accueillir par
l’entremise du discours familial : une nouvelle chance sera
saisissable par le patient en quête de désir. Comme le
formule le Dr Bernard Jothy, qu’elles soient d’origine
systémique ou psychanalytique, les thérapies familiales
trouvent leurs indications dans les cas où un traitement
individuel ne peut être engagé, ou bien lorsqu’il existe un
climat de crise dans la famille.35 Virginia Satir a été la
première à parler du concept de maturation : « Pendant
trop longtemps, nous nous sommes enlisés dans la
pathologie et nous avons oublié que la maturation est
possible à tout âge, si le contexte approprié s’y trouve ».
35
A. Ruffiotet, Thérapies familiales psychanalytiques, Coll. Paris, Ed.
Dunot.
109
Le comportement familial résulte d’expériences
interactionnelles qui s’ajoutent aux forces intrapsychiques.
Les familles transmettent au moins deux messages au
thérapeute : l’un sur la souffrance et le trouble que la
famille observe sur le patient qu’elle désire voir être pris
en charge, l’autre sur la souffrance et le trouble qu’elle
ressent elle-même. A partir de ces messages, Virginia Satir
a élaboré sa méthode pour répondre à la demande d’aide
pour le patient (symptôme du malaise familial) et apporter
assistance aux proches. Il n’était plus possible de
méconnaître qu’il y ait une relation essentielle entre le
patient et sa famille.
Les élixirs floraux – fleurs de Bach, traitent les états
émotionnels et peuvent être utiles à la mère et à l’enfant à partir du moment où il pourra les utiliser. Pour Edward
Bach, docteur homéopathe, il y a sept émotions principales
qui sont la peur, l’hypersensibilité aux influences des
autres, la solitude, le doute, le souci excessif du bien-être
d’autrui, le désintérêt, l’abattement et le désespoir. Les
fleurs seraient en accord avec nos émotions et les élixirs
transformeraient les émotions et sentiments négatifs en
sentiments positifs. A chaque fleur correspond un profil
psychologique. Ce médecin a mis au point trente-huit
élixirs floraux, le plus connu étant Rescue remedy,
conseillé pour un emploi immédiat ou d’urgence suite à
une forte frayeur, lors d’un accident non gravissime, par
exemple.
Un traitement homéopathique peut aussi aider la mère et
l’enfant. Malgré la très haute dilution de substance active
au-delà des limites connues de la matière et sa disparition
physique, l’effet thérapeutique est indéniable. L’action de
l’homéopathie n’est pas scientifiquement prouvée, mais
plusieurs explications possibles n’en existent pas moins et
ses utilisateurs sont de plus en plus nombreux.
110
Agir le plus rapidement possible dans la vie de l’enfant
permet certes de mettre des mots sur la souffrance mais
aussi des mots et des gestes d’amour sur les maux, pour le
guérir de ses manques et éviter une vie de souffrance.
Le travail en cabine de Aquamater complète l’éventail des
autres méthodes et reste la seule à s’adresser aux enfants
en bas âge (à partir de la cicatrisation complète du
nombril, après la perte du cordon ombilical).
En aucun cas, le travail en cabine de maternage ne veut se
considérer comme une panacée, en ce sens qu’aucune
méthode ne l’est. Chaque sujet est unique et exceptionnel
dans son histoire, et les méthodes de soins sont toutes
complémentaires les unes des autres. C’est cette
complémentarité qui fait la force de tout thérapeute qui se
préoccupe de ses patients plus que de défendre une seule
technique : celle qu’il utilise. La capacité du thérapeute à
s’aider de cet éventail de méthodes, fait la force de sa
propre thérapie.
111
PARTIE 3
AQUAMATER : MEMOIRE D’EAU
L’eau est l’élément essentiel de la méthode Aquamater,
méthode qui porte en elle son nom : Aquamater, l’eau
mère, la mer mère… l’eau, élément mystérieux qui
accompagne l’homme tout au long de sa vie, de sa mère
nourricière aux sources terrestres, et qui viendra
symboliquement le toucher à travers toutes sortes de rites
religieux. L’eau, symbole de maternité, un des quatre
éléments de la création, avec la terre, le feu, et l’air, dans
la tradition, énergie négative, féminine, yin. L’eau,
mémoire de nos émotions. Chez les Sumériens, le
mot « mar » signifie mer et matrice.
L’eau représente la matière originelle, l’élément
primordial où est apparue la vie. Elle est aussi l’élément
de la fin, avec le déluge, évoqué dans de nombreuses
cosmogonies. L’Eau, tout à la fois purificatrice et
génératrice de vie est symbole de mouvement, de
bénédiction, de circulation de l’énergie ; le support du
miracle et de la guérison.36
L’ovule fertilisée est constitué à 96 % d’eau, le nouveauné à 80 % et l’adulte à 70 %. Le fœtus se développe dans
Jacques Collins, L’insoutenable vérité de l’eau, Ed. GuyTrédaniel,
2004
36
112
« la mer de sa mère », le liquide amniotique, qui a la
même composition que l’eau de mer, que le sang et que les
liquides intracellulaires. L’homme est resté, dans sa nature
profonde, un animal aquatique, et cet élément liquide est
une porte ouverte sur des états de conscience différents.
De nombreuses thérapies sont basées sur le pouvoir de
l’eau, sur son pouvoir physique, magique, énergétique et
spirituel.
L’hydrothérapie, un des piliers des médecines naturelles,
utilise le pouvoir curatif de l’eau. Le plus célèbre des
guérisseurs est Kneipp, au IXe siècle, qui s’est heurté à
l’époque à la médecine naissante. Le pouvoir de l’eau, en
tant qu’élément physique, est maintenant reconnu de tous.
Il s’agit de traiter la personne et non le symptôme, et de
provoquer une réponse de l’organisme : l’eau froide
dynamise, l’eau chaude relaxe, l’alternance des deux a une
action sur la circulation, et donc sur la détoxication et la
nutrition des cellules. Nous connaissons aussi les bienfaits
des cures thermales et des baignoires à jets et à bulles.
Nous utilisons un autre des facultés de l’eau en nous
lavant (dilution et transport des éléments). Par voie
interne, nous savons aussi les bienfaits des eaux minérales
qui remportent un vif succès. L’eau détend, donne de
l’énergie, nettoie aussi au niveau énergétique et psychique.
Une bonne douche remet en forme, un bain chaud relaxe.
L’eau est un support pour l’effet de chaleur, et un
transporteur qui rajoute à son pouvoir celui des substances
qui lui sont ajoutées : une odeur, une couleur, une autre
substance (par exemple des sels de bain, des huiles
essentielles). Elle se charge également de vibrations
colorées et sonores.
Nous avons vu que le liquide amniotique a la même
composition que l’eau de mer et que l’eau dont le corps
113
humain est en grande partie constitué, comme si celui-ci
l’avait intégrée sous forme de lymphe et de sang, au fur et
à mesure de sa formation. Le plasma de Quinton, eau de
mer très pure conditionnée en ampoules - proposé en tant
que minéralisant se prenant par voie buccale ou en
nébuliseur pour traiter les sinusites (les autorités ne lui
permettant plus, malheureusement, d’être utilisé dans tout
son potentiel), a permis de sauver de nombreuses vies de
nouveaux-nés, dont la mienne, à une époque où son
utilisation était encore permise à plus large échelle.
L’expérience de Quinton vaut mieux qu’un grand
discours : en soustrayant 425g du sang d’un chien de 10kg
et l’avoir plongé ainsi dans un coma profond, ce savant
démontra ensuite, qu’en remplaçant le sang par de l’eau de
mer diluée, le chien retrouvait très rapidement toute sa
vitalité.
En psychiatrie, l’eau est utilisée sous forme
d’enveloppements humides et de bains. Elle est aussi
sensée favoriser la socialisation des jeunes psychotiques.
Elle a un effet favorable sur les jeunes autistes, et des
thérapeutes réapprennent à l’enfant à communiquer avec
la mère par l’intermédiaire de l’eau.
Une équipe de scientifiques de Miami, chercheurs en
communication, travaillait avec des plongeurs dans un
grand bassin où s’ébattaient des dauphins. Ils ont demandé
à une femme enceinte de 8 mois de bien vouloir participer
à leurs travaux de recherche, en acceptant de nager en
compagnie des animaux. Les dauphins entourèrent la
femme enceinte avec allégresse comme s'ils retrouvaient
l'un de leurs congénères. Ils en conclurent que le sonar du
dauphin lui permettait de deviner la présence du bébé à
l’intérieur du ventre de sa mère, comme le sonar dont sont
équipés les bateaux permet de « voir » les fonds marins
par le biais des ultrasons qui les balaient. Certains
thérapeutes affirment que le dauphin peut communiquer
114
avec le bébé, et travaillent avec ces animaux, travail
surtout reconnu auprès des enfants autistes. Un domaine
d’exploration est ouvert. Le chanteur et acteur Patrick
Bruel raconte volontiers l’histoire vécue par son épouse
Amanda Sthers. Celle-ci lui a téléphoné un jour d'Eilat, où
elle avait l'habitude de nager avec les dauphins, en lui
confiant son étonnement et sa déception : « Les dauphins
ne m'ont pas approchée aujourd'hui ! ». Patrick la consola
alors en lui demandant d'effectuer un test de grossesse :
« Je savais, avant qu'Amanda ne me rappelle, qu'elle était
enceinte », dit-il. Les dauphins savent-ils qu'en début de
grossesse, l'embryon et la future maman sont
particulièrement fragiles et qu'il vaut mieux attendre la
maturité du fœtus pour jouer avec lui ? Il est encore
difficile d’expliquer exactement ce qui se passe.
Après 9 mois passés à baigner dans de liquide amniotique,
tous les nourrissons possèdent le réflexe natatoire (ou
d'apnée) : immergés, ils ferment la bouche, bloquent
automatiquement leur respiration et agitent les bras et les
jambes. Aussi à l'aise dans l'eau que dans le ventre
maternel, ils semblent apprécier de retrouver les sensations
du passé. Leur donner les moyens de retrouver leur
élément est une façon de leur apporter bien-être et
sécurité. De là est née l’idée des bébés nageurs. L'objectif
des séances en piscine, est de permettre un développement
sensoriel et moteur dans un climat d'amusement. Une fois
en confiance dans l'eau, bébé joue et apprend par le jeu :
tapis flottants, frites géantes, planches et autres objets
colorés sont mis à sa disposition par le personnel
encadrant qui lui propose différents exercices. Lorsque la
thérapie en cabine de maternage est terminée, la
fréquentation d'un club de bébés nageurs, ou d'un club de
natation pour les plus grands, est une transition
pédagogique très positive. Cette activité ludique et
115
sportive aide les enfants à acquérir leur autonomie, tout en
découvrant les joies que procure la liberté d'action.
Le bain classique est également un moment ludique et
pédagogique important. Apprendre les bases de l'hygiène
et de la propreté, dans un cadre de détente et de bien-être
riche en apports sensoriels, est un élément éducatif dont
les enfants de tous pays et de toute classe sociale devraient
pouvoir bénéficier. Les jeux, le contact et la complicité
avec sa maman, sa nudité, vont aider l’enfant à prendre
conscience de son schéma corporel, de sa différence et de
son autonomie. Le bain est un moment privilégié et un rite
qui va accompagner et apaiser l’enfant - puis l’adulte qu’il
deviendra, tout au long de sa vie.
L’eau est encore pleine de mystères et de pouvoir…
Il est prouvé que la cellule a une mémoire et qu’elle
enregistre des informations, dont les émotions. La
première expérience connue a été faite par Cleve Backster
sur un marin traumatisé pendant la dernière guerre
mondiale lors d’une bataille. Des cellules ont été prélevées
sur son corps. Quand le marin repensait à l’événement qui
l’avait traumatisé, les cellules qui avaient été séparées de
son corps (dont on transcrivait les réactions de manière
scientifique) enregistraient et réagissaient aux émotions de
la même façon que lui. L’émotion était bien enregistrée au
niveau cellulaire ! Or la cellule, nous l’avons vu, est
composée en grande partie d’eau qui sert de véhicule à des
particules plus concrètes. Il n’y a qu’un pas à franchir vers
la découverte sur « la mémoire de l’eau » et sur ses
pouvoirs cachés.
Les expériences du chercheur Jacques Benveniste,
controversées
parce
que
tellement
novatrices,
démontreraient que l’eau a une mémoire. Selon le
116
chercheur, elle enregistre les informations chimiques en
l’absence de toute molécule. L’eau n’est pas seulement un
transporteur physique de molécules chimiques - sans eau,
les particules ne pourraient ni se mélanger, ni circuler mais aussi un transporteur d’informations. C’est cette
information qui est importante : elle modifie l’organisation
et la structure de la matière. L’eau, transporteur des
énergies tirées de l’aliment, mémorise aussi les émotions
et peut les reproduire. Elle peut donc être influencée par
notre psychisme.
Une telle découverte bouleverse radicalement notre
conception du monde, de la vie, de la chimie, de la
médecine elle-même, ce qui explique peut-être la guerre
impitoyable qui a été menée contre ce chercheur par
beaucoup de ses confrères, comme cela se passe lors de
toute découverte majeure. La matière est en effet remise
en question dans son fondement même : pour Jacques
Benveniste, c’est bel et bien l’information qui permet à la
matière de se construire37. La matière n’engendre pas la
vie mais la vie engendre la matière. L’inverse de ce qui
fait nos croyances actuelles dans tous les domaines. La
science rejoindrait-elle enfin l’idée de Dieu… ? Ces
découvertes ont, en tout cas, ouvert la voie à d’autres
chercheurs. Les mystères de l’homéopathie, des fleurs de
Bach, de la guérison par la prière, de l’imposition des
mains et tant d’autres, jusqu’à celui de l’incantation des
sorciers, restés encore sans explication scientifique,
trouveraient-ils là une explication ? Toute thérapie
pourrait être re-visitée à partir de ce principe de la
mémoire de l’eau. Faute de consensus sur le sujet,
l’important n’est-il pas de se poser la question : et si
c’était vrai ?
Jacques Benveniste, Ma vérité sur la mémoire de l’eau, Ed. Albin
Michel, 2005
37
117
L’eau est vraisemblablement ce transmetteur entre la
matière et l’esprit, ce support physique qui permet aux
informations de circuler. Nous retiendrons, en ce qui nous
concerne, que l’eau est sans doute le transmetteur, entre la
mère et le fœtus, d’une certaine mémoire maternelle, ellemême héritée de la propre mère de la mère, qui elle-même
l’a héritée de…
D’autres travaux, controversés par certains et acclamés par
d’autres, démontrent de façon concrète que l’eau est
effectivement influencée par nos pensées et qu’elle garde
la mémoire de nos émotions. L’eau cellulaire semble être
un relais en contact avec l’univers, elle en capte les
informations et, sans doute, capte-t-elle la vie. Un
chercheur japonais, Masaru Emoto, diplômé de
l’université de Yokohama, qui a obtenu son doctorat en
médecine alternative à l’Open International University, a
réussi à geler l’eau de façon à pouvoir en photographier
les cristaux38. Ces cristaux sont différents suivant
l’information qui leur est donnée. Il a ainsi photographié
toutes sortes d’eaux : des eaux de source qui donnent
chacune des cristaux différents de toute beauté, et des eaux
du robinet ou des eaux polluées qui rendent compte
justement de leur degré de pollution, à travers des images
de cristaux mal formés. Il a fait entendre de la musique à
l’eau, des paroles, des sons, il lui a fait « lire » des mots, il
l’a placée dans le champ des ondes de télévision, de
téléphone portable et autre ondes négatives, il lui a fait
écouter des prières... Les cristaux témoignent sur un plan
Masaru Emoto, Les messages cachés de l’eau, Guy Trédaniel Ed.,
2004
Masaru Emoto, L’eau, mémoire de nos émotions, Guy Trédaniel
Ed., 2006
Masaru Emoto et Jurgen Fliege, Le pouvoir guérisseur de l’eau,
Guy Trédaniel Ed., 2005
38
118
physique de la mémoire de l’eau et les résultats sont
stupéfiants.
Quand l’eau « enregistre » une belle musique, des mots
tels qu’amour et pardon, des prières, elle donne des
cristaux magnifiques, bien formés, symétriques et
brillants. Les informations négatives, comme des mots de
haine, des ondes nocives, des musiques agressives ou des
pensées négatives, donnent naissance, par contre, à des
cristaux sales, gris ou noirs, informes. Posons-nous à
nouveau la question : et si c’était vrai ? Enfin, seraient
rendues visibles la puissance de destruction des émotions
négatives, le pouvoir de l’amour et du pardon, les effets de
la pensée, de la musique, des sons et des ondes, sur l’être
humain. En tout cas la seule vue de ces cristaux nous met
en relation avec le message qu’ils portent : les beaux
cristaux chargés de bonnes informations, emplissent l’âme
de celui qui les regarde de belles émotions, alors que les
cristaux chargés d’informations négatives lui transmettent
une certaine inquiétude… Masaru Emoto nous propose
une expérience qui nous donne, en tout cas, la preuve que
rien n’est pire que d’être ignoré (autrement dit, que donner
de l’attention aux autres c’est leur donner de l’énergie),
expérience qu’il est facile de reproduire : il s’agit de
préparer 3 bols de riz cuit et, chaque fois que possible, de
dire des mots gentils au riz du bol 1, des mots négatifs au
bol 2, et d’ignorer le bol 3. Le constat est probant : en peu
de temps on peut noter que le riz du bol 1 se porte au
mieux (il peut même germer !), le riz du bol 3 pourrit…
avant que celui du bol 2 ne pourrisse à son tour.
N’expérimentons nous pas, chaque jour, sans nous en
rendre compte, dans notre quotidien, le principe de la
mémoire de l’eau ? Les plats sont meilleurs s’ils sont
cuisinés ou mangés avec amour (la recette ne suffit jamais
en soi), les plantes sont belles si on leur parle (la main
verte), les gens sont beaux et se sentent bien si on leur dit
119
des mots d’amour (nous les détruisons dans le cas
contraire)…
Que dire du fœtus ? A chacun d’étendre sa réflexion…
Sachant que nous sommes composées de 70 à 80 % d’eau
suivant notre âge, les déductions qui s’imposent sont
bouleversantes. Non seulement nous enregistrerions au
niveau cellulaire les informations négatives ou positives
qui nous entourent, mais nous influencerions notre propre
corps et notre environnement par nos pensées. Cela
expliquerait concrètement bien des concepts, dans le
domaine de la psychologie et de la spiritualité. Et en ce qui
concerne l’hérédité, que de pistes nouvelles ! En outre ,si
l’eau s’améliore quand on lui donne de bonnes
informations, comme le démontre Masaru Emoto, nous
avons donc le pouvoir que nous confère notre pensée,
celui de donner de bonnes informations et de corriger les
mauvaises… L’amour guérirait bel et bien !
Il est d’ailleurs souvent question de l’eau, dans la Bible,
L’Évangile (Jean 4, 13 et 14) nous rapporte la scène
suivante : Jésus, fatigué par la route, s’était assis près d’un
puits. Une samaritaine vint y puiser de l’eau et Jésus lui
avait demandé à boire. Comme elle s’en étonnait, il lui
répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore
soif, mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai
n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai
deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle».
C’est aussi par l’intercession de l’eau, que les miracles ont
lieu à Lourdes ; l'eau de la source qui est sortie de terre
sous les doigt de Bernadette Soubirous, en 1858, à
l'endroit que la Dame lui a indiqué, en lui disant d’aller y
boire et s’y laver. L’eau participe très souvent aux rites
religieux et magiques.
120
Une eau n’est-elle pas dite « vivante », quand elle est en
mouvement ? Une eau en bouteille, l’eau des tuyauteries,
toutes les eaux privées de mouvement sont dites
« mortes ». La vie de l’eau est accrue par le mouvement, la
turbulence et une température idéale de 4 degrés - liée à
l’augmentation de densité et de résistivité. Il existe des
appareils qui permettent de restructurer l’eau, de la
dynamiser, tels les générateurs de tourbillons qui
reproduisent le modèle cinétique naturel auquel obéit l’eau
des ruisseaux et des rivières, par ailleurs identique à celui
de notre propre sang. En effet, les tourbillons formés par
l’écoulement de l’eau dans la nature lui confèrent de
grandes qualités dynamisantes. Dans le ciel ou sur terre,
l’eau se contracte, se relâche et obéit à des rythmes
naturels. Sa tendance naturelle est de serpenter et de
tourbillonner.
Dans les années 60, au cours de ses recherches sur la
dynamique des fluides, Teodor Schwenk découvre que
l’eau peut se mouvoir et créer des chaînes tourbillonnaires
quand on la laisse libre. Le sculpteur Jonh Wilks est
chargé d’étudier des formes en résonance avec la
dynamique de l’eau, pour relever son potentiel rythmique.
Les flux et reflux harmonieux de l’eau ont une influence
directe sur la régénération de l’eau, la formation et la vie
de ses organismes vivants. Ces études mènent à la
naissance de la méthode Flowform39. Les vasques vives
sont alors élaborées pour recréer ces mouvements. Elles
sont utilisées pour le traitement des eaux en complément
des stations d’épuration, en agriculture et dans d’autres
domaines, pour réduire l’usage des produits chimiques
dans les piscines, pour dynamiser l’eau afin de la rendre
plus diurétique ou pour augmenter l’efficacité d’un
médicament. L’eau capte les informations cosmiques et
39
A.J. Wilkes, Flowforms,, Ed. Floris Books
121
garde en mémoire les rythmes qui l’ont animée. L’eau est
considérée comme le siège des forces formatrices de vie.
Théodor Schwenk, dans son livre Le chaos sensible, écrit :
« L’eau est le corps de forces qui lui est supérieur et qui
intervient par elle dans le domaine matériel, y faisant
office de médiateur pour la formation des organismes ».
Dans les années 60, Jeanne Rousseau poursuit l’étude de
la bio-électronique initiée par Louis - Claude Vincent et
apporte la preuve expérimentale de la sensibilité de l’eau.
L’eau en mouvement est compartimentée par un réseau
subtil d’énergie qui disparaît quand l’eau est au repos 40.
D’autre part, le bruit des eaux de ruissellement a un effet
d’apaisement et permet le ressourcement.
Dans la cabine de maternage, il est tenu compte de toutes
ces connaissances sur l’eau. L’eau, dynamisée et filtrée,
est maintenue en mouvement et ruisselle agréablement.
De plus, dans le cadre de l’installation de la cabine
Aquamater au sein de structures utilisant le pouvoir
thérapeutique des eaux thermales, les propriétés
bienfaisantes de ces eaux sont doublement bénéfiques
puisqu’elles correspondent en général aux pathologies que
nous rencontrons, comme l’asthme, l’eczéma, les troubles
de l’appareil digestif, les pathologies ORL et autres. Cette
complémentarité biologique renforce les chances de
soulager durablement les enfants que nous aidons, au
niveau psychologique, pour vaincre ces maladies
psychosomatiques.
L’eau est aussi chargée de la chaleur, qui apaise, rassure et
rappelle celle du liquide amniotique. Beaucoup de
Jeanne Rousseau, L’eau, récepteur biologique des phénomènes
cosmiques, Effervesciences.
40
122
personnes aiment prendre des bains chauds : la détente
ressentie les transporte dans un état de conscience atteint
en relaxation ; les muscles se dénouent, la respiration
s’apaise et la pesanteur s’oublie. L’eau se charge encore
de transporter l’odeur à l’enfant. La fleur d’oranger a été
choisie pour ses qualités apaisantes et sa douceur propre,
ainsi que pour son goût, car l’eau va atteindre les papilles
de l’enfant au cours des séances de cure. L’eau s’approprie
la couleur du halo enveloppant de la vasque utérine, se
charge de sa vibration énergétique, et en transmet ses
bienfaits.
Pour éviter les inconvénients du chlore, l’eau est filtrée à
son arrivée pour lui enlever toute trace de produit
chimique. En effet, le chlore est dangereux pour les
poumons, les yeux et son odeur est exécrable. Même en
quantité autorisée dans nos maisons, le chlore reste nocif
et désagréable, et la chaleur augmente sa diffusion dans
l’air. En outre, le goût, sens en période cruciale d’éveil,
revêt une grande importance en cette période de
développement de l’enfant, et doit être formé au contact
des bonnes saveurs.
Enfin, si l’eau est capable de se charger d’émotions, on
peut alors penser qu’elle sert de transmetteur entre la mère
et l’enfant. Nous trouverions là une explication à bien des
mystères.
Masaru Emoto a fait des recherches sur le hado de
l’individu, c’est-à-dire sur les informations qu’un individu
émet. Il a développé une thérapie qui permet de corriger
les informations négatives du malade en lui donnant des
informations positives annulant ces dernières. Les
informations positives sont transmises à l’eau qui est
ensuite offerte à boire au malade. Si en Orient le concept
du hado fait partie de la culture, en occident, il est plus
difficile à comprendre. Mais ce qui est important à savoir
123
est, que, dans ce même esprit, le Dr Shibuya a adapté la
thérapie du hado au son : la voix du patient est enregistrée
et on fait écouter au patient le son corrigé de sa voix. Un
ingénieur
canadien
travaille
actuellement
au
développement de cette découverte. Mais ne rejoignons nous pas les travaux de nos chercheurs occidentaux, tels
ceux du Pr. Tomatis ? En cabine de maternage, de la même
façon, lorsque le test d’écoute de la maman nous indique
que son spectre sonore est pauvre en aigus, lésé dans
certaines fréquences, nous lui proposons une rééducation
auditive avant d’enregistrer sa voix dans sa plus belle
amplitude, pour pouvoir la programmer pour son enfant.
Ceci n’est pas sans rappeler les thérapies basées sur le
principe de la bio résonance (issue de la biophysique
quantique). Pour résumer, en physique, un champ est
engendré par une particule chargée et agit à distance sur
une particule de même charge ou de charge opposée, alors
qu’en physique quantique, il est besoin de l’échange d’une
autre particule (un quantum de champs) pour qu’il y ait
interaction. Est née la médecine quantique, holistique,
basée sur cette différente explication des mécanismes de la
vie. Une des bases de cette nouvelle physique est que
l’expérimentateur ne peut plus être dissocié de
l’expérience : il agit sur les résultats ! Autrement dit, la
réalité est relative.
La médecine quantique est une médecine « informative ».
Les méthodes thérapeutiques informatives n’en existent
pas moins depuis la nuit des temps. Plus prés de nous, en
1920, le physicien Lakhovsky a découvert que les cellules
sont formées de minuscules circuits oscillants qui
émettent et reçoivent des signaux électromagnétiques. Ce
physicien est connu pour son ouvrage L’oscillation
124
cellulaire41. Nous lui devons les bracelets en cuivre et
autres métaux, connus pour soulager les douleurs
rhumatismales. Mais le champ d’action de sa méthode de
soins est bien plus vaste. L’organisme est en
communication permanente avec l’environnement et
l’univers.42
Moins connu, C.W. Smith, professeur de technologies
électriques et électroniques à l’Université de Salford,
démontre qu’un signal électromagnétique, en l’occurrence
une certaine longueur d’onde, modulée et déterminée avec
un générateur de fréquence, est capable de déclencher une
crise aigűe chez un allergique. En bref, un signal peut
déclencher un allergène. Cette découverte rejoint celle de
Jacques Benveniste qui a démontré aussi que des signaux
peuvent leurrer l’organisme et même être mémorisés par
l’eau.
