Les secrets des étiquettes sous la loupe

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LA LIBERTÉ
RÉGIONS
SAMEDI 5 FÉVRIER 2011
Le débit passe de 80
à 500 litres/seconde
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LA JOGNE Groupe E devra augmenter le débit résiduel
PAYERNE Un nouveau quartier va sortir de terre
VAUD Le militantisme de Jean-Michel Dolivo fiché
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SAMEDI
Les secrets des étiquettes sous la loupe
CONSOMMATION • Les élèves de l’Ecole de culture générale de Fribourg ont joué les testeurs cette semaine.
Ils ont ausculté sous toutes les coutures différents produits, histoire de découvrir le dessous des étiquettes.
TROIS QUESTIONS À...
Mathieu Fleury, FRC
> Le secrétaire général
de la Fédération
romande des consommateurs (FRC)
explique en quoi il est
important de sensibiliser les jeunes, et en
particulier les adolescents, sur leur façon
de consommer.
1. Pourquoi la FRC s’intéresse-t-elle
aux jeunes?
Parce que les jeunes sont les cibles privilégiées des publicitaires et des «marketeurs»
de tout poil. L’adolescence est le bon moment
pour développer un esprit critique. La publicité s’immisce dans les esprits en contribuant
à l’identité des jeunes qui sont à la recherche
de repères. Ils sont plus sensibles que les
autres et, de plus, ils ont aujourd’hui un pouvoir d’achat convoité par les marques.
2. N’est-ce pas plutôt l’affaire des
Difficile de savoir ce qui se cache derrière les étiquettes des boissons énergétiques. Les élèves de l’Ecole de culture générale de Fribourg ont mené
l’enquête. VINCENT MURITH
OLIVIER WYSER
Alignés en rang d’oignons sur une
table: quatre suspects plutôt louches.
Il y a «Red Bull», le parrain au bras
long, «M Budget» et «Prix Garantie»,
qui cassent les prix, et enfin «OK!», le
jeune loup aux dents longues. Les
quatre boissons dites «énergétiques»
passent sur le gril des experts en herbe de l’Ecole de culture générale de
Fribourg (ECGF). L’interrogatoire se
déroulait jeudi dernier dans le cadre
d’une semaine thématique sur la
consommation, sous l’égide de la Fédération romande des consommateurs (FRC). But de l’exercice: développer
l’esprit
critique
des
adolescents sur les produits qu’ils
achètent et consomment par le biais
d’un concours. En tout ce sont pas
moins de 300 élèves qui ont utilisé les
grands moyens pour faire parler des
produits ou des services aussi divers
que des kebabs, des pizzas, des biscottes, des opticiens, des préservatifs
ou encore des détachants.
«La Liberté» a suivi un groupe
d’élèves bien décidés à faire cracher
le morceau à un panel de boissons
énergétiques, très prisées par les
jeunes, et qui promettent un tonus
d’enfer à ceux qui les ingurgitent.
Jusqu’à un litre par jour
Seulement voilà, derrière les emballages aux couleurs vives et les publicités aguicheuses, l’arrière-goût
peut se révéler quelque peu amer.
«Sur internet ils disent que le colorant caramel E150 est fait à partir
d'ammoniaque. Cela peut être dangereux et il faudrait l’éviter», découvre, stupéfaite, une élève. Et des
colorants il y en a une liste longue
comme le bras dans ces «energy
drinks».
Mesurette et balance en mains,
les ados vérifient également scrupuleusement si la quantité de liquide affichée sur les canettes est correcte. Il
semble que oui. En revanche, à la pesée il peut y avoir jusqu’à 10 grammes
de différence d’une boisson à l’autre.
L’investigation est précise, fouillée et
scientifique.
Et puis il y a la fameuse taurine,
une substance stimulante et très
controversée présente dans la bile de
taureau. C’est elle qui est censée redonner de l’énergie. Tout comme la
caféine – environ 80 mg par canette,
l’équivalent d’un espresso. «Je peux
en boire jusqu’à un litre quand je fais
du sport. J’aime son goût et l’effet dopant», confesse Benjamin. En revanche, d’autres jeunes n’en boivent
jamais «parce que c’est dégueu».
Expérience concluante
Puis vient le test à l’aveugle.
Chaque boisson est dûment notée
sur son aspect, son goût, etc. «Moi je
peux reconnaître le Red Bull entre
mille», s’exclame Mélissa. Pourtant le
test révèle que la préférence des
élèves va à un autre produit. «C’est
dingue la puissance de l’emballage.
On est très vite influencé», concède
sa camarade. A l’heure du bilan et de
la remise des prix, Huma Khamis,
responsable des tests à la FRC est
plus que satisfaite: «Les ados ont su
poser un regard nouveau sur les produits et leurs compte-rendus sont
très détaillés. Nous allons même sûrement leur piquer quelques idées.
Par contre j’ai repéré quelques paragraphes directement issus de l’encyclopédie Wikipédia. On peut le faire
dans un travail scientifique, mais il
faut citer ses sources.»
Pour Mathieu Fleury, secrétaire
général de la FRC, l’expérience de
cette semaine thématique est
concluante. Il s’agissait d’un projetpilote destiné à défricher le terrain
pour un concours du même type à
l’échelle romande. «Nous espérons
lancer l’opération dès la rentrée
2011, toujours en partenariat avec
des établissements scolaires.» Un
premier pas pour faire des jeunes
consommateurs
de
véritables
«consomm’acteurs». I
parents que d’éduquer leurs enfants?
Evidemment rien n’est possible sans les
parents. Ils ont un rôle central dans les habitudes de consommation qu’ils transmettent. Nous ne voulons pas les remplacer,
mais plutôt les considérer comme des partenaires. Ce sont eux qui véhiculent certaines valeurs. Par contre, il faut bien se
rendre compte qu’aujourd’hui, certains
jeunes maîtrisent mieux certaines technologies que leurs parents. Ces derniers peuvent
se sentir dépassés.
3. La Suisse est-elle en retard par rapport à ses voisins en matière de sensibilisation à la consommation?
Malheureusement oui. De manière générale
il y a très peu d’argent investi dans la protection des consommateurs et trop peu de
subventions, notamment par rapport à la
France ou l’Allemagne. Il y a toutefois une
campagne internationale soutenue par
l’OMS qui incite à prendre des mesures
contre le matraquage publicitaire de la malbouffe et des aliments déséquilibrés dirigé
contre les ados et les enfants. Ces publicités
devraient être interdites. Par contre attention: une campagne à la française de soustitres sur les publicités montre des résultats
contre-productifs. Il y a beaucoup de gens
qui pensent que ces messages vantent les
produits, alors qu’ils les combattent.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER WYSER
CONSEILAUSSI
LE MERCREDI
BENJAMIN SCIBOZ
MÉLISSA SINGY
ALISON STRINGARI
MÉLANIE RAMOS
> 16 ans, Chénens.
> 17 ans, Chavannes-s/Orsonnens.
> 17 ans, Auborange.
> 16 ans, Villars-sur-Glâne.
«Si je suis sensible aux
marques? Pour les chaussures,
oui, mais pas pour les vêtements. D’une manière générale, la publicité nous influence
sans que l’on s’en rende compte. En faisant des recherches
sur les boissons énergétiques,
j’ai appris que la taurine était à
l’origine extraite de la bile de
taureau… Mais, aujourd’hui,
elle est synthétique. On ne
prend jamais assez le temps de
lire les étiquettes pour savoir
exactement ce qu’il y a dans les
produits.» OW/OLIVIER WYSER
«Pour les vêtements, je suis assez sensible aux marques et à
l’image qu’elles renvoient.
Après c’est les goûts et les couleurs. Et je n’ai pas l’impression
qu’il y ait une pression du
groupe. Je dirais que la publicité n’a pas d’effet sur moi et
souvent ça se voit que c’est truqué ou mensonger… surtout
pour les lessives (rires). C’est
certain que ces recherches sur
les produits m’ont ouvert les
yeux. A l’avenir, je ferai bien
plus attention à ce que je mange.» OW/OLIVIER WYSER
«Les marques ce n’est pas important. J’aime bien me démarquer justement (rires) avec
mes habits sans suivre les
modes. Tout le monde s’habille
pareil… Au début je sentais du
rejet de la part des autres, mais
une fois qu’on me connaît il n’y
a plus de problème. J’étais surprise de voir autant de colorants dans les aliments. Cela
peut être dangereux. Je trouve
que les jeunes sont fortement
visés par la publicité. Sur internet, c’est parfois insupportable!» OW/OLIVIER WYSER
«Les entreprises profitent
beaucoup des jeunes, qui sont
facilement influençables. Le
pire c’est qu’on ne s’en rend
même pas compte. Je ne pense
pas que cette semaine thématique va me faire profondément changer mais je vais faire
plus attention à ce que j’achète. De toute manière, j’essaie
déjà de manger sainement. La
publicité sur internet? Il y en a
tellement qu’on ne la voit
même plus (rires). Par contre, à
la télévision, on peut moins y
échapper.» OW/OLIVIER WYSER
La section fribourgeoise de la
Fédération romande des consommateurs (FRC) a inauguré
cette semaine la troisième
ouverture de son bureau FRCConseil.
En plus des mardis et vendredis de 9 à 11 heures, une ouverture supplémentaire est offerte
le mercredi de 14 à 16 heures.
Une extension des consultations motivée par la demande
grandissante du public, toujours
plus confronté aux tromperies et
aux arnaques, selon la FRC.
FRC Fribourg, rue de l’Hôpital 2.
Tél. 026 322 28 07. www.frc.ch
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