Florence Fehrenbach, Un cœur allemand. Karl von

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Francia-Recensio 2009/1
19./20. Jahrhundert – Histoire contemporaine
Florence Fehrenbach, Un cœur allemand. Karl von Wendt (1911–1942), un
catholique d’une guerre à l’autre, Toulouse (Éditions Privat) 2006, 446 p., ISBN
2-7089-6858-0, EUR 21,00.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Frédéric Guelton, Service historique de la défense (Vincennes)
Le livre de Florence Fehrenbach nous montre avec beaucoup de cœur, comme le titre l’indique, mais
aussi d’intelligence et de sensibilité, qu’il y eut, en dépit du nazisme, autant de parcours individuels
d’officiers allemands de la Wehrmacht, qu’il y eut d’officiers allemands dans la Wehrmacht.
Le livre s’ouvre par un prologue d’une quarantaine de pages qui aurait pu être un petit livre en soi.
Celui de la quête d’une jeune femme qui cherche à se connaître, à comprendre son époque, c'est-àdire son présent, mais aussi son passé et sa famille. Pour ce faire, elle décide de retrouver le corps de
son grand-père jeune officier allemand mort sur le front soviétique en 1942 et dont le corps avait été
»définitivement« enterré, après une première péripétie, dans l’Est du Reich de 1943 c’est-à-dire sur le
territoire polonais d’après 1945. Elle doit attendre la fin de la guerre froide pour se lancer, avec succès
dans sa »quête polonaise«. Une fois le corps retrouvé et définitivement enterré en Allemagne,
Florence Fehrenbach peut aborder le récit de la vie de son grand-père. Cette vie allemande, Florence
Fehrenbach l’écrit et la décrit pour l’essentiel en mêlant intimement et en distinguant nettement, le
récit reconstitué et la correspondance de Karl von Wendt de 1933 à 1942. La correspondance de Karl
von Wendt est remarquable. Du coté de l’auteur, la volonté de contextualité est parfois excessive.
Passé le temps de l’avant-guerre, la correspondance de Wendt est remarquablement intéressante tant
elle est décalée et totalement représentative d’une guerre réelle dont jamais personne ne parle. Celle
dans laquelle, »il ne se passe rien [d’autre que] du service comme en garnison, …«. Son séjour en
France, aux antipodes d’une participation active à la folle chevauchée des Guderian et autres Rommel
en direction de Dunkerque, nous montre à travers quel regard un jeune officier allemand découvre ce
pays dont il n’imagine pas quelles furent ses souffrances lors de la guerre précédente: »je pense qu’il
est impossible - écrit il - de s’imaginer combien la France est un pays arriéré. Rien ne semble avoir été
modernisé depuis avant la Grande guerre«. Puis, en 1941, vient le temps de »la croisade«. On
découvre alors un jeune Allemand qui voue au communisme »cette cochonnerie de bolchevisme« une
haine farouche qui impose »une guerre juste contre cette engeance de vipères«. Lors de son entrée
en Union soviétique il espère, comme tous ses proches, et comme ce fut le cas contre la France, une
victoire rapide. Il est alors confronté à un phénomène qu’il ne peut comprendre. À chaque fois que
l’armée pénètre plus profondément en Union soviétique, les populations l’accueille davantage en ami
qu’en ennemi, mais dans le même temps les soldats soviétiques se jettent »sur nos batteries en gros
tas de manière complètement irraisonnée et se font mitrailler en masse [alors qu’il] n’y a pas un soldat
allemand qui soit blessé«. Il en tire une conclusion erronée, celle d’une victoire qui ne peut échapper
aux armées du Reich. Ses préoccupations sont, pendant la campagne de l’été et de l’automne 1941
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ailleurs. Il faut trouver de la nourriture fraîche pour les hommes, nourrir les chevaux, abriter tout le
monde la nuit venue. Mais aussi partir en permission »14 jours de voyage pour l’aller, 4 semaines à la
maison, 14 jours de voyage de retour«. En 1942, le premier hiver soviétique, l’augmentation régulière
des pertes allemandes, la mort des amis, modifient sa perception de la guerre. Pourtant sa foi en la
victoire demeure intacte quand il écrit, à la mi-juin 1942 »nous devons donner toutes nos forces […]
pour terminer aussi vite que possible la guerre à l’Est«.
Les premières interrogations, de celles qui bouleversent son âme, apparaissent à la même époque
lorsqu’il découvre un cimetière allemand dans lequel les soldats ont été enterrés à la hâte, sans croix.
Il commence à évoquer »ces gens sans conscience qui dans notre dos essaient de pêcher en eau
trouble«. Cela ne l’empêche pas de continuer à penser, avec une conviction frappante, que les soldats
allemands qui combattent en URSS sont »la digue qui protège le peuple allemande du raz-de-marée
soviétique«.
Comment aurait-il vécu les suites de la guerre à l’Est, nous ne le saurons jamais. Même si nous
pouvons nous interroger lorsque, pour lui, vient l’heure du doute: »nous devons toujours nous
demander si nous sommes bien ceux qui, d’un point de vue moral, avons le droit de prendre la relève
du bolchevisme« se demande-t-il en mai 1942.
Lorsqu’il meurt le 16 août 1942 après avoir été gravement blessé lors d’un engagement, une certitude
demeure. Ce jeune officier allemand de 31 ans meurt après avoir consacré et donné sa vie à sa
famille, sa patrie, et son Dieu. C’est dans cette constance, dans cette foi qui sourdent dans chaque
lettre que réside le caractère exceptionnel de ce livre.
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