S-KERN, QUELQUES METHODES DE TRAVAIL Comme tout cabinet de conseil et d’accompagnement en stratégie d’organisation, S-Kern utilise des méthodes de travail afin de mieux structurer ses travaux et rendre les résultats accessibles à ses clients. Certaines sont classiques, d’autres moins. Parmi ces dernières, se trouvent trois concepts utilisés et retravaillés par B. Nadoulek dans ses différents ouvrages. B. Nadoulek consultant en stratégie et développement d’entreprise à écrit plusieurs ouvrages sur la mondialisation, les civilisations comparées et la stratégie1. Dans un article rédigé en 2006, il a analysé comment ce travail avait été élaboré et comment sa méthode de travail s’était construite. Pour résumer et sans trop trahir ses écrits, 3 concepts ont – au fur et à mesure de l’avancement de ses travaux – été à la base de sa méthode : L’idéal -type, de M Weber Le paradigme, de Kuhn La théorie du système général, de J L Le Moigne L’idéal type ; Un idéal-type est un concept sociologique défini par Max Weber2qui a pour but à de bâtir un modèle d'un phénomène social qu'on cherche à étudier pour ses qualités intrinsèques. Le terme « idéal » ne fait pas référence au concept de perfection, mais à l'idée : il ne s'agissait pas de construire un modèle exact, mais d’en donner les grandes lignes. Pour Weber, cette méthode permet de dresser un " tableau de pensée homogène", un guide dans la construction des hypothèses. La construction d'un idéal-type consiste tout d'abord à relier des phénomènes potentiellement disparates. Ainsi, un théoricien ne va jamais rencontrer la bureaucratie telle qu'il la formule au sein d'une organisation; mais il va constituer le concept de bureaucratie à partir d'un certain nombre de traits qu'il a relevé sur différentes entreprises ou sur différentes formes « de bureaucratie » qu'il a observées. Il faut ensuite apporter une cohérence et de la logique à l'ensemble des traits ainsi reliés, 1 L’intelligence stratégique (1988), base de connaissance sur la mondialisation des cultures (1992) et le guide mondiale des cultures (1998) 2 Max Weber (21 avril 1864-14 juin 1920), sociologue et économiste allemand, est, avec V. Pareto, et K. Marx, l'un des fondateurs de la sociologie moderne et plus particulièrement comme le fondateur de la sociologie compréhensive, c'est-àdire d'une approche sociologique qui fait du sens subjectif des conduites des acteurs le fondement de l'action sociale. Son œuvre est dominée par une recherche sur la rationalité, et, plus spécifiquement, sur le processus de rationalisation. Il lui semble, en effet, que l'Occident est marqué par l'extension d'un type particulier de rationalité -la rationalité en finalité- à l'ensemble des actions sociales. Ce qu'il nomme la rationalisation de l'action pratique dans le monde lui semble ainsi être la spécificité de l'Occident moderne — processus marqué, en particulier, par la naissance et le développement du capitalisme et de la bureaucratie. C'est avec L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, publié sous la forme de deux articles en 1904 et 1905, que naît son projet d'analyse des déterminations religieuses du processus de rationalisation. Cet ouvrage, qui analyse les effets de la réforme protestante sur l'activité économique capitaliste, est devenu, par son modèle d'analyse du social, centré sur les individus et leurs motivations à agir, un classique de la sociologie, sur laquelle il a exercé une influence considérable. 1 quitte à en atténuer voire à en gommer certains, et au contraire à mettre en avant d'autres. L'idéaltype est le support de comparaisons et de classements et constitue une apparence qui doit aider à la réflexion. De fait, l'idéal-type n'est pas un idéal en termes de valeurs, mais une représentation (parmi d’autres) en termes de caractéristiques. Son élaboration repose sur l'observation des faits. L'idéal-type bureaucratique est très souvent présenté comme une liste de caractéristiques très factuelles (primauté de l'écrit, structures hiérarchisées, etc.) qui sont le signe d'une rationalisation autour d'une autorité du type rationnel-légal. Il ne s'agit donc pas de penser une Idée comme une abstraction pure séparée du monde des faits variables et occasionnels. Tout idéal-type est rattaché à la perspective dans laquelle son créateur l'a construite. Le concept d'idéal-type doit à la base se comprendre par l'action sociale et ses déterminants. L'action sociale est une action à laquelle l'homme donne un sens, c'est une action dont le sens est orienté vers autrui (autrui singulier, pluriel ou même indéfini). Cette action est caractérisée par quatre déterminants: l'action traditionnelle : sa motivation peut être la tradition, les habitudes (cas des sociétés traditionnelles, toutefois c'est le cas de la plupart de nos actions) l'action affective : elle est déterminée par la pression, les émotions, donc a priori quelque chose d'irrationnel la rationalité en valeur (degré supérieur de conscience) : on choisit la finalité et le but de son action en fonction de son système de valeurs et ensuite on compare les moyens entre eux