La gériatrie : histoire et avenir Paula Lazar, Cert. Gér. Nous pensons souvent que la gériatrie est une spécialité assez récente, mais le Dr Jean-Pierre Martin nous démontre le contraire, dans son livre Histoire de la Gériatrie – de l’Antiquité à nos jours. Il nous offre un périple excitant, dans l’espace et le temps, en nous faisant découvrir les racines profondes de la gériatrie dans l’histoire de l’humanité. En Égypte Les hiéroglyphes parlent du vieillissement et du fait d’être vieux. À l’époque, la médecine était associée au surnaturel. Les informations concernant la santé proviennent du papyrus médical de l’Égypte pharaonique où sont expliquées les pathologies de la vieillesse et leurs remèdes. Si les Égyptiens croyaient que, à la base de la physiologie humaine, il y avait le circuit d’un fluide et un souffle animateur, les Hébreux ont identifié, eux, les caractéristiques de la vieillesse comme les douleurs physiques et morales, les maladies, les handicaps multiples, etc. En Grèce La mythologie grecque repose sur des aspects négatifs du vieillissement mentionnés dans l’œuvre de Pandore, ces maladies cruelles que la vieillesse apporte aux hommes et envoyées par Zeus. Il est connu que les philosophes et les poètes célèbres grecs ont atteint un âge remarquable : Socrate a vécu 89 ans, Euripide 74 ans, Platon 79 ans et Socrate 71 ans. La médecine grecque considérait le vieillissement comme une perte de la chaleur interne. Hippocrate disait que le corps de la personne âgée est froid et sec. La vieillesse a été présentée comme un phénomène naturel et universel. Hippocrate a affirmé que la santé gériatrique est déterminée par l’équilibre entre quatre humeurs : le sang, la bile noire, la bile jaune et le flegme; leur déséquilibre aboutit à une maladie ou à la vieillesse. À Rome Chez les Romains, la vieillesse était un état intermédiaire entre la maladie et la santé. Galien a parlé de deux types de maladies : Les inévitables et incurables ayant des causes intrinsèques et les évitables et curables avec une cause extrinsèque. Dans Gérocomica, un important ouvrage d’hygiène, il présente les activités physiques comme un moyen nécessaire pour rester en bonne santé. Selon la doctrine chrétienne, le vieillissement, la santé, les maladies et la longévité ont une liaison directe avec la Divinité. Au Moyen-Âge La médecine du Moyen-Âge est caractérisée par une forte prégnance magique. À l'époque, la personne âgée demeurait peu importante et bénéficiait moins de soins. Les chirurgiens étaient unanimes à préconiser l’abstention des soins aux vieillards. La médecine gériatrique médiévale est marquée par l’apparition de la médecine préventive. Le charlatanisme et l’illusionnisme ont été des moyens pour tenter de maintenir la jeunesse éternelle du corps humain. La médecine arabe a été la plus progressive, du Moyen-Âge jusqu’au XVIIe siècle. Le Canon de la médecine d’Avicenne a été un traité très important de la médecine. Au XIXe siècle En avançant dans le temps, nous nous rendons au XIXe siècle marqué par un virage remarquable dans le domaine de la gériatrie. Cette période se caractérise par des publications médicales plus spécialisées de point de vue gériatrique. La France, l’Angleterre et l’Allemagne ont été les pays où la gériatrie est née, soit avec l’apparition des hospices pour les personnes âgées, soit par des travaux de recherche gériatrique plus élaborés. En 1854, le Dr Durand-Fardel a publié le premier ouvrage de pathologie intitulé Traité des maladies des vieillards. Par ailleurs, le mot gériatrie (geros, homme âgé et atrikos, traitement médical) a été inventé par le Dr Ignatz Nascher, médecin autrichien qui a immigré aux États-Unis. La Dre Marjory Warren peut être est considérée comme la mère de la gériatrie; ce médecin britannique a consacré sa vie et sa carrière aux patients âgés. Elle a été nommée première consultante gériatrique en 1949 et, à partir de ce moment, est née l’idée de créer la gériatrie comme spécialité. La Dre Warren s'est particulièrement intéressée aux sujets comme la réhabilitation, l'accident vasculaire cérébral, les amputations, l'arthrite, les états de confusion et les traitements requis. Elle soutenait que la gériatrie doit demeurer en relation très proche avec la médecine interne et que les médecins doivent posséder les bonnes aptitudes et être bien formés pour répondre aux besoins des aînés. (À suivre)