Firtz Albert Popp43, biophysicien, directeur d’un centre de
recherche en Allemagne, a démontré que les cellules
émettent de la lumière, ondes électromagnétiques d’une
puissance infime, et qu’elles sont capables de différencier
des signaux aussi faibles noyés dans le brouillard
électromagnétique - les cellules peuvent émettre des
corpuscules de lumière, mais aussi les emmagasiner. Ces
ondes sont mesurables grâce à un appareil spécialement
conçu.
Ilya Prigogine44 a reçu un prix Nobel de Chimie en 1977
pour ses découvertes sur les structures dissipatives. Nous
retiendrons qu’une onde électromagnétique et une onde
sonore peuvent transporter de l’information. Par exemple,
en reliant une plaque métallique couverte de sable fin à un
Georges Lakhovsky, L’oscillation cellulaire, Ed. Gauthier-Villard
Georges Lakhovsky, L’origine de la vie, Ed. gauthier-Villard
43
Dr Fritz-Albert Popp, La biologie de la lumière, Ed. Marco Pietteur
44
Ilya Prigogine, La fin des certitudes, Ed. de Poches, Odile Jacob
41
42
125
générateur de fréquences sonores, et en activant le
générateur, on obtient pour chaque fréquence bien précise,
une structure géométrique45.
Chaque individu étant unique et émettant des informations
qui lui sont propres, les appareils de bio résonance mis au
point dans le cadre de diverses méthodes thérapeutiques,
sont de conception toute spéciale. La bio résonance
endogène traite les propres oscillations du sujet (morathérapie), alors que la bio résonance exogène traite le
sujet avec des ondes électromagnétiques produites par des
générateurs qui corrigent les ondes du sujet (champs
magnétiques pulsés, mil thérapie…). On est capable
d’évaluer l’état de santé d’un sujet, de détecter et de
corriger les ondes erronées provenant de l’organisme (les
ondes de l’individu étant parasitées par les ondes dans
lesquelles notre technologie nous fait baigner : télévision,
téléphones portables, micro-ondes, et tant d’autres, ainsi
que par certaines ondes naturelles telles que radiations
terrestres…)
Pour en revenir à la mora-thérapie, Frantz Morel, Docteur
en médecine, et E. Rasche mettent au point une machine,
en 1977, qui s’inspire des médecines traditionnelles telles
que l’acupuncture et l’homéopathie. Le sujet est relié à un
appareil qui est à même de sélectionner ses ondes
perturbées et de les éliminer : le corps peut alors
s’autoréguler. Il est capable aussi de déterminer les
remèdes nécessaires et de donner les bonnes informations,
comme des lumières colorées, rejoignant ainsi la
colorthérapie. Il s’agit de convertir la lumière en basse
fréquence et d’y exposer un méridien en état de « vide
énergétique », pour le revitaliser. Les blocages
45
Alexander Lauterwasser,
www.alternature.com
vidéos
Résonance
126
et
Création,
émotionnels sont déverrouillés dans des bandes passantes
élevées (supérieures à 10 000 Hz) alors que les
informations biologiques sont de basse fréquence. Le
traitement permet ainsi la levée de la mémoire cellulaire.
Les blocages énergétiques au niveau des points
d’acupuncture disparaissent et la circulation dans les
méridiens se rétablit, ainsi que l’état biologique
correspondant. (Notons qu’en APP, les programmations
soniques sont filtrées de 125 Hz à 12 000 Hz.)
La mil-thérapie, de son côté, technique développée en
Russie, propose l’envoi d’ondes lumineuses pulsées très
faibles à travers un tunnel magnétique, afin d’envoyer des
informations spécifiques suivant les besoins, aidant au
rééquilibrage du fonctionnement de l’organisme (exemple
de bio résonance exogène : les informations proviennent
d’une source extérieure).
L’eau est enfin un milieu propagateur et vecteur d’ondes
sonores. Certaines thérapies se sont développées à partir
de cette constatation. La thérapie vibratoire consiste à
rendre à l’organisme la fréquence vibratoire qui lui
convient. La méthode Aquasonics de Peter Guy Manners,
propose de charger l’eau d’ondes sonores. Elle permet de
traiter directement les zones corporelles affectées. L’eau
devient ainsi thérapeutique.
Dans la cabine de maternage Aquamater, l’eau agit en tant
que vecteur des ondes sonores diffusées par vibrations. Le
test d’écoute (psycho-earing-test), mis au point par le Pr.
Tomatis, nous permet d’effectuer un diagnostic et
d’enregistrer les effets de ces ondes au niveau des
différentes parties du corps, lors de la lecture de la courbe
osseuse. Mais il serait intéressant que les thérapeutes de la
nouvelle génération se penchent sur l'action du phénomène
127
physique de la transmission des ondes sonores au niveau
du corps, par le truchement de l'eau.
Toute la technologie relative aux diverses méthodes de
soins qui se sont développées ou qui se développent, ne
doit pas faire oublier une chose : si une onde
électromagnétique, un son, une couleur, peuvent être des
agents qui aident la cellule à se rééquilibrer, alors que dire
de la puissance d’une pensée ou d’une parole ? Que dire
de la puissance de notre pensée sur nos cellules,
composantes de notre corps ? L’effet placebo, à présent
reconnu, n’opère que par son effet psychologique, mais
son efficacité est réelle, lit-on dans les dictionnaires
scientifiques. N’est-ce pas une première reconnaissance de
la force de la pensée ? Que dire de la puissance de la
pensée sur un autre corps, puisque notre pensée est une
onde ? Que dire de la résultante du pouvoir de la pensée,
de l’ampleur de l’émotion, sur le fœtus, puis sur l’enfant ;
pensons au pouvoir de nos mots sur notre corps et sur
celui des autres. Que dire du pouvoir du Verbe dont parle
la Bible, vibration qui aurait été à l’origine du monde ?
Nous rejoignons encore une fois le Pr. Tomatis qui, dans
son livre Ecouter l’univers46, avance que le son (le fameux
Big Bang) serait à l’origine du Cosmos et qu’il animerait
tout ce qui est.
46
Alfred Tomatis, Ecouter l’univers, Ed. Robert Laffont, 1996
128
PARTIE 4
METTRE EN MEMOIRE DES SENSATIONS
POSITIVES
Les découvertes sur le son du Pr. Tomatis, publiées en
1957 à l'Académie des Sciences sous le nom d’effet
Tomatis, mettent en évidence la relation entre l'oreille et la
voix, et donc le langage, la lecture, la vue et la peau.
L’oreille centralise, au niveau du vestibule, les
informations venant de tout le corps (peau, muscles,
articulations et os), par les effecteurs sensitifs dérivés des
cellules génératrices de l’oreille, celles de l’organe de
Corti en particulier. Le nerf auditif va enregistrer et
transmettre toutes les vibrations sonores, toutes les
informations parvenues, non seulement à l’oreille, mais au
corps tout entier. Pour le Pr. Tomatis, la peau est une
extension de l’oreille, qui reçoit les informations sonores
directement : les mots ou bruits divers, c’est-à-dire les
vibrations qui atteignent le corps, peuvent provoquer un
stress ou un état de détente. Si toucher à l’oreille, revient à
toucher l’être dans sa globalité, l’audition et les émotions
étant situées dans la même zone du cerveau, toucher au
corps, revient aussi à toucher l’oreille. L’oreille d’autre
part a un rôle de dynamo : avec le vestibule et la cochlée,
elle assure la charge corticale en potentiel nerveux, une
partie de cette charge étant assurée par le métabolisme (un
fait connu en zoologie).
La méthode Tomatis consiste, quant à elle, à soigner
l’écoute d’un individu en effectuant une correction
129
auditive pour agir sur son psychisme. La voix dépend du
corps dans son ensemble, de sa posture, du plan
émotionnel (la voix change en fonction de l’émotion) et du
mental (un blocage est lié à la croyance que l’on ne sait
pas chanter, par exemple). La voix reflète ce que l’on est.
Un bon thérapeute peut déceler la nature des blocages
émotionnels, à l’écoute de la voix de son interlocuteur,
selon son registre. Ce dernier peut être dépourvu d’aigus
ou de graves, par exemple ; l’aspect disharmonieux de sa
voix donne une direction d’analyse des blocages qui le
handicapent.
L’entretien psychothérapeutique et le
résultat de la passation du test d’écoute conforteront le
premier sentiment du thérapeute, en lui permettant de
pouvoir annoncer un diagnostic. Le travail sur la voix va
aider le patient à dépasser ses blocages émotionnels. Si,
avec l’aide d’une rééducation de l’écoute nous obtenons
un élargissement de la tessiture de la voix, en dépassant
les notes limitatives, nous obtenons la libération de
blocages émotionnels. Ce dépassement peut provoquer du
rire ou des larmes, expression de la libération de l’émotion
qui a été si longtemps bloquée et enfouie au plus profond
de l’être.
Plus récemment, dans ses ouvrages, Masaru Emoto nous
rapporte des travaux intéressants sur les ondes sonores,
effectués au Japon. De la même façon qu’il explique
pouvoir charger l’eau d’ondes contraires à celles d’un
sujet malade pour le guérir (sa médecine du hado), les
ondes sonores peuvent être annulées par la diffusion
d’ondes sonores contraires. Cette technique s’appliquera
bientôt concrètement à la lutte contre les nuisances
sonores. Par exemple, dans un bar bruyant, si on désire
que la cabine téléphonique soit au calme, il suffira de
diffuser les ondes sonores contraires au bruit ambiant,
pour que la zone voulue devienne silencieuse. Le
physicien Emmanuel Friot, du laboratoire de mécanique et
130
d’acoustique de Marseille, qui étudie aussi cette technique,
dit : « Un bruit correspond à une vibration de l’air
propagée d’une source jusqu’à l’oreille… en produisant
des vibrations exactement opposées, on supprime le bruit
indésirable ». Un constructeur célèbre présente un
nouveau modèle de walkman avec neutralisateur de bruit
ambiant qui semble s’inspirer de ce type de technologie
(déjà employée pour des casques audio haut de gamme).
En effet, quand nous produisons un son, nous faisons
vibrer l’air autour de nous. Si nous sommes à l’écoute
d’une personne, nous entrons dans la vibration de l’autre,
en relation avec elle. L’eau, excellent conducteur, comme
le prouve l’observation de la communication entre les
mammifères marins, véhicule cette vibration sonique.
Cette énergie est capable d’atteindre directement les zones
à problème de notre corps et de les dégager, en débloquant
l’émotion qui y est liée. Une douleur par exemple, peut
être soulagée directement par un son, ce qui explique
l’efficacité des thérapies par le chant, ou encore l’action
du bol tibétain. La pratique ancestrale du bol tibétain47,
vise à équilibrer les vibrations propres du corps, en le
débarrassant de ses tensions et de ses blocages, tout en
induisant un état de relaxation très profond : les vibrations
exceptionnellement puissantes et harmonieuses émises par
le bol chantant, d’une forme et d’un alliage de métaux
particuliers, « massent » les vibrations du corps du sujet
sur lequel il est promené.
Le Pr. Tomatis lui-même s’est inspiré des auteurs
orientaux, avec toute la rigueur scientifique qui le
caractérise. En effet, un parallèle intéressant peut être fait
avec les chakras, centres transformateurs de l’énergie liés
au système cérébraux spinal, qui se positionnent de la base
47
Anieke Hyusser, Le bol chantant : Auto transformation - Thérapie ,
Ed. Binkey Kok, 1996
131
de la colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête. Au
nombre de sept, pour les plus essentiels, ces centres
d’énergie sont des intermédiaires entre notre conscience et
notre corps physique. La tradition rapporte que chacun
d’eux possède une fréquence vibratoire, une couleur, et
correspond à un besoin, une fonction, une émotion, un
niveau de conscience, une voyelle et une note de musique.
Selon la tradition orientale, les cellules du corps, elles
aussi, absorbent les vibrations sonores, ainsi que les
vibrations des couleurs. Ces vibrations passent dans le
cordon médullaire à travers les chakras et sont absorbées
par les vertèbres qui résonnent vers les différentes parties
du corps par le biais du système nerveux.
Il est intéressant de rappeler les correspondances
traditionnelles des chakras, ainsi nous pourrons mesurer
tout l’intérêt de ce rapprochement entre science et
tradition :
- le 1er chakra correspond à la note do, au rouge, aux
glandes surrénales, au son « ou », à la terre mère. Cette
fréquence correspond aux parties les plus dures du corps
(sa structure) et aux organes sexuels. Psychologiquement,
cette fréquence symbolise le sentiment de confiance en soi
et en la vie, la sécurité…
- le 2 em chakra correspond à la note ré, à l’orange, aux
glandes génitales, au son « o » fermé, aux organes
génitaux, au bassin, à la vessie, au système lymphatique. Il
est lié au passé, à la famille, à la force vitale, à la joie, à
l’énergie sexuelle, à la créativité, au désir d’aller de
l’avant…
- le 3ème chakra correspond à la note mi, au jaune, au son
« o » ouvert, à la peau, aux muscles, aux yeux, aux
systèmes digestif et nerveux, au lâcher prise, à
l’identification, à la liberté d’être soi-même…
132
- le 4ème chakra correspond à la note fa, à la voyelle « a »,
au vert, au thymus, à la respiration, à l’immunité, à
l’amour, au pardon, à l’acceptation, au sentiment de
sécurité...
- le 5ème chakra correspond à la note sol, au son « é » , au
bleu, à la thyroïde, à la gorge, au cou, à la mâchoire, au
larynx, aux cervicales, à l’audition, à l’écoute, à
l’expression de soi et à la communication…
- le 6ème chakra correspond à la note la, au son « i », à
l’indigo, à l’hypophyse, au cervelet, au système optique et
auditif, à l’intuition, à la spiritualité…
- le 7ème chakra correspond à la note si, au son
« m » chanté bouche fermée, au violet, à la glande pinéale,
au père, au ciel, au cerveau et au crâne, à l’autorité et à la
guidance, à l’ouverture à l’état divin, à la réalisation de soi
et à l’illumination…
Ces centres énergétiques sont rechargés par les vibrations
qui leur correspondent, la respiration, et par toute activité
qui va dans le sens de la relaxation et du bien-être. Le son,
comme les couleurs, perçus directement au niveau des
centres énergétiques, influe sur l’état physique, mental, et
émotionnel de l’être.
Le Dr Bernard Auriol, psychiatre et psychanalyste, dans
son livre La clef ses sons48, cite le musicien Yehudi
Menuhin: « Le son pénètre directement notre corps. Ce
que l’oreille peut accomplir à l’intérieur de notre cerveau,
à l’intérieur de nos vies, rien d’autre ne peut le faire » …
« L’emploi de hautes fréquences nous ouvre tout un
nouveau monde. La thérapie sonique a un effet spécifique
qui semble avoir des implications étendues et des résultats
Bernard Auriol, La clef des sons, 2em édition, chez l’auteur :
[email protected]
48
133
étonnants. Je crois que cela constitue une percée de plus
grande efficacité pour la musique et la santé ».
Les effets de la musique sur l’individu ont également été
un sujet d’étude pour le Pr. Tomatis. La musique agit, ditil, sur le développement du pré-langage, du langage, de la
motricité, et de la maturation personnelle : l'enfant éduqué
musicalement ne fermera pas sa sélectivité auditive. Il
restera à l'écoute de ses parents et de ses enseignants. Il est
reconnu que la musique touche l’âme ! La musique a aussi
une fonction importante dans l'élaboration du système
nerveux. Nous savons que l'oreille est l'organe qui précède
la maturation neuronale. Le Pr. Tomatis avait pour
coutume de dire que l'homme est un système nerveux.
L'enfant est donc un système nerveux en puissance qui ne
demande qu'à croître et grandir, avec une très haute
destination : l'écoute.
Mettre l’enfant en contact avec la musique, cela signifie le
mettre en contact avec 1'harmonie qui le conduira vers
l'esthétique holistique dans tous les domaines de la vie, et
lui permettra de vivre dans la continuité de 1' écoute du
chant d’amour de sa mère, la berceuse qu'il écoutait tout
ouïe, cette sonorité chargée d’affects qui représente
symboliquement la grande porte d’accès à la
communication universelle. La musique est un élément
important pour la maturation, il faut que l'enfant puisse et
sache en percevoir toute l’amplitude de sa substance.
L'oreille doit savoir écouter dans le sens neuro-psycho-physiologique du terme. L’enfant doté d’un vestibule
opérant bénéfice d'un accès au rythme, à la cadence ; avec
une bonne cochlée il a une bonne analyse des sons et
devient « le réceptacle d'une bénéfique dynamisation pour
accéder à tous les apprentissages ». Le Pr. Tomatis dit que
134
ces deux modes de stimulation agissent ensemble sur la
communication, qui est l'accès au langage.
La musique procure un apport supplémentaire d'énergie, et
aide également à la détente et à l’obtention d’un état de
sérénité car elle parle au cœur. Selon une information de
l’Agence France Presse (AFP) du16 août 2005, à l’hôpital
de Kosice - Saca, dans l’état de la Slovaquie, les
nourrissons écoutent des morceaux choisis de W.A.
Mozart dès les premières heures de leur vie, pour apaiser
les traumatismes de la naissance : « La musique est
diffusée par un tout petit casque stéréo, posé sur leur toute
petite tête, et leurs petites mains bougent au rythme de la
musique». Quant au Pr. Clayton, ses recherches sur le
comportement musical des jeunes rossignols dont les
parents sont séparés, semblent démontrer que la privation
de l’image du père peut causer de très graves difficultés,
car ils chantent faux !
La musicothérapie est une discipline de l’art thérapie. La
musique ouvre à l’autre et, en atteignant l’émotionnel,
elle permet de diminuer le seuil de la douleur et du stress
de soigner, d’apaiser, d’améliorer, les troubles physiques
ou psychologiques. Cette thérapie peut être employée dans
de nombreux domaines : par exemple lors d’un traitement
dentaire exécuté sur un patient pris en charge en
sophrologie, pendant des séances de préparation à
l’accouchement, lors de cours d’éducation musicale pour
personnes autistes, ou en milieu hospitalier dans les
services de neuropsychiatrie. La musique est en effet
capable de détendre ou de dynamiser, suivant son rythme,
sa tonalité, son volume.
En chirurgie infantile, selon le Dr Gruel de Rennes, la
musique peut permettre de diminuer d’au moins un tiers
1'injection de drogues anesthésiques. Une intervention
chirurgicale provoque la production d’hormones dite « du
135
stress », le cortisol. L'expérience démontre qu'un préalable
musical tel La petite musique de nuit de W. A. Mozart,
induit un état d'apaisement, confirmé par les analyses
sanguines : il n’y a pratiquement pas production
d’hormones. Pour le réveil, Les quatre saisons de Vivaldi
sont préconisées pour les adultes, et pour les enfants La
symphonie des jouets de Léopold Mozart - le père de
Wolfgang Amadeus Mozart. Pour aider les patients à sortir
du coma, il convient de leur faire écouter leurs musiques
préférées ou un texte lu par la ou les personnes qui leur
sont les plus chères. A noter que l’équipe de chercheurs du
Dr G. Brainard (de l’université T. Jefferson de
Pennsylvanie) a mené des études qui démontrent qu’après
une séance de yoga, le taux de cortisol diminue.
Dans le cas de l’enfant autiste, la musique sert de lien, de
communication non verbale ; elle permet d’atteindre le
monde intérieur de l’enfant, lui apporte du bien-être,
diminue son stress et son agressivité, et améliore son
comportement socio affectif. J’ai connu un garçonnet de 5
ans diagnostiqué autiste, qui appréciait les airs d’opéra et
en particulier Carmen. Il chantait les passages les plus
célèbres divinement bien et avec un plaisir qui illuminait
sa physionomie. Tout en chantant, il dessinait à la craie sur
un tableau noir, un diaphragme parfaitement en corrélation
avec les fréquences des sons qu’il émettait !
Pendant la grossesse, la musique nourrit l’âme de la future
maman. Dans le Li Ki (le livre de la coutume, ou mémorial
des rites), nous lisons : « Toute la musique est née dans le
cœur de l’homme. Ce qui émeut le cœur se répand dans les
sons. De même, ce qui tinte comme un son à l’extérieur,
va de son côté influer sur le cœur à l’intérieur ».
Dès le deuxième mois, le fœtus engramme des
informations au niveau des noyaux vestibulo-cochléaires,
136
et cette mémoire primordiale sera ultérieurement diffusée
dans le système nerveux au fur et à mesure de son évolution. Le Pr. Tomatis dérangeait, à son époque, allant à
l’encontre du fait établi que l’embryon n’était qu’un
morceau de chair insensible, qui pouvait donc être utilisé à
des fins expérimentales ou mercantiles (expérimentations
scientifiques diverses sur les embryons eux-mêmes,
extractions de principes actifs pour soins aux nouveauxnés, crèmes de beauté, injection de cellules embryonnaires
rajeunissantes…) - le trafic d’embryons alimente toujours,
périodiquement, nos quotidiens.
A son tour, la mère nourrit l’enfant qui se trouve en elle,
de toutes les manières, et notamment de sons. Elle se
révèle au fœtus par tous ses bruits organiques et surtout
pas sa voix, d’où l’importance des choix musicaux de la
maman, soit en mélomane écoutante, soit en expression
chantée. Par expérience, nous savons que bébé appréciera
Mozart49 et Vivaldi de préférence à Brahms, Beethoven ou
au Hard Rock !
Le chant prénatal, fait partie des préparations à
l’accouchement. Comme nous l’avons entrevu, la femme
enceinte est invitée à faire des vocalises et à chanter un
répertoire de chansons enfantines dans le but d'habituer
son bébé à sa voix mélodieuse, pour l’apaiser, le rassurer,
lui envoyer de bonnes vibrations. C’est ainsi qu'un chant
entendu par le fœtus aura un effet calmant sur le futur
bébé qu’il deviendra. Selon les observations de Madame
Strauss, en pouponnière, le bébé saisit très tôt le contenu
affectif du message de l'adulte. Il ne reproduit pas la
mélodie de la boîte à musique, mais en revanche, il
entonne par mimétisme la mélodie chantée par un adulte
qu'il aime. D’autre part, pendant la période de travail
préparatoire à l’accouchement, en chantant, la future
49
Alfred Tomatis, Pourquoi Mozart,Ed. Fixot, 1991
137
maman adopte spontanément une bonne rythmique
respiratoire. Pendant cet exercice vocal, elle oxygène au
mieux son utérus, et de ce fait, le rend plus fonctionnel ;
elle sera plus détendue, son col s’ouvrira avec plus de
facilité et la douleur sera diminuée.
L’importance du nerf vague a été soulignée par le P r.
Tomatis, qui disait, en le définissant comme le nerf du «
vague à 1'âme » : « Nous lui devons les réactions
psychosomatiques que nous connaissons tous, tels que
1'angine (angor : angoisse), la sensation de boule qui
monte et qui descend manifestant l'anxiété, le souffle
bloqué par la peur, les palpitations allant jusqu'à l'angine
de poitrine (angor pectoris), l’anorexie, la boulimie, les
troubles vésiculaires (se faire de la bile), les contreréactions rénales, digestives colitiques et autres… Il y a là
une boucle psychosomatique et somato-psychique qui sert
de soupape en contre-réaction à la première excitation
vagale, celle du tympan. C'est pourquoi le son, le mot, la
voix ont une telle importance sur le retentissement de la
réponse interne ».
L’auriculothérapie, méthode traditionnelle de soins en
Egypte et en Chine, utilisée par Hippocrate, et
redécouverte par le médecin français Paul Nogier, agit sur
l’oreille, qui, étrangement, représente un fœtus, tête en
bas. Stimuler un point de l’oreille permet d’agir, par voie
réflexe, sur l’organe ou la fonction correspondante. Cette
méthode réflexe est expliquée par son action sur le nerf
vague, et par là sur tout le système neurovégétatif.
138
Audio-psycho-phonologie : la re-naissance sonique
Après avoir été controversés, comme toute nouvelle
découverte, les travaux du Pr. Tomatis ont été confirmés
avec le temps. En 1962, les travaux du chercheur
américain L. Salk démontrent que le fœtus perçoit les
bruits du coeur maternel malgré le non achèvement de
l'oreille et le non établissement des synapses, ce qui laisse
à penser qu’il peut aussi entendre autre chose.
Des travaux d'embryologie ont aussi prouvé que 1'oreille
du fœtus est pratiquement opérationnelle dès 4 mois et
demi. Des recherches convergent pour reconnaître
1'antériorité de 1'oreille humaine par rapport à 1'ensemble
du corps, et le fait que l'oreille interne représente l'organe
subissant les transformations les plus rapides et les plus
étonnantes de la croissance embryo-foetale. Les
chercheurs s’accordent aussi sur le fait que le vestibule a
une action sur la dynamique corporelle et la mise en place
de l’image du corps ; et le fait que la maturation du
système nerveux annexé à 1'appareil vestibulo-cochléaire
est entièrement élaborée à la naissance, quand l'ensemble
de toutes les connexions neuroniques n'est, quant à lui,
réellement fonctionnel qu'à 1'âge de 42 ans !
Dès 1994, lors de la troisième conférence internationale
pour la perception et la cognition musicale à l’université
de Liège, il a été spécifié que les sons graves de la
contrebasse traversent la paroi abdominale sans
déformation spectaculaire, comme le prouve la
comparaison des tracés enregistrés par un hydrophone
placé, par anesthésie, sur la tempe du fœtus, et ceux
enregistrés par un microphone placé à proximité de
l’instrument. Au début de la 7ème semaine de grossesse, le
fœtus peut percevoir la vibration des sons avant même la
formation de l’appareil auditif, grâce aux os de son crâne,
139
le bassin de la maman servant de résonateur. Ensuite,
durant toute la grossesse, les hautes fréquences sont
filtrées par les muscles et le liquide amniotique. Seules les
basses fréquences viennent vibrer contre les corpuscules
tactiles de la bouche et des mains du fœtus ; elles viennent
les caresser, comme une ficelle à laquelle on impulserait
de lentes et fortes ondulations ; ces vibrations sont
renforcées par la caisse de résonance utérine. L’émotion
est si forte que le cœur du foetus s’accélère, qu’il s’étire,
suce son pouce, ou « gambade ».
C’est en prenant connaissance d’une expérience rapportée
dans un ouvrage scientifique anglais menée par un grand
spécialiste mondial du larynx du début du siècle, que le Pr.
Tomatis approfondit ses recherches sur le fœtus. Negus
démontrait, en effet, que des oeufs d'oiseaux chanteurs,
couvés par des oiseaux non chanteurs, donnaient des
oisillons muets ou chantant un autre registre que les vrais
parents : le Pr Tomatis en conclut que, comme 1' oiseau
dans l’œuf subit l’influence du chant de sa mère, l'enfant
dans le ventre de sa mère subit l'influence de sa voix. 50
La propagation de sons, nous dit-il, et en particulier de la
voix de la mère, se fait essentiellement par conduction
osseuse le long de la colonne vertébrale maternelle. Au
huitième mois, l’enfant bascule et vient appuyer sa tête
contre la couronne iliaque, recherchant sans doute à capter
par là le maximum d’informations soniques de la mère.
Cette communication sonore, la plus importante de tous
les contacts que la mère entretient avec le fœtus, est
garante de son sentiment de sécurité et de sa croissance
harmonieuse. A noter que le fœtus n'entend pas de la
même manière qu’au moment de sa naissance car 1'oreille,
adaptée à cette fin, fonctionne en milieu liquidien. Les
troubles de l’audition reflètent ainsi les blocages
50
Alfred Tomatis, L’oreille et la vie, Ed. de Seuil, 1963
140
émotionnels engendrés par des traumatismes vécus in
utero ou lors de la naissance. En effet, lorsque la relation
ne s’est pas réalisée entre la mère et l’enfant in utero, le
langage risque de ne pas être enclenché. Si certains sons
provoquent des troubles du comportement, une
normalisation de l'écoute peut redonner à un sujet le désir
de communiquer avec 1'environnement51.