pour optimiser une décision. (ex : le capitaine qui coule avec son navire alors qu'on aurait pu le sauver). la rationalité en finalité : c'est l'action où l'individu compare avant d'agir les fins qu'il poursuit entre elle, compare les différents moyens dont il dispose pour parvenir à une même fin et enfin analyse les conséquences subsidiaires de l'action. On peut toujours faire un parallèle entre les déterminants de l'action sociale et la typologie des formes de domination. Weber distingue dans son ouvrage le savant et le politique 3 formes de domination : Domination "traditionnelle" : La légitimité du chef est basée sur le fait qu'il respecte les usages et coutumes liées à l'exercice du pouvoir. Domination "Rationnelle-légale" : La légitimité du chef est basée sur le fait que ce dernier se conforme aux règles juridiques relatives à l'institution dont il est à la tète. Domination "Charismatique" : La légitimité du chef est fondée sur l'image et l’habileté. Or il précise que ces types de domination ne peuvent se manifester entièrement en pratique. En effet, suivant le régime étudié l'on trouvera à la fois les caractéristiques de l'une ou de l'autre de ces dominations. Le paradigme de Kuhn ; Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée). C'est en quelque sorte un rail de la pensée dont les lois ne doivent pas être confondues avec un autre paradigme. Cela dit, les paradigmes 2 tendent à différer selon les groupes sociaux et à changer dans le temps en fonction de l'évolution des connaissances (cas notamment des paradigmes scientifiques). Pour Kuhn la notion de paradigme rend compte d’un changement radical de perspective – d’où son utilisation fréquente dans le cadre du développement durable. Le philosophe et sociologue des sciences Thomas Kuhn3 l'utilisait pour désigner un ensemble de pratiques en science [Thomas Kuhn a suggéré de remplacer par "matrice disciplinaire]. Dans son livre La structure des révolutions scientifiques, Kuhn définit un paradigme scientifique comme suit : un ensemble d'observations et de faits avérés, un ensemble de questions en relation avec le sujet qui se posent et doivent être résolues, des indications méthodologiques (comment ces questions doivent être posées), comment les résultats de la recherche scientifique doivent être interprétés. Le paradigme en science sociale correspond aussi à la grille de lecture qui permet l'interprétation de données par la mobilisation d'outils théoriques spécifiques. On relève par exemple en sciences sociales : le paradigme de la naissance du capitalisme (Max Weber4, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme). La théorie du système générale ; Von Butterfly dès avant la 2ème Guerre mondiale avait introduit ce concept et fondé en 1954 une société pour l’étude des systèmes généraux ; puis à partir de 1960, J W Forrester applique la théorie des systèmes à la dynamique industrielle. Le développement de cette théorie aboutit en 1972 à un rapport pour le club de Rome, qui porte un titre très d’actualité : Halte à la croissance. Cette théorie est très éloignée du rationalisme cartésien5 qui prévalait jusqu’alors. Beaucoup de définitions virent le jour. La théorie du système générale de J L Le Moigne6 a enrichi ces définitions en présentant 4 préceptes nouveaux qui s’opposent à ceux de Descartes : La pertinence (par rapport au chercheur, modélisateur, analyste, ..). « Modéliser c’est décider ». « Tout objet que nous considérons se définit par rapport aux intentions du chercheur. Ne jamais s’interdire de douter, si nos intentions se modifiant, la perception de l’objet se modifie ». « Modéliser c’est décider (de) ce qui est comparable ». Le globalisme par rapport à l’environnement du système. Considérer l’objet à étudier comme une partie d’un plus grand tout ; le percevoir globalement dans sa relation fonctionnelle avec son environnement sans se soucier d’établir une image fidèle de sa structure interne, dont l’existence et l’unicité ne seront jamais tenues pour acquises. 3 Thomas Kuhn fit des études de physique à l’Université Harvard. Après son doctorat en 1949, il enseigna l’histoire des sciences en tant que « assistant professor ». En 1956 il quitte Harvard pour l’Université de Californie à Berkeley où il obtint en 1961 une chaire en histoire des sciences. En 1964 il est nommé professeur à l’Université Princeton. En 1979 Kuhn revint à Boston, au Massachusetts Institute of Technology ; en 1983 il reçoit la chaire de « Laurence S. Rockefeller Professor » au MIT, où il enseigna jusqu’en 1991. 4 Ce qui complète le premier modèle 5 1637 Discours de la méthode ; 4 préceptes fondamentaux : ne jamais accepter pour vraie quelque chose de non connue (évidence); diviser les difficultés en sous ensembles nécessaires résolubles (réductionnisme ou priorité à l’analyse) ; structurer les travaux du plus simple au plus compliqué (causalisme ou raisonnement linéaire) et dénombrer et contrôler afin de garantir une étude la plus complète (exhaustivité). 