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La ville de Tyr
Le port phénicien de Tyr sur la côte libanaise fut au 1er millénaire avant notre ère, l'un des
plus grands centres commerciaux du monde antique. Ce sont les Phéniciens de Tyr qui
fondèrent au IXe s. avant notre ère, la ville de Carthage qui allait dominer toute la
Méditerranée pendant plus de sept siècles.
La Phénicie, le pays de la pourpre
On donne le nom de Phénicie à la bande côtière de Méditerranée qui s'étend depuis le mont
Carmel au sud jusqu'à l'embouchure de l'Oronte au nord. La chaîne du Liban projette vers la
mer des éperons rocheux qui découpent le rivage en petites plaines côtières arrosées par un
fleuve irrégulier et impétueux et fermées les unes aux autres. Cette disposition explique le
fractionnement de cette région en un certain nombre de petits états indépendants se
développant autour de grandes cités. Cette région serrée entre la montagne et la mer, est
complètement coupée de l'arrière-pays et sa seule voie d'extension est la mer. La côte offre
avec ses promontoires rocheux et ses îlots côtiers des ports bien abrités, et bien situés par
rapport aux grands pays d'Asie Mineure, de Grèce, de Crète, d'Egypte et de Chypre. Le pays
est fertile et prospère, mais ses ressources ne sont utilisables que dans le cadre d'une active
politique d'échanges.
Ce sont les Grecs qui ont donné aux habitants de cette région le nom de « Phéniciens». Il vient
du mot phoinike, phénix, qui désigne une couleur rouge sombre, et se rattache à la teinture
pourpre dont les Phéniciens sont des producteurs réputés. Les Phéniciens, pour se désigner
eux-mêmes, utilisent le terme de Cananéens et pour leur pays celui de « pays de Canaan». Les
Cananéens sont des Sémites originaires du nord de l'Arabie qui émigrent à la fin du IVe
millénaire vers l'Est et traversant la Mésopotamie et la Syrie du Nord s'installent sur la côte de
Phénicie.
Les Phéniciens créent de grandes cités, indépendantes les unes des autres, mais rattachées par
une même origine, une même langue et une même religion. Du nord au sud se succèdent
Ougarit (aujourd'hui Ras Shamra), Arad, Byblos, Beryte (Beyrouth), Sidon et Tyr.
Les cités phéniciennes et les grandes puissances antiques
Toutes ces cités tournent toutes leurs activités vers la mer. Elles servent d'abord
d'intermédiaires aux grandes puissances du temps. Ougarit est en relation avec la
Mésopotamie alors que Byblos entretient des rapports étroits avec l'Egypte. Le port de Byblos
connaît son apogée entre 2000 et 1500 avant notre ère. Il fournit à l'Egypte depuis le XXVe
siècle au moins, le bois des cèdres du Liban. Mais la situation de la Phénicie se transforme
avec l'avènement en Egypte de la XVIIIe dynastie, qui développe une politique de conquêtes
grandioses. Les rapports commerciaux avec l'Egypte se transforment en véritable occupation
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militaire et les Egyptiens annexent la région du Liban qui devient une province égyptienne
avec Byblos comme port d'état. Les Phéniciens paient à l'Egypte un tribut en bois de cèdre.
Mais leur pays connaît une période de relative sécurité et devient la plaque tournante du
commerce méditerranéen.
L'occupation égyptienne n'est pas partout acceptée. Deux groupes de cités se forment: celui du
nord avec Sidon qui déteste l'Egypte, celui du Sud autour de Tyr qui lui reste fidèle. Byblos
reste la première ville de Phénicie jusqu'au XVe siècle, lorsqu'elle est supplantée par Sidon
qui atteint une grande prospérité. Les pharaons autorisent ses marchands à élever des entrepôts
dans différentes villes du delta. Ce sont des sortes de concessions, des quartiers réservés,
séparés de la ville indigène où les Sidoniens élèvent librement leurs magasins.
Au XIIe siècle, la Phénicie est marquée par une grande invasion, celle des Peuples de la Mer.