Le Pr. Tomatis fait alors le lien entre l'engendrement d'un
enfant schizophrène et le refus ou rejet de l'enfant.
(Attention, tous les enfants non voulus ne naissent pas
schizophrènes : cela dépend de différents facteurs dont
nombreux sont à l’étude). Selon sa thèse, le fœtus se sent
exclu du monde dans lequel il naît, en refusant à son tour
d’exister, et - suivant ma propre observation - il fait
parfois le choix d’une vie dite marginale. Le Pr. Tomatis
travaille alors à la reconstitution des sons entendus par le
fœtus à travers le liquide amniotique, en s’aidant
d’enregistrements réalisés sous l'eau, des bruits internes du
corps et de la voix de la mère ; l’ambiance acoustique
obtenue rappelle un peu, dit-il, l’ambiance de la brousse
africaine au crépuscule.52
Un psychanalyste, qui a eu connaissance de ses travaux,
lui demande de soigner un adolescent, incapable de
s'exprimer ni de coordonner un seul geste, qui refuse tout
contact avec sa mère et fait preuve d’une agitation
extrême. Il lui fait écouter un enregistrement qu’il prépare
avec la voix filtrée de sa mère ; les résultats sont
spectaculaires puisque cet adolescent va tranquillement
éteindre la lumière, aller s'installer sur les genoux de sa
mère dans la position de foetus, entourer son bras gauche
autour d’elle, et sucer son pouce droit comme un enfant. A
51
Alfred Tomatis, De la communication utérine au langage humain,
Ed. ESF,1972
52
Alfred Tomatis, La nuit utérine, Ed. Stock, 1981
141
la fin de l’écoute, avec tout autant de tranquillité, il prend
sa mère par la main et l'entraîne vers la sortie !
Le Pr. Tomatis met alors au point des programmations
soniques qui vont permettre d’appliquer ses découvertes
dans le domaine de la thérapie. Sa méthode, l’APP, part du
principe que la posture d'écoute de 1'individu est liée à ses
attitudes psychologiques et phonatoires. Cette méthode
permet de modifier les facultés auditives d'un sujet pour
arriver à transformer son comportement et son langage. 53
Ayant découvert que l’écoute des bruits de la vie intrautérine peut faire revivre les conditions de la naissance, le
Pr. Tomatis fait le lien entre la naissance, certains troubles
psychopathologiques, et leur possible guérison. Il conçoit
alors l’accouchement sonique. Il s’agit de faire revivre au
sujet, grâce au conditionnement de l'oreille électronique, le
déroulement sonique idéal qu’il n’a pas pu suivre alors. Il
dit de cet accouchement sonique, qu’il éveille des potentialités qui ne se sont pas encore exprimées, et, que, d'une
certaine façon, on ne cesse de naître, car, en définitive, le
milieu maternel prend sans cesse d'autres dimensions : des
parois utérines au berceau, à la chambre, à l'univers
familial, au monde. La vie du fœtus, puis du nouveau-né,
ne peut bien sûr pas être parfaite, mais fort heureusement,
si les traumatismes sont légers, l'écoute et le langage
finissent par s'établir correctement d’eux-mêmes.
Cependant, dans certains cas, lorsqu’un symptôme
relevant d’une pathologie liée aux troubles du langage
persiste, nous proposons des exercices de rééducation
complémentaires.
La façon d’entendre change lors du passage du milieu
aquatique au milieu aérien. Lorsque l'oreille moyenne s'est
vidée du liquide amniotique, l'enfant entre dans une
période d'ombre sonore, de transition pendant laquelle il
53
Alfred Tomatis, Nous sommes tous nés polyglottes, Ed. Ergo Press
142
perd alors le tonus que lui procurait, pendant sa vie fœtale,
l'écoute de fréquences élevées. Cet apprentissage de
1'écoute aérienne va durer de plusieurs jours à plusieurs
semaines, selon son histoire, jusqu’à ce qu’il reconnaisse
cette voix maternelle qui le sécurisait tant54. Mais si cette
étape est mal vécue, le lien de la communication engagée
avec la mère est coupé. Les sons filtrés permettent de
plonger dans un passé assez lointain, dit-il, pour être
vierge de toute expérience négative et de réamorcer le
désir d'écoute (notons que le mot latin « desirium »
signifie : recherche du déjà vécu).
En revanche, quand cette communication s’est établie,
l’enfant a le désir de la prolonger après la naissance puis
celui d’entrer en communication avec le père, ce premier
étranger, afin de pouvoir s’ouvrir à la relation avec les
autres et donc de s’intégrer socialement. C’est la qualité de
cette communication à travers ce cheminement sonique
idéal, qui conditionne la manière d'entendre, de parler, de
lire. Si des problèmes sont survenus à une étape ou une
autre, des troubles apparaissent chez l’enfant à un niveau
ou un autre55.
L'évolution
acoustique
la
plus
favorable
à
l'épanouissement de la personnalité une fois déterminée, le
Pr. Tomatis recrée en laboratoire les différentes étapes qui
jalonnent le parcours idéal. L’apprentissage à travers
l’écoute de bandes sonores appropriées va durer jusqu'à ce
que soit renoué le contact avec la voix maternelle d’avant
la naissance. Le Pr. Tomatis explique : « Le diaphragme
auditif va s'ouvrir peu à peu au monde sonore, autour d'un
axe qui se situe entre 300 Hz et 800 Hz. Retrouvant
progressivement la tension tympanique indispensable, le
sujet peut alors revivre les perceptions enregistrées au
54
55
Alfred Tomatis, Neuf mois au Paradis, Ergo Press, 1991
Alfred Tomatis, L’oreille et la voix, Ed. Laffont, 1987
143
cours de la vie fœtale ». L’enfant va re-connaître cette
voix qui 1’accompagnait, le berçait, le sécurisait et le
préparait à la communication.
J’ai adapté cette technique au concept Aquamater en
fonction de la pédagogie du jeune enfant, confortée par ma
formation initiale d’éducatrice de jeunes enfants, et j’ai
veillé à ne pas hésiter à apporter une souplesse
d’adaptation à chaque cas qui m’était confié.
De plus, dans le cadre de la cabine de maternage
Aquamater, le test d'écoute préliminaire, suivi des tests de
contrôle, détermine les possibilités d'écoute, d’auto écoute
et d’écoute de 1'autre, du sujet. La passation est proposée
aux parents et aux enfants à partir de 4 ans. Nous avons vu
que si le test de la maman fait apparaître une
problématique, des séances de rééducation auditive sous
casque lui sont prescrites.
Dès que le test de contrôle est satisfaisant, nous pouvons
procéder à l’enregistrement de la voix maternelle.
L’enregistrement consiste en la lecture d’un texte le plus
neutre possible. Le Petit Prince d’Antoine de Saint
Exupéry est souvent proposé, mais certaines mamans qui
chantaient ou racontaient des histoires à leur tout-petit sont
heureuses d’enregistrer ce florilège pendant les 30 minutes
que dure une séance. En concertation avec le père de
l’enfant, nous évaluons si une rééducation auditive du père
est souhaitable - dans le cas de problème important lié à
celui-ci. Le père est symboliquement associé au verbe, à
l’ouverture au monde, à la communication. Il est donc
important qu’il soit lui-même délivré d’anciens blocages
pour qu’il puisse prendre son enfant par la main afin de le
conduire vers la connaissance de « l’autre », et vers la
découverte de l’univers. Cependant, quand la voix du père
est utilisée, elle n’est jamais filtrée au-delà de 4 000 Hz.
144
Puis nous établissons une programmation sonique
personnalisée. Ce traitement audio-psycho-phonologique
rééduque l’écoute en réduisant les distorsions des courbes
d’écoute. Les sons agissent sur le labyrinthe osseux et sur
la membrane basilaire de l’oreille interne. Le plus grand
nombre de cellules de Corti se trouve sur la membrane
basilaire située derrière le tympan. Les cellules de Corti,
stimulées par les sons aigus, assurent une recharge
corticale ; cette chaîne synaptique va se révéler être une
véritable dynamo du cerveau.
En cabine de maternage, l’ensemble des stimulations
sensorielles éveillent la curiosité et invitent à « tendre
l’oreille ». Lorsque l’enfant est plus âgé, nous l’installons
dans la salle de jeux, muni d’un casque d’écoute, et nous
lui proposons un jeu pédagogique ou un atelier
d’expression manuelle de son choix, activités qui
permettent d’assouplir ses résistances inconscientes
Pendant la première phase d’écoute, le retour sonique
musical, l’oreille du patient va peu à peu s’adapter aux
sons de l’écoute aquatique, conditions sonores qui étaient
celles du fœtus, grâce au filtrage progressif de
l’enregistrement musical ; ensuite nous introduisons la
voix maternelle : le filtrage s’échelonne de 125 Hz à 8000
Hz ou12 000 Hz (selon la richesse de son spectre sonore).
Cette perception a pour but d’amorcer le désir de relation
et de communication avec sa mère. A l’écoute, cette voix
filtrée n'est qu'une suite de sifflements entrecoupés de
silences, que les enfants interprètent spontanément comme
étant, disent-ils, « le bruit des abeilles ».
L’accouchement sonique est ensuite programmé, lorsque
l’observation des réactions et du comportement de l’enfant
en cabine de maternage, dans la salle de jeux, puis dans
son foyer, à la fois par la mère, le père, et le thérapeute,
145
laissent supposer que l’enfant est prêt. La voix maternelle
va être progressivement dé filtrée de 8 000 Hz ou 12 000
Hz, à 125 Hz, procurant à l’enfant le souvenir de la
sensation qu’il a vécue lorsque, après l’accouchement, ses
deux conduits auditifs se sont vidés progressivement du
liquide amniotique, et qu’ainsi s’est opérée la transition de
l’écoute aquatique à l’écoute aérienne. Au fur et à mesure
que le dé-filtrage a lieu, le sens des mots, puis des phrases,
devient de plus en plus compréhensible. L’accouchement
sonique permet de « naître à la communication ». Cette
phase s’effectue en seize séances de 30mn chacune.
Parfois, un nombre moins important de séances est
suffisant : nous nous adaptons au besoin de l’enfant.
Les variations de fréquences, au fil de l’accouchement
sonique, doivent être très progressives pour soutenir
l’enfant dans son effort psychique de renaissance, et pour
l’aider à accéder au processus de sublimation des
souvenirs douloureux de sa première naissance. Lorsque
l'enfant reconnaît la voix de sa mère en exprimant une joie
réelle, en fin d’accouchement sonique, nous savons que la
thérapie a été bien menée, bien maîtrisée, et que le lien
mère enfant est reconstitué pour accéder aux
apprentissages tissant l’évolution de toute vie.
La phase du pré-langage est nécessaire si l’enfant montre
encore un peu d’hésitation pour s’exprimer, ou s’il
présente des troubles du langage à 4 ans révolus. Les
enfants apprécient beaucoup la programmation sonique
non filtrée de cette période qui accompagne leur
renaissance. Ils prennent beaucoup de plaisir à écouter les
chansons et les comptines d’Anne Sylvestre ou celles
d’Henri Dès, en alternance avec des morceaux de musique
classique et de courtes histoires ou contes, ceci aidant à
faire naître le désir de communiquer avec cet « étranger »
qu’est le père et, de là, avec le monde. L'audition de
l'enfant va être progressivement conduite vers une écoute
146
du langage dont le contrôle doit être effectué préférentiellement par l'oreille directrice, la droite.
La dernière phase est celle de la structuration du langage.
Elle permet enfin au sujet de se rencontrer lui-même, de se
prendre en charge, de s'accepter et de mettre
définitivement en place les bases psycholinguistiques
d'une expression verbale adaptée aux nécessités de la
relation avec le milieu. Pour équilibrer son comportement
et garantir une bonne adaptabilité, une phase active lui est
proposée à partir de 5 ans, vécue comme une récompense,
car c’est lui qui va agir et s’exprimer au micro en répétant
des sons et des phrases.
La cabine de maternage n’est pas une « machine à
renaître ». Elle est le support et le complément d’une
méthode mise au point pas à pas, au fil des ans, et qui
demande une formation appropriée du thérapeute. C’est le
savoir faire du thérapeute et cette méthode patiemment
construite qui animent « la magie » de la cabine de
maternage Aquamater.
A la fin du traitement, on peut noter l’amélioration très
nette, et souvent la disparition, des symptômes initiaux tels
que les troubles du sommeil ou de l’appétit. Une attitude
teintée d’assurance a remplacé le comportement agressif,
les rires ont remplacé les cris et les trépignements, la joie
de vivre se lit sur un visage lisse et épanoui. Une telle
transformation, visible de tous, prouve bien que la voix
maternelle reste la perception la plus fondamentale de la
vie fœtale. Le corollaire de ces observations me conduit à
poser cette question : « Pourquoi les couveuses ne sontelles pas équipées pour diffuser les doux messages de
maman - une maman ainsi valorisée, déculpabilisée,
heureuse d’enregistrer pour aider son bébé en lui offrant sa
présence vocale ? ».
147
Dans la vasque utérine du concept Aquamater, le
traitement APP est vraiment dispensé avec douceur et en
prenant des précautions de tous ordres. Cet environnement
inhabituel, le milieu liquidien, intrigue l’enfant, éveille sa
curiosité, et la complicité de maman ou de l’éducatrice
qui l’accompagne le ravit. Son corps libéré en partie de la
pesanteur et du port des vêtements, le jeune enfant
apprécie davantage cette liberté d’être, plutôt que de
devoir se soumettre à l’obligation d’un casque d’écoute.
En outre, la mère, participante active à l’accompagnement
de cette écoute est, elle aussi, mise en condition par le
truchement de ces enregistrements qui ne sont pas sans lui
rappeler, inconsciemment, son propre passé utérin et sa
propre naissance. Jouer sous écoute avec les objets
symboliques, permet à l’enfant de projeter ses tensions et
de libérer ses blocages (rappelons que le tuyau de
plastique rouge, symbole du cordon ombilical et le
poupon, symbole du nouveau-né, sont les jouets sur
lesquels il va projeter son ressenti relatif au déroulement
de l’accouchement).
Le concept Aquamater, lieu d’éveil sensoriel liquidien,
participe à l’efficacité du traitement APP. Mère et enfant
sont réunis dans une atmosphère qui les incite à se révéler
et à abandonner leurs réflexes de défense, pour accueillir
de belles énergies.
148
Aquamater et la mémoire de la peau
La peau est l’organe le plus important de notre corps, le
plus visible, sans doute le plus mystérieux. La peau, est
l’organe du toucher, le prolongement de l’oreille comme
le dit le Pr. Tomatis. Organe de communication, la peau
nous informe des caractéristiques du milieu où nous
évoluons, à travers des sensations thermiques, le ressenti
de compression, de force d’étreinte et de serrement, dans
la douleur ou le plaisir.
Paul Valéry a écrit à son sujet : « Rien n’est plus profond
que la peau ». La peau créée la première, à l’origine du
premier sens, est, en effet, la première mémoire qui a
enregistré
toutes
les informations,
depuis le
commencement. La peau se nourrit d’air, de lumière, de
chaleur, d’eau, et de produits divers qui peuvent lui être
appliqués. Miroir de nos émotions, la peau est détendue ou
stressée, lisse ou tourmentée, épanouie ou rétractée, douce
ou revêche. La peau, ce livre ouvert aux autres, objet de
toutes les attentions.
Sur un plan physique, toucher, masser, c’est pénétrer dans
l’intimité de l’autre, c’est agir sur l’intérieur, sur les
blocages musculaires et nerveux, sur les organes et la
circulation des liquides internes, sur les points
d’acupuncture et les méridiens, sur l’ énergie. La peau,
récepteur/émetteur de chaleur, d’énergies, d’émotions,
reçoit la plus vitale des nourritures : l’amour. Elle est le
lieu où les émotions se touchent du doigt car elle s’y
inscrivent très précisément.
Les cellules vibrent et communiquent leurs messages. Si
une émotion, un choc physique ou psychique, un
environnement pollué, une hygiène de vie inappropriée
149
(toxique pour l’organisme et le mental) viennent perturber
cette savante harmonie et empêcher une saine
communication, un état de malaise s’installe. Si cet état
perdure et si les situations stressantes se cumulent, la
maladie peut s’installer, passagère puis chronique, et enfin
dégénérative. La cellule ne vibre plus en harmonie, les
messages ne sont plus sains. Les ressentis en face de ces
situations stressantes, selon les principes de la médecine
chinoise, touchent certains organes et fonctions
correspondant au caractère du stress. Par le toucher, la
vibration cellulaire est à nouveau rétablie, et ce
rétablissement va atteindre progressivement les autres
cellules et tout le corps. En quelque sorte, les émotions, les
toxines, et les énergies bloquées, peuvent de nouveau
circuler et être évacuées. Différentes techniques de
massage existent, mais toutes visent à rétablir le bon
fonctionnement des cellules, des organes et des systèmes
entre eux, en permettant une meilleure circulation des
énergies, des fluides et des informations.
Grâce au magnétisme des mains, aux manœuvres de
mobilisation des muscles et de la peau, aux pressions sur
les points énergétiques, le massage induit chez le sujet le
relâchement du corps et du mental. Cet état est propice
aux messages positifs donnés par les couleurs, les odeurs,
les sons ou les mots. Dans ce contexte, le toucher est
magique. Il ouvre la porte sur le monde de la sublimation,
il libère le corps en lui offrant un espace de relaxation
complété par un état passager d’apesanteur, une douce
régression dans le giron maternel.
Le toucher et le massage sont indispensables à l’image de
son propre corps. Ils aident à prendre conscience de ses
formes, de sa consistance, de son volume, de son
existence. Ils aident sans doute à s’incarner un peu plus.
150
Chez le fœtus la peau qui est en contact constant avec la
mère, connaît lors de la naissance le vide, l’air, le « rien ».
Nous avons vu l’importance, lors de l’accueil de la
naissance, du mode de prise en charge du corps du toutpetit sans défense et du soin tout particulier que nous
devons apporter à son enveloppe si fragile.
Il est en effet vital pour le bébé d’être tenu, touché,
caressé, massé, car s’il est nourri d’aliments, il doit aussi
l’être de la chaleur, de l’odeur de sa mère, de l’amour de
ses mains, et s’il ne l’est pas, il peut se laisser mourir. Il en
est de même pour les mammifères qui lèchent leurs petits
à peine nés ; ceux-ci, privés de ce massage, peuvent périr.
L’alimentation fournit de l’énergie au corps, le toucher est
l’énergie salvatrice de notre moi profond.
En cabine de maternage, la peau de l’enfant est nourrie de
chaleur, d’eau, de couleurs, d’odeurs, de sons aériens et de
sons vibratoires portés par le milieu liquidien de la vasque
utérine. Elle est alimentée d’amour à travers les mains de
la mère, par le biais du jeu, du soutien, des câlins et des
massages. Le massage permet de nouer ou de renouer le
contact mère enfant, et d’établir un mode relationnel subtil
en créant un courant puissant entre eux, l’un et l’autre y
trouvant du plaisir et s’ouvrant alors à l’autre. Il est, pour
la mère et l’enfant, une prodigieuse façon de s’accueillir
réciproquement et de se souhaiter la bienvenue.
Par le toucher, la maman communique avec l’enfant et fait
passer des messages et des émotions selon l’intensité de la
pression et le degré de chaleur et de douceur de sa main.
Elle entre dans l’intimité de son enfant, dans son corps
énergétique, dans son monde émotionnel. Ses mains
transmettent son magnétisme, ses mains détendent,
apaisent, rassurent.
Toucher, est aussi complexe que cela, et bien plus encore,
car c’est la conscience ajoutée au geste, qui fait la
151
différence. Cette conscience, c’est le don d’amour. C’est
cette conscience que la mère va transmettre le long de ses
doigts jusqu’au petit corps assoiffé d’amour, conscience
qui va créer les voies de communication qui n’ont pas pu
se dessiner in utero, ou libérer les voies de handicaps qui
gênaient la transmission des sentiments. Le thérapeute va
initier la maman au toucher, puis au massage de son bébé,
suivant la technique décrite si joliment dans son livre par
le Dr Frédérick Leboyer, Shantala56, dans lequel il
rapporte une méthode de massage traditionnelle indienne.
Le massage des bébés est, en effet, un art très ancien. La
technique une fois acquise, la maman peut laisser place à
l’intuition. Les mains sont l’instrument de passage de
l’énergie maternelle sublimée par la force du don d’amour.
La mère choisit une position confortable pour son enfant
et elle-même : elle a le choix entre l’adoption de la
position traditionnelle au sol, et la position debout en
installant son bébé sur la table à langer, ou si l’enfant est
plus grand, sur une table de massage. Nous préconisons la
position assise sur un sol confortable, le bébé installé sur
les jambes allongées, cette position permettant une
symbiose corporelle au niveau du toucher, et visuelle dans
la proximité.
Le massage est très doux. Au début, il est une caresse, puis
devient plus complexe, plus soutenu. L’important est
d’accompagner la maman dans l’observation du type
d’activité et de réactivité de son enfant. Celui-ci peut être
actif ou apathique, tolérant ou irritable, pouvant disposer
d’un seuil de réactivité très variable. C’est ce seuil de
réactivité qui guidera les fréquences et la durée du
massage.
56
Dr Frédérick Leboyer, Shantala, Ed. du seuil
152
Avant un mois, la face et le ventre ne sont pas touchés. Le
massage a lieu dans une pièce chauffée, en prenant bien
soin que l’heure choisie soit éloignée des tétées et des
repas. Le choix de l’huile naturelle est déterminé en
fonction de la personnalité de l’enfant, de son état de santé
ou de la pathologie qu’il présente. Cinq minutes avant le
massage, nous conseillons de faire tiédir l’huile au bainmarie.
Les cures Aquamater terminées, de nombreuses mamans
d’enfants de moins de 2 ans continuent ce rituel dans leur
foyer. Certaines m’ont confié qu’elles n’avaient pas vécu
la complicité de l’allaitement, et que, grâce au massage
Shantala, elles avaient enfin pu connaître ce merveilleux
sentiment de symbiose corps à corps !
153
Aquamater et la couleur des émotions
La couleur est une sensation produite par la lumière ou sa
réflexion sur un objet. Elle n’est pas liée à l’objet même.
C’est le cerveau qui interprète une sensation de l’œil, sous
forme de couleur. S’il n’y a pas de lumière, il n’y a pas de
couleur : la couleur est une vibration ayant une vitesse et
une longueur d’ondes propres. Nos yeux les absorbent et
les transmettent au cerveau qui les interprète. La couleur
d’un objet est en fait la longueur d’onde que cet objet
n’absorbe pas, et réfléchit. Un objet rouge, par exemple,
absorbe toutes les vibrations qu’il reçoit, sauf le rouge. Le
blanc est rendu par un objet qui absorbe toutes les
couleurs. Le noir, par un objet qui n’en absorbe aucune.
Personne ne sait de manière scientifique comment cela
fonctionne exactement. Les ondes agiraient au niveau des
cellules, selon les scientifiques, qui espèrent que la
physique quantique donne un jour une réponse.
La couleur est un outil de communication, un moyen
d’expression que nous utilisons de façon consciente ou
inconsciente, en permanence. C’est aussi un symbole qui
se retrouve dans tous les domaines, de la naissance à la
mort, sur tous les drapeaux, dans toutes les religions.
La couleur est aussi un outil thérapeutique. Elle exerce une
influence sur le physique, le psychisme et les émotions.
Elle permet de rééquilibrer les énergies de l’être. En
thérapie, la lumière colorée est le meilleur moyen
d’utiliser les bienfaits de la couleur, la technologie
d’aujourd’hui permettant une utilisation pointue des
émissions colorées. La lumière du jour, elle-même, est un
outil thérapeutique reconnu : le manque de lumière induit
un état dépressif, et pour y remédier, les sujets sensibles
sont soignés en séances d'exposition à la lumière blanche,
celle qui se rapproche le plus de la lumière naturelle du
154
jour. On reconnaît aussi l’influence de la couleur des murs
des chambres des hôpitaux sur les malades. Avant leur
commercialisation, la couleur des médicaments est étudiée
en fonction des effets que l’on souhaite obtenir, et il en est
de même pour tout produit, à tel point que la chimie abuse
des colorants alimentaires pour rendre plus appétissant un
jambon, ou plus attrayant un bonbon. Les emballages,
aussi, tiennent compte du symbolisme des couleurs pour
nous donner envie d’acheter.
En ce qui concerne les vêtements, nous savons que
certaines couleurs nous flattent et d’autres nous font
paraître plus âgé, ou moins en forme. Le relooking
enseigne à chacun comment déterminer la bonne palette de
couleurs en accord avec la couleur de ses cheveux, de sa
peau, et de ses yeux. Mais intuitivement nous nous sentons
bien avec certains tons, et mal avec d’autres. En effet, ces
couleurs étant des vibrations, elles viennent se marier
harmonieusement avec les nôtres, ou alors, à l’inverse,
elles contrarient cette harmonie. Les couleurs que nous
portons influencent notre entourage et nous sommes à
notre tour influencés par les personnes que nous croisons.
En fait, tout support est un moyen de transmettre cette
information : vêtements, décoration, objets, liquides… et
lumière.
Les civilisations les plus brillantes ont largement utilisé la
colorthérapie, dite encore chromothérapie, méthode
d’harmonisation et d’aide à la guérison par les couleurs.
La colorthérapie57 est fondée sur la vision de l’homme
sous son aspect énergétique. Les vibrations des couleurs
sont des informations qui sont utilisées par le corps
énergétique. Des maladies sérieuses ont été traitées, par
exemple par le Dr Dinshah Gadhiali, savant indien, père de
la chromothérapie contemporaine aux USA en 1933, qui
57
Maurice Chavelli, B.a-ba Colorthérapie, Ed. Pardes, 2003
155
relate ses soins dans une publication détaillée The spectrochromometry encyclopedia. Les couleurs permettent une
transformation des énergies qui produisent des
changements positifs sur les plans psychiques et
physiologiques, et rendent la guérison possible.
Schématiquement, le rouge stimule la circulation du sang,
et est perçu comme énergisant ; il a des pouvoirs
antiseptiques et cicatrisants et soigne anémie et
lymphatisme. L’orange stimule la digestion. Anti-fatigue,
il tonifie et donne le moral. Le jaune donne de l’énergie,
est en relation avec le système digestif et combat
mélancolie et fatigue mentale ; c’est la couleur de
l’empathie et elle facilite une bonne communication. Le
vert repose et fortifie la vue, diminue la tension sanguine,
calme la nervosité, et met en confiance. L’indigo a un
pouvoir anesthésique, stimule l’intuition et ouvre l’accès à
des niveaux de conscience supérieurs. Le bleu détend, est
antiseptique, fébrifuge ; couleur de la paix, il ouvre
l’esprit. Le violet agit sur l’épilepsie, les crampes,
l’insomnie, et diminue l’angoisse, la peur, la violence. Le
blanc a des pouvoirs bactéricides et tonifiants, et augmente
la productivité au travail.
Dans le même esprit que le Pr. Tomatis, le Dr G.
