Le Krach boursier de 1929 ; une décennie que personne ne voudrait revivre Par Sarah Côté Pelletier Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les États-Unis ont connu une formidable croissance économique. Personne ne s’imagine alors qu’une simple journée à Wall Street s’apprête à provoquer l’une des plus graves crises économiques de l’Histoire. Depuis ce krach, ce fameux «jeudi noir», jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la débâcle s’est propagée dans le monde entier. Au cours d’une récession de dix longues années, les pays les plus concernés connaîtront d’importants bouleversements sociaux et politiques. La crise «Malgré la bonne santé affichée par l’économie américaine à la fin des années 1920, les bases de la croissance apparaissaient de plus en plus fragiles en raison de la surproduction industrielle, de la spéculation boursière, de l’endettement généralisé et de la persistance de la crise de l’agriculture.» (Cégep de Sherbrooke, 2014 ; en ligne :1) La faillite des banques américaines entraîne celle des banques d’Autriche et d’Allemagne. Période de forte expansion économique, les Années folles s’achèveront sous les coups de la grande crise de 1929 qui marqua le début, en France comme partout dans le monde, d’une période de repli et de la fin de l’insouciance. «Le retrait massif des capitaux américains» (Rioux et autres, 2012 : 77) provoque la faillite de nombreuses banques qui On doit suivre l’évènement presque à la minute près. Les ont le plus souvent investi à long terme les sommes dont elles analystes sont assez précis sur le sujet comme le souligne le disposaient. collectif dirigé par Jean-Pierre Rioux : «Le 24 octobre 1929, dit le «jeudi noir», la panique s’empare de la bourse de New York et treize millions de titres changent de mains. Cinq jours plus tard, l’effondrement est confirmé par la vente de seize millions de titres. L’indice Dow Jones pendant le krach de 1929 La foule se presse devant la Bourse après le krach Photo : Creative commons Auteur : thumbnail, (déc.2011) Les années d’après-guerre; les Amériques des années folles de s’approprier une nouvelle gamme d’appareils électriques : grille-pain, ventilateur, lave-linge, aspirateur, etc. L’alimentation se modernise avec la conservation des aliments à l’aide des réfrigérateurs. C’est ainsi que les États-Unis seront oc«Après l’explosion de joie ou de soulagement à la signature cupés à consommer des produits pour lesquels la nouvelle de l’armistice du 11 novembre 1918, les pays belligérants demande fait tourner la roue de l’économie. (Rioux et autres, subissent les conséquences désastreuses d’une guerre totale 2012 :67) […] de quatre ans. L’Europe a perdu ses forces vives au profit des États-Unis». (Rioux et autres, 2012 : 29) Les États- L’automobile est à la mode et la production à la chaîne Unis connaissent alors une croissance rapide fondée sur une devient inspirante; il se crée une passion capitaliste pour augmentation de la production industrielle et de la spécula- l’efficience industrielle et les grands entrepreneurs tentent tion boursière. L’extraordinaire abondance dont jouissait le d’améliorer leurs coûts de production. Henry Ford devient pays semblait devoir durer. Seuls les agriculteurs restaient un modèle d’entrepreneur inspirant : «il est la sorte de héros exclus de cette prospérité en raison de la baisse des prix des qui doit sa fortune à l’augmentation de la consommation et produits en gros. Les années 20 sont marquées par l’eupho- qui par le fait même augmente le niveau de vie d’une grande partie de la population». (Rioux et autres, 2012 : 68) Cellerie, les plaisirs et les inégalités sociales. ci doute d’un écrasement à venir, mais le gouvernement de Ces Années folles furent avant tout un phénomène culturel, l’époque (Républicain de Hoover) ne prend même pas la marqué par la créativité et l’exubérance. L’électricité se dépeine de sourciller sur ce qui se produit. veloppe et s’offre aux consommateurs maintenant désireux Les États-Unis basculent dans la crise, entraînant le monde avec eux. Le New York Times consacre la première page de son édition du 30 octobre 1929 à l’«effondrement national» : la hausse spéculative des cours qui a eu lieu entre 1926 et 1929 est anéantie en cinq jours. Bien qu’il ne touche guère plus d’un million d’Américains sur 123 millions, le krach boursier a un impact considérable sur le plan psychologique : la croyance aveugle en un avenir économique radieux est balayée par un soudain désarroi.» (Rioux et autres, 2012 : 76) L’indice Dow Jones pendant le krach de 1929 Image :creative commons Auteur :thumbnail, oct.2005 «La dépression du marché américain touchera très rapidement le Japon et l’Amérique latine; leurs exportations s’effondrent, les obligeant ainsi à instituer un contrôle des changes dès 1930. Le marasme atteint l’Europe centrale la même année seule l’Union soviétique paraît échapper au désastre. Staline tente alors de démontrer la supériorité du système communiste sur un capitalisme aux abois». (Rioux et autres, 2012 : 78) Un an après le krach boursier, cinq millions d’Américains sont au chômage. Ils seront le double en 1932 et trois fois plus l’année suivante. La crise est profonde, le rêve américain s’est transformé en cauchemar. Une extension mondiale L’indice Dow Jones pendant le krach de 1929 Image :creative commons Auteur :thumbnail, oct.2005 Kimon Berlin, user: Gribeco — own work, data from Maddison «The World Economy» http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ef/ PIB_1929-1939.gif Un peu partout, surtout dans les pays anglo-saxons, des «marches de la faim» (Rioux et autres, 2012 : 82) se succèdent, tournant parfois à l’émeute. Les Brésiliens en sont rendus à un point tel que le café est maintenant leur combustible pour les locomotives à vapeur. La crise amplifie donc les multiples déséquilibres qui affectent l’économie mondiale depuis la fin de la guerre de 1914-1918. Finalement, l’histoire économique des années 1920 permet de souligner le rôle et les conséquences de la Grande Guerre, mais aussi des évènements politiques internes affectant la crédibilité du gouvernement et des relations financières internationales. BIBLIOGRAPHIE Cégep de Sherbrooke, la crise économique de 1929, [en ligne] http://www.cegepsherbrooke.qc.ca/~bourgech/ crise1929.htm, consultée le 14 mai 2014 KRUGMAN, Paul, Pourquoi les crises reviennent toujours, édition Économica, 2008 KENNETH GALBRAITH, John, La crise économique de 1929, l’anatomie d’une catastrophe financière, édition Petite bibliothèque Payot, 2011 HAUTCOEUR, Pierre-Cyrille, La crise de 1929, édition La découverte, 2009 RIOUX, Jean-Pierre, et collaborateurs, Une histoire du monde contemporain, édition Bibliothèque historique Larousse, 2012. Bernard Gazier, La crise de 1929 coll. Que sais-je?, éd. 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