Ce sont des tribus qui, depuis l'Egée envahissent par vagues successives la Syrie, la Palestine,
Chypre et l'Egypte, par voie de terre et par voie de mer. Ils détruisent Ougarit, Arad, Byblos et
Sidon dont les habitants se réfugient à Tyr. Cette dernière se relève rapidement de ses ruines
et, s'affranchissant du joug égyptien, devient la principale ville de Phénicie et un des plus
grands centres de commerce de la Méditerranée.
La prospérité de Tyr
Le nom de Tyr est une déformation du grec thuros, transcription du phénicien sour, rocher.
Car la cité se dresse sur un rocher entouré par les eaux.
Une île imprenable
D’après Hérodote, la ville de Tyr fut fondée vers 2750 avant J.-C. Elle était établie sur la côte
et portait le nom d'Ouchnou. Sur un îlot proche de la côte se trouvait un refuge fortifié.
C'est le roi Hiram Ier qui règne de 970 à 936 avant J.-C. qui veut faire de cette île sa
résidence. Pour cela, on comble les bras de mer peu profonds qui séparent un chapelet d'îlots,
à quelques centaines de mètres du rivage, pour y établir une ville. L'île comporte deux ports
au nord et au sud, un pour l'hiver et un pour l'été. L’île est réputée imprenable, depuis la terre
en raison de sa position et depuis la mer, grâce à sa marine hautement qualifiée.
Hiram fait construire de nouveaux temples, un dédié à Melqart, patron de la cité (l'équivalent
du dieu grec Heraklès), l'autre à Astarté, déesse orientale de la fécondité, et fait dresser une
colonne d'or dans le temple de Baal Shamin (Zeus Olympien).
L'île ne comporte pas de sources, On recueille l'eau de pluie qui tombe en abondance au
printemps dans d’énormes citernes revêtues de chaux éteinte, qui assure une étanchéité
parfaite même dans un sous-sol non rocheux. Elles constituent de grandes réserves d'eau en
cas de siège. Certains produits poussent ou sont fabriqués dans l'île, mais sont surtout destinés
aux temples, aux immeubles administratifs, aux palais et aux résidences privées.
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La plus grande partie de l'activité économique se déroule sur la côte reliée à l'île par des
navettes de petits bateaux. Les terres côtières très fertiles fournissent l'île en céréales, raisin,
olives, figues et dattes.
La pourpre royale de Tyr
La principale activité de Tyr est la fabrication d'une teinture de couleur pourpre à partir d'un
mollusque, le murex grandaris abondant dans les eaux côtières. Son extrémité renferme un
liquide qui rougit à l'air. La légende veut que ce soit le dieu Melqart qui ait découvert le
procédé de sa fabrication. Il se promenait un jour avec sa bien-aimée la nymphe Tyros et leur
chien trouva un murex qu'il brisa d'un coup de dent. La gueule de l'animal devient toute rouge
et la nymphe Tyros déclara à Melqart qu'elle ne lui céderait que le jour où il lui donnerait une
robe de cette teinte. Melqart fit recueillir une grande quantité de ces mollusques. L’industrie
tyrienne de la pourpre était née…
La couleur obtenue variait du rose pâle au violet profond appelé « pourpre royale de Tyr ».
Cette teinture était un produit de grand luxe réputé dans tout le monde antique jusqu'à la chute
de l'empire romain. Les teintures étaient indélébiles et ne passaient pas à la lumière. Grâce à
l'importation de laines d'Espagne, Tyr crée un important commerce d'étoffes précieuses.
Les teintureries et les fabriques de Tyr étaient installées sur le continent, mais les produits
finis, de grande valeur, étaient rapportés sur l'île où ils étaient stockés en toute sécurité.
Des artisans tyriens construisent le Temple de Jérusalem
Les artisans et les artistes de Tyr sont les plus réputés de Phénicie et c'est à Hiram que
s'adresse David, roi d'Israël pour trouver les matériaux et la main-d'œuvre nécessaires à la
construction de son palais. Tyr avait noué d'étroites relations avec le royaume d'Israël qui,
sous les rois David et Salomon, devient un état puissant et bien organisé. C'est encore à Hiram
que s'adresse Salomon pour la construction du Temple de Jérusalem qui doit dépasser en
splendeur tout ce que les Hébreux avaient jamais vu. Les techniciens nécessaires manquaient
au peuple hébreu essentiellement composé de bergers, de laboureurs. « Salomon accomplit
toute cette œuvre en vingt ans et puisque Hiram roi de Tyr lui avait fourni pour ses
constructions non seulement l'or et l'argent nécessaires, mais aussi le bois de cèdre et de pin,
Salomon à son tour fit don à Hiram de présents considérables. Il lui envoya chaque année du
froment, du vin et de l'huile dont Hiram avait d'autant plus besoin que son île en était
dépourvue » racontent les annales. Hiram délégua à Jérusalem ses meilleurs artistes,
architectes, maçons, charpentiers et forgerons.