Quertant,58 qui est d’ailleurs l’un des précurseurs de la
musicothérapie, est le concepteur de la culture
psychosensorielle (CPS) ou neuro-pédagogie, méthode
basée cette fois sur la sensorialité visuelle. Georges
Quertant a mis en évidence le lien qu’il existe entre les
troubles de la vision et les troubles psychiques et
neurovégétatifs (liés à la qualité de fonctionnement du
système nerveux central). Il s’agit de « rééduquer » les
centres de la vue, ce qui permettra d’agir sur les troubles
correspondants. Pour cela, des test permettant de détecter
58
www.quertant.org
156
les erreurs de débit nerveux déterminent les exercices
visuels que le sujet doit exécuter, à l’aide d’appareils
spéciaux. Ces mouvements oculaires, répétés, véritable
micro gymnastique des yeux, rétablissent un débit
d’énergie nerveuse adapté. Une fois la vision rééquilibrée,
le débit d’énergie nerveuse revient à la normale et les
troubles liés au système nerveux central disparaissent.
Les couleurs donnent le ton à notre moral. Leurs
vibrations nous plongent littéralement dans la bonne ou la
mauvaise humeur. Ainsi, une couleur qui nous sied peut
nous mettre mal à l’aise ou nous plonger dans un état
émotionnel identique à celui que nous avons connu et
associé à cette couleur, par le passé. Une couleur ou un
ensemble de couleurs peuvent nous plaire parce qu’elles
font remonter le souvenir d’une belle émotion : elles
réactivent le souvenir et l’émotion du moment. C’est ainsi
qu’un beau coucher de soleil ou l’harmonie des teintes
d’une toile peuvent nous transporter dans un état de paix
indicible.
Dès la sixième semaine, le fœtus démontre une sensibilité
à la lumière. Il réagit aux faisceaux de lumière projetés sur
le ventre de sa mère, il perçoit les couleurs. A sa
naissance, le nouveau-né voit peu de loin, mais distingue
bien les contrastes de près, et il est particulièrement
sensible aux peluches de couleur blanche et noire. Le
contraste de ces deux couleurs donne une impression de
relief qui attire son attention. Rappelons que les premières
observations visuelles du fœtus sont celles de
l'arborescence placentaire, images perçues en relief elles
aussi.
Ainsi que nous l’avons précédemment décrit, au sein de la
cabine de maternage Aquamater, un dispositif diffuse un
panel de couleurs d’ambiance très étudié en fonction de la
157
base du traitement, et en adéquation avec les perceptions
visuelles fœtales. Le bleu, harmonie d’accueil et de
détente, va se teinter progressivement de violine pour
accéder à la nuit utérine en toute quiétude. L’heure de
l’éveil sonnant, le violine va se fondre dans un bel orangé
qui va se veiner de rouge pour stimuler l’action nécessaire
à la renaissance. Ne sommes nous pas en train de donner
le jour ? Le rouge va s’estomper, le jaune, symbole de
l’empathie entoure d’un doux halo l’instant de la rencontre
avec le père. Ce papa qui figurera sur tous les dessins de
son petit, symbolisé par un beau soleil jaune d’or.
158
Aquamater et la mémoire olfactive
La respiration est étroitement liée aux émotions. Nous
savons tous qu’une grande peur fait battre le cœur plus
vite et active la respiration, alors qu’un état de détente
s’accompagne d’une respiration douce et lente. Nous
avons vu qu’à la naissance notre mode respiratoire se
détermine en fonction des traumatismes éventuels liés à la
pression sur la cage thoracique, à l’asphyxie, au cordon
enserrant le cou ou le corps, ou à d’autres manœuvres
angoissantes. Ces traumatismes s’inscrivent au niveau du
corps, à travers la structure de la respiration, en mettant en
place les tensions physiques, et par là mentales, de
l’individu.
A l’endormissement la respiration se calme, au réveil, elle
devient plus rapide : en fait, elle varie suivant nos besoins
en oxygène. Notre façon de respirer donne de l’énergie à
notre organisme ou le dévitalise, selon les conditions
d’oxygénation du sang.
La respiration se développe en deux phases que sont
inspiration et expiration, deux phases dont les rythmes
sont inconscients. Ce mouvement brasse la masse
abdominale et régule les fonctions de digestion,
d’assimilation, d’élimination, ainsi que nos émotions. Les
mouvements des poumons sont aussi liés à ceux des côtes,
du plexus, de la colonne vertébrale : une respiration
équilibrée et complète va dans le sens de l’équilibre. Une
respiration incomplète ou bloquée à un niveau ou à un
autre, installe déséquilibre et tension. Le stress et les
émotions, à leur tour, entravent la respiration. Comme le
démontre Jacques Dropsy, dans son livre Le corps bien
159
accordé59 : « La peur du père ou la peur plus générale
d’être frappé, par exemple, peut amener un enfant à retenir
son souffle, dans le désir instinctif de passer inaperçu.
Devenu adulte, cet enfant conservera la crainte des autres,
plus particulièrement des autorités, et il aura l’habitude de
retenir son souffle à tout propos. Au niveau
psychologique, il étouffera dans sa vie. C’est ainsi que
l’individu est conditionné toute sa vie par ses blocages
corporels. D’autre part la respiration est aussi entravée par
les émotions qui vont induire des tensions qui bloqueront
le mouvement respiratoire, et ceci chaque fois davantage,
au fur et à mesure que les émotions viendront se rejouer ».
Partant de ce constat, il est aisé de comprendre, qu’en
jouant sur la respiration, seule fonction inconsciente de
notre corps que nous pouvons rendre consciente, nous
avons la possibilité de prendre le contrôle de notre
système neurovégétatif et avons accès à des changements
physiologiques et psychologiques. C’est ainsi que par la
respiration consciente, l’individu peut agir sur ses tensions
originelles ou sur ses émotions présentes. La respiration
est une porte d’entrée sur le monde intérieur et
inconscient, sur le monde des énergies et de l’esprit.
Il est possible de recréer l’état émotionnel souhaité en
respirant sur le rythme lui correspondant. L’inspiration est
plus longue que l’expiration en état d’éveil tandis qu’en
état de sommeil, c’est le contraire. Nous pouvons à
volonté calmer ou réveiller l’organisme, en adoptant un ou
l’autre de ces rythmes. De même que la respiration
ventrale calme, la respiration haute, au niveau de la
poitrine, réveille. De ce fait, et en étudiant les divers
rythmes de respiration en fonction de l’état émotionnel qui
les conditionne, Francis Lefébure a mis au point une
59
Jacques Dropsy, Le corps bien accordé : un exercice invisible, Ed.
Desclée de Brouwer, 1992
160
méthode exposée dans son livre La respiration rythmée60,
nous offrant là un moyen d’intervenir sur notre énergie et
de contrôler nos émotions.
En cabine de maternage, une respiration lente et
superficielle est induite automatiquement par l’état de
lâcher prise qui s’installe.
Les odeurs diffusées par les huiles essentielles ont une
action thérapeutique reconnue. Les substances florales
volatiles sont transportées par voie respiratoire jusqu’au
sang. Ainsi, certaines huiles essentielles sont calmantes ou
excitantes et d’autres agissent comme désinfectantes de
l’air et des voies respiratoires. La lavande, par exemple,
calme, alors que la menthe excite. L’essence de fleur
d’oranger, grâce à ses propriétés lénifiantes, contribue à
l’obtention de l’état de relaxation et d’apaisement
nécessaire à la bonne évolution du traitement. De plus, la
fleur d’oranger est odorante et savoureuse - l’enfant va en
effet goûter l’eau du bain.
L’odeur est un sens très développé chez l’animal. Chez
l’homme, il est toujours présent, mais notre civilisation
cache les odeurs naturelles et nous asphyxie d’odeurs
industrielles. Déodorants, désodorisants, parfums dans
tous le produits de beauté jusque dans les lessives,
parfums malheureusement synthétiques la plupart du
temps et, de ce fait, dangereux pour la santé.
Sur un plan intime, les odeurs naturelles sont bien
vivaces : la mère peut reconnaître son bébé à son odeur, et
60
Françis Lefébure, La respiration rythmée et la concentration
mentale : en éducation physique,en thérapeutique et en psychiatrie,
Ed. Courrier du Livre (3ème édition)
161
le bébé connaît bien celle de sa mère. L’odeur est un peu
comme une empreinte : il n’y en a pas deux qui soient
exactement les mêmes. L’odeur fait d’ailleurs partie de
l’attraction sexuelle et est une composante du désir.
L’odeur d’une personne, inconsciemment, nous
incommode ou nous attire : ne dit-on pas de quelqu’un
qu’ on « le sent bien », qu’ on « ne peut pas le sentir », ou
qu’on l’a « dans le nez ». Il est aussi courant de ne plus
supporter l’odeur de celui qu’on a cessé d’aimer, alors
qu’on avait plaisir à respirer l’odeur de sa peau ou celle
laissée sur une écharpe, du temps du grand amour.
L’odeur est enfin un vecteur de l’émotion. Comme Proust
faisant référence aux effluves des madeleines, nous avons
des odeurs en mémoire, et la mémoire olfactive est sans
doute la plus précise, la plus puissante qui existe : elle ne
nous trompe pas. Une odeur peut ainsi faire remonter en
mémoire des souvenirs bons ou mauvais : elle fait
remonter l’émotion avec le souvenir ; ou alors l’émotion
seulement, agréable ou non, même si nous ne savons plus
à quelle réalité passée elle se rattache. La fleur d’oranger,
utilisée dans l’eau de la vasque utérine, est douce comme
un gâteau : elle ne recouvre pas l’odeur de la mère, elle la
rappelle.
L’odeur et le goût feront remonter par la suite des
émotions agréables liées à la douceur de la mère. L’odeur
de la mère est mise ou remise en mémoire, liée à la
détente, à la tiédeur de l’eau, à la douceur de la fleur
d’oranger, à la chaleur bienfaisante, à la tendresse de sa
peau, aux couleurs, à la sensation d’amour. Les sens sont
des supports, des codes d’enregistrement qui permettent de
retrouver des données classées dans le grand disque dur de
l’inconscient.
162
PARTIE 5
LA CURE AQUAMATER
ÉTUDE DE CAS
Au vu de toutes nos connaissances relatives à la vie
utérine et la naissance, en terme de facteurs déterminants
pour l’avenir de l’individu, la cabine de maternage
Aquamater est aujourd’hui le seul concept d’accueil
thérapeutique que l’on puisse proposer aux enfants nés
prématurément,
pour combler la frustration et les
manques relatifs à la privation de semaines ou de mois de
plénitude en milieu utérin.
D’après les écrits du Dr Stéphane Auvin, (Linnet KM et
coll. Arch. Dis Child, 2006, 91 ; 655-660), article paru
dans le N°118 de AIM 2006, il est bien établi qu’une
naissance prématurée avant 28 semaines est un facteur de
risque, celui de présenter des troubles d’hyper activité :
« Les enfants nés entre 34 et 36 semaines ont une
augmentation de risque de 70 %. Pour les enfants nés
avant la 34ème semaine ce risque est encore plus important.
Les enfants nés à terme, mais dont le poids de naissance
était seulement de 1 500 à 2 499g, présentent un
accroissement du risque de trouble hyperactif de 90 %. Il
163
semble que ces résultats ne dépendent pas du niveau
socio-économique, ni des antécédents psychiatriques, ni
des co-morbidités ou du tabagisme maternel pendant la
grossesse. Cette étude de cas témoins a inclus 834 patients
et 20 100 contrôles. En pratique, cette augmentation de
risque devra être recherchée lors du suivi de ces enfants ».
Cet article démontre, que la médecine officielle, face à un
nombre croissant d'enfants hyperactifs, pense dorénavant à
accorder une priorité à la psychopédagogie et à la
diététique, le plus précocement possible. Le concept
Aquamater s’avère être le moyen le plus adapté pour la
prise en charge des enfants en bas âge présentant cette
pathologie, mais aussi pour apporter une résolution aux
séquelles de toutes les problématiques qui peuvent advenir
lors d’une grossesse et/ou lors d’un accouchement.
Histoires de…
A présent, je vous invite à partager l’histoire et la mémoire
d’eau de certains de mes jeunes patients. Ce fut un choix
difficile car tous les enfants que j’ai accueillis dans ma
« maternité de renaissance » ont chacun une place dans
mon cœur, et chacun a une histoire enrichissante à vous
livrer, une histoire très représentative de l’efficacité du
concept Aquamater.
Dans quelques années, nous aurons peut être le plaisir de
lire Ludovic. J’ai gardé toute discrétion au sujet de
Ludovic, 5 ans, un garçonnet d’une grande intelligence et
d’une maturité époustouflante, qui m’a dit, le jour de son
départ : « Madame Vermeulen, quand je serai grand,
j’écrirai un livre et je parlerai de vous ! ». Ludovic, j’ai
comme une certitude que tu le feras : je te lirai avec une
joie indicible.
164
Les jumelles Karine et Sandra, 3 ans, 1 mois, 18 jours
Avant leur conception, le premier enfant des parents des
jumelles Karine et Sandra, un garçon, décède à 3 mois
d’un arrêt respiratoire et cardiaque dit syndrome de la
mort subite du nourrisson. Au 3ème mois de grossesse, l’un
des trois frères de la maman se suicide. Karine et Sandra
naissent 4 semaines avant terme, après un accouchement
long, les contractions ayant commencé 3 jours plus tôt.
L’expulsion des jumelles dizygotes se passe bien, sans
intervention ni médication. Karine pèse 2 k 200 et Sandra
1 k 900.
Le papa, médecin, nous explique que le placenta de Karine
était plus petit que celui de sa sœur et que les placentas
étaient mêlés. Un confrère pédiatre consulté 8 mois plus
tard, lui avait révélé qu’il s’agissait d’un infarctus du
placenta et avait décelé une lésion cérébrale chez Karine.
Les enfants sont placées en couveuse. Dès le lendemain,
Karine fait une crise de convulsion : le retentissement
possible du bruit du moteur des couveuses sur le système
nerveux des prématurés était alors ignoré. De plus, elle
reçoit pendant 3 jours des injections de cortisone pour
favoriser son développement pulmonaire, et pendant 8
jours elle est soignée aux barbituriques pour ses
convulsions. Les deux enfants sont allaitées une fois par
jour. Puis elles sont placées 4 semaines en chambre
chauffée. Elles sortent de l’hôpital à 5 semaines, le
pédiatre rassure les parents et leur dit qu’elles sont en
excellente santé.
« Pendant les 5 premiers mois, Karine a beaucoup crié, ses
réflexes primaires ne disparaissaient pas, elle demeurait
spastique mais mon regard de père a empêché le médecin
165
de déceler vraiment ce qu’il pouvait y avoir d’anormal
dans l’évolution de Karine, malgré l’exemple tout proche
de sa sœur Sandra qui ne souffrait d’aucun retard » dit le
papa. Il rajoute : « Lors du premier anniversaire de nos
filles, nous avons consulté un pédiatre de grand renom qui
ne nous laisse que peu d’espoir au sujet de Karine : les
quatre membres sont paralysés, elle n’y voit presque pas,
elle ne parle pas… ».
Le papa raconte : « A 20 mois, Karine ne savait pas
marcher à quatre pattes, nous lui avons appris les
mouvements en chantant, en marquant les rythmes, tout en
éloignant d’elle une guitare dont elle appréciait
manifestement le son et en l’attirant de nouveau vers
l’instrument… Après des exercices ainsi répétés
patiemment pendant des heures, au bout d’1 mois, tout
d’un coup, elle fait ses premiers essais de marche à quatre
pattes ».
Stimulés par ce premier succès, les parents se
documentent et lisent deux ouvrages : Les guérir est un
devoir de Glenn Doman, et La vie secrète de l’enfant
avant sa naissance du psychanalyste Thomas Verny. Ils
s’engagent à respecter le programme préconisé par Glenn
Doman pendant 1 mois : Karine fait des progrès en
rampant seule, en manifestant de l’intérêt pour de grandes
illustrations aux teintes vives et aux traits simples et en
répétant les mots prononcés par sa sœur qui joue à ses
côtés. Encouragés par ces progrès, ils sont déterminés à
continuer à tout mettre en œuvre pour parvenir à rayer le
pronostic pessimiste du handicap de la fillette. Dans son
livre, Thomas Verny relate sa visite dans le centre APP de
Cagnes sur Mer, et la guérison de Claude, mon jeune
patient de 16 mois, qui présentait un blocage de la tête,
suite à une amniocentèse - dont le cas sera abordé ci-après.
Les parents de Karine prennent rapidement la décision de
tenter l’expérience.
166
Le jour où nous commençons la thérapie, Karine et Sandra
ont 3 ans 1 mois et 18 jours. Les deux sœurs effectuent dix
séances de 30 minutes de retour sonique progressif.
A partir de la 11ème séance, Karine est assez agitée. Gênée,
Sandra demande à aller écouter les sons avec un casque,
en compagnie de son papa, dans la salle de jeux, ravie de
partager ce moment de complicité ludique avec lui, car
pour une fois, il lui consacre tout son temps et toute son
attention. Pendant la diffusion de la musique de Mozart
filtrée, Karine chante, joue et parle très fort avec sa
maman. Puis dès que la voix maternelle est diffusée à 8
000 Hz, Karine devient très calme et écoute avec curiosité
ces nouveaux sons.
A la 16ème séance, Karine pénètre dans la cabine tout en
disant : « La cabine est pour moi toute seule ! ». Elle entre
dans la vasque utérine, touche les parois ovoïdes de la
cabine, les embrasse, puis, debout, s’embrasse elle-même
sur tout le corps. Sa maman est déjà allongée dans le bain,
la fillette s’allonge à ses côtés. Elle habite entièrement
« l’utérus maternel » car se sachant acceptée à part entière,
elle s’accepte et commence à s’aimer.
Le lendemain, Karine veut écouter la voix maternelle sur
la table à langer, installée en position fœtale, caressée par
sa maman pendant toute la première demi-heure. Ensuite,
elle décide de rejoindre le milieu aquatique.
A l’issue de 2 semaines de traitement, les progrès
psychomoteurs de Karine sont indéniables. Nous
constatons une verticalisation de la colonne vertébrale, une
meilleure position de ses pieds, bien à plat, en contact avec
le sol, la démarche plus assurée, et une amélioration au
niveau de la maîtrise de ses mouvements.
En parallèle, Sandra apprécie les moments privilégiés
qu’elle vit en toute complicité avec son père. Les jumelles
167
étaient en concurrence dans le ventre de leur mère et il
semble que Karine ait eu du mal à défendre sa place. A la
fin de l’accouchement sonique, Karine demande à
rejoindre sa sœur dans la salle de jeux. Son papa
l’accueille dans ses bras ; elle lui sourit et
dit : « Maintenant, je peux marcher ! ». Plus tard, quand
son papa veut l’aider à peindre, elle le rabroue en lui
disant : « Laisse-moi, je veux faire toute seule ! ».
Dubitatif, son papa traduit : « Laisse-moi entrer dans la
vie ». Depuis elle manifeste une évidente volonté
d’indépendance.
Un an plus tard, des nouvelles nous parviennent : « Karine
se tient mieux debout, est moins spastique, désire tout le
temps marcher en se tenant souvent à des objets. Elle fait
du tricycle, ce qui est très difficile pour elle, mais ce
qu’elle parvient à faire lui donne confiance en elle. Sandra
va à l’école et est très indépendante : un système de vie a
été mis en place pour un partage d’attention équitable
entre les deux sœurs… faute de quoi, en essayant de lutter
contre le handicap de l’une, nous risquions de créer le
handicap de l’autre. Finalement, c’est l’attitude de l’amour
sans condition qui est le plus important ; pour nous les
parents, tous les jours sont des défis nouveaux, et il y a
tant de choses à apprendre ».
Claude, 16 mois
A la fin du 9ème mois de grossesse de la maman de Claude,
le gynécologue accoucheur décide de pratiquer une
amnioscopie. Le col étant fermé, cet examen est
impossible à effectuer et le praticien opte pour une
amniocentèse ; malheureusement, pendant l’intervention,
168
Claude est piqué derrière l’oreille gauche, sous le
sphénoïde. Une césarienne est immédiatement réalisée. A
la naissance, Claude a le bras gauche inerte et la tête
toujours penchée sur le côté droit, suivant le mouvement
réflexe d’évitement que l’enfant a effectué pour se
protéger de l’aiguille.
La cause évoquée par les parents pour solliciter un rendezvous, est que Claude se réveille toutes les nuits vers 1 h 30
- 4 h du matin, depuis 20 jours. La maman est épuisée :
« Claude réclame maintes fois à téter alors qu’il prend une
nourriture solide trois à quatre fois par jour - il devient
boulimique ».
Une première cure de 2 semaines est effectuée, soit 15
heures de traitement. Le lendemain matin suivant de la
première séance en cabine, les jeunes parents arrivent tout
souriants car pour la première fois depuis 6 mois, Claude a
pu déféquer sans l’aide de solution rectale.
A partir de la 8ème séance, Claude s’intéresse aux reflets du
miroir placé au dessus de la table à langer et il fait des
mimiques qui le font beaucoup rire. Dans le bain, il est de
plus en plus actif, il joue avec les ruissellements de l’eau
de sa main droite, puis de sa main gauche, en s’aidant de
la main droite pour soutenir son poignet gauche. Le matin
de la 9ème séance, la maman est radieuse : « Claude a
effectué sa première nuit de sommeil complet, réparateur
pour toute la famille ! » (à partir de la 4ème séance, les
réveils étaient de moins en moins fréquents).
Pendant les 6 jours qui complètent cette première cure, les
progrès se maintiennent et Claude accepte peu à peu que
sa maman approche une main dans la direction de son cou,
en faisant ruisseler tout doucement des gouttelettes d’eau
sur ses épaules et ses bras. Nous préférons dans ce cas
privilégier le contact léger et éphémère de l’eau sur la
169
région du traumatisme, et envisager éventuellement le
massage indien Shantala lors de la seconde cure.
La 2ème cure est entreprise après un arrêt de 3 semaines
(période d’effet retard), pour une durée de 2 semaines ½,
soit 15 heures de traitement. Pendant la période d’arrêt,
Claude fait ses nuits complètes. Sa maman nous dit avec
émotion : « Avant, Claude manifestait une nette
préférence pour son papa. Même l’allaitement ne le
rapprochait pas vraiment de moi, comme s’il me
reprochait d’être responsable du traumatisme qu’il a subi.
A présent, il vient volontiers se faire câliner et il est
beaucoup plus joyeux et dynamique. »
Trois jours plus tard, les parents nous disent : « Nous
n’osions pas croire que Claude continuerait à tenir sa tête
droite comme nous l’avons observé à la fin de la première
semaine de repos, mais à présent, nous en sommes sûrs, il
ne penche plus du tout sa tête à droite. »
Le 5ème jour, la maman m’annonce : « Depuis 2 jours,
Claude ne demande plus à téter en cabine et à la maison il
ne tête plus que deux fois. L’une avant la sieste et une au
coucher ».
A présent, la stimulation du bras gauche devient une
priorité. Claude accepte avec plaisir le massage Shantala,
sur toutes les parties de son corps. En sortant de la cabine
de maternage, Claude se dirige vers la salle de jeux et
saisit tour à tour les petits meubles de la maison de
poupées, vivement intéressé ; il se sert de sa main gauche
et tend son bras pour les disposer selon sa volonté.
Médicalement, aucun facteur de paralysie n’a été
diagnostiqué, et vu l’évolution psychologique et motrice
de Claude, notre pronostic pour l’avenir est optimiste.
Nous conseillons, dès lors, de prendre contact avec un
ostéopathe.
170
Pour le massage Shantala, nous avons utilisé l’huile
énergétique thérapeutique de bouleau pour sa douceur :
elle aide à apaiser les douleurs physiques ou morales et
développe l’estime de soi ; l’huile énergétique
thérapeutique de sapin pour sa fluidité, utilisée pour aider
à laisser circuler ce qui est bloqué et développer le lâcher
prise ; et l’huile énergétique thérapeutique de pin,
énergétique et vitalisante, qui aide à dépasser la
problématique. Ces huiles énergétiques thérapeutiques,
étudiées pour le massage, ne doivent pas être confondues
avec les « huiles essentielles ».61
Suzy, 4 ans ½
Suzy naît par césarienne. Elle présente un retard
psychomoteur important. Elle tient sa tête à 5 mois, se
tient assise à 9 mois et marche à 18 mois. Quand elle vient
consulter, elle ne sait pas s’asseoir seule depuis la station
debout mais s’assoit de la position couchée, comme elle le
fait depuis qu’elle a 18 mois.
Suzy est gardée par sa mère jusqu’à 3 mois et 2 semaines,
puis par une gardienne jusqu’à 18 mois. La gardienne est
rejetée par l’enfant, et le comportement de Suzy change :
elle devient inhibée, présente une attitude d’inertie, de
solitude, et un manque d’intérêt pour le monde extérieur.
Depuis les travaux de R. Spitz, nous savons qu’en cas de
privation partielle des affects, un retard moteur avec
rigidité de l’expression faciale apparaît à partir du 3ème
mois ; dans les cas de privation totale, les troubles moteurs
sont considérables et les enfants complètement passifs.
Patrice Bouchardon, L’énergie des arbres, Le courrier du Livre, Ed.
Trédaniel
61
171
A l’âge de 2 ans ½, le pédiatre diagnostique une
dépression anaclitique. Suzy présente cette passivité et
nous retrouvons aussi en elle l’hypertension musculaire
décrite par Ribble dans ses études sur les états de tension
anxieuse du nourrisson. Ces états tensoriels se retrouvent
chez les enfants dont la mère s’est épuisée au cours des
derniers mois de grossesse (ce qui a été le cas de la maman
de Suzy qui nous confie que, portée par la joie de cette
grossesse, elle en oubliait la fatigue).
L’hypertonie musculaire est secondaire à une tension
interne dont les bases sont physiologiques et seraient en
rapport avec l’asphyxie et la faim. Selon la description que
donne Ribble, il est démontré que la sédation de l’hyper
tonus peut être amenée et obtenue par une série de
manœuvres ; à l’heure actuelle, ces mouvements et
manœuvres, tels que bains tièdes, caresses de la face et de
la tête, diminution de la lumière et balancement
rythmique, sont exécutés en cabine de maternage. Comme
l’indique A. Hadjy-Dim, il est évident que ces manœuvres
n’ont aucun rapport avec la nutrition et la respiration mais
les deux dernières manœuvres notamment ne peuvent agir
qu’en modifiant le tonus postural par l’intermédiaire du
labyrinthe et de la sensibilité proprioceptive.
Nous avons aussi constaté que Suzy est hyperthyroïdienne.
J.I. Baswell trouve chez ses jeunes patients atteints de ce
dysfonctionnement, des signes frappants de privation
maternelle avec manque de stimulation affective et
physique. Ces enfants étaient dans l’ensemble placides
jusqu’à l’apparition de leur maladie, époque à laquelle ils
devenaient irritables, coléreux et exigeants, ce qui s’est
effectivement passé lorsque Suzy a eu 3 ans ½
Les résultats de la cure sont très positifs sur le plan
psychomoteur. La marche est plus assurée, Suzy s’élance
seule sur un chemin caillouteux. Elle est capable de plier
172
les genoux pour effectuer sur un saut, alors que ses jambes
étaient toujours rigides et en hypertonie.
Nous observons un gain d’autonomie, elle est moins
dépendante de sa mère. Nous pouvons noter des progrès
en psychomotricité fine (comme l’enfilage de grosses
perles). Cette maîtrise du geste fait, qu’à présent, Suzy
tend un objet face à la main de la personne qui demande à
saisir cet objet, alors qu’auparavant elle le jetait n’importe
où. Autre avancée marquante, Suzy ouvre sa main droite
et s’en sert, alors qu’avant son arrivée, elle maintenait son
poing fermé et était uniquement gauchère. Suzy s’exprime
maintenant en émettant de nouveaux sons, jeux vocaux qui
lui procurent un sentiment de gaieté qui la comble d’un
bonheur difficilement contenu dans le temps.
Elle est plus attentive, plus observatrice, et atteint le stade
du concept existentiel de soi. Elle développe une
conscience de soi évidente, a un très haut degré de
perception et teste constamment les autres, recueillant et
mémorisant des informations sur tout ce qui se présente à
elle, en toutes situations. Elle exerce un pouvoir sur tout
son environnement familial sans avoir besoin de
s’exprimer verbalement.
Notre travail va se poursuivre dans le cadre d’une thérapie
familiale ; les entretiens seront axés autour de la mise en
place d’une pédagogie adaptée à la stimulation verbale de
Suzy dans le cercle familial ; en complément, nous
aborderons la phase du pré-langage en APP.
Marie, 5 ans
173
Marie est adressée par son médecin généraliste, suite à
d’importants problèmes scolaires associés à des troubles
caractériels.
Sa maman souffre de troubles du métabolisme et d’une
pathologie psychiatrique. Enceinte de 3 mois, elle est
victime d’un accident. Il en résulte un traumatisme
crânien et une fracture de la cheville. Le père est inconnu.
Marie est élevée par sa mère et sa grand-mère.
Marie est hospitalisée au 3ème mois pour convulsions à
froid. Le 4ème mois sa maman disparaît et ne sera pas
retrouvée. C’est le frère de celle-ci qui est nommé
juridiquement tuteur de la fillette.
Les seules informations que nous possédons concernant
l’anamnèse sont : une naissance rapide, un sommeil
toujours perturbé par des frayeurs nocturnes, et le fait
qu’elle ait beaucoup pleuré pendant les 6 premiers mois de
sa vie.
Le jour anniversaire de ses 15 mois, des voisins lui offrent
un berger allemand. Stimulée par le chiot, Marie
commence à marcher et ose affirmer sa volonté, mais ce
chien qui lui a été un temps bénéfique, devient trop
agressif envers les personnes qui approchent la fillette, et
la famille doit s’en séparer. Immédiatement, Marie
somatise la perte de son meilleur ami en se réfugiant dans
un état de mutisme, pendant 3 ans, et en devenant
onychophage, l’anxiété vécue étant tellement prégnante
que l’extrémité de ses doigts saignait parfois.
L’enfant parle tard, à 4 ans passés. Son premier mot est
« Oeuf », le nom de son chien, puis tout de suite après
vient le mot « vers »… « vers œuf… » ; le troisième mot
est « mman ». A cette époque, Marie se lève sept ou huit
fois par nuit, et sa grand- mère lui donne de la Pacitine
pour dormir, jusqu’à ce jour où elle vient me consulter.
174
Depuis la dramatisation de ses mauvais résultats scolaires,
Marie fait de nombreux cauchemars et depuis 10 jours, elle
repousse son ours, ce qui ne s’est jamais produit.
Lors de la 3ème séance, Marie commence à appeler sa
tante : « maman ». Nous intervenons en ayant un entretien
thérapeutique avec l’enfant dans le climat agréable de la
salle de jeux, en organisant un jeu de rôle avec les
personnages de la maison de poupées. Les jours suivants,
Marie accepte d’appeler sa tante « tata ».
Autre observation : Marie ne désigne par son nom que la
couleur noire. Avant d’avancer une raison psychologique
sans diagnostic physiologique, je demande à ce que Marie
soit présentée à la consultation d’un ophtalmologiste. Ce
médecin spécialiste s’avère être un excellent psychologue :
il trouve les mots qui guérissent et qui aident la libération
d’un blocage : les jours suivants, Marie accepte de
nommer plusieurs couleurs alors qu’elle s’applique à
colorier l’un de ses découpages.
A partir de la 11ème séance, Marie est bien plus calme.
Pendant les 15ème et 16ème séance Marie demande à être
arrosée doucement, énumère toutes les parties de son corps
puis continue ce jeu en miroir sur moi-même, nous
prouvant ainsi qu’elle intègre bien son schéma corporel.
Lorsque l’enfant est orphelin de mère biologique, c’est la
thérapeute qui le materne - elle reste à genoux tout contre
l’extérieur de la vasque utérine pour permettre la prise en
charge de l’enfant, sans dérive symbolique d’usurpation de
le fonction et de l’identité.
Lors de la 17ème séance, Marie projette un souvenir
d’agression physique sur le poupon en cabine de
maternage et l’effet de catharsis libératrice est observable.
175
A la fin de la première session, le sommeil de Marie est
calme et réparateur, et ses résultats scolaires sont en net
progrès.
La seconde session de cure permet de consolider les acquis
et d’effectuer un travail de valorisation et d’estime de soi
pour que Marie ait dorénavant confiance en la vie et en
l’avenir.
Cédric, 5 ans et 3 mois
Des difficultés se présentent au 8ème mois de grossesse car
des contractions fréquentes perturbent la nuit utérine des
jumeaux bivitellins Cédric et Frédéric. La naissance
gémellaire est prématurée et survient 8 jours avant la fin
du 8ème mois. L’écart avec leur sœur aînée est de 23 mois.
Cédric naît le premier, il pèse 2 k 600. En cours
d’accouchement, il subit une torsion des deux parties du
sphénoïde (pré et post-sphénoïde) avec une hyper
compression liquidienne dans la partie supérieure du
cerveau.
Dès sa naissance, Cédric est rejeté par sa mère qui ne
désirait qu’un seul garçon. Frédéric, n’ayant pas souffert à
la naissance, présente un physique plus attirant et devient
le centre d’attention de sa mère, qui le préfère.
Pendant ses 7 premiers mois Cédric est élevé par l’une de
ses tantes, la sœur cadette de sa mère, puis par son père et
sa grand-mère paternelle lors de l’absence de ce dernier.
Lors de son arrivée en consultation, accompagné de ses
parents, Cédric se présente comme un enfant très timide,
recherchant la protection de son père. Son corps est frêle,
la partie supérieure de son crâne est impressionnante. Son
regard, deux petits yeux ronds couleur myosotis,
176
expriment tous ses ressentis ; il parle très peu et sa
prononciation présente une dysarthrie telle, que nous
comprenons le repli de Cédric dans le silence.
A l’issue de la passation d’un test d’écoute, la
maman accepte d’effectuer trente quatre séances d’écoute
sous casque, avant de procéder à l’enregistrement de sa
voix. En entretien, elle se trouve très bien, très à l’aise et
refuse toute remise en question de son comportement.
Chez elle la notion d’abnégation est presque absente et,
malgré son statut d’épouse et de mère, elle n’accepte pas
que ses vacances soient dérangées. Elle a donc inscrit les
trois enfants en colonie de vacances.
Le papa est en adoration devant son épouse. En entretien,
nous parlons de son rôle de père de famille, de
l’importance de chaque enfant né au sein d’un couple, du
respect mutuel que chacun doit porter à l’autre et de
l’acceptation des différences, mais son attitude demeure
inchangée.
En cabine de maternage, Cédric mime vraiment le vécu de
l’état fœtal. En fin de séance, il s’appuie très fort contre sa
mère, l’air triste. A la sortie des dix premières séances, la
maman fait part de son étonnement : « Il est tout chose,
vers la fin… ! »
Lors du premier accouchement sonique, Cédric est très
agressif envers sa mère. Lors du second, il se plaint du
ventre au niveau de l’ombilic et n’a toujours pas reconnu
la voix maternelle. Au 3ème accouchement sonique, il se
rebelle contre sa mère et réclame ma venue. C’est lors du
4ème accouchement sonique qu’il a pour la première fois
bien écouté ; il demande une seconde séance pendant
laquelle il reconnaît la voix maternelle, et commence à
chanter les comptines entendues, en duo avec sa maman.
Tout en écoutant l’enregistrement de la voix de sa maman,
il déclare : « Je suis bien installé sur les genoux de MA
177
maman », et il l’embrasse de temps en temps jusqu’à la fin
de la séance.
Il y aura encore trois séances hors du milieu aquatique,
face à l’arche qui symbolise l’entrée et la sortie du vagin.
La maman est assise à côté de la table à langer, son enfant
ayant le choix entre se faire bercer sur ses genoux ou se
faire câliner sur la table à langer. Pendant ces séances,
Cédric adoptera un rite, celui de se pelotonner sur les
genoux de sa maman. La dernière séance d’écoute de la
voix maternelle non filtrée est restée un souvenir
inoubliable pour la mère et l’enfant. Tous deux sont restés
silencieux, se souriant, se retrouvant, s’acceptant avec
amour, et malgré toutes ces manifestations de sentiments,
Cédric a été confié à une colonie sanitaire.
Le rapport psychologique du psychologue scolaire
(maternelle grande section), note, au retour de vacances,
après les deux mois d’effet retard de la cure APP effectuée
en juillet, que les résultats des différents tests sont
remarquables, au vu de ceux qui apparaissaient dans le
dossier médical qui lui avait été confié :
-
échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants :
Q I verbal : 7
Q I performance : 90
Q I global : 83
-
épreuve graphoperceptive de Bender : H.H.R niveau 5
ans
-
Bonhomme de Goodnough : niveau 5 ans 3 mois
-
PM 47 de Raven : niveau 7 ans.
Ces résultats de tests sont ceux de la dernière passation.
Malheureusement, les résultats obtenus lors de l’année
scolaire précédente ne nous ont pas été communiqués.
178
Nous n’avons pour référence et preuve de la part de
l’Education nationale, que la confirmation verbale du
psychologue scolaire au sujet « des résultats
remarquables » de Cédric. Toutefois, son institutrice nous
a fait part régulièrement de ses progrès en diverses
disciplines, par le truchement de sa grand-mère paternelle.
Séverine, 9 ans et 6 mois
La future maman, Doris, vit chez sa belle-mère, dans un
climat de tension extrême car elle n’est pas acceptée par
cette dernière. De nombreux malaises psychosomatiques
jalonnent sa grossesse.
Sept jours avant la naissance de son enfant, Doris est
témoin d’une importante avalanche, un véritable drame
qui coûte la vie à plusieurs personnes.
Son accouchement est très rapide. Séverine naît les doigts
dans la bouche et les jambes repliées, disproportionnées
par rapport au reste du corps.
La fillette est élevée par des jeunes filles anglaises au pair
qui changent tous les deux mois. Elle est souvent
abandonnée dans son parc pendant des heures. Elle se tient
debout à 1 an et marche à 2 ans passés. Son premier mot
est « papa », à 2 ans. Elle n’a structuré ses phrases qu’à 3
ans révolus.
Lorsque Séverine est présentée à notre consultation par ses
grands-parents maternels, elle présente des difficultés de
langage, des troubles du rythme verbal, elle mange ses
mots, et évite de prononcer tous les mots commençant pas
« do » (le diminutif du nom de sa mère) et le mot « nu »
(Séverine est très pudique). Elle bute sur la lettre N, car
pour la lui faire différencier du M, les enseignants ont
179
appuyé sur le fait que le N a deux jambes, or ses jambes
extrêmement longues l’ont toujours complexée. Ses yeux
se révulsent quand elle s’énerve.
Elle est droitière mais une certaine raideur est constante à
la main droite, même en relaxation. Elle reconnaît
difficilement sa droite de sa gauche, a des difficultés de
coordination et tombe fréquemment sur ses genoux.
Elle est scolarisée en CE1 à 9 ans ½ et souffre beaucoup
d’être séparée de son frère. Elle est plus attachée à son
père qu’à sa mère, qui l’a frappée toute petite et face à
laquelle elle a conservé des réactions d’autodéfense.
Séverine est en période d’opposition face à ses grandsparents chez lesquels elle est vit. En classe, c’est une
bonne camarade qui est très appréciée. Sa grand-mère
définit la personnalité de sa petite fille ainsi : « Elle est
réservée, timide, lente, patiente, susceptible, peureuse,
déteste la neige et par contre, aime l’eau. »
Je m’adresse aux grands-parents en ces termes : « Etant
donné son manque d’autonomie, il faut surtout qu’elle
puisse affirmer sa personnalité. Pour cela, il est nécessaire
qu’elle reste en relation avec ses deux parents même s’ils
se séparent. Il serait judicieux de l’inscrire dans des
ateliers d’expression corporelle et des ateliers de créativité
manuelle. Elle apprécierait ainsi l’émulation du groupe et
donnerait libre cours à sa spontanéité. » (Peu de temps
après cet entretien, nous avons appris que la séparation du
couple parental s’est effectuée en bons termes.)
Lors de vacances de la Toussaint, je rencontre Doris pour
pouvoir définir une programmation sonique concernant
Séverine, en fonction de son degré de volonté d’aider la
renaissance psychologique de sa fille. Doris accepte de
s’investir pendant une semaine en l’accompagnant en cure
intensive en cabine de maternage, et sous casque dans la
180
petite chambre de repos où elles peuvent continuer à se
retrouver en toute intimité.
Elles effectuent une cure de 36 séances. Grâce à ce
maternage intensif, la relation mère fille s’élabore sur de
nouvelles bases d’amour, de tendresse, de disponibilité, et
de communication verbale et non verbale.
Très rapidement nous avons vu Séverine se détendre,
s’épanouir, sourire, s’exprimer avec un regard malicieux
que personne n’avait jamais observé auparavant.
La cure est tout aussi bénéfique à la maman, que ce soit
pendant l’écoute ou lors des massages Shantala. En
massant sa fille chaque jour, Doris a remodelé, retrouvé,
mieux accepté son « bébé ». Son attitude, chaque jour plus
détendue, plus confiante, plus spontanée, plus
communicative, a été le baume de la cicatrisation des
maux du passé.
Lors de l’avant-dernière séance de cette cure intensive,
Séverine reconnaît la voix de sa mère. Elle dit toujours ne
pas se souvenir de ses rêves, mais le lendemain de sa
renaissance psychologique, à son réveil, rayonnante, elle
dit à sa grand-mère : « J’ai rêvé de la voix de maman ! ».
Après la période d’effet retard de cette cure, nous recevons
Séverine 1h 30, deux fois par semaine, pendant 7 mois.
Cette prise en charge psycho-pédagogique donne
d’excellents résultats au niveau de l’intégration du schéma
corporel, de la revalorisation de son image et de ses
résultats scolaires qui sont en progression régulière.
Lors des vacances de Noël, pendant une semaine, le papa
de Séverine l’accompagne. Il la stimule avec beaucoup
d’affection et de sollicitude, pendant ses séances actives
de lecture à haute voix et de répétition de mots de
vocabulaire filtrés sous oreille électronique. Quand son
frère vient en vacances chez les grands-parents, Séverine
181
est très heureuse de lui faire découvrir son « espace
privilégié » et de l’initier à un jeu pédagogique.
Aujourd’hui, Séverine est une belle jeune femme
épanouie,
titulaire
d’un
certificat
d’aptitude
professionnelle (CAP) de vente en cosmétique.
Mélissa, 4 ans
Anna, la maman, et Laure, la grand-mère paternelle
accompagnent Mélissa pendant la cure. Le papa de
Mélissa, Frédéric, est resté au Québec pour s’occuper du
frère de celle-ci, Alexandre, âgé de 2 ans.
Au début des séances en cabine de maternage, Anna, la
mère de Mélissa, est figée et silencieuse, les traits de son
visage sont tendus. L’anamnèse de celle-ci explique son
attitude d’autodéfense : en effet, Céline, sa propre mère,
avait été hospitalisée pour un risque de fausse couche alors
qu’elle était enceinte d’elle. De retour à son domicile, elle
était restée alitée jusqu’à
la fin de sa grossesse.
L’accouchement n’avait duré que 20 minutes, puis Anna
avait été placée en couveuse pour ictère. A 1 an ½, elle
était hospitalisée pour soigner une coqueluche.
Lors de sa conception, son père avait une maîtresse (qu’il
épousa 3 ans plus tard). Quand ses parents s’étaient
séparés, elle avait 4 ans.
Pendant 13 ans, sa mère, Céline, avait connu plusieurs
amis et Anna n’acceptait pas qu’ils franchissent le seuil du
foyer maternel. A l’âge de 10 ans, elle avait vécu un deuil
très traumatisant, le décès de son parrain, substitut de
l’image paternelle.
182
Trois ans plus tard, sa mère finit pas rencontrer son alter
ego. La stabilité de cet engagement revalorisa l’image
maternelle et Anna accepta pleinement ce nouveau papa.
Depuis sa petite enfance, Anna se réveille souvent la nuit.
Nous verrons que des événements similaires se sont
reproduits dans l’anamnèse de Mélissa, aggravés par
d’autres facteurs.
Anna, très émotive, préfère écrire les raisons qui l’ont
amenée à présenter sa fille, Mélissa, en consultation :
« J’ai eu la joie d’apprendre que j’étais enceinte après le
2ème mois d’essai de procréation. J’ai été malade du 3ème
mois à la fin de ma grossesse. Au 3ème mois, j’ai eu des
saignements ; le médecin m’a prescrit des médicaments à
absorber jusqu’à la fin de ma grossesse. Je souffrais de
crampes d’estomac et de sueurs froides. J’ai consulté une
voyante qui m’a dit que j’attendais un garçon ; comme je
désirais une fille, je me suis raisonnée pour ne pas rejeter
ce bébé. J’ai aussi vécu une grosse frayeur : mon mari
conduisait, il a évité un accident de justesse et j’ai crié :
« Non, pas mon bébé ! ». A la même période, mon père,
qui venait de se séparer de sa seconde épouse, a provoqué,
en état d’ébriété un accident de la circulation : une femme
enceinte, deux enfants et le chauffeur ont été en état de
choc. Mon père a été grièvement blessé à la colonne
vertébrale ; dès sa sortie de l’hôpital il est venu habiter
chez nous. J’étais enceinte de 3 mois et ce traumatisme a
déclenché des pertes sanguines (peut-être était-ce
l’expulsion d’un embryon de jumeau ou jumelle, à la vue
des dessins de Mélissa ?) ».
La naissance de Mélissa est provoquée à la 37ème semaine,
au lieu de la 40ème, car elle présente une double circulaire
du cordon. L’accouchement dure 9 heures et 30 minutes
sous péridurale par crainte d’une césarienne car le bébé ne
183
sort pas. L’expulsion se fait finalement en utilisant forceps
et ventouses.
A sa naissance Mélissa souffre d’hypothermie, fait un
ictère, et est placée en couveuse une journée entière, au
désespoir de sa maman. Paradoxalement, Anna refuse
d’allaiter sa fille et explique son choix en disant qu’elle
veut préserver la qualité de la relation sexuelle de son
couple. Son époux donne le biberon et fait la toilette de
l’ombilic de sa fille, car Anna trouve cet acte d’hygiène
repoussant.
Mélissa dort 3 semaines dans le lit parental car Anna
craint un arrêt respiratoire. L’enfant fait une intolérance au
lactose, du 3ème au 8ème mois. Elle a 1 mois ½ quand son
grand-père est jugé et incarcéré. Anna rend visite à son
père en prison avec Mélissa, qui pleure à chaque visite et
se frotte les yeux avec vigueur. Son grand-père ne se
souvient jamais de son prénom. Pendant toute cette
période, Mélissa fait des infections oculaires et des
poussées de fièvre : elle reste en observation à l’hôpital
mais les tests médicaux ne révèlent aucune pathologie.
Elle somatise le ressenti de cet univers carcéral,
la
fausseté des sentiments de son grand-père qui se sert d’elle
pour s’attirer la sympathie des gardiens et le poids de la
peine de sa maman.
A 2 mois, Mélissa veut toujours dormir dans les bras de
ses parents et se réveille souvent la nuit. Elle a 2 ans
quand sa mère tombe enceinte d’Alexandre, et elle assiste
à l’échographie. Lors de sa première visite à la maternité
pour faire la connaissance de son petit frère, elle est
effrayée à la vue des cathéters posés sur le corps de sa
maman.
Trois mois après la naissance d’Alexandre, Mélissa
ressent l’angoisse de sa maman qui apprend qu’elle doit
déménager en raison d’une mutation professionnelle de
184
son époux : Mélissa exprime cette souffrance réprimée par
sa mère en faisant d’énormes colères. Elle demande à aller
vivre chez sa grand-mère paternelle.
A son retour au foyer, Mélissa ne supporte pas que son
frère touche à ses jouets. Alexandre, précoce, commence à
parler : en réaction elle ne prononce que les mots
concernant ses besoins majeurs. De 2 à 4 ans, elle vit trois
déménagements, et somatise son mal-être par des otites à
répétition, des bronchites, des allergies alimentaires et des
réveils fréquents.
A l’école maternelle, l’institutrice constate un retard de
langage et Mélissa consulte une orthophoniste. Les
progrès sont lents, Mélissa est souvent en opposition.
Conseillés par une des tantes de Frédéric, les jeunes
parents prennent la décision de tenter une cure en cabine
de maternage, sur le « vieux continent ». Cette prise en
charge trans-générationnelle, de la fille, de la mère et de la
grand-mère paternelle, en 4 semaines seulement, pour
répondre à leur demande, est un vrai challenge !
Mélissa, dès le 3ème jour de cure ressent instinctivement
l’effet bienfaisant des séances en cabine et sous casque.
Son adaptation et son adhésion à ce nouvel univers sont
telles qu’elle devient aussi le coach de sa maman, plus
inhibée et plus réticente face à l’inconnu de cette situation
pourtant désirée mais que son imaginaire avait
différemment élaborée.
Pour inciter Anna à accorder sa confiance, pour l’aider à
parvenir au lâcher prise, je l’invite à participer à des
séances individuelles de relaxation psycho-syntonique. A
la fin de la séance, Anna peut verbaliser : « Cette prise en
charge m’aide à accepter l’éloignement de mon mari ».
Ainsi se libère-t-elle de ses frustrations qui étaient à
l’origine de son comportement toujours teinté de méfiance
et d’agressivité.
185
L’accouchement
sonique
de
Mélissa
s’est
merveilleusement bien passé. Lentement guidée par sa
mémoire ancestrale ou archaïque, cette enfant s’est libérée
de la double circulaire de son cordon ombilical, d’une
façon calme, dédramatisée. Tout en appuyant fortement sa
tête sur le bassin de sa maman, en position fœtale, dans
l’eau, Mélissa trouve aussitôt la parade pour calmer
l’anxiété de sa mère qui craint que sa fille ne se noie. Elle
dit : « Maman, je fais des bulles et après, je respire ».
Discrètement, j’encourage Anna à faire confiance à son
bébé. Elle se love ensuite contre la poitrine de sa maman
et, à la fin de la séance, lui dit à l’oreille : « C’est toi
maman qui raconte l’histoire de Marmouset». et tout
heureuse, elle entoure le cou de sa maman de ses bras,
alors qu’Anna, les yeux au ciel, offre un visage épanoui de
gratitude envers la vie.
Dès la fin de l’accouchement sonique, Mélissa marque un
intérêt pour le jeu pédagogique Diamino (lettres de
l’alphabet inscrites sur un petit carré de bois) : elle dispose
les lettres sur le tapis de la salle de jeux pour écrire son
nom puis celui des membres de sa famille, tout en lisant
les lettres à voix haute et en s’applaudissant pour sa
réussite. Les progrès en psychomotricité fine sont très
visibles au niveau de la précision des traits et de la
maîtrise du geste acquises dans le maniement des crayons,
feutres et pinceaux mis au service de sa créativité. Nous
pouvons aussi noter des progrès au niveau du langage, qui
devient plus fluide, et au niveau de la diction.
La grand-mère paternelle, qui effectue sa cure sous casque
tout en dessinant, sait être un soutien discret et attentif
pour Mélissa et sa belle-fille.
Anna effectue sa cure sans l’apport de l’enregistrement de
sa mère car elle ne le souhaitait pas, mais sa renaissance
est belle, et voici ce qu’elle me confie le jour du départ, à
186
l’aéroport : « J’ai demandé à notre logeuse de pouvoir
emporter les draps, qu’est ce que ce désir veut dire ? » Je
lui ai répondu : « Vous emportez ” les langes ” de votre
renaissance, Anna ! »
En ce qui concerne la renaissance de Mélissa, le fait
d’avoir pu obtenir un effet de catharsis libérateur, en
effectuant sa propre délivrance de la double circulaire du
cordon (en la mimant sous l’eau avec le cordon rouge en
plastique souple), entraîne la disparition de manifestations
psychosomatiques au niveau ORL : le souffle en voie
haute est libéré, la gorge est délivrée de toute agora
(angoisse), l’enfant ne souffre plus d’angines à répétition,
le langage devient plus fluide et spontané, le sommeil de
ce fait s’améliore. Cet effet de catharsis libère Mélissa de
toute entrave à son épanouissement. Elle a gagné en
assurance au niveau de l’agir et de l’expression orale, et de
nombreux blocages ont cédé. Elle qui ne voulait pas
arriver et partir du centre autrement qu’en poussette en
début de cure, fait de grands progrès au niveau de la
marche et finit par courir, une fois effectué son
accouchement sonique !
Oscar, 6ans
La maman d’Oscar, pendant sa grossesse, est dans la
crainte d’une fausse-couche, suite à une première
grossesse interrompue à 5 mois. Il en résulte un blocage et
Oscar naît avec 8 jours de retard. Un cerclage a été
effectué au 3ème mois de gestation pour cause de bassin
trop étroit. Elle imagine attendre une fille. Lors de
l’accouchement, le bébé se présente par le siège et
l’obstétricien utilise les forceps. La boite crânienne du
bébé est déformée par une forte pression exercée sur les os
187
du bassin de la mère lors de l’expulsion : l’occipital
gauche est enfoncé. Pour imager cette déformation,
l’ostéopathe consulté explique que le crâne a été malaxé
comme lorsqu’on froisse un paquet de cigarettes dans sa
main. Dans ce cas, il s’agit d’effectuer une ostéopathie
réparatrice, et non de confort, précise celui-ci. Les
conséquences de ce traumatisme crânien sont : un retard
psychomoteur (Oscar fait ses premiers pas à 15 mois), un
strabisme qui s’accentue à l’age de 2 ans, et un léger
zézaiement qui s’accentue lors de son entrée au jardin
d’enfant, à l’âge de 2 ans ½. Oscar est sevré au bout de 3
semaines car sa mère se remet à fumer. D’après elle, il
n’en est pas contrarié. Autre retard énoncé, la propreté
nocturne, qui n’est acquise qu’à 5 ans.
Au moment de la cure, le sommeil est normal,
l’alimentation est lente, Oscar grignote entre les repas, et il
souffre d’une prédisposition à des troubles diarrhéiques. Il
appelle ses parents par leurs prénoms depuis plus d’un an
(à la fin de la cure, il recommencera à dire « papa »,
« maman »). Il suce le majeur et l’annuaire de sa main
droite et caresse son nez avec les autres doigts. Oscar entre
plus facilement en relation avec des adultes qu’avec des
enfants, il est communicatif, gai, susceptible et craintif.
Après s’être bien entendu avec sa mère et avec son père
avec lequel il aime jouer, il s’oppose maintenant
constamment à eux, ce qui motive leur venue en
consultation..
Le traitement en cabine s’articule en trente-neuf séances.
La cure se déroule sans difficulté, Oscar est détendu et
demande une grande participation à sa mère en inventant
des jeux d’eau.
Lors des deux premiers accouchements soniques, il
manifeste un certain malaise et exprime de l’agressivité.
Au début de la 3ème séance, il refuse d’entrer dans la
188
cabine seul avec sa mère. Il pose une condition : la
présence de sa compagne d’école, fille de la thérapeute.