6 Ou théorie de la modélisation 1977 PUF 3 Le théologique ou la recherche du comportement du système ; sans chercher à expliquer à priori ce comportement (par une loi) mais en revanche comprendre ce comportement et les ressources qu’il mobilise L’agrégativité (en vue d’une représentation simplificatrice) ; toute représentation est partisane (délibérément) et il est préférable d’exclure une objectivité illusoire d’un recensement exhaustif des éléments à considérer. J L le Moigne a présenté une typologie à 9 niveaux de complexité croissante, regroupables en 3 grandes classes : machine ; vie et humain. Il a également décrit le paradigme systémique à partir de la figure ci-dessous : 4 EVOLUTION ENVIRONNEMENT STRUCTURE FINALITES ACTIVITE Mais comment appliquer ces concepts à l’analyse stratégique des entreprises ? Différentes réponses existent. Pour S-Kern, les choix sont les suivants : L'idéal-type est réutilisé par des théoriciens des organisations pour étalonner des études empiriques consacrées à la bureaucratie, il est d’autant plus réutilisable par des consultants ou des conseillers en stratégie d’entreprises ou d’organisations pour leurs études et analyses. L’idéal type permet de mesurer comment une entreprise ou un ensemble d’entreprises a réagit à un événement particulier et qui s’est répété dans l’histoire de cette entreprise. Il permet, après avoir précisé les invariants et les fluctuant, de définir leurs impacts sur cet idéal type. La construction d'un idéal-type consiste tout d'abord à relier dans une trame commune, des phénomènes potentiellement disparates de l'événement. Son élaboration repose sur l'observation des faits en prenant comme matrice d’études les quatre déterminants de l’action sociale i.e. que se passe t il au sein de l’entreprise – suite à cet événement-, et les 3 formes de management (appelés domination dans le savant et le politique). A ce jour d’autres formes de managements ont été définies, ce qui peut enrichir la matrice dans certains cas d’études. Le paradigme de Kuhn ; L’étude du développement de l’entreprise comprend deux phases. Le «normale » consiste à travailler dans le cadre du paradigme de l’entreprise (après l’avoir défini et étudié), et à vérifier les évolutions qu'on peut dériver de celui-ci, et l’entreprise en crise (plus ou moins forte ou apparente). Certains faits peuvent constituer des problèmes que l’entreprise ne peut résoudre, parce qu'ils contredisent le paradigme, ces faits sont considérés comme des anomalies. Ces crises provoquent l'apparition de nouveaux modes de management qui permettent d'expliquer et de gérer ces faits. Ces changements conduisent à l'élaboration d'un nouveau paradigme qui marque l'abolition du précédent et lorsque ce paradigme domine, il n'est pas réfutable. La théorie du système générale ; La systémique est relativement bien connue et est devenue très classique dans le monde de l’entreprise. Les normalisateurs s’en sont inspirés et des normes internationales comme l’ISO 9001 2000 et 2008 considèrent l’organisme comme un tout indissociable. C’est l’ensemble de l’entreprise qui doit être certifiable et certifié et non plus – comme les versions antérieures de cette norme Qualité - un élément constitutif tel que un département, un service, un laboratoire,… Toutefois, les règles d’audit de certification qui eux aussi prennent en compte les principes de la systémique, permettent aux auditeurs de ne contrôler que certains sous-ensembles et de faire évoluer leur liste d’éléments constitutifs à contrôler au fur et à mesure de l’avancement de l’audit. En revanche, l’ensemble des chapitres (auditables) de la norme et en particulier les exigences associées à ces chapitres doivent être vérifiés à chaque étape. Des modèles plus dédiés au monde de l’entreprise ont été élaborés : J Mélèse – spécialiste de l’organisation – a proposé une analyse modulaire comme instrument de gestion. Ce modèle de type cybernétique très intéressant, omet les relations sociales ; Michel Crozier en tant que sociologue aborde l’entreprise comme un jeu d’acteurs. Depuis ces travaux, la représentation de l’entreprise a évolué. La complexité de l’organisation et de la vie interne est mieux appréhendée. En revanche l’insertion de l’entreprise dans son environnement générale reste moins perçue. Or c’est une des principales démarches de S-Kern d’intégrer cet environnement général. Et ce à partir du paradigme systémique de J L Le Moigne (cf. schéma ci-dessus). En fonction des besoins et attentes de l’entreprise cliente, et surtout de sa ou ses problématiques, SKern favorisera la méthode qui lui semble la plus adaptée. Toutefois S-Kern ne se limite pas à ces trois « outils ». Les règles et principes d’audit Qualité peuvent tout autant être utilisés pour une évaluation des modes de fonctionnement internes. Un bilan carbone (S-Kern est agréé Ademe) trouve aussi sa place dans une analyse plus fine de certains comportements et de certaines organisations. Enfin pour la réalisation de modèles économiques, outre des outils classiques, S-Kern dispose d’outils et méthodes personnalisés et adaptés à différents domaines tels que les transports, internet, l’environnement dont la compensation et la finance carbone. 5