Et, paradoxalement, c'est le temple de Jérusalem entièrement construit par des Phéniciens qui
nous fournit la meilleure image du temple phénicien dont les vestiges archéologiques sont très
rares. D'après la description contenue dans la Bible, le temple était précédé de deux cours, une
cour extérieure où le peuple avait accès en tout temps et une cour intérieure où s'élevaient
l'autel des holocaustes et un bassin d'eau lustrale appelé la « mer de bronze ». Le temple luimême dressé sur un socle était de dimensions moyennes: 42 m de long, 11 m de large et 15 m
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de haut. En façade se dressaient deux colonnes de bronze appelées Jachin et Boaz, des piliers
sacrés offerts à la vénération des fidèles. Le temple de Melqart à Tyr possédait de telles
colonnes en or et en émeraude. L'intérieur était divisé en trois salles: un portique, une grande
salle où les prêtres célébraient le culte, aux murs richement ornés, et le saint des saints où seul
le grand prêtre pénétrait une fois l'an et où reposait l'Arche d'alliance (le trône de Dieu).
Les relations privilégiées entre Tyr et le royaume d'Israël se poursuivirent même après la
dislocation de celui-ci en deux nouveaux royaumes, à la mort de Salomon. Jezabel, princesse
tyrienne épouse le roi d'Israël Achab (874-853) et sa fille Athalie le roi de Juda Joram.
L’expansion en Méditerranée
Alors que les Sidoniens avaient fréquenté surtout la Méditerranée orientale, les Tyriens
dirigèrent leurs efforts vers la Méditerranée occidentale. Dès la fin du IIe millénaire, ils sont
établis en de nombreux points du littoral méditerranéen pour s'assurer de nouveaux débouchés
commerciaux.
Sur les côtes de Sicile et d’Afrique
La côte sud de la Sicile passe rapidement sous le contrôle économique de Tyr. Les marins de
Tyr exploitent aussi la Sardaigne, Malte, les Baléares, fondent des comptoirs jusque sur les
côtes de Gaule. Des rois tyriens règnent sur Chypre pendant plusieurs siècles.
Les Tyriens fondent une série d'escales sur la côte d'Afrique jusqu'au détroit de Gibraltar, audelà duquel ils découvrent le pays de Tharsis (l'Andalousie actuelle), une terre fertile et riche
en minerais d'argent et d'étain d'où ils tirent le blé, l'huile, la laine, les métaux précieux. Leur
comptoir de Gadès (Cadix) devient le centre des possessions phéniciennes en Espagne.
Les centres fondés sur la côte africaine sont d'abord de simples mouillages pour la nuit situés
dans une anse ou une grève permettant de tirer les bateaux au sec. Ils sont distants d'une
trentaine de kilomètres, la distance d'une étape journalière. Mais bientôt certains prennent de
l'ampleur et deviennent des comptoirs importants comme Carthage dont la fondation est
auréolée de légendes.
La fondation de Carthage
Selon la tradition, c'est la reine Elissa, plus connue sous le nom poétique de Didon donné
par Virgile, qui fonde Carthage en 814 à la suite d'une révolte de palais qui l'oppose à
Pygmalion son frère. Elissa, reine de Tyr, avait épousé le grand prêtre de Melqart,
Acherbas, en même temps l'homme le plus riche de la cité. Mais il fut assassiné par
Pygmalion qui voulut s'emparer de son immense fortune. Craignant pour sa vie, Elissa
fait affréter secrètement une flotte et avec un groupe de hauts citoyens ralliés à sa cause,
s'enfuit vers Chypre. Là, elle choisit un autre grand prêtre qui l'accompagne dans son exil.
Elissa et sa suite arrivent sur la côte africaine en un point où existait déjà un petit
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établissement phénicien. Elle négocie avec le chef des tribus locales libyennes pour qu'il
lui concède autant de terrain qu'une peau de bœuf en peut contenir. Mais, la reine fait
découper la peau en lanières très étroites avec lesquelles les Tyriens délimitent un
territoire très vaste entourant une colline. Elissa l'appelle Carthage, la Nouvelle Ville, du
phénicien qart = cité et hadasht = neuf.
En fait, les fouilles archéologiques montrent que la ville de Carthage ne se développe qu'à
partir de 740 environ. Que s'est-il passé dans les 75 années qui la séparent de sa fondation
? Le mystère demeure.
Bien située, au débouché de toutes les grandes routes maritimes, Carthage se développe
rapidement. Elle reste très liée à Tyr où se rend chaque année une ambassade pour porter
son tribut à l'occasion de la fête de Melqart.
Lorsque Tyr sera en butte à la pression des Assyriens, elle abandonnera peu à peu sa
puissance au profit de Carthage. Les colonies tyriennes d'Afrique, de Sicile et d'Espagne
se rangeront sous son autorité après la destruction de Tyr. Ainsi l'empire de Tyr survivra
dans sa « fille » Carthage qui soutiendra victorieusement la concurrence des Grecs et des
Etrusques et ne tombera qu'au IIe siècle sous les coups des Romains.
Sous la domination assyrienne et perse
Au IXe siècle, l'expansion de la puissance assyrienne inquiète Tyr et Sidon qui, vite soumises,
offrent des tributs à l'Assyrie. Mais, à plusieurs reprises, les cités phéniciennes se révoltent car
elles refusent de se laisser couper de l'Egypte qui leur fournit des matières premières : le
grain, l'or, le papyrus ...
La menace des Assyriens
Séduits par les richesses des villes phéniciennes, les Assyriens exigent toujours plus et les
cités phéniciennes refusent parfois de payer leurs tributs exorbitants. La pression assyrienne
se fait de plus en plus forte et évolue vers l'annexion territoriale.
Tyr se soulève à plusieurs reprises. Vers 700, les Assyriens mènent une expédition contre elle
et réunissent une coalition des cités phéniciennes qui fournissent soixante navires pour
assiéger l'île. Tyr résiste pendant cinq ans, mais doit renoncer et son roi Louli, qui est aussi roi
de Sidon, s'enfuit à Chypre.
Sous le roi assyrien Asahaddon (681-668), Tyr et son nouveau roi Baal s'allient à l'Assyrie
mais la tutelle assyrienne est toujours plus lourde pour Tyr qui se révolte à nouveau en 671,
avec l'aide de l'Egypte et en 668; dans ces deux cas, Tyr n'est pas conquise, mais est
contrainte à l'envoi d'hommages et de tributs annuels.
Pendant toute cette période, Tyr conserve toute son indépendance, mais commence à décliner
lentement. La destruction de l'empire assyrien en 612 par Babylone provoque un nouvel essor
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des ports phéniciens. Mais, la Phénicie demeure le champ de bataille des grandes puissances
qui veulent s'assurer sa possession. L'Egypte rétablit momentanément sa domination, mais en
572, Tyr est de nouveau prise, cette fois par le roi de Babylone Nabuchodonosor après un
siège de 13 ans. Affaiblie, Tyr perd sa prépondérance au profit de son héritière Carthage.
En 539, Babylone tombe aux mains des Perses qui étendent leur joug sur toute la Phénicie qui
devient une province perse, une satrapie.
Les monnaies de Tyr
L'influence perse se fait sentir dans plusieurs domaines et surtout dans celui des échanges
avec la frappe des premières monnaies phéniciennes. Depuis 480 déjà, les Perses frappaient
leur monnaie, la darique, et ils introduisent cet usage en Phénicie. La plus ancienne monnaie
semble être une monnaie de Tyr datée du milieu du Ve siècle. Son type exprime les attaches
de Tyr au monde de la mer : à l'avers figure un dauphin bondissant au-dessus des flots tandis
qu'au-dessous, une coquille de murex symbolise son industrie de la pourpre.
D'autres monnaies apparaissent au cours du Ve siècle, qui ont cours dans une très large zone.
Elles représentent le dieu Melqart tenant un arc et chevauchant un hippocampe. Aucune
indication de lieu ni de souverain n'y est portée, par contre une date est inscrite dont on ne sait
pas toujours à quelle ère ni à quel règne elle se rattache.
La conquête d'Alexandre le Grand
La domination perse en Phénicie s'achève avec la conquête d'Alexandre. Les principales cités,
Arad, Byblos, Sidon abandonnent les Perses et ouvrent leurs portes au conquérant. Seule Tyr
refuse de se soumettre. Pour la conquérir, Alexandre réquisitionne tous les hommes valides de
la côte pour construire une levée qui reliera l'île à la terre ferme. L'île de Tyr est prise d'assaut
et réduite en cendres. Reconstruite, elle devint une forteresse macédonienne.
Alexandre est le seul souverain dont l’œuvre ait subsisté à Tyr. Les sables rejetés par la mer
venant buter contre sa digue, celle-là n'a pas cessé de s'agrandir pour former une large bande
de terre.
On connaît l'histoire de Tyr par les textes surtout, car de la ville phénicienne de Tyr, il ne reste
presque plus rien. Des fouilles réalisées depuis 1947 ont permis de déceler quelques traces de
la domination égyptienne et notamment une stèle de Séthi Ier (1312-1300) et un cartouche de
Ramsès II (1300-1235) réemployés à des époques postérieures.
Il semble que l'on puisse situer le fameux temple de Melqart édifié par Hiram sous le
cimetière moderne de Tyr. Les fouilles de la ville sur le continent (Palaetyr) ont livré une
nécropole des IXe et VIIIe siècles avec des céramiques funéraires apparentées à celles de
Chypre. La campagne tyrienne ne cesse de livrer des vases décorés de larges cercles
concentriques de la même époque.
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De la période perse demeurent les vestiges de la double enceinte de la ville arasée par
Alexandre et un vaste socle monumental aux murs de soutènement bien appareillés qui dut
servir à supporter un monument de grande importance.
Tyr romaine
Les vestiges archéologiques à Tyr sont très importants pour l'époque romaine. Tyr connaît un
renouveau de prospérité après la conquête de la Phénicie par Pompée en 64.
La ville est dotée de rues rectilignes comme toute cité romaine, bordées de portiques
somptueux comme la colonnade en cipolin blanc et vert découverte près du port sud. Longue
de 175 m et large de 11 m, cette voie est entièrement pavée de mosaïques au début du IVe
siècle. Sur le côté sud de la rue s'élevaient les grands thermes de plus de 100 m de long
flanqués à chaque extrémité par deux palestres aux portiques à colonnes de granite gris.
Tyr fut dotée, de l’autre côté de cette route, d'une arène rectangulaire longue d'une
cinquantaine de mètres où les spectateurs jouissaient des spectacles de mime ou de lutte. Elle
reçut surtout un immense hippodrome, un des plus grands du monde romain, long de 480 m
où pouvaient prendre place 30 000 spectateurs.
Une voie romaine reliait la cité au bout de sa presqu'île à la route interurbaine qui desservait
les villes de la côte. Elle conserve encore intact le sillon des roues des chars. Un arc
monumental à trois arches hautes de 20 m la chevauchait tandis qu'un aqueduc colossal à deux
étages d'arcades la suivait au sud.
De part et d'autre de cette voie, les Tyriens installèrent leurs tombes dans une vaste nécropole
qui, plus tard, au Ve siècle, envahit même les trottoirs bordant la route.
Devenue le siège d'un évêché chrétien, Tyr tomba devant les Arabes en 636, puis passa entre
les mains des Croisés qui l'abandonnèrent définitivement en 1291. Elle fut alors détruite par
les Musulmans et les vestiges de la ville furent pillés ou disparurent sous la mer et le sable.
Liliane DUTRAIT
dans Préhistoire et archéologie, décembre 1981, pp. 11-17.
Pour en savoir plus…
S. Moscati, L'épopée des Phéniciens, Fayard, 1971.
Les premiers marchands des mers, collection Time-Life « Les origines de l'homme », 1974.
A. Parrot, M. H. Chehab, S. Moscati, Les Phéniciens, Gallimard, L'Univers des formes, 1975.
Les grands sites du Liban sont décrits dans le numéro 12, sept.-oct. 1975 des Dossiers de
l'Archéologie.
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