(Alexia est consentante, le feeling thérapeutique s’avère
juste). Oscar, sécurisé par la présence de son amie, saisit le
poupon, lui arrache avec violence les deux jambes et les
deux bras, pousse un cri de victoire puis sort radieux de la
cabine. Cette projection libératrice permet une
merveilleuse renaissance. Oscar réalise une série de
peintures explicitant tout le ressenti de ce cheminement
mémorisé et projeté sur la feuille blanche ; les titres
donnés aux peintures sont ceux énoncés spontanément par
Oscar :
-
« Une femme enceinte » (après l’écoute du premier
retour sonique).
-
« Une porte d’armoire très légèrement entr’ouverte »
(symbolique du ressenti de l’étroitesse du bassin ;
après l’écoute du 6em retour sonique).
-
« Un monsieur qui s’est décoré en fleurs » (symbole
d’un fœtus qui vit sereinement son 5ème mois de vie
utérine ; après l’écoute de la voix maternelle à 8 000
Hz).
-
« Le réveil » (le réveil a sonné mais ce n’était pas
l’heure, symbolique du vécu de la période de
contractions qu’Oscar a ressenti au 6ème mois de sa
gestation ; après l’écoute de la voix maternelle à 12
000 Hz).
-
« La mer » (le calme est revenu, Oscar est serein dans
son univers aquatique).
-
« La maison d’Oscar » - les fenêtres sont grandes
ouvertes et la porte entr’ouverte (après la 1er écoute de
l’accouchement sonique en voix maternelle à 6 000
Hz).
189
-
« C’est un landau coincé entre deux marches
d’escalier ; il veut passer d’un côté mais il ne peut
pas » (ce landau représente symboliquement et
rétrospectivement, les efforts de notre petit Oscar pour
sortir de le nuit utérine, coincé dans le passage de ce
bassin trop étroit ; après l’écoute de la voix maternelle
à 4 000 Hz) - le génie des enfants mérite toute notre
attention, et quelle leçon d’humilité pour l’adulte
thérapeute.
-
« Il faut passer au-dessus de la barrière comme les
lettres » (Oscar représente son difficile cheminement
dans le vagin, en dessinant des lettres en ribambelle
qui s’élancent au-dessus d’une barrière ; après l’écoute
de la voix maternelle à 2 000 Hz).
-
« Il a sauté la barrière, il va passer devant l’arbre et
monter la côte » (l’arbre est la représentation
symbolique du placenta). Une fois la peinture sèche,
Oscar découpe un petit triangle dans une feuille
blanche, colle ce découpage, telle une jupe, sur le petit
personnage qui a sauté la barrière, puis la peint en
rose. Oscar ne fait aucun commentaire, mais
souvenons-nous que sa maman imaginait attendre une
fille. Cette peinture est réalisée après l’écoute de la
voix maternelle à 1 000 Hz.
-
« La porte est ouverte, mais il faut la franchir pour
passer de l’autre côté » (après l’écoute de la voix
maternelle à 500 Hz).
-
« Oscar est sur la mer » (symboliquement sur sa mère ;
après l’écoute de la voix maternelle à 250 Hz).
-
« L’arbre est scié avec son feuillage d’automne »
(symbolique d’une belle délivrance d’un bébé né en
octobre ; après l’écoute de la voix maternelle non
filtrée).
190
Après cette cure de « renaissance », Oscar affiche un
visage lumineux, ses yeux sont rieurs, plus expressifs et la
totalité de son être s’affirme dans une attitude de présence,
de volonté d’action, d’expression verbale tellement plus
fluide, que ses parents me font part de leur étonnement. La
maman me dit : « Je ne me doutais absolument pas que
mon bébé avait vécu une telle épreuve pendant mon
accouchement. L’éveil d’Oscar pendant la cure, les
questions qu’il nous a posées, nous ont permis de
réfléchir, de faire des prises de conscience personnelles,
du couple et de la triade familiale. Quelle aventure ! ».
Le papa quant à lui, me dit : « En effet, chaque jour, nous
découvrons un Oscar qui grandit et qui s’épanouit à la
vitesse V . La collaboration de l’ostéopathie et de l’APP
donne des résultats très positifs. Sur le plan relationnel, les
échanges sont souples, les événements ne sont plus
dramatisés, Oscar devient gentiment farceur, c’est un
bonheur. »
Séances après séances…
Pour illustrer le comportement des enfants au sein de la
cabine de maternage Aquamater, nous allons suivre plus
en détail certaines séances. Ce qui se passe en cabine m’a
été rapporté par les mamans. J’ai ajouté mes commentaires
au fur et à mesure.
Sylvain, 5 ans
Sylvain est un garçonnet qui rencontre beaucoup de
difficultés à trouver sa place dans sa famille, et son état de
santé général en pâti. Il est l’enfant « symptôme » du
malaise ambiant régnant au sein de la famille. Cadet de
191
trois garçons, il n’accepte pas ce statut et revendique la
place de Pierre, le benjamin, celui qui, selon son ressenti,
bénéficie de toute l’attention de sa maman. Physiquement,
Sylvain, très menu, présente un teint pâle et la
morphologie de son visage est de type rétracté, ce qui nous
indique que sa sensibilité de vigilance se développera
aisément au fil des années. Ce type d’enfant, réfléchi et
prudent, doit expérimenter de lui-même les moindre
dangers. Pierre, qui a 3 ans, est son opposé : de type dilaté,
il semble absorber le milieu afin de s’accroître. C’est
l’image de la vitalité, de l’instinct, de l’expansion.62
Lors de la première séance, en phase de retour sonique,
Sylvain est tendu et paradoxalement content. Il joue puis
se détend, saisit un tuyau, en met un des bouts dans sa
bouche et l’autre dans le nombril de sa maman et le
dialogue s’engage du style : « Je bois, je chante, je joue, je
te fais des guilis, je vois papa, maman, Didier (frère ainé)
et pas de Pierre. Je l’ai tué. » Puis Sylvain prend le tuyau,
en fait un cercle, l’enroule autour de son cou et le mord.
(Comme nous l’avons vu, ce tuyau, représentation du
cordon ombilical, en plastique rouge très souple, flotte
déjà dans la vasque utérine quand la maman et l’enfant s’y
glissent. Tous les enfants nés avec une circulaire du
cordon miment ainsi leur vécu.)
Pensif, il évoque Mamie, Mémé et sa cocotte, puis dit tout
à coup : « Je viens du facteur ». La maman, en sortant de
la cabine me confie : « C’est incroyable, cette phrase a été
dite à mon grand désespoir, par mon mari, tout le temps de
ma grossesse. Face à ma contrariété, il me disait que
c’était pour plaisanter ! »
62
L Corman, Nouveau manuel de morphopsychologie, Ed. stock, 1991
192
Ensuite, Sylvain met plusieurs fois un jouet sur son sexe
en disant : « Je n’en ai pas, je n’en ai pas. » Second enfant
de la famille, Sylvain a bien ressenti le désir parental au
sujet du sexe de l’enfant en gestation : une petite fille
habitait déjà l’imaginaire de sa maman. Il est rare que les
enfants reflètent une empreinte psychique sur leur propre
corps de la façon dont le fait Sylvain, en cachant son sexe
avec un jouet comme pour le rendre inexistant; en
revanche, il projette son ressenti sur un baigneur sexué (
baigneur fille ou garçon en identification avec le sexe de
l’enfant en cure), baigneur en plastique souple mis à sa
disposition, auquel il est possible « d’arracher la tête et
chacun de ses membres » ou de « malaxer la tête » sans
dommage de culpabilité puisque l’on peut le restituer à
l’identique. Suivant la programmation sonique qui est
diffusée, nous pouvons déterminer à quelle période de la
gestation l’enfant a vécu la douleur ou le traumatisme
qu’il projette sur ce « second moi ». Ce que nous
observons est parfois terrifiant !
Pendant l’écoute intra-utérine, l’enfant nous gratifie
souvent de paroles ou révélations spontanées qui délivrent
son psychisme, comme le fait ici Sylvain en parlant du
facteur. Le père de Sylvain est un chef d’entreprise qui
travaille énormément. L’un des premiers fruits de ce
travail est la réalisation d’une très belle maison. Nous
entendons Sylvain affirmer avec véhémence : « Je n’ai pas
de papa, je n’ai pas de maison ». Sylvain souffre de
l’absence de son père et rejette cette maison qui l’a
accaparé ! Les doléances affectives de ce si jeune enfant
continuent à s’égrener : « Didier (l’aîné) veut remplacer
papa à la maison et Pierre est toujours avec maman ! »
D’où le rejet de ce rival auprès de maman lorsque Sylvain
dit : « Je ne vois pas Pierre car je l’ai tué ».
Le lendemain, Sylvain joue d'emblée avec le « cordon
ombilical » et manifeste beaucoup de tendresse envers sa
193
maman, quand, soudain, il lui jette de l'eau violemment, en
disant : « J'ai été perdu chez Mamie. » En fin de séance,
sa mère me dit : « Pendant la grossesse de Pierre, lors de
sa naissance et de temps en temps après, je confiais
Sylvain à Mamie. Je suis stupéfaite par les termes de cette
verbalisation, par la violence et la colère de cette
souffrance que je viens d’entendre et de ressentir ; la
réminiscence de ces moments associée au fait d’être
perdu, presque abandonné ! Je comprend pourquoi il en
veut tant à son petit frère ! » J’apaise la maman en lui
expliquant que, grâce aux révélations spontanées de ce
vécu, nous allons pouvoir aider Sylvain en lui faisant
comprendre qu’il n’était ni perdu ni oublié chez Mamie. Je
lui explique que, lors des prochaines séances en cabine,
elle va pouvoir prouver son amour à son fils de diverses
façons, que tous deux vont pouvoir établir une belle
relation et qu’il est très réconfortant de pouvoir accomplir
ce travail de réparation plusieurs années avant la période si
sensible de l’adolescence.
Le jour suivant, Sylvain reprend la manipulation du
« cordon ombilical », le porte de son nombril à la bouche
de sa maman, puis, pensif, il interrompt son jeu en
disant : « Il existe Didier, papa, maman, Pierre et
Sylvain … Bébé pied veut voir maman pied mais le bébé
ne veut pas encore sortir ». Sa maman lui demande : « Qui
sort en premier ? » Il répond : « En premier, c'est Didier,
après c'est Pierre et en dernier Sylvain et maman.»
Sylvain refuse sa place de cadet et aimerait être le
benjamin pour retrouver toute l’attention de maman. Pierre
est un benjamin doté d’une forte personnalité qui s’affirme
en tant que dominant par rapport à Sylvain et qui a une
tendance protectrice envers ce frère qui est si doux et
parfois craintif, comme nous avons pu l’observer de
temps en temps.
194
Sylvain vient avec plaisir à la séance suivante (en écoute
intra utérine). Nous constatons qu’il s’exprime en langage
« bébé » ; cette petite régression langagière sera de courte
durée. En cabine, il demande : « Maman, bébé j’ai fait
quoi ? Comment ? Dis moi ? » Il se couche en position
fœtale sur le ventre de sa maman et rajoute : « J’étais
comme ça dans ton ventre ? » Il parle du bébé qui va sortir
du ventre de sa maman et mime l’extraction du bébé tout
en faisant des gestes assez tendus, puis il va pour téter un
sein et le repousse subitement en disant : « Non, il est
salé ! », et se tourne vers l’autre sein avant de le repousser
en disant : « Il n’est pas bon ! ». Sylvain a été nourri au
biberon et aujourd’hui, c’est lui qui repousse ce qui ne lui
a pas été offert. Il se met à mimer un bébé qui boit le
biberon. Ce jeu de rôle spontané nous indique que nous
allons pouvoir aborder la phase dite de l’accouchement
sonique, c'est-à-dire programmer le dé-filtrage progressif
de la voix maternelle pour que l’enfant passe doucement
de la phase liquidienne, aquatique, à l’écoute aérienne
(rappelons que c’est ce qui se passe au moment des
premières heures de la naissance quand le liquide
amniotique s’écoule peu à peu du conduit auditif et que le
nouveau-né s’adapte progressivement à la nouvelle
tessiture de la voix maternelle).
La maman parle toujours « du » ou « des » seins , car elle
n’aime pas cette partie de son corps et la nie. Comment
pourrait-elle offrir le sein à son enfant dans cette attitude
de non-acceptation de cet attribut sexuel et maternel ?
Sylvain ressent bien ce barrage psychique comme le
prouve son refus d’accéder à la succion du sein maternel.
Puis, pour la première fois, il parle de ses frères et de luimême dans le bon ordre chronologique de leurs naissances
et sans transition, tout naturellement, il évoque le souvenir
de son grand-père maternel décédé voici 2 ans : « Je vois
pépé au ciel, il est content de toi car c'est ton papa ; il a des
195
amis, il est heureux. » (il n’est pas rare que mes jeunes
patients fassent preuve de capacités médiumniques). La
maman a vécu une très belle émotion qui restera à jamais
gravée dans sa mémoire.
Au cours d’une autre séance, nous abordons la phase de
l’accouchement sonique avec la diffusion de la voix
maternelle légèrement dé-filtrée. Sylvain rompt le silence
et l’écoute pour dire : « Je suis bébé-papa et toi bébémaman dans l'eau, le bébé-papa vient faire des bisous à
bébé-maman et ils ont un bébé-papa. » Une projection
joliment imagée de la scène œdipienne type ! Sylvain
vient de laisser libre cours au désir de tout petit garçon,
celui de remplacer papa auprès de sa maman.
Le lendemain, la maman me dit : « Ce matin, Sylvain m’a
encore parlé du facteur ! » Nous avons choisi un poupon
noir dans la salle de jeu (la couleur de peau dudit facteur),
et la maman, Danièle, préparée à l’exercice de la
démonstration des lois de transmission des caractères
héréditaires de G. Mendel, est entrée confiante dans la
salle de jeux, prête à convaincre son fils de sa réelle
filiation. Après lui avoir donné les explications
nécessaires, elle rajoute : « Le facteur est le monsieur qui
distribue le courrier. Celui qui venait chez nous était noir
de peau : c’est pour cela que papa plaisantait lorsqu’il
disait que Sylvain était le fils du facteur ». Sylvain change
de sujet pour fuir un sentiment de gêne, avant de dire :
« Dans ton ventre, j’allais tomber et le docteur il disait
que non. Moi, je voulais rester, j’avais peur de
tomber dans la mer. » Effectivement, la maman a eu des
contractions pendant la grossesse ; le médecin suivait
l’évolution très régulièrement et rassurait sa patiente qui
craignait une fausse-couche ou une naissance prématurée.
Pendant cette période, la propre mère de Danièle avait du
faire face à de gros soucis de santé ; sans doute Sylvain at-il dû ressentir les angoisses de sa maman qui craignait de
196
perdre sa mère : il avait peur lui aussi « de tomber dans la
mer ».
Lors de l’avant-dernière séance, Sylvain demande à sa
maman de rester à proximité de lui, mais hors de la vasque
utérine : « Je veux être tout seul dans le bain, pour bouger
dans le ventre de maman. » Sylvain mime le fœtus qui
tourne, bouge, respire, mange, dans le ventre de maman.
Ensuite, il décide de jouer « au grand garçon » qui a quitté
le ventre de sa mère (il se met debout dans la vasque
utérine) pour pouvoir jouer avec le poupon noir, le
baigneur blanc, le canard du bain, le seau et le biberon,
mais aussi pour faire des pâtés, manger, respirer sans
tuyau. Puis il dit : « Je reviens dans le bain d’un bébé
garçon ». Quand sa maman lui propose de sortir du ventre,
il répond : « Je te vois, maman. J’ai un peu mal aux deux
doigts de la main.» (souvent les enfants nés par césarienne
revivent certains maux ou douleurs en différents endroits,
le plus souvent au bras, à l’épaule, à la cheville ou au
pied.) « Je veux sortir et je sors avant toi de la clinique »
(voulant dire : du bloc opératoire). En effet, étant né par
césarienne, il a été immédiatement transféré à la
pouponnière alors que sa maman était encore en soin dans
le bloc chirurgical. Il dit encore : « Maman, je veux que tu
dises à papa de venir la prochaine fois pour me sortir avec
toi ! »
Lors de la dernière séance de l’accouchement sonique,
Danièle demande à Sylvain s’il veut aller seul dans la
vasque utérine, mais ce dernier l’invite à y entrer avec lui.
Il tourne et se retourne en position fœtale, les jambes
pliées et sa tête bouge comme si son poids entraînait le
fœtus au fond de l’eau. Sylvain nage en immersion. Sa
maman entre dans son jeu et lui dit : « Tu m'as donné un
petit coup de pied, je le sens ; oh ! Je sens ta tête, ton dos,
tes petites fesses…tu bouges bien dans mon ventre.
Sylvain répond : « Oui, et je fais des bulles », puis il se
197
détend, se glisse doucement sur le corps de maman et
plonge son regard dans ses yeux. Ils se contemplent
longuement.
L’histoire du Petit Prince est de plus en plus
reconnaissable, ainsi que la voix de sa maman. Sylvain
écoute en manipulant le tuyau : il en met les deux
extrémités dans son nez en criant : « Je RESPIRE !
Encore, encore, je veux ! » Avec le tuyau, Sylvain a mimé
la réminiscence de la désobstruction des voies aériennes
du
nourrisson,
acte
médical
réalisé
presque
systématiquement par les sages-femmes lors d’une
naissance. En entendant la phrase « …c’est un jardin
fleuri de roses… », Sylvain fixe tout à coup sa maman
d’un air entendu et dit : « C’est toi, maman, qui parle des
roses… » Sa maman, ravie, l’embrasse longuement. Ils ont
tous les deux un petit rire complice et vivent enfin ce
moment de reconnaissance que la césarienne leur avait
volé. Le papa attendait derrière la porte de la cabine, les
larmes aux yeux. Quand la porte s’entrouvre, son épouse
lui tends son fils, enveloppé dans un drap de bain doux et
tiède, et père et fils s’étreignent. Sylvain, heureux, répète :
« papa, papa… »
Trois mois plus tard, nous recevons le couple parental
pour connaître l’évolution des résultats et les réactions de
l’effet retard de la cure. Le père confie : « Les pensées de
Sylvain s’ordonnent, alors qu’auparavant il donnait
l’impression de vivre dans un épais brouillard, ne
comprenant pas tout ce qui se passait sur terre, ne
s’adaptant pas au rythme de vie comme s’il avait été
parachuté d’un siècle à l’autre sans aucune préparation. La
mère rajoute : « Il est plus calme, il a retrouvé l’appétit, il
est plus gai et il s’autorise à être plus agressif lorsque
Pierre l’attaque. Il comprend mieux les raisonnements. De
temps en temps, il adopte un comportement de bébé, mais
différemment que pendant la cure : à présent, il sourit
198
lorsque je le surprends, alors qu’auparavant, il semblait
inconscient de cette attitude régressive. » La thérapie
permet à l’enfant de combler les manques du passé,
certains de ces enfants ayant été « poussés » à grandir plus
vite qu'ils ne l'auraient désiré eux-mêmes. Grâce à cette
prise en charge, les frustrations vécues sont comblées par
d'agréables moments où l'enfant peut être naturellement
lui-même.
Le père ajoute : « Il semble s’intégrer dans la famille et est
très sensible au sujet des handicaps liés à telle ou telle
maladie, à l’évolution de la vie et de ses différentes étapes.
Il a demandé à Danièle de vous emmener sa mémé. »
La mère approuve et me dit que Sylvain, dans la voiture
lors du retour de leur dernière visite, a dit : « Il faut que
mémé discute avec Anne-Marie demain ; tu
l’emmèneras. » Quand elle lui a demandé pourquoi, il a
répondu : « Pour parler, c'est tout… après elle part toute
seule. »
Sylvain a bien analysé la situation : sa mémé, en effet, ne
parvient pas à accomplir le travail de deuil de son époux et
s'accroche littéralement à sa fille Danièle. Sylvain les voit
toutes deux pleurer très souvent. Il a compris que je
pourrais écouter et consoler sa mémé, de façon à ce que sa
maman soit plus disponible pour lui.
Nous terminons l’entretien en invitant les parents à
organiser de temps en temps une table ronde en famille
pour enrichir le dialogue parents enfants, améliorer la
communication et réduire peu à peu les rapports de force.
Cela permettrait à Sylvain de se sentir autorisé à émettre
un avis, à la discussion de s’ouvrir, à l’ambiance
relationnelle d’être beaucoup plus agréable et joyeuse,
plus particulièrement entre les trois frères.
199
Lucie, 9 mois
Symptôme motivant la consultation : un eczéma résistant à
tous les traitements.
Lors de la 1er Séance, après les 30 premières minutes, la
maman nous demande de bien vouloir programmer une
seconde demi-heure d’écoute tant sa petite fille et ellemême se sentent bien. La maman, Agnès, est médecin
homéopathe ; sachant qu’elle connaît bien la méthode,
nous accédons à son désir de rester 1h ½ dans le bain.
Nous
diffusons
une
programmation
sonore
particulièrement adaptée au très jeune âge de l’enfant et
à la durée de la séance. Pendant tout ce temps, Lucie se
blottit « en grenouille » sur sa maman tout en lui tétant le
sein droit : ainsi c’est son oreille droite qui travaille
pendant toute la séance, l’autre était plaquée contre la
poitrine maternelle. Il est difficile de la décrocher du sein
à la fin de la séance. Quand sa maman l’installe sur la
table à langer, Lucie est heureuse de se voir dans le
miroir ; elle est rayonnante, très calme et a l’œil vif.
Les deux nuits suivantes, Lucie se réveille trois fois en
pleurant, pour téter. Les deux jours suivants, son eczéma
n’est plus aussi rouge et s’assèche légèrement.
Cette maman ne pouvant venir que tous les trois jours,
nous adoptons un rythme plus intensif en durée, tenant
compte du fait que la mère et l’enfant le supportent très
bien.
Pendant la 2ème séance, Lucie part en exploration, très
intéressée par l’environnement ovoïde ; elle caresse les
murs sur lesquels perlent des gouttes le long des filets
d’eau. A plusieurs reprises elle met son majeur droit dans
l’une ou l’autre oreille. Pendant la seconde demi-heure
d’écoute, elle se met debout tout contre sa maman et, très
exubérante, déclame des tas de choses d’un air triomphant.
200
A la fin de la séance, elle tète un peu mais sans se blottir
contre sa mère. La seconde nuit, Lucie se réveille 2 fois
pour téter mais sans pleurer ; elle met son majeur gauche
dans son oreille gauche. L’eczéma est stationnaire.
Chez les très jeunes enfants, la stimulation auditive est
effective dès la 4ème demi-heure. Lucie en mettant son
doigt dans ses oreilles, sent qu’il se passe quelque chose,
comme si on la délivrait d’un bouchon de cérumen. La
stimulation de l’oreille moyenne et de l’oreille interne
donne à Lucie l’envie de s’exprimer verbalement ; elle est
en phase d’écholalie et s’en donne à cœur joie.
Lors de la 3ème séance, Lucie explore de nouveau son
environnement ; elle ne se lasse pas d’observer les filets
d’eau et de ressentir le fluide tiède ruisseler entre ses
doigts.
Pendant la dernière demi-heure, elle tète longuement le
sein gauche de sa mère, et cette fois-ci, c’est son oreille
gauche qui est stimulée par l’écoute. Ensuite, elle
s’allonge sur sa maman en suçant son pouce. De temps en
temps, elle se frotte les yeux. Dans la cabine, le son est
diffusé dans son ensemble et les deux oreilles de Lucie
sont stimulées, mais l’oreille qui ne s’appuie pas contre le
sein maternel capte mieux la programmation.
La maman est surmenée par son travail. La maison du
couple, en cours de finition, manque du confort nécessaire.
Le couple (Jean et Agnès) vit une crise conjugale difficile
à gérer et accepte de commencer une thérapie conjugale.
Cette démarche est devenue nécessaire pour que l’eczéma
de Lucie, symptôme de ce malaise journalier de
l’incommunication parentale, ne récidive en poussées plus
aiguës et purulentes, malgré tout notre travail par ailleurs :
notre action est en effet apaisante dans un premier temps
mais pour obtenir la rémission de cet eczéma nous devons
intervenir sur toutes ses causes. L’instabilité familiale est
201
une telle source d’angoisse pour Lucie que seuls les bras
de sa maman sont un refuge sûr.
Les 4ème, 5ème, 6ème et 7ème séances se déroulent très
agréablement, la mère et l’enfant découvrent un nouveau
mode relationnel. Elles vont à la rencontre de leurs
sentiments et de leurs émotions et les partagent dans un
univers d’harmonie sensorielle. Ce bébé de 9 mois est tout
amour : une affection inconditionnelle émane de ses
sourires et de ses rires. Lucie dispense des caresses et des
tapotements bienveillants sur le ventre et la poitrine de sa
maman, avant de faire la même chose sur son propre
corps. Agnès se félicite car elle réussit à ne pas se
culpabiliser de devoir quitter son travail plus tôt pour
suivre la cure, ce qui lui permet de vivre intensément les
heures consacrées à son bébé dans une disponibilité
d’esprit totale.
Avant la 8ème séance, elle nous confie que Lucie est plus
calme mais que l’eczéma la démange toujours. Son appétit
est variable, elle commence à moins téter mais en
revanche elle boit davantage d’eau. Pour soulager Lucie
de ses démangeaisons, pendant la première demi-heure
d’écoute en cabine, Agnès choisit de la masser avec une
huile énergétique de bouleau dont la qualité essentielle est
l’apaisement des douleurs physiques ou morales. L’heure
suivante se déroule dans le bain et Lucie s’endort peu à
peu, blottie contre sa maman.
De la 9ème à la 14ème séance d’écoute intra-utérine de la
voix maternelle, Agnès continue le rituel du massage et à
partir de la 11ème séance un dialogue s’instaure entre elle et
sa fille : « Tu étais comme ça dans mon ventre, tu t’en
souviens ? » Le regard de Lucie approuve et semble
dire : « Bien sûr que je m’en souviens ! ». Agnès
ajoute : « Je voulais que tu te retournes, tu t’en souviens ?
Et tous les jours j’appuyais sur mon ventre pour voir si tu
202
avais bougé ; qu’est-ce que ça te faisait à toi ? » Lucie
répond à sa maman en appuyant sur le côté gauche de sa
tête, avec ses deux mains. Tout en la regardant dans les
yeux, Agnès lui chantonne la mélodie si souvent
fredonnée pendant les dernières semaines de grossesse :
« Lucie, Lucie, ma Lucie chérie, lumière de ma vie,
retourne-toi…. ». Sans connaître le sexe de son bébé,
Agnès pressentait si fortement qu’elle attendait une fille,
que, déjà, elle s’adressait à « elle ». A l’écoute de :
« Lucie, Lucie, ma Lucie chérie… », Lucie sourit et
gazouille, se souvenant, et invariablement, à chaque fois
que sa maman lui demande ce que cela lui faisait
lorsqu’elle appuyait sur son ventre, Lucie appuie sur sa
tête avec ses deux mains. A la fin de la séance, aucune des
deux n’a envie de rompre le charme de ces instants
privilégiés de communication.
La veille de la 15ème séance, drôle de coïncidence, Agnès
a son retour de couche, alors que nous abordons
l’accouchement sonique de Lucie.
Agnès me confie avant la séance : « J’étais un peu
inquiète, Lucie se présentait en siège décomplété c’est-àdire les deux jambes dépliées. Il était question de pratiquer
une césarienne mais finalement la naissance a eu lieu par
voix basse, le travail a été très long et Lucie a beaucoup
souffert le dernier quart d’heure. J’ai tendance à penser
que l’eczéma est l’expression de cette souffrance, une
souffrance qu’elle retourne contre elle alors que certains
jeunes enfants repoussent leur mère, lui attribuant la
responsabilité de leurs maux, comme dans le cas de
Claude, qui en est l’illustration, dont j’ai pu lire l’histoire
dans l’ouvrage de Thomas Verny. » A cette naissance
difficile s’ajoutent les problèmes conjugaux de ses parents,
la vie trépidante de sa mère, le manque de confort dans la
maison en restauration que cette dernière vit très mal….
203
Tous ces facteurs influent au niveau des manifestations
psychosomatiques.
Après avoir écouté et réconforté Agnès, elle rentre en
cabine avec son bébé. La dernière demi-heure, Lucie
reconnaît la voix : « Lucie, Lucie ma Lucie chérie… »,
elle cesse de jouer avec un petit récipient qu’elle vide et
remplit, pointe son doigt vers le haut-parleur et se met à
chantonner.
La stimulation corticale obtenue grâce aux sons filtrés
permet d’être sensible à toutes sortes de ressentis anciens
(mémorisés, mais très profondément enfouis) et récents.
L’enfant est à l’écoute de l’univers, il n’est plus englué
dans ses peurs, ses craintes, ses blocages : il est présent et
participe à la vie sur terre, ne se réfugie plus dans un
monde fantasmatique qu’il se crée pour échapper à un
monde qu’il juge hostile dès sa venue au monde, quand il
a eu le malheur de vivre une naissance traumatisante puis
d’autres événements qui ont fait naître une angoisse.
Entre les séances d’écoute de l’enregistrement de la voix
maternelle et de musique classique, à partir de la 16ème
séance, nous intégrons dans la programmation des séances
d’écoute dites de repos, en diffusant des comptines. Nous
observons une nette différence de comportement selon la
nature de la cassette écoutée. Pendant l’écoute des
comptines, Lucie ignore sa maman et joue avec des petits
récipients, mais dès que la voix maternelle est diffusée,
elle laisse tomber ses jeux et vient blottir son dos contre sa
maman, sa tête dans le creux de son bras, tout en suçant
son pouce et en jouant avec ses pieds.
Pendant la 17ème séance Lucie commence à jouer avec le
nez et les cheveux de sa maman puis se met debout,
s’accroche aux mains de celle-ci, s’amuse à se laisser
tomber dans l’eau en arrière, sur les fesses, ressort en
riant, se relève et recommence plusieurs fois le même
204
scénario. Dans l’intervalle, la bande sonore s’est arrêtée
mais Lucie poursuit son jeu de renaissance dans le bain. Il
semble évident que Lucie vient de revivre corporellement
tout le cheminement du passage par voie naturelle et la
libération au moment de l’expulsion, mais cette fois-ci
sans douleur et dans l’harmonie d’une belle relation mère
fille. C’est Lucie qui tout à coup décide de sortir du bain,
comme une grande : elle lève une jambe de façon à
enjamber la vasque utérine, mais c’est encore trop haut et
difficile, alors sa maman l’aide, dans la joie et la bonne
humeur. Elle retrouve ensuite son lapin doudou, qu’elle
emmène aujourd’hui avec elle, comme par hasard, pour la
première fois. Cet objet transitionnel, symbolique, a pour
le jeune enfant une valeur affective toute particulière et
l’effet sécurisant d’un substitut maternel : il facilite la
transition entre le lien d’attachement à la mère et la
relation avec d’autres personnes et de nouveaux éléments
environnementaux.
Les jeunes enfants sont doués de facultés ignorées par
beaucoup d’adultes, Lucie nous en donne la preuve. Son
père n’a pas pu venir l’accueillir à sa sortie de la cabine,
mais son lapin doudou a comblé cette absence
involontaire, Lucie le sait au plus profond d’elle-même.
Cette cure permet un sevrage en douceur et l’acceptation
d’une nouvelle nourriture : le premier aliment accepté lors
de cette transition est un petit gâteau sec.
Grâce à la thérapie conjugale menée en parallèle, les crises
de larmes et les accès de tristesse de Lucie, que ses parents
qualifiaient d’inattendus, s’espacent pour disparaître au fil
des semaines.
Pendant l’effet retard de la cure - qui se prolonge plusieurs
mois et, chez certains, une ou deux années -, les plaques
d’eczéma se sont réduites, les démangeaisons sont
beaucoup plus rares et moins irritantes. La mère de Lucie
205
a continué à aider la cicatrisation des plaies de son bébé
en continuant les massages Shantala avec l’huile
énergétique de genêt utilisée pour aider à la
convalescence, au renouveau, à la renaissance – à un
nouveau départ en quelque sorte. Mais : « rien n’est plus
profond que la peau », comme le disait Paul Valéry, et il
faut savoir que cette somatisation est l’une des plus
difficile à juguler.
Cette petite famille a choisi une dynamique familiale pour
aider leur amour à dépasser les difficultés matérielles.
Parfois, malheureusement, certaines mères agissent de
telle sorte, qu’inconsciemment elles risquent de mettre la
thérapie en échec. Je demande donc aux thérapeutes qui
travailleront dans ce contexte, d’être particulièrement à
l’écoute des mamans et de leur propre histoire qu’elles ont
tendance à taire, puisqu’elles viennent nous consulter pour
leur enfant !
Clément, 19 mois
Le pédiatre homéopathe adresse Clément au centre APP
car, depuis sa naissance, il présente des troubles de
l’appareil digestif dont la cause est psychosomatique.
Clément, benjamin d’une famille de trois garçons, est un
enfant menu, sensible, particulièrement attaché à son papa.
Au cours de la thérapie nous allons découvrir le vécu
intra-utérin qui l’a amené à ne plus pouvoir digérer et à
développer une certaine forme de révolte en guise d’appel
au secours.
En phase de retour sonique, Clément joue à transvaser
l’eau du bain d’un pot dans un entonnoir, très concentré
sur son expérience pendant plus de 5 minutes ; puis il
lâche l’entonnoir pour jouer avec son sexe et, subitement,
arrose tout doucement sa maman de la main droite tandis
206
que de la main gauche, tenant toujours le petit pot en
plastique, il se met à la frapper violemment au visage. Sa
maman l’arrête et il pleure, s’assoit sur elle, toujours en
colère et cherche à verser des récipients d’eau hors de la
vasque utérine. Il est clair que cette hostilité n’est pas la
manifestation d’un caprice, car l’enfant a bien fixé sa
maman dans les yeux pendant qu’il touchait son sexe. Sa
maman pense alors que son benjamin sait qu’elle désirait
une petite fille et qu’il a du ressentir sa profonde déception
le jour où l’échographie a révélé l’existence d’un futur
petit homme. Dans l’absolu, il est légitime de désirer
donner naissance à des enfants de sexe différent mais
malheureusement, dans ce cas de figure, l’enfant attendu
souffre d’une « non attente», verbalisée ou non. Le mieux
est de parler de ce vécu affectif avec l’enfant, le plus
rapidement possible.
Le lendemain, Clément est accompagné de ses parents ;
nous allons dans la salle de jeux et nous approchons le
thème de la famille par le biais de la maison de poupées et
de ses différents personnages. Chacun de nous choisit le
personnage qui le représente et un merveilleux jeu de rôles
se met alors en place. Tout naturellement, les parents
disent avec beaucoup d’amour et de délicatesse les mots
que leur petit garçon a besoin d’entendre pour panser et
guérir ses maux. Leur gestuelle de réconfort et de
tendresse rassérènent le petit garçon qui a grand besoin de
ressentir qu’il est le bienvenu sur la planète terre.
Les séances suivantes se passent très bien : Clément reste
sur sa maman, sur le dos puis sur le côté, l’oreille à
l’écoute du cœur maternel, les jambes repliées à la hauteur
de son thorax.
Au retour à la maison, Clément saute toujours avec
beaucoup de joie dans les bras de son père, il mange tout
seul, bien et sagement, puis dort toute une longue nuit.
207
Avant de commencer la cure, il se réveillait trois fois par
nuit et n’acceptait la nourriture que sous forme de bouillie
à boire au biberon.
Lors de la phase d’écoute intra-utérine, Clément entre en
cabine très calme. Les « petites abeilles » (sons filtrés),
comme il dit, l’intriguent et chatouillent son oreille
gauche, qu’il touche de temps en temps. Il fait un câlin à
sa maman en lui donnant son pouce à sucer. La seconde
demi-heure Clément saisit le poupon, le tuyau rouge en
plastique souple et un biberon. Il s’assied entre les jambes
de sa maman en appuyant le dos contre son ventre puis,
maintenant bien le poupon, il entoure le tuyau rouge
autour du cou de ce dernier et lui donne le biberon. De
temps en temps, allongé sur sa maman, il tète aussi ce
biberon, le poupon retenu par son bras gauche. Clément
est né avec une double circulaire du cordon ombilical, or,
tous les enfants ayant vécu ce traumatisme le projettent de
cette manière sur le poupon.
A partir de la 15ème séance, Clément nous fait comprendre,
en bougeant davantage dans la cabine et en envoyant
plusieurs fois un petit pot contre les murs, qu’il est temps
de passer à l’action et nous programmons alors
l’accouchement sonique.
Au début de la séance, Clément dit « papa », lui envoie
virtuellement plusieurs bisous, répétant ce rituel quatre
fois de suite, puis il respire comme un petit chien (au cours
de préparation à la naissance, les parents ont appris la
respiration haletante et rapide du « petit chien » ; Clément
s’en souviendrait-il ?). Ensuite, à l’aide d’un petit
récipient, il renverse de l’eau sur sa tête, sur ses yeux et rit
de bon cœur.
En écoutant le dé-filtrage progressif de la voix maternelle,
Clément dit plusieurs fois « maman », chantonne en
regardant dans la direction du son, puis se rapproche de sa
208
maman, dit « aïe », penche sa tête à droite et tend son cou
à gauche pour quémander des caresses.
On peut penser que pendant le passage dans la voie
naturelle, le cordon a fait pression sur cette partie de son
cou et l’a gêné au moment de l’expulsion. Caressé,
réconforté, Clément commence un nouveau rituel : il se
soulève du bain, prend appui sur les épaules de sa maman,
se laisse tomber en arrière, s’assoit, immerge sa tête et boit
l’eau du bain, les lèvres tendues comme les fœtus que
Lennart Nilsson a pu photographier. A 10 minutes de la
fin de la séance, il s’allonge sur sa maman, boit son
biberon d’eau puis le lui tend, et inverse les rôles en le lui
faisant boire, ce qui le réjouit au point que la séance se
termine dans des éclats de rire.
Le lendemain matin, Clément vit un mauvais réveil et il
fait une selle diarrhéique de mauvaise odeur. Il ne veut pas
qu’on le change. Il râle, pleure et respire comme s’il faisait
des efforts. Il se fait câliner à plat ventre sur papa ou
maman et se promène ensuite dans la maison, le regard
dur. Dans l’après-midi, pendant les 15 premières minutes
de la séance, Clément regarde sévèrement sa maman puis
la frappe avec ses petits poings, de plus en plus fort,
jusqu’à ce que son visage s’éclaire et qu’il se mette à rire
très fort.
En sortant Catherine s’exprime ainsi : « Je suis soulagée
de savoir que Clément a pu se libérer du poids de cette
souffrance le plus tôt possible. Tout le corps de Clément
se libère de tout ce qu’il a retenu depuis plus de 9 mois, et
ceci dans les meilleures conditions. Je sais que pendant la
phase du pré-langage, nous pourrons l’éduquer à ne plus
agir ainsi agressivement envers moi. Aujourd’hui, je l’ai
laissé faire, je voulais tant qu’il se libère de cette colère
enfouie depuis sa vie intra-utérine ! »
209
Lors de la dernière séance de l’accouchement sonique,
Clément entre dans le bain avec son poupon, le met contre
lui tout en restant lui-même au contact corporel de sa
maman, et s’adresse ainsi au poupon : « dodo bébé » ; il
lui montre la direction de la musique, sourit, appelle
quatre fois son papa puis s’intéresse de nouveau à son
« bébé » en lui suçant le pied et la main. Quand il
reconnaît la voix de sa maman, il se blottit contre elle, puis
s’écarte et la regarde d’un air interrogateur, avant de
revenir se blottir contre sa poitrine en gémissant plusieurs
fois « maman ». En arrivant chez lui, Clément est très
heureux de retrouver son père, qui, n’ayant
malheureusement pas pu venir l’accueillir au centre lors de
sa renaissance, sait avec beaucoup d’affection combler ce
retard de 2 heures. Le repas se passe très bien. Clément,
heureux et apaisé, s’endort comme un petit ange.
Cette cure a régulé l’appétit de l’enfant, et lui a permis
d’accepter une nourriture plus consistante et plus variée ;
ses fonctions digestives et ses fonctions d’élimination se
sont régulées, et il ne fait plus de rétention des matières
fécales. La thérapie lui a permis d’évoluer. Au niveau de
la communication, les progrès sont nets : Clément répète
beaucoup de mots et parvient à se faire comprendre ; il
s’épanouit chaque jour davantage en jouant. Ses parents
ont accepté de lui offrir un landau et un poupon ; en effet,
au centre, ils ont pu observer combien ces deux jouets
nous permettaient de mieux comprendre son vécu, et ont
reconnu les bienfaits de ces deux éléments pédagogiques
qui lui permettent de s’exprimer et de projeter les
résonances intimes, introverties pendant la vie intrautérine et les 19 mois qui ont suivi sa naissance.
Pendant les 5 premiers mois d’effet retard, Clément
promène son poupon, le couvre, le découvre, le prend au
bras, le berce, le montre à toutes les personnes du
lotissement, puis, peu à peu, il s’intéresse aux jeux de ses
210
frères. Ceci pour dire aux parents que, parfois, les petits
garçons peuvent avoir besoin de jouer avec un poupon et
un landau, et les petites filles avec des voitures ou des
trains.
Toute la famille vit à présent en harmonie : Clément et sa
maman se sont acceptés, les frères aînés ont accueilli ce
petit frère (qui n’accapare plus leur papa) dans leur clan, et
le papa est ravi de voir sa famille enfin réunifiée.
Anne Lise, 5 ans
La maman d’Anne Lise, professeur d’espagnol, vient au
centre APP sur les conseils de la mère de l’un de ses
élèves, que nous avions aidé à rattraper son retard scolaire,
les mois précédents.
Anne-Lise est la cadette d’une famille de trois filles. Son
comportement n’est plus toléré en famille : « Anne-Lise
est exigeante, elle n’est jamais satisfaite, elle impose sa
volonté, elle est devenue trop tyrannique, nous n’en
pouvons plus ! »
Dès sa naissance Anne-Lise souffre de déshydratation et
de problèmes dermatologiques. Sa maman se
souvient : « Elle hurlait, son cou était à vif tant elle se
grattait, chaque articulation a été aussi le siège d’un
eczéma persistant jusqu’au 7ème mois. Pendant 4 mois, elle
a eu un allaitement mixte, sein et biberon. J’ai vécu une
période de baby blues, les 3 semaines suivant sa
naissance. Au 8èmemois, elle a fait deux otites à 15 jours
d’intervalle, à gauche puis à droite, et pour chacune l’ORL
a effectué une paracentèse… »
Le psychologue américain d’origine autrichienne, René
Spitz (1887-1974), dès 1965, informait les parents, dans
son livre La première année de la vie de l’enfant, de la
nécessité d’être vigilent au sujet du choix de la période la
211
plus favorable pour confier leur enfant aux bons soins
d’un tiers, sans craindre de séquelles psychologiques. Il a
démontré expérimentalement l’importance des échanges
émotionnels qui s’effectuent entre le bébé et sa mère, tout
particulièrement au 8èmemois, période très sensible
pendant laquelle il faut éviter tout changement de mode de
garde pour l’enfant. Ce qui fut précisément et
malheureusement le cas pour Anne-Lise ; les otites, les
bronchites asthmatiforme, les crises d’asthme sont
souvent, dans ce cas, la somatisation de l’angoisse de perte
de repères.
Ce rappel à la vigilance étant essentiel, cher lecteur,
permettez-moi de redonner la parole à la maman d’AnneLise - qui aurait tant aimé être informée 5 ans auparavant :
« … Dès ses 2 ans ½, Anne-Lise a bégayé. Le père de mon
époux bégaie. Elle a effectué dix séances d’orthophonie,
mais s’est opposée à la rééducation, et nous n’avons pas
insisté car nous ne voulons pas de rapport de force en
famille. » Dans sa 4ème année, Anne-Lise a fait une crise
d’asthme alors que sa maman était enceinte de sa petite
sœur.
Dès la seconde séance de la phase du retour sonique,
Anne-Lise organise instinctivement un jeu de rôle : avant
d’entrer dans la cabine de maternage, elle choisit une
cuvette et trois canards en plastique dans la salle de jeux.
Elle remplit la cuvette avec l’eau du bain, suffisamment
pour que les canards nagent tout en veillant à ce que la
cuvette flotte sur l’eau. Le canard bleu est le papa, le
rouge la maman et le jaune la grande sœur. Elle les
observe et les fait boire puis, intriguée par la poitrine de sa
maman, elle lui pose des questions sur l’utilité et le rôle
des seins.
Lors de la 4ème séance, elle pince les seins de sa maman et,
ne voyant pas de lait sortir des mamelons, elle en pince la
212
peau, puis, déçue, croyant que sa mère lui a menti, elle
devient agressive et la frappe. Cette dernière lui donne une
tape en échange.
Durant les séances suivantes Anne-Lise est plus calme. Sa
mère a développé l’explication du rôle des seins et a
répondu à toutes ses questions. Câline, la fillette reste
contre elle en suçant son pouce, joue très peu mais pose de
nouveau beaucoup de questions au sujet de la vie du bébé
dans le ventre et de la préparation des seins à l’allaitement.
A la suite de ces six premières séances, la maman nous fait
part de ses observations : « Anne-Lise reprend son biberon
au réveil, avant la sieste et au coucher, mais suce de moins
en moins son pouce. Elle m’étonne car elle désire
s’habiller seule, devient de plus en plus indépendante et
prend des initiatives pour nous aider aux tâches
ménagères. »
Pendant la 7ème séance de la phase du retour sonique,
Anne-Lise essaie de téter les seins de sa maman,
calmement et plonge sous l’eau pour faire des bulles.
A la fin de la 8ème séance de la phase de l’écoute intrautérine en voix maternelle filtrée à 12 000 Hz, Anne-Lise
demande à sa maman à ce qu’on lui coupe les cheveux
comme à un garçon (rappel : elle est la cadette de trois
sœurs).
Pendant la 9ème séance, Anne-Lise fait en sorte que les
jambes de sa maman l’entourent puis elle s’amuse à les
rouvrir. Ensuite elle griffe les parois de la cabine tout
autour de la vasque utérine pour, dit-elle, « effacer les
murs ». Juste avant de sortir de la cabine, pour la première
fois, elle s’intéresse à la poupée qui l’accompagne depuis
le début de la cure : elle la caresse affectueusement.
Avant la 10ème séance, sa mère nous confie : « Hier aprèsmidi, pour la première fois depuis le début de la cure,
213
Anne-Lise n’a pas voulu faire la sieste ; elle m’a demandé
d’aller à l’école. Il faut que je vous dise qu’au 5ème mois
de cette seconde grossesse, j’ai eu des contractions en
relation avec la grande peine que j’ai eu de perdre deux de
mes grands-parents. » Pendant cette séance, Anne-Lise se
plaint des jambes, parle beaucoup, et a hâte de sortir de la
cabine pour aller faire manger sa poupée dans la cuisine de
la salle de jeux.
Avant la 11ème séance, sa maman nous confie : « AnneLise pleure pour un rien et, hier soir, elle a dessiné
l’appareil génital féminin tout en noir ». Anne-Lise
effectue un travail de deuil inconscient, deuil qu’elle a
vécu au 5ème mois de sa gestation par le truchement du
ressenti de sa maman. Pendant cette onzième séance,
Anne-Lise emporte trois poupées en Cabine et les materne
tendrement. En sortant, elle se dirige dans la salle de jeux
et fait deux dessins entièrement noirs qui représentent un
poisson noir dans des eaux troubles, et un 3ème dessin
coloré qu’elle nous montre fièrement en disant : « Le papa
avec le petit garçon » (désir parental d’attente d’un garçon
projeté sur la feuille blanche).
Puis vient la phase de l’accouchement sonique. Au cours
de la 12ème séance, Anne-Lise demande plus de place dans
la cabine ; elle joue, dit-elle, « avec le poisson qui veut
sortir », et décrète : « Le poisson a des ciseaux ». Sa
maman lui demande : « Pourquoi a t-il a des ciseaux ? ».
Elle répond que c’est pour couper le papier. Puis, au bout
de 10 minutes, elle reprend : « Non, les ciseaux c’est pour
couper les murs ! ». Anne-Lise est née par césarienne, et
sa maman nous confie que, dans la vie courante, l’enfant
parle souvent de ciseaux.
Pendant la 13ème séance, elle s’immerge le plus longtemps
possible. Après la séance, elle dessine un bonhomme noir
avec de longs cheveux noirs et un gros ventre.
214
Lors de la 14ème séance, Anne-Lise adopte la position
fœtale et suce son pouce pendant 5 minutes
silencieusement, puis demande à sa mère si elle sera
toujours Anne-Lise, même une fois devenue grande,
quand sa maman sera morte. La maman angoissée répond
qu’elle ne va pas mourir, mais Anne-Lise s’empare du
tuyau symbolisant le cordon ombilical, le manipule
tranquillement et, tout aussi calmement, lui dit : « Je vais
te tuer ».
Quand nous abordons la 15ème séance, je ressens
intuitivement que le travail de renaissance progresse bien.
En entrant dans la cabine, Anne-Lise dit à sa maman : « Je
ne suis pas née. Ma copine Sophie m’a dit que je suis un
garçon parce qu’il y a des garçons qui portent des robes ».
Pendant la séance, sa maman lui explique, qu’en effet, il y
a très longtemps, les petits garçons portaient des robes
jusqu’à l’âge de 3 ans dans les campagnes et, qu’à l’heure
actuelle, en Ecosse, les garçons, et même les messieurs,
portent des jupes plissées que l’on appelle des kilts. AnneLise écoute attentivement, car sa maman a l’habileté
d’emprunter le cheminement de pensée de Sophie dont la
parole n’est jamais mise en doute par sa fille.
Avant la 16ème séance, Anne-Lise reprend les trois canards
dans la salle de jeux. Pendant la séance, elle leur dit : « Je
vais vous abriter de la tempête ! » Puis elle se tourne vers
sa maman et lui demande : « Si on mange qu’un tout petit
peu, est-ce qu’on peut avoir un gros ventre ? » Ce jour là,
Anne-Lise veut sortir du bain toute seule et sa maman la
laisse faire. Heureuse, elle sort de la cabine en chantant.
Pendant la 17ème séance, Anne-Lise prend de plus en plus
de place dans ce symbolique utérus maternel et elle
demande à sa maman de sortir du bain et de rester assise
sur le petit tabouret placé tout contre la vasque utérine.
Dix minutes plus tard, elle dit qu’elle se sent mal dans sa
215
peau et demande à sortir pour aller dessiner dans la salle
de jeux. La fillette fait en criant un dessin tout noir : il se
produit une catharsis (libération de tensions). Elle
s’empresse de plier plusieurs fois sa feuille pour que
personne ne puisse le voir, s’empare des ciseaux et coupe
avec détermination son pliage, dans tous les sens. En
arrivant à la maison familiale, elle mange goulûment, plus
que de coutume, et dans la nuit, elle vomit. Sa maman
nous explique que ce vomissement n’a pas été vécu dans
l’intensité dramatique habituelle qu’il revêt quand elle est
malade : cette fois-ci, Anne-Lise a vomi en ressentant une
libération, un soulagement, et s’est recouchée apaisée
avant de s’endormir aussitôt.
Lors de la 18ème séance, elle dit : « Aujourd’hui, je ne veux
pas me mouiller les cheveux, je veux que maman reste sur
le tabouret sinon je la mords ! » Anne-Lise se prélasse
dans le bain, enlève la bonde et bouche partiellement la
voie d’évacuation avec ses doigts - elle mime une
naissance naturelle. Elle apprécie la caresse de l’eau sur
son corps avant son écoulement ( il nous semble que cette
fois-ci, elle veuille maîtriser sa naissance : c’est elle qui
décide de la force du flux de la perte des eaux). Quand
toute l’eau s’est échappée, elle se redresse doucement,
sourit et chantonne la comptine de l’enregistrement
maternel pendant que sa maman la berce contre elle, après
l’avoir enveloppée dans un drap de bain tiède. Radieuse,
elle vient à notre rencontre dans la salle de jeux et me
dit spontanément: « Je suis contente d’être venue ». Je lui
réponds : « Sois la bienvenue Anne-Lise, nous nous
réjouissons avec toi. »
Au cours de cette cure, nous avons en premier lieu aidé la
mère et la fille à pouvoir s’écouter et dialoguer dans un
climat de confiance réciproque. Nous notons que l’eczéma
n’est pas réapparu. Le traitement homéopathique suivi à
l’époque de cette pathologie l’a totalement enrayée
216
(parfois une pathologie réapparaît momentanément
pendant la cure, signe d’un reliquat de l’expression d’une
somatisation mémorisée par les cellules). En ce qui
concerne les explications attendues par Anne-Lise sur le
sujet sensible de l’allaitement au sein et au biberon, la cure
lui a permis d’avoir accès aux deux sensations et de
dialoguer ouvertement avec sa maman.
Au retour de 5 semaines de vacances pendant lesquelles
l’effet retard de la cure a commencé à s’effectuer, le papa
d’Anne-Lise nous dit : « Nous avons apprécié les progrès
comportementaux de notre fille, au sein de notre famille et
en société. Anne-Lise n’est plus tyrannique ; c’est une
enfant toujours très vive mais elle n’est plus entêtée et
butée : à présent lorsque nous intervenons pour la freiner
et la calmer, elle nous regarde au fond des yeux et écoute.
Elle sait qu’elle pourra s’exprimer et que nous
l’écouterons à notre tour. Il en résulte qu’elle n’est plus
agressive, ni dans ses actes, ni dans ses paroles. Parfois,
elle se défoule en étant ferme et catégorique avec ses
poupées, mais il n’est plus jamais question de tuer ou de
mordre. Elle est gaie et chante souvent. Son bégaiement
n’est plus constant ; il apparaît seulement dans la
précipitation ou l’enthousiasme de s’exprimer la première.
Comme vous me l’aviez conseillé, chaque soir, nous lisons
à haute voix pendant 15 minutes, chacun notre tour, un
paragraphe d’une histoire. Cet exercice nous a rapproché
et ainsi nous avons établi une belle complicité. Cette
reconnaissance réciproque l’aide à devenir plus coquette ;
je ne pensais pas que mon désir d’avoir un fils, en somme
tout naturel, avait pu meurtrir le cœur de ma fille cadette à
ce point ! »
Nous revoyons Anne-Lise de temps en temps, en séances
de thérapie des marionnettes, pour lui permettre de
continuer à exprimer librement ses sentiments et à
extérioriser les conflits qui surgissent fréquemment en
217
début d’année scolaire. Elle effectue aussi une série de
vingt-cinq séances, de 30 minutes chacune, de répétition
de mots difficiles et de phrases au micro (ces mots sont
entendus à travers un casque branché à une oreille
électronique). Cet exercice en APP est vivement conseillé
dans son cas, pour l’aider à contrôler son débit verbal en
toutes circonstances, et ainsi juguler totalement le
bégaiement. L’enfant acquiert une belle confiance en soi
et la maîtrise de ses émotions.
A la fin du second trimestre de l’année scolaire, Anne-Lise
vole de ses propres ailes…
Il m’est impossible de mettre en page 25 ans de pratique.
Pour terminer ce chapitre, je vous livre la réaction
comportementale troublante, concernant la mémoire intrautérine, de Florian, 3 ans ½.
Au retour des écoutes de la phase de l’accouchement
sonique en voix maternelle, le petit garçon se précipite
dans la salle de bain dès son arrivée chez lui, ouvre le
placard, choisit toujours une serviette rose, en tapisse le
bidet, se penche en s’arc boutant, et positionne sa tête au
niveau de la bonde d’évacuation. Notons qu’au 8ème mois
de grossesse, sa maman, Isabelle, a subi un début de
décollement du placenta. « Florian choisit toujours une
serviette rose, est-ce que cette serviette-éponge peut
symboliser l’étalement de mon placenta ? » nous demande
Isabelle. Nous pouvons le penser. Elle nous confie que ce
jeu semble l’aider à retrouver son calme, car, depuis qu’il
agit ainsi, son sommeil est régulier de 21 h à 6 h alors
qu’auparavant il ne dormait que de 21 h à 23 h 30 puis
s’assoupissait et se réveillait très fréquemment.
218
Le concept Aquamater en aide aux enfants épileptiques
L’épilepsie infantile touche un cerveau en pleine
maturation, donc, à la fois beaucoup plus fragile (d’où la
gravité potentielle de certaines formes d’épilepsie) et plus
plastique (d’où une capacité de récupération bien
supérieure chez le jeune enfant). En France, quatre mille
nouveaux cas d’épilepsie sont diagnostiqués chaque année
chez l’enfant de moins de 10 ans. Pour près d’un enfant
sur quatre, l’épilepsie est très difficile à contrôler.
Le traitement d’une épilepsie infantile doit être suivi par
une équipe de neuro-pédiatres spécialisés. Cependant, le
médecin généraliste et le pédiatre sont aussi impliqués
dans le suivi et l’encadrement de l’enfant et de sa famille.
Les professionnels de santé et les enseignants, qui ont
longtemps ignorées ou mésestimées les difficultés
scolaires des enfants épileptiques, en ont maintenant
pleinement conscience.63 Les troubles cognitifs et les
difficultés d’apprentissage sont deux à trois fois plus
fréquents chez les enfants épileptiques que dans la
population générale. Un enfant épileptique sur deux ou
trois est en échec scolaire. Seulement 43% des enfants
épileptiques achèvent leur premier cycle scolaire, contre
73% dans la population normale. « Longtemps, l’épilepsie
a été associée à un retard mental qui excluait un grand
nombre d’enfants de l’école, les laissant démunis et faisant
d’eux des handicapés », souligne Claire Cachera,
secrétaire générale de la fondation française pour la
recherche sur l’épilepsie (FFRE).
Pr. Olivier Dulac, Mise au point clinique : épilepsies de l’enfant,
les progrès de la prise en charge, Actualités, Innovations, Médecine
(AIM) N° 128
63
219
Ces dernières années, les recherches sur les déficits
cognitifs liés à l’épilepsie se sont développés, conduisant à
une nouvelle discipline : la neuropsychologie. Le Pr.
Isabelle Jambaqué, neuropsychologue à l’université Paris
V, précise : « Les évaluations neuropsychologiques visent
à mieux cerner les difficultés de développement et
d’apprentissage qui sont propres à un enfant souffrant
d’épilepsie. Le but est de mettre en route le plus tôt
possible, un soutien pédagogique et une rééducation
adéquates. »
Un soutien psychologique associé au suivi neurologique
est indispensable pour aider l’enfant à retrouver confiance
en lui, pour l’encourager à accéder à l’autonomie et à se
responsabiliser, ainsi que pour soulager les parents d’un
fréquent sentiment de culpabilité et pour les aider à
traverser cette période délicate de difficultés provisoires
de leur enfant (épilepsies absences, épilepsies partielles
bénignes). Une rééducation et des aménagements
pédagogiques adaptés aux troubles de chaque enfant
devraient
pouvoir
être
proposés :
orthophonie,
psychomotricité, musicothérapie, art thérapie, etc.
En l’occurrence, j’ai reçu des enfants âgés de 7 et 8 ans
souffrant d’épilepsie et nous avons travaillé en
coordination avec le personnel du corps médical, du corps
enseignant et du corps associatif, qui œuvrent avec
dévouement à la reconnaissance de ce handicap trop mal
connu. Ces enfants n’ont pas effectué leur traitement APP
en cabine de maternage car ils ont choisi d’aller dans la
salle de jeux, prétendant qu’ils étaient trop grands. Leurs
mères m’ont fait part de leur regret de ne pas avoir connu
l’existence de la cabine de maternage plus tôt, lorsque
leurs enfants ont eu leurs premières crises.
Les neuropsychologues et neurologues déterminent quels
sont les cas spécifiques qui peuvent être aidés par une
220
rééducation psycho auditive.64L’APP rééquilibre l’activité
des deux oreilles dans leur fonction énergisante du
cerveau. Ce travail ré-harmonise l’activité électrique du
cerveau. Ainsi, les crises d’épilepsie qui sont liées à des
différences de potentiel électrique entre les deux
hémisphères, diminuent en fréquence d’intensité.
Sur le plan émotionnel, les séances APP diminuent la
charge affective des traumatismes passés et le niveau
d’anxiété.
Notons
ici
l’importance
du
nerf
pneumogastrique, encore appelé nerf vague, qui tient sous
sa coupe toute la commande de la vie affective. Il donne
en premier lieu la sensibilité de l’oreille, puis innerve,
entre autres, le larynx, les bronches, le cœur ; il plonge
dans les viscères (rate, reins, foie), puis descend dans
l’appareil digestif. Il est le lien entre nos émotions et leurs
manifestations physiologiques, c’est à dire le champ de la
psycho somatisation. Or, dans de nombreux cas
d’épilepsie, le facteur émotionnel a une grande influence
sur la fréquence des crises. En effet, elles sont souvent
déclenchées après une augmentation du degré de tension
interne (stress, fatigue, excitabilité etc.). La crise traduit
alors la libération de cette tension, ce qui explique
pourquoi la personne se sent souvent comme apaisée après
une crise. Les progrès sont souvent considérables et
permettent une diminution des crises, voire leur cessation
dans certains cas. Dans le même temps, la démarche
s’accompagne d’une amélioration des capacités
d’apprentissage (concentration, mémoire etc.) et du bien
être général (détente, créativité etc.), ainsi que d’une
hausse du niveau d’énergie. Ces progrès sont
régulièrement mis en évidence sur le tracé obtenu par
Le centre d’écoute et du langage de Toulouse - application des
principes
d’APP
du
Dr
Tomatis :
http://www.tomatistoulouse.com/epi.htm
64
221
électroencéphalographie (EEG), après une période de prise
en charge en cure audio-psycho-phonologique.
Après une cure en cabine de maternage Aquamater, les
résultats sont toujours au rendez-vous, dans tous les cas
que j’ai pu traiter, et parfois même de façon spectaculaire.
Compte tenu de la durée moyenne des différentes
psychothérapies existantes, nous constatons que nous
obtenons une amélioration des symptômes dans des délais
relativement courts. Par la douceur qu’elle offre dans
l’alcôve la plus rassurante qui soit, ainsi que par la prise en
charge personnalisée de chaque patient et de sa famille,
cette thérapie présente l’avantage d’être une méthode de
soins naturelle très efficace.
222
EN CONCLUSION
AQUAMATER ET L’ART THERAPIE
Tout au long du traitement en cabine de maternage
Aquamater, l’enfant est invité à s’exprimer à travers divers
supports, comme les jeux ou le dessin. Nous avons vu
comment nous pouvons comprendre ce que traverse
l’enfant, à la façon dont il se sert des jouets « symboles »
qui sont mis à sa disposition.
Le dessin est un autre excellent moyen, pour l’enfant
d’exprimer ses blocages, et pour le thérapeute de suivre
l’évolution du traitement. L’enfant peut projeter ses
émotions et son ressenti en déposant concrètement sa
problématique sur la feuille vierge. Ainsi, il a accès au
pouvoir de sublimation et de dépassement d’un vécu
difficile. Le dessin permet un effet de catharsis et devient
le réceptacle de la projection des maux psychiques.
L’art thérapie, ou thérapie par l’art, moyen d’expression
de l’être, est aujourd’hui reconnu et couramment employé
sous plusieurs de ses formes. L’art thérapie utilise les
moyens artistiques pour dire son mal-être, pour laisser
s’exprimer les démons intérieurs qui habitent tout être :
dessins, peinture, théâtre, danse, musique, écriture,
permettent d’accéder à un état de libération en laissant
s’exprimer l’inconscient, tout en nous reliant à notre être
intérieur.
223
L’art fait appel à notre sensibilité, à nos émotions et à
notre intuition. Ces données subtiles nous permettent
d’atteindre une partie de notre moi profond qui échappe à
notre contrôle, mais qui détient la clé qui va permettre la
libération de nos blocages, de nos traumatismes et, en un
mot, de nos souffrances. Il n’est pas utile d’être un grand
artiste, de maîtriser un art ou un autre, et le but n’est pas
académique. Il s’agit au contraire de laisser s’exprimer
quelque chose de personnel et de particulier à notre
histoire. Le thérapeute aide le patient à s’abandonner au
geste créateur, au geste instinctif inconscient. Il convient
de laisser aller sa main, ou de suivre l’élan de son corps,
de façon intuitive. Le dessin par exemple, va parler de
notre intérieur, de cette partie de nous qui a guidé le
crayon. Au fur et à mesure, les dessins se transforment et
le thérapeute peut suivre l’évolution du travail intérieur à
travers leur interprétation. Le thérapeute n’est pas là pour
juger l’œuvre du patient mais pour l’aider à trouver ses
propres réponses. Cette thérapie s’adresse à tous, aux
adultes et aux enfants, à tous ceux qui traversent des
difficultés de quelque nature que ce soit.
C’est au XXe siècle que l’enfant est enfin considéré
comme un être à part entière, et que l’on commence à
s’intéresser à sa vie intérieure. Dessiner est pour l’enfant
un jeu, et les progrès de la psychologie de l’enfant
permettent alors de comprendre toute la portée du jeu dans
la construction de l’être.
Nous devons à Mélanie Klein la mise au point de la
technique de la psychanalyse par le jeu. Par la suite, en
France, le psychodrame psychanalytique adapté aux
enfants voit le jour. Anna Freud, la fille de Sigmund
Freud, conçoit ce qu’elle définit comme quelque chose
entre une crèche et un jardin d’enfants, afin de dispenser
des soins physiques et psychopédagogiques aux enfants
défavorisés. C’est d’ailleurs à partir de ce concept qu’elle
224
crée, en 1940, avec Dorothy Burlingham, les « crèches de
guerre » de Londres, puis une fondation destinée à
enseigner et à appliquer la psychanalyse des enfants.
Les travaux du pédiatre et psychanalyste Donald
Winnicott, issus de ceux de Mélanie Klein, s’en éloignent
au fil du temps. Pour lui, la mère est le premier miroir de
l’enfant, et la représentation du vécu corporel de l’enfant
passe par l’image du corps. Le jeu est le lieu de
l’expérience de la réalité, un lieu de création. C’est la
technique du jeu qui permet la cure des enfants. En fait,
l’enfant prête aux objets sa propre agressivité, ses propres
comportements. Le dessin est quant à lui le premier
langage écrit, reflet de sa personnalité.
Des années 60 à 80, on s’intéresse beaucoup à la valeur
thérapeutique du dessin ; plusieurs écoles de pensée
naissent et se rejoignent sur le fond, même si quelques
divergences demeurent. Le dessin est agréé comme l’un
des moyens qui permet à l’enfant de se projeter vers
l’extérieur. Il est considéré comme très important à ce titre
et non plus seulement comme un exercice d’habileté et
l’expression d’un talent.
L’analyse des dessins permet de cerner le caractère. James
Sully écrit : « L’esquisse enfantine, quelque grossière et
bizarre qu’elle soit, dévoile un processus de
développement. » Ainsi, l’enfant ouvre son inconscient à
l’initié qu’est le thérapeute.
Le dessin d’enfant est universel. Il naît spontanément de la
main de l’enfant. Celui-ci ne se soucie pas de ce qu’il crée,
contrairement à l’adulte qui doit aussi lâcher la volonté
d’un résultat esthétique. Ce type de dessin fait appel à
l’imagination, à l’expression de ce qui anime l’enfant. Il
est différent du dessin d’observation qui est issu de
l’analyse et représente un objet extérieur.
225
Les dessins se ressemblent partout dans le monde. Ces
dessins, nécessaires au développement du langage et à
l’expression des concepts, sont symboliques des étapes de
développement cognitif de l’individu. L’enfant s’implique
beaucoup dans sa création et pour lui, il s’agit d’autre
chose qu’un simple divertissement. La première traduction
de soi de l’enfant, vers 3 ans, quel que soit le pays où il vit
est le fameux « bonhomme têtard » comme le nomma
James Sully. Progressivement, entre 3 et 7 ans, le
bonhomme se complète.
Dans le cadre du traitement en cabine de maternage, les
enfants dessinent spontanément. Quand ils sortent de la
cabine, ils vont jouer avec plaisir dans la salle de jeux, où
divers ateliers sont mis à leur disposition, et quand ils en
ressentent le besoin, ils expriment naturellement leurs
angoisses, ce qui les dérange, les perturbe ou encore leurs
joies, leurs désirs.
Le dessin est étudié par le thérapeute qui va pouvoir
l’interpréter par la médiation du symbole. Symbolisme des
formes, des positionnements des éléments, mais aussi des
couleurs dont nous avons parlé largement. Les dessins et
les couleurs évoluent au fil du temps.
Sous oreille électronique, les thématiques sont toujours les
mêmes et le Pr. Tomatis les a regroupées suivant les
différentes phases du traitement65. Pendant le retour
sonique, il y a sept thèmes récurrents : les dessins
représentent une face ou surtout l’œil, la maison dans un
coin de la feuille, des images géométriques que nous
appelons dessins « de repos » (qui dénotent un besoin de
65
A. Tomatis - Bendor, Son et symbolique du dessin, Ed. Centre du
langage et de pédagogie de l’écoute - Méthode Tomatis, 21 place
Alexandre Labadie, 13001 Marseille, 1984
226
sécurité et la crainte de se projeter tant l’angoisse est
paralysante) ; la cavité ; le bateau se dirigeant vers la
gauche de la feuille (l’entrée dans l’univers aquatique nous
est ainsi indiqué) ; et enfin les deux arbres.
Pendant la mémorisation intra-utérine, on retrouve dix
grands thèmes. Tout d’abord des images de fœtus et de
cavités avec des bords souvent rouges. Le second thème
est celui du cordon ombilical, rouge la plupart du temps.
Le 3ème thème est encore celui du bateau et surtout du
sous-marin et du sujet dans l’eau. Puis vient celui de la
maison symbole de la mère. La fermeture ou ouverture des
portes et fenêtres de cette maison donnent des indications
précieuses concernant l’évolution du traitement et le stade
de la croissance intellectuelle et affective du patient.
Ensuite, nous retrouvons l’arbre. L’arbre, représentation
symbolique du placenta prolongé par le cordon ombilical,
est le premier dessin que font les enfants sur toute la
planète - même dans les pays sans arbres. Le tronc de
l’arbre allant puiser sa nourriture dans le sol représente le
cordon qui puise sa nourriture dans le placenta. Il est
surmonté des branches et de feuilles, symboles de la vie et
des sensations du fœtus. A partir du 9em mois, le fœtus voit
l’arborescence placentaire. Le pommier est l’arbre des
naissances, l’arbre de vie dans la Thora. Souvent, lorsque
l’enfant dessine en écoutant les sons filtrés, il représente le
placenta sous forme de pommier. Les pommes sont les
marques des petits doigts en formation qui s’appuient en
s’enfonçant légèrement dans le placenta. Certains enfants
disent : « C’est des trous dans le ciel ! » Touchante
mémoire des premières sensations du toucher.
Nous observons que le blanc de la feuille va être de plus
en plus occupé et la couleur de plus en plus soutenue. Un
autre thème encore, est celui des visages. Ensuite, le sujet
perd de son importance, ce sont les couleurs qui
recouvrent de plus en plus la page blanche. Les couleurs
227
sont très représentatives du vécu : douces ou agressives,
foncées ou lumineuses. Souvent, les dessins sont déchirés,
même s’ils sont beaux. Il s’agit d’une attitude qui dénote
une forte angoisse ; l’enfant a émis quelque chose de très
douloureux et il se rétracte.
Pendant l’accouchement sonique, dans la dynamique de la
naissance, nous voyons apparaître les thèmes suivants. Le
premier, le plus fort, est l’arc-en-ciel ; souvenons-nous que
dans l’Ecriture, Noé sort à un moment avec son arc en
ciel : c’est la sortie qui est, en fait, la diffraction de la
lumière. Ensuite, il y a la maison ; les fenêtres sont
ouvertes, on y voit le jour, et la route montre que la porte
est ouverte. Après les batailles, les coups de canons,
l’explosion du volcan, c’est le désir de sortie, symbolisé
par le chemin qui monte ou descend, avec les arbres sur le
côté qui montrent le sens de la montée ou de la descente.
Un avant dernier thème apparaît très souvent chez
l’enfant : deux collines, un soleil au fond ou au milieu, et
un arbre ; en fait, c’est la poitrine de la mère, d’un corps
vu à l’horizontale, le cordon ombilical et le fœtus. Une
autre thématique s’ajoute, celle du pont : lorsque l’enfant
veut entrer en dialogue avec l’autre que la mère, il
emprunte le pont. On sort de la mère pour aller vers le
père en passant par le pont. Pour terminer, apparaît le
bateau se dirigeant vers la droite, symbolisant l’avenir,
avec deux nuages et un soleil levant. Ces symboles ont
pour fonction de faire admettre jusqu’à la conscience, sous
une forme qui pourrait paraître anodine, certains contenus,
qui, sans cela, n’y seraient pas parvenus à cause de la
censure.
228
L’écriture, quant a elle, est un art thérapeutique, au même
titre que le dessin. C’est un mode de transcription objectif
de nos maux en mots. Ce puissant viatique se révèle être
un exutoire essentiel à la sauvegarde de l’intégrité de la
santé mentale des personnes qui vivent des atrocités ou qui
les vivent par procuration trans-générationnelle. L’histoire
nous apporte pour preuve que l’écriture a joué un rôle de
confidente salvatrice pendant la Shoah ; Anne Frank,
auteur d’un célèbre « journal », en est l’illustration en
nous livrant un témoignage émouvant ; depuis la libération
des camps, les rescapés, comme leur sœur de souffrance
Geneviève de Gaulle – Anthonioz, ont confié leurs maux à
la plume, et aujourd’hui, les enfants des rescapés de « Nuit
et brouillard » ont besoin de coucher les lignes de leur
résilience sur la feuille blanche.
Boris Cyrulnik a écrit de nombreux ouvrages sur la
mémoire des descendants de la Shoah66 et sur le besoin
qu’on ses héritiers d’exprimer cette souffrance, par
l’écriture, souvent, ou par toute autre forme de créativité.
Le déporté, dit-il, transmet l’agonie psychique du
revenant, de celui qui a échappé aux camps et qui a vu
l’horreur. Chez ce revenant, vivent deux parties distinctes :
la partie chaleureuse et la partie escarrifiée. La partie
chaleureuse est exprimée socialement : l’ancien déporté a
besoin de reconnaissance sociale, de réussite et il y accède
plus facilement. Mais en famille, il est angoissé, il ne parle
pas pour ne pas inquiéter ses enfants. Seule la créativité
peu l’aider à dépasser son angoisse, à l’exprimer. Quand
un combat héroïque devient mythe fondateur avec le
66
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur, Ed. Odile Jacob,
Boris Cyrulnik, Les vilains petits canards, Ed. Livre de Poche
Boris Cyrulnik, Le murmure des fantômes, Ed. Livre de Poche
229
travail de la mémoire verbale, un traumatisme se
transforme en épopée grâce à une victoire verbale.
Il ajoute que l’enfant de déporté, après avoir été contraint
au silence du parent rescapé, est forcé de choisir la voie de
la socialisation pour effectuer le travail de résilience. Mais
autrui n’est pas toujours capable d’entendre un tel mythe
des origines, alors l’enfant apprend le langage des adultes
et utilise les circuits que lui propose sa culture pour
socialiser sa tragédie. Dès que leur est offerte la possibilité
d’expression, on voit naître des marginaux créateurs. Tout
créateur est forcement marginal puisqu’il met dans la
culture quelque chose qui n’y était pas avant lui.
Qu’il soit juif ou de toute autre race, ce qui compte c’est
l’état de « revenant » : 2 796 tziganes ont aussi été
exterminés à Auschwitz, sans compter les nombreux noirs.
Dans le livre Noir dans les camps nazis, John William, de
mère ivoirienne et de père français, déporté à
Neuengamme où il a été emmené pour sabotage dans
l’usine SAGEM de Montluçon, témoigne de cet état de
fait.
En tant qu’enfant de l’un de ces revenants de l’enfer, j’ai
une pensée pleine d’admiration et de reconnaissance pour
Madame Geneviève de Gaulle - Anthonioz, nièce du
Général Charles de Gaulle, entrée en résistance dès juin
1940, déportée au camp de Ravensbrück le 2 février 1944.
En 1958, elle travaille au cabinet d’André Malraux, quand
elle rencontre le père Joseph Wresinski, alors aumônier du
bidonville de Noisy-le-Grand. Dans les souffrances des
familles qu’elle y rencontre, elle revoit celles qu’ellemême et d’autres déportés ont vécues. Alliée au
mouvement ATD Quart Monde, puis volontaire
permanente, elle est présidente de ce mouvement de 1964
à septembre 2001. Nommée en 1988, membre du conseil
économique et social, elle se bat pendant 10 ans pour
230
l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande
pauvreté. Reportée en 1997 pour cause de dissolution de
l’assemblée nationale, sa loi est votée en 1998. La même
année, parait son livre La traversée de la nuit aux éditions
du Seuil, qui raconte sa vie en camp de concentration et
l’entraide des femmes.
Face à un tel exemple, porteur de toute la valeur morale et
spirituelle de ce que nous pouvons faire dans notre vie,
comment ne pas désirer apporter notre pierre à cet édifice
de fraternité, pour le bonheur de nos enfants ?
Nous tous, enfants des revenants des camps de la mort,
avons leur vécu inscrit dans nos cellules. Daniel Vrbejtel,
lors d’un témoignage à la télévision pour le soixantième
anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le 17
janvier 2005, dit : « J’ai un de mes enfants qui est
handicapé. Et malgré son handicap, il a su exprimer avec
ses dessins et ses mots, mon vécu à Auschwitz. ». Il a
visité le camp lors d’un voyage des journées mondiales de
la jeunesse. Il a arraché le micro à son groupe pour rendre
hommage à son père, dépassant toutes ses difficultés
orales, pour « le dire avec des mots ».
Boris Cyrulnic, dans son livre Un merveilleux malheur67,
écrit que notre histoire n’est pas une destinée. Nous
pouvons vivre avec des substituts affectifs, si nous avons
eu un départ difficile. Dans des groupes d’enfants ayant
vécu de gros traumatismes, tels les enfants de déportés, on
s’est en effet finalement aperçu du fait qu’un certain
nombre s’en sortait bien. Le phénomène de résilience est
observé auprès des enfants de la Shoah : ils voulaient
s’occuper des autres avant de se protéger eux-mêmes. On
a défini comme « résilients » ceux qui ont ainsi mis en
67
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur, Ed. Odile Jacob
231
place des systèmes de protection comme le clivage qui
offre le refuge du rêve, l’intellectualisation…
La résilience est cette capacité à surmonter les
traumatismes. Ce terme, qui vient de la physique
signifie : le retour à l’état initial d’un élément déformé.
Employé par les psychiatres américains, il a été popularisé
par Boris Cyrulnik. Celui-ci incite à aborder le mode de
l’écriture, qui donne un sens à la blessure. Les résilients
développent des capacités autres que celles qui sont
développées dans un contexte dit normal, comme la
capacité de globalité, qui leur permettent de survivre et de
vivre avec un feeling et une sensibilité exacerbée, plus fine
que quiconque n’a pas reçu cet héritage de la prégnance.
Nombreux sont devenus thérapeutes !
L’enfant traumatisé pendant la gestation ou la naissance,
ou celui qui a eu un mauvais départ dans la vie, vont
pouvoir trouver le substitut affectif de base, au sein de la
cabine de maternage Aquamater. Ainsi, ils ne vivront pas
l’angoisse de l’enfant insécure, mais ils aborderont leur
avenir avec une telle dose d’amour en eux qu’ils n’auront
plus peur, et communiqueront le dynamisme et la
confiance en soi à toutes les rencontres qui jalonneront
leur vie. Ils se réaliseront dans le partage de l’amour.
Dieu ne pouvait être partout alors il créa la mère.
Proverbe yiddish.
FIN
232
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Centre du langage et de pédagogie de l’écoute - Méthode
Tomatis, 21 place Alexandre Labadie, 13001 Marseille,
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- Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur, Ed. Odile Jacob,
- Boris Cyrulnik, Les vilains petits canards, Ed. Livre de
Poche
- Boris Cyrulnik, Le murmure des fantômes, Ed. Livre de
Poche
Et aussi :
- Claudia Rainville, Participer à l’univers – sain de corps
et d’esprit, Les Editons F.R.J. inc.
- www.digibio.com (recherches du Dr Benveniste)
- www. biophotonik.de (recherches du Dr Popp
- www. mednat.fr (médecines naturelles)
236
LE CONCEPT AQUAMATER
D’une mère à l’autre… mémoire d’eau
Dédicace
Remerciements
Citations
Préface du Dr Michel Odent
PARTIE 1
LA CABINE DE MATERNAGE AQUAMATER :
LA REPONSE A UN BESOIN
- Naître et être
- Naissance du concept Aquamater
- Présentation de la cabine de maternage Aquamater
- Indications thérapeutiques de la méthode Aquamater
- Déroulement d’une séance type
237
PARTIE 2
LE CONCEPT AQUAMATER
PSYCHOTHERAPIE PAR LA RE- NAISSANCE
(RE-NAIT-SENS)
- Les sens et le ressenti in –utero
- Psychologie prénatale
- Aquamater : pour une nouvelle mémoire
- Aquamater : pour une re-naissance sans violence
- La méthode Aquamater, une nouvelle psychothérapie
PARTIE 3
AQUAMATER : MEMOIRE D’EAU
PARTIE 4
238
METTRE EN MEMOIRE DES SENSATIONS POSITIVES
- Audio-psycho-phonologie : la re-naissance sonique
- Aquamater et la mémoire de la peau
- Aquamater et la couleur des émotions
- Aquamater et la mémoire olfactive
PARTIE 5
LA CURE AQUAMATER
ÉTUDE DE CAS








- Histoires de…
Les jumelles Karine et Sandra, 3 ans, 1 mois, 18 jours
Claude, 16 mois
Suzy, 4 ans ½
Marie, 5 ans
Cédric, 5 ans et 3 mois
Séverine, 9 ans et 6 mois
Mélissa, 4 ans
Oscar, 6 ans
- Séances après séances…
 Sylvain, 5 ans
 Lucie, 9 mois
 Clément, 19 mois
239

Anne-Lise, 5 ans
-Le concept Aquamater en aide aux enfants épileptiques
EN CONCLUSION
AQUAMATER ET L’ART THERAPIE
Biographie